Extrait du carnet de campagne tenu de 1914 à 1918

par  Jean GENSOUS

Cuisinier à la Compagnie hors rang du 214° régiment de réserve

(d’août 1914 à novembre 1915)

 

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Jean Gensous, classe 1905, pendant son service militaire au 88° R.I.

Le carnet a été tenu jour après jour pendant toute la guerre. L’extrait présenté ici s’étend d’août 1914 à avril 1916 et concerne la guerre dans la Meuse.

 

Merci à Raymond 

 

 

 

 

 

Couverture de son carnet

1914

 

J’ai été mobilisé le 3° jour (d’août) 1914, suis parti de La Teste le 4 août à 6h et demie du matin et arrivé à Toulouse, caserne St Cigne à 11h du soir après être passé par Langon, Tonneins, Agen et Montauban.

 

Du 5 au 11 employé comme cuisinier de toute la compagnie hors Rang du 214e.

Parti de Toulouse gare, le 11 août à 2 heures du soir, passé par Montauban, Cahors, Brives, Limoges, Bourges, Auxerre, Troyes, Vitry le François, Ste Menehould, jusqu’à Cuperly.

Arrivé le 13 à 14 heures.

 

Parti de la gare de Cuperly (Mourmelon le Grand – Marne) pour Bussy-le-Château  (près de Suippes) et arrivé vers 4h.

 

Reparti de Bussy le 16 août à midi pour alerte, pour Somme Bionne 30 km.

 

Reparti le 17 au matin pour Clermont en Argonne, 38 km, arrivé vers 6heures du soir.

Reparti le 18 au matin pour Rampont (Souilly – Meuse) 30 km où nous sommes restés le 18-19-20 août. Reparti le matin du 21 pour destination inconnue.

Grande halte au bord du canal à l’entrée de Verdun et arrivé à Grimaucourt (Meuse)à 4heures du soir, 40 km.

Reparti pour alerte le 22 août 1914 au soir avec le train régimentaire.

Couché au carrefour d’Oux  sous un fourgon, reparti le 23 après-midi pour Hamel (Ornel) 25 km.

(terrible bataille de canon)

La nuit, de garde et sentinelle dans un bois.

 

Le 24 au matin reparti pour Hamel 20 km.

Premier obus, vision effrayante, retraite précipitée de tout le convoi de la division. Le 25 sur la route de Verdun, couché au devant du fourgon.

Le 26 au plateau de Fleury sous les fourgons.

Reparti pour rejoindre le régiment au bois d’Orne à 4h du soir. Parti de ce bois avec la pluie (sans manger)

Très mauvaise marche, beaucoup de côtes.

Traversé Verdun (malade) arrivé à Dugny (Verdun – Meuse) 30 km à 2h du matin.

 

Reparti de Dugny le 27 à 6h du matin pour les Paroches à 2 km de St Mihiel… 25km, arrivé à 2heures du soir.

Repos le 28, reparti le 29 pour Ancemont 25 km Demi tour à  Villiers 7 km.

Très bien reçus et logés. (Bu Pernod et liqueurs pour la première et la dernière fois)

Reparti de Villiers le 30 au matin pour destination inconnue, grande halte à l’entrée de Verdun.

Reparti pour Dieppe-sous-Douaumont, 40 km, arrivés à 1heure du matin.

Fusillade à l’arrivée.

Reparti le 31 août au matin, traversé les forts et les camps retranchés de Verdun. Arrivé et bivouaqué à la ferme de Marmont 20 km.

 

Reparti le 1e septembre 1914 au matin pour le plateau de Haumont saumanien ?

Grosses marmites le soir.

Au rassemblement de la division de Verdun, grande distribution de grosses marmites par 4 à la fois. Bivouaqué sur le plateau du 1 au 2 et reparti le matin vers 4 heures.

Grande halte à Champ et café à l’entrée de Verdun.

Reparti pour les Monthairons 40 km, arrivé vers 2 heures de l’après midi. Reparti le 3 au matin pour Ambly 7 km.

Le 4 repos.

Reparti le 5 pour Neuville-en-Verdunois (Pierrefitte sur Aire – Meuse). Grande cuisson de lapins.

 

Le 6 au matin, reparti pour Souilly (Meuse) bivouaqué sur le plateau avec le ventre vide et à peine à boire. Nuit bien triste. Reparti en combattant le matin du 7 pour Ippécourt.

Essai de prise du village vers minuit.

 

Le 8 au matin redescendu pour ravitailler et remonté aussitôt avec de l’eau et du pain sous les grosses marmites boches.

L’après-midi et le soir, prise du village à l’assaut à travers les balles et marmites.

Traversé le village à 9 heures du soir, à moitié incendié et en ruines.

Passer sur les morts et les blessés, les vaches et les chevaux crevés.

Rien de plus lugubre et triste.

 

Le 9 septembre bivouaqué à mi-chemin de Vladincourt et ravitaillé en vin, tabac et munition.

Reparti occuper le plateau d’Ippécourt (Soilly – Meuse)

Le 10 couché dans la tranchée.

Touché la distribution de vivres au milieu d’un grand bombardement dans la nuit,  pluie, nuit affreuse.

 

Le 11 au matin, repas moitié cuit au bord de la route, au milieu de la mitraille Coup de pied aux marmites  et reformation du régiment à Vladincourt.

Eloge du colonel sur la route.

Reparti le 11 à midi, pour Courouvre (Pierrefitte sur Aire – Meuse), traversé grande forêt et petits postes boches. Chemin impraticable, marche lente et affreuse.

Arrivé à Coursonne 4 km le 12 à 2h du matin.

Touché vivres et lapins à volonté.

Fait la popotte toute la journée dans le village, la journée, grand festin de lapins. Le soir reparti en petit poste sur le plateau et reparti pour la distribution dans le village.

Nuit noire, pluie torrentielle et égarés dans le bois.

Cuisiné toute la journée du 13 dans le village de Courouvre (Meuse).

Cuisson de 12 lapins (bien réconforté)

Le soir reparti pour les petits postes, couché dans un trou dans la tranchée sous la pluie, mouillé le dessus et dessous sans sac.

Nuit terrible.

 

Le 14 fait le café et la cuisine à la ferme de Brabant.

Départ à 2 heures du soir pour les Monthairons (Dieue – Meuse), 30 km. Arrivé à 9h du soir : vannés. Le matin au réveil pas de café (reproche du lieutenant) et reparti vers 10h le 15 septembre pour Eif –25km- arrivé là à 7h du soir et repos le 15 – 16 – 17.

Reparti le 18 au matin pour Abaucourt (Meuse).

Confitures de prunes, bien campés, mauvais temps. Le 19 au matin reparti pour la ferme d’ Haraigné et y séjourné le 19 et 20 septembre – bien campés et très bien nourris.

Reparti le 21 au matin pour destination inconnue et arrivé au carrefour St Rémy vers 4h du soir.

Temps affreux, pluie d’obus et balles, bivouaqué au carrefour dans gros trou d’une sablière, nuit épouvantable sans veste ni tricot. Reparti le 22 au matin jusqu’à l’entrée de Rancières 10 km. Cuisiné toute la journée à l’entrée. Bon vin de la cure ½ s extra. Parti vers le soir et bivouaqué sous le petit bois et sapins.

Reçu le 2° dépôt.

 

Reparti le 23 au matin pour Vaux les Palameix (St Mihiel – Meuse) par le Lizeral après Vaux.

Reparti dans le village pour la cuisine et le café. Grands bombardements, de grosses marmites.

Reparti avec un sapeur et perdu la section, le sapeur blessé et enfin vers le soir, retrouvé le poste du colonel. Bivouaqué avec les cyclistes et le matin du 24 retrouvé la section et reparti pour le bois des Chevaliers.

Couché le soir au fond du bois à côté des Boches et autour du colonel et du drapeau.

Le matin en retraite sous la pluie de shrappnels et marmites et balles.

Ai bivouaqué à côté du chemin des Hautes Ornières. Soutenu une grande attaque à l’entrée de la nuit du 25 avec la musique et le matin du 26 contre-attaque.

Cherche distribution à Troyon (St Mihiel – Meuse) et de retour à 4h du matin.

Du 26 au 28 septembre, resté dans le bois et soutenu 10 attaques Beaucoup d’ennuis pour l’eau et la cuisine et le ravitaillement.

 

Ainsi de suite jusqu’au 2 et contre-attaqués jours et nuits.

Cuisiné au fond du bois comme on pouvait et ravitaillé à 5 ou 6 km en arrière.

Dix jours d’endurance, de souffrance, d’énergie et de sang-froid.

Parti le 2 octobre à midi pour Baneires, prendre du repos les 2 et 3 et reparti le 4, 5 , 6 et 7 pour la ferme de Palameix 5 km.

Le 8 et 9 repos à Rancières, le 10-11-12 et 13 pour Palameix, le 14 et 15 octobre repos à Rancières, le 16, 17, 18 et 19 à Vaux les Palameix (St Mihiel – Meuse).

Le 19, violent bombardement de la ferme, environ 30 grosses marmites. Le 20 et 21, repos à Rancières.

Le 28 et 29 en deuxième ligne dans le bois du Lizerail.

Le 30 et 31 en première ligne dans le bois de Vaux.

 

Le 1° novembre 1914 et le 2 repos à Rancières cérémonie religieuse, la 1° fois depuis la guerre.

Le 3 et 4 en deuxième ligne, le 5 et le 6 en première ligne, le 7 et 8 repos à Rancières, le 9 et 10 en 20 ligne, le 11 et 12 en 1° ligne, le 13 et 14 repos à Rancières, le 15 et 16 en 2° ligne, le 17 et 18 en 1° ligne, le 19 et 20, repos à Rancières, le 21 et 22 en 2° ligne, le 23 et 24 en 1° ligne, le 25 et 26, repos à Rancières. Le 27, 28, 29 et 30 en 1° ligne Bois des chevaliers.

 

Le 1° et le 2 Décembre à Rancières.

Le 3, 4,5 et 6 en 1° ligne Bois d’Apremont.

Le 7 et 8 repos à Villers sur Meuse, mauvais cantonnement.

 

1915

 

Du 9 décembre 1914 au 11 février 1915, Bois des Chevaliers en 1° ligne.

Bien mal campé au début. Bombardé plusieurs fois et froid, neige et pluie.

 

Le 12, 13,14 et 15 février 1915 repos à Villers, mauvaise cuisine, malade 4 jours de suite.

Reparti le 16 février au matin à 3h. Chemin affreux, nuit noire, beaucoup de boue, 12 km environ, arrivé vanné à 7h au bois des chevaliers et resté du 16/02 au 3/03.

Reparti le matin pour Villers et repos les 5, 6,7/03

Reparti le 8 au matin pour les Chevaliers jusqu’au 25 et violente canonnade en arrivant au bois.

Repos à Villers les 26, 27,28 et 29.

Revue le 29 Mars, deux soldats ont été décorés de l’ordre russe.

Reparti pour le bois les 30, 31 mars et 1° avril 1915, 2, 3, 4, 5,6 et 7/04.

 

Grand bombardement du poste pendant 2 heures, grandes attaques à La Selouze, très mauvais temps. 8, 9  jusqu’au 18  et 24 avril bombardement, violentes attaques d’artillerie et fusillade boche.

Le 25, deux prisonniers lorrains se sont rendus.

Le 26 et 27 grande attaque boche, 28, 29 avril 1° mai, 2,3, jusqu’au 7/05 bombardement du poste, 8 à 18 mai bombardements du poste, départ pour Ambly (Meuse) le 19 au 22/05, assez bien logés (bombes pendant 4 jours)

Le 23 retour aux chevaliers 24/05 au 1/06.

 

Départ pour Tilly sur Meuse et y reste au repos le 2,3 et 4 juin, mal campé, mais vin en quantité et prend café potable depuis …. Le 5 au soir départ pour La Croix sur Meuse et y reste et plusieurs fois bombardé du 5 au 25 juin.

 

Jean Gensous en 1915

 

Reparti vers le soir pour Troyon (St Mihiel – Meuse) et y passe les journées du 26 au 28. Grande abondance de vin vers le soir et reparti le 28 pour Rouvroy (Aisne ou Marne ?) par la barque de ravitaillement sur le canal.

Allé jusqu’à Mezey et revenu à Roumoy arrivé vers 1h du matin et y reste Plusieurs fois bombardé du 13 au 14 juillet 1915.

Chant de la Marseillaise Décoration de M Bailloud, (un officier) lendemain arrosage de la croix de guerre et ainsi de suite le 15 jusqu’au 28 juillet.

 

29/07 : Mort de ma petite fille. (Née après son départ à la guerre, il ne l’a jamais connue avant d’apprendre son décès).

 

Resté jusqu’au 12/08.

Parti le 13  à 15h en permission  de la gare d’Ancemont puis Dugny et Verdun, Sainte-Menehould, Bar-le-Duc, Ancy-le-Franc, Tonnerre, Sens, Orléans,  Bordeaux, Gujan Mestras.

Arrivé à La Teste le 16 août à 9h du matin et reparti de Bordeaux le 21 à 10h 30 du soir et passé par Le Creusot, Auxonne, Pontarlier, Is sur Till (Côte d’or), Chalindrey, Bar le Duc, Ste Menehould ,Verdun et Ancemont (Soilly – Meuse)

 

Arrivé le 25 à 6h du matin et rejoint le régiment à à Rouvroy  le 25/08 à 10 h du soir et continué jusqu’au 8 septembre 1915. Bombardement à côté de notre bicoque.

Jusqu’au 2 novembre 1915 : messe des morts, beaucoup de monde.

Jusqu’au 21 novembre 1915 : un obus sur notre bicoque.

Jusqu’au 6 décembre : beaucoup d’eau ; mauvaise distribution.

Jusqu’au 24 décembre, bon réveillon, duel d’artillerie à minuit.

1916

 

Jusqu’au 14 janvier 1916. Parti à 2h de l’après-midi, arrivé à Woujlem ? à 4h et reparti le 16 à 2h du matin, arrivé à Chaumont sur Aire à 7h du matin. Très bien cantonné et bien installé dans une bonne maison. Chez Mr et Mme Jossé (très bonnes gens) Bien nourris jusqu’au 8 février 1916.

 

Le 9/02 partis de Chaumont pour Ach..(Osches) ? 18 km avec la neige et le froid et reparti le 10 pour Valdincourt (Vadelaincourt ?) 4 km Reparti le 13 pour Mazeurlle ? 15 km et y resté  du 13 au 22 février.

 

Le 23 violent bombardement et 50 morts et blessés.

Reparti le 24 et couché sous la tente.  Reparti le 25 pour le « bois bourru » avec la neige et arrivé à 7h du soir. 10 km reparti le 28 pour la ferme Claire, couché au bord de la route et reparti le 29 à l’autre extrémité du bois bourru. Beaucoup de boue et de neige.

Et resté du 1 au 7 mars.

Bien marmité le 8 avec le 77 (le canon allemand de 77) et le 9 toute la journée. Beaucoup de morts et blessés, journée mémorable.

 

Reparti le soir vers 8h pour le train de combat  à 1 km de Gernou ?

Froid et neige.

Nuit affreuse et triste.

Le 10- 11. reparti le 11 au soir pour Marre, le village en flammes et reparti à 6h du matin en vitesse pour le bois bouchet.

Reparti le 14/03 à 10h du matin pour la route de Verdun et Ste Menehould.

Monté en auto et arrivé à Blemme ? (Beau temps) et reste du 15 au 18/03. Parti le 20 et embarqué pour Epernay.

Arrivé à 10h du soir et parti à pied pour Domany à 8 km. Reparti à 11h du matin pour Romigny (Fismes- Marne) 20 km et arrivé à 4h du soir.

Logé chez le maire et y reste du 22/03 au 4/04.

Parti en permission pour Paris – Bordeaux du 5 au 12 avril.

Reparti le 13 au soir et rejoint Romigny (Fismes- Marne)  et resté du 14 au 20/04/1916

 

 

 

 

 

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