Carnet de guerre de Jérôme LE SAOUT, 1914-1918

Journal de guerre de Jérôme LE SAOUT

1875 – 1926

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Jérôme LE SAOUT était marin pécheur, puis gabarier.

La gabare est une embarquation servant au transport des marchandises sur les rivières et les estuaires.

En août 1914, il avait 39 ans.

Il est logiquement affecté sur un navire, le "Charles Martel". Puis il intégre le 6ème colonial de Lyon.

 

Merci à Jean-Jacques pour le carnet de son arrière grand-père. Il lui a été conservés précieusement et remis par Andrée et Alain, leurs petits-enfants

Merci à Patrick et Catherine pour la recopie.

 

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La guerre de 1914 – 1915 – 1916 – 1917 – 1918

 

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Déclaration de la guerre le 1er août 1914.

Premier jour de mobilisation, le 2 août.

LE SAOUT Jérôme, inscrit maritime n°5094.

Né à Carantec le 25 décembre 1875.

 

Appelé par la mobilisation le 5 août 1914 à Brest ; après 8 jours passés à Brest à bord du « Charles Martel », retour à Morlaix d’où on m’envoie faire la moisson à Saint-Thégonnec jusqu’au 29 août, retour à la maison.

Mis à la disposition du Ministère de la guerre et versé dans les troupes coloniales le 27 novembre 1914.

Affecté au 6ème régiment d’Infanterie Coloniale.

1915

Arrivé au dépôt du corps à Lyon le 9 février 1915.

Je pars de Carantec le 7 février, arrivé à Lyon le 8, je passe la visite et habillé le même jour, je pars le 9 pour Valbonne rejoindre le corps d’armées et j’arrive ce jour.

Nous partons de Valbonne le 10 avril pour Paulet.

Nous retournons de nouveau le 22 pour Valbonne.

Le 24, je pars pour Lyon ; j’arrive à Sainte-Foix le 28.

Le 5 mai, je pars pour Saint-Irénée, le 8 aux Minimes, je retourne le 10 mai à Saint-Irénée.

 

Je suis désigné pour les Dardanelles.

Je pars de Lyon pour Marseille où nous arrivons le 12.

Nous partons de Marseille le 15 mai par le bateau "l’Australien" (des Messageries) pour Moudros où nous arrivons le 19.

Nous partons de Moudros le 21 pour les Dardanelles, nous arrivons le même jour, débarqué immédiatement, nous partons le samedi 21 mai au poste de repos.

Nota :

Il ne l'indique pas, mais il parait très vraisemblable que Jérôme LE SAOUT passe du 6e régiment colonial au 6e mixte colonial (futur 56e colonial). En tout cas le journal du 56e RIC "colle" intégralement au fait relaté dans son carnet.

 

Le 23, on nous envoie dans les tranchées, en 3ème ligne ; le 26, en 2ème ligne et le 29 en 1ère ligne.

Nous repartons de la 1ère ligne le 3 juin au matin, pour le poste de repos.

De là, nous faisons les boyaux pour la 2ème ; partis pour la 1ère ligne le 10.

Le 14, nous partons à 10 heures du soir au poste de repos auprès du cimetière.

 

Nous arrivons le lendemain matin ; alors, on nous dit, puisque nous avions 10 jours de tranchées, nous aurions eu 12 jours de repos ; pendant les jours de repos.

Tous les jours à l’exercice à 4 heures du matin jusqu’à 6 heures ; mais au lieu de nous donner 12 jours de repos, comme on nous avait dit, on nous envoie encore aux tranchées après 3 jours de repos.

 

Le vendredi 18 juin, en 3ème ligne, nous restons jusqu’au 21.

Le dimanche 20, on nous prévient que le lendemain 21, nous aurons une attaque à faire pour renforcer les Sénégalais. Nous montons en 1ère ligne, le lundi 21 à 3 heures du matin, pour l’attaque qu’il y a faire.

 

Nous nous reposons pendant le bombardement de l’artillerie et le lancement des bombes.

Durant 2 heures, environ, on ne voit rien avec la fumée.

Le bombardement continue jusqu’à 6 heures. C’est l’heure de l’attaque : on nous donne l’ordre de marcher en avant.

Nous croyions que nous étions pour rester en 1ère ligne, mais on nous fait sortir pour faire l’attaque : nous marchons en avant et nous gagnons la 1ère ligne turque.

Nous tirons sur les Turcs pour essayer de continuer l’avance, nous tenons bien un moment, mais quelques temps après, par contre attaque, les Turcs, avec des renforts, nous ont presque entourés.

Au dernier moment, quand on voit comment on est pris, on nous crie « Sauve qui peut ». Chacun se débrouille de son mieux : ceux qui peuvent, pour retourner à notre 1ère ligne de tranchée.

J’arrive au bord de ma tranchée, on me prend par les épaules ; une fois les derniers rentrés dans notre tranchée, on nous crie de tirer pour nous défendre, car voilà les Turcs qui viennent sur nous, je grimpe de mon mieux du coté de la tranchée pour tirer.

Chacun fait de son mieux : on tient bien à peu près un quart d’heure, puis on donne l’ordre de cesser le feu, mais quelques minutes après, les Turcs apparaissent de nouveau et on commence de tirer encore quelques balles.

Après quelques minutes, on ne voit plus personne, on cesse le feu.

 

Le lieutenant me dit alors « allons mon vieux, descendez pour vous défatiguer »

Je lui réponds que je ne suis pas fatigué.

«Descendez toujours », me dit-il.

«Vous serez mieux en bas que d’être là ».

Je descends plus bas dans la tranchée, je reste là, debout, en garde pendant quelques minutes, mais quand je pensais le moins, tout à coup, je sens un coup qui me frappe sur la poitrine.

Je suis blessé par un éclat d’obus dans le coté gauche ; après quelques minutes, comme je n’avais pas perdu connaissance, je me débrouille comme je peux vers le poste de secours.

Je marche de 4 à 5 kilomètres : je serai suivi par le sang jusqu’au poste de secours. On me coupe les effets pour me donner quelques soins.

De là, je rentre au poste du commandant, pour donner des renseignements et l’adresse de ma femme. Alors, je pars vers l’hôpital ; arrivé à l’hôpital, on me donne un quart de tisane et je vais aux vaccinations.

 

Après, je pars pour le bateau ; parti de terre, je change encore de bateau, enfin, nous partons des Dardanelles.

Nous arrivons à Moudros le 21 à 6 heures du soir. On nous embarque de nouveau sur le bateau « Théodore Nantes » où on reste jusqu’au 24 juin.

On part le soir à 7 heures pour Alexandrie.

 

On arrive le samedi 26.

Je passe la visite le dimanche matin.

Dans le bateau, on me fait subir une opération et on tire un morceau d’éclat d’obus du coté.

Je reste dans le bateau jusqu’au mardi 29.

On me débarque pour l’hôpital Pasteur station Cléopatra, Alexandrie, Egypte.

Je reste à l’hôpital jusqu’au 26 juillet ; je pars pour la France le 26.

Nous arrivons à Malte le 29 par le bateau « Sydney ». Nous partons de Malte le 29 à une heure du soir.

Nous arrivons à Marseille le 31 juillet, on nous débarque le même jour et on nous transporte par des autos, aux casernes.

Nous passons la nuit, à terre, à Marseille.

 

Le lendemain, nous retournons au casernement ; on nous donne nos papiers et je pars le 1er août de Marseille avec le train de 4 heures 30 du soir avec un mois de convalescence.

J’arrive à Paris le 2 ; à Morlaix, le 3 à 6 heures 15 du matin ; j’arrive à Carantec avec le courrier vers 9 heures et demie.

Ma convalescence finit le 1er septembre, la fièvre qui me retient sur mon lit.

Je reçois une prolongation de 25 jours.

Je retourne à Lyon le 25 septembre à Saint-Irénée où j’arrive le 26. On m’envoie à Fort-Loyasse, je passe la visite le 8 octobre à Villemanzy ; mis inapte.

Je pars de Fort-Loyasse le 13 octobre pour Fort-Vaise. Je reçois une permission de Fort-Vaise le 4 novembre jusqu’au 9.

Retour à Fort-Vaise jusqu’au mois de janvier 1916.

1916

Changement de régiment : je pars de Lyon le 14 janvier 1916 pour Montélimar, je passe la visite à Montélimar le 15, je rentre à l’hôpital le 16, on me passe la radiographie et on me fait savoir que je dois subir encore une opération.

On me fait l’opération le 27 janvier et on tire encore deux morceaux d’éclats d’obus de mon coté. Je sors de l’hôpital le 7 février pour un hôpital temporaire à la campagne, à Marsanne, où je reste 17 jours.

 

Je pars encore le 28 février pour Valence où je passe 8 jours. De là, je reçois un mois de convalescence du 29 février au 29 mars.

J’arrive de nouveau à Montélimar le 29 mars.

Je passe la visite et je suis mis dans la 1ère catégorie, 111ème régiment territorial.

Je reste 8 jours à Montélimar, après on m’envoie en équipe agricole pour 15 jours à Jaillant du 7 au 22 avril. Je rentre le 29 à Montélimar. On m’envoie de nouveau en équipe agricole à Pontaix du 28 avril au 15 mai ; retour à Montélimar le 13 mai et partir le même jour à Montbrisson jusqu’au 28 mai.

 

Retour à Montélimar ; je passe la visite le 3 juin et j’obtiens 15 jours de permission et 15 jours de prolongation.

J’arrive de nouveau à Montélimar le 3 juillet, on m’envoie encore en équipe agricole pour 15 jours à Montboucher ; retour à Montélimar, après quelques jours, je suis envoyé comme garde de voies à Chateauneuf-du-Rhône pour remplacer des permissionnaires.

Je retourne encore à Montélimar et j’obtiens 10 jours de permission du 18 au 28 août. J’arrive de nouveau à Montélimar le 28. Rappelé pour le service automobile, je pars à Lyon ; de Lyon à Fort-Vancia où j’arrive le 30 août.

 

Jérôme passe au 13ème régiment d'artillerie, section automobile

 

On m’envoie encore en équipe agricole le 3 septembre pour Perréon jusqu’au 6 octobre. Je pars pour Fort-Vancia et je reçois encore une permission du 19 octobre jusqu’au 10 novembre.

Je pars le 10 et j’arrive à Fort-Vancia le 12, le dimanche matin.

 

Je pars encore de Fort-Vancia le 21 novembre pour Lyon où je rentre à la caserne de La Part-Dieu pour apprendre le service automobile ; je passe 15 jours d’instruction et 2 jours de convoi d’essai.

Reçu comme conducteur automobile le 28 décembre 1916.

Parti en permission le 31 jusqu’au 11 janvier 1917.

1917

J’arrive de nouveau à Lyon, à La Part-Dieu le 11 janvier à 6 heures du soir. Je suis désigné de convoi le 16 pour Dijon.

Je pars le 17 au grand camp pour m’occuper de mon camion avant de partir.

 

Jérôme passe au 8ème escadron du train des équipages militaire (E.T.E.M.), puis au 20ème E.T.E.M.

 

Nous partons de Lyon le 20, à 8 heures du matin.

Nous arrivons à Dijon le 21 à 4 heures du soir. Nous sommes un convoi de 18 camions Berliet.

Nous partons de Dijon le 24 pour notre destination.

 

Avec le mauvais temps tous les jours, la neige et la glace, les routes sont très difficiles à parcourir et nous n’arrivons au lieu de notre cantonnement que le 1er février l’après midi.

Nous sommes pour le ravitaillement des lignes du front entre Soissons et Reims.

 

Sur la demande que j’avais faite de rentrer dans la Marine, on envoie l’ordre de m’envoyer dans mon dépôt et je pars du front le 24 février pour Versailles où se trouve un dépôt automobile.

Arrivé à Versailles le 26, on me donne ma feuille de route pour Brest où j’arrive le 1er mars à 10 heures du matin. Je rentre au dépôt et je suis habillé ; de nouveau, le 6 je change l’habit de l’Infanterie Coloniale pour porter le col bleu de la Marine.

 

Après quelques jours je reçois une permission de 7 jours, du 17 au 24 mars.

J’arrive à Brest le 24 à midi ; je pars avec une équipe de charpentiers pour la Pyrotechnie Saint-Nicolas où je reste jusqu’au 3 mai. On me rappelle au dépôt où je rentre le 3 mai au soir.

Je reste jusqu’au 7 où je suis appelé pour aller au front de mer dans le fort de Toulbroc’h.

Je reçois une permission de 4 jours du 19 au 24  mai.

Permission de 4 jours du 24 juillet au 28.

Une permission agricole de 14 jours du 24 septembre au 9 octobre. Permission de 4 jours du 17 au 21 novembre.

1918

Permission de 4 jours du 14 au 18 janvier 1918.

Permission agricole de 10 jours du 30 janvier au 10 février.

Permission de 4 jours du 14 au 18  mars.

Permission agricole de 10 jours du 12 au 23 avril.

Je passe la visite auprès du Major du Front de mer le 29 avril.

Je suis envoyé à l’hôpital maritime de Brest le 2 mai. Après avoir passé la visite du médecin à l’hôpital et avoir été plusieurs fois radiographié, on me demande mes certificats de blessures, de mes deux opérations ainsi que le certificat d’origine.

 

Après 14 jours passés à l’hôpital, on me propose pour la réforme. On m’envoie en convalescence de deux mois du 16 mai au 16 juillet 1918.

Parti le 16 juillet, je passe la visite au dépôt et on m’envoie encore à l’hôpital maritime le 17.

Je passe des visites au dépôt et à l’hôpital pour la réforme le 30 et 31 juillet. Mis incurable à la suite de ma blessure, je passe avec la réforme n°1.

Je pars de Brest et j’arrive à la maison avec le train de 8 heures du soir, le 1er août 1918.

 

FIN du CARNET

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Il est mis en congé de démobilisation le 11 janvier 1919; et reçoit la médaille militaire

 

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