Mise à
jour : septembre 2013
« Je
vous joins la retranscription du carnet écrit durant la guerre de 14 par mon
grand-père Alphonse Finquel, né
en 1891 à Froidefontaine dans le territoire de
Belfort.
Après
la guerre il s'est engagé dans l'armée et a servi en Indochine et au Maroc. Il
a ensuite quitté l'armée et est devenu facteur à Delle (terr. de Belfort), il a eu 4 enfants dont ma mère
Marie-Thérèse. Il est décédé en 1951 et je ne l'ai pas connu.
J'ai inséré une photo de mon grand-père dans le document, elle doit dater de
l'immédiat après-guerre. À votre service pour de plus amples renseignements.
Merci pour votre travail, merci pour lui, merci pour eux tous. »
« Bien cordialement »
Jean-Pierre, avril 2008
Alphonse Finquel a 23 ans, il est caporal au 372ème RI depuis novembre 1913.
Il faisait son service militaire lorsque la guerre a débuté.
Le 372e régiment d’infanterie fait partie de la 114e brigade d’infanterie (244e, 371e et 372e régiment d’infanterie), elle-même partie de la 57e division d’infanterie.
Le J.M.O. (Journal des Marches et Opérations) du 372e RI n’existant plus, nous ne pouvons plus suivre le récit d’Alphonse FINQUEL par rapport au journal du régiment.
Sommaire
(n’existe pas dans le carnet)
1914 : Alsace, secteur de Belfort
1915 : Alsace puis Grèce, Salonique, Macédoine, Serbie
Mobilisation générale
Arrivée en masse des réservistes et territoriaux. Recrutement des hommes valides de 16 à 60 ans pour travailler à la construction des tranchées.
Arrivée des territoriaux.
Départ du fort Lachaux pour rejoindre le 372ème RI, CHR (*) comme sergent téléphoniste.
Arrivée à Belfort. Rencontre de ma mère à la gare qui venait pour me voir. Pas de téléphone.
Escorte du train régimentaire.
(*) :
C.H.R. : Compagnie Hors Rang. Voir ici le détail de sa constitution.
Départ pour Botaris. Grande halte. Cantonnement à Rechotte.
Départ de Rechotte au milieu de la nuit.
Passé la frontière dans la matinée. Cantonnement à Amervillers.
Dans l'après-midi,
nous apercevons les deux premiers casques à pointe à la lisière d'un bois.
Le soir, nous avons eu une alerte; une patrouille allemande a été repoussée.
Le soir, nous avons deux voitures du train régimentaire (**) qui ne sont pas arrivées, elles arrivent seulement le lendemain matin.
(**) : Le
train régimentaire : ensemble des moyens d’un régiment destinés à fournir
ce qui est nécessaire aux unités pour subsister. Ce sont des voitures
hippomobiles. Voir ici le détail de sa
constitution
Départ d'Amervillers.
Fausse alerte.
Rencontre de Bourquard. Un moment après on entend la canonnade environ 1 km derrière nous. Courons vivement aux batteries mais .................. l'ennemi s'est sauvé.
A 2 heures, on nous annonce notre départ pour aller sans doute contre Mulhouse.
Nous avançons rapidement.
Le soir à 8 heures, nous sommes à Mulhouse où la foule nous fait des ovations chaleureuses car nous sommes les premiers qui arrivons.
Nous avons été reçus comme il est impossible de se l'imaginer.
Avons couché à la société alsacienne mais eu peut-être deux heures de sommeil.
Le lendemain 9, nous allons prendre position à l'ouest de Domach.
Dans la matinée, tous les gens nous viennent apporter le café et des confitures de l'été.
C'est un plaisir de voir cela et ça nous donne du courage.
Le soir, ça change car depuis dix heures du matin le canon tonne mais la bataille commence seulement à cinq heures du soir toute la nuit .........//...........
Sur le matin on bat en retraite sur Reppe pendant que des autres régiments arrivent en passant sur la droite. C'était presque une débandade.
Le lundi, on a cantonné à Reppe, j'ai perdu ma section.
Je me suis rallié à une compagnie du régiment. Je me suis mis avec la 17ème compagnie du 372ème régiment.
On a reposé toute la matinée.
Le soir, à cinq heures trente, on repart en avant.
On repasse à nouveau la frontière, on couche à Valdieu.
Départ de Valdieu et on rentre en France où je retrouve la section hors rang au village de Cunelières
Canonnade toute la matinée du côté des villages frontières.
Nos grosses pièces de siège viennent d'arriver et je crois qu'elles ne tarderont pas à se faire entendre.
Comme on l’avait prévu, dans l'après-midi et jusqu'au soir, la bataille bat son plein du coté de Montreux-Vieux.
Nous partons dans cette direction avec le 2ème et le 5ème bataillon pour aller renforcer la ligne de feu.
En arrivant à Chavannes-sur-l'Étang nous voyons déjà arriver une dizaine de blessés dont trois artilleurs mais quand nous arrivons sur les lignes du combat, la bataille est finie.
Les Allemands ont battu précipitamment en retraite en laissant le sol jonché de morts et de blessés.
Il paraît qu'ils ont eu 1800 hors de combat.
Deux de leurs régiments sont décimés, le 170ème d'infanterie et le 21ème Dragons.
Nous avons de notre coté 180 hommes tués sans compter les blessés dont la plus grande partie du 235ème.
Le village de Montreux-Vieux a été bombardé, plusieurs maisons sont à moitié démolies et des autres sont brûlées.
J'ai vu un civil qui s'était caché dans sa cave et qui a reçu une balle dans la poitrine, heureusement pour lui la balle a glissé sur les côtes.
On reste encore au village attendant le retour des Allemands mais comme ils ne viennent pas, le 16 départ dans la direction d'Altkirch.
On cantonne au village de Biethwiller où les Allemands étaient deux jours auparavant.
Nous avons un sale temps, voici deux jours qu'il pleut.
En arrivant au village on a fait des tranchées tout autour pour le fortifier en cas d'attaque.
Nous restons deux jours dans ce village.
On reçoit l'ordre de repartir en direction de la frontière au village de Chavannes-sur-l'Étang afin de faire place au 14ème corps d'armée qui vient du midi pour nous renforcer.
Nous partons à midi, tout au long de notre chemin nous trouvons tous les régiments du midi car ils sont tous reconnaissables rien qu'à leur langage.
Ils ont l'air tout joyeux de marcher au feu et je crois qu'ils ne tarderont pas à changer d’avis.
Nous arrivons à Chavannes-sur-l'Étang à 4h30
Dans le cantonnement où nous logeons il fait bien bon.
Les gens ne causent plus « hache-paille » mais ils causent le patois.
Il y a deux jeunes filles, dans la maison en face il y a encore une jeune fille où l'on fait connaissance. C'est la nièce au gros Plumleur, j'ai causé avec la femme c'est la sœur de Cunin de Brebotte et de la femme Plumleur.
Enfin en nous voyant tout le soir en train de chanter et de jouer de la musique on ne se croirait pas en guerre mais à la fête.
Ce soir, on va coucher très tard comptant bien se reposer encore deux ou trois jours.
Mais le lendemain on reçoit dans la matinée un ordre pour partir de suite dans la direction d'Altkirch où le canon tonne déjà depuis le matin dernier.
Nous trouvons les Chasseurs en chemin qui escortaient une voiture où il y avait deux prisonniers allemands.
Le canon tonne toujours de plus en plus fort mais toujours en avançant donc il y a du bon. Nous restons en réserve au village de Carspach, le soir la canonnade cesse.
Nous couchons au village de Carspach.
Nous partons dans la direction d'Altkirch dans l'après-midi.
Nous voyons passer plusieurs détachements de prisonniers allemands que l'on emmène dans la direction de Belfort.
Le soir, nous
passons à Altkirch et nous allons coucher au village de Carspach.
Dans la soirée j'ai trouvé Auguste Maummier qui est au 2ème génie. Carspach est un joli village, il y a un sanatorium.
J'étais content d'arriver car je n'avais plus de tabac et là j'ai pu faire des provisions.
Nous partons pour Altkirch où nous restons pendant trois jours.
Dans le quartier où nous logeons ce sont presque tous de vrais Alsaciens et de bons Français.
Nous avons trouvé tout ce qui nous fallait pour faire la cuisine et comme nous avons l'eau à discrétion, j'en ai profité pour laver mon linge et me rechanger car j'en avais bientôt besoin.
Dans la maison à coté j'ai fait la connaissance de la tante de Schneider, elle venait justement de recevoir de leurs nouvelles.
Le Louis était à Carspach et le Joseph a disparu
depuis la bataille de Montreux. Dans la maison en face on nous a offert
des lits pour la nuit.
C'est un plaisir de pouvoir se déshabiller et de s'étendre dans les draps.
Le dimanche matin, je suis allé boire l'absinthe avec l'Auguste Maummier.
Toute l'après-midi,
on a bien rigolé avec les deux jeunes filles qui sont dans la maison et qui
causent très bien le français.
On a brossé ses effets, nettoyé les armes et on a remis tout en ordre.
Dans l'après-midi,
j'ai trouvé le Jules Rassinier.
On a eu juste le temps de boire un verre ensemble car il nous faudra repartir
dans la soirée.
Nous partons d'Altkirch à 10h30, nous allons jusqu'à la sortie du village de Dannemarie
où a lieu le rassemblement du régiment.
Nous sommes arrivés à 2 heures du matin, on nous conduit dans les champs de pomme de terre et on nous laisse coucher, seulement impossible de dormir tellement il fait froid.
Je crois que jamais de ma vie je n'ai eu aussi froid, le brouillard est très épais.
Le matin on gèle.
Voilà au moins 8 jours que j'ai le rhume et toute la nuit je tousse.
A 4h30, nous repartons jusqu'à Ballersdorf, nous cantonnons au village même et je promets de croire que cette nuit là, j'ai bien dormi dans la paille.
Nous passons encore toute la journée au village. La nuit on cantonne encore au village.
Pendant la nuit le génie a fait sauter le viaduc de Dannemarie.
Le lendemain matin nous partons à 3h pour revenir en France car on doit faire momentanément l'évacuation de l'Alsace car tous les autres corps d'armées sont partis dans le nord et nous restons pour la défense de Belfort seulement une division.
Pour rentrer en France nous avons un temps affreux.
Il pleut toute la matinée et nous arrivons au village de Bretagne
mouillés comme des souris.
Aussitôt arrivés au cantonnement on s'est rechangé et comme un de mes camarades allait jusqu'à Méziré je lui ai dit de passer chez mes parents pour leur dire où je me trouvais.
Peut-être une heure après ma mère est arrivée avec ma sœur.
Ça m'a fait bien plaisir mais aussi beaucoup de peine de voir comme ma mère
avait changé depuis un mois.
Il me semble qu'elle a vieilli au moins de 10 ans.
Enfin on s'est quitté en promettant de bientôt se revoir. Je
crois que nous sommes à Bretagne ou dans les environs pour un bon moment
et pendant ce temps tous les jours mon père viendra me voir.
Le lendemain,
nous nous sommes reposés toute la journée.
Le soir, nous avons reçu l'ordre de se tenir prêt à
partir pour le lendemain matin.
Nous sommes partis à 3h pour aller au village de Vellescot occuper les tranchées.
Nous sommes restés jusqu'au soir en attendant que les troupes qui étaient parties en reconnaissance soient revenues.
Nous avons eu 3 dragons de tués et 2 blessés à Dannemarie.
Le lendemain dimanche, nous avons eu repos la matinée.
L'après-midi, on a passé des revues comme en temps de paix. Dans l'après-midi tous mes parents sont venus me voir.
J'ai vu Jean (*) en soldat, il a été réformé. Je suis bien content, il pourra faire le travail à la maison et ma mère sera plus tranquille.
(*) : Il s’agit certainement de son frère.
Le matin, nous avons été à l'exercice et l'après-midi nous avons été coupés du bois dans le bois de Chavannes-les-Grands.
J'étais avec 3 hommes on a établi un petit poste 300m en avant pour les protéger en cas de surprise de l'ennemi mais on a rien vu.
Départ à 4h pour aller occuper les tranchées dans le village de Vellescot avec 5 hommes. J'occupe une tranchée sur la route de Suarce. Je suis resté jusqu'à 6h du soir et l'on est rentré à Bretagne.
On a fait l'exercice toute la matinée avec le lieutenant Lecouvreur. Ca me dégoûtait car il n'y connaît rien du tout.
La veille on a reçu deux nouveaux téléphones de Belfort, ils sont tout neuf. J'ai chargé les piles.
L'après-midi, départ à 1h pour l'installation du téléphone. Nous avons installé une ligne de Bretagne à Chavannes-les-Grands.
Le lieutenant m'a donné l'ordre de rester avec deux hommes au poste de Chavannes-les-Grands. Nous ne sommes guère bien logés car en guise de cabine téléphonique nous avons un petit hangar attenant à la cure où loge le commandant Bourrel.
Heureusement qu'il ne pleut pas et qu'il ne fait pas froid car je crois bien que l'on serait gelés.
Surveillance de la ligne dans le village et ramifications avec Vellescot, Magny et Montreux-Château.
Sur le matin il fait froid. On a été chercher deux litres de vin que la servante de la cure nous a fait chauffer.
Ca nous a fait du bien, on y avait mis un peu de marc.
Dans la matinée je reçois un coup de téléphone que mon frère était à Bretagne et venait me voir. Je suis allé à sa rencontre jusqu'au milieu du bois.
L'après-midi, je suis allé jusqu'à Bretagne en bicyclette pour chercher du linge pour me changer. Toute la journée on a attendu le lieutenant téléphoniste, on ne l'a pas vu.
Dans la matinée, je suis allé faire un petit tour dans le village pour me promener.
Pendant ce temps, le lieutenant est venu et a demandé après moi. Ca m'embête car j'aurais bien voulu y causer.
Le matin, mon frère est venu et m'a dit que ma mère et ma sœur devaient venir dans l'après-midi. Je suis allé me promener pour aller à leur rencontre mais je ne les ai pas vues.
A peine étais-je rentré qu'elles sont arrivées avec Mr le curé. Ma mère m'avait apporté une bonne salade de radis que je me suis dépêché de faire disparaître.
Ensuite l'on a un peu causé et je suis allé les conduire jusqu'à la sortie du village en leur promettant que j'irai un jour de la semaine en bicyclette.
J'ai demandé au commandant l'autorisation de changer le poste pour le transférer dans une chambre de la cure que Mr le curé avait bien voulu m'offrir.
Il m'a accordé l'autorisation en me recommandant toutefois de ne pas faire de bruit. Maintenant nous sommes bien installés et tranquilles.
Nous pouvons coucher dans un lit //..............//
Maintenant ce qui cloche c'est la nourriture.
Hier soir, nous n'avons pas eu de pain, ce matin pas de café et à midi rien du tout. Il a fallu que j'aille demander l'aumône un peu partout dans les sections pour avoir un peu de soupe et un bout de bidoche. C'est quand même bien embêtant de travailler sans manger et je crois //..................//vivre sans manger.
Aussi aussitôt je suis parti à pieds jusqu'à Bretagne pour aller trouver le sergent major pour lui expliquer la chose.
Il m'a fait une note qu'il veut envoyer au chef de bataillon pour nous mettre en subsistance à la 19ème compagnie jusqu'à nouvel ordre.
En même temps j'en ai profité pour ramener mon sac et réclamer une lettre qui était arrivée depuis 3 jours. Elle était datée du 31 août et venait de chez Sailly, elle m'a fait bien plaisir.
Ce matin comme il fait bien beau j'en profite pour changer de linge et un peu nettoyer mes effets qui sont rudement sales. J'ai lavé 3 mouchoirs de poche et une serviette.
L'après-midi, j'ai mis un peu d'ordre dans mes effets.
Mon frère est venu et m'a remis une lettre de ma mère que j'attendais presque car j'avais de suite deviné la bêtise que l'autre avait faite en faisant passer ce garçon chez nous.
Je ne sais qui a pu lui dire que j'étais à Chavannes puisque je ne lui avais encore pas écrit depuis que j'étais là.
Aujourd'hui la journée commence bien mal. Ce matin il paraît que le poste de Bretagne a téléphoné à plusieurs reprises mais je n'ai rien entendu.
Comme il a fait de l'orage cette nuit les appareils ne fonctionnent pas très bien, il y a même des fils de cassés mais le commandant ne l'entend pas de cette oreille là et comme il ne veut rien savoir il m'en rend responsable et me menace de prison, de salle de police.
Je ne sais encore pas ce que j'aurai mais il ne me mangera pas et ce n'est pas ça qui fera marcher le téléphone.
Le secrétaire du commandant m'a dit que j'avais 8 jours de consigne seulement l'après-midi il y a eu présentation du drapeau et à cette occasion le colonel a levé toutes les punitions qui n'étaient pas graves.
Toute la nuit nous avons été obligés de veiller sans lumière. J'en ai demandé à la « carré » et le soir je suis allé trouver le commandant qui m'a reçu comme un chien dans un jeu de quilles et m'a demandé si je le prenais pour un simple soldat, il m'a donné l'ordre de partir immédiatement le soir.
Je suis allé à Bretagne pour trouver le lieutenant téléphoniste qui m'a fait avoir une lampe pigeon avec un litre d'essence.
Avec ça nous pouvons veiller.
Toute la matinée je suis allé pour réparer la ligne car les communications ne parvenaient pas bien.
Le soir mon frère est venu.
Dans l'après-midi, j'ai réussi à réparer une vieille bicyclette qui va bien me servir pendant que nous serons dans les environs.
Le matin, je suis allé jusqu'à Montreux-Château en bicyclette pour envoyer un télégramme car nous n'avons plus la communication et je suis revenu par Montreux-Vieux, Montreux-Jeune et Magny.
L'après-midi, mon frère est venu mais je suis reparti avec lui jusqu'à la maison. Toute la nuit nous avons eu un orage et il soufflait un vent terrible.
Aussitôt le jour venu il me faut partir avec un homme pour aller réparer la ligne car nous ne pouvons plus correspondre nulle part.
Après s'être fait bien mouiller et avoir réparé la ligne au moins en 10 endroits ça ne fonctionne pas.
De dépit je laisse tout et comme il fait un petit peu beau j'en profite pour aller à la maison. Quand je suis rentré le soleil avait réparé la ligne et tout marchait.
Je reçois l'ordre de quitter Chavannes et de me rendre à Bretagne car toutes les compagnies sont parties en reconnaissance et ne rentreront pas aujourd'hui.
On a été relevé de garde à midi.
L'après-midi je me suis couché.
Le matin on reçoit la nouvelle que la reconnaissance rentrait.
Ils sont rentrés à 11 heures ramenant avec eux une trentaine de civils alsaciens plus 2 prisonniers civils, un instituteur et un garde forestier qui avait été surpris pendant qu'ils tiraient sur nos Dragons. Mon camarade l'allemand a été puni de 8 jours de prison pour avoir oublié de se lever à Réchésy et de ce fait n'avoir pas participé à la reconnaissance le soir.
Je voulais aller à la maison avec mon sergent.
J'ai raté mon coup car je suis tombé sur le lieutenant et le colonel et je suis rentré à 5h30.
Le lieutenant téléphoniste me fait appeler et commence par me trouver à redire parce que je n'avais pas installé mon poste à Chavannes et comme il ne m'avait rien dit je l'ignorais. Aussitôt il m'en donne l'ordre d'y aller de suite.
Je pars en bicyclette jusqu'à Chavannes -les-Grands.
Arrivé là-bas je m'aperçois que les appareils sont restés à Bretagne donc impossible de monter mon poste ce soir.
Le lieutenant téléphoniste me fait appeler au poste civil pour demander la communication avec Boron d'où nous avons eu confirmation des renseignements suivants.
Environ 2 heures après que le bataillon eut quitté Réchésy, 25 dragons allemands ont fait leur apparition dans le village pendant qu'il y en avait à peu près un cent qui avait fait halte au poteau frontière. Un lieutenant des douanes et plusieurs douaniers sont partis en patrouille pour « vérification ».
Ensuite je suis rentré à Bretagne bien content de pouvoir partir le lendemain
Ce matin, je me suis réveillé un peu brusquement car comme je m'étais couché dans le bas de la pile de foin, il s'y en est trouvé un qui ce matin m'a dégringolé dessus ce qui m'a réveillé rapidement.
J'ai bu mon café et je suis parti avec tout mon bazar pour Chavannes -les-Grands. Je suis allé trouver le commandant qui m'a donné l'ordre de m'installer dans une chambre à la maison d’école. Je crois bien que nous serons bien car nous serons tranquilles et nous n'aurons personne pour nous embêter.
Seulement il y avait une chose que je n'avais pas prévu c'est qu'il y avait des escaliers et comme le commandant a mal aux genoux ça l'embête et il m'a fait redescendre mes appareils en bas. Enfin peu m'importe, ça m'est bien égal, je fais ce que l'on me commande.
Dans l'après-midi, nous avons reçu un télégramme de Boron nous avertissant que les Allemands étaient à Suarce et à Lepuix-Delle. Aussitôt l'on a envoyé une forte reconnaissance dans les environs mais je n'ai pas su le résultat.
Tout ce que je sais c'est qu'il y a eu plusieurs chevaux de tués et blessés mais des hommes, je crois, aucun.
Ce matin, la moitié des troupes sont parties en reconnaissance du côté de Rechesy, en même temps j'ai reçu l'ordre de transporter le téléphone au poste civil.
Ca fait déjà 4 fois que je change.
Le soir, la reconnaissance est rentrée ramenant 50 boeufs, 8 chevaux, 22 bicyclettes et une dizaine de bonshommes que nous avons pris aux Allemands pendant qu'ils étaient en train de les réquisitionner à Seppois.
Toute la matinée on a eu beaucoup de travail. J'ai passé des télégrammes dans toutes les directions car l'on doit partir.
À 8 heures, le lieutenant téléphoniste est venu et la première chose qu'il m'a dit c'est qu'il me mettait 4 jours de consigne parce que la ligne s'était cassée.
Enfin peu m'importe, je prends tout et je ne dis plus rien car si vous croyez discuter l'on vous donne l'ordre de vous taire alors vaut mieux rien dire.
À 11 heures, j'ai reçu l'ordre de démonter la ligne, qu'on allait partir. Je crois démonter de suite. Je n'avais pas de bobine, il a fallu que je coure jusqu'à Vellescot et à Bretagne pour avoir des bobines et si j'en ai trouvé, ce n’est pas sans mal.
Le lieutenant vient me redire que s'il y manquait deux bobines, c'était moi qui les avait perdues.
Je ne lui ai pas répondu et je suis parti. L'on a rassemblé l'équipe téléphoniste et l'on est parti jusqu'à Manspach.
Arrivés là-bas, nous avons fait l'inventaire du matériel et finalement l'on a vu qu'il n'y manquait rien, que tout était au complet.
Le sergent en a été rendre compte au lieutenant téléphoniste qui pour le remercier lui a dit de me dire qu'il me levait ma punition.
Il fait un temps vraiment dégoûtant, toute la journée il pleut et c'est par une pluie battante que nous partons pour aller installer nos lignes téléphoniques.
Je suis allé reconnaître la ligne sur la voie ferrée, elle était coupée en deux endroits différents. Il a fallu grimper sur les poteaux pour relier la ligne.
Nous avons installé quatre postes : Fulleren, Altenach, Manspach et Saint-Ulrich.
Nous sommes rentrés à une heure pour manger et l'après-midi nous sommes repartis pour terminer l'installation de la ligne de Manspach.
A peine arrivé le chef m'envoie dans tous les postes pour y porter le quart de vin. Je suis revenu depuis Fulleren à huit heures du soir.
J'étais tout mouillé, j'ai mangé un peu et bien content d'aller coucher.
Le matin, le lieutenant m'a donné l'ordre d'aller coucher la ligne derrière nous pour empêcher de percevoir nos communications. Je suis allé jusqu'à Dannemarie.
L'après-midi, je suis allé jusqu'à Saint-Ulrich pour porter le prêt aux téléphonistes.
Dans la matinée, nous avons reçu l'ordre de démonter nos lignes, qu'on allait partir dans l'après-midi. Nous étions déjà rassemblés quand mon père et mon frère sont arrivés, ils venaient pour me voir.
J'ai eu juste le temps de causer cinq minutes avec eux et nous sommes partis jusqu'à Friesen.
Je suis parti en avant avec le lieutenant téléphoniste et le sergent pour reconnaître la ligne sur la voie ferrée. Nous avons pris plusieurs piles et un téléphone complet dans un poste qui se trouvait le long de la voie.
À la gare de Friesen nous avons pris trois lanternes, des outils et une caisse de pansements ensuite nous avons monté notre ligne jusqu'à Friesen.
Jour que j'ai tant réclamé pendant mes deux ans, car c'est aujourd'hui que l'on devrait partir seulement il ne faut pas penser à cela pour le moment.
Ce matin, je suis avec trois hommes jusqu'à Largitzen pour installer un poste. À peine mon poste a-t-il été installé qu'il a fallu partir jusqu'à Seppois-le-Bas.
En arrivant là-bas la section HR (*) a pris la garde.
J'étais au poste de police car toutes les compagnies partent dans la nuit en reconnaissances.
(*) : Section Hors Rang.
Depuis tout au matin le canon tonne et la fusillade crépite sans un moment d'arrêt entre Riespach et Felpach.
Dans l'après-midi, il y passe un convoi de blessés, il paraît que mon régiment a beaucoup souffert.
Toute la soirée, il passe encore des blessés et une voiture de morts, il y en a seize.
Toute la nuit, j'ai encore pris la garde pour rendre les derniers honneurs aux pauvres morts.
Dans l'après-midi, on reçoit l'ordre de repartir à Friesen. Je pars seul à bicyclette pour réinstaller la ligne téléphonique sur la voie ferrée à Friesen.
Ensuite le lieutenant est venu me trouver pour aller relier la ligne téléphonique sur la voie ferrée. J'ai grimpé sur un poteau qui avait au moins douze mètres de haut et arrivé au-dessus j'ai manqué dégringoler car j'étais à bout de forces et je ne voyais plus clair.
Le matin, nous partons jusqu'à Dannemarie pour aller à l'enterrement de nos camarades. La messe a eu lieu sur le cimetière à laquelle assistait tout l'état-major.
Après la messe le général gouverneur, le général de brigade, de division, le colonel du régiment ainsi que le curé de Dannemarie ont prononcé des discours très éloquents.
Après les funérailles nous avons été dîner dans un café à côté de l'église où nous avons payé trois francs.
Pour le soir mon père est venu me voir avec mon frère.
Dans l'après-midi, nous avons eu une petite escarmouche. Nous n'avons pas eu de blessés mais nous avons tué deux prussiens et fait un prisonnier.
Le matin, j’ai réparé une bicyclette.
L'après-midi, j'ai pris la garde au-dessus du village. On a enterré les deux soldats prussiens, une section leur a rendu les honneurs.
Deux compagnies sont parties en reconnaissance, nous avons eu deux blessés.
Toute la journée on a été bien tranquilles, l’on n’a pas été embêté par les prussiens.
J'en ai profité pour faire réparer ma capote car elle en avait besoin et faire mettre les écussons du 372.
Le 171 et le 172 partent.
Toute la semaine on a été bien tranquilles.
Nous allons chercher du bois pour toutes les compagnies du bataillon.
Le soir, on fait des parties de cartes. Enfin nous ne sommes pas mal pour le moment.
Je suis parti le matin pour aller à Dannemarie conduire trois chevaux et un sac de boche à la brigade. Je suis rentré il était deux heures, aussitôt après la soupe je suis allé me promener pour me passer le temps.
A peine j'étais parti que ma mère est arrivée avec mon frère. Ils m'ont fait chercher partout mais ils n'ont pas pu me trouver.
Je suis rentré il était sept heures, il y avait bientôt deux heures que ma mère m'attendait. Je suis retourné pour lui chercher un lit et l'on a causé jusqu'à dix heures ensuite l'on a été coucher.
Je suis allé voir ma mère, l'on a déjeuné et un peu causé.
Elle est partie à midi, après je suis allé aux vêpres.
Le soir, l'on a fait une partie de cartes.
Le matin promenade des chevaux.
L’après-midi, je suis allé à Largitzen et à St Ulrich.
En rentrant j'en ai profité pour acheter du tabac et du chocolat pris à des Suisses que l'on a arrêté car maintenant ils ne pourront plus venir.
C'est interdit car parmi eux il y avait beaucoup d'espions.
Nous avons été au bois matin et soir.
Ce soir, les compagnies partent en reconnaissance.
Depuis le matin le canon tonne et le combat dure toute la journée entre Seppois et Bisel.
Le soir, il y est passé deux blessés allemands, un français et on a ramené dix-huit prisonniers ainsi que douze morts
Mon père et ma sœur sont venus me voir et m'ont appris que Sailly était blessé.
Je suis allé jusqu'à St Ulrich et Largitzen pour surveiller la ligne.
Nous partons à sept heures le matin pour aller à Seppois pour installer le téléphone pour relier les batteries d'artillerie avec le colonel.
Nous sommes très bien placés environ quatre cents mètres en avant des canons et je crois que nous pourrons faire le coup de feu.
Seulement il pleut toute la journée et comme ça il n'y a rien eu.
On a été bien mouillé, il y avait au moins vingt centimètres d'eau dans les tranchées. On rentre le soir à sept heures à Friesen et en rentrant il a fallu que je prenne la garde jusqu'au dimanche soir.
J'ai été de garde toute la journée.
Le soir, la ligne ne fonctionne pas bien, on ne peut pas trouver où ça manque, il fait nuit, on remet ce travail là à demain.
Nous sommes partis à Seppois pour réparer la ligne, nous en avons eu pour la journée.
Toute la nuit, les camarades sont partis faire des patrouilles dans les bois. Il y a juste le sergent et moi qui n'y avons pas été mais le matin les autres sont restés et nous deux avons reçu l'ordre d'aller à Seppois installer la ligne pour relier l'artillerie.
Nous sommes partis à cinq heures.
En arrivant, j'ai trouvé auguste Maumier que je n'avais pas vu depuis Altkirch. Pendant que je lui causais le premier coup de canon est parti. C'était un de nos soixante-quinze.
De suite je suis parti pour vite installer la ligne.
A peine avions nous terminé l'installation que nos batteries ont commencé à tonner mais aussitôt les boches nous ont répondu et pendant un quart d'heure il y est tombé quelque chose comme obus.
A un moment donné nous avons été obligés de nous sauver car nous risquions fort bien d'y laisser notre peau.
Il y a une balle qui a frappé contre l'arbre derrière lequel j'étais abrité. Nous avons transporté notre appareil un peu plus loin à l'abri dans une tranchée et toute la journée jusqu'au soir les obus ont valsé.
Heureusement qu'ils faisaient plus de bruit que de mal car chez nous nous avons eu seulement deux artilleurs blessés, un caisson démonté et six chevaux tués.
Ils ont bombardé le village de Seppois toute la soirée, ont tué un jeune homme de seize ans et brulé deux maisons sans compter toutes celles qu'ils ont à moitié démolies. Enfin pour un baptême du feu je n'étais pas trop mal servi.
En rentrant j'ai trouvé mon frère et ma mère qui sont venus pour me voir et qui m'attendaient car ma mère était bien dans l'inquiétude de savoir que j'étais au feu.
Il a fallu que je me nettoie car j'étais rudement sale et le soir pour me remettre j'ai pris la garde.
Nos avants sont partis pendant la matinée.
Aujourd'hui nous avons reçu l'ordre de nous tenir prêts pour partir car on doit s'en aller à Dannemarie pour se reposer avant d'aller plus loin.
Comme c'est le dernier soir nous avons joué aux cartes jusqu'à minuit.
Le matin on reçoit l'ordre de manger pour neuf heures car on doit partir de suite pour Dannemarie.
Nous sommes partis pour démonter la ligne à St Ulrich et nous avons été retrouver la compagnie à Dannemarie.
Nous ne sommes pas si bien ici qu'à Friesen car il y a trop d'officiers et on ne peut pas circuler à vélo avant cinq heures du soir et les patrons où nous sommes ne sont pas des plus commodes.
Ce matin, je suis allé à la messe c'était très beau. La messe était chantée par des soldats et il y avait au moins mille cinq cent personnes.
Après la soupe je suis parti avec Lallemand jusqu'à Friesen pour me promener.
En arrivant nous avons été très bien reçus et les gens où nous étions auraient bien voulu qu'on revienne.
En rentrant à Dannemarie j'ai trouvé mes parents qui m'attendaient depuis au moins deux heures. Je suis allé les reconduire un bout de chemin et le soir je suis allé trouver jules Rassinier avec lequel j'ai bu un verre en causant un peu du pays et des copains.
Le matin, j'ai fait la corvée de quartier dans la rue avec mes hommes.
L’après-midi, on a passé la revue d'équipement.
On a enroulé cinq cent mètres de fil et l'après-midi juste au moment où ma sœur arrivait il a fallu installer la ligne téléphonique de Dannemarie à Hagenbach et Eglingen.
J'ai eu juste le temps de causer peut être une demi-heure avec ma sœur.
Je suis parti à Hagenbach et Eglingen porter le prêt aux hommes et leurs correspondances. En revenant j'ai passé à Hagenbach chez l'André qui faisait une drôle de tête en me voyant arriver.
Nous avons été réparer la ligne à Gommersdorf.
Toute la journée on n'a fait que des corvées de droite à gauche. Notre chef est passé adjudant et le caporal-fourrier sergent fourrier.
Nous avons été à Hagenbach installer un poste pour l'artillerie qui doit placer des batteries à cet endroit.
Départ à trois heures du matin pour Hagenbach.
En attendant l'artillerie qui devait /..../ n'est pas venue, nous sommes repartis.
En arrivant j'ai trouvé mes parents qui étaient venus conduire du vin.
Le soir, nos canons de cent vingt ont tonné.
Nous avons toujours été à Dannemarie.
Nous avons installé une nouvelle ligne depuis Hagenbach à Dannemarie.
Dans les environs rien à signaler.
Quelques coups de canons ont été entendus vendredi du côté de Seppois.
Mercredi ma mère est venue me voir avec ma sœurette la petite Jeanne.
Jeudi, j'ai reçu une carte de Sailly m'annonçant sa guérison et son prochain retour pour le dépôt.
Aujourd'hui c'est grand jour de deuil pour tout le monde.
Ce matin, je suis allé à la messe.
L’après-midi, pendant les vêpres des morts il y a eu alerte.
Nous sommes partis jusqu'à Gommersdorf mais nous sommes rentrés le soir.
On a été tranquille toute la matinée.
Le matin, il y a eu grand-messe militaire au cimetière. Seulement je n'ai pu y assister, j'ai regretté beaucoup.
Le soir, les boches ont envoyé quelques marmites pour se distraire.
Le soir le chef m'a invité à boire le café avec eux car il s'en va demain comme adjudant dans une autre compagnie.
Toute la semaine on a été bien tranquille, on ne s'est pas battu un seul jour
Vendredi c'était fête pour les civils de Dannemarie, il y avait office, j'y ai assisté.
Le temps est brumeux, ça commence à sentir l'hiver.
Ce matin, c'était marché, je suis allé m'y promener.
J'ai trouvé la Marie de Hagenbach. J'ai reçu une lettre de la maison qui m'annonce que c'est difficile de rentrer en Alsace mais qu'ils feront leur possible pour venir me voir tant qu'on est encore ici.
Le matin, je suis allé à la messe avec Jules Rassinier, en sortant on a bu un verre.
En arrivant j'ai trouvé ma mère et mon frère qui m'attendaient. On a été passer jusque chez le cousin du Jean.
On est resté un moment puis je suis allé les reconduire jusqu'à la sortie du village où ils ont trouvé une voiture pour pouvoir s'en aller.
Pour les trois jours nous avons réparé nos deux lignes qui vont jusqu'à Hagenbach car les « génisses » nous avaient coupé un fil.
Le temps est brumeux, il commence à faire froid et je plains les camarades qui sont obligés de passer la nuit dans les tranchées.
Dans la journée du onze, il y a eu une escarmouche.
Il y a eu deux lieutenants tués, sept soldats et quinze autres blessés, tous du 244e.
L’après-midi, on en a enterré une partie à Ballersdorf. Nous avons voulu y aller mais on n'a pas pu passer.
Le matin, nous avons été à l'enterrement à Dannemarie d'un lieutenant et d'un caporal du 244.
L’après-midi, nous avons fabriqué du bois.
Durant la semaine nous avons installé deux nouveaux postes, un à la maison forestière et l'autre au lieu-dit « le rendez vous de chasse ».
Jeudi ma sœur est venue avec mon frère pour me voir.
L’après-midi, nous avons passé une revue pour nous payer des effets qui nous appartiennent.
Samedi matin je suis allé à Hagenbach, le soir il y a eu une forte canonnade sur notre droite.
Dimanche matin, je suis allé à la messe, l'après-midi nous avons fait une bonne partie de carte avec Jules Rassinier.
Nous n'avons rien fait, toujours à la même place sans bouger.
Mercredi, ma mère est venue avec mon frère pour me voir car ma mère croyait que nous allions partir bientôt. Enfin jusqu'à maintenant nous ne savons encore rien.
Vendredi après-midi, nous sommes partis pour reconnaître tous nos postes car nous avions appris dans la matinée que nous partirions samedi matin dans la direction de Friesen, Largitzen pour renforcer les troupes.
Nous sommes partis de Dannemarie à huit heures.
Arrivés à Friesen on m'a envoyé à Largitzen avec trois hommes pour installer un poste téléphonique et que je resterai avec les hommes.
Arrivés là-bas nous avons trouvé le poste qui était occupé par les territoriaux mais comme on était mal installés nous avons cherché un logement pour nous installer ailleurs car nous n'avions pas assez de place.
Maintenant nous sommes bien installés dans une chambre où il y a deux bons lits et les gens de la maison sont bien aimables d'ailleurs le père est français.
Le soir je suis retourné à Friesen pour aller chercher à manger et j'ai donné mes provisions à la patronne de la maison qui nous les a fait cuire.
Dans la matinée, le génie nous a coupé notre ligne et nous a installé un poste fixe à sonnerie au bureau du commandant alors maintenant nous ne serons plus embêtés pour les appels et nous ne serons pas obligés de veiller la nuit car la sonnerie est assez forte pour réveiller quelqu'un.
Seulement nous gardons notre ancienne chambre pour la nuit car on est bien pour dormir et on sera très bien quand on aura quelque chose à faire dans la journée
Aussitôt le réveil on a entendu des coups de fusils et jusqu'au soir il en a été ainsi. Dans la journée nous avons pris quelques positions aux boches.
Aujourd'hui c'est le canon qui nous a réveillés. Durant toute la journée nous avons eu le bombardement et la fusillade.
Malheureusement nous avons eu cinq tués, un lieutenant, un sous-officier, un caporal et deux hommes.
Comme hier nous avons été réveillés par le canon et durant toute la journée la fusillade a été intermittente.
L’après-midi, nous avons enterré au cimetière de Largitzen les camarades qui étaient tombés hier au champ d'honneur
À vingt heures environ l'on a entendu une bonne fusillade qui nous avait tous mis sur le qui-vive, seulement ça n'a duré environ que quinze minutes.
Dans cette journée nous avons encore eu deux morts dont un sous-officier et un soldat.
Dans la soirée, j'ai reçu ordre du sergent téléphoniste de porter à Friesen tout ce que j'avais encore comme matériel téléphonique. Je suis rentré à huit heures.
J'oubliais que nous avons encore eu un capitaine du génie de tué et le lieutenant fait prisonnier.
Durant toute la journée on a entendu la fusillade dans les bois du côté d'Hirsbach.
À la nuit, nous ne savions pas encore les résultats de la journée à part deux morts et quelques blessés mais nous tenons toujours le terrain que nous lui avons pris.
Aujourd'hui la fusillade a été plus active que les autres jours.
Les Allemands ont redoublé d'efforts, ils nous ont repris les tranchées que nous avions prises et dans l'ensemble des deux journées nous avons perdu environ cent quatre-vingt hommes dont un capitaine et un lieutenant.
Enfin jusqu'ici le régiment n'avait jamais autant été éprouvé.
Aujourd'hui nous avons enterré dix morts, seulement l’on n’a pas eu le temps de leur faire des cercueils car l'on a eu peur que les allemands ne nous en laissent pas le temps.
Sur le soir, autour des huit heures, nous avons eu une fusillade très vive qui a duré environ une demi-heure. Les balles arrivaient jusqu'au milieu du village de Largitzen.
Enfin après la nuit a été très calme nous avons été bien tranquilles.
Aussitôt le matin pendant que j'étais en train de déjeuner le sergent me fait appeler au téléphone pour que je vienne de suite à Friesen.
Aussitôt je pars et arrivé là-bas je pars pour aller à la grande garde pour reconnaître le chemin car je dois y prendre le service durant toute la semaine.
Quand je suis rentré j'étais content car j'ai vu que les chemins n'étaient pas trop bons, il y a de la boue jusqu'aux genoux.
Je suis parti à huit heures pour la grande garde.
Arrivé là-bas, les deux types étaient contents car vingt-quatre heures au milieu des bois c'est long et le temps dure aussi le soir je suis content de rentrer à Friesen car maintenant je reste là-bas en permanence.
Comme hier je suis allé à la grande garde.
A part quelques coups de fusils il n'y a rien à signaler car nous sommes dans un petit trou à environ cinq cents mètres des boches et l'on n'entend pas très bien ce qui se passe.
Départ à la GG (*), rien à signaler.
Aujourd'hui il est arrivé à Friesen un bataillon de territoriaux du 133 qui viennent de Toulouse.
Extrait du journal du 133e
régiment d’infanterie territoriale.
On y constate bien que le 2e
bataillon du 133e RIT est avec le 372e RI
En rentrant ce soir, j’ai trouvé ma mère et Jean qui étaient venus pour me voir. C'était bien embêtant car justement j'étais de garde ce soir seulement j'ai pu me faire remplacer.
Je suis resté avec eux jusqu'à dix heures et je suis allé coucher.
(*) : GG : Grande-Garde, il s’agit certainement un poste de garde militaire important.
Départ à la GG, rien à signaler. Mes parents sont partis dans l'après-midi avec une jeune fille de Friesen qui va à Beaucourt.
Départ à la GG, rien à signaler. Le lieutenant téléphoniste nous affecté une nouvelle équipe, cinq hommes et un caporal qui viennent de Toulouse du 14
C'est tous de l'active.
Départ à la GG, rien à signaler.
Les Allemands ont été bien tranquilles toute la semaine. De notre côté par contre le canon tonne fort dans la direction des Vosges du coté de Thann.
J'ai réparé la ligne téléphonique qui était cassée entre la Grand Garde et Largitzen et ce soir j'ai fini mon tour de service aussi je suis content.
Ce matin comme je suis de repos, j'ai profité pour un peu me nettoyer car j'étais rudement sale. J'ai vu mon ancien capitaine au fort Lachaux le capitaine Prollet qui est passé capitaine à la 24eme du 372eme RI et son ordonnance Corbolin.
A neuf heures, je suis allé à la messe c'était très beau, elle était chantée par les soldats.
Le soir, j'ai fait un petit souper avec des camarades, j'en suis bien content.
Aujourd'hui j'ai profité pour monter une autre bicyclette, ça fait déjà la troisième que je répare depuis le début de la guerre.
L'on a entendu le canon toute la journée du coté de Thann. Il est interdit aux civils de circuler dans nos lignes jusqu'au dix-sept.
Il paraît qu'il y vient du renfort derrière.
Ce soir, je suis parti avec le caporal Lallemand. J'ai profité de l'occasion pour aller jusqu'à la maison, en même temps je suis allé voir ma petite Alice. Ils étaient bien étonnés de me voir.
Je suis rentré à trois heures trente et bien fatigué.
Il y avait une heure à peine que j'étais couché que le sergent est venu me réveiller pour aller à la GG pour construire un abri.
Je faisais une drôle de tête car j'étais bien fatigué et j'avais un peu mal aux cheveux, aussi je n'ai pas fait grand-chose.
Le soir, je suis allé réparer la ligne de Largitzen qui était cassée et le soir je me suis couché de bonne heure.
Je suis encore retourné à la Grand Garde pour terminer notre abri, enfin ce soir tout est fini. Je crois que je serai tranquille.
Ce matin encore, il a fallu que je parte pour construire un nouvel abri pour le téléphone, c'est un poste d'observation qui se trouve à environ deux cents mètres des boches, il y a juste l'étang qui nous sépare.
Toute la journée nous avons travaillé comme des nègres mais nous n'avons pu finir. Les boches nous regardaient faire, on les voyait très bien à l'œil nu.
Ils travaillaient après leurs tranchées.
Le sergent est parti encore avec des hommes finir notre abri, moi je suis resté.
A midi avec un camarade nous avons fait un bon petit diner, une omelette et une bonne salade.
Ce matin, je suis allé à la messe, l'église était remplie de soldats.
Toute l'après-midi, nous avons été promené de droite à gauche ne sachant quoi faire car le temps était très mauvais, il a plu toute la journée.
Dans la journée j'ai réparé ma bicyclette qui était cassée.
L’après-midi, je suis allé à Largitzen payer le prêt aux téléphonistes qui sont là-bas.
Aujourd'hui il commence à geler, les routes sont meilleures.
Bientôt je vais reprendre le service à la Grande Garde.
Aujourd'hui veille de Noël, nous nous sommes réunis plusieurs camarades ensemble pour faire un petit réveillon. Nous avons acheté une poule et plusieurs avaient reçu des colis de la maison.
Nous avons fait un bon petit souper et nous avons veillé très tard.
Dans l'après-midi, j'ai reçu une lettre de mes parents ainsi que de l'argent par l'intermédiaire d'un sergent.
Aujourd'hui jour de Noël où nous devrions être tous réunis en famille.
J'ai pris le service à la GG.
Ce matin j'avais bien un petit peu mal aux cheveux mais n'empêche le service avant tout. Durant toute la journée il n'y a rien eu à signaler à part une forte canonnade sur notre gauche mais le soir une fusillade bien nourrie s'est fait entendre sur notre droite vers le sixième bataillon.
Elle a duré environ une demi-heure et tout est rentré dans le calme.
Nous avons eu sept hommes blessés dont un sergent très grièvement.
Ce matin, je suis parti à la GG avec quatre hommes en cas s'il y avait quelque chose durant la journée. Seulement nous n'avons rien eu sur notre droite et à notre gauche le canon a tonné toute la journée. Nous avons installé une nouvelle ligne avec la GG du sixième bataillon.
Je suis resté à la GG toute la journée, rien de nouveau.
Durant la nuit il a fait très mauvais temps.
Le matin, il a fallu que je répare la ligne. Sur tout le parcours.
RAS
Départ à la GG
Le lieutenant est venu avec des officiers d'artillerie pour voir le poste téléphonique d'observation. Durant toute la journée le canon a tonné sur notre gauche.
GG rien à signaler.
Hier j'ai terminé mes six jours à la GG et j'étais de repos.
En guise de repos je suis parti à six heures du matin avec le sergent et deux hommes pour installer une nouvelle ligne depuis Largitzen à la GG.
Nous sommes rentrés à trois heures.
En ce beau jour de l'an si loin de tout ceux que l'on aime comme cela est triste.
Le matin, je suis allé à la messe et le soir j'ai risqué la partie pour aller voir mes parents aussi quelle joie ça a été pour eux et aussi pour moi.
Je suis rentré à quatre heures trente légèrement ému mais tout de même bien content seulement je n'ai pu aller voir ma petite Alice.
Je compte bientôt aller lui offrir mes vœux de bonne année.
Aujourd'hui je suis bien fatigué. Heureusement que je n'ai rien à faire qu'à me reposer, aussi j'en profite.
Ce matin je suis allé à la messe, l'après-midi j'ai réparé mon vélo pour pouvoir m'en servir à l'occasion.
Rien à signaler, il fait toujours mauvais temps.
Je suis parti à Largitzen avec quatre hommes durant la journée. Je suis parti deux fois pour réparer la ligne de Largitzen et de GG qui était coupée.
Départ à Largitzen le matin, la ligne étant coupée entre Largitzen et le poste A.
Je suis parti avec un homme pour la réparer, arrivés à environ cent mètres de la lisière du bois d'Hirzbach les Allemands nous ont tiré dessus cinq coups de fusil.
Voyant ça nous nous sommes couchés et nous avons rampé jusqu'au bois.
Dans la matinée ils ont tué un soldat qui travaillait à proximité du poste A.
Dans la journée nous avons retrouvé le cadavre d'un soldat qui avait été tué dans les combats du deux au quatre décembre 1914.
Dans la journée j'ai réparé la ligne deux fois.
Les travailleurs nous la cassent en abattant des arbres.
Le soir le lieutenant m'a fait planter des perches pour soutenir le fil à l'endroit où les Allemands nous avaient tiré dessus l'autre jour.
Aujourd'hui ils n'ont rien dit, ils nous ont laissés bien tranquilles.
La ligne n'a pas été coupée mais le soir le lieutenant m'a fait grimper sur un poteau où j'ai reposé un fil qui s'était mal placé. Je suis resté pendant vingt minutes et n'en pouvant plus je suis descendu et le sergent y est monté à ma place.
Pour mon dernier jour la ligne a été cassée trois fois et je suis rentré tout mouillé à Friesen.
Départ à la Grande Garde, quelques coups de fusil ont été tirés durant la journée.
Durant toute la semaine il n'y a rien eu d'anormal si ce n'est qu'il a toujours fait mauvais temps.
---------------//----il doit manquer une
page----//-----------------
Le matin je suis allé à la messe, rien à signaler.
Le matin, je suis parti avec le sergent et quatre hommes pour finir la construction de l'abri au cinquième bataillon.
Nous avons encore été au bois toute la journée mais l'abri n'est pas encore terminé.
Aujourd'hui c'est le jour d'anniversaire de Guillaume (*) aussi dès le matin le canon a tonné et jusqu'au soir sur toute la ligne.
Nous avons eu une offensive, nous avons eu neuf morts et vingt-huit blessés dont quatre officiers.
(*) : Guillaume II, l’empereur d’Allemagne
Je suis resté à Friesen toute la journée. Les boches ont canonné toutes la journée et encore pendant la nuit.
Je suis parti avec le sergent pour enrouler une ligne à Largitzen au cinquième bataillon et en même temps porter une paillasse pour les hommes.
J'ai pris le service à la GG, il n'y a rien eu à signaler, les boches ont tiré presque tous les jours.
Jeudi soir dans le bois, il y a un obus qui a éclaté à trente mètres de moi mais il n'y a pas eu d'accidents de personnes.
Je suis parti avec le sergent pour construire un nouvel abri pour la réserve des GG où nous habiterons continuellement.
Les boches ont canonné Largitzen cote 416.
Travail à l'abri dans le bois. Canonnade des boches, un artilleur blessé d'une balle au bras.
------------------//---Il doit manquer quelques
feuillets---//-----------
Nous sommes restés à Friesen.
Nous sommes remplacés par le 98ème.
Durant ces deux mois il n'y a eu aucun combat, de temps en temps quelques descentes de marmites sur Largitzen et aux environs de Friesen mais sans accident de personnes.
Un jour en voulant construire un abri dans une tranchée, comme nous étions montés sur la tranchée, les boches nous ont tiré dessus avec une mitrailleuse.
Un autre jour en réparant une ligne qui était coupée par les obus avec un homme, nous avons reçu douze obus autour de nous.
Le 6 au soir, nous avons été relevés dans les tranchées.
Je suis arrivé à Friesen à dix heures trente, le temps de faire les préparatifs de départ je n'ai pu aller coucher de la nuit.
Réveil à trois heures, départ à six heures destination inconnue.
Nous prenons la direction de France, nous marchons sous une pluie battante, nous passons à Lepuix, Courtelevant et nous arrivons à Grandvillars sous une pluie battante.
Aussitôt changé je profite pour aller faire un tour à la maison mais je ne suis pas resté longtemps car le cinquième d'artillerie qui venait d'arriver aussi, repart de suite pour embarquer.
Nous restons à Grandvillars du sept au vingt cinq.
Durant ce temps nous avons fait des marches militaires jusqu'à Montbouton et tous les jours l'exercice pire que des bleus.
Le vingt cinq au matin, nous changeons de cantonnement, la CHR était logée à Froidefontaine. Je pars avec quatre hommes pour installer une ligne à Grosne, Brebotte, Froidefontaine et la Tuilerie. Aussitôt terminé j'arrive à Froidefontaine à deux heures de l'après-midi.
Nous y restons du vingt cinq au premier.
Durant ces six jours j'étais très heureux car j'étais constamment à la maison aussi quand il a fallu partir ça me faisait beaucoup de peine.
Nous quittons Froidefontaine le premier au matin pour Fontaine où nous arrivons dans l'après midi.
Nous restons dans ce village du premier au quatre juin.
Durant ce temps nous nous sommes fait vacciner contre la fièvre typhoïde et les derniers jours nous avons touché la nouvelle tenue. Pour le moment nous n'avons plus rien du soldat français qu'on était au début, nous ressemblons presqu'aux boches excepté le casque.
Durant notre séjour là-bas je ne me suis pas embêté car j'ai pu encore plusieurs fois aller voir mes parents et aussi un peu la petite bonne amie que je me suis faite par là pendant que nous étions à Grandvillars, une gentille petite fille que j'estime beaucoup mais malheureusement nous recevons l'ordre de nous tenir prêts pour partir demain matin.
Dès trois heures du matin, il a fallu que je démonte les lignes téléphoniques.
Le régiment part à cinq heures.
Avec six hommes je suis parti à six heures trente sans savoir exactement dans quel pays j'allais.
Après m'être renseigné plusieurs fois, nous arrivons à Lauw petit village d'Alsace.
Les camarades étaient partis devant pour installer une ligne de Lauw à Bourbach mais le soir à six heures on reçoit l'ordre de démonter.
J'en ai eu jusqu'à neuf heures trente sans seulement le temps de se reposer car il faut déjà repartir le matin à quatre heures.
Départ à quatre heures de Lauw. Nous prenons des chemins dans les montagnes qui sont bien fatigant surtout quand on n'a pas l'habitude.
A chaque instant on est obligés de se cacher à cause des Taubes (*) qui planent sans cesse autour de nous. Enfin après bien des maux nous arrivons à Vieux Thann et ensuite Bitschwiller où nous sommes arrivés à deux heures.
Nous y restons jusqu'à deux heures ensuite nous partons jusqu'à Altenbach, nous avons pris une rude suée pour arriver jusque là haut car maintenant nous sommes en plus dans les montagnes. Ca grimpe toujours et en plus il fait une chaleur terrible.
C'est à trois heures que nous arrivons dans ce village qui comprend une dizaine de maisons que nos troupes ont fait évacuer. Nous comptons bien nous reposer et passer la nuit mais les mitrailleurs et les téléphonistes reçoivent l'ordre de partir à huit heures pour aller prendre les avant-postes au sommet du Sudel.
Nous en avons encore pour deux bonnes heures de marche.
Enfin après deux ou trois pauses nous arrivons bien fatigués à travers les sentiers au sommet du Sudel qui sera notre nouveau poste.
Je vous assure que je me souviendrai du six juin qui était le jour de la fête Dieu.
(*) : Avions allemands
Nous reconnaissons le réseau téléphonique qui se trouve dans notre secteur car nous devons remplacer le cinquième bataillon de chasseur à pieds.
Dans la journée un bataillon de notre régiment est arrivé pendant que l'autre bataillon va prendre les avant-postes un peu plus à notre gauche du coté de Haag.
Nous restons là haut quarante quatre jours.
On y trouve bien le temps long car la première chose qui nous manque c'est d'abord le ravitaillement car ici il n'y a pas moyen de pouvoir rien se procurer.
Les vivres nous sont amenés à dos de mulet car ici les chevaux ne peuvent pas monter. Nous sommes à mille mètres d'altitude. A notre droite se trouve le Vieil Armand. Pendant notre séjour nous n'avons eu aucun engagement sérieux.
À six heures le soir, les boches ont commencé à bombarder une de nos tranchées avancées où se trouve une section de la 23ème compagnie et que nous avons été obligés d'évacuer momentanément car la position était intenable tellement le bombardement était violent.
Ensuite les boches ont fait un tir de barrage pour empêcher tout renfort d'arriver. Aussi toutes nos lignes étaient coupées et durant le bombardement et jusqu'au matin il a fallu que j'installe une ligne provisoire avec deux de mes hommes.
Enfin ce jour là, c'est presque un miracle que l'on soit sorti sain et sauf car plus d'une fois nous l'avons échappé belle. Malheureusement nous avons perdu 45 hommes dans cette affaire, seulement nous avons conservé la tranchée.
Pendant le reste de notre séjour ici nous avons tout transformé notre réseau téléphonique.
L'on a placé toutes les lignes dans les boyaux et en plus nous avons placé une ligne de secours qui était souterraine. Nous avons mis 8 jours pour faire le travail.
Nous avons terminé pour le 14 juillet.
À partir de ce jour nous sommes bien tranquilles, de temps à autre une petite canonnade mais aucun engagement sérieux.
Au matin, nous recevons l'ordre de nous tenir prêts pour partir le soir. C'est le 371ème qui vient nous remplacer. Nous quittons Sudel à 8h30 et arrivons à Altenbach où nous devons nous reposer en attendant de nouveaux ordres.
Nous restons à Altenbach du 21 au 27 juillet.
Durant notre séjour nous n'avons rien fait. On s'est reposé, on a fait des bagues avec des fusées.
A midi nous recevons l'ordre de préparer nos sacs et départ à 2 heures. Nous quittons donc Altenbach à 2 heures, nous passons à Villers et le même soir nous allons coucher à Arbaisse, petit village dans la vallée de St Amarin.
Nous repartons à 8 heures dans la direction de France. Nous passons le tunnel de Bussang qui sépare la frontière. Là nous apprenons que nous devons embarquer mais destination inconnue. Nous embarquons à 4 heures à Bussang.
C'était la première fois depuis un an que je montais en chemin de fer. Nous brûlons toutes les gares, on ne sait pas juste dans quelle direction nous allons.
Enfin la dernière gare avant d'arriver à Épinal, à Arêches, nous prenons l'embranchement qui cette fois nous donne bien à comprendre où nous allons car nous sommes sur la ligne de Gérardmer. Nous arrivons à Gérardmer à 10 heures du soir aussi fatigués que si nous avions marché à pieds.
Après être restés 2 heures sur le bitume on nous dirige dans une usine pour y passer la nuit.
Là nous couchons sur le plancher mais n'empêche que l'on dort bien car j'étais fatigué.
Le matin, je profite pour faire quelques achats en ville mais déjà le bruit court que nous allons partir bientôt.
En effet à midi, nous recevons l'ordre de nous tenir prêts à partir pour 4 heures.
Nous sommes obligés d'abandonner nos vélos à Gérardmer car nous embarquons en camions automobiles qui nous conduisent jusqu'au col de la Schlucht.
Là nous descendons et faisons une grande pause en attendant que la nuit vienne car nous sommes obligés de passer en terrain découvert.
Après plus de 2 heures de marche à travers les montagnes nous arrivons dans un camp fait avec des barrages en planches que l'on appelle Nubismatt.
Là nous y restons du 30 juillet au 4 août
Nous étions bien tranquilles car nous étions réserves d'armée aussi durant ces quelques jours nous n'avons rien fait car d'un jour à l'autre l'on s'attendait à partir.
Au soir l'on reçoit l'ordre de quitter pour le 5 au matin
Nous quittons Nishmatt le 5 au matin.
Après 3 heures de marche à travers les montagnes et dans des sentiers défilés, nous arrivons dans un autre camp à Mulwenwald.
Aussitôt notre arrivée, nous sommes salués par quelques obus que les boches nous envoient. Heureusement que c'était des fusants, il n'y a personne de blessé. Ici nous sommes bientôt sur la ligne de feu car nous entendons le canon qui gronde sans discontinuer et par intervalles l'on entend très bien la fusillade.
Nous y passons la nuit assez tranquille.
Toute la matinée nous voyons revenir des chasseurs qui reviennent de la ligne de feu. Il y en a plusieurs bataillons du 106eme et du 121eme qui viennent d'être relevés.
Ils étaient au Linge et ils ont fait plusieurs attaques.
Le 106ème (*), sur 1493 partis 4 jours auparavant, ils reviennent 62.
Le 121ème ils reviennent 154.
Il paraît que c'était terrible les combats qu'ils ont livrés.
A midi, le lieutenant nous dit de nous tenir prêts à partir de suite. Nous restons équipés toute l'après-midi mais le soir contre-ordre, nous restons.
Nous passons encore la nuit du 6 à Mulwenwald.
(*) : Le journal du
106e bataillon de chasseurs explique :
« Le 5 août
à 0h20 le bataillon est relevé, l’effectif est de 448 hommes. (...) ils sont
rassemblés au camp de Mulwenwald, d’où ils partent à
20h45.
Le 6 août les
derniers éléments du 106e chasseurs (45 hommes) quittent le camp »
Notre lieutenant part le matin pour le Linge.
A 10 heures, il fait téléphoner d'envoyer un caporal et 4 hommes de suite au Linge.
C'est moi qui suis désigné, je pars donc à 11 heures avec mes 4 hommes pour le Linge. En passant à Weistein je vais trouver le sergent téléphoniste du 30ème bataillon pour avoir un guide pour me conduire au Linge.
Après deux heures d'attente, il me donne deux hommes qui me conduisent jusqu'au milieu du boyau 5 au poste téléphonique et ensuite ils me disent que je n'avais qu'à continuer que je ne risquais pas de me tromper.
Je ne voyais pas pourquoi ils ne venaient pas avec moi puisqu'ils me servaient de guides mais ensuite j'ai bien compris pourquoi.
A ce moment là, la canonnade commençait à devenir très violente et en plus il y avait plusieurs passages qui étaient très dangereux car l'on était à découvert et les boches tiraient des coups de fusil.
Un peu avant d'arriver à un de ces endroits il y avait plusieurs chasseurs qui étaient réfugiés dans un abri souterrain et qui me conseillèrent de ne pas passer à ce moment là, que c'était trop dangereux et surtout que nous étions cinq. Je m'arrête un instant mais ensuite, ne sachant quel parti prendre, je veux tenter la chance de passer.
Je fais environ 100 mètres, un chasseur qui était un peu devant nous est tué raide.
J'arrive à sa hauteur, les balles commencent à siffler en même temps que les marmites éclatent. Voyant le peu de chances que nous avons de tous passer, je retourne jusqu'à l'abri où j'avais laissé les chasseurs et ensuite je vais téléphoner à notre lieutenant pour lui expliquer la chose. Il me conseille d'attendre que la canonnade soit terminée et que la nuit vienne.
Nous avons bien fait car je crois que jamais nous n'aurions passé. Les boches qui voulaient attaquer ont bombardé le boyau et les alentours jusqu'à 5 heures ensuite ce fut l'attaque qui dura environ une heure.
Une fois la nuit venue nous partons avec un chasseur qui veut bien nous servir de guide.
Quel chemin !
De l'eau jusqu’aux genoux dans le boyau il y a deux chasseurs tués qui sont étendus dans la boue. En plusieurs endroits on est complètement découvert car les obus ont démoli les parapets. Arrivé au bois il n'y a pas de chemin pour aller à la brigade, l'on est obligé de passer à travers les branches de sapin dans les trous d'obus.
A force de chercher nous trouvons quand même le poste téléphonique.
Arrivé là le lieutenant me dit qu'il me faut retourner jusqu'au poste téléphonique qui se trouve dans le boyau à Parmentier. Moi et mes hommes nous étions fatigués car nous avions le sac.
Ensuite qu'il faudrait aller reconnaître les lignes de suite car de jour c'était impossible. Nous retournons donc à Parmentier, arrivés là on mange un bout de pain avec du singe et voilà notre souper. Mes hommes vont reconnaître les différentes lignes, moi je reste au poste pour connaître les différentes directions.
De la nuit nous n'avons rien dormi d'ailleurs il n'y avait pas de place pour se coucher.
A 4 heures, le lieutenant me téléphone déjà pour aller chercher du fil à Wettstein. Il reste 2 hommes des chasseurs avec moi pour la journée.
Toute l'après-midi, bombardement assez intense.
Le soir, je place une ligne de Parmentier au Linge mais arrivé là bas elle était déjà coupée, aussi elle n'a jamais fonctionné.
A 1 heure du matin, les boches font une contre attaque mais ils sont facilement repoussés.
Toute la nuit nous travaillons sur nos lignes mais sans faire bien grand chose car les obus nous les coupent à chaque instant.
Le lieutenant me fait monter au Linge avec 2 hommes pour y demeurer. Les 2 autres demeurant à Parmentier. Il y en vient encore 3 depuis Mulwenwald pour nous aider. A dater de ce jour nous avons tout changé le réseau téléphonique, d'ailleurs c'était devenu presque impossible de passer au boyau 5.
Nous installons 4 autres lignes qui passent en terrain découvert au milieu des prés. C'est aussi dangereux pour y aller mais on y va que la nuit.
Tous les jours nos lignes sont coupées.
Par endroit elles sont hachées sur des longueurs de 10 mètres. Aussi voici 10 jours que nous n'avons guère de repos. Nous allons coucher à 2 ou 3 heures et à 6 heures il faut déjà travailler.
Avec çà, les premiers jours rien à manger, il a fallu aller mendier du pain et quelques boites de singe auprès des chasseurs et l'on était déjà bien content.
Nous attaquons depuis 2 heures jusqu'à 7 heures du soir. C'est un bombardement intensif de part et d'autres. Impossible de quitter nos souterrains.
Il y est tombé 2 obus sur notre abri, heureusement qu'il était très épais et bien recouvert avec des moellons, l'on en a été quitte pour une petite peur.
Quand nous sommes arrivés le bois était encore très épais maintenant il n'y a plus un sapin qui soit entier.
Tout est démoli, par endroit les trous d'obus se touchent, l'on est obligé de faire des petites clôtures avec des branches de sapin pour nous cacher de la vue des boches.
Le soir pendant l'attaque, toutes les communications sont coupées avec l'avant et avec l'arrière. Le lieutenant vient me trouver et me donne l'ordre d'installer une ligne de suite une ligne du colonel de brigade au commandant du 11ème bataillon de chasseurs.
Je pars avec 2 hommes. Nous déroulons notre ligne, je ne sais comment ni où. Plus de chemins. Tout est bouleversé, défoncés, les arbres couchés en travers.
Nous allons un peu à l'aveuglette pendant que tout autour de nous les obus éclatent et les balles sifflent à nos oreilles.
Tout d'un coup, peut être à 20 m de nous l'on fait partir des fusées. Avec notre ligne nous allons dans la direction, c'était justement en face du poste de téléphone.
Il était temps, nous n'avions plus de fils. De suite nous branchons la ligne, elle fonctionne, c'était une chance inattendue.
Elle a fonctionné 10 minutes, juste le temps de communiquer un ordre.
Nous sommes rentrés sauf de cette affaire là, le lieutenant m'a dit que c'était bien, c'est la 1ère fois depuis le début de la guerre.
Le reste de la nuit, nous l'avons passé à refaire nos lignes de l'arrière.
Dès 10 heures du matin, le bombardement recommence avec plus de violence que jamais. Depuis 1 heure de l'après-midi nos communications sont coupées avec Wettstein.
Le lieutenant me demande si je ne peux pas placer une ligne avec le boyau 6 mais je suis obligé d'arrêter car il m'est impossible de continuer.
Dans ces entre faits le lieutenant est blessé dans un abri juste au moment où je venais de le quitter.
Autour des 4 heures, le bombardement cesse un peu d'intensité. Je termine ma ligne.
Arrivé au poste de coupure j'ai trouvé le sergent avec une autre équipe qui attendait pour placer une ligne mais eux l'ont placé quand la nuit est venue et que le bombardement eut cessé.
Le restant de la nuit nous avons réparé nos autres lignes.
L'on nous envoie 2 chasseurs du 12ème bataillon qui doivent venir nous relever. L'on y fait reconnaître les différentes lignes.
Durant la journée l'on a été assez tranquille.
L'on vient nous relever.
Avant de partir le colonel Passager commandant la brigade me fait appeler et me remercie. Il me demande mon nom, matricule et celui de deux de mes hommes et me dit qu'il me ferait avoir la croix.
Il voulait que je reste encore la journée au Linge mais comme il n'y avait pas de place pour nous loger dans l'abri le sergent téléphoniste des chasseurs lui a dit qu'il voulait bien faire seul et nous sommes partis.
Nous étions tous bien contents car il y avait 15 jours que l'on ne s'était pas lavés ni changé de linge aussi presque tous nous avons des poux.
Nous quittons vivement le Linge.
Nous arrivons à Mulwenwaldt mais notre régiment était parti depuis la veille au soir pour Tinfronce.
Nous cassons la croûte du pain et du singe et nous partons pour Tinfronce.
Nous arrivons à 4 heures du soir, tous les camarades étaient heureux de nous revoir.
Le colonel fait demander nos noms et nous propose 6 pour une citation et la croix de guerre.
Après s'être rechangés des pieds à la tête car nous en avions besoin, nous étions remplis de poux, l'après-midi nous partons pour aller prendre notre nouveau secteur.
Nous allons jusqu'au bureau du colonel où un guide du 297ème (c’est le régiment que nous relevons) vient me chercher avec 7 hommes pour nous conduire à la tête de Faux. Nous trouvons le temps bien long pour y grimper car ça monte beaucoup.
Le sommet est à 1219 mètres d'altitude. Je répartis mes hommes dans les différents postes et je demande des plantons car nous ne sommes pas assez nombreux pour occuper les postes.
Il y en a 7 et nous sommes 8.
Les téléphonistes du 297ème restent encore deux jours avec nous pour nous mettre au courant.
Je reste au poste central du carrefour du Chêne avec 2 hommes et un planton. Je crois qu'ici nous allons être tranquilles car le secteur est très bon aussi je pourrai en profiter pour un peu me remettre des fatigues de ces jours derniers et en même temps pour un peu remettre mon linge en état.
Durant notre séjour ici nous avons été bien tranquilles. Notre plus grand travail était de faire des bagues et de jouer aux cartes.
Il y est venu un nouveau lieutenant téléphoniste pour remplacer le lieutenant Bastin.
Il est venu me voir une fois, il a l'air bien gentil.
Le 11
Les 6 hommes qui étaient venus avec moi au Linge ont reçu leur citation. Ils sont tous cités à l'ordre de la brigade.
Quant à moi, le lendemain je suis allé trouver le lieutenant qui m'a dit de ne pas me tourmenter à ce sujet car j'étais l'objet d'une citation à part.
Enfin, j'attendrai et je verrai toujours bien.
Depuis quelques jours circulent des bruits de départ, l'on cause beaucoup que nous devons retourner dans notre ancien secteur du coté de Dannemarie.
Le 14 septembre au soir, il y est arrivé à Tinfronce un bataillon de chasseurs du 62ème qui est parti relever aussitôt le 5ème bataillon du 372ème qui était au col du bonhomme. Quant à nous, le 6ème, il paraît que c'est le 63ème bataillon de chasseurs qui doit venir nous relever.
Le 15 au matin, il y est venu un caporal téléphoniste du 63ème avec un homme pour reconnaître le réseau. Dans la soirée les compagnies ont été relevées ainsi que nous autres mais nous ne sommes partis que le lendemain.
Départ de la tête de faux à 6 heures pour Barançon.
Arrivés à Barançon à midi nous restons encore en subsistance à la 24ème compagnie car la CHR est déjà partie.
Départ de Barançon à 3 heures, arrivée à Lavelines France à 11 heures. C'est notre lieu d'embarquement. Nous embarquons à 1 heure de l'après-midi et arrivons à Belfort à 8 heures.
Après une heure de pose nous partons à 9 heures pour Frais. Nous étions tellement fatigués que nous sommes seulement arrivés à 2 heures du matin le 18.
La compagnie HR étant à Fontaine, je veux partir avec mes hommes pour aller les rejoindre mais justement il faut un caporal avec deux hommes pour rester au poste téléphonique que nous venons d'installer, alors je reste.
Dans la journée je vais à Fontaine pour y chercher mon vélo et le soir je m'empresse de filer jusqu'à la maison. J'étais heureux de revoir mes parents car il y avait 4 mois que je ne les avais pas vus.
Je suis rentré le matin.
Je n'ai eu qu'à me reposer et l'après midi aller jusqu'à Fontaine où je suis été bien reçu chez les gens où j'allais la première fois.
Messe militaire à Frais. Je demande la permission pour aller jusque chez moi. J'arrive juste pour dîner, l'après midi je vais jusqu'à Grandvillars revoir ma petite bonne amie qui a été très heureuse de me revoir.
Je suis rentré pour souper et je suis seulement rentré à Frais pour 5 heures.
Le 6ème bataillon est parti pour l'Alsace alors je démonte l'appareil et je rentre à la CHR à Fontaine. Comme il n'y avait pas de place pour coucher j'ai couché dans une voiture.
Nous sommes cantonnés au même endroit que la première fois.
Le 5ème bataillon est aussi parti mais la CHR reste, alors avec un camarade nous allons loger dans une grange à coté.
Nous sommes très bien, le soir je vais jusqu'à la maison.
Nous restons encore à Fontaine jusqu'au jeudi 31 août.
Durant ce laps de temps j'en ai encore profité pour aller jusqu'à la maison et encore une fois voir ma petite à Grandvillars. Nous comptions bien retourner en Alsace mais depuis quelques jours des bruits de départ circulent.
Mais le jeudi après-midi, nous recevons l'ordre de nous préparer et de charger les voitures pour partir le lendemain. Il paraît que nous devrons aller au camp de la Valbonne près de Lyon
Départ de Fontaine à 2 heures, arrivée à Belfort à 6 heures. Nous embarquons à 8 heures. J'ai justement trouvé Gustave Faivre qui va prévenir mes parents de mon départ.
Nous marchons en chemin de fer toute la journée. Nous arrivons en gare de Meymieux à 10 heures et de là nous avons encore 14 Kms pour arriver à Monthuel.
Nous arrivons à 2 heures du matin, nous couchons au théâtre sur les planches et pas de pain à manger.
------//-----De nombreux feuillets doivent
manquer-----//------
Le régiment est embarqué début octobre pour La Grèce à
Salonique. Il fait donc partie de l’armée d’Orient.
Par un contre torpilleur. A partir du coucher du soleil ils ont interdit de faire aucune lumière sur le pont ainsi tous les hublots sont fermés et il est interdit de ....//..nous avons chacun une petite ...//
L'on est très bien pour dormir aussi j'ai passé une bonne nuit.
Au matin en nous réveillant nous apercevons les côtes de la Corse ensuite de la.....//.....français qui nous a salué.
Nous sommes en vue des côtes de Sicile.
Nous croisons un grand nombre de bateaux qui se livrent à la pêche.
Aujourd'hui il y a un peu plus de houle à bord et la brise est plus forte aussi un grand nombre de camarades sont indisposés et ne peuvent rien manger de toute la journée.
Le matin, messe militaire ........//.........pour un quart de vin à chaque repas. Nous faisons des exercices en cas de naufrage.
Chacun doit mettre une ceinture de liège qui se trouve sur le pont et attend que l'on mette les canots à la mer à moins que l'on ne soit torpillé alors le plus simple c'est de sauter rapidement à l'eau.
Cette fois ci nous sommes bien en pleine mer, de n'importe quel coté que l'on regarde l'on n'aperçoit
.......//.......de vitesse avec notre paquebot.
Ici il fait une chaleur terrible, l'on se croirait en plein mois de juillet.
A bord l'on chauffe, l'on est obligé de rester sur le pont et simplement en bras de chemises. Pour le moment nous sommes dans les plus mauvais parages pour les sous marins ennemis.
La mer est toujours très calme.
De toute la journée l'on commence à apercevoir les côtes de l'île de Crête et de beaucoup d'îles de la Grèce, aussi nous sommes contents car ça commence à sentir la terre.
Nous sommes en vue de Salonique.
Nous arrivons au port à 10 heures du matin mais comme le paquebot ne vient pas directement au quai de débarquement, ce sont des chalands qui viennent nous chercher pour nous conduire à terre.
Nous débarquons à 2 heures, seulement comme il faut un caporal et des hommes pour attendre la voiture du téléphone, c'est moi qui suis désigné avec 8 hommes.
Nous restons au port toute la nuit et encore la matinée du lendemain 14 à attendre les chevaux qui ne sont pas encore débarqués.
J'en profite pour visiter un peu le quartier qui se trouve à proximité.
De loin la ville paraît très belle mais quand on la visite ce n'est plus pareil. Il y a des rues qui sont très bien mais d'autres sont très mauvaises.
Les gens sont très mal habillés, la plupart ce sont des turcs, ce sont des gens qui sont dégoûtants, ils empoisonnent et ils n'inspirent guère confiance.
Dans les rues ça sent mauvais, tout ce que l'on trouve à manger c'est de la friture mais l'huile qu'ils se servent empoisonne le rance.
J'ai acheté quelques cartes postales pour envoyer à mes parents et amis.
Nous sommes partis à 4 heures de l'après-midi pour aller jusqu'au camp qui se trouve à 4 kms de la ville.
Arrivés là bas ce n'est que des tentes sur toutes les hauteurs environnantes. Il y a beaucoup d'anglais, ce sont pour la plus grande partie presque tous des jeunes aussi pour se procurer de l'argent ils vendent tout ce qu'ils peuvent, couteau, rasoir, tabac etc...
J'ai vu Auguste Maunnier qui est au génie, ils sont arrivés après nous mais ils partent encore avant nous.
Le 244ème et le 371ème partent à leur tour.
Le 20 au soir, l'on nous dit que nous partons le lendemain pour la Serbie.
C'est la 133ème brigade qui nous remplace au camp, déjà le 235ème est arrivé.
Nous quittons Salonique le 21 à 3 heures 30 du soir, nous passons la première gare frontière à Guew-Guerrich à 11 heures, nous arrivons à Grivolach à 3 heures du matin.
Nous avons encore 1 heure 30 de marche pour arriver jusqu'à notre cantonnement. De toute la nuit nous n'avons rien dormi aussi nous sommes tous bien fatigués quand nous arrivons à Necotina.
C'est là que nous allons cantonner.
Aussitôt arrivés nous buvons un bon jus et un peu de bouillon, cela nous réchauffe car nous sommes tout mouillés, il a plu toute la nuit.
L'on nous fait installer nos tentes dans un terrain labouré, une fois installé il faut démonter car le champ est ensemencé de pavots. Nous repartons un peu plus loin et toujours sous la pluie aussi nous sommes trempés.
Enfin nous serons mieux ici car au moins la terre n'est pas labourée.
Ici les gens ne sont pas très sûrs car c'est une partie de la Macédoine qui a été prise aux turcs il y a 2 ans aussi la plupart sont encore turcs et bulgares, c'est défendu de sortir sans être armés.
Presque tout le pays est en ruine depuis la dernière guerre.
Il y a un quartier entier qui est démoli, ce sont les bulgares qui l'ont brûlé avant de l'évacuer. Dans tout le pays l'on ne voit pas de bois mais pourtant le pays est assez agricole, c'est assez bien cultivé.
Le soir, l'on se couche tous bien content car la nuit avant l'on n'a rien dormi.
Il fait un sale temps, il pleut toute la journée.
Nous installons une ligne du bureau du colonel jusqu'au camp à sa tente.
Tous les soirs à 5 heures, rassemblement pour le salut au drapeau, il paraît que c'est pour nous faire souvenir notre mère patrie la France.
Si seulement on y était ça vaudrait mieux que ces sales pays ici car l'on ne trouve rien.
Les gens ont tellement peur de nous qu'ils ont enfermé toutes les jeunes filles du village aussi je n'en ai encore pas vu une depuis que je suis ici, quoique l'on s'en fiche car vraiment ces gens là ne sont pas intéressants.
Nous avons messe militaire en plein air. Il fait beau mais tout cela ne vaut pas la France.
Il fait un mauvais temps toute la journée, il pleut le soir.
Nous avons eu un courrier aussi tout le monde était bien content de recevoir des nouvelles de France.
Je pars avec 2 hommes pour Krivolak pour aider les Serbes et prendre les télégrammes en français.
Aujourd'hui est arrivé le général de division LEBLOIS avec tout son état-major.
Il va loger à Negodin aussi le secrétaire du général de brigade me fait changer l'appareil de place.
Nous avons placé une ligne directe de Negodin à Krivolak, du bureau du colonel du 372e à l'état major de la brigade.
Le soir, le lieutenant m'a envoyé encore un homme pour assurer le service.
La nouvelle ligne que l'on a placée hier ne fonctionne pas aussi après plusieurs recherches l'on en place une autre en câble léger mais jusqu'au soir impossible d'avoir la communication.
Le soir, le lieutenant me renvoie encore deux hommes pour assurer le service.
Heureusement que le poste serbe fonctionne.
Aujourd'hui le canon tonne dès midi. Dans la soirée les bulgares ont attaqué mais ils ont facilement été repoussés et nous n'avons pas eu grande perte
Rien à signaler sinon quelques fusillades dans la journée.
Jour de la Toussaint.
Il a fait une très belle journée, il faisait même très chaud. Toute la journée l'on a travaillé après notre ligne qui ne fonctionnait pas.
Aujourd'hui nous avons changé notre appareil car la tonalité ne fonctionnait pas.
Aujourd'hui comme il fait beau, j'en profite pour changer de linge et laver.
A partir de 10 heures, les Bulgares ont commencé à nous bombarder jusqu'à midi ensuite ils ont attaqué mais sans résultat.
Le 244e a eu quelques pertes.
Je reste au poste de Krivolak jusqu'au 9 novembre car mon régiment a remplacé le 244e sur le Kara Hodzali alors le lieutenant me dit de laisser un homme et de monter.
Je monte à Kara Hodzali. J'arrive seulement le soir et j'ai pris une bonne suée en y grimpant car par endroit ça monte à pic.
Le soir, comme je n'avais pas de trou pour coucher, je suis allé coucher sous une tente à la 21ème compagnie.
N'ayant pas dormi je commence à creuser un trou d'environ 1 mètre pour m'abriter et pour coucher.
Il m'a fallu 3 jours pour le faire.
De temps à autres je suis dérangé par quelques marmites que les Bulgares nous envoient mais à présent ils bombardent la gare tous les jours.
Hier il y a un wagon qui a brûlé.
Se sont passés sans qu'il n'y ait rien d'anormal.
Dans la nuit du 15, une petite fusillade s'est déclenchée mais elle n'a pas duré longtemps.
Le lieutenant me fait descendre avec 3 hommes à Krivolak pour chercher 8 tôles ondulées aussi le soir j'étais bien fatigué car ce n'était pas des petites tôles, elles pesaient 40 kgs pièce.
Le soir je les ai amenées au ravitaillement au fond de la montagne et je suis remonté.
Aussitôt après le jus je suis reparti avec mes 3 hommes jusqu'au ravitaillement pour chercher les tôles. On les a fait monter à dos de mulets.
L'après midi comme je n'étais pas bien je suis parti couché.
Le lieutenant m'a dit de descendre à Pepeliste pour me soigner et de faire monter un homme à ma place.
J’ai été malade, j'avais la fièvre, je ne pouvais rien manger.
Tous les jours je prenais des pilules de quinine mais ça ne me faisait pas grand chose seulement j'avais toujours soif, je buvais beaucoup de thé et de café.
Je suis retourné à la visite.
Cette fois le major m'a donné autre chose pour me débarrasser l'estomac.
Le lendemain j'ai un peu commencé à manger.
Voici quelques jours nous avons de la neige et il fait un froid terrible. Au sommet du piton ils avaient -17°.
Nous restons à Pepeliste encore jusqu'au 3 décembre.
Ce jour là, nous évacuons nos positions et commençons notre retraite sur la frontière que le premier soir. Nous avons environ 12 kms à faire mais par quels chemins !
Il n'y en a pas, d'ailleurs aucune voiture n'a pu suivre.
Ce n'est que marécage et bourbier où l'on enfonce jusqu'à mi-jambe. Justement ce soir là j'avais un fort rhume ce qui me gênait beaucoup pour marcher car j'étais bien pris de la poitrine.
Heureusement que j'ai trouvé des camarades complaisants pour porter mon sac pendant une pause car autrement je n'arrivais jamais.
Aussitôt arrivé, je me suis laissé tomber sur la paille et j'ai bien dormi jusqu'au matin malgré que j'avais les souliers pleins d'eau.
Nous passons la journée à Duplyany, c'est le nom du patelin où nous sommes. On démonte les baraques pour faire du feu.
Nous partons à 8 heures.
Après une marche de 2 heures dans les champs nous prenons un sentier dans les montagnes. Ca vaut mieux car l'on fatigue moins en marchant.
A 3 heures nous faisons la grande halte, viande froide et un quart de jus, nous voilà reparti.
Nous arrivons à Strumitza à 8 heures du soir.
Nous avons fait 30 kms pour notre journée. Pour coucher il faut monter la tente et il n'y fait pas chaud. Pas de paille, il faut se coucher sur la terre humide en étant encore tout en sueur. Pas seulement un quart de jus bien chaud.
Aussi le matin j'étais levé de bonne heure car j'étais gelé.
Nous quittons Strumitza à 6 heures du matin. Il ne fait pas trop chaud, au début cela va bien mais ensuite le soleil commence à chauffer et l'on fatigue beaucoup.
Nous faisons la grande halte à midi, à 2 heures nous repartons. On nous dit que nous sommes bientôt arrivés mais nous marchons jusqu'à 7 heures du soir.
Nous arrivons à Givevguh, c'est le lieu où nous devons coucher, nous logeons dans les casernes grecques.
On est heureux de pouvoir passer une nuit bien tranquille.
A midi je reçois l'ordre de partir avec 5 hommes pour rejoindre le 5ème bataillon qui est à Sermenina.
Nous quittons Givevguh à 3 heures, nous emportons 5 appareils et 8 kms de fils mais nous laissons nos sacs car nous avons pris seulement la couverture et la toile de tente ainsi que les vivres de réserve.
Nous n'avons pas de guide pour nous conduire et dans ces pays les chemins font défaut, il y a juste un petit sentier. Cela va très bien jusqu'à la nuit car le sentier est reconnaissable aux empreintes laissées par les mulets qui font le ravitaillement mais ensuite l'on n'ose plus avancer de peur de se tromper de direction.
J'ai usé 2 boites d'allumettes pour reconnaître les pas des mulets quand tout à coup nous croisons une patrouille de chasseurs d'Afrique. Ils nous disent que nous avons encore 9 kms à faire aussi nous n'en pouvons plus.
Il est 8 heures et comme il s'y trouve comme un fait exprès une remise qui se trouve à proximité, je décide d'y passer la nuit.
Après avoir pris nos précautions nous enfonçons la porte, l'intérieur est rempli de paille. Nous gardons nos carabines à nos cotés en cas d'alerte et nous passons la nuit bien tranquille.
Nous partons à 7 heures et nous arrivons à 10 heures à Sermenina auprès du commandant du 5ème bataillon qui me dit d'attendre jusqu'à 1 heure pour poser mes lignes.
Juste au moment où nous allons commencer notre installation l'ordre arrive que nous partons demain matin alors comme ça le travail est tout fait.
Réveil 4 heures. Nous quittons Sermenina à 5 heures. Pour nous en retourner nous prenons un chemin plus court que pour l'aller car à 11 heures nous arrivons à Givevguh.
Ce soir là nous avons eu un bon courrier et ce qui faisait le plus plaisir, c'était les colis car ici bien souvent l'ordinaire est bien maigre.
Nous quittons Givevguh à 6 heures, à 10 heures nous sommes à Bocodorika.
Nous y restons quelques jours ensuite nous franchissons la frontière (*) après bien des peines et les souffrances car souvent nous marchons dans des terres labourées où l'on enfonce jusqu'à mi-jambe.
Quelquefois tout mouillés couchés sur la terre détrempée sans pouvoir se faire sécher, comme nourriture un morceau de mouton, un peu de jus aussi avec ce régime un grand nombre de poilus ont dû être évacués.
Moi même j'étais méconnaissable à mon arrivée, j'avais perdu au moins 10 kgs et si je tenais encore debout ce n'était qu'à force de courage et de volonté.
Enfin nous arrivons à Jzorgine le 18 c'est ici que nous terminons notre retraite.
J'abandonne mon journal durant tout notre séjour ici nous avons été bien sous tous les rapports et nous avons pu reprendre des forces pour le jour où l'on nous fera marcher de l'avant
(*) : Il s’agit de la
frontière gréco-serbe.
Une partie du régiment,
certainement un renfort, périt en mer, après le torpillage du Provence 2, à
destination de Salonique, le 26 fév. 1916 vers 15h00. Dommage qu’il n’en parle
pas…
Carte de la 57e division
d’infanterie, on y trouve la position exacte du 372e RI, en janvier
1916.
Cliquez sur la carte pour agrandissement.
Je vais recommencer à remplir mon journal car hier soir nous avons reçu l'ordre de départ.
Ce matin, réveil à 3 h 15, départ à 7 h 30. Le 5ème bataillon seulement marche. Le 6ème reste encore au secteur pendant quelques temps.
Rassemblement à la sortie sud du village de Hoh Hodzalar à 6 h 30 à 6 kms de notre ancien camp.
Jusqu'à 9 h cela va très bien mais le soleil commence par chauffer dur et le sac est bien lourd. Nous passons au village de Varabunar. Aussitôt passé le village, les hommes commencent à fatiguer et déjà beaucoup abandonnent quoique sur la fin nous faisons la pause toutes les demi-heures.
Moi même je crois que jamais encore je n'ai autant souffert, c'est surtout la chaleur qui est terrible. Enfin nous arrivons quand même au village de Sarigoll à 1 heure. Il était temps car au moins 250 hommes avaient lâché le bataillon.
Aussi le soir j'ai bien dormi surtout que l'on repart le lendemain de bonne heure (marche de la journée : 34 kms).
Réveil à 2 h 30, départ de Sarigoll à 4 heures. Avant de partir le général de brigade a remis la légion d'honneur au médecin chef de service du régiment.
Nous ne sommes plus seuls, nous trouvons du 260ème et du 244ème qui marchent devant nous. Nous passons à Kustus qui, avant la dernière guerre balkanique, était une grande ville mais à présent il n'y a plus guère de monde car les ¾ du village a été détruit.
La marche est moins fatigante qu'hier car la chaleur est moins forte aussi bien moins d'hommes ont lâché.
Nous arrivons à Alexia à 11 heures, c'est là que nous cantonnons. Comme la rivière passe à coté aussitôt après avoir mangé un peu de bouillon et bu un peu de café, de suite on en profite pour aller prendre un bon bain qui remet un peu des fatigues.
Ce soir, nous avons la visite d'un Taube qui a sans doute pu repérer les emplacements des tentes. L'artillerie lui a envoyé quelques obus mais ils tirent affreusement mal, les mitrailleurs ont tiré aussi mais il était trop haut pour pouvoir l'attraper.
Comme demain dimanche nous avons repos, cela se pourrait bien qu'ils viennent nous revoir et avec des bombes.
Nous avons repos toute la journée.
Ce matin, un peu avant la messe, un Taube est passé qui nous a jeté une bombe qui heureusement n'a pas atteint son but et n'a causé aucun dégât. Je visite un peu le village.
Comme partout ailleurs ce n'est que ruines, il n'y a plus beaucoup d'habitants. Ce sont des turcs mais le terrain est bien mieux cultivé qu'aux alentours de Salonique.
Ici il y a déjà quelques arbres, les gens font l'élevage du ver à soie car il y a beaucoup de muriers.
Le matin réveil à 4h.
Travail de 6 à 9h.
Sieste jusqu'à 3 h et travail jusqu'à 6 heures.
Rien à signaler, nous partons demain en reconnaissance.
Réveil à 2 h 30, départ à 4 h.
Nous passons à S----.
La marche est très fatigante car à présent nous sommes dans les montagnes et il fait bien chaud. Nous arrivons en avant du village de Popovo à 11 heures bien fatigués mais de suite il faut que je place une ligne jusqu'au village à 2 kms.
Je rentre à 2 h ½ pour manger.
Le soir, une patrouille d’Uhlans est aperçue à la lisière du village, nous faisons un blessé prisonnier.
Rien de nouveau. Le matin deux patrouilles d’Uhlans ont été aperçues à la lisière du village de Popovo mais ils ne se sont pas aventurés.
A 2 heures, je pars pour relever la ligne, nous partons à 3 heures, nous arrivons au village de S--- à 7 heures.
Nous mangeons vivement la soupe et les légumes car de la journée nous n'avions pas eu de pain, l'on avait mangé une ration de biscuits.
Nous montons nos tentes sur un grand terrain sableux où l'on a les côtes un peu talées mais l'on dort bien quand même car on a besoin de repos.
Repos, nettoyage du linge et effets.
Réveil à 1 h, départ à 3 heures.
Nous suivons derrière l'échelon du train combat aussi la marche est très mauvaise car les mulets font beaucoup d'à-coups et la marche est très pénible car c'est tout à travers montagnes.
À 9 h 30, nous arrivons au village de Todorovo, c'est là que nous cantonnons.
Durant la journée l'on a ramené beaucoup de réfugiés que l'on a installés dans un camp. Il y a de quoi rire, il y en a de toutes les nations mais la plupart des femmes l'on ne peut pas y voir la figure car elles se voilent.
Il y a des turcs qui ont 4 et 5 femmes.
Le matin l'on a évacué sur l'arrière tous ces gens qui, ici, nous embarrassaient plutôt.
L'après midi, nous avons placé plusieurs lignes pour relier le commandant du 5ème bataillon et la 17ème, 18ème et 20ème (*) aussi nous sommes rentrés très tard dans la soirée et plutôt fatigués.
(*) : Il s’agit des N° de compagnies.
Aussitôt le réveil nous déménageons de place.
Avec 4 hommes je vais m'installer à proximité du commandant. L'endroit n'est pas mal car au moins nous serons bien à l'ombre.
Nous sommes dans un petit bosquet, déjà depuis longtemps cela ne nous était pas arrivé.
L'on est bien dans un cimetière mais cela n'a pas d'importance.
Nous avons remplacé une ligne de câble léger par du fil téléphonique d'infanterie.
L'après midi, nous avons eu un orage terrible. La rivière qui à l'ordinaire est presque à sec, charriait l'eau à torrents.
Par endroit elle s'étendait sur une largeur de 100 m au moins.
Nous avons réparé les lignes qui avaient été coupées hier soir.
Cet après-midi, nous avons encore eu un orage mais moins terrible que hier.
Ce matin, les grecs nous ont encore amené 3 déserteurs bulgares. Presque tous les jours il y en vient.
R A S . Cette après midi de nouveau nous avons été vaccinés contre le choléra.
Les Grecs ont évacué Porroy et le 244ème a pris leur place. La 19ème a été s'installer en avant du village de Sokolovo
Tous les jours l'on fait évacuer les villages qui se trouvent dans nos lignes aussi du matin au soir c'est un défilé bizarre de femmes avec leurs gosses attachés derrière le dos qui marchent nu-pieds et les hommes sur les ânes.
L'on croirait voir une cavalcade.
C'est bien embêtant pour ces gens là d'être obligés d'abandonner leur foyer et leurs terres mais je crois que pour nous c'est une bonne mesure de sécurité car avec eux il n'y a rien à attendre de bon.
De temps à autres les Bulgares nous envoient des marmites mais cela n'est rien.
A présent il fait bien chaud, nous avons déjà eu jusqu'à 64°.
Hier nous avons touché les vestes kaki. Dans toutes les compagnies il y a beaucoup de malades aussi tous les jours l'on en évacue beaucoup sur Salonique.
Jusqu'à présent cela va mieux pour moi qu'en Serbie. Je ne sais pas si je pourrai supporter le climat jusqu'au bout.
Ce matin j'ai assisté à l'enterrement d'un soldat de la 20ème qui est mort de maladie.
Ça fait déjà 2, cela est bien triste de mourir ainsi et si loin de sa famille.
Jusqu'à présent nous étions bien tranquilles, mais ce soir, les Bulgares, comme nous les avions embêtés, ont voulu nous faire voir qu'ils avaient aussi des pièces d'artillerie.
Ils ont tiré une dizaine de coups qui sont tombés autour de nous.
L'un a éclaté à environ 30 mètres du poste téléphonique mais il n'y a pas de mal de personnes.
Jour de la fête nationale mais il n'y a rien eu, l'on croyait que les Bulgares nous embêteraient mais ils ont été assez tranquilles.
Pour l'ordinaire ça a été comme à l'habitude mais le lendemain 15 on a eu un petit supplément et 1 bouteille de champagne à 4.
Toute la matinée les Bulgares nous envoient des marmites mais il y en a les ¾ qui n'éclatent point.
Fin du carnet
Je
désire contacter le propriétaire
Vers d’autres témoignages
de guerre 14/18