Carnets de guerre 1914–1915 du sergent François COTHENET

du 134e régiment d’infanterie

 

 

« ..Je possède un carnet que mon arrière grand-père François Cothenet a rapporté de la grande guerre 1914-1918; ce carnet "au jour le jour" commence le 5 Août 1914 et s'arrête le 27 Janvier 1915, lorsque mon grand-père se trouvait à l'hôpital Villemin à Nancy.

Ce qui fait l'originalité de ce carnet, c'est qu'au début (du 5 Août  au 3 Sept. 1914) il a été rédigé par une personne visiblement très cultivée: le style est littéraire, presque lyrique...puis mon grand-père trouve le carnet le 4 septembre 1914 et le continue dans un style...plus "terre à terre"...

Après bien des recherches sur internet, j'ai trouvé que mon grand-père appartenait au 134ème RI; j'ai trouvé et lu le journal (JMO) de ce régiment, et pour chaque jour, les lieux et actions correspondent parfaitement avec le contenu du carnet.
C'est en recherchant plus d'infos sur le 134ème régiment, que j'ai découvert votre site, et tous les carnets de guerre; surtout celui  de François Guillemin, lui aussi du 134éme RI, 1er bataillon (François Cothenet était du 2ème bataillon)

Ce que j'aimerais maintenant trouver, c'est le nom du soldat qui a écrit la première partie de ce carnet, afin de le faire connaître si possible à ses descendants. Il me semble qu'il devait être un officier de l'armée active, car il fait allusion dans le carnet au camp militaire de Mailly.

Le seul problème est que je ne sais pas s'il a simplement égaré ce carnet le 3 septembre 1914, ou bien s'il a été tué ce jour là...surtout que d'après le JMO, c'est le 3 septembre 1914 que les compagnies et les bataillons ont été réorganisés, suite aux nombreuses pertes en hommes du 25 août à Rozelieures… »
Claude Veillerot, novembre 2009

 

 

 

VERS LA FRONTIERE, 5 Août 1914

Départ de Mâcon 5 Août, 8 h, direction Chagny.

A Chalon, prenons la ligne de Gray. Passons à St-Jean-de-Losne à minuit, où on nous donne du café chaud.

Arrivée à Gray à 4 h; à Port-sur-Saône à 6 h.

Là un employé m’annonce que nous allons vers Nancy...? Sur tout le parcours les habitants agitent leur mouchoir, nous leur  répondons avec nos képis.

    Toujours le même enthousiasme, on rit, on s’amuse, il m’est impossible de m’imaginer que nous allons à la guerre. Je crois retourner au camp de Mailly. Enfin, après 19 heures de voyage nous arrivons.

Débarquons à 1 h à Châtel-sur-Moselle. Grand halte. Passons à Moriville.

Le pays est très joli, très boisé et très vert. Nous traversons de magnifiques forêts de pins pour arriver à Damas-aux-Bois puis à Haillainville où nous cantonnons. Nous y restons jusque dans l’après midi du 8.

Nous retournons alors à Damas-aux-Bois à 3 km en arrière.

Il fait un temps magnifique.

 

Le 10 à 1 h  du matin, par un superbe clair de lune, nous quittons Damas et marchons résolument vers l‘Est. Nous passons à Essey-la-Côte, Giriviller, Séranville, Vallois, Moyen, Vathiménil.

   Nous y cantonnons. Je suis détaché avec mon escouade en petit poste; il est midi, la chaleur est accablante. Heureusement on peut se reposer un peu.

Les Allemands sont, dit-on, à quelques kilomètres, masqués dans d’immenses forêts en amont de nous. On s’attend à les rencontrer avant peu. Au loin nous entendons les canons des fortins.

Vers 6 h nous quittons notre emplacement et rentrons cantonner à Vathimenil.

Le 11

Au lieu de marcher en avant comme nous le pensions nous restons. Il fait toujours très beau aussi on en profite pour dormir copieusement.

On se préoccupe toujours peu de la guerre.

Un journal qui circule de mains en mains annonce : défaite allemande, entrée des Français à Mulhouse, soulèvement de l’Alsace.

Il parait en effet que les terribles Uhlans n’opposent aucune résistance à nos chasseurs; ce sont eux qui le racontent.

Le 12

Nous nous réveillons encore à Vathimenil. Qu’attendons-nous ?

Cependant nous entendons au loin une canonnade terrible.

Certains prétendent même qu’en dehors du village on peut percevoir le bruit de la fusillade.

Il est certain que ça doit chauffer.

Le 13

Nous restons encore à Vathimenil. Il fait toujours très beau et très chaud. On dort toute la journée. La guerre n’a rien de terrible.

Le 14 :

A 7 h nous quittons Vathimenil, franchissons la Meurthe et nous dirigeons vers la frontière.

Il fait bien chaud et le sac est bien lourd; mais enfin on va de l’avant et tout le monde marche avec courage. Nous passons à Ménil-Flin, puis à Hablainville.

Après la grand halte au sortir d’un village nous apercevons à plusieurs centaines de mètres de la route des paysans creusant des fosses et plus loin étendus sur l’herbe d’un pré les cadavres de 4 soldats allemands.

Cette fois je commence à croire à la guerre. Au loin nous entendons une canonnade nourrie. Nous allons parait-il au secours de la 35ème brigade engagée à Blâmont.

A 5 h nous nous arrêtons à la lisière d’un bois et nous bivouaquons.

A la tombée de la nuit 2 aéroplanes allemands viennent nous survoler, les mitrailleuses tirent dessus mais sans effet.

Le 15 :

A 5 h du matin on nous donne 2 trousses de cartouches et nous partons.

Nous pensons tous avoir enfin le baptême du feu.

Nous marchons à travers champs, à travers bois, nous arrêtant parfois très longtemps; il y a peu de décision.

Nous traversons quelques villages ayant subi  l’occupation allemande, beaucoup de maisons ont été abandonnées.

Les quelques habitants qui restent paraissent heureux de voir le pantalon rouge.

Le long de la route nous trouvons beaucoup de cadavres de chevaux qui produisent une impression pénible. On sent que la guerre est passée par là.

A 5 h nous nous arrêtons près d’un bois, nous faisons grande halte.

Pendant ce temps nous sommes surpris par la pluie. La nuit arrive, tout le monde est impatient de partir. Enfin le signal du départ est donné, mais au bout de quelques centaines de mètres la colonne cesse d’avancer. Alors pendant plus de ¾ d’heure nous restons immobiles  exposés à une pluie battante,  ne voyant rien, ne sachant rien, transpercés jusqu’aux os, c’est une réelle souffrance; néanmoins personne ne murmure.

C’est un réel soulagement quand on  se met en route.

Nous entrons finalement à Autrepierre. Comme cantonnement on nous donne pour toute la compagnie un hangar où on tiendrait à peine 20. Mais la pluie cesse. On allume de grands feux dans la rue et on se sèche.

A 1 h du matin je finis par aviser un chariot rude en plein air et m’endors.

Triste journée.

Le 16 :

A 6 h nous quittons Autrepierre. Auparavant nous assistons à un défilé interminable d’artillerie.

Le village était occupé par 2 régiments d’artillerie et 2 d’infanterie.

     Nous nous dirigeons sur Blâmont d’où les Allemands ont été délogés la veille. On voit le long de la route des traces de combat, des débris de toutes sortes.

Nous traversons le village très coquet dans son étroite vallée et nous arrêtons longtemps à l’autre extrémité. Pendant ce temps nous sommes croisés par un prisonnier allemand entre deux gendarmes. Je connais maintenant l’uniforme gris bleu du soldat allemand: c’est le premier que je vois depuis la guerre.

    Après avoir repris notre marche sur la grand-route de Strasbourg, soudain on nous annonce que le combat est engagé et que nous devons prolonger l’aile gauche.

Tout le monde s’en montre satisfait et c’est avec joie que nous marchons au combat.

Nous avançons au milieu des champs déployés en tirailleur; je marche en avant comme observateur, pendant qu’une vive canonnade s’engage de part et d’autre.

    Au bout de 20 minutes nous nous arrêtons.

J’ai alors le loisir d’examiner les effets de l’artillerie allemande car des obus viennent éclater sur une crête à 800 mètres en avant de nous. Ils ne doivent pas produire grand effet malgré le gros nuage de poussières et de fumée qu’ils soulèvent car ils tapent dans le vide.

    Après 3 heures d’attente nous nous replions pour aller cantonner à Repaix à 5 km en arrière.

Les Allemands occupaient le village il y a deux jours, aussi les quelques habitants que nous rencontrons sont encore terrorisés et nous racontent les scènes de pillage.

Les pauvres gens absolument ruinés font pitié, cependant ils paraissent supporter courageusement leurs malheurs.

Le 17 :

A 6 h par la pluie nous quittons Repaix. Arrivés à Gogney 2 km plus loin nous nous arrêtons. Cette attente dans un champ la pluie sur le dos, les pieds dans la boue dure jusqu’à 4 h du soir; c’est une souffrance physique et morale intolérable; les hommes néanmoins font preuve de beaucoup de courage.

    Au moment où la pluie s’arrête chaque escouade allume de grands feux pour se sécher.

C’est une distraction qui nous fait oublier nos maux. C’est une explosion de joie quand enfin nous nous mettons en marche sur la grande route de Strasbourg, et lorsque nous franchissons le poteau frontière chacun salue avec enthousiasme la terre Lorraine.

Nous arrivons au cantonnement à Ibigny à la tombée de la nuit, le crépuscule enveloppant la plaine immense qui s’étend devant nous me produit une grande impression de joie mélancolique.

Le 18 :

Comme d’habitude nous nous réveillons vers 4 h ½ et nous nous préparons.

Avant de partir j’assiste à l’enterrement d’un malheureux soldat du 10ème blessé la veille; une section de ma compagnie lui rend les honneurs.

Cette cérémonie a quelque chose de beau dans sa simplicité.

Pendant que le corps est à l’église où le prêtre récite quelques prières beaucoup de soldats entrent prier pour leur malheureux camarade; c’est un spectacle réconfortant.

    Vers 7 h nous nous mettons en route dans la direction de Sarrebourg où les nôtres sont en train de canonner les  Allemands; nous en avons des échos pas très lointains, car nous en sommes à 10 km.

Dans les champs nous apercevons des traces de bataille, des tranchées, des trous énormes causés par les obusiers, et finalement couché dans un champ d’avoine, raide, une trace de balle au front, le cadavre d’un soldat du 27ème.

Tout le monde se découvre en passant. Continuant notre marche nous passons à St Georges, et Hertzing. Sur notre passage quelques Lorrains nous saluent avec enthousiasme, d’autres semblent méfiants et nous regardent simplement avec curiosité.

Ils ont l’air des paysans de nos campagnes avec un air assez intelligent.

Vers 11 h nous arrivons dans un bois; nous y faisons la grande halte et y restons jusqu’à 8 h.

Pendant ce temps toute la division de cavalerie de Lyon défile sur la route au galop; c’est un spectacle grandiose. Nous allons cantonner à Diane-Capelle.

Le 19 :

Nous quittons notre cantonnement et marchons toute la matinée, faisons la grand halte près d’un village lorsque soudain une décharge d’obus vient éclater à quelques centaines de mètres de nous. Nous partons précipitamment pour nous réfugier sous des arbrisseaux. Nous y restons jusqu’à la tombée de la nuit. A 9 h nous partons, nous marchons toute la nuit.

Le 20 :

A 4 h au lever du jour nous nous arrêtons en arrière d’un bois; pendant qu’on nous distribue des cartouches une rude fusillade éclate de l’autre côté du bois; nous nous y engageons.

Tandis que les obus éclatent de tous côtés, nous sommes obligés de battre en retraite; nous nous retirons à Ibigny .

Le régiment perd 26 tués, 247 blessés et 90 disparus (JMO : Journal des Marches et Opérations), pendant les combats du 20 août de Saint-Jean de Bassel et Gosselming

Le 21 :

Nous continuons notre retraite; par erreur nous essuyons une salve d’artillerie française.

Le 22 :

Toujours la marche en arrière. Nous faisons presque le même chemin qu’à l’aller mais en sens inverse. Nous passons à St Clément.

Nous bivouaquons à côté de Vathiménil.

Le 23 :

La marche rétrograde continue.

Nous passons à Moyen. Nous cantonnons à Damas-aux-Bois.

Le 24:

La matinée, repos.

On se sent un peu revivre.

Vers 1 h nous partons : pendant 3 h nous essuyons une canonnade terrible; pas un blessé chez nous. Nous couchons sur nos positions.

Le 25 :

Au petit jour nous attaquons Rozelieures. Les Allemands sont solidement retranchés et nous fusillent; nous ripostons. La bataille est engagée, terrible.

Nous avançons en bon ordre, les Allemands paraissent reculer.

Lorsque soudain une contre-attaque terrible nous oblige à reculer.

C’est une débandade générale sous une grêle de balles et d’obus. Nos soldats tombent par paquets, c’est épouvantable. Notre artillerie protège notre retraite.

Lorsque nous nous reformons, de ma compagnie sur environ 250 hommes, il en reste 90. Nous restons dans les bois jusqu’à la nuit, puis nous rentrons cantonner à Damas-aux-Bois.

Le régiment perd 35 tués, 448 blessés et 124 disparus (JMO), pendant les combats du 25 août de Rozelieures. L’épisode de la « débandade générale n’y est pas mentionné ; il y est dit seulement « ..Le mouvement de repli est difficile, parce qu’il n’y a qu’un passage… »

 

Le 26 :

Dans l’après midi nous quittons Damas-aux-Bois, marchons à travers la campagne, vers quel but ?

Nous essuyons d’assez vives salves d’artillerie qui blessent un homme et tuent un cheval de mitrailleuse; nous rentrons cantonner à Haillinville.

Le 27 :

Nous quittons le cantonnement de bonne heure, marchons toute la matinée par la pluie dans des chemins de boue presque impraticables, manœuvrons à travers champs.

A la nuit nous cantonnons à Essey-la-Côte.

Le 28 :

Nous quittons Essey où nous avons reçu un détachement d’hommes du dépôt pour compléter les compagnies.

Nous allons occuper une position où nous restons jusqu’à la nuit.

Nous rentrons cantonner à Mattexey.

En fait, c’est le 28 août que le régiment reçoit prés de mille hommes, provenant du dépôt de Mâcon. « La plupart de ces hommes n’ont ni livret, ni plaque d’identité. »

Le 29 :

Nous quittons Mattexey pour aller occuper nos positions de la veille; nous y creusons des tranchées qui nous abritent toute la soirée contre des salves d’artillerie allemande qui éclatent à peu de distance de nous.

A la tombée de la nuit nous allons prendre les avants postes.

Le 30 :

Au lever du jour nous entrons dans un bois et nous y passons la journée; entre temps les obus viennent éclater au dessus de nos têtes mais sans faire de mal.

On commence à s’y habituer.

Vers 8 h nous nous disposons à prendre Magnières par une attaque de nuit.

Nous essuyons le feu des petits postes et l’attaque ne réussit pas. Nous passons la nuit dans le bois.

Le 31 :

Nous conservons nos positions dans le bois.

A 4h ½ nous recevons l’ordre de soutenir le 1er bat. qui va tenter l’attaque de Magnières. Une rude canonnade s’engage de part et d’autre; bientôt les canons allemands sont rendus au silence pendant que les nôtres avancent en bon ordre. On entend une fusillade nourrie mais bientôt la nuit arrive.

Que se passe-t-il ? Ma compagnie qui est de réserve occupe sa position d’attente en avant du village et tandis que la fusillade et les cris retentissent dans la nuit nous voyons le clocher du village s’embraser ‘(*) soudain et lancer vers le ciel son icône de flammes.

C’est un spectacle à la fois grandiose et lugubre.

La fusillade continue par saccades. Nous restons toujours en position d’attente.

     Au bout de 2 h d’attente dans la nuit, nous voyons bientôt des groupes se replier.

Nous suivons le mouvement et couchons sur nos positions de la veille.

Le résultat de l’attaque est plutôt mauvais. Deux officiers sont tombés, et beaucoup d’hommes parait-il sont également restés.

En réalité, ce sont les soldats du régiment qui ont mis le feu, sur ordre, pour « éclairer le tir » (JMO)

1er Sept. :

Nous passons la journée dans les bois.

De temps en temps nous recevons quelques obus; on se cache un peu quand ils éclatent trop près, on n’y fait plus guère attention.

Nous passons la nuit dans le bois.

Le 2  Sept. :

La journée se passe comme la veille, de part et d’autre on reste tranquille. Le soir nous rentrons cantonner à Vennezey.

Le 3 Sept. :

Au matin nous nous installons dans les champs à quelques centaines de mètres du pays et y passons tranquillement la journée.

Le 4 Sept :

Je trouve ce carnet et continue à inscrire les résultats que je pourrais recueillir sur la campagne; puisque qu’il doit appartenir au régiment.

      Nous quittons le cantonnement à 6 h pour nous poster en dehors du village de Vennezey.

A 1 h du soir nous prenons la garde de police jusqu’au 6 Septembre 9 h du matin.

 

La journée du 6 Septembre se passe sans incident pour nous.

Nous voyons passer une quantité de blessés du 10ème régiment qui partent en autos.

Nous assistons au dépôt de plusieurs camarades morts qui sont enterrés tous à côté du verger où nous passons la journée.

Il y a même un ??ate qui tire un chariot sur lequel il y a deux cadavres.

A 6 h un aéroplane lâche une bombe sur le village.

7 Sept. :

Départ à 9 h pour Saint Boingt, où  nous faisons des tranchées.

La canonnade se fait entendre au loin.

A 1 h de l’après-midi nous faisons la popote. « Menu : pommes sautées, petits pois de conserve, café ».

Vin du château la pompe, le café légèrement arrosé de goutte de mirabelle achetée par la corvée d’eau.

A 3 h reprise du travail dans la tranchée, la canonnade est toujours sur ses mêmes emplacements, les coups sont même très espacés.

8 Sept. :

Exercice en dehors du village jusqu’à 9 h et repos.

Le soir à 7 h nous rentrons au cantonnement.

9 Sept. :

Réveil à 2 h. Nous quittons le cantonnement pour aller dans les champs voisins où nous attendons qu’il fasse jour. Repos jusqu’au soir où nous rentrons au cantonnement.

10 Sept. :

Réveil à 4 h 30. Repos.

Canonnade très légère.

11 Sept. :

Réveil à 4 h 30.

Exercice de 7 h à 9 h du matin.

A 15 h, ordre de faire la soupe.

Départ à 16 h; plusieurs escouades emportent la soupe sans avoir eu le temps de la manger.

Halte à 1 km de Vennezey où nous commençons à ne pas avoir chaud; c’est la première fois.

A 19 h rentrés au même cantonnement le cœur léger car la pluie tombe.

12 septembre :

Réveil 4h.

Dès 5h30 reprise des mêmes emplacements que la veille jusqu’à 9h où nous rentrons sous bois.

Déjeuner.

Départ à 13h30 où nous apprenons que l’ennemi a reculer jusqu’à 19 kilomètres.  Nous trouvons des débris et pas mal d’obus dans les pances !

Passage de la Meurthe sur des échelles, car le pont a sauté.

Nous défilons sous la pluie et finalement nous couchons à Menil-Flin.

13 septembre

Réveil à 2 h.

Départ sous la pluie à 4h pour Hablainville où nous nous installons en petits postes et barrons toute les issues du village.

Nous trouvons du vin, du beurre frais, des œufs. C’est vraiment dommage que la distribution de pain n’ait pas eu lieu la veille sans quoi ce serait la noce.

Depuis longtemps nous n’avons rien trouvé. Il est vrai que nous sommes les premières troupes françaises qui passons à la poursuite des troupes allemandes.

16h retour à Flin où nous couchons.

14 septembre :

Réveil à 4h. Repas à 13h, départ pour Hablainville où nous arrivons à 9h du soir très fatigués.

15 septembre :

Réveil à 4h. Départ pour Charmes.

Il n’y a que ça que nous sommes fixés pour notre embarquement.

Départ à 8h arrivée à 12h, où nous commençons à nous débrouiller pour des vivres.

Chose qui réussit à merveille. Vin, bière, fromage, saucisson, biscuits, rhum, Chartreuse, pain chaud. Il est 2h du soir. Nous attendons le départ pour la gare qui est en face de nous. La seule chose qui nous tient inquiets est la destination que nous allons prendre.

Attendons.

Patience les nouvelles sont de plus en plus rassurantes.

C’est la première fois que nous voyons un journal du jour depuis le 4 août.

A 7h du soir  nous embarquons dans les wagons. Il n’y a ni paille ni bancs.

16 septembre :

Passage à Toul, Lérouville, St Mihiel où nous débarquons. De là, nous prenons la direction de la caserne du 29ème bataillon de chasseurs.

A la tombée de la nuit je pars en ville avec deux pour simuler une corvée.

Rentré juste à l’heure de l’appel où un bon ragoût de mouton m’attend, le tout arrosé de deux bonnes bouteilles de vin blanc à 2 francs et une bouteille de Vol-au-vent. Café, rhum.

17 septembre :

Réveil à 4 h, 4 litres de café et départ pour une corvée de lavage.

Je quitte la corvée avec 4 hommes pour aller en ville chercher du linge pour plusieurs camarades. Je rapporte des cigares et du papier à lettre pour les types de ma section. Je rapporte également 8 jours d’arrêt de rigueur  distribués par le capitaine avoir quitter la couvée.

Mais cela n’a pas d’importance, nous avons fait un bon casse-croûte en ville.

J’abandonne même deux bouteilles derrière un comptoir du bazar ou nous sommes en même temps que lui.

18 septembre :

Réveil à 4h. Jusqu’à 13h, repos. 1h et demi d’exercice et rentre au cantonnement.

A 18h dîner, menu : soupe, pommes sautées, salade, petits beurres.

19 septembre

Réveil à 3h30.

Départ à 5h30 de St Mihiel.

Ce n’est pas sans regrets car nous venons de passer 3 bonnes journées dans ces casernes malgré que le coucher ne soit pas merveilleux.

A 12h  nous arrivons à Lacroix-sur-Meuse qui se trouve sur la route de St Mihiel à Verdun.

16h nous faisons la soupe et ne savons toujours pas si nous allons y passer la nuit.18 h30 départ pour St Mihiel et Sampigny ou nous pourrons y passer la nuit.

20 septembre :

Réveil à 8h, c’est réellement bon d’avoir un lit malgré que nous sommes un peu serrés et cette fois c’est une caserne de cavalerie pour des fantassins.

13h30 embarquement direction Bar-le-Duc jusqu’à Villers d’Aucourt.

7h30 du soir : Cantonnement à Elise qui se trouve à 5km de la gare.

21 septembre :

Réveil à 4h30.

Toute la nuit l’on entend la canonnade et même la fusillade mais c’est lointain.

A 8h toujours pas d’ordre. Nettoyage des armes et des effets, casse-croûte.

15h l’on m’annonce que je quitte la Compagnie avec une  section pour aller reformer la 2eme Compagnie qui avait été dissoute.

Je suis même avec mon ami Pessardin et mon ancien chef Tilet.

22 septembre :

Réveil à 4 h, café.

Rassemblement et à 11h revue d’arme.

Le reste de la journée se passe sans incident.

23 septembre :

Réveil à 4h.

La nuit s’est passée dans les mêmes cantonnements que les 2 nuits précédentes.

8h départ, nous passons à Villers d’Aucourt où nous avons débarqué 3 jours auparavant. De là nous nous dirigeons sur  Villers-en-Argonne, Passavant-en-Argonne, Brizeaux, Triaucourt-en-Argonne, Evres et Chaumont-sur-Aire où nous cantonnons.

C’est une journée bien employée.

12h de marche, cela représente au moins 40 km avec le chargement.

24 septembre :

Réveil à 4h.

A 7h départ pour Brabant-en-Argonne où nous arrivons à 16h.

Occupation des emplacements jusqu’à 17h et rentrée au cantonnement qui se trouve environ  à 4km.

25 septembre :

Réveil à 4h. Repos.

Nettoyage des armes à 16h.

Revue.

Enfin la journée s’écoule sans nouvelle sur l’ennemi.

18h je reçois une carte de  Jeanne Smitz  qui me fait plaisir.

26 septembre :

Réveil à 5h.

Toute la matinée s’écoule sans ennuis. C’est seulement à 15h que l’ordre de partir est donné. La direction est l’envers du chemin que nous avons parcouru il y a 2jours.

Le cantonnement se trouve à quelques kilomètres seulement de celui où nous étions précédemment.

27 septembre :

Départ à 5h.

Marche jusqu’à midi.

Halte au coin d’un bois où il y a grande halte.

Nous restons sur place jusqu’à 19h, de là nous gagnons une crête dans un bois voisin où nous passons la nuit à côté des feux.

28 septembre :

7h du matin.

Nous reprenons les mêmes emplacements que nous avions quittés la veille au soir.

Le soir à la tombée de la nuit, reprise des mêmes emplacements que la nuit.

29 septembre :

Départ à 5h. Marche jusqu’à 19h.

Arrivée à Erecourt où nous cantonnons.

Fusillade.

30 septembre :

Réveil à 4h.

Repos complet toute la journée.

Ce n’est qu’à 20h30 que nous quittons le village.

Secteur de Saint Mihiel : bois Brûlé, Sampigny, Marbotte

1er octobre :

Après avoir marché toute la nuit, nous arrivons aux emplacements du 95ème que nous relevons.

Cela fait 8 jours qu’ils occupent ces tranchées.

Après nous être installés et avoir reconnu les abords du terrain, nous nous postons à la lisière du bois qui se trouve sur notre droite et face à la route qui conduit à St Mihiel. De là on peut très bien apercevoir les tranchées ennemies et même les hommes qui y travaillent encore.

A midi reprise des mêmes emplacements dans les tranchées. Au loin et à notre gauche le (Mi ?) et aux prises l’on entend même sonner la charge.

Enfin la nuit arrive.

La fusillade crépite pendant une partie de la nuit.

Pour notre compte, nous ouvrons le feu en trois fois.

2 octobre :

Rien de changé. La journée commence calme et se termine de même.

La nuit n’est pas pareille.

Il ne s’écoule guère 5h sans que la fusillade crépite.

3 octobre :

La nuit est enfin passée.

Ce n’est pas sans avoir eu un peu froid mais en revanche le soleil se montre légèrement. Toujours occupations des mêmes emplacements.

4 octobre :

La nuit a été plus calme que les nuits précédentes.

5 octobre :

La nuit a été tout a fait calme.

Dans la matinée je suis commandé de corvée pour aller faire une fosse pour enterrer un soldat du 95ème.

Les obus tombent même très près de nous pendant notre travail. La journée s’écoule calme.

6 octobre :

Rien de changé dans les emplacements. Prise d’une patrouille ennemie par la 8eme Compagnie. Matinée calme.

Un peu de pluie.

Réception d’un volumineux courrier qui me fait plaisir.

7 octobre :

La nuit a été orageuse.

Nous n’avons pas eu le temps de beaucoup fermer l’œil.

Dans la matinée des patrouilles viennent jusqu’en avant de nos tranchées. Notre petit poste se replie vers la tranchée. Il est environ 13h.

 

L’ennemi prend position du petit poste qu’il conserve environ 2h.

D’ou il est, de là part une section du 5 Mi et une section du 134ème.

L’on fait un prisonnier.

Il reste notre capitaine qui est blessé à la jambe. Je m’occupe de le faire emporter en allant à l’arrière chercher des infirmiers avec un brancard ; au moment où je le quitte il m’exprime tous ses remerciements et me donne une vraie poignée de main.

Pendant ce temps deux nouvelles sections du 1er Mi viennent prendre position en tiraillant entre la 2eme et 3eme Compagnie.

Ils y passeront la nuit à creuser des tranchées abris.

8 octobre :

La nuit s’est écoulée bonne.

Aucune attaque de nulle part.

La journée n’en fut pas de même car l’artillerie s’est chargée de rompre le silence.

A 17h violente attaque avec mitrailleuse. Fort heureusement elle a refoulé sans perte de notre part.

Dans l’après midi nous sommes allés en avant de notre tranchée chercher un blessé allemand « balle à la cuisse » que nous avons fait conduire au poste de secours (pose pansement prod ??)

20h nouvelle attaque. Au lieu de front, elle se produit sur notre droite. L’ennemi lance des bombes lumineuses pour pouvoir savoir l’emplacement des tranchées.

La deuxième attaque se termine comme la première à notre avantage.

Les troupes qui nous attaquent appartiennent au 7eme Régiment bavarois.

9 octobre :

La nuit s’est écoulée sans autre attaque.

La matinée est calme de part et d’autre. Cela fait la neuvième journée d’occupation des tranchées.

10 octobre :

Un allemand du 2eme Régiment Bavarois ce rend prisonnier.

Il est heureux d’avoir pu se faire prendre. Il nous raconte tout ce que nous voulons savoir

La journée s’écoule sans distribution. Les obus Français tombent très près.

11 octobre

Nuit calme. Journée de même.

12 octobre

Bombardement violent de la part de l’ennemi. Très peu de mal avec beaucoup d’obus.

Les bois sont coupés…

13 octobre

Re-bombardement des tranchées. Une tranchée est même enlevée.

Il y a 6 morts de notre coté. On apprend la relève.

Elle arrive à 11h du soir.

Nous avons subi deux attaques depuis la tombée de la nuit.

14 octobre

Arrivée au quartier de Sampigny à 4h du matin où nous finissons de passer la nuit.

Une partie de ma section et moi nous nous installions dans la salle de police où il y a pas mal de fournitures.

11h nous partons pour aller cantonner à travers la ville.

Repos tout le jour.

15 octobre

Repos.

Nettoyage.

Nous sommes toujours cantonnés Rue de la Fontaine.

Ste Lucie.

Distribution de vêtements envoyés par des personnes charitables. Bombardements de la ville des Présidents qui est déjà pas mal endommagée.

16 octobre

Réveil individuel à l’heure que bon nous semble.

Repos complet toute la journée.

17 octobre

Réveil comme la veille.

A 12h garde aux issues. Et même de l’issue du Château du Président.

Bombardement quotidien.

18 octobre

Rien de changé. Un obus tombe sur notre cantonnement.

Un mort 3eme Compagnie.

18h départ pour Koeur-la-Grande.

19 octobre

Nous avons passé une partie de la nuit dans un champ et le reste à l’abri dans une grange à Koeur-la-Grande

.Violent bombardement par notre artillerie.

A 7h retour à Sampigny.

Le reste de la journée s’écoule sans autres nouvelles.

20 octobre

Bombardement de la partie du groupe que nous occupons.

Rien d’autre à signaler.

Reçu une lettre de Jeanne et un paquet de cigarettes. Grand plaisir.

21 octobre

Bombardement comme les jours précédent.

Repos également.

22 octobre

Rien à signaler.

Même cantonnement, le bombardement diminue d’intensité.

23 octobre

Tranquillité absolue.

24 octobre

Garde aux issues.

25 octobre

Départ pour les tranchées.

Concert jusqu’à 11h du soir par Gauthier

26 octobre

Mauvaise nuit à cause de la pluie qui n’a cessée de tomber.

Journée assez calme.

27 octobre

Nuit bonne. Aucune fusillade.

28 octobre

Rien de changé.

A 6h du soir nous apprenons que nous allons être relevé par le 85ème. Elle s’effectue sans accident.

Nous prenons la direction de Pont-sur-Meuse.

29 octobre

Midi : départ pour les bois. Fabrique des clailles pour les tranchées.

30 octobre

A 10h nous apprenons que notre compagnie partira en route pour Commercy. A l’arrivée je rencontre des camarades (Labaune, Couturier) avec lesquels nous allons errer en ville.

31 octobre

Nuit bonne sur des lits du 155ème.

1er Novembre

A midi je prends la garde en ville où nous sommes très bien le soir. On nous offre la salade.

2 Novembre

L’ont nous apporte du lait pour faire le chocolat.

3, 4, 5, 6, 7 novembre

Nous restons à Commercy sans qu’il n’y ait du changement.

Le 7 au soir nous partons pour aller aux tranchées sur la droite des anciens emplacements que nous occupions précédemment.

8 Novembre

Très forte canonnade de part et d’autre.

9 novembre

La nuit est plus froide mais enfin on peut résister. La fusillade fut assez vive sur notre droite.

Loin.

Toute la matinée le brouillard est intense.

10 Novembre

De nuit rien de nouveau.

Dans l’après midi, les sentinelles allemandes nous interpellent en plaisantant, elles nous proposent de la saucisse avec notre pain.

Conversation en Français.

11 Novembre

Rien de changé. A la tombée de la nuit vive fusillade à notre gauche un quart d’heure environ.

12 Novembre

 Nuit extrêmement noire avec forte pluie.

La matinée est froide mais accompagnée d’un léger rayon de soleil.

13 Novembre

Même emplacement, toujours mêmes occupations des tranchées.

14 Novembre

Pluie toute la nuit ; un peu mouillé. Rien d’autre d’important.

15, 16, 17, 18, 19,20, 21, 22, 23 Novembre

Relevé par le 135ème et nous nous partons pour Boncourt.

24 Novembre

Départ pour Lignières.

25 Novembre

Départ pour Koeur.

26 Novembre

Garde de police ; léger bombardement de Koeur-la-Grande.

27 Novembre

A 7h du soir nous prenons la direction de Bislée pour remplacer la 3ème Cie qui est en première ligne.

Relève de nuit sans incident.

28 Novembre

Au lever du jour la moitié de la Cie quitte les tranchées pour aller passer la journée dans les caves de Bislée.

29 Novembre

Rien de changé.

Dans la matinée, l’on aperçoit quelques hommes sur la piste du camp des Romains.

A 8h du soir nous sommes relevés par la 3ème Cie et nous nous retournons à Koeur-la-Grande.

30 Novembre et 1er Décembre

Repos ; au soir nous repartons.

2 et 3 Décembre

Occupations des mêmes tranchées, violent bombardement : près de 80 obus en une heure, 3 morts une dizaine de blessés.

4 et 5 Décembre

Repos toujours à Koeur.

6 et 7 Décembre

Occupations des mêmes emplacements, pluie abondante toute la nuit.

8 et 9 Décembre

Repos.

10 et 11 Décembre

Section de réserve, bombardement : 12 obus sur la tranchée. Trouilloux blessé meurt de l’hémorragie en 2 heures.

12 et 13 Décembre

Repos.

Au soir nous repartons comme d’habitude.

14 et 15 Décembre

Les deux jours sont très calmes.

16 et 17 Décembre

Repos et corvées..

18 et 19 Décembre

Relève comme d’habitude ; aussitôt après réception de 6 obus dans de bonnes conditions.

20 et 21 Décembre

Repos complet.

22 Décembre

Nuit froide et gelée.

Rien d’autre d’important.

23 Décembre

Journée calme.

24 Décembre

Jour du réveillon. Amélioration de l’ordinaire : oranges, noix, confiture, demi.

A partir de 8h concert jusqu’à minuit.

25 Décembre

Noël.

Grasse matinée et repos complet.

A 5h on part pour la relève.

26 et 27 Décembre

Rien d’anormal.

28 et 29 Décembre

Repos.

30 et 31 Décembre

Bombardement quotidien.

Galland Caporal tué.

Dès que nous sommes rentrés à Koeur, dîner qui est légèrement arrosé.

A minuit souhaits.

1er Janvier 1915 :

Je suis renommé sergent et « riganuy metteur» du mess des sous off de la Cie Monadon gérant. 11h déjeuner :

                   Menu

       Pâté d’oie de Cahors

       Roti de porc

       Poulet champignons

       Haricots de saisons

       Oranges noix pommes

       Griottes au chocolat

       Papillotes

       Vin rouge ordinaire

       Champagne

       Café Rhum

A 5h : garde de police

2 Janvier

Revue du Commandant et violent bombardement de Koeur. Pas de touché.5h départ pour les tranchées.

3 et 4 Janvier

Rien de changé.

5 et 6 Janvier

Repos. 5h départ

7 Janvier

Nuit atroce, trempé jusqu’aux os.

8 Janvier

Nuit semblable à la précédente.

9 et 10 Janvier

Ces 2 journées passées au cantonnement.

11 et 12 Janvier

Changement des emplacements de la Cie, nous allons à la ferme de Monmeuge.

Les 2 jours nous occupons une carrière comme section de réserve.

13 et 14 Janvier

Repos.

15 et 16 Janvier

Rien à signaler.

17, 18 et 19 Janvier

Reconnu malade ; reste au cantonnement.

20 Janvier

Malade.

21 Janvier

Evacué sur Grimaucourt où je passe la nuit.

22 Janvier

Visite.

Evacué sur Commercy.

Visite ; envoyé à l’ambulance R6.

Visite 2 fois et départ pour Nancy le lendemain.

23 Janvier

Nous quittons Commercy en auto pour Void. Gare où nous allons embarquer dans un train sanitaire à raison de 8 par compartiment, couchés sur des brancards.

2 visites en cours de route.

Arrivée à Nancy à 2h de l’après-midi, direction Hôpital Villemin.

24 Janvier

Visite, rien de grave.

25 Janvier

Fièvre en baisse.

26 Janvier

Toujours de mieux en mieux.

27 Janvier

Le mieux continue, je commence par manger de la bouillie.

 

Fin du carnet

 

 

 

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