Carnets de guerre 1914–1918 du sergent Edouard Mattlinger

du 49e territorial, puis 372e RI, puis re-49e RIT, enfin au 132e RI

Année 1915

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SOMMAIRE (n’existe pas dans le carnet)

Belfort, le conseil de réforme, janvier 1915

Intégration au bataillon de marche 171

Départ pour la Meuse –février 1915

Affectation au 132e RI, mars 1915

Les EPARGES : l’attaque de la crête des Eparges, l’attaque du point X, mars 1915

Le bois de Calonne ; la blessure ; fin avril 1915

Peloton des élèves sous officiers ; août 1915

La permission ; septembre 1915

Bataille de Champagne, secteur de Souain, sept.-octobre 1915

Période de repos puis travaux divers : Courtisols, Mourmelon, oct.-déc. 1915

 

 

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Belfort, le conseil de réforme, janvier 1915

Du 1e au 4 janvier

Je m’occupe de quelques courses que je fais à bicyclette mais mon ennui est grand.

4 janvier

J’ai été en visite pour le  conseil de réforme.

Le major trouvant les renseignements insuffisants demande une enquête et me maintient au service armé jusqu’à complément d’enquête.

5 janvier

Journée d’ennui.

Du 6 au 8 janvier

Je me promène au quartier en attendant le conseil de réforme.

9 janvier

Je fournis les renseignements pour l’enquête faite sur mon état de santé. Je reste dans l’inquiétude jusqu’à décision complète du conseil.

Le soir, je pars pour Rougemont.

Il fait un temps abominable. Je fus arrêté en cours de route par les sentinelles. Je suis arrivé chez ma belle-mère à 6h1/2, trempé, mouillé. J’étais très heureux de revoir ma petite famille.

J’ai passé une soirée très agréable et une bonne nuit.

10 janvier

J’ai déjeuné avec ma famille et suis rentré à Belfort à 9h ½. Le reste de la journée, je n’ai rien fait. Enquête sur mon accident.

11 janvier

J’ai été à la visite pour mon cas de réforme.

12 et 13 janvier

Rien de nouveau. Ennui.

Le soir, j’ai été à la gare des tramways attendre ma femme qui arrive à 7h ½. J’ai passé une bonne nuit chez moi.

14 janvier

Journée d’ennui. Au sujet de mon accident, j’ai été porter mes pièces à l’hôpital où j’ai été mal reçu.

15 janvier

Je vais à l’hôpital voir le major qui me reçoit comme un chien.

Je quitte l’hôpital pour me rendre à la maison où ma femme me fait un mauvais accueil prétextant que je n’ai pas fait le nécessaire au moment voulu.

Ces observations finissent de me décourager, aussi, je retourne à la caserne complètement désolé.

16 janvier

Ennui toute la journée.

17 janvier

Je reste au repos pendant que les camarades font de l’exercice.

Je suis fatigué d’entendre ces commandements plutôt sauvages qu’intelligents.

18 janvier

J’ai passé une bonne nuit, mais la journée ne me fut pas favorable. Je me présente à la commission de réforme où je suis très mal reçu.

Je suis mis en observation.

Mon découragement est profond.

19 janvier

Je vais chercher à l’infirmerie régimentaire mon entrée à l’hôpital.

Je le présente à M Krantz, médecin chef, qui me reçoit très mal ; ce qui indique que son idée est déjà arrêtée sur mon compte.

Je passe une très mauvaise nuit.

20 janvier

Visite du major qui me fait remarquer que je ne suis pas bien malade.

Une heure plus tard, il me fit venir à son bureau où il me fit observer que l’enquête au sujet de mon accident mentionne en dernière ligne qu’aucun trouble ne m’est resté, malgré mes observations.

Je suis mal vu de lui aussi, je passe une journée pénible et une nuit très agitée.

21 janvier

Rien de nouveau, sauf une observation du médecin chef me disant que si j’avais du mourir, je serais déjà mort et, du moment que je suis là, c’est preuve que je suis guéri.

Je n’insiste pas à ses observations.

Le major est buté ; c’est inutile de vouloir lui faire entendre raison.

22 et 23 janvier

Je reste toujours en observation, je m’ennuie beaucoup.

4 janvier

Je quitte l’hôpital pour rejoindre mon régiment, caserne Friedrich, avec la mention «  à maintenir  au service armé ».

Je me dirige chez moi, où je passe une bonne soirée.

25 janvier

 Rien de nouveau, je reste au repos.

26 janvier

Toujours au repos, mais je m’ennuie.

27 janvier

Je suis resté dans le bataillon de marche, où je me trouve écœuré de me voir avec certains individus sans aveux.

28 janvier

Exercice dans la cour du quartier.

29 janvier

 Repos toute la journée.

30 et 31 janvier

Rien de nouveau, quelques revues de détail.

 

Intégration au bataillon de marche 171

1er février

Préparatifs pour rejoindre mon régiment en Alsace. Nous recevons tout notre nécessaire pour aller rejoindre le 371 qui est mon cauchemar.

2 février

Revue en tenue de départ.

Vive altercation avec mon capitaine au sujet des hommes ivres, où je fais remarquer à mon Capitaine que s’il y a des hommes ivres, que nous ne devons pas tous être victimes de ces grossièretés.

3 février

Contre-ordre pour partir. Nous restons toute la journée dans l’attente.

Je m’ennuie à mourir.

4 février

On nous apprend que nous formons un bataillon de marche portant le numéro 171.

On nous distribue des vivres et on nous fait partir à la caserne Béchaud où nous recevons des renforts de tous les régiments de la place de Belfort pour ne former qu’un bataillon.

J’ai l’occasion de retrouver bien des camarades que je n’avais pas revus depuis le début de la guerre, ce qui me change un peu les idées.

Notre bataillon se compose d’hommes de tout âge, de 20 à 45 ans.

C’est honteux de voir des formations d’artillerie avec des hommes de la Territoriale ; aussi les protestations ne manquent pas.

La soirée et très agitée par suite de délibérations trop nombreuses.

5 février

Marche pour tout le bataillon.

Départ route d’Essert et retour par la Société Alsacienne.

Je suis fatigué, notre chargement est pénible.

6 février

Exercice dans la cour du quartier et revue par le commandant.

Journée d’ennui.

7 février

Réveil à 6 heures. Départ pour l’exercice à 7 heures.

Après-midi, marche avec chargement complet.

Itinéraire : Chèvremont et Belfort. Fatigue très grande.

Il fait chaud et nos sacs sont très lourds.

8 février

Réveil à 6h.

Exercice à 7 heures.

Après-midi, revue en tenue de campagne par le commandant.

9 février

Exercice toute la journée.

Ca nous énerve de voir que l’on prend des hommes de notre âge pour faire le guignol dans une cour de quartier.

10 février

Marche, manœuvre.

11 février

Nous sommes passés en revue par le Président de la République Poincaré et par le ministre de la guerre, sur le terrain de tir « de la justice ».

Je constate que le président est très simplet ne fait aucune fantaisie. Après-midi, repos.

12 février

Marche, manœuvre.

13 février

Préparatifs de départ. Marche et service d’embarquement.

Journée d’ennui.

 

Départ pour la Meuse –février 1915

14 février

Repos toute la journée.

15 février

Préparatifs de départ pour la Meuse.

Le quartier est consigné mais les hommes s’en moquent et passent outre. Aussi, le matin, au rapport de 10 heures, il manque environ 200 hommes.

 

Moi je passe la journée chez mon frère où je fais beaucoup d’excès de boisson. Je suis fortement vexé de voir que ma femme n’a pas eu la patience d’attendre mon départ.

Aussi, je me trouve le soir en état d’ivresse et, je me fiche du tiers comme du quart. J’arrive au quartier lorsque les hommes sont rassemblés. Les camarades me prêtent leur concours pour m’équiper.

En gare, je suis très bruyant.

A plusieurs reprises, je me fais rappeler à l’ordre.

 

 Ce qui m’exaspéra, c’est de voir qu’on nous apprend à embarquer dans des voitures de voyageurs et, qu’au moment du départ, on nous met dans des wagons à bestiaux. Au nombre de quarante par voiture, nous avons des difficultés de nous mouvoir avec nos équipements.

Le voyage fut très long et j’ai dormi en cours de route, ce qui me fit du bien.

Nous arrivons à 2 heures à Ernecourt, petit village de la Meuse. La population n’est pas sympathique à la troupe.

On n’y trouve rien, vu le grand nombre de troupes qui ont déjà passé dans ces pays.

16 février

Ernecourt (Meuse)

Exercices dans les champs. Après-midi, nettoyage du cantonnement.

Je m’occupe de mes correspondances.

Le pays me dégoûte.

17 février

Exercices le matin, après-midi marche.

18 février

Exercice à travers champs.

19 février

Je suis désigné comme cuisinier à ma section, ce qui me fait bien plaisir car je n’aime pas l’exercice.

Du 19 au 22 février

Je m’occupe de ma cuisine.

22 février

Départ précipité de Ernecourt pour Pont-sur-Meuse où nous arrivons le soir, à 7 heures,  exténués de fatigue.

Nous avions toute notre viande et légumes sur le feu lorsque nous avons reçu l’ordre de partir. Nous avons été obligés de tout abandonner.

23 février

Pont-sur-Meuse

Le matin, à 7 heures, je me mets en quête d’un endroit pour faire ma cuisine.

Il fait un temps de chien et notre plus grande difficulté, c’est de trouver du bois pour faire à manger.

Enfin, je m’installe le long d’un petit mur où il y a un superbe tas de fumier.

Depuis notre cantonnement, on entend une violente canonnade.

24 février au 6 mars

Rien de nouveau pour moi.

Les hommes vont au travail de nuit et de jour, et reviennent très fatigués.

Moi, j’ai quelques journées où j’ai beaucoup de travail à ma cuisine.

Le pays n’a rien d’agréable, il a souffert du bombardement et est très sale.

7 mars

Matinée calme, mais par contre, un après-midi terrible où les feux d’artillerie sont d’une violence inouïe. Jamais je n’avais assisté comme spectateur à un duel d’artillerie aussi violent.

Les hommes de mon bataillon qui avaient été faire des travaux en ligne se trouvèrent surpris par ce bombardement et nous eûmes quelques victimes.

Le soir, à 6 heures, nous recevons l’ordre de partir en arrière, à Domrémy (Meuse), distante de 18 kilomètres de Pont-sur-Meuse. Nous y arrivons à minuit, très fatigués. La route était très mauvaise, détrempée par la pluie.

J’ai eu toutes les peines du monde pour arriver jusqu’au bout.

Je passe une mauvaise nuit car je suis trop fatigué.

8 mars

Je me lève après trois heures de repos pour me mettre en quête d’une cuisine, mais on n’a pas le choix : il faut prendre les cuisines laissées par le 63ème.

Il fait un froid terrible et nous avons une petite couche de neige. Aussi, j’ai toutes les peines du monde pour arriver à faire du feu. Le bois que nous trouvons est tout mouillé. Le pays n’a rien de plaisant. Il se compose surtout d’émigrés.

Du 8 au 12 mars

Rien de nouveau. Je m’occupe de ma cuisine ce qui me distrait beaucoup. J’ai surtout des compliments pour le soin que j’apporte à leur préparer leurs repas.

De temps en temps, je fais des beignets.

12 mars

La neige refait son apparition, mais ne tient pas.

Aussi, cela donne un air bien triste au pays.

Du 12 au 22 mars.

Aucun changement. Je m’occupe de ma cuisine et les hommes vont à l’exercice.

22 mars

Nous recevons l’ordre de partir rejoindre un régiment qui avait beaucoup souffert.

Nos officiers ne partent pas avec nous. Ils ont l’ordre d’aller rejoindre leur dépôt. Nous sommes rassemblés et nos chefs nous font leurs adieux. Il reste avec nous quelques sous-officiers, mais comme nous avons toute la journée de libre, les hommes en profitent pour se livrer à la boisson ; aussi la soirée devient orageuse.

Dans ma compagnie, les choses se passent assez bien.

 

Jusqu’à 9 heures, ils organisent des concerts avec des caisses et bouts de bois  en guise de mirliton et parcourent le village en jouant, ce qui est très amusant. Mais, dans d’autres compagnies, les hommes se battent à coups de couteaux et de baïonnettes, ce qui envenime les choses.

 

A la rentrée des hommes dans notre cantonnement, une bataille s’engage mais il n’y a aucune victime. Mais la nuit fut des plus mauvaises car il reste des hommes ivres à toute heure. Aussi, j’étais furieux, surtout que nous devions partir le lendemain de très bonne heure.

Je me suis occupé de préparer à manger pour le lendemain, ce qui me donna du travail jusqu’à minuit ; aussi, j’étais bien fatigué.

23 mars

Réveil à 4 heures pour aller à Saint-Aubain où des automobiles nous attendent pour nous conduire à Dieue qui se trouve à 70 kilomètres.

Nous passons à Bar-le-Duc où un temps d’arrêt est marqué.

Il règne dans ce convoi une gaieté exceptionnelle, mais la population de Bar-le-Duc qui est habituée à voir passer ces autos et qui connaît leur destination n’éprouve pas la même joie ; et leurs gestes nous indiquent clairement que nous allons dans un secteur très mauvais.

Nous continuons notre route et les chants redoublent d’ardeur.

 

Nous arrivons à Ancemont où nous descendons de voiture et nous sommes placés dans un terrain, en face le canal.

Nous sommes trois bataillons rassemblés à cet endroit : le 171, dont je fais partie, le 613 et le 107.

Nous sommes passés en revue par plusieurs généraux qui nous disent quelques paroles d’encouragement, et ensuite, passent devant les hommes et demandent à quelques poilus de quel pays ils sont.

 

Je remarque par l’interrogatoire du général en chef qu’il a été officier dans mon pays, car lorsqu’il entend le nom Belfort, il fit la réflexion « ça me rappelle d’anciens souvenirs », et il parla même en Allemand avec les Alsaciens du bataillon.

 

Après la revue, nous nous dirigeons sur Dieue, ensuite sur Sommedieue. La route est longue et je suis fatigué. Je laisse mon sac à une voiture qui se dirige sur notre cantonnement.

 

Enfin nous arrivons la nuit, mais personne pour nous recevoir. On nous loge par ci par là, dans des cantonnements excessivement sales.

On s’y installe tant bien que mal, et l’on se met à dormir car la fatigue est grande.

 

Affectation au 132eRI, mars 1915

24 Mars

Journée pluvieuse.

Comme personne ne s’occupe de nous, nous sommes obligés de nous nourrir à nos frais. Nous attendons des ordres pour être affectés dans des bataillons.

Nous apprîmes que nous ferions partie du 132ème qui avait fortement souffert aux Eparges.

 

Certaines compagnies n’avaient pour effectif qu’une quarantaine d’hommes ce qui indique que nous tombons bien.

Dans la journée, on nous rassemble pour nous loger dans un local dénommé le moulin.

Nous pouvons loger à l’effectif d’un bataillon.

C’est très sale et nous nettoyons le local, où nous ramassons environ trois tombereaux de détritus de toute sorte. Certains amis sont déjà versés dans des bataillons qui sont en ligne, et le lendemain, on nous annonce qu’un certain nombre d’entre eux sont déjà revenus blessés et d’autres tués.

C’est très encourageant. Après que nous fûmes installés, nous nous couchons, mais nous passons une mauvaise nuit, faute de paille.

25 mars

Toujours sans officiers.

Ce sont des sous-officiers qui s’occupent de nous. Nous recevons quelques vivres et je me mets en devoir de faire la soupe, dans le parc qui est très grand.

Sommedieue est une grande commune assez grande et très jolie.

26 et 27 mars

Toujours sans officiers. Nous continuons à vivoter avec les vivres que l’on reçoit ; et le reste de la journée, nous visitons le pays où nous remarquons que les femmes ne s’en font pas.

Elles ont presque toutes des relations intimes avec les soldats qui sont en permanence dans le pays et principalement les officiers.

C’est très encourageant pour les hommes mariés.

28 mars

Nous recevons la visite de nos officiers qui sont tous très jeunes. Nous nous rassemblons et je suis affecté à la 5ème Cie où je constate qu’il n’y a pas d’ordre dans ce régiment.

29 mars

Nous nous organisons et l’on se prépare pour partir le lendemain.

Je m’ennuie beaucoup de me voir avec des hommes que je ne connais pas.

Les EPARGES : l’attaque de la crête des Eparges, l’attaque du point X, mars 1915

30 mars

La matinée se passe à flâner d’un côté et de l’autre ; et vers 3 heures de l’après-midi, nous quittons Sommedieue pour aller à Mesnil-sous-les-Côtes, village presque totalement détruit par les bombardements.

Avant d’y arriver, nous restons dans un bois où nous faisons du café.

Il fait encore trop jour et les saucisses boches remarquent les déplacements.

Nous couchons dans les caves où nous sommes très serrés ; et nous avons pour consigne de ne pas sous promener dans le village pour ne pas faire remarquer la présence de troupes que l’ennemi aperçoit très bien des hauteurs des Eparges.

31 mars

Toute la journée, nous restons dans les caves, sauf que nous sortons pour prendre nos repas.

Le soir, à la nuit tombante, nous quittons Mesnil pour aller occuper des abris sur la crête de Mont-Jirmont. Nous y arrivons avec beaucoup de peine, et nous logeons dans de pauvres abris où nous avons bien froid.

1er avril

Nous restons dans nos abris mais nous recevons de temps en temps des obus. Je m’occupe de faire du café dans mon abri pour tous les camarades.

A 8 heures l’on vient nous chercher pour aller à Trésauvaux chercher des créneaux pour monter aux Eparges.

Nous sommes conduits par un sous-officier qui ne connaît pas très bien le chemin ; aussi, nous éprouvons les plus grandes difficultés et les boyaux sont pleins d’eau et de boue, ce qui donne toutes les peines du monde pour avancer.

Nous arrivons au poste de génie où nous laissons notre butin et nous retournons dans nos abris où nous arrivons à 1h du matin, exténués de fatigue.

2 avril

Nous restons toute la journée au repos car nous en avons bien besoin.

3 avril

Nous restons au repos toute la journée.

 

Le soir, nous quittons nos abris pour aller en ligne. Nous parcourons des chemins pleins d’eau et de boue, mais la plus grande difficulté, c’est pour gravir la crête des Eparges. Nous tombons à chaque pas.

Il fait d’ailleurs une nuit très noire et nous recevons des balles et quelques obus. J’ai toutes les peines du monde pour y arriver. J’ai bien tombé une douzaine de fois ; aussi, je suis couvert de boue et j’ai la rage au cœur de voir les hommes de tête courir comme des fous sans s’occuper des hommes qui restent en l’arrière.

Nous arrivons enfin à l’emplacement de la 5ème Cie.

 

Je suis à bout de souffle. Je me repose un quart d’heure et je suis désigné avec 3 de mes camarades pour aller prendre la garde dans un boyau qui communique à la tranchée ennemie. Pour comble de bonheur, il fait un temps épouvantable, pluie et neige, aussi, je souffre beaucoup du froid.

La nuit fut assez calme.

4 avril

Dans la matinée, un duel d’artillerie assez violent s’engage, mais aucune attaque. Quelques coups de feu. Nous avons toujours la pluie.

5 au 11 avril. Les Eparges

Des combats des plus violents s’engagent.

Je suis de garde dans le boyau qui conduit à la tranchée ennemie. Lorsque le bombardement s’engage, il est d’une telle violence qu’il nous est impossible d’y rester.

Nous recevons des éclats d’obus de tout calibre.

Nous nous replions dans la tranchée de combat, mais comme l’ennemi répond à notre tir avec acharnement, nous nous voyons dans l’obligation de nous tenir couchés dans notre tranchée et dans la boue. Dans moins de cinq minutes, toute notre artillerie est en action.

Il y a plus de trois cents pièces de tout calibre qui tirent ensemble sur la crête des Eparges qui est d’environ 700 mètres. Il n’y plus une place qui se trouve épargnée par les obus. Il y en a même de notre côté. C’est un déluge d’obus.

 

De toute part, l’on entend des cris et des appels c’est épouvantable. J’avais l’idée que personne n’échapperait à ce carnage.

 

Après un bombardement de plus d’une heure, nos troupes montent à l’attaque qui réussit assez bien, mais, les fusils des hommes de marchent plus. Ils sont garnis de boue ce qui empêche le fonctionnement. L’ennemi amène ses réserves qui se tenaient dans des abris très profonds à l’arrière.

Ils arrivent en nombre, ce qui fait que les nôtres se voient dans l’obligation d’abandonner la position. L’attaque est remise à l’après-midi et recommence de plus belle.

 

Cette fois, l’ennemi s’est ressaisi et en plus des obus, nous envoie des torpilles.

Cette fois, nous nous tenons debout dans la tranchée pour surveiller où elles tomberont. Elles arrivent toujours par groupe de 5 sur différents points. Elles mesurent 1m15 ; aussi, lorsqu’elles arrivent à terre, elles produisent une explosion terrible qui projette à plus de 400 mètres des pierres et des éclats.

 

Pendant ce temps, notre artillerie redouble d’ardeur et touche en plein les tranchées ennemies. On aperçoit des corps projetés en l’air jusqu’à 10m d’hauteur et à chaque obus, des bras, des jambes et des corps déchiquetés sont projetés.

C’est une horreur.

 

Une torpille tombe au milieu d’une de nos sections et fait subir aux nôtres le même sort que nos obus à l’ennemi. Des corps déchiquetés sont lancés à plus de 100 mètres de distance ; lorsque tout à coup un obus vient tomber à 1m derrière moi.

Démolissant le parapet et me projeta avec une violence inouïe dans la tranchée et m’ensevelit. J’avais les bras de libre et la tête. J’avais le visage tout labouré d’éclats de pierre. Je porte mes mains à la figure où je constate que je saignais en abondance.

Je devais aller au poste de secours mais je ne pouvais me dégager.

C’est un camarade de Belfort, du nom de Meyer, Café des Chasseurs, Rue Saint-Joseph, qui me dégagea.

 

Dans le même moment, l’attaque commences la tranchée pour tirer sur l’ennemi. Si toutefois l’attaque ne réussit pas, ce qui arriva, impossible de se servir des armes. Et la contre-attaque obligea de nouveau les nôtres à descendre. Nous venions de recevoir un renfort venant de Verdun, le 8ème d’infanterie. . Nos troupes sont reçues par des obus fusants. Un grand nombre tombe en route, mais la majeure partie arrive à la crête où nous faisons quelques prisonniers qui n’ont plus la tête à eux.

Notre compagnie a l’ordre de rester dan Nous prenons leurs fusils et, montés sur les parapets, nous recevons l’ennemi par fusillade des plus nourries ; ce qui arrêta l’attaque.

De la façon dont l’ennemi avançait, nous pouvions nous rendre compte qu’ils étaient découragés. Ils étaient eux aussi couverts de boue des pieds à la tête.

 

  Ces combats durèrent 4 jours avec un acharnement inouï. Le terrain était couvert de cadavres.

  Ces combats nous avaient donné la fièvre ; et malgré un temps épouvantable, nous mourrions de soif. Nous n’avions comme ressource que l’au sale des trous d’obus où découlaient les eaux de pluie qui avaient lavé les cadavres.

Beaucoup d’hommes étaient devenus fous, et notre bataillon, à l’effectif de 900 hommes, se trouvait réduit à 287. Malgré que nous tenions la crête, les combats continuaient avec acharnement sur un point dénommé « point X ».

 

  Le 9 au soir, 40 hommes de ma compagnie sont désignés pour aller renforcer la 11ème qui ne restait qu’à 34 hommes.

Je me trouvais du nombre du renfort.

Nous partons à 9h1/2 par une nuit très noire.

L’on ne voyait pas devant soi ; aussi, nous tombions à chaque instant dans les trous d’obus. Nous arrivons à un boyau que l’on nommait « le boyau du colonel ».

  Là, c’était le bouquet. Plus nous avancions, plus nous nous enfoncions dans l’eau et la boue.

  Nous sommes arrivés à un moment où nous étions dans l’eau boueuse jusqu’au ventre ; alors ma colère n’avait plus de limite. Je me mis à gueuler de la plus belle façon en traitant nos chefs de bandits et d’assassins. Ma colère était tellement grande que si un chef m’avait embêté, je lui aurais tiré dessus. Le plus pénible de mon affaire, c’est que je perdais un de mes souliers et pas de cordon pour le lier. A chaque pas que l’on faisait dans ce boyau, on entendait de pauvres blessés qui appelaient au secours, mais ça nous était impossible d’y aller puisque nous même avec tous nos membres de libre, nous n’arrivions pas à nous dégager.

 

Enfin, après deux heures de lutte, j’arrive à proximité d’un abri où quelques blessés étaient couchés sur quelques brins de paille.

Je demande s’il était possible de passer une nuit auprès d’eux. La réponse n’était pas longue à attendre, il n’y avait pas de place. Sur ce, je demande à me tenir dans le passage, ce qui me fut accordé.

Comme j’étais très fatigué, je me suis couché dans 15 centimètres de boue. Je dormis d’un profond sommeil car j’avais resté trois jours sans dormir.

 

Le lendemain, je me lève au jour et me mets à la recherche de les camarades que je retrouve dans un abri où il y avait environ 40 centimètres d’eau.

Ces malheureux étaient, comme moi, exténués de fatigue et avaient dormi assis sur des bancs faits par le génie et les pieds dans l’eau.

Vers les huit heures, le sergent qui nous accompagnait, se mit à notre recherche et finit par trouver huit hommes sur 40. Il alla en rendre compte au commandant de la compagnie que nous devions renforcer. Lorsqu’il lui eût dit le nombre que nous étions, le commandant refusa de nous accepter, prétextant qu’il avait demandé 40 hommes et non huit, ce qui nous fit grand plaisir.

Pendant la journée, nous nous occupions de vider l’eau des abris pour pouvoir y passer la nuit.

Nous étions dans un état lamentable, trempés, mouillés et couverts de boue. Nous restons ainsi deux jours sans manger, faute de ravitaillement.

Lorsque la nuit fut venue, nous sommes demandés par notre sergent pour occuper un petit poste où nous passons une nuit assez calme.

Le matin, nous le quittons à la pointe du jour pour nous mettre à l’abri. Lorsqu’un homme de liaison vient nous prévenir que nous devions rejoindre notre bataillon qui venait d’être relevé par le 8ème d’infanterie, nous ne perdons pas une minute et nous dévalons à toute vitesse la crête.

Arrivés à un endroit que l’on désignait « la ferme de Montville », je m’arrête un instant pour reprendre haleine pendant que deux de mes camarades continuent leurs chemins à terrain découvert.

L’ennemi qui occupe encore un point dominant le terrain où nous passions, ne perd pas une minute pour tirer sur mes camarades dont l’agent de liaison, mortellement atteint et un autre blessé.

Moi, je reste avec un camarade derrière les murs d’une ferme démolie désignée « la ferme des vaches ».

 

 Pendant deux heures, je regarde passer à tour de rôle des brancardiers et des cuisiniers, et l’ennemi ne tire pas dessus.

Enfin, avec mon camarade, nous nous décidons à partir, mais l’ennemi nous fit la même réception qu’à nos camarades.

Les balles tapaient dur par terre. Je profite d’un trou d’obus pour faire semblant d’être touché. Après cinq minutes d’arrêt, nous reprenons notre course. L’ennemi recommença de plus belle, mais ne nous atteignait pas. Enfin, nous arrivons derrière une crête qui nous préservait des balles.

Pendant le parcours de cette plaine, notre émotion était grande ; on se voyait à chaque instant touché par une balle. Nous avons été quittes pour peur.

 

J’arrive à Trésauvaux, village qui se trouve aux pieds des Eparges.

Je me mets en quête de chercher à manger quelque chose de chaud, mais je ne trouve rien.

Un cuisinier me fait boire un demi quart de rhum, ce qui me fait beaucoup de bien. Je quitte cette cuisine pour aller à une autre, lorsque je rencontre un officier qui reste en extase devant moi.

Il m’interrogea sue les combats et me fait la réflexion « Jamais je ne l’aurais cru, si je ne l’avais pas vu, que des hommes pouvaient revenir dans un état pareil ».

C’est incroyable, en même temps qu’il me disait cela, il ouvrit son porte-monnaie et me remit 2 francs. Je le remercie et continue de chercher à manger. J’arrive à une cuisine du 8ème d’infanterie où je fus bien accueilli. Me voyant dans un état lamentable, ils eurent pitié de moi et ce qui les intéressait le plus c’est les renseignements sur les combats que nous avions eus à livrer.

Je me déséquipe et me mets en devoir de dévorer un gros morceau de viande, du pain plus d’une livre, plusieurs quarts de vin et un bon café.

J’étais heureux, ensuite, j’ai été au lavoir pour laver mes habits et mes équipements ainsi que mon fusil qui est plein de boue et qui ne fonctionne plus.

Ce travail dura un heure ½. Comme il faisait beau pour la première fois depuis 12 jours, je mis mes habits au soleil et lorsque j’ai encore une fois mangé devant les camarades du 8ème, je me suis rhabillé et équipé pour partir.

Pendant ces préparatifs, les camarades qui étaient avec moi aux tranchées arrivaient l’un après l’autre et furent les bienvenus près des cuisiniers.

 

Je m’informe où était mon bataillon et nous nous dirigeons sur Rupt qui se trouvait à une douzaine de kilomètres. Nous partons par groupes de deux pour éviter d’être repérés par l’artillerie ennemie. J’arrive à l’entrée d’un village dont je ne me rappelle plus le nom.

 

J’y attends mes camarades qui venaient derrière moi avec beaucoup de peine car ils étaient très fatigués. Quand nous fûmes les six, nous nous renseignons auprès des troupes pour savoir le chemin que nous devions prendre pour aller à Rupt.

Nous étions la curiosité de ces hommes tellement mes camarades étaient sales et plein de boue dans la barbe et les cheveux. Les capotes et pantalons n’avaient qu’une couleur terreuse. De tout côté, les camarades venaient au devant de nous pour nous demander comment cela s’était passé là-haut, car ils avaient assisté de loin au terrible bombardement que nous avions dû subir.

Ils se rendaient (compte) des souffrances que nous avions dû endurer.

 

Arrivés au milieu du village, il y avait un groupe d’officiers qui nous regardait venir et à leurs physionomies, l’on remarquait qu’ils nous plaignaient et qu’ils comprenaient ce que nous avions eu à souffrir.

Arrivé à leur hauteur, je les saluais avec mon fusil lorsque le colonel de ce régiment vint au devant de nous et m’interrogea. Il portait le numéro 218 sur ses écussons.

Il nous questionna et nous félicita de notre courage et de l’héroïsme avec lequel nous avions disputé cette crête à l’ennemi et termina en ces mots : « je connais le 132ème, c’est des braves.», sur ce, il nous donna lui-même des chaussettes de laine, des chemises, cigares et cigarettes.

Nous le remercions et nous continuons notre route mais nous sommes toujours arrêtés par des hommes qui nous invitent à aller prendre le café et la goutte pour qu’on leur raconte un peu ce qui s’est passé là-bas ; si bien que lorsque nous quittons le pays, nous étions très gais des quelques gouttes que nous avions absorbées, ce qui représentait près de deux litres de Rhum pour six.

Au lieu de nous faire du bien, çà nous avait coupé les jambes, mais nous étions quand même heureux d’avoir eu d’aussi belles réceptions sur laquelle nous ne nous attendions pas.

 

Enfin nous arrivons à Rupt à 8 heures du soir. Tout était calme. Les hommes étaient couchés et nous fîmes de même ; aussi je dormis d’un sommeil de plomb tellement j’étais fatigué.

Mais j’étais très souvent réveillé par des soubresauts terribles, j’étais toujours au combat et je me voyais d’un instant à l’autre enseveli par ces milliers d’obus ; lorsque vers huit heures je fus réveillé par le va-et-vient des camarades qui étaient tous heureux de voir que nous étions encore du monde. Je retrouve une quinzaine de ceux qui étaient partis avec nous et qui étaient restés en route.

Ils sont menacés du conseil de guerre pour ne pas avoir suivi la colonne ; mais vu les difficultés qu’il y avait eu, l’affaire resta lettre morte.

13 avril

Nettoyage des effets, armes et équipements.

Moi, je me suis reposé puisque tout était propre. A quatre heures du soir, nous quittons Rupt pour aller à Villers où nous ne passons pas la nuit.

C’était la fête pour les hommes qui étaient heureux d’avoir échappé à ce carnage, aussi les marchands de vin n’ont pas eu à se plaindre.

14 avril

A 8 heures du matin, départ de Villers pour Les Monthairons qui se trouve à 6 kilomètres.

Arrivés là, nous continuons le nettoyage des armes et équipements.

Le pays est assez agréable et la Meuse y passe, ce qui me fait plaisir pour aller à la pêche.

La population du temps de paix représente environ 500 habitants.

15 avril

Je vais à la visite car je souffre terriblement d’un pied gelé. Je reste toute la journée à écrire à ma famille.

Temps superbe.

16 et 17 avril

Je vais toujours à la visite pour mes pieds car je souffre terriblement surtout lorsque je suis couché. La chaleur des couvertures m’empêche de dormir, je pleurerai bien ; et je suis obligé de marcher sur mes genoux.

18 et 19 avril

Les hommes vont à l’exercice et moi, je reste au cantonnement.

20 avril

Nettoyage des armes et effets et revue en tenue de campagne. Il fait une chaleur terrible, aussi les marchands de vins n’ont pas de temps à perdre.

21 avril

Préparatifs pour passer une revue par le général Joffre qui vient spécialement pour nous féliciter de nos succès aux Eparges.

Nous nous réunissons toute la division dans les terres de Dieue, à 5 kilomètres de notre cantonnement. Il fait une chaleur torride, aussi la soif se fait sentir.

A une heure, la sonnerie de garde-à-vous se fait entendre, c’est l’arrivée du général, suivi de son état –major. La revue fut de courte durée.

Il remit quelques décorations et nous adressa ses remerciements pour notre brillante attaque, qui hélas, coûta très cher aux régiments de la division.

J’estime les pertes à 70 pour 100.

Après une heure de revue, nous retournons à notre cantonnement  où notre colonel nous fit défiler dans les rues de Sommedieue.

Le 25ème bataillon de chasseurs prit aussi part à la revue et participa pour sa bonne part aux combats.

Un diplôme spécial nous a été délivré à chaque combattant.

22 et 23 avril

Rien de nouveau.

Quelques heures d’exercice pour que les hommes ne traînent pas dans le pays.

Le bois de Calonne ; la blessure ; fin avril 1915

24 avril

Nous recevons l’ordre de partir dans le bois de Calonne (Meuse) où l’ennemi avait fortement avancé. Par le nombre de blessés que nous rencontrons en route, nous nous rendons compte que c’était mauvais.

Nous approchons avec précautions. Nous attendons que la nuit tombe pour pénétrer dans le bois. Nous ne nous doutions pas que l’ennemi avait tant avancé puisque nous ne trouvions aucune tranchée.

Nous passions dans ce bois avec difficulté tellement les petits arbustes étaient fournis.

 

A un certain moment, nous fûmes arrêtés par le cri : « Halte Werda ». nous ne répondons pas et une deuxième sommation nous fut faite, mais cette fois, accompagnée d’une violente fusillade qui nous obligea à nous coucher.

Les balles nous arrivaient dans nos sacs et gamelles. On se croyait perdu lorsque le tir arrêta ; c’était un poste avancé qui se trouvait là. Nous nous appuyons plus à gauche où nous eûmes la même réception. Nous nous mîmes à creuser des tranchées avec nos outils portables sous une fusillade assez vive.

 

A la pointe du jour, nous nous apercevons que nous sommes à environ 30 mètres de la tranchée ennemie. On voit les pioches de l’ennemi s’abattrent dans leurs tranchées qu’ils avaient faites dans la nuit et continuaient de l’approfondir.

Je constate en même temps que plusieurs des nôtres avaient été tués en travaillant.

 

Vers huit heures, l’on entendit une sonnerie ennemie qui paraissait assez lugubre et qui dura environ ¼ d’heure. cela m’énerva et je me mis à leur crier le mot de Cambronne de toutes mes forces et j’observais attentivement.

Je me méfiais d’une attaque, quand, tout à coup, je reçus une balle à la tête qui me fit sauter mon képi à 60 centimètres d’hauteur et me brûla le cuir chevelu. Je fus très surpris et je pris un peu plus de précautions.

 Mais, ma première émotion passée, je continuais à observer car notre sergent était un lâche. Tout à coup, je vois passer dans leurs tranchées des fusils, baïonnettes au canon.

Il n’y avait plus de doute, c’était une attaque.

De suite, je me mis à crier : 

« Attention, voilà les Boches »

Et je me mis à tirer avec mon ami Meyer et Kuntz, ce qui encouragea les jeunes que nous avions reçus comme renfort. En moins d’une minute, le terrain devant nous était dégagé et il restait des cadavres sur le terrain.

C’est à cet endroit que mon camarade Durin, rédacteur du Haut-Rhin, fut tué. Le reste de la journée fut assez calme.

Le soir, nous recevons l’ordre d’aller occuper une autre position en réserve où nous fûmes en plus mauvaise posture qu’en première ligne.

26, 27 et 28 et 29 avril

Nous occupons les tranchées de réserve où nous sommes soumis à des bombardements terribles.

Nous sommes, des heures entières, à rester terrés dans de pauvres trous faits dans nos tranchées. Nous essuyons quelques pertes. 

Du 29 au 5 mai

Nous allons occuper les premières lignes où nous engageons de violentes fusillades et quelques combats à la grenade, mais nous ne recevons aucun obus, étant trop près des lignes ennemies.

Temps excessivement chaud, aussi nous souffrons de la soif.

5 mai

Nous quittons les tranchées le soir à 10 heures, sous un bombardement assez sérieux.

Nous restons un instant près du poste de commandement en attendant que tout le monde (nous) ait rejoints. Pendant ce temps, une fusillade des plus violentes s’engage avec les troupes qui nous remplacent. Nous nous dirigeons vers Ancemont qui se trouve à 18 kilomètres.

Je me trouve bien fatigué en cours de route et je quitte la colonne. Je trouve en route les amis Kuntz et Meyer et nous faisons route ensemble.

Arrivés près du canal, nous nous installons tranquillement à manger et je regarde dans le canal les poissons, ce qui me fait mal au cœur en pensant aux belles parties de pêche que je faisais dans le civil. Nous  quittons et nous dirigeons sur Ancemont où j’arrive très fatigué.

 

Le soir, je vais me coucher dans un local plein de peaux et de souris.

Lorsque vers 10 heures, on vient nous alerter pour retourner à Calonne ; nous sommes furieux. Enfin, nous préparons nos sacs et nous nous rassemblons dans le village en attendant l’ordre de partir.

Lorsque, à 6 heures, on reçut contrordre, nous étions contents car nous étions bien fatigués de notre marche de la veille et d’avoir restés si longtemps aux tranchées.

6 et 7 mai

Repos et exercices.

8 mai

Nous préparons  nos sacs avec des piquets et du fil de fer.

9 mai

Repos. Comme c’est dimanche, je vais à la messe de 10 heures.

Le soir, à 5h, nous partons aux tranchées dans la forêt de Calonne. Nous éprouvons une grande fatigue car les sacs sont lourds et la route très mauvaise ; et il fait nuit noire. Nous arrivons à 11 heures et nous occupons un abri avec batterie de tir.

10 mai

Nous sommes bien tranquilles.

De temps en temps, nous faisons marcher notre batterie de tir qui porte à 2.000 mètres pour tirer sur des ravitaillements de l’arrière. Temps superbe.

11 mai

Nous travaillons après notre abri. Nous le rehaussons de deux couches de rondins et d’un mètre de terre.

12, 13, 14 mai

Départ après midi des batteries de tir pour aller en première ligne où nous nous trouvons en présence d’un grand nombre de cadavres ennemis qui se trouvent dans un état de décomposition complète. L’odeur que dégagent  ces cadavres nous occasionne des maux de tête terribles.

C’est très calme et nous passons notre temps à améliorer les tranchées.

16 mai

Journée assez calme, mais nuit très mouvementée.

17 et 18 mai

Quelques coups de feu de temps en temps, et les hommes vont en avant des réseaux pour dévaliser les cadavres boches ; mais l’ennemi les aperçoit et ouvre le feu sur eux qui, heureusement, ne sont pas atteints.

19 mai

Journée peu mouvementée et nuit très mauvaise.

Plusieurs fois dans la nuit, nous ouvrons un feu très violent  sur l’ennemi qui cherchait à approcher nos réseaux pour nous attaquer par surprise.

20 mai

Nous sommes relevés l’après-midi et nous nous dirigeons sur Sommedieue. Nous transpirons une bonne chemise car il fait très chaud.

21 mai

Repos et revue d’armes

22 mai

Réveil à 3 heures du matin pour aller sur un terrain derrière Sommedieue assister à la décoration du commandant de mon bataillon.

Après-midi, exercice, nous sommes furieux de voir que l’on ne nous accorde pas de repos.

23 mai

Exercice matin et soir.

C’est honteux de voir tant de jardins qui ne sont pas bêchés, faute de main d’œuvre et qu’il n’y ait pas seulement un officier qui ait l’idée de dire aux officiers supérieurs qu’on devrait mettre des hommes à la disposition des civils.

24 mai

Départ de Sommedieue pour Monthairons.

Avant de quitter cette commune, je tiens à faire un petit récit. C’est une jolie commune de près de 1000 habitants en temps de paix, très agréable ; mais j’ai constaté que les femmes, ainsi que les filles, faisaient beaucoup la noce.

C’était la vraie vie de débauche, j’en étais écoeuré. Les femmes ne tiennent pas compte qu’elles sont mariées, elles s’en donnent à cœur joie. Nous arrivons à Monthairons à 2 heures de l’après-midi.

25 mai

Exercice l’après-midi.

26 mai

Exercice et tir réduit.

27 mai

Marche d’entraînement par une chaleur torride. Tous les hommes sont furieux de voir qu’on nous prend pour de vrais guignols.

28 mai

Marche de 26 kilomètres, sacs chargés et tirs.

Le soir, nous rentrons exténués de fatigue et nous sommes encore de garde en rentrant ; aussi, je suis furieux.

29 mai

De garde toute la journée.

30 mai

Préparatifs de départ pour les tranchées.

Nous quittons Monthairons à 2 heures par la grande chaleur. Nous sommes accablés. Arrivés aux tranchées, je suis désigné pour les signaux d’artillerie où il fait très bon.

31 mai, 1er, 2 et 3 juin

Nous occupons toujours le poste de signalisation qu consiste à prévenir l’artillerie si toutefois on avait besoin d’un tir de barrage. Je souffre de violentes coliques.

4 juin

Nous sommes relevés pour aller aider nos camarades aux travaux des boyaux.

Le soir, la grande relève se fait par le 54ème mais l’ennemi remarqua tous ces déplacements d’hommes et nous envoya quelques obus de 105 mais nous n’éprouvons aucune perte.

Nous allons continuer à la ferme d’Abainville où les rats et les souris abondent.

5 juin

Repos toute la journée.

6 juin

Nous allons à la forêt couper des arbres.

7, 8 juin

Travail en forêt de 6 heures du matin à 4 heures du soir. Nous nous plaignons de notre nourriture quoi est mauvaise et insuffisante.

9 juin

Préparatifs de départ pour aller en réserve de la forêt de Ranzières.

Départ à une heure de l’après-midi par une forte chaleur. Nous y arrivons à 5 heures. La forêt est belle, les tranchées sont bien faites et de jolis abris, on y est très bien.

10 juin

Je m’amuse à, faire des inscriptions avec la terre et de la boue pour indiquer le régiment qui se trouve là.

C’est un travail qui me plait beaucoup et qui m’amuse.

11 juin

Je continue à faire de petits travaux d’art avec terre, craie et mousse. Les hommes font des abris.

J’ai installé ma toile de tente en hamac, dans la tranchée, pour dormir la nuit.

12+13 juin :

Toujours même travail. Belle journée.

14 juin

 Continuation des abris. Journée calme. Le soir, nos clairons sonnent pour voir si l’artillerie pourrait entendre en cas d’attaque.

L’ennemi croyant à une attaque des nôtres engagea une vive fusillade à laquelle le 106 répondit avec énergie et nos 75 se mettent de la partie.

20 minutes plus tard, tout était calme.

15 juin

Réveil à 4 heures 30 pour aller en 1ère ligne, remplacer le 106. Nous y arrivons à 7 heures du matin sans difficultés.

Journée calme.

Nous sommes très près des lignes ennemies par endroit, à 15 mètres des avant-postes.

16 juin :

Journée calme, quelques coups de feu de temps en temps.

17 et 18 juin :

Toujours aux tranchées. Calme dans notre secteur. Sur notre gauche, préparatifs d’offensive. Réveil à 2h du matin.

19 juin :

Rien de nouveau.

20 juin :

A deux heures de l’après-midi, violente canonnade à notre gauche sur Calonne qui dura 4 heures sans interruption, suivie d’une terrible fusillade.

Dans la nuit, l’artillerie fit rage de part et d’autre. Nous restons en alerte dans nos tranchées.

21 juin :

Calme dans notre secteur.

Temps superbe.

J’en profite pour faire mes correspondances, lorsque vers midi, l’ennemi envoie 4 torpilles qui me surprennent beaucoup.

A Calonne, les combats continuent avec acharnement, et à notre droite, violente canonnade.

22 juin :

Journée calme, quelques fusillades de temps en temps. Sur notre gauche, les combats continuent avec acharnement. Nous recevons quelques obus, mais à notre droite, le 1er bataillon se trouve violemment bombardé.

Le soir, une violente fusillade s’engage sur tout le front, sur une longueur de 10 kilomètres. Nous avons quelques pertes.

23 juin :

A 5 heures du matin, l’ennemi attaque nos tranchées de réserve avec des torpilles. Notre artillerie répond par un tir de barrage très violent.

Dans la journée, c’est les premières lignes qui reçoivent les torpilles.

Sur notre gauche, une attaque est engagée par le 54, 67 et 106 qui arrivent à prendre les premières lignes ennemies, avec pertes assez sérieuses pour nous.

Dans notre secteur, les Allemands nous présentent une pancarte écrite en français pour nous annoncer la prise de Chemberg, à laquelle nous répondons en allemand que ce n’est pas du nouveau pour nous, qu’on ne nous cache rien chez nous.

24 juin :

Matinée calme.

Mais près de midi, nous fûmes brusquement surpris par des bombes torpilles désignées sous le nom de « fougasse ».

Ca ne dura que 10 minutes auxquelles nous répondons par une vive fusillade.

La nuit fut très mauvaise, bombes, torpilles et fusillades. Nous avons quelques pertes.

Nos 75 se mirent de la partie, ce qui calma l’ennemi.

25 juin :

Calme dans notre secteur.

A notre gauche, les bombardements continuent avec acharnement, accompagnés de vives fusillades.

26 juin :

Journée calme.

Mais le soir, nous recensons des obus qui tombent à l’arrière de nos lignes.

Nuit très calme dans notre secteur. Sur notre gauche, violents bombardements.

27/28 juin :

Journée très calme.

Le soir, nous lançons des torpilles fougasses. A notre droite violents combats et duel d’artillerie.

29 juin :

Réveil à 3 heures 30 du matin par les torpilles fougasses. Nous en reçûmes une quarantaine. Nous nous précipitons dans nos abris, malgré cela, nous eûmes quelques blessés et nos tranchées complètement démolies. Nos 75 leur répondirent, ce qui arrêta le bombardement.

30 juin :

A 3 heures du matin, nous bombardons les tranchées ennemies avec nos crapouillots auxquels l’ennemi répond de suite.

La journée fut très calme. Le soir, nous recommençons le lancement de bombes, mais nous restons sans réponse.

1er juillet :

Nous sommes réveillés à 2h30 par les torpilles ennemies auxquelles nos 75 répondirent par une sérieuse rafale.

L’ennemi ne nous ménagea pas.

2 juillet :

Quelques fougasses, toutes au matin.

C’est le jour de relève ce qui nous fait bien plaisir car nous avons été très nourris pendant 18 jours et nous avions besoin de nous laver et de changer de linge.

A 6h30, le 106 nous relèvent.

Nous évacuons les tranchées sans ennemis. Nous allons cantonner à Rupt, pays que nous détestons.

La population n’est pas sympathique et tout est hors de prix.

Nous passons notre après-midi à goûter sur l’herbe.

Le soir, c’est la gaieté au cantonnement, le vin produit son effet.

3 juillet :

Réveil à 3h du matin pour aller faire des tranchées de réserve. Nous sommes furieux de voir qu’on ne nous laisse pas seulement le temps de laver notre linge. Il fait une chaleur torride et nous éprouvons de grandes fatigues.

4 juillet :

Réveil à 5 heures, départ pour le travail à 6 heures, même endroit et même chaleur.

5 juillet :

Réveil à 2 heures pour aller au tir dans la forêt de Sommedieue. J’éprouve de grandes difficultés pour marcher à cause des chaussures neuves.

En revenant du tir, je reste avec les traînards, ce qui me donne l’occasion de me munir de ce que j’ai besoin et de boire quelques bons verres de vin et de manger quelques friandises.

J’ai passé une bonne nuit.

6 juillet :

Réveil à 5 heures.

J’emploi mon temps à laver mon linge et raccommoder ensuite. Je vais aux douches car j’en avais grand besoin.

Je fus très surpris de voir une installation aussi moderne. J’étais très gai.

7 juillet :

Réveil à 2 heures pour aller aux tranchées. Je reste au cantonnement pour faire le nettoyage avec quelques camarades.

Nous quittons Rupt à 6 heures. En ours de route nous nous ravitaillons en vin à Ranzières. Nous arrivons aux tranchées à l’heure de l’après-midi, assez fatigués.

8 juillet :

Journée calme, nuit assez bonne.

Quelques coups de feu de temps en temps.

9 juillet :

Calme complet, violente canonnade à Calonne.

10 juillet :

Calme. De service de nuit de minuit à 6 heures.

11 juillet : Quelques coups de feu et quelques fougasses par l’ennemi. Je prends mon service de 8h à minuit.

12 juillet :

Nous sommes relevés par le 106 et nous allons cantonner au ravin des cuisines où nous trouvons un joli abri.

Repos toute la journée.

13 juillet :

Alerte à minuit pour partir en Argonne, mais il y a contrordre vu que le régiment n’est pas au complet.

Nous passons la journée tranquillement.

14 juillet

Réveil à 5h30.

Nous préparons notre repas qui est excellent. Chaque homme a 1 litre de vin, un cigare, soupe, petits pois, pommes frites, mouton, café.

Après-midi, prise d’armes pour la remise de la croix de Guerre aux combattants des Eparges. Pendant la décoration, on entend des murmures pour certains types qui n’ont absolument rien fait.

La soirée fut très gaie ; de toute part, c’est des chants.

15 juillet : Réveil à 5h30

Journée de repos.

Je joue aux cartes pour me distraire.

16 juillet

Réveil à 5h30.

Départ du cantonnement à 6h pour aller couper du bois en forêt. Nuit très tranquille. Réveil à 3heures du matin pour aller en ligne.

17 juillet

Arrivés à proximité des lignes, nous sommes obligés de nous arrêter sur la route car une vive canonnade est engagée dans le secteur que nous devons occuper.

18/19 juillet

Nous occupons les 1ères lignes qui sont à environ 500 mètres de celles de l’ennemi.

Secteur assez calme.

20 juillet

Rien de nouveau, sauf que notre adjudant fut grièvement blessé en allant faire une patrouille. Nous faisons quelques travaux pour rejoindre nos tranchées des postes avancés.

Nuit très calme.

21 juillet

Nous quittons les tranchées de 1èere ligne pour aller en réserve au poste de commandement où nous sommes très tranquilles.

22 juillet

Nous sommes relevés par le 106 et nous allons en 2ème ligne.

Journée de repos, revue d’armes, bonne nuit.

23 juillet

Réveil à 5h. Départ pour le travail à 6h.

Construction d’abris et bombardements. Les travaux sont pénibles par le transport des bois qui sont très lourds.

24 juillet

Même travail.

25 juillet

Continuation des abris avec le 2ème Génie.

Journée pluvieuse, bonne nuit.

26 juillet

Réveil à 5h. Départ à 6h pour le travail, nous coupons de gros arbres qui ont été abîmés par les bombardements.

Nous les transportons aux abris. Après-midi, revue d’armes et sacs. Nuits très bonne, mais pluvieuse.

27 juillet

Réveil à 3h du matin pour aller aux tranchées.

Nous restons en réserve où les hommes sont continuellement employés aux corvées pour le transport des bois, pour la construction d’abris.

Journée pluvieuse.

28 juillet

Mauvaise nuit en forêt. Réveil à 5h30, corvées pour les hommes.

Je reste au cantonnement pour me préparer à assister comme homme de garde au conseil qui a lieu sur le front même. Il attrape 2 ans de travaux publics pour abandon de poste pendant trois jours.

Le soir, nous transportons des chevaux de frise aux Fritz en première ligne.

29 juillet

Réveil à 3h du matin. Alerte, l’ennemi bombarde violemment sur notre gauche et lance un grand nombre de fougasses sur nos premières lignes.

Calme pour l’infanterie mais la grosse artillerie ennemie bombarde nos villages et nos batteries.

D’après les renseignements que nous avons pu avoir, il s’agissait d’une attaque sur 171 et 172.

30 juillet

       Nous restons toute la journée en réserve.

Temps pluie.

31 juillet

       Nous sommes complètement relevés du secteur de Calonne et bois Bouchot. Nous nous dirigeons sur Rupt où nous logeons dans un bois de sapin.

Le village n’est plus occupé par la population civile depuis 15 jours.

Les Boches ne cessaient pas de le bombarder. Nous logeons sous nos toiles de tentes.

1er août

       Nuit très bonne.

Réveil à 6 h, préparatifs pour assister à la décoration du lieutenant de ravitaillement. Moi, je suis désigné pour prendre la garde au cantonnement.

Le soir, je suis relevé par un homme puni. Je passe une assez bonne nuit sous ma toile de tente.

2 août

       Repos toute la journée, j’ai passé une mauvaise nuit.

Le soir, à 5h1/2  un violent orage se déclenche. Nous avions peur que le vent enlève nos toiles de tentes. A minuit, nous faisons nos préparatifs de départ car il est impossible de partir de jour à cause des bombardements.

       Nous partons à 1h1/2 et nous nous dirigeons sur Villers-sur-Meuse, Récourt-le-Creux et Rambluzin où nous tenons cantonnement.

Journée pluvieuse, soirée très mouvementée.

       Les hommes s’enivrent et se battent, c’est écœurant.

3 août

       Je passe ma journée à nettoyer mes armes et équipements, et la soirée à jouer aux cartes, lorsque je reçois une lettre qui fut pour moi une terrible surprise. Je quitte le jeu pour aller dans un coin afin de dissimuler mes troubles.

Je passe une nuit très agitée.

4 août

       Réveil à 3 heures de départ de Rambluzin à 5 heures pour Villotte-St-Mihiel. Le temps est très brumeux, mais la joie règne dans le régiment, les hommes sont heureux de quitter les tranchées pour goûter un peu de repos bien gagné.

Nous passons par Benoite-Vaux, Courouvre, Pierrefitte où nous faisons la grande halte pour déjeuner, mais nous sommes contrariés par la pluie.

Ensuite, nous arrivons à Villotte-devant-St-Mihiel à midi, très fatigués.

Le pays est assez plaisant et la population du temps de paix est d’environ 1.000 habitants. Nous sommes à 16 kil. De St-Mihiel et nous couchons dans un vaste local, mais la paille fait défaut.

J’ai passé une bonne nuit.

5 août

       Journée de repos.

Après-midi, nous avons été aux douches dans le lavoir. C’est très amusant : on nous douche avec une pompe à incendie.

Le soir pour tuer le temps, je vais écouter de la musique.

6 août

       Rien de nouveau. Réveil à 6 heures. Revue des sacs pour voir si tous les hommes ont leurs vivres au complet.

Je suis triste pour raisons de famille.

Je vais à la musique le soir, pour me distraire.

7 août

       Réveil à 6 h, rien de nouveau

Peloton des élèves sous officiers ; août 1915

8 août

   Réveil à 5 heures pour aller chercher du bois pour nos cuisines.

De retour à 9 heures, au  rapport, je suis désigné pour suivre le peloton des sous-officiers. Après midi, je vais voir  mes amis du 171 qui sont à la 8ème Cie.

Le soir, je vais à la musique.

Je passe une mauvaise nuit, je suis obligé de me lever pour rendre, je suis malade.

9 août

   Marche pour la compagnie. Je reste au cantonnement pour me préparer à partir au peloton.

Nous quittons Villote-devant-St Mihiel à midi, par une chaleur torride, aussi nous avons toutes les peines du monde à arriver au Petit-Rumont, où nous faisons la pause. Je suis étouffé.

Je n’ai plus de respiration. Je suis obligé de me déséquiper complètement.

Les camarades me jettent de l’eau sur la figure, ce qui me ranime un peu.

 

   Après une heure de pause, nous allons au Grand-Rumont où nous faisons notre cantonnement. Je visite le pays qui est bien petit malgré qu’il porte de Grand-Rumont. La population du temps de paix n’atteint pas 200 habitants.

Le soir, j’installe ma toile de tente dans les brancards d’une voiture en forme de hamac, où je passe une bonne nuit.  

 

10 août

Réveil à 5 heures. Départ pour l’exercice.

A 6 heures, nous faisons du service en campagne.

Après-midi, nous partions à l’exercice mais le mauvais temps nous empêche.

Nous faisons une théorie sur les travaux de tranchées.

Le soir, promenade dans le pays.

11 août

Je suis désigné comme chef d’escouade, chargé de la nourriture des hommes.

A 6 h, départ pour le travail où nous allons couper des branches d’arbres pour faire des claies et gabions pour tranchées.

Après-midi, travaux de terrassement, je suis occupé à faire un poste d’écoute. Journée très agréable ; par contre, nous sommes très mal nourris.

12 août

Réveil à 6 h.

Matinée, travaux de campagne. Après midi, théorie sur la façon de se servir des murs pour faire un champ de tir et la façon de détruire des gros murs pour les explosifs.

Soirée très agréable.

13 août

Réveil à 5 heures. Départ à 6 h pour continuer les travaux de campagne. Après-midi,

Théorie sur les travaux de défense.

Soirée très mauvaise, pluie abondante et mauvaise nuit.

14 août

Réveil à 5 h. Départ à 6 h. Après-midi, construction d’un pont sur rivière. Pour faciliter le travail, l’on est divisé par équipes. Les uns font des claies, les autres préparent les grandes traverses que l’on jette à travers la rivière, les autres préparent les garde-corps et les piquets de consolidation.

Lorsque tous les matériaux sont assemblés, l’exécution dure 8 minutes pour démolir le pont, 3 minutes pour effectuer ce travail. Rapidement, nous sommes divisés en 4 équipes et nous faisons un concours de vitesse.

15 août

Réveil à 5 heures.

Nettoyage des armes et équipements pour passer une revue à 9 heures.

Après-midi, je pars à Nicey pour voir mon beau-frère Louis qui se trouve à 5 kilomètres de Rumont.

Je passe une agréable journée avec lui. Je quitte Nicey-sur-Aire à 6 heures et arrive à Rumont à 9 heures, très fatigué.

Je passe une bonne nuit.

16 août

Réveil à 6 heures.

Exercice sur l’emploi des explosifs, façon de détruire des ponts et de faire sauter des arbres.

A 11 heures, départ de Rumont pour rejoindre nos compagnies pour assister à une grande revue qui doit avoir lieu le 17.

Le soir, je me couche de bonne heure car je suis très fatigué.

J’assiste dans le local où je couche à une représentation très amusante organisée par les hommes de la 4ème section, je suis malade de rire.

17 août

Réveil à 4 heures du matin.

Préparatifs de départ pour la grande revue où assistent le 132, 106, 67, 54, 150, 171, 172, plus 4 bataillons de chasseurs à pied, 19, 25, plus le 25ème artillerie.

Il fait un grand brouillard.

Nous nous rangeons sur un immense terrain en attendant l’heure de la revue.

Vers 11 heures, le Ministre de la guerre avec Lord Kitchener, accompagné du général Joffre font leur apparition, suivis de leurs états-majors.

A midi, le défilé commença en bataillon.

En masse, c’est très impressionnant de voir une concentration de troupes importantes. A la première pause, nous quittons notre compagnie pour retourner au Grand-Rumont continuer nos exercices d’instruction.

Nous arrivons bien fatigués.

18 août

J’ai passé une nuit cauchemar.

Matin, exercice pour le lancement de grenades. Nous constatons qu’un grand nombre n’éclate pas.

Après-midi, exercice sur la construction de chevaux de frise et accessoires de défense.

Journée très agréable.

19 août

Travaux de terrassement toute la journée.

Je passe une mauvaise nuit. Je suis très contrarié.

20 août

Travaux de tranchées ; après-midi, théorie sur la façon de détruire des ouvrages en avant des lignes.

21 août

Nuit mauvaise, contrariété.

Matin, départ au travail, construction de petits postes dans boyaux.

Après-midi, organisation de défense d’un village étant en deuxième ligne. Plan d’attaque à fournir comme chef de section.

22 août

Repos toute la journée. J’en profite pour faire un bon chocolat au lait.

Après-midi, révision de toutes les théories sur la façon de détruire murs, ponts, grilles et la façon de barrer une route et jets de bombes artificielles.

Journée agréable, temps superbe.

23 août

Travaux de tranchées avec théorie sur la façon de défendre un boyau et avancer sur une deuxième ligne. Temps superbe.

24 août

Réveil à 6 heures, exercices de lancement de grenades. Façon d’organiser la défense d’un boyau.

Après-midi, théorie.

25 août

Réveil à 5h30.

Départ à 6h30 pour faire une démonstration d’attaque devant le général Gramos et les officiers supérieurs. Tous les sous-officiers bombardiers des régiments assistent à la démonstration, ainsi que le bataillon de marche du 150.

Les attaques se font par les grenadiers délite et les sous-officiers et caporaux. Nous faisons également sauter des chambres à mines.

Après-midi, théorie sur la défense des tranchées.

26 août

Réveil 5h30.

Départ aux tranchées 6h30.

Attaque des tranchées à coup de grenades par toute la division 67, 54, 106, 132.

Nous restons comme spectateurs. Charge à la baïonnette et façon d’aménager les boyaux.

Après-midi, théorie et repos.

Agréable journée.

27 août

Réveil à 6h.

Départ aux tranchées à 6h30.

Le 132e et le 106e sont désignés pour l’attaque qui débute par les grenadiers.

Nous nous sommes chargés de faire sauter les murs qui projettent des pierres à plus de 400 mètres. La manœuvre est belle et bien réussie.

Après-midi, théorie. Journée agréable.

28 août

J’ai passé une bonne nuit.

Réveil à 6h.

Revue par le Capitaine pour nous faire ses adieux.

C’est un vrai père de famille qui sert la main à tous ses hommes en les remerciant du bon travail fait pendant les cours d’instruction.

Après-midi, départ du Rumont pour aller rejoindre son régiment à Villotte-devant-Saint-Mihiel.

Temps superbe, la gaieté règne parmi les hommes.

29 août

Repos toute la journée.

J’en profite pour aller à la messe.

Après-midi, je me dirige sur Nicey pour voir mon beau-frère où je passe une après-midi très agréable avec lui, quoique je suis très tourmenté.

 

La permission ; septembre 1915

30 août

Réveil à 4h pour exécuter une manœuvre de brigade qui est assez pénible, mais qui nous amusa beaucoup. Par une chasse aux lapins de Garenne, de retour au cantonnement, à 2h.

Je me prépare pour partir en permission le soir à 6h.

Nous sommes rassemblés pour aller prendre le train à Pierrefitte où nous passons une mauvaise nuit car il fait très froid et le train ne part 12h30 du matin.

Nous arrivons à Bar-le-Duc à 2h où nous faisons encore un arrêt de 2h.

Le brouillard est très froid. Nous repartons à 4h pour Is-sur-Tille, gare régulatrice.

De là, je me dirige sur Dijon où j’arrive à 7h30 du soir. L’aspect de la ville a conservé sa gaieté du temps de paix. De voir tous ces grands cafés et ces magasins illuminés, il me semble que je reviens au monde.

J’en suis tout ébloui. A la gare, il y a foule de femmes qui attendent l’arrivée des permissionnaires.

Après m’être promené quelques heures, je retourne à la gare où je prends un bon déjeuner au buffet. Je reprends le train à 12h39.

J’arrive à Besançon à 5h. Il y a un arrêt qui me permet de prendre un café.

J’arrive à Belfort à 7h30.

Je suis fatigué de mon voyage.

1er septembre

Je vais chez mon frère où je passe la journée, mais je n’éprouve aucune joie. Je passe une bonne nuit car je suis très fatigué.

2 septembre

Je passe ma matinée à faire une promenade en ville.

Après-midi, je me dirige sur Rougemont où ma famille se trouve.

Mon arrivée fut une surprise. Il s’engage avec mon épouse une vive discussion…

… enfin les choses s’arrangent pour le mieux, mais je suis profondément troublé.

3 septembre

Je fais une promenade au village pour me distraire un peu, mais je ne trouve pas beaucoup de plaisir. Il y a rien qui me charme.

Je reviens auprès des miens où je trouve plus de plaisir.

4 septembre

Toujours à Rougemont avec ma famille.

5 septembre

Après avoir passé une bonne nuit, avec mon épouse, je vais faire un tour au village pour dire au revoir à quelques personnes.

Je quitte Rougemont à 5 heures pour me rendre chez moi, à Belfort où je passe une soirée agréable et une bonne nuit.

6 septembre

Je vais au marché avec mon épouse faire divers achats, bonne journée, mais coûteuse.

7 septembre

Après avoir passé une bonne nuit, je quitte Belfort à 9 heures pour retourner à Rougemont où je vais avec mon épouse dîner chez des amis.

Journée agréable.

8 septembre

Après avoir passé une bonne nuit, je me distrais de mon mieux avec ma petite famille.

9 septembre

Je me lève tranquillement à 7h30 après avoir passé une nuit très agréable avec mon épouse.

J’emploie ma matinée à chercher du bois à la forêt ce qui me plaît beaucoup.

Le soir, je fais un tour au pays avec mon épouse.

Vers les 9h, je vais au-dessus du Chénois pour assister de loin aux très violents bombardements de la Hartmannswillerkopf, ce qui ressemble beaucoup aux combats des Eparges.

Je retourne avec mon épouse me coucher où j’éprouve plus de plaisir qu’à regarder éclater les obus.

10 septembre

Je me lève à 4 heures après avoir chanté pendant une heure avant de me lever.

Je pars pour Belfort à 5h30 où je vais chez mon frère arranger mes comptes.

Bonne journée.

Je passe une nuit très agréable dans notre bon lit.

11 septembre

Préparatifs de départ.

Bonne journée.

Après-midi avec mon épouse et mon frère, je vais faire quelques achats en attendant l’heure du train. Je quitte mon épouse, ce qui me donne le cafard.

Je passe toute une nuit en chemin de fer.

12 septembre

Je passe toute ma journée à Is-sur-Tille, lieu de concentration des hommes rentrant de permission.

Je quitte cette gare à 3h30 pour aller à Troyes où nous arrivons à 7h du soir. Nous y passons la nuit au buffet de la gare.

Nuit très fatigante par suite du voyage.

13 septembre

Départ de Troyes pour Vitry-le-François où nous arrivons à 8h du matin. Jolie ville, très propre. Ensuite, nous nous dirigeons sur Drouilly qui se trouve à 1 kilomètre de Vitry-le-François, et nous passons toute notre journée. Journée assez plaisante.

14 septembre

Réveil à 3h du  matin pour aller avec les voitures de ravitaillement rejoindre notre cantonnement qui se trouve à 18 kilm.

Matinée très fatigante, enfin, j’arrive à mon cantonnement vers midi, mais j’ai un cafard terrible. Je passe mon après-midi avec mes camarades (Bussy-Lettrée)

15 septembre

Mauvaise nuit, le matin je pars avec ma compagnie en service en campagne.

Après-midi, repos, cafard.

16 septembre

Manœuvre le matin, à travers champs.

Journée d’ennui. Après-midi, repos.

17 septembre

Manœuvre à travers champs.

Après-midi, repos. Journée d’ennui car le pays est pauvre, on n’y trouve pas grand-chose.

18 septembre

Mauvaise nuit. Le matin, service en campagne à travers champ.

Après-midi, repos, préparatifs des sacs. Soirée d’ennui.

19 septembre

Repos, revue des hommes en tenue de campagne. Je passe une très agréable journée avec mon ami Girard.

Le soir, je me promène seul dans le village pour pouvoir penser aux miens librement.

J’ai un cafard terrible de voir des amis avec leurs épouses et de ne pas avoir le bonheur d’être auprès de ceux que j’adore.

20 septembre

Réveil à 5h. Départ à l’exercice à 6h.

Nous passons une matinée tranquille. Préparatifs de départ. Nous nous couchons de bonne heure. Le départ ayant lieu à 11h1/2, nous allons cantonner à Servon  qui se trouve à 7 kilom. de Bussy-Lettrée. Pendant notre parcours, par un temps très clair, nous apercevons un dirigeable ; mais nous ne pouvons pas dire si c’est un dirigeable ennemi.

Nous arrivons à Servon  où nous somme logés dans un immense château où nous logeons plusieurs compagnies.

21 septembre

Journée de repos. Après-midi, nous allons faire une promenade qui nous permit de nous ravitailler d’un bon lapin que nous faisons cuire avec des pommes de terre.

Après-midi agréable.

Le soir, nous nous préparons pour partir au Camp de Châlons. Le départ a lieu à 8h1/2. Nous avons un chargement très lourd qui nous exténue de fatigue. Nous arrivons à 3h1/2 du matin, où nous installons nos toiles de tente. Nous ne nous faisons pas prier pour nous coucher car nous étions exténués de fatigue.

22 septembre

Journée de repos. Nous sommes occupés à la distribution des vivres qui nous occupe toute l’après-midi. Soirée agréable dans notre cantonnement, mais une terrible canonnade se fait entendre sur tout le front.

23 septembre

J’ai passé une bonne nuit.

Le matin, à 6h, je suis désigné comme homme de garde au cantonnement. Journée assez calme sur le front, mais la nuit, une violente canonnade se fait entendre sur tout le front.

24 septembre

Matinée tranquille au cantonnement, mais un violent bombardement se fait entendre. Après-midi, calme complet sur le front. Repos après-midi pour quitter le cantonnement le soir à 9h.

Nous faisons une marche de nuit très pénible car notre chargement comprend 4 jours de vivre. Nous arrivons dans un bois au-dessus Suippes à 3h du matin. Nous avons ordre de nous reposer jusqu’à 7h.

Temps pluvieux.

Bataille de Champagne, secteur de Souain, sept.-octobre 1915

25 septembre

Rassemblement du régiment pour se porter en avant.

Nous parcourons un terrain découvert en ligne de section. Après deux heures de marche, nous arrivons au passage à niveau de Suippes où le premier gros obus vient nous saluer et produire un effet démoralisant chez nous, car nous croyions que nous étions repérés ; mais l’ennemi tirait sur la gare et la voie ferrée.

Malgré cela, une trentaine d’obus était lancé dans notre direction.

Pendant ce temps, les troupes coloniales et le bataillon de chasseurs étaient déjà aux prises avec l’ennemi et, gagnaient du terrain entre Suippes et Souain. Il y avait toujours une importante concentration de cavaleries.

Nous quittons ce secteur pour nous porter en avant, munis de passerelles pour traverser les tranchées ennemies. Nous parcourons sous ces obstacles avec beaucoup de peine par suite de notre chargement. Nous arrivons derrière une petite côte, où nous restons plusieurs heures. Pendant cet arrêt, nous voyons défiler un grand nombre de prisonniers.

Pendant ce temps, notre cavalerie se porte en avant pour achever la poursuite de l’ennemi.

Vers les trois heures, nous recevons l’ordre de nous porter en avant.

Nous passons à gauche de Souain qui se trouve violemment bombardé. Nous sommes obligés de nous servir de nos lunettes et de nos masques respiratoires, car l’ennemi nous envoie des obus à gaz suffocant. Nous continuons notre marche en avant jusqu’à la première grande tranchée ennemie qui se trouve complètement bouleversée par le bombardement.

Nous recevons encore des obus suffocants. Nous occupons les abris des tranchées ennemies qui n’ont pas trop souffert. Nous y trouvons des équipements, des armes, des hommes qui n’ont pas été faits prisonniers, ainsi que jambon, saucissons, confiture, cigares, ce qui nous donne à voir que la famine n’est pas aussi grande que l’on nous le disait.

Je m’empresse de changer de linge de corps avec des effets trouvés dans les sacs de l’ennemi, car je suis trempé mouillé. Nous dormons dans les abris jusqu’au matin, car nous étions exténués de fatigue.

Le matin au réveil, nous constatons qu’il y a passablement d’hommes restés sur le carreau, mais les troupes d’attaque sont loin en avant.

Nos 75 sont en pleine rase campagne et font merveille.

26 septembre

Nous quittons la tranchée ennemie pour nous porter en avant où nous rencontrons les troupes de différents régiments.

Derrière des abris individuels faits pendant la nuit, nous les devançons car ces hommes ont besoin de repos.

Pendant ce temps, notre artillerie tire sans répit ; par contre, l’artillerie ennemie nous envoie quelques obus de gros calibre. Nous continuons toujours notre marche en avant, mais à un certain moment, nous sommes salués par une fusillade qui nous vient d’un petit bois qui se trouve sur notre gauche. Nous parcourons ce terrain découvert par bonds, car l’ennemi ne nous perd pas de vue.

Enfin, nous arrivons dans un petit bois où nous creusons des abris. Il y a devant nous une ligne des nôtres.

Nous restons là, comme renfort. Nous avons éprouvé quelques pertes en creusant nos tranchées et en parcourant le terrain découvert. Nous passons  notre nuit à cette place.

Nous n’éprouvons aucun ennui.

27 septembre

Notre régiment reçoit l’ordre de retourner à l’arrière en passant par un boyau qui se trouve encombré par le 42ème colonial.

Ensuite, nous passons à terrain découvert où on se trouve salués par les obus. Enfin, après un pas de gymnastique assez long, nous arrivons dans un bois où l’on nous fait faire une pause de 2 heures.

De là, nous allons près des batteries prises à l’ennemi, où nous trouvons un grand nombre de cadavres d’artilleurs allemands et des abris, des vivres et des munitions. Il y a principalement un abri où on remarque d’un million d’obus.

Nous descendons un peu plus bas, où nous nous trouvons en face d’un superbe abri réservé, sans doute à l’état major allemand, car nous constatons une pancarte où sont inscrits, ces mots : « Villa du Prince Ferdinand de…. ». Surtout, ce qui fait notre admiration, ce fut de voir avec quel goût tous ces ouvrages ont été faits. Rien ne manque. Nous quittons cet endroit pour nous porter un kilomètre plus loin. Là nous couchons à terre pendant une heure.

L’ordre nous arrive que nous devions attaquer une ligne de résistance qui restait aux mains de l’ennemi. L’attaque commence sur toute la ligne, mais sans résultat, car les réseaux de fil de fer n’étaient pas suffisamment détruits. Aussi, l’ennemi nous reçoit par une violente fusillade de flanc et de face. Nous sommes obligés de nous coucher sur place, et de nous faire des abris que nous transformons en tranchées.

Mais notre travail se trouve parfois interrompu par une fusillade.

28 septembre

Nous conservons les mêmes positions pendant que notre artillerie cherche à détruire les ouvrages de l’ennemi, mais peine perdue. Il nous est impossible de recommencer notre attaque.

Dans la nuit, je suis désigné pour partir en patrouille où je constate avec peine que les troupes qui avaient attaqué sur notre droite, avaient de grandes pertes.

Nous rentrons à une heure du matin sans toutefois apporter grands renseignements, sauf la découverte d’une mitrailleuse et une ligne ennemie.

29 septembre

Toujours les mêmes positions.

Assez calme où nous sommes, mais à notre gauche, il s’engage de temps en temps une fusillade.

30 septembre

Toujours les mêmes positions. Nous sommes bien fatigués et surtout, la soif s’empare de nous.

Notre artillerie bombarde l’ennemi sans arrêt.

Le soir arrive. Nous allons être relevés. Vers 11 heures, les Zouaves viennent nous relever. Tout se passe pour le mieux, mais au point de concentration de nos troupes, l’ennemi s’aperçut du mouvement. Il nous envoie une grande quantité de fusées accompagnées d’une vive fusillade qui nous oblige à nous coucher et à rester une heure dans cette position. Lorsque la fusillade arrête, nous partons en arrière au pas de gymnastique.

Enfin, nous arrivons à l’endroit où nous restons en réserve. Nous constatons au jour qu’il s’y est livré un combat sérieux par le nombre de fusils et d’équipements restés à terre. Enfin, nous sommes heureux d’être en repos pour faire un peu de soupe et café, et nous nettoyer, car nous sommes très sales.

1er octobre

Journée de repos. Nous nous occupons de nettoyer nos vêtements et équipements.

La canonnade continue sur le front. Nous faisons la soupe et le café, car nous en avons été très privés.

2 octobre

Aucun changement. Nous avons l’ordre de faire des abris conte le bombardement. Pendant l’exécution de ces travaux, nous recevons l’ordre de partir au repos à l’arrière.

Nous allons cantonner dans un bois de sapins aux environs de Souain.

3 octobre

Après une marche de nuit assez pénible à cause du terrain, nous arrivons dans une forêt de sapins près de Souain. Nous installons nos toiles de tente. Nous nous trouvons avec le 106, le 67, le 171 et 172. après avoir pris le café, je me repose car je suis fatigué. L’après-midi, je vais jusqu’au 171 pour voir mon beau-frère où je suis heureux de le trouver en bonne santé.

4 octobre

Journée employée au nettoyage des effets et l’équipement. Journée assez tranquille au cantonnement, mais violent bombardement sur tout le front.

5 octobre

Nous restons toute la journée au repos.

Nous en profitons pour aller visiter les mortiers de 370 qui se chargent avec des obus de 515 kilos. Nous avons également l’occasion de voir des pièces de marine pour tir à longue portée. Je rentre à mon cantonnement fatigué. Des suites de quelques libations, j’apprends que nous devions partir dans la nuit.

Départ 10 ½. Il fait nuit noire. Nous nous perdons en cherchant les tranchées ennemies. Après des heures de recherche, nous arrivons dans les tranchées tant désirées. Nous nous couchons n’importe où.

Le matin, au réveil, nous constatons les ravages du bombardement. C’est effrayant, mais nous admirons les travaux exécutés par l’ennemi pendant son séjour dans ces tranchées.

Ils méritent tous éloges ; les abris, les puits à mine, ainsi que les couloirs d’évacuation, sont admirablement organisés dans ce fortin. L’ennemi avait fait sauter des chambres à mine qui coûtèrent la vie à un grand nombre de nos hommes. Ils étaient enterrés debout par l’avalanche des pierres projetées par l’explosion des mines. Leurs baïonnettes qui se trouvaient au bout de leurs fusils étaient très apparentes.

Le diamètre des entonnoirs était d’environ 14 mètres et d’une profondeur de 7m. La nature du sol nous démontre que la prise de cet ouvrage a coûté la vie à beaucoup d’hommes, au prix des plus grandes difficultés.

6 octobre

Nous recevons l’ordre de partir en avant, vers 8 h du matin.

Nous parcourons tout le terrain pris à l’ennemi qui est tout bouleversé. Nous arrivons à un endroit où, justement, il se produit l’explosion d’une pièce.

Nous ne nous arrêtons pas.

Nous continuons d’avancer, mais nous trouvons quelques cadavres ennemis. Arrivés à un certain endroit, nous rencontrons des prisonniers allemands, porteurs de mitraillettes et de chapelets de balles retournées. Nous passons le reste dans un boyau où il y a quelques obus individuels. Le soir arrive, nous restons couchés dans ce boyau.

Toute la nuit, nous sommes violemment bombardés par des obus de gros calibre qui nous secouent violemment dans nos pauvres petits abris.

7 octobre

Vers les 6 h, nous recevons l’ordre de partir en avant.

Nous traversons à terrain découvert où l’ennemi remarque notre mouvement. Nous sommes obligés de nous déployer en tirailleurs car les obus ne nous sont pas ménagés. Enfin, après une course folle, et très pénible à travers les champs, nous arrivons à la lisière d’un petit bois, où nous reprenons haleine. De là, nous nous dirigeons sur l’endroit que nous devons occuper le soir.

Nous passons dans un boyau encombré de troupes. C’est un vrai supplice de rester dans ce boyau où les hommes font la navette toute la journée.

Nous faisons passer de grandes quantités de sacs de grenades. Nous sommes continuellement harcelés par les canons de l’ennemi.

Le soir, vers cinq heures, un violent combat s’engage où la fusillade fait rage ainsi que les obus. Il nous est impossible de nous mouvoir dans ce boyau, tellement nous sommes nombreux. L’ennemi n’a pas attaqué, mais nous eûmes quelques pertes par l’artillerie. Ce combat dura ¼ heures à 2 à minutes. Lorsque le calme fut rétabli, nous recevons l’ordre d’aller occuper le fortin * qui venait d’être pris à l’ennemi. Nous parcourons environ 1 kilom. de boyau.

Nous marchons sur les cadavres.

Enfin, nous arrivons au fortin occupé par le 243e qui fût très heureux d’être relevé. Nous recevons l’ordre de surveiller attentivement parce que l’ennemi devait attaquer à la pointe du jour.

* Il s’agit certainement de l’ouvrage de Wagram, cité dans le JMO du 243e RI

8 octobre

A 4h1/2, un combat à la grenade s’engage contre la gauche de notre compagnie, suivi d’une vive fusillade qui dégénère en un combat acharné, suivi d’un lancement de grenades sur toute la ligne.

Nous profitons des trous d’obus qui sont nombreux, lorsque l’ennemi s’avance, mais voyant ça, s’enfuit à toutes jambes, laissant un grand nombre d’hommes sur le terrain.

Toute la journée, combat à la grenade, sur notre gauche, qui nous fit quelques victimes. Mais le calme régnait au centre de la compagnie, mais les tirs de l’artillerie étaient assez violents sur nos secondes lignes.

Nuit assez calme.

9 octobre

Quelques lancements de grenades à notre gauche ; mais à notre droite, il s’engage quelques combats assez vifs. Notre artillerie bombarde les lignes ennemies avec des obus de gros calibres, ainsi que des douilles qui projettent en l’air des blocs de pierre et de bois d’une grosseur excessive. Ce bombardement est terrible. Il y a de quoi à devenir fou.

Un nuage de poudre et de fumée se détache de ce tir qui nous empêche de vois les lignes ennemies.

 

Dans l’après-midi, nous recevons la visite d’officiers supérieurs ainsi que généraux.

Notre colonel prend l’engagement de prendre la crête militaire du fortin pour nous permettre de voir les lignes ennemies qui se trouvent en contrebas.

Dans l’après-midi, nous commençons des boyaux qui nous permettrons d’aller à la tranchée à la nuit tombante. Notre compagnie se met en devoir de partir en avant avec les outils nécessaires à construire une tranchée.

Ces travaux s’exécutent très rapidement. On passe en avant une grande quantité de sacs à terre qui étaient préparés à l’avance dans notre tranchée de première ligne. Une équipe est occupée à passer du fil de fer en avant de la tranchée en construction pour que l’ennemi ne se rendre pas compte des travaux que nous faisons en avant. Des hommes sont restés dans la tranchée pour tirer en l’air en mettant le bout du fusil à fleur de la tranchée et l’on continue à lancer des fusées. L’ennemi ne se méfiant de rien laissa faire les travaux. Mais, comme l’ennemi a pour habitude de détacher des patrouilles, ils s’aperçurent que nous faisions des travaux.

Vers minuit, un violent combat à la grenade s’engage, qui fut suivi d’une terrible fusillade qui resta à notre avantage. L’ennemi était furieux de voir que ces travaux avaient pu être exécutés aussi rapidement.

A la pointe du jour, l’ennemi avant devant lui une jolie tranchée.

11 octobre

Matinée calme, mais l’après-midi, l’ennemi repère nos tranchées. Nous recevons quelques obus, dont un tomba en plein dans la tranchée occupée par la 8ème compagnie, qui fit 10 victimes dont 5 morts.

Les lignes de réserve sont violemment bombardées. Le soir, nous sommes relevés par le 247e. il est grand temps car le secteur est très mauvais.

12 octobre

Repos dans une forêt de sapins aux environs de Suippes.

Journée employée au nettoyage des effets et équipements.

Bonne nuit, nous étions fatigués (Bois Sabot).

13 octobre :

Journée employée au nettoyage des effets et équipements.

Le soir, vers les onze heures, nous quittons le secteur pour aller au repos au bois de La Cheppe qui se trouve à 6 kilomètres de Courtisols où nous arrivons à trois heures du matin, très fatigués.

Période de repos puis travaux divers : Courtisols, Mourmelon, oct.-déc. 1915

14 octobre :

Repos. Montages des toiles de tentes et organisation du cantonnement.

Belle journée.

15 octobre :

Revues de sacs et effets ainsi que des vivres.

Belle journée.

16 octobre :

Matinée, corvée de linge.

Après-midi, exercice.

17 octobre :

Repos toute la journée.

18 octobre :

Matin, douche à Courtisols. Après-midi, exercice et jeu de barre.

19 octobre :

Exercice toute la journée.

Temps sombre.

20 octobre :

Exercice, jeu.

Temps maussade.

21 octobre :

Corvée de lavage, douche, exercice l’après-midi.

22 octobre :

Réveil à 5 heures.

Départ pour la marche de 23 kilomètres. Sacs chargés.

Je reviens très fatigué.

23 octobre :

Préparatifs de départ pour le régiment.

Notre section reçoit l’ordre de rester au cantonnement pour garder les matériaux et baraquements et pour nettoyer le cantonnement.

Bonne nuit.

24 octobre :

Continuation du nettoyage. Temps brumeux.

25 octobre :

Bonne nuit dans les baraques et nettoyage.

26 octobre :

Toujours le même travail, sauf pour moi !

Je prépare la soupe des sous-officiers.

27, 28, 29 et 30 octobre :

Toujours le même travail, mais je m’occupe de ma cuisine. Je passe de bonnes soirées à jouer aux cartes.

31 octobre :

Départ du bois de La Chappe à 7 heures du matin pour rejoindre le bataillon qui se trouve à Saint-Quentin-sur-Coole distance de 18 kilomètres en passant par l’Epine.

Je visite l’église qui est jolie comme sculpture extérieure, mais il n’y a rien de remarquable à l’intérieur.

Nous faisons la grande halte à Sarry pour prendre le café.

Nous arrivons à Saint-Quentin à 3 heures et demies.

Petit pays d’une centaine d’habitants.

Belle journée.

1er novembre :

Journée de repos.

Je vais à la pêche dans une petite rivière où j’attrape quelques truites.

Journée d’ennui.

Le soir, je fais un tour à la chapelle. Je couche dehors.

2 et 3 novembre :

Exercice toute la journée.

4 novembre :

Départ de Saint-Quentin à 5 heures pour aller à Sarry. Distance 8 kilomètres.

Arrivé à Sarry, je me mets à chercher une perche pour aller pêcher dans la Marne. Mais l’eau est trop claire.

Rien à faire.

Le soir, je suis de garde pour les prisonniers. Je passe une mauvaise nuit. Je suis de garde.

5 novembre :

Je suis encore de garde des prisonniers.

Journée assez agréable, beau temps.

6 novembre :

Départ de Sarry à Mairy qui se trouve à 1 kilomètres 600. Avant de rejoindre Mairy, nous faisons des exercices de gymnastique.

Arrivés à Mairy, nous sommes occupés à nettoyer le cantonnement qui est très sale.

Le soir, on nous apprend que nous (le) quitterons dans la nuit.

7 novembre :

Départ de Mairy à 2 heures du matin.

Marche pénible. Les routes sont très mauvaises. Nous arrivons à proximité de Lépine où nous faisons la grande halte pour manger.

Il est 11 heures. A midi, nous repartons pour Saint-Etienne-du-Temple où nous arrivons à 3 heures de l’après-midi, très fatigués.

Belle journée.

8 novembre :

Réveil à 4 heures. Départ à 5 heures pour Mourmelon.

Nous traversons un village où se trouve le général de corps d’armée qui nous félicite de la bonne tenue du régiment.

Arrivés à Mourmelon, nous faisons une pause en attendant la partition du cantonnement.

Nous sommes logés dans un vaste local qui servait de magasin à graines.

Nous sommes bien installées, mais, faute de paille, nous couchons sur le plancher.

9 novembre :

Réveil à 6 heures.

Nous continuons à nous installer.

Après-midi, nettoyage aux abords du cantonnement.

Le soir, après la soupe, j’ai dansé pendant une heure. Soirée agréable, pluie.

10 novembre :

Démolition des vieux abris ayant servis à la cavalerie. Pluie toute la journée.

11 novembre :

Travaux aux environs de Mourmelon, pose des rails.

Journée de fatigue. Nous avons posé environ 1.300 mètres de rails.

12 novembre :

Nous continuons à démolir les abris. Pluie toute la journée.

13 novembre :

Travail à la gare de Mourmelon : décharger des wagons de planches et de rondins. Pluie.

14 novembre :

Décharger des wagons de baraques démontables toute la journée. Moi, je suis allé me promener à Mourmelon.

15 novembre :

Douches très chaudes. Après-midi, exercice. J’ai le cafard.

16 novembre :

Réveil à 4 heures pour aller poser des lignes. Journée pluvieuse.

17 novembre :

Travaux à la gare de Mourmelon : décharger des wagons de roseaux. Pluie.

18 novembre :

Même travail que la veille.

19 novembre :

Douche le matin, corvée de linge. A 9 heures du soir, exercice contre les gaz.

20 novembre :

Travail à la gare. Pluie.

21 novembre :

Repos toute la journée. Je sus de jour et chargé d’allumer les bougies à la salle des concerts. Soirée agréable.

22 novembre :

Travailler à la gare.

23 novembre :

Même travail.

24 novembre :

Douche le matin.

Exercice toute la journée.

Le soir, exercice contre les gaz.

25 novembre :

Exercice le matin. Après-midi, manœuvre de bataillon. Journée de pluie.

26 novembre :

Exercice le matin. Après-midi, revue d’armes et d’effets.

27 novembre :

Travail à la gare.

28 novembre :

Repos. J’ai été me promener à Mourmelon.

Le soir, le concert était très amusant.

29 novembre :

Exercice et jeux toute la journée.

30 novembre :

Exercice, gymnastique.

1er décembre :

Travaux toute la journée. Alerte de nuit.

2 décembre :

Exercice le matin.

Après-midi, travaux de propreté.

Le soir, départ aux tranchées pour travaux de nuit : poser des fils de fer.

Retour à 2 heures du matin. Chemin pénible, surtout dans les boyaux qui sont plein de trous.

Je suis très fatigué. 

3 décembre : 

Repos jusqu’à 10 heures.

Après-midi, exercice.

4 décembre :

Décharger des wagons à la gare.

Temps brumeux, petite pluie.

5 décembre :

Repos toute la journée, mais je suis de jour. J’enrage. Il fait mauvais mais j’ai beaucoup de travail.

Le soir, je me couche de bonne heure.

6 décembre :

Exercice le matin.

Après-midi, construction d’abris de bombardement.

7 décembre :

Nous continuons les abris.

Après-midi, repos pour aller travailler de nuit à la pose de fils de fer. Parcours pénible, à cause des mauvais chemins.

Pluie.

Retour à 2 heures du matin.

8 décembre :

Repos le matin jusqu’à la soupe.

Après-midi, exercice. Temps de pluie.

9 décembre :

Réveil à 5 heures, départ à 6 heures pour le tir. Retour à 3 heures. Parcours de 18 kilomètres.

Le reste de la journée, nettoyage.

10 décembre :

Exercice toute la journée et jeux.

11 décembre :

Matin, exercice.

Après-midi, travaux de propreté.

Le soir, départ à 5 heures pour aller poser des réseaux de fils de fer. De retour à minuit.

Temps très clair.

12 décembre :

Repos toute la journée.

Le soir, je vais au concert du régiment qui fut très bien et surtout très gai.

13 décembre :

Nettoyage des hommes, ça cause des bêtes. Changer la paille, douche et désinfecter les vêtements.

14 décembre :

Exercices le matin.

Après-midi, travaux de propreté.

Le soir, départ aux travaux de nuit.

Retour à 5h. Temps clair.

15 décembre :

Exercice et jeu. Gymnastique.

Alerte à 9h pour les gaz.

16 décembre :

Réveil à 7h.

Exercice toute la journée.

Temps brumeux.

17 décembre :

Travail toute la journée. Pluie. Je reviens du travail.

Je suis malade.

18 décembre :

Revue d’armes par l’armurier et nettoyage des hommes.

19 décembre :

Travaux des lignes de réserve à 7km de Mourmelon.

Construction de tranchées.

20 décembre :

Je suis désigné pour faire nettoyer les abords des casernements.

Après-midi, pluie.

21 décembre :

Travaux aux tranchées de réserve.

Il fait très mauvais. Le soir, nous rentrons trempés jusqu’à la peau.

22 décembre :

Déménagement du cantonnement et exercice l’après-midi.

23 décembre :

Travail aux tranchées : pose de piquets et fils de fer.

Pluie.

Journée très pénible.

24 décembre :

Repos toute la journée à cause du mauvais temps.

Le soir, réveillon.

Soirée assez agréable, gaieté, chants.

25 décembre :

Travaux aux lignes de réserve. Il fait très mauvais.

Pour comble de bonheur, nous allons faire des travaux près des batteries d’artillerie.

Secteur très dangereux, bombardé à chaque instant.

De retour le soir, trempés, mouillés.

26 décembre :

Repos toute la journée. Je suis de jour et je suis très fatigué.

Pluie.

27 décembre :

Travaux aux lignes de réserve, pose de fils de fer dans un mauvais secteur.

Construction de tranchées.

Nous assistons de loin à un violent bombardement. Notre artillerie se met de la partie.

Nous croyons un bombardement de nos lignes de travail.

28 décembre :

Revue de toutes les affaires individuelles pour partir en lignes.

29 décembre :

Visite du major pour la vaccination.

Après-midi, exercices et jeux.

30 décembre :

Exercice le matin.

Après-midi, mise en état de tous les effets et équipements.

Le soir, à 9h, alerte contre les gaz.

31 décembre :

Réveil à 6h30.

Alerte aux gaz à 8h.

Après-midi, revue de bataillon en tenue de campagne.

Soir, réveillon, mais très calme.

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