Carnet de route d’Arthur CRIBIER
du 45e régiment d’artillerie
Arthur CRIBIER appartenait à la 21e section de
munitions, rattaché au parc d’artillerie du 45e régiment
d’artillerie. La 21e section de munitions était commandée par le
capitaine LUCHOT.
L’artillerie
de la 55e DI était composée de 3 groupes d’artillerie (1 groupe
du 13e, 1 groupe du 30e et 1 groupe du 45e RAC). Le parc
d’artillerie était composé des sections de munitions 21 à 25 provenant du 45e
RAC. La 55e DI (avec la 56e DI) faisait parti du 5e
groupe de réserve.
Arthur était
cultivateur, habitant a La Ferté-Saint-Aubin (Loiret)
Merci à Jean-Pierre pour l’accord de mise en ligne du carnet de son
grand-père et à Patrick pour la recopie.
Cheval
34491, sabre 41255, révolver J1715, surfait 0508, couverture 0502.
Nous
partons pour embarquer notre matériel de la 21ème section
de munitions à 7 heures ½ du matin de l’abattoir d’Orléans.
Arrivée
aux Aubrais à 8 heures ½ afin d’embarquer à 11 heures. On mange un
repas froid : une boite de sardines pour 3 et un bout de fromage de
Gruyère.
Départ
des Aubrais à 2 heures.
A Neuville-aux-Bois, on nous donne
de l’eau fraiche.
A Pithiviers, des dames nous
donnent des médailles et de la bière. Ensuite Malesherbes, 50 minutes d’arrêt, changement de ligne.
Eau à
volonté dans des baquets, pour les chevaux et les hommes, on distribue un quart
de café.
Ensuite
Corbeil, puis Melun.
Là je
rencontre un régiment de Turcos avec leur musique qui va aussi à la frontière.
C’est
le commencement de la nuit.
Montereau, Nogent-sur-Seine etTroyes, c’est le jour.
Mailly-le-Camp :
7 heures.
Quelques
wagons démolis sur le bord de la voie. Vu quelques autres wagons où il y a eu
une quarantaine de morts par tamponnements à Sompuis, Vitry-le-François,
Bar-le-Duc à 11 heures.
Hauteurs
de chaque coté de la ville, paysage accidenté. Arrivée à Sampigny (Meuse) à 2 heures du soir. Débarquement.
On
forme le parc à Koeur-la-Petite
à
Vin
14 sous. Culture mal faite.
Départ
le à 1 heure du soir.
On
passe à Saint-Mihiel, on
arrive à Senonville à 6
heures. Rien que des montées et des descentes. Soldats sur toutes les routes.
On
nous montre un sac de fantassin allemand neuf trouvé dans les bois près de la
frontière. Impossible de trouver quelque chose à acheter, vin, tabac,
allumette. Hier on a mangé un cheval qui avait la jambe cassée. Aujourd’hui, on
mange un porc acheté.
On
vient d’entendre le canon de forteresse à la frontière. On ne connaît pas de
nouvelles. Tout le monde s’impatiente de ne pas partir au feu.
Pays
pauvre, cotoyeux mal cultivé, habitants pauvres et sales, villages de même.
Le journal de marches et opérations (JMO)
de la section stipule que :
Le 15 août : « …l’entrain est très grand… » et que
les journées des 16 et 17, la pluie a été continuelle.
Départ
de Senonville à 9 heures.
J’étais
parti à cherché des journaux dans un patelin à
Le
pays est bon, les récoltes magnifiques, les arbres couverts de fruits, surtout
les pruniers ; il y a de la vigne mais le vin est cher (15 à 17 sous). On
n’entend toujours pas parler de nouvelles.
Nous
sommes toujours à Buxières. Je
viens d’entendre la messe à l’église du village. Beaucoup de curés qui sont à
la section des infirmiers auprès de chez nous à la 5ème section
assistaient à la messe. Nous sommes toujours en attendant.
Hier
et aujourd’hui on entend le canon. J’ai été hier voir auprès du pays une ferme,
Buxières-aux-Bois, qui était
exploitée par un Allemand et qui a été absolument dévastée par le 82ème
de ligne et le 7ème dragon, tous les meubles sont réduits en
morceaux, grands comme la main.
Je
n’ai pas vu les gens. Le mari était parti en prison préventive à Saint-Mihiel et la femme et 3
gosses dans l’intérieur de la France comme émigrés. La ferme était un modèle
pour la région qui est bonne comme terrain mais cultivée d’une façon déplorable,
on y voit partout des gens coupant leur blé à la faucille tandis que l’on y
voyait une plus grande propreté et tous les instruments modernes (écrémeuse,
malaxeur, faucheuse).
J’en
ai rapporté, comme souvenir, une feuille de papier à beurre marquée à leur nom.
Départ
de Buxières à 7 heures ½.
Arrivée
à Hattonville à 11 heures. On
entend le canon. Soldats à pleine rue.
Départ
d’Hattonville à 8 heures du
soir pour Joinville où l’on
arrive à 2 heures du matin. Là, on manque de se faire prendre par les
Allemands, car l’on va à
Heureusement,
on s’en tire.
L’on
fait demi-tour et l’on revient à Chaillon
à 11 heures du matin. Ici, l’on vendait du vin 28 sous, c’était honteux.
De
là, départ à 4 heures pour Saint-Mihiel,
arrivée à 7 heures du soir à la caserne du 12ème chasseur à cheval
où nous couchons dans un lit, c’est la 1ère fois depuis le départ
d’Orléans.
Et vraiment
l’on avait bien gagné après 2 jours et une nuit de cheval et plus de
Le journal de marches et opérations (JMO)
de la section indique : « … nous arrivons
à 22hOO à Saint-Mihiel absolument éreintés par cette marche de 40 heures sans
repos…. »
Départ
de Saint-Mihiel pour Lérouville, arrivée à la caserne
du 154ème d’infanterie à midi. Pays humain pour les soldats, les
gens plus propres que ceux vus plus tôt. Carrière de pierre.
Départ
de 1er septembre à 11 heures du soir.
Embarquement
de nuit.
Départ
à 4 heures du matin.
On
passe à Bar-le-Duc à 8 heures.
A Coulommiers à 3 heures du soir.
On nous donne des poires. On débarque au débarquement au nord de paris, à Goussainville (
Le
soir, on va à Villiers-le-Sec
à
Là,
tous les habitants déménagent avec leur butin sur le dos. Les femmes et les
petits enfants avec leurs paquets sur le dos.les voitures à bœufs, à chevaux, à
âne, le tout chargé de matelas, meubles, paquets ; c’est d’une tristesse
désolante, mais je remarque que l’on n’entend qu’aucun cri, tout le monde a
espoir dans des jours meilleurs.
Pour
le moment, c’est l’invasion qui se prépare.
A Villiers, nous avons pris des
poulets et des lapins abandonnés. Nous vivons comme des bourgeois, vin à
volonté dans les caves.
Départ
de Villiers à 8 heures du soir
pour Gonesse.
Arrivée
à 11 heures du soir. On couche dehors, heureusement le temps est sec, et nous
ne [xxx] pas sauf de sommeil. Voilà 3 nuits presque à
blanc :(Embarquement, chemin de fer et débarquement, 2 nuits et cette
nuit) 2 heures de sommeil à part cela et la reculade, tout va bien pour nous.
Départ
1 heure du soir pour Tremblay,
arrivée à 6 heures où on couche dehors.
Départ
à 6 heures ½, le lendemain, arrivée à Vaujours
à 11 heures après avoir rencontré des soldats en masse, surtout des régiments
de zouaves.
Attente
d’une demi-heure à chaque coin de rue.
Départ
de Vaujours à 2 heures du
soir, arrivée à Mitry-Mory à 5
heures du soir.
Village
abandonné. On trouve de tout dans les fermes, poulets, lapins, oies, le tout à
profusion. Une très grande ferme abandonnée à Maurepas. On y loge jusqu’à 8 heures du soir.
Après
départ de nuit pour Nantoulliet.
Quelques sections approvisionnent des artilleurs pendant la nuit.
Monthyon et Iverny. C’est vraiment la guerre
dans toute son horreur.
De très durs combats se déroulèrent dans ce secteur durant ces jours de
septembre de la bataille de la Marne.
Nous
avons marqué ce dimanche 6 septembre par une drôle de fête.
Nous
partons de Nantoulliet vers 7
heures du matin pour aller ravitailler des régiments d’infanterie, nous passons
à Iverny, là, nous commençons
à voir des chevaux tués et plus loin sur le bord de la route, 4 fantassins les
4 fers en l’air.
Je
vous prie de croire que les premiers (morts) vous font beaucoup d’effets et on
se demande à quand son tour.
Ensuite,
une maison en feu, des artilleurs du 13ème, fantassins réservistes
du 231ème et 242ème.
Après,
nous arrivons à Monthyon,
En arrivant
auprès d’une grange couverte d’ardoises qui se trouve à peu près entre les 2
pays, nous voyons encore des pioupious puis des soldats allemands tous plus ou
moins abimés.
Près
de la grange, des prisonniers allemands enterrent leurs camarades morts, dans
un trou immense sous la conduite des gendarmes. Plus loin, les Allemands
avaient abandonné une quinzaine de caissons d’artillerie, des quantités d’obus
chargés ; c’était incroyable, le mélange d’obus, de caissons, de morts, de
bottes, de calçons, de sacs et ils mettent leurs obus dans un espèce de panier
qui en contient 3 séparé.
Une
quantité incroyable de blessés allemands et français sont pansés dans une ferme
et dans l’église.
Nous
revenons à midi et le soir nous enterrons les morts dans le cimetière d’Iverny.
C’est
très simple, une corvée a creusé une fosse commune dans le cimetière.(*)
Pendant
ce temps, nous avons ramassé les morts dans une voiture de ferme.
On
les cale avec de la paille.
On
les emmène avec quelques fleurs pris dans le jardin à côté.
On
les décharge au cimetière où les gendarmes ce qui peut les faire reconnaître,
plaque d’identité, livret, lettre ; ensuite, on part en chercher d’autres.
J’en ai amené une quinzaine avec la corvée.
Il y
avait un capitaine d’infanterie instructeur à l’école Saint-Cyr, il avait son
bouc taillé un peu en pointe, un sous-lieutenant d’infanterie 45ème,
un lieutenant d’administration, un sous-officier du 13ème
d’artillerie, un sergent et le reste simples soldats d’infanterie et 2 ou 3
artilleurs dont un brigadier, la tête presque complètement enlevée par un obus.
On
met les morceaux dans sa musette pour l’enterrer. Des chevaux tués, des maisons
brulées, des cadavres. C’est d’une tristesse incroyable et pourtant, aussitôt
que la mort n’est plus sous nos yeux, on n’y pense plus.
Et
l’on rit, il est vrai que le vin et le poulet à profusion aide à noyer le
chagrin.
(*) C’est exact : le JMO
indique : « …on nous charge d’enterrer
premières victimes 3 officiers et 16 fantassins… »
Repos
à Nantoulliet, après, repos
auprès de la halte du chemin de fer à Gesves.
On
entend une bataille absolument terrible, ce n’est qu’un coup de canon
interminable qui dure jusqu’à 9 heures du soir. On ne peut avoir aucune idée de
ce que cela peut être si on ne l’a pas entendu. (*)
Il
faut se figurer un orage terrible qui durerait 3 jours, on avait qu’une idée
très faible de ce que cela peut être.
(*) C’est exact : le JMO
indique : « …Nantoulliet. Grande bataille
sur tout le front… »
Les
Allemands sont partis. Le soir, l’on va à Saint-Soupplets,
à 6 heures on repart.
On
passe à Etrépilly. Là, un
spectacle inoubliable.
Des
morts sur le côté de la route, des chasseurs du 29ème et des
fantassins du 150ème , (*) au moins 150 visibles de la route, en
passant.
Le
pire, c’est à l’entrée du village. Quelques Allemands aussi. Les maisons
éventrées, les toitures crevées, à l’intérieur un désordre inexprimable, les
armoires vidées de leur contenu, les meubles brisés, la vaisselle en miettes,
le tout mêlé de bouteilles brisées et piétinées et sali de déjections.
Les
caves vidées, tout le vin qui n’a pu être bu et les bouteilles vidées est
défoncé et brisé, le vin perdu a fait de la boue dans certaines caves où l’on
s’enfonce de
Par
là-dessus, flotte cette odeur de cadavres de chevaux et d’hommes en
décomposition qui vous poursuit partout. (**)
On
arrive le soir à Trocy. On y
couche dehors, bien entendu. Il a plu dans la soirée et l’on se couche dehors
[xxxx].
Ce
village est absolument dévasté et pillé.
On ne
peut s’en faire une idée, les rues sont encombrées de bidons, de sacs, de bois
de lit, de chaises, de glaces et le tout mêlé de morts et de cadavres de
chevaux. Une belle ferme. Rousseau est aussi pareille, le coffre fort a été
défoncé, je n’ai pas encore vu aussi pire qu’ici, à
Il y
a plusieurs morts, dont un a été véritablement déchiqueté par un obus. Il y a
des morceaux à
Des
blessés dans une ferme, d’autres achèvent de mourir dans une voiture. Des
prisonniers qui ont été pris, nous dise que l’armée allemande est en déroute,
démoralisée par le tir du canon de 75. (***)
(*) Le 150e RI et le 29e
chasseurs ne se trouvent dans ce secteur ( !). Ces sont le 350e
RI (« réserve du 150e RI) et le 69e chasseurs
(« réserve » du 29e chasseurs). Curieux. En effet, les 350e
RI et 69e BCP ont subit de terribles pertes sur les champs de
bataille de se secteur.
(**) Le JMO indique : « …Village et plaine remplis de cadavres, odeur
épouvantable… »
(***) Le JMO indique : « …Trocy est complètement saccagé, la bataille y a fait rage.
Tout le long de la route nous voyons les suites de la déroute allemande,
matériel et munitions abandonnés, hommes et chevaux laissés sans
sépultures… »
Extrait du JMO de cette unité
Au
matin, départ de Trocy.
On
passe à Vincy, village pillé
et brûlé en partie.
Ensuite
Acy-en-Multien à 2 ou
Le
pays brûle au moment où l’on passe, plus
rien n’est debout, des blessés allemands et français sont dans des maisons.
Ensuite,
Boullarre n’est pas trop
touché. Après, il n’y a plus trace de bataille. Les Allemands sont en fuite.
Après la traversée de plusieurs autres villages et de la forêt de Villers-Cotterêts, l’on arrive à Pisseleux et enfin à Villers-Cotterêts (Aisne).
Le
soir à 7 heures, par pluie depuis 3 heures, l’on va chercher du bois dans une scierie
pour faire du feu pour passer la nuit auprès.
Les
quelques gens qui restent, disent que les Allemands sont partis du matin à 10
heures et que les chasseurs à cheval entraient d’un bout pendant que eux
sortaient de l’autre. L’on parle que 2 femmes ont presque été violées.
Une
jeune fille de 18 ans avait suivit 6 Allemands dans une chambre pour boire avec
eux t la fin de la beuverie s’était terminée par ce que l’on doute. Je crois
qu’elle avait mis beaucoup de bonne volonté.
Peu
de pillage malgré une occupation de 11 jours.
Marche
aujourd’hui de
On
attend toujours à Chaudun,
Hier,
17 septembre, j’ai fait un prisonnier.
On passait
le matin dans une rue, une femme nous appelle, nous disant qu’elle croyait
qu’il y avait un Allemand dans son grenier.
Nous
étions 4 et sans armes. Je prends un broc et nous montons dans le grenier. Il
ya avait un espèce de réduit à hauteur, sous les tuiles où il ya avait des
bottes de fourrages. On se met à en déranger, en criant « tient bien ton
fusil », pour faire croire que nous étions armés.
Tout
d’un coup, le bonhomme s’arrache d’un bond en criant en français
« prisonnier, camarade ».
On le
prend et on cherche son fusil.
On le
trouve avec tout son fourniment. Il y avait 4 cartons et au moins 150 dans ses
cartouchières, de quoi nous démolir tous. Nous l’avons amené au commandant qui
m’a félicité comme gradé.
Le
soir, on l’a remis aux mains des gendarmes après l’avoir fait manger et boire,
car il était mort de faim.
Changement
de cantonnement, on va à Longpont,
à
On y
reste jusqu’au 30 septembre où l’on va à Villers-Cotterêts
échanger nos caissons de munition pour 4 pièces et 6 caissons de matériel de
90.
On
revient coucher à Longpont et
le lendemain, 1er octobre, on va à Chaudun, où l’on était il y a 15 ou 20 jours et là, on
commence à apprendre à manœuvrer notre matériel.
On
fait un peu de tir avec le 4 à Saconin.
On continue à apprendre.
On
part pour Serches.
En route, on passe des troupes d'infanterie
anglaises habillée en jaune avec des
casquettes plates, toujours frais rasés. Ils ont des mines de prospérité et ont
l'allure de bourgeois allant à la chasse.
En
arrivant à Serches, on voit
une compagnie écossaise avec leurs jupes à petits plis comme une noumée. ( ?)
Le
soir on part mener les pièces en position à 11 heures.
On
rentre à 3 heurs du matin en laissant les pièces et leurs servants sur une
hauteur au dessus de carrières à 6 km de Serches. au matin du 10, nous voyons
une troupe de Marocains, 500. Ils restent avec nous jusqu’à 1 heure du soir.
C’est
curieux de voir ces noirs.
Nous
faisons la popote ensemble et au même feu. Ils m’offrent du café et faisons échange
de politesse. Tout est curieux en eux, Figure, costume, chargement et surtout
leur façon d'essayer de parler français. (*)
C’est
un spectacle d'exposition, mais non truqué, car c'est naturel.
(*) C’est vrai, car la brigade Marocaine
Ditte avait rejoint le 5e groupe de réserve à partir du 1e
septembre.
Dans
la nuit on va faire des tranchées pour enterrer nos canons sur une hauteur
au-dessus de Ciry dans un
bouquet de bois au-dessus des carrières
On
même les pièces dans ces tranchées. On ne marche et travaille que la nuit pour
ne pas être vu par les Allemands.
Les
tranchées pour artillerie sont des trous des 1 m de creux pour enterrer les
pièces à seule fin que la bouche soit seule à hauteur du sol. de chaque coté on
creuse des sortes de niches pour les munitions et des beaucoup plus grandes,
une de chaque coté pour les servants en cas de danger.
Les
niches ont de 1.5 m ou plutôt de 2m à 2.50 de creux et 1m de large, chaque
pièce les fait à sa manière.
On les
recouvre de morceaux de bois et par dessus, on met la terre, provenant du trou.
On
ménage à l'intérieur des sortes de marches pour descendre.
Le
lendemain on commence des tirs d'une trentaine de coups, les allemands ne
répondent pas (*)
(*) Le JMO indique : « …tir de réglages de 26 obus pour 4 pièces… »
On
recommence à tirer vers les 4 heures. On envoie 25 ou 30 obus tout d'un coup
On
nous dit un avions garer (?) vous. On entre dans les trous que l'on appelle de casemates.
Tout le monde n'était pas encore rentrer que boum boum, 2obus éclatent.
Ce
que l'on prenait pour le bruit d'un avion, c'était le sifflement des obus. Tout
le monde à terre.
Les
obus arrivent de tous cotés.
Les
éclatements se font avec un bruit de tonnerre au dessus de nos têtes, coupant
les branches des arbres.
Nous
avions planté un bouleau à l'entre de notre trou, les éclats venaient coupe les
feuilles qui en voltigeant venaient nous couvrir.
Chaque
obus en éclatant fait un déplacement d'air terrible soulevant tout.
C’est
le baptême du feu.
Au
bout d'une heure la canonnade et nous sortons
à l'air.
Alors
on constate le travail.
Une
pièce est touchée sérieusement.
L’affut
est traversé et le débouchoir mis hors de service
Ma
pièce est légèrement touchée à la manivelle. Plusieurs marteaux restés dehors
sont touchés par les éclats.
Des
arbres sont touchés mais pas un seul homme est atteint sauf 2 très légèrement
par un éclat de pierre, un rien.
Le
soir je reste de garde et on revient chercher nos pièces pour les ramener à
Serches. Ensuite repos pendant que les officiers cherchent une autre position.
La
nuit d'après on part faire d'autres tranchées autre part.
Mais
dans la journée, ils sont découverts par un aéroplane allemand qui lâche dessus
une grenade de la grosseur d'une marmite qui fait un trou à enterrer un cheval.
Il
n'y avait à ce moment là que le capitaine qui inspectait car le jour ou y
travaillait pas.
On
abandonne donc ces positions sans y avoir amené les canons.
Les épisodes du bombardement, du débouchoir, de l’avion et du
capitaine LUCHOT sont relatés exactement comme dans le JMO.
Tout
cela continue jusqu’au 29 à 11h du matin.
On
part pour Billy-sur-Aisne.
Moi, ayant
attrapé une entorse au pied gauche, le 28, je reste ici, et les autres partent
le soir à Bucy-le-Long avec les pièces. Les caissons restent ici.
On
ramène les avant-trains et les chevaux dans Bucy.
Un obus éclate en tête de la colonne blessant 3 conducteurs DELAFOY, LEMAIRE,
RIMBERT et le brigadier de la 1ère pièce BARON (?)
Ce
pauvre gars est mort le 1e nov. jour de toussaint. Il avait été blessé d'un
éclat dans le bas ventre. Il sera enterré demain matin, 2 novembre, jour des
morts à Septmonts ou il était à l'hôpital.
Un
autre obus, trois minutes avant celui-là, avait déjà tué un téléphoniste et
cassé la jambe d'un autre à peu près au même endroit.
J’écris
aujourd'hui, 25 décembre, jour de Noël.
Nous
sommes toujours à Bucy-le-Long
depuis bientôt 2 mois. Rien de particulier. C’est la guerre de tranchée. Les
allemands sont tous dans les tranchées et nous la même chose.
Auprès
des pièces, des trous également.
Mais
c'est des trous merveilleux tellement c'est bien fait, des maisons en petit
avec bancs et lits d'ailleurs le plateau où nous sommes est très sain. J’écris
cela dans un de ces trous à 5 ou 600 mètres des Allemands à côté du téléphone
qui me relie aux pièces, car je suis à ce que l'on appelle "l'observatoire"
Pour
y venir, il faut suivre 1 kilomètre au moins de tranchées tout en tortillant
bien entendue. On ne peut se figurer le travail fait et la quantité de terre
remuée.
On
tire quelques coups de canon de temps en temps. D’autre fois on tire pendant 2
heures ou une journée. Tout cela sans grand résultat.
C’est
tout ce que nous faisons ici.
Si
cela continue, la guerre durera bien 10 ans.
Le
moral des soldats est très bon et le physique encore meilleur si possible
D’ailleurs
nous sommes vêtus et nourris tel qu'il est impossible de demander mieux.
L’intendance
fonctionne d'une façon absolument merveilleuse.
Il nous ait arrivé une chose
ordinaire à la guerre, mais qui n'est pas drôle quand elle vous arrive.
Les choses suivaient leur train
habituel quand le 10 et le 11 nous attaquons et prenons du terrain sur Crouy.
Les choses allaient bien, mais
le 13 au matin, nous sommes attaqués à notre tour. Les Allemands s'étaient
renforcés par des régiments nouveaux venant de Belgique. Ils s'avancent sur nos
tranchées en colonne de compagnie, sans même tirer un coup de fusil.
Malgré le feu de nos canons qui
les fauchaient par rang entiers, ils s’avancent jusqu’aux tranchées, un combat
acharné s’ensuit, mais leur avance continue. Ils étaient trop.
Vers
midi, nous donne l'ordre de nous sauver et d'abandonner les pièces.
Alors
la bataille est effroyable. Je pars en tête des avant trains à la sortie de Bucy, les obus tombaient à droite
et à gauche et au-dessus de la colonne.
Je
croyais bien ne jamais pouvoir atteindre le pont de Venizel.
Heureusement
qu’ils nous envoyaient des obus mauvais, sans cela personne n'aurait pu passer.
Tout
le monde aurait été tué.
..
Dommage que le carnet se termine ici…
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le propriétaire de ce carnet
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