« ..Je possède un carnet que mon arrière grand-père François Cothenet a
rapporté de la grande guerre 1914-1918; ce carnet "au jour le jour" commence
le 5 Août 1914 et s'arrête le 27 Janvier 1915, lorsque mon grand-père se
trouvait à l'hôpital Villemin à Nancy.
Ce qui fait l'originalité de ce carnet, c'est qu'au début (du 5 Août au 3
Sept. 1914) il a été rédigé par une personne visiblement très cultivée: le
style est littéraire, presque lyrique...puis mon grand-père trouve le carnet le
4 septembre 1914 et le continue dans un style...plus "terre à
terre"...
Après bien des recherches sur internet, j'ai trouvé que mon grand-père
appartenait au 134ème RI; j'ai trouvé et lu le journal (JMO) de ce régiment, et
pour chaque jour, les lieux et actions correspondent parfaitement avec le
contenu du carnet.
C'est en recherchant plus d'infos sur le 134ème régiment, que j'ai découvert
votre site, et tous les carnets de guerre; surtout celui de François
Guillemin, lui aussi du 134éme RI, 1er bataillon (François Cothenet était du
2ème bataillon)
Ce que j'aimerais maintenant trouver, c'est le nom du soldat qui a écrit la
première partie de ce carnet, afin de le faire connaître si possible à ses
descendants. Il me semble qu'il devait être un officier de l'armée active, car
il fait allusion dans le carnet au camp militaire de Mailly.
Le seul problème est
que je ne sais pas s'il a simplement égaré ce carnet le 3 septembre 1914, ou
bien s'il a été tué ce jour là...surtout que d'après le JMO, c'est le 3
septembre 1914 que les compagnies et les bataillons ont été réorganisés, suite
aux nombreuses pertes en hommes du 25 août à Rozelieures… »
Claude Veillerot, novembre 2009
Départ de Mâcon 5 Août, 8
h, direction Chagny.
A Chalon, prenons la ligne de
Gray. Passons à St-Jean-de-Losne à minuit, où on nous donne du café chaud.
Arrivée à Gray à 4 h; à Port-sur-Saône à 6 h.
Là un employé m’annonce que nous
allons vers Nancy...? Sur tout le parcours les habitants agitent leur mouchoir,
nous leur répondons avec nos képis.
Toujours le même enthousiasme, on rit, on
s’amuse, il m’est impossible de m’imaginer que nous allons à la guerre. Je
crois retourner au camp de Mailly.
Enfin, après 19 heures de voyage nous arrivons.
Débarquons à 1 h à Châtel-sur-Moselle. Grand halte.
Passons à Moriville.
Le pays est très joli, très
boisé et très vert. Nous traversons de magnifiques forêts de pins pour arriver
à Damas-aux-Bois puis à Haillainville où nous cantonnons. Nous y restons jusque
dans l’après midi du 8.
Nous retournons alors à Damas-aux-Bois à
Il fait un temps magnifique.
Le 10 à 1 h du matin,
par un superbe clair de lune, nous quittons Damas
et marchons résolument vers l‘Est. Nous passons à Essey-la-Côte, Giriviller,
Séranville, Vallois, Moyen, Vathiménil.
Nous y cantonnons. Je suis détaché avec mon
escouade en petit poste; il est midi, la chaleur est accablante. Heureusement
on peut se reposer un peu.
Les Allemands sont, dit-on, à
quelques kilomètres, masqués dans d’immenses forêts en amont de nous. On
s’attend à les rencontrer avant peu. Au loin nous entendons les canons des
fortins.
Vers 6 h nous quittons notre
emplacement et rentrons cantonner à Vathimenil.
Au lieu de marcher en avant
comme nous le pensions nous restons. Il fait toujours très beau aussi on en
profite pour dormir copieusement.
On se préoccupe toujours peu de
la guerre.
Un journal qui circule de mains
en mains annonce : défaite allemande, entrée des Français à Mulhouse,
soulèvement de l’Alsace.
Il parait en effet que les
terribles Uhlans n’opposent aucune résistance à nos chasseurs; ce sont eux qui
le racontent.
Nous nous réveillons encore à Vathimenil. Qu’attendons-nous ?
Cependant nous entendons au loin
une canonnade terrible.
Certains prétendent même qu’en
dehors du village on peut percevoir le bruit de la fusillade.
Il est certain que ça doit
chauffer.
Nous restons encore à Vathimenil. Il fait toujours très
beau et très chaud. On dort toute la journée. La guerre n’a rien de terrible.
A 7 h nous quittons Vathimenil, franchissons
Il fait bien chaud et le sac est
bien lourd; mais enfin on va de l’avant et tout le monde marche avec courage.
Nous passons à Ménil-Flin,
puis à Hablainville.
Après la grand halte au sortir
d’un village nous apercevons à plusieurs centaines de mètres de la route des
paysans creusant des fosses et plus loin étendus sur l’herbe d’un pré les
cadavres de 4 soldats allemands.
Cette fois je commence à croire
à la guerre. Au loin nous entendons une canonnade nourrie. Nous allons
parait-il au secours de la 35ème brigade engagée à Blâmont.
A 5 h nous nous arrêtons à la
lisière d’un bois et nous bivouaquons.
A la tombée de la nuit 2
aéroplanes allemands viennent nous survoler, les mitrailleuses tirent dessus
mais sans effet.
A 5 h du matin on nous donne 2
trousses de cartouches et nous partons.
Nous pensons tous avoir enfin le
baptême du feu.
Nous marchons à travers champs,
à travers bois, nous arrêtant parfois très longtemps; il y a peu de décision.
Nous traversons quelques
villages ayant subi l’occupation
allemande, beaucoup de maisons ont été abandonnées.
Les quelques habitants qui
restent paraissent heureux de voir le pantalon rouge.
Le long de la route nous
trouvons beaucoup de cadavres de chevaux qui produisent une impression pénible.
On sent que la guerre est passée par là.
A 5 h nous nous arrêtons près
d’un bois, nous faisons grande halte.
Pendant ce temps nous sommes
surpris par la pluie. La nuit arrive, tout le monde est impatient de partir.
Enfin le signal du départ est donné, mais au bout de quelques centaines de
mètres la colonne cesse d’avancer. Alors pendant plus de ¾ d’heure nous restons
immobiles exposés à une pluie
battante, ne voyant rien, ne sachant
rien, transpercés jusqu’aux os, c’est une réelle souffrance; néanmoins personne
ne murmure.
C’est un réel soulagement quand
on se met en route.
Nous entrons finalement à Autrepierre. Comme cantonnement
on nous donne pour toute la compagnie un hangar où on tiendrait à peine 20.
Mais la pluie cesse. On allume de grands feux dans la rue et on se sèche.
A 1 h du matin je finis par
aviser un chariot rude en plein air et m’endors.
Triste journée.
A 6 h nous quittons Autrepierre. Auparavant nous
assistons à un défilé interminable d’artillerie.
Le village était occupé par 2
régiments d’artillerie et 2 d’infanterie.
Nous nous dirigeons sur Blâmont d’où les Allemands ont
été délogés la veille. On voit le long de la route des traces de combat, des
débris de toutes sortes.
Nous traversons le village très coquet
dans son étroite vallée et nous arrêtons longtemps à l’autre extrémité. Pendant
ce temps nous sommes croisés par un prisonnier allemand entre deux gendarmes.
Je connais maintenant l’uniforme gris bleu du soldat allemand: c’est le premier
que je vois depuis la guerre.
Après avoir repris notre marche sur la
grand-route de Strasbourg,
soudain on nous annonce que le combat est engagé et que nous devons prolonger
l’aile gauche.
Tout le monde s’en montre
satisfait et c’est avec joie que nous marchons au combat.
Nous avançons au milieu des
champs déployés en tirailleur; je marche en avant comme observateur, pendant
qu’une vive canonnade s’engage de part et d’autre.
Au bout de 20 minutes nous nous arrêtons.
J’ai alors le loisir d’examiner
les effets de l’artillerie allemande car des obus viennent éclater sur une
crête à
Après 3 heures d’attente nous nous replions
pour aller cantonner à Repaix
à
Les Allemands occupaient le
village il y a deux jours, aussi les quelques habitants que nous rencontrons
sont encore terrorisés et nous racontent les scènes de pillage.
Les pauvres gens absolument
ruinés font pitié, cependant ils paraissent supporter courageusement leurs
malheurs.
A 6 h par la pluie nous quittons
Repaix. Arrivés à Gogney
Au moment où la pluie s’arrête chaque
escouade allume de grands feux pour se sécher.
C’est une distraction qui nous
fait oublier nos maux. C’est une explosion de joie quand enfin nous nous
mettons en marche sur la grande route de Strasbourg, et lorsque nous
franchissons le poteau frontière chacun salue avec enthousiasme la terre
Lorraine.
Nous arrivons au cantonnement à Ibigny à la tombée de la nuit, le
crépuscule enveloppant la plaine immense qui s’étend devant nous me produit une
grande impression de joie mélancolique.
Comme d’habitude nous nous
réveillons vers 4 h ½ et nous nous préparons.
Avant de partir j’assiste à
l’enterrement d’un malheureux soldat du 10ème blessé la veille; une section de
ma compagnie lui rend les honneurs.
Cette cérémonie a quelque chose
de beau dans sa simplicité.
Pendant que le corps est à
l’église où le prêtre récite quelques prières beaucoup de soldats entrent prier
pour leur malheureux camarade; c’est un spectacle réconfortant.
Vers 7 h nous nous mettons en route dans la
direction de Sarrebourg où les
nôtres sont en train de canonner les
Allemands; nous en avons des échos pas très lointains, car nous en
sommes à
Dans les champs nous apercevons
des traces de bataille, des tranchées, des trous énormes causés par les
obusiers, et finalement couché dans un champ d’avoine, raide, une trace de
balle au front, le cadavre d’un soldat du 27ème.
Tout le monde se découvre en
passant. Continuant notre marche nous passons à St Georges, et Hertzing.
Sur notre passage quelques Lorrains nous saluent avec enthousiasme, d’autres
semblent méfiants et nous regardent simplement avec curiosité.
Ils ont l’air des paysans de nos
campagnes avec un air assez intelligent.
Vers 11 h nous arrivons dans un
bois; nous y faisons la grande halte et y restons jusqu’à 8 h.
Pendant ce temps toute la
division de cavalerie de Lyon défile sur la route au galop; c’est un spectacle
grandiose. Nous allons cantonner à Diane-Capelle.
Nous quittons notre cantonnement
et marchons toute la matinée, faisons la grand halte près d’un village lorsque soudain
une décharge d’obus vient éclater à quelques centaines de mètres de nous. Nous
partons précipitamment pour nous réfugier sous des arbrisseaux. Nous y restons
jusqu’à la tombée de la nuit. A 9 h nous partons, nous marchons toute la nuit.
A 4 h au lever du jour nous nous
arrêtons en arrière d’un bois; pendant qu’on nous distribue des cartouches une
rude fusillade éclate de l’autre côté du bois; nous nous y engageons.
Tandis que les obus éclatent de
tous côtés, nous sommes obligés de battre en retraite; nous nous retirons à Ibigny .
Le régiment perd 26 tués, 247 blessés et 90 disparus (JMO : Journal des Marches et Opérations), pendant les combats du 20 août de Saint-Jean de Bassel et Gosselming
Nous continuons notre retraite;
par erreur nous essuyons une salve d’artillerie française.
Toujours la marche en arrière.
Nous faisons presque le même chemin qu’à l’aller mais en sens inverse. Nous
passons à St Clément.
Nous bivouaquons à côté de Vathiménil.
La marche rétrograde continue.
Nous passons à Moyen. Nous cantonnons à Damas-aux-Bois.
La matinée, repos.
On se sent un peu revivre.
Vers 1 h nous partons : pendant
3 h nous essuyons une canonnade terrible; pas un blessé chez nous. Nous
couchons sur nos positions.
Au petit jour nous attaquons Rozelieures. Les Allemands sont
solidement retranchés et nous fusillent; nous ripostons. La bataille est
engagée, terrible.
Nous avançons en bon ordre, les
Allemands paraissent reculer.
Lorsque soudain une
contre-attaque terrible nous oblige à reculer.
C’est une débandade générale
sous une grêle de balles et d’obus. Nos soldats tombent par paquets, c’est
épouvantable. Notre artillerie protège notre retraite.
Lorsque nous nous reformons, de
ma compagnie sur environ 250 hommes, il en reste 90. Nous restons dans les bois
jusqu’à la nuit, puis nous rentrons cantonner à Damas-aux-Bois.
Le régiment perd 35 tués, 448 blessés et 124 disparus (JMO), pendant les combats du 25 août de Rozelieures. L’épisode de la « débandade générale n’y est pas mentionné ; il y est dit seulement « ..Le mouvement de repli est difficile, parce qu’il n’y a qu’un passage… »
Dans l’après midi nous quittons Damas-aux-Bois, marchons à
travers la campagne, vers quel but ?
Nous essuyons d’assez vives
salves d’artillerie qui blessent un homme et tuent un cheval de mitrailleuse;
nous rentrons cantonner à Haillinville.
Nous quittons le cantonnement de
bonne heure, marchons toute la matinée par la pluie dans des chemins de boue presque
impraticables, manœuvrons à travers champs.
A la nuit nous cantonnons à Essey-la-Côte.
Nous quittons Essey où nous avons reçu un
détachement d’hommes du dépôt pour compléter les compagnies.
Nous allons occuper une position
où nous restons jusqu’à la nuit.
Nous rentrons cantonner à Mattexey.
En fait, c’est le 28 août que le régiment reçoit prés de mille hommes, provenant du dépôt de Mâcon. « La plupart de ces hommes n’ont ni livret, ni plaque d’identité. »
Nous quittons Mattexey pour aller occuper nos
positions de la veille; nous y creusons des tranchées qui nous abritent toute
la soirée contre des salves d’artillerie allemande qui éclatent à peu de
distance de nous.
A la tombée de la nuit nous
allons prendre les avants postes.
Au lever du jour nous entrons
dans un bois et nous y passons la journée; entre temps les obus viennent
éclater au dessus de nos têtes mais sans faire de mal.
On commence à s’y habituer.
Vers 8 h nous nous disposons à
prendre Magnières par une
attaque de nuit.
Nous essuyons le feu des petits
postes et l’attaque ne réussit pas. Nous passons la nuit dans le bois.
Nous conservons nos positions
dans le bois.
A 4h ½ nous recevons l’ordre de
soutenir le 1er bat. qui va tenter l’attaque de Magnières. Une rude canonnade s’engage de part et d’autre;
bientôt les canons allemands sont rendus au silence pendant que les nôtres
avancent en bon ordre. On entend une fusillade nourrie mais bientôt la nuit
arrive.
Que se passe-t-il ? Ma compagnie
qui est de réserve occupe sa position d’attente en avant du village et tandis
que la fusillade et les cris retentissent dans la nuit nous voyons le clocher du village s’embraser ‘(*) soudain et lancer vers le ciel son icône de flammes.
C’est un spectacle à la fois
grandiose et lugubre.
La fusillade continue par
saccades. Nous restons toujours en position d’attente.
Au bout de 2 h d’attente dans la nuit,
nous voyons bientôt des groupes se replier.
Nous suivons le mouvement et
couchons sur nos positions de la veille.
Le résultat de l’attaque est
plutôt mauvais. Deux officiers sont tombés, et beaucoup d’hommes parait-il sont
également restés.
En réalité, ce sont les soldats du régiment qui ont mis le feu, sur ordre, pour « éclairer le tir » (JMO)
Nous passons la journée dans les
bois.
De temps en temps nous recevons
quelques obus; on se cache un peu quand ils éclatent trop près, on n’y fait
plus guère attention.
Nous passons la nuit dans le
bois.
Le 2
Sept. :
La journée se passe comme la veille,
de part et d’autre on reste tranquille. Le soir nous rentrons cantonner à Vennezey.
Au matin nous nous installons
dans les champs à quelques centaines de mètres du pays et y passons
tranquillement la journée.
Je trouve ce carnet et continue à
inscrire les résultats que je pourrais recueillir sur la campagne; puisque
qu’il doit appartenir au régiment.
Nous quittons le cantonnement à 6 h pour
nous poster en dehors du village de Vennezey.
A 1 h du soir nous prenons la
garde de police jusqu’au 6 Septembre 9 h du matin.
La journée du 6 Septembre se
passe sans incident pour nous.
Nous voyons passer une quantité
de blessés du 10ème régiment qui partent en autos.
Nous assistons au dépôt de
plusieurs camarades morts qui sont enterrés tous à côté du verger où nous
passons la journée.
Il y a même un ??ate qui tire un
chariot sur lequel il y a deux cadavres.
A 6 h un aéroplane lâche une
bombe sur le village.
Départ à 9 h pour Saint Boingt, où nous faisons des tranchées.
La canonnade se fait entendre au
loin.
A 1 h de l’après-midi nous
faisons la popote. « Menu : pommes sautées, petits pois de conserve,
café ».
Vin du château la pompe, le café
légèrement arrosé de goutte de mirabelle achetée par la corvée d’eau.
A 3 h reprise du travail dans la
tranchée, la canonnade est toujours sur ses mêmes emplacements, les coups sont
même très espacés.
Exercice en dehors du village
jusqu’à 9 h et repos.
Le soir à 7 h nous rentrons au
cantonnement.
Réveil à 2 h. Nous quittons le
cantonnement pour aller dans les champs voisins où nous attendons qu’il fasse
jour. Repos jusqu’au soir où nous rentrons au cantonnement.
Réveil à 4 h 30. Repos.
Canonnade très légère.
Réveil à 4 h 30.
Exercice de 7 h à 9 h du matin.
A 15 h, ordre de faire la soupe.
Départ à 16 h; plusieurs
escouades emportent la soupe sans avoir eu le temps de la manger.
Halte à
A 19 h rentrés au même
cantonnement le cœur léger car la pluie tombe.
Réveil 4h.
Dès 5h30 reprise des mêmes
emplacements que la veille jusqu’à 9h où nous rentrons sous bois.
Déjeuner.
Départ à 13h30 où nous apprenons
que l’ennemi a reculer jusqu’à
Passage de
Nous défilons sous la pluie et
finalement nous couchons à Menil-Flin.
Réveil à 2 h.
Départ sous la pluie à 4h pour Hablainville où nous nous
installons en petits postes et barrons toute les issues du village.
Nous trouvons du vin, du beurre
frais, des œufs. C’est vraiment dommage que la distribution de pain n’ait pas
eu lieu la veille sans quoi ce serait la noce.
Depuis longtemps nous n’avons
rien trouvé. Il est vrai que nous sommes les premières troupes françaises qui
passons à la poursuite des troupes allemandes.
16h retour à Flin où nous couchons.
Réveil à 4h. Repas à 13h, départ
pour Hablainville où nous
arrivons à 9h du soir très fatigués.
Réveil à 4h. Départ pour
Charmes.
Il n’y a que ça que nous sommes
fixés pour notre embarquement.
Départ à 8h arrivée à 12h, où
nous commençons à nous débrouiller pour des vivres.
Chose qui réussit à merveille.
Vin, bière, fromage, saucisson, biscuits, rhum, Chartreuse, pain chaud. Il est
2h du soir. Nous attendons le départ pour la gare qui est en face de nous. La
seule chose qui nous tient inquiets est la destination que nous allons prendre.
Attendons.
Patience les nouvelles sont de
plus en plus rassurantes.
C’est la première fois que nous
voyons un journal du jour depuis le 4 août.
A 7h du soir nous embarquons dans les wagons. Il n’y a ni
paille ni bancs.
Passage à Toul, Lérouville,
St Mihiel où nous débarquons.
De là, nous prenons la direction de la caserne du 29ème bataillon de chasseurs.
A la tombée de la nuit je pars
en ville avec deux pour simuler une corvée.
Rentré juste à l’heure de
l’appel où un bon ragoût de mouton m’attend, le tout arrosé de deux bonnes
bouteilles de vin blanc à 2 francs et une bouteille de Vol-au-vent. Café, rhum.
Réveil à 4 h,
Je quitte la corvée avec 4
hommes pour aller en ville chercher du linge pour plusieurs camarades. Je
rapporte des cigares et du papier à lettre pour les types de ma section. Je
rapporte également 8 jours d’arrêt de rigueur
distribués par le capitaine avoir quitter la couvée.
Mais cela n’a pas d’importance,
nous avons fait un bon casse-croûte en ville.
J’abandonne même deux bouteilles
derrière un comptoir du bazar ou nous sommes en même temps que
lui.
Réveil à 4h. Jusqu’à 13h, repos.
1h et demi d’exercice et rentre au cantonnement.
A 18h dîner, menu : soupe,
pommes sautées, salade, petits beurres.
Réveil à 3h30.
Départ à 5h30 de St Mihiel.
Ce n’est pas sans regrets car
nous venons de passer 3 bonnes journées dans ces casernes malgré que le coucher
ne soit pas merveilleux.
A 12h nous arrivons à Lacroix-sur-Meuse qui se trouve
sur la route de St Mihiel à
Verdun.
16h nous faisons la soupe et ne
savons toujours pas si nous allons y passer la nuit.18 h30 départ pour St Mihiel et Sampigny ou nous pourrons y passer la nuit.
Réveil à 8h, c’est réellement
bon d’avoir un lit malgré que nous sommes un peu serrés et cette fois
c’est une caserne de cavalerie pour des fantassins.
13h30 embarquement direction Bar-le-Duc jusqu’à Villers d’Aucourt.
7h30 du soir : Cantonnement
à Elise qui se trouve à 5km de la gare.
Réveil à 4h30.
Toute la nuit l’on entend la
canonnade et même la fusillade mais c’est lointain.
A 8h toujours pas d’ordre.
Nettoyage des armes et des effets, casse-croûte.
15h l’on m’annonce que je quitte
Je suis même avec mon ami
Pessardin et mon ancien chef Tilet.
Réveil à 4 h, café.
Rassemblement et à 11h
revue d’arme.
Le reste de la journée se passe
sans incident.
Réveil à 4h.
La nuit s’est passée dans les
mêmes cantonnements que les 2 nuits précédentes.
8h départ, nous passons à Villers d’Aucourt où nous avons
débarqué 3 jours auparavant. De là nous nous dirigeons sur Villers-en-Argonne,
Passavant-en-Argonne, Brizeaux, Triaucourt-en-Argonne, Evres
et Chaumont-sur-Aire où nous
cantonnons.
C’est une journée bien employée.
12h de marche, cela représente
au moins
Réveil à 4h.
A 7h départ pour Brabant-en-Argonne où nous
arrivons à 16h.
Occupation des emplacements
jusqu’à 17h et rentrée au cantonnement qui se trouve environ à 4km.
Réveil à 4h. Repos.
Nettoyage des armes à 16h.
Revue.
Enfin la journée s’écoule sans
nouvelle sur l’ennemi.
18h je reçois une carte de Jeanne Smitz qui me fait plaisir.
Réveil à 5h.
Toute la matinée s’écoule sans
ennuis. C’est seulement à 15h que l’ordre de partir est donné. La direction est
l’envers du chemin que nous avons parcouru il y a 2jours.
Le cantonnement se trouve à
quelques kilomètres seulement de celui où nous étions précédemment.
Départ à 5h.
Marche jusqu’à midi.
Halte au coin d’un bois où il y
a grande halte.
Nous restons sur place jusqu’à
19h, de là nous gagnons une crête dans un bois voisin où nous passons la nuit à
côté des feux.
7h du matin.
Nous reprenons les mêmes
emplacements que nous avions quittés la veille au soir.
Le soir à la tombée de la nuit,
reprise des mêmes emplacements que la nuit.
Départ à 5h. Marche jusqu’à 19h.
Arrivée à Erecourt où nous cantonnons.
Fusillade.
Réveil à 4h.
Repos complet toute la journée.
Ce n’est qu’à 20h30 que nous
quittons le village.
Après avoir marché toute la
nuit, nous arrivons aux emplacements du 95ème que nous relevons.
Cela fait 8 jours qu’ils
occupent ces tranchées.
Après nous être installés et
avoir reconnu les abords du terrain, nous nous postons à la lisière du bois qui
se trouve sur notre droite et face à la route qui conduit à St Mihiel. De là on
peut très bien apercevoir les tranchées ennemies et même les hommes qui y
travaillent encore.
A midi reprise des mêmes
emplacements dans les tranchées. Au loin et à notre gauche le (Mi ?) et
aux prises l’on entend même sonner la charge.
Enfin la nuit arrive.
La fusillade crépite pendant une
partie de la nuit.
Pour notre compte, nous ouvrons
le feu en trois fois.
Rien de changé. La journée
commence calme et se termine de même.
La nuit n’est pas pareille.
Il ne s’écoule guère 5h sans que
la fusillade crépite.
La nuit est enfin passée.
Ce n’est pas sans avoir eu un
peu froid mais en revanche le soleil se montre légèrement. Toujours occupations
des mêmes emplacements.
La nuit a été plus calme que les
nuits précédentes.
5 octobre :
La nuit a été tout a fait calme.
Dans la matinée je suis commandé
de corvée pour aller faire une fosse pour enterrer un soldat du 95ème.
Les obus tombent même très près
de nous pendant notre travail. La journée s’écoule calme.
Rien de changé dans les
emplacements. Prise d’une patrouille ennemie par la 8eme Compagnie. Matinée
calme.
Un peu de pluie.
Réception d’un volumineux
courrier qui me fait plaisir.
7 octobre :
La nuit a été orageuse.
Nous n’avons pas eu le temps de
beaucoup fermer l’œil.
Dans la matinée des patrouilles
viennent jusqu’en avant de nos tranchées. Notre petit poste se replie vers la
tranchée. Il est environ 13h.
L’ennemi prend position du petit
poste qu’il conserve environ 2h.
D’ou il est, de là part une
section du
L’on fait un prisonnier.
Il reste notre capitaine qui est
blessé à la jambe. Je m’occupe de le faire emporter en allant à l’arrière
chercher des infirmiers avec un brancard ; au moment où je le quitte il
m’exprime tous ses remerciements et me donne une vraie poignée de main.
Pendant ce temps deux nouvelles
sections du 1er Mi viennent prendre position en tiraillant entre la
2eme et 3eme Compagnie.
Ils y passeront la nuit à
creuser des tranchées abris.
La nuit s’est écoulée bonne.
Aucune attaque de nulle part.
La journée n’en fut pas de même
car l’artillerie s’est chargée de rompre le silence.
A 17h violente attaque avec
mitrailleuse. Fort heureusement elle a refoulé sans perte de notre part.
Dans l’après midi nous sommes
allés en avant de notre tranchée chercher un blessé allemand « balle à la
cuisse » que nous avons fait conduire au poste de secours (pose pansement
prod ??)
20h nouvelle attaque. Au lieu de
front, elle se produit sur notre droite. L’ennemi lance des bombes lumineuses
pour pouvoir savoir l’emplacement des tranchées.
La deuxième attaque se termine
comme la première à notre avantage.
Les troupes qui nous attaquent
appartiennent au 7eme Régiment bavarois.
La nuit s’est écoulée sans autre
attaque.
La matinée est calme de part et d’autre.
Cela fait la neuvième journée d’occupation des tranchées.
Un allemand du 2eme Régiment
Bavarois ce rend prisonnier.
Il est heureux d’avoir pu se
faire prendre. Il nous raconte tout ce que nous voulons savoir
La journée s’écoule sans distribution.
Les obus Français tombent très près.
Nuit calme. Journée de même.
Bombardement violent de la part
de l’ennemi. Très peu de mal avec beaucoup d’obus.
Les bois sont coupés…
Re-bombardement des tranchées.
Une tranchée est même enlevée.
Il y a 6 morts de notre coté. On
apprend la relève.
Elle arrive à 11h du soir.
Nous avons subi deux attaques
depuis la tombée de la nuit.
Arrivée au quartier de Sampigny à 4h du matin où nous
finissons de passer la nuit.
Une partie de ma section et moi
nous nous installions dans la salle de police où il y a pas mal de fournitures.
11h nous partons pour aller
cantonner à travers la ville.
Repos tout le jour.
Repos.
Nettoyage.
Nous sommes toujours cantonnés
Rue de
Ste Lucie.
Distribution de vêtements
envoyés par des personnes charitables. Bombardements de la ville des Présidents
qui est déjà pas mal endommagée.
Réveil individuel à l’heure que
bon nous semble.
Repos complet toute la journée.
Réveil comme la veille.
A 12h garde aux issues. Et même
de l’issue du Château du Président.
Bombardement quotidien.
Rien de changé. Un obus tombe
sur notre cantonnement.
Un mort 3eme Compagnie.
18h départ pour Koeur-la-Grande.
Nous avons passé une partie de
la nuit dans un champ et le reste à l’abri dans une grange à Koeur-la-Grande
.Violent bombardement par notre
artillerie.
A 7h retour à Sampigny.
Le reste de la journée s’écoule
sans autres nouvelles.
Bombardement de la partie du
groupe que nous occupons.
Rien d’autre à signaler.
Reçu une lettre de Jeanne et un
paquet de cigarettes. Grand plaisir.
Bombardement comme les jours
précédent.
Repos également.
Rien à signaler.
Même cantonnement, le
bombardement diminue d’intensité.
Tranquillité absolue.
Garde aux issues.
Départ pour les tranchées.
Concert jusqu’à 11h du soir par
Gauthier
Mauvaise nuit à cause de la
pluie qui n’a cessée de tomber.
Journée assez calme.
Nuit bonne. Aucune fusillade.
Rien de changé.
A 6h du soir nous apprenons que
nous allons être relevé par le 85ème. Elle s’effectue sans accident.
Nous prenons la direction de Pont-sur-Meuse.
29 octobre
Midi : départ pour les
bois. Fabrique des clailles pour les tranchées.
A 10h nous apprenons que notre
compagnie partira en route pour Commercy. A l’arrivée je rencontre des
camarades (Labaune, Couturier) avec lesquels nous allons errer en ville.
Nuit bonne sur des lits du 155ème.
1er Novembre
A midi je prends la garde en
ville où nous sommes très bien le soir. On nous offre la salade.
L’ont nous apporte du lait pour
faire le chocolat.
Nous restons à Commercy sans
qu’il n’y ait du changement.
Le 7 au soir nous partons pour
aller aux tranchées sur la droite des anciens emplacements que nous occupions
précédemment.
Très forte canonnade de part et
d’autre.
La nuit est plus froide mais enfin
on peut résister. La fusillade fut assez vive sur notre droite.
Loin.
Toute la matinée le brouillard
est intense.
De nuit rien de nouveau.
Dans l’après midi, les
sentinelles allemandes nous interpellent en plaisantant, elles nous proposent
de la saucisse avec notre pain.
Conversation en Français.
Rien de changé. A la tombée de
la nuit vive fusillade à notre gauche un quart d’heure environ.
Nuit extrêmement noire avec forte pluie.
La matinée est froide mais
accompagnée d’un léger rayon de soleil.
Même emplacement, toujours mêmes
occupations des tranchées.
Pluie toute la nuit ; un
peu mouillé. Rien d’autre d’important.
Relevé par le 135ème
et nous nous partons pour Boncourt.
Départ pour Lignières.
Départ pour Koeur.
Garde de police ; léger
bombardement de Koeur-la-Grande.
A 7h du soir nous prenons la
direction de Bislée pour
remplacer la 3ème Cie qui est en première ligne.
Relève de nuit sans incident.
Au lever du jour la moitié de
Rien de changé.
Dans la matinée, l’on aperçoit quelques
hommes sur la piste du camp des Romains.
A 8h du soir nous sommes relevés
par la 3ème Cie et nous nous retournons à Koeur-la-Grande.
Repos ; au soir nous
repartons.
Occupations des mêmes tranchées,
violent bombardement : près de 80 obus en une heure, 3 morts une dizaine
de blessés.
Repos toujours à Koeur.
Occupations des mêmes
emplacements, pluie abondante toute la nuit.
Repos.
Section de réserve,
bombardement : 12 obus sur la tranchée. Trouilloux blessé meurt de
l’hémorragie en 2 heures.
Repos.
Au soir nous repartons comme
d’habitude.
Les deux jours sont très calmes.
Repos et corvées..
Relève comme d’habitude ;
aussitôt après réception de 6 obus dans de bonnes conditions.
Repos complet.
Nuit froide et gelée.
Rien d’autre d’important.
Journée calme.
Jour du réveillon. Amélioration
de l’ordinaire : oranges, noix, confiture, demi.
A partir de 8h concert jusqu’à
minuit.
Noël.
Grasse matinée et repos complet.
A 5h on part pour la relève.
Rien d’anormal.
Repos.
Bombardement quotidien.
Galland Caporal tué.
Dès que nous sommes rentrés à Koeur, dîner qui est légèrement
arrosé.
A minuit souhaits.
Je suis renommé sergent et
« riganuy metteur» du mess des sous off de
Menu
Pâté
d’oie de Cahors
Roti
de porc
Poulet
champignons
Haricots
de saisons
Oranges
noix pommes
Griottes
au chocolat
Papillotes
Vin
rouge ordinaire
Champagne
Café
Rhum
A 5h : garde de police
Revue du Commandant et violent
bombardement de Koeur. Pas de touché.5h départ pour les tranchées.
Rien de changé.
Repos. 5h départ
Nuit atroce, trempé jusqu’aux
os.
Nuit semblable à la précédente.
Ces 2 journées passées au
cantonnement.
Changement des emplacements de
Les 2 jours nous occupons une
carrière comme section de réserve.
Repos.
Rien à signaler.
Reconnu malade ; reste au
cantonnement.
Malade.
Evacué sur Grimaucourt où je passe la nuit.
Visite.
Evacué sur Commercy.
Visite ; envoyé à
l’ambulance R6.
Visite 2 fois et départ pour Nancy le lendemain.
Nous quittons Commercy en auto pour Void. Gare où nous allons
embarquer dans un train sanitaire à raison de 8 par compartiment, couchés sur
des brancards.
2 visites en cours de route.
Arrivée à Nancy à 2h de
l’après-midi, direction Hôpital Villemin.
Visite, rien de grave.
Fièvre en baisse.
Toujours de mieux en mieux.
Le mieux continue, je commence
par manger de la bouillie.
Fin du carnet
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