SOMMAIRE (n’existe pas dans le carnet)
Belfort, le
conseil de réforme, janvier 1915
Intégration
au bataillon de marche 171
Départ pour
la Meuse –février 1915
Affectation au
132e RI, mars 1915
Les EPARGES
: l’attaque de la crête des Eparges, l’attaque du point X, mars 1915
Le bois de
Calonne ; la blessure ; fin avril 1915
Peloton des
élèves sous officiers ; août 1915
La permission ;
septembre 1915
Bataille de
Champagne, secteur de Souain, sept.-octobre 1915
Période de
repos puis travaux divers : Courtisols, Mourmelon, oct.-déc. 1915
Me contacter, pour une erreur ou question
Je m’occupe de quelques courses que je fais à bicyclette mais mon
ennui est grand.
J’ai été en visite pour le
conseil de réforme.
Le major trouvant les renseignements insuffisants demande une
enquête et me maintient au service armé jusqu’à complément d’enquête.
Journée d’ennui.
Je me promène au quartier en attendant le conseil de réforme.
Je fournis les renseignements pour l’enquête faite sur mon état de
santé. Je reste dans l’inquiétude jusqu’à décision complète du conseil.
Le soir, je pars pour Rougemont.
Il fait un temps abominable. Je fus arrêté en cours de route par
les sentinelles. Je suis arrivé chez ma belle-mère à 6h1/2, trempé, mouillé.
J’étais très heureux de revoir ma petite famille.
J’ai passé une soirée très agréable et une bonne nuit.
J’ai déjeuné avec ma famille et suis rentré à Belfort à 9h ½. Le reste
de la journée, je n’ai rien fait. Enquête sur mon accident.
J’ai été à la visite pour mon cas de réforme.
Rien de nouveau. Ennui.
Le soir, j’ai été à la gare des tramways attendre ma femme qui
arrive à 7h ½. J’ai passé une bonne nuit chez moi.
Journée d’ennui. Au sujet de mon accident, j’ai été porter mes
pièces à l’hôpital où j’ai été mal reçu.
Je vais à l’hôpital voir le major qui me reçoit comme un chien.
Je quitte l’hôpital pour me rendre à la maison où ma femme me fait
un mauvais accueil prétextant que je n’ai pas fait le nécessaire au moment
voulu.
Ces observations finissent de me décourager, aussi, je retourne à
la caserne complètement désolé.
Ennui toute la journée.
Je reste au repos pendant que les camarades font de l’exercice.
Je suis fatigué d’entendre ces commandements plutôt sauvages
qu’intelligents.
J’ai passé une bonne nuit, mais la journée ne me fut pas favorable.
Je me présente à la commission de réforme où je suis très mal reçu.
Je suis mis en observation.
Mon découragement est profond.
Je vais chercher à l’infirmerie régimentaire mon entrée à
l’hôpital.
Je le présente à M Krantz, médecin chef, qui me reçoit très
mal ; ce qui indique que son idée est déjà arrêtée sur mon compte.
Je passe une très mauvaise nuit.
Visite du major qui me fait remarquer que je ne suis pas bien
malade.
Une heure plus tard, il me fit venir à son bureau où il me fit
observer que l’enquête au sujet de mon accident mentionne en dernière ligne
qu’aucun trouble ne m’est resté, malgré mes observations.
Je suis mal vu de lui aussi, je passe une journée pénible et une
nuit très agitée.
Rien de nouveau, sauf une observation du médecin chef me disant
que si j’avais du mourir, je serais déjà mort et, du moment que je suis là,
c’est preuve que je suis guéri.
Je n’insiste pas à ses observations.
Le major est buté ; c’est inutile de vouloir lui faire
entendre raison.
Je reste toujours en observation, je m’ennuie beaucoup.
Je quitte l’hôpital pour rejoindre mon régiment, caserne
Friedrich, avec la mention « à maintenir au service armé ».
Je me dirige chez moi, où je passe une bonne soirée.
Rien de nouveau, je reste
au repos.
Toujours au repos, mais je m’ennuie.
Je suis resté dans le bataillon de marche, où je me trouve écœuré
de me voir avec certains individus sans aveux.
Exercice dans la cour du quartier.
Repos toute la journée.
Rien de nouveau, quelques revues de détail.
Préparatifs pour rejoindre mon
régiment en Alsace. Nous recevons tout notre nécessaire pour aller rejoindre le 371 qui est mon cauchemar.
Revue en tenue de départ.
Vive altercation avec mon
capitaine au sujet des hommes ivres, où je fais remarquer à mon Capitaine que
s’il y a des hommes ivres, que nous ne devons pas tous être victimes de ces
grossièretés.
Contre-ordre pour partir. Nous
restons toute la journée dans l’attente.
Je m’ennuie à mourir.
On nous apprend que nous formons
un bataillon de marche portant le numéro 171.
On nous distribue des vivres et
on nous fait partir à la caserne Béchaud où nous recevons des renforts de tous
les régiments de la place de Belfort pour ne former qu’un bataillon.
J’ai l’occasion de retrouver
bien des camarades que je n’avais pas revus depuis le début de la guerre, ce
qui me change un peu les idées.
Notre bataillon se compose
d’hommes de tout âge, de 20 à 45 ans.
C’est honteux de voir des
formations d’artillerie avec des hommes de la Territoriale ; aussi les
protestations ne manquent pas.
La soirée et très agitée par
suite de délibérations trop nombreuses.
Marche pour tout le bataillon.
Départ route d’Essert et retour
par la Société Alsacienne.
Je suis fatigué, notre
chargement est pénible.
Exercice dans la cour du quartier
et revue par le commandant.
Journée d’ennui.
Réveil à
Après-midi, marche avec
chargement complet.
Itinéraire : Chèvremont et Belfort. Fatigue
très grande.
Il fait chaud et nos sacs sont
très lourds.
Réveil à
Exercice à 7 heures.
Après-midi, revue en tenue de
campagne par le commandant.
Exercice toute la journée.
Ca nous énerve de voir que l’on
prend des hommes de notre âge pour faire le guignol dans une cour de quartier.
Marche, manœuvre.
Nous sommes passés en revue par
le Président de la République Poincaré et par le ministre de la guerre, sur le
terrain de tir « de la justice ».
Je constate que le président est
très simplet ne fait aucune fantaisie. Après-midi, repos.
Marche, manœuvre.
Préparatifs de départ. Marche et
service d’embarquement.
Journée d’ennui.
Repos toute la journée.
Préparatifs de départ pour la
Meuse.
Le quartier est consigné mais
les hommes s’en moquent et passent outre. Aussi, le matin, au rapport de 10
heures, il manque environ 200 hommes.
Moi je passe la journée chez mon
frère où je fais beaucoup d’excès de boisson. Je suis fortement vexé de voir
que ma femme n’a pas eu la patience d’attendre mon départ.
Aussi, je me trouve le soir en
état d’ivresse et, je me fiche du tiers comme du quart. J’arrive au quartier
lorsque les hommes sont rassemblés. Les camarades me prêtent leur concours pour
m’équiper.
En gare, je suis très bruyant.
A plusieurs reprises, je me fais
rappeler à l’ordre.
Ce qui m’exaspéra, c’est de voir qu’on nous
apprend à embarquer dans des voitures de voyageurs et, qu’au moment du départ,
on nous met dans des wagons à bestiaux. Au nombre de quarante par voiture, nous
avons des difficultés de nous mouvoir avec nos équipements.
Le voyage fut très long et j’ai
dormi en cours de route, ce qui me fit du bien.
Nous arrivons à 2 heures à Ernecourt, petit village de la
Meuse. La population n’est pas sympathique à la troupe.
On n’y trouve rien, vu le grand
nombre de troupes qui ont déjà passé dans ces pays.
Ernecourt (Meuse)
Exercices dans les champs.
Après-midi, nettoyage du cantonnement.
Je m’occupe de mes
correspondances.
Le pays me dégoûte.
Exercices le matin, après-midi
marche.
Exercice à travers champs.
Je suis désigné comme cuisinier à
ma section, ce qui me fait bien plaisir car je
n’aime pas l’exercice.
Je m’occupe de ma cuisine.
Départ précipité de Ernecourt pour Pont-sur-Meuse où nous arrivons
le soir, à 7 heures, exténués de
fatigue.
Nous avions toute notre viande
et légumes sur le feu lorsque nous avons reçu l’ordre de partir. Nous avons été
obligés de tout abandonner.
Pont-sur-Meuse
Le matin, à 7 heures, je me mets
en quête d’un endroit pour faire ma cuisine.
Il fait un temps de chien et
notre plus grande difficulté, c’est de trouver du bois pour faire à manger.
Enfin, je m’installe le long
d’un petit mur où il y a un superbe tas de fumier.
Depuis notre cantonnement, on
entend une violente canonnade.
Rien de nouveau pour moi.
Les hommes vont au travail de
nuit et de jour, et reviennent très fatigués.
Moi, j’ai quelques journées où
j’ai beaucoup de travail à ma cuisine.
Le pays n’a rien d’agréable, il
a souffert du bombardement et est très sale.
Matinée calme, mais par contre,
un après-midi terrible où les feux d’artillerie sont d’une violence inouïe. Jamais
je n’avais assisté comme spectateur à un duel d’artillerie aussi violent.
Les hommes de mon bataillon qui
avaient été faire des travaux en ligne se trouvèrent surpris par ce
bombardement et nous eûmes quelques victimes.
Le soir, à 6 heures, nous recevons
l’ordre de partir en arrière, à Domrémy
(Meuse), distante de
J’ai eu toutes les peines du
monde pour arriver jusqu’au bout.
Je passe une mauvaise nuit car
je suis trop fatigué.
Je me lève après trois heures de
repos pour me mettre en quête d’une cuisine, mais on n’a pas le choix : il
faut prendre les cuisines laissées par le 63ème.
Il fait un froid terrible et
nous avons une petite couche de neige. Aussi, j’ai toutes les peines du monde
pour arriver à faire du feu. Le bois que nous trouvons est tout mouillé. Le
pays n’a rien de plaisant. Il se compose surtout d’émigrés.
Rien de nouveau. Je m’occupe de
ma cuisine ce qui me distrait beaucoup. J’ai surtout des compliments pour le
soin que j’apporte à leur préparer leurs repas.
De temps en temps, je fais des
beignets.
La neige refait son apparition,
mais ne tient pas.
Aussi, cela donne un air bien
triste au pays.
Aucun changement. Je m’occupe de
ma cuisine et les hommes vont à l’exercice.
Nous recevons l’ordre de partir
rejoindre un régiment qui avait beaucoup
souffert.
Nos officiers ne partent pas
avec nous. Ils ont l’ordre d’aller rejoindre leur dépôt. Nous sommes rassemblés
et nos chefs nous font leurs adieux. Il reste avec nous quelques
sous-officiers, mais comme nous avons toute la journée de libre, les hommes en
profitent pour se livrer à la boisson ; aussi la soirée devient orageuse.
Dans ma compagnie, les choses se
passent assez bien.
Jusqu’à 9 heures, ils organisent
des concerts avec des caisses et bouts de bois
en guise de mirliton et parcourent le village en jouant, ce qui est très
amusant. Mais, dans d’autres compagnies, les hommes se battent à coups de
couteaux et de baïonnettes, ce qui envenime les choses.
A la rentrée des hommes dans
notre cantonnement, une bataille s’engage mais il n’y a aucune victime. Mais la
nuit fut des plus mauvaises car il reste des hommes ivres à toute heure. Aussi,
j’étais furieux, surtout que nous devions partir le lendemain de très bonne
heure.
Je me suis occupé de préparer à
manger pour le lendemain, ce qui me donna du travail jusqu’à minuit ;
aussi, j’étais bien fatigué.
Réveil à 4 heures pour aller à Saint-Aubain où des automobiles
nous attendent pour nous conduire à Dieue
qui se trouve à
Nous passons à Bar-le-Duc où un temps d’arrêt
est marqué.
Il règne dans ce convoi une
gaieté exceptionnelle, mais la population de Bar-le-Duc qui est habituée à voir passer ces autos et qui
connaît leur destination n’éprouve pas la même joie ; et leurs gestes nous
indiquent clairement que nous allons dans un secteur très mauvais.
Nous continuons notre route et
les chants redoublent d’ardeur.
Nous arrivons à Ancemont où nous descendons de
voiture et nous sommes placés dans un terrain, en face le canal.
Nous sommes trois bataillons
rassemblés à cet endroit : le 171, dont je fais partie, le 613 et le 107.
Nous sommes passés en revue par
plusieurs généraux qui nous disent quelques paroles d’encouragement, et
ensuite, passent devant les hommes et demandent à quelques poilus de quel pays
ils sont.
Je remarque par l’interrogatoire
du général en chef qu’il a été officier dans mon pays, car lorsqu’il entend le
nom Belfort, il fit la réflexion « ça
me rappelle d’anciens souvenirs », et il parla même en Allemand avec
les Alsaciens du bataillon.
Après la revue, nous nous
dirigeons sur Dieue, ensuite
sur Sommedieue. La route est
longue et je suis fatigué. Je laisse mon sac à une voiture qui se dirige sur
notre cantonnement.
Enfin nous arrivons la nuit,
mais personne pour nous recevoir. On nous loge par ci par là, dans des
cantonnements excessivement sales.
On s’y installe tant bien que
mal, et l’on se met à dormir car la fatigue est grande.
Journée pluvieuse.
Comme personne ne s’occupe de
nous, nous sommes obligés de nous nourrir à nos frais. Nous attendons des
ordres pour être affectés dans des bataillons.
Nous apprîmes que nous ferions
partie du 132ème qui avait
fortement souffert aux Eparges.
Certaines compagnies n’avaient
pour effectif qu’une quarantaine d’hommes ce qui indique que nous tombons bien.
Dans la journée, on nous
rassemble pour nous loger dans un local dénommé le moulin.
Nous pouvons loger à l’effectif
d’un bataillon.
C’est très sale et nous
nettoyons le local, où nous ramassons environ trois tombereaux de détritus de
toute sorte. Certains amis sont déjà versés dans des bataillons qui sont en
ligne, et le lendemain, on nous annonce qu’un certain nombre d’entre eux sont
déjà revenus blessés et d’autres tués.
C’est très encourageant. Après
que nous fûmes installés, nous nous couchons, mais nous passons une mauvaise
nuit, faute de paille.
Toujours sans officiers.
Ce sont des sous-officiers qui
s’occupent de nous. Nous recevons quelques vivres et je me mets en devoir de
faire la soupe, dans le parc qui est très grand.
Sommedieue est une
grande commune assez grande et très jolie.
Toujours sans officiers. Nous
continuons à vivoter avec les vivres que l’on reçoit ; et le reste de la
journée, nous visitons le pays où nous remarquons que les femmes ne s’en font
pas.
Elles ont presque toutes des
relations intimes avec les soldats qui sont en permanence dans le pays et
principalement les officiers.
C’est très encourageant pour les
hommes mariés.
Nous recevons la visite de nos officiers
qui sont tous très jeunes. Nous nous rassemblons et je suis affecté à la 5ème
Cie où je constate qu’il n’y a pas d’ordre dans ce régiment.
Nous nous organisons et l’on se
prépare pour partir le lendemain.
Je m’ennuie beaucoup de me voir
avec des hommes que je ne connais pas.
La matinée se passe à flâner
d’un côté et de l’autre ; et vers 3 heures de l’après-midi, nous quittons Sommedieue pour aller à Mesnil-sous-les-Côtes, village
presque totalement détruit par les bombardements.
Avant d’y arriver, nous restons
dans un bois où nous faisons du café.
Il fait encore trop jour et les
saucisses boches remarquent les déplacements.
Nous couchons dans les caves où
nous sommes très serrés ; et nous avons pour consigne de ne pas sous
promener dans le village pour ne pas faire remarquer la présence de troupes que
l’ennemi aperçoit très bien des hauteurs des Eparges.
Toute la journée, nous restons
dans les caves, sauf que nous sortons pour prendre nos repas.
Le soir, à la nuit tombante,
nous quittons Mesnil pour aller occuper des abris sur la crête de Mont-Jirmont. Nous y arrivons
avec beaucoup de peine, et nous logeons dans de pauvres abris où nous avons bien
froid.
Nous restons dans nos abris mais
nous recevons de temps en temps des obus. Je m’occupe de faire du café dans mon
abri pour tous les camarades.
A
Nous sommes conduits par un
sous-officier qui ne connaît pas très bien le chemin ; aussi, nous
éprouvons les plus grandes difficultés et les boyaux sont pleins d’eau et de
boue, ce qui donne toutes les peines du monde pour avancer.
Nous arrivons au poste de génie
où nous laissons notre butin et nous retournons dans nos abris où nous arrivons
à
Nous restons toute la journée au
repos car nous en avons bien besoin.
Nous restons au repos toute la
journée.
Le soir, nous quittons nos abris
pour aller en ligne. Nous parcourons des chemins pleins d’eau et de boue, mais
la plus grande difficulté, c’est pour gravir la crête des Eparges. Nous tombons
à chaque pas.
Il fait d’ailleurs une nuit très
noire et nous recevons des balles et quelques obus. J’ai toutes les peines du
monde pour y arriver. J’ai bien tombé une douzaine de fois ; aussi, je
suis couvert de boue et j’ai la rage au cœur de voir les hommes de tête courir
comme des fous sans s’occuper des hommes qui restent en l’arrière.
Nous arrivons enfin à
l’emplacement de la 5ème Cie.
Je suis à bout de souffle. Je me
repose un quart d’heure et je suis désigné avec 3 de mes camarades pour aller
prendre la garde dans un boyau qui communique à la tranchée ennemie. Pour
comble de bonheur, il fait un temps épouvantable, pluie et neige, aussi, je
souffre beaucoup du froid.
La nuit fut assez calme.
Dans la matinée, un duel
d’artillerie assez violent s’engage, mais aucune attaque. Quelques coups de feu.
Nous avons toujours la pluie.
Des combats des plus violents
s’engagent.
Je suis de garde dans le boyau
qui conduit à la tranchée ennemie. Lorsque le bombardement s’engage, il est
d’une telle violence qu’il nous est impossible d’y rester.
Nous recevons des éclats d’obus
de tout calibre.
Nous nous replions dans la
tranchée de combat, mais comme l’ennemi répond à notre tir avec acharnement,
nous nous voyons dans l’obligation de nous tenir couchés dans notre tranchée et dans la boue. Dans
moins de cinq minutes, toute notre artillerie est en action.
Il y a
plus de trois cents pièces de tout calibre qui tirent ensemble sur la crête des
Eparges qui est d’environ
De
toute part, l’on entend des cris et des appels c’est épouvantable. J’avais
l’idée que personne n’échapperait à ce carnage.
Après
un bombardement de plus d’une heure, nos troupes montent à l’attaque qui
réussit assez bien, mais, les fusils des hommes de marchent plus. Ils sont
garnis de boue ce qui empêche le fonctionnement. L’ennemi amène ses réserves
qui se tenaient dans des abris très profonds à l’arrière.
Ils
arrivent en nombre, ce qui fait que les nôtres se voient dans l’obligation
d’abandonner la position. L’attaque est remise à l’après-midi et recommence de
plus belle.
Cette
fois, l’ennemi s’est ressaisi et en plus des obus, nous envoie des torpilles.
Cette
fois, nous nous tenons debout dans la tranchée pour surveiller où elles
tomberont. Elles arrivent toujours par groupe de 5 sur différents points. Elles
mesurent 1m15 ; aussi, lorsqu’elles arrivent à terre, elles produisent une
explosion terrible qui projette à plus de
Pendant
ce temps, notre artillerie redouble d’ardeur et touche en plein les tranchées
ennemies. On aperçoit des corps projetés en l’air jusqu’à 10m d’hauteur et à
chaque obus, des bras, des jambes et des corps déchiquetés sont projetés.
C’est
une horreur.
Une
torpille tombe au milieu d’une de nos sections et fait subir aux nôtres le même
sort que nos obus à l’ennemi. Des corps déchiquetés sont lancés à plus de
Démolissant
le parapet et me projeta avec une violence inouïe dans la tranchée et
m’ensevelit. J’avais les bras de libre et la tête. J’avais le visage tout
labouré d’éclats de pierre. Je porte mes mains à la figure où je constate que
je saignais en abondance.
Je
devais aller au poste de secours mais je ne pouvais me dégager.
C’est
un camarade de Belfort, du nom de Meyer, Café des Chasseurs, Rue Saint-Joseph,
qui me dégagea.
Dans le
même moment, l’attaque commences la tranchée pour tirer sur l’ennemi. Si
toutefois l’attaque ne réussit pas, ce qui arriva, impossible de se servir des
armes. Et la contre-attaque obligea de nouveau les nôtres à descendre. Nous
venions de recevoir un renfort venant de Verdun, le 8ème d’infanterie. . Nos
troupes sont reçues par des obus fusants. Un grand nombre tombe en route, mais
la majeure partie arrive à la crête où nous faisons quelques prisonniers qui
n’ont plus la tête à eux.
Notre
compagnie a l’ordre de rester dan Nous prenons leurs fusils et, montés sur les
parapets, nous recevons l’ennemi par fusillade des plus nourries ; ce qui
arrêta l’attaque.
De la
façon dont l’ennemi avançait, nous pouvions nous rendre compte qu’ils étaient
découragés. Ils étaient eux aussi couverts de boue des pieds à la tête.
Ces combats durèrent 4 jours avec un
acharnement inouï. Le terrain était couvert de cadavres.
Ces combats nous avaient donné la
fièvre ; et malgré un temps épouvantable, nous mourrions de soif. Nous
n’avions comme ressource que l’au sale des trous d’obus où découlaient les eaux
de pluie qui avaient lavé les cadavres.
Beaucoup
d’hommes étaient devenus fous, et notre bataillon, à l’effectif de 900 hommes,
se trouvait réduit à 287. Malgré que nous tenions la crête, les combats
continuaient avec acharnement sur un point dénommé « point X ».
Le 9
au soir, 40 hommes de ma compagnie sont désignés pour aller renforcer la
11ème qui ne restait qu’à 34 hommes.
Je me
trouvais du nombre du renfort.
Nous
partons à 9h1/2 par une nuit très noire.
L’on ne
voyait pas devant soi ; aussi, nous tombions à chaque instant dans les
trous d’obus. Nous arrivons à un boyau que l’on nommait « le boyau du
colonel ».
Là, c’était le bouquet. Plus nous avancions,
plus nous nous enfoncions dans l’eau et la boue.
Nous sommes arrivés à un moment où nous étions dans l’eau boueuse jusqu’au ventre ; alors ma colère n’avait plus de limite. Je me mis à gueuler de la plus belle façon en traitant nos chefs de bandits et d’assassins. Ma colère était tellement grande que si un chef m’avait embêté, je lui aurais tiré dessus. Le plus pénible de mon affaire, c’est que je perdais un de mes souliers et pas de cordon pour le lier. A chaque pas que l’on faisait dans ce boyau, on entendait de pauvres blessés qui appelaient au secours, mais ça nous était impossible d’y aller puisque nous même avec tous nos membres de libre, nous n’arrivions pas à nous dégager.
Enfin, après deux heures de
lutte, j’arrive à proximité d’un abri où quelques blessés étaient couchés sur
quelques brins de paille.
Je demande s’il était possible
de passer une nuit auprès d’eux. La réponse n’était pas longue à attendre, il
n’y avait pas de place. Sur ce, je demande à me tenir dans le passage, ce qui
me fut accordé.
Comme j’étais très fatigué, je
me suis couché dans 15 centimètres de boue. Je dormis d’un profond sommeil car
j’avais resté trois jours sans dormir.
Le lendemain, je me
lève au jour et me mets à la recherche de les camarades que je retrouve dans un
abri où il y avait environ 40 centimètres d’eau.
Ces malheureux étaient, comme
moi, exténués de fatigue et avaient dormi assis sur des bancs faits par le
génie et les pieds dans l’eau.
Vers les huit heures, le sergent
qui nous accompagnait, se mit à notre recherche et finit par trouver huit
hommes sur 40. Il alla en rendre compte au commandant de la compagnie que nous
devions renforcer. Lorsqu’il lui eût dit le nombre que nous étions, le
commandant refusa de nous accepter, prétextant qu’il avait demandé 40 hommes et
non huit, ce qui nous fit grand plaisir.
Pendant la journée, nous nous
occupions de vider l’eau des abris pour pouvoir y passer la nuit.
Nous étions dans un état
lamentable, trempés, mouillés et couverts de boue. Nous restons ainsi deux
jours sans manger, faute de ravitaillement.
Lorsque la nuit fut venue, nous
sommes demandés par notre sergent pour occuper un petit poste où nous passons
une nuit assez calme.
Le matin, nous le quittons à la
pointe du jour pour nous mettre à l’abri. Lorsqu’un homme de liaison vient nous
prévenir que nous devions rejoindre notre bataillon qui venait d’être relevé
par le 8ème d’infanterie, nous ne perdons pas une minute et nous
dévalons à toute vitesse la crête.
Arrivés à un endroit que l’on
désignait « la ferme de Montville »,
je m’arrête un instant pour reprendre haleine pendant que deux de mes camarades
continuent leurs chemins à terrain découvert.
L’ennemi qui occupe encore un
point dominant le terrain où nous passions, ne perd pas une minute pour tirer
sur mes camarades dont l’agent de liaison, mortellement atteint et un autre
blessé.
Moi, je reste avec un camarade
derrière les murs d’une ferme démolie désignée « la ferme des vaches ».
Pendant deux heures, je regarde passer à tour
de rôle des brancardiers et des cuisiniers, et l’ennemi ne tire pas dessus.
Enfin, avec mon camarade, nous
nous décidons à partir, mais l’ennemi nous fit la même réception qu’à nos
camarades.
Les balles tapaient dur par
terre. Je profite d’un trou d’obus pour faire semblant d’être touché. Après
cinq minutes d’arrêt, nous reprenons notre course. L’ennemi recommença de plus
belle, mais ne nous atteignait pas. Enfin, nous arrivons derrière une crête qui
nous préservait des balles.
Pendant le parcours de cette
plaine, notre émotion était grande ; on se voyait à chaque instant touché par
une balle. Nous avons été quittes pour peur.
J’arrive à Trésauvaux, village qui se trouve aux pieds des Eparges.
Je me mets en quête de chercher
à manger quelque chose de chaud, mais je ne trouve rien.
Un cuisinier me fait boire un
demi quart de rhum, ce qui me fait beaucoup de bien. Je quitte cette cuisine
pour aller à une autre, lorsque je rencontre un officier qui reste en extase
devant moi.
Il m’interrogea sue les combats
et me fait la réflexion « Jamais je ne l’aurais cru, si je ne l’avais pas
vu, que des hommes pouvaient revenir dans un état pareil ».
C’est incroyable, en même temps
qu’il me disait cela, il ouvrit son porte-monnaie et me remit 2 francs. Je le
remercie et continue de chercher à manger. J’arrive à une cuisine du 8ème
d’infanterie où je fus bien accueilli. Me voyant dans un état lamentable, ils
eurent pitié de moi et ce qui les intéressait le plus c’est les renseignements
sur les combats que nous avions eus à livrer.
Je me déséquipe et me mets en
devoir de dévorer un gros morceau de viande, du pain plus d’une livre,
plusieurs quarts de vin et un bon café.
J’étais heureux, ensuite, j’ai
été au lavoir pour laver mes habits et mes équipements ainsi que mon fusil qui
est plein de boue et qui ne fonctionne plus.
Ce travail dura un heure ½.
Comme il faisait beau pour la première fois depuis 12 jours, je mis mes habits
au soleil et lorsque j’ai encore une fois mangé devant les camarades du 8ème,
je me suis rhabillé et équipé pour partir.
Pendant ces préparatifs, les
camarades qui étaient avec moi aux tranchées arrivaient l’un après l’autre et
furent les bienvenus près des cuisiniers.
Je m’informe où était mon
bataillon et nous nous dirigeons sur Rupt
qui se trouvait à une douzaine de kilomètres. Nous partons par groupes de deux
pour éviter d’être repérés par l’artillerie ennemie. J’arrive à l’entrée d’un
village dont je ne me rappelle plus le nom.
J’y attends mes camarades qui
venaient derrière moi avec beaucoup de peine car ils étaient très fatigués.
Quand nous fûmes les six, nous nous renseignons auprès des troupes pour savoir
le chemin que nous devions prendre pour aller à Rupt.
Nous étions la curiosité de ces
hommes tellement mes camarades étaient sales et plein de boue dans la barbe et
les cheveux. Les capotes et pantalons n’avaient qu’une couleur terreuse. De
tout côté, les camarades venaient au devant de nous pour nous demander comment
cela s’était passé là-haut, car ils avaient assisté de loin au terrible
bombardement que nous avions dû subir.
Ils se rendaient (compte) des
souffrances que nous avions dû endurer.
Arrivés au milieu du village, il
y avait un groupe d’officiers qui nous regardait venir et à leurs physionomies,
l’on remarquait qu’ils nous plaignaient et qu’ils comprenaient ce que nous
avions eu à souffrir.
Arrivé à leur hauteur, je les
saluais avec mon fusil lorsque le colonel de ce régiment vint au devant de nous
et m’interrogea. Il portait le numéro 218 sur ses écussons.
Il nous questionna et nous
félicita de notre courage et de l’héroïsme avec lequel nous avions disputé cette
crête à l’ennemi et termina en ces mots : « je connais le 132ème, c’est des braves.», sur ce, il nous donna lui-même des chaussettes de
laine, des chemises, cigares et cigarettes.
Nous le remercions et nous
continuons notre route mais nous sommes toujours arrêtés par des hommes qui
nous invitent à aller prendre le café et la goutte pour qu’on leur raconte un
peu ce qui s’est passé là-bas ; si bien que lorsque nous quittons le pays,
nous étions très gais des quelques gouttes que nous avions absorbées, ce qui
représentait près de deux litres de Rhum pour six.
Au lieu de nous faire du bien,
çà nous avait coupé les jambes, mais nous étions quand même heureux d’avoir eu
d’aussi belles réceptions sur laquelle nous ne nous attendions pas.
Enfin nous arrivons à Rupt à
Mais j’étais très souvent
réveillé par des soubresauts terribles, j’étais toujours au combat et je me
voyais d’un instant à l’autre enseveli par ces milliers d’obus ; lorsque
vers huit heures je fus réveillé par le va-et-vient des camarades qui étaient
tous heureux de voir que nous étions encore du monde. Je retrouve une quinzaine
de ceux qui étaient partis avec nous et qui étaient restés en route.
Ils sont menacés du conseil de
guerre pour ne pas avoir suivi la colonne ; mais vu les difficultés qu’il
y avait eu, l’affaire resta lettre morte.
Nettoyage des effets, armes et
équipements.
Moi, je me suis reposé puisque
tout était propre. A quatre heures du soir, nous quittons Rupt pour aller à Villers
où nous ne passons pas la nuit.
C’était la fête pour les hommes
qui étaient heureux d’avoir échappé à ce carnage, aussi les marchands de vin n’ont
pas eu à se plaindre.
A
Arrivés là, nous continuons le
nettoyage des armes et équipements.
Le pays est assez agréable et la
Meuse y passe, ce qui me fait plaisir pour aller à la pêche.
La population du temps de paix
représente environ 500 habitants.
Je vais à la visite car je
souffre terriblement d’un pied gelé. Je reste toute la journée à écrire à ma
famille.
Temps superbe.
Je vais toujours à la visite
pour mes pieds car je souffre terriblement surtout lorsque je suis couché. La
chaleur des couvertures m’empêche de dormir, je pleurerai bien ; et je
suis obligé de marcher sur mes genoux.
Les hommes vont à l’exercice et
moi, je reste au cantonnement.
Nettoyage des armes et effets et
revue en tenue de campagne. Il fait une chaleur terrible, aussi les marchands
de vins n’ont pas de temps à perdre.
Préparatifs pour passer une revue
par le général Joffre qui vient spécialement pour nous féliciter de nos succès
aux Eparges.
Nous nous réunissons toute la
division dans les terres de Dieue, à
A une heure, la sonnerie de
garde-à-vous se fait entendre, c’est l’arrivée du général, suivi de son état
–major. La revue fut de courte durée.
Il remit quelques décorations et
nous adressa ses remerciements pour notre brillante attaque, qui hélas, coûta
très cher aux régiments de la division.
J’estime les pertes à 70 pour
100.
Après une heure de revue, nous
retournons à notre cantonnement où notre
colonel nous fit défiler dans les rues de Sommedieue.
Le 25ème bataillon de
chasseurs prit aussi part à la revue et participa pour sa bonne part aux
combats.
Un diplôme spécial nous a été
délivré à chaque combattant.
Rien de nouveau.
Quelques heures d’exercice pour
que les hommes ne traînent pas dans le pays.
Nous recevons l’ordre de partir
dans le bois de Calonne
(Meuse) où l’ennemi avait fortement avancé. Par le nombre de blessés que nous
rencontrons en route, nous nous rendons compte que c’était mauvais.
Nous approchons avec
précautions. Nous attendons que la nuit tombe pour pénétrer dans le bois. Nous
ne nous doutions pas que l’ennemi avait tant avancé puisque nous ne trouvions
aucune tranchée.
Nous passions dans ce bois avec
difficulté tellement les petits arbustes étaient fournis.
A un certain moment, nous fûmes
arrêtés par le cri : « Halte Werda ». nous ne répondons pas et
une deuxième sommation nous fut faite, mais cette fois, accompagnée d’une
violente fusillade qui nous obligea à nous coucher.
Les balles nous arrivaient dans
nos sacs et gamelles. On se croyait perdu lorsque le tir arrêta ; c’était
un poste avancé qui se trouvait là. Nous nous appuyons plus à gauche où nous
eûmes la même réception. Nous nous mîmes à creuser des tranchées avec nos outils
portables sous une fusillade assez vive.
A la pointe du jour, nous nous
apercevons que nous sommes à environ
Je constate en même temps que
plusieurs des nôtres avaient été tués en travaillant.
Vers huit heures, l’on
entendit une sonnerie ennemie qui paraissait assez lugubre et qui dura environ
¼ d’heure. cela m’énerva et je me mis à leur crier le mot de Cambronne de
toutes mes forces et j’observais attentivement.
Je me méfiais d’une attaque, quand, tout à coup, je reçus une balle à la tête qui me fit
sauter mon képi à
Mais, ma première émotion passée, je continuais à observer car notre sergent était un lâche. Tout à coup, je vois passer dans leurs tranchées des
fusils, baïonnettes au canon.
Il n’y avait plus de doute,
c’était une attaque.
De suite, je me mis à
crier :
« Attention, voilà les
Boches »
Et je me mis à tirer avec mon
ami Meyer et Kuntz, ce qui encouragea les jeunes que nous avions reçus comme
renfort. En moins d’une minute, le terrain devant nous était dégagé et il
restait des cadavres sur le terrain.
C’est à cet endroit que mon camarade Durin, rédacteur du Haut-Rhin, fut
tué. Le reste de la journée fut assez calme.
Le soir, nous recevons l’ordre
d’aller occuper une autre position en réserve où nous fûmes en plus mauvaise
posture qu’en première ligne.
Nous occupons les tranchées de
réserve où nous sommes soumis à des bombardements terribles.
Nous sommes, des heures
entières, à rester terrés dans de pauvres trous faits dans nos tranchées. Nous
essuyons quelques pertes.
Nous allons occuper les
premières lignes où nous engageons de violentes fusillades et quelques combats
à la grenade, mais nous ne recevons aucun obus, étant trop près des lignes
ennemies.
Temps excessivement chaud, aussi
nous souffrons de la soif.
Nous quittons les tranchées le
soir à
Nous restons un instant près du
poste de commandement en attendant que tout le monde (nous) ait rejoints.
Pendant ce temps, une fusillade des plus violentes s’engage avec les troupes
qui nous remplacent. Nous nous dirigeons vers Ancemont qui se trouve à
Je me trouve bien fatigué en
cours de route et je quitte la colonne. Je trouve en route les amis Kuntz et Meyer
et nous faisons route ensemble.
Arrivés près du canal, nous nous
installons tranquillement à manger et je regarde dans le canal les poissons, ce
qui me fait mal au cœur en pensant aux belles parties de pêche que je faisais
dans le civil. Nous quittons et nous
dirigeons sur Ancemont où
j’arrive très fatigué.
Le soir, je vais me coucher dans
un local plein de peaux et de souris.
Lorsque vers
Lorsque, à
Repos et exercices.
Nous préparons nos sacs avec des piquets et du fil de fer.
Repos. Comme c’est dimanche, je
vais à la messe de
Le soir, à
Nous sommes bien tranquilles.
De temps en temps, nous faisons
marcher notre batterie de tir qui porte à
Nous travaillons après notre
abri. Nous le rehaussons de deux couches de rondins et d’un mètre de terre.
Départ après
C’est très calme et nous passons
notre temps à améliorer les tranchées.
Journée assez calme, mais nuit
très mouvementée.
Quelques coups de feu de temps
en temps, et les hommes vont en avant des réseaux pour dévaliser les cadavres
boches ; mais l’ennemi les aperçoit et ouvre le feu sur eux qui,
heureusement, ne sont pas atteints.
Journée peu mouvementée et nuit
très mauvaise.
Plusieurs fois dans la nuit,
nous ouvrons un feu très violent sur
l’ennemi qui cherchait à approcher nos réseaux pour nous attaquer par surprise.
Nous sommes relevés l’après-midi
et nous nous dirigeons sur Sommedieue.
Nous transpirons une bonne chemise car il fait très chaud.
Repos et revue d’armes
Réveil à
Après-midi, exercice, nous
sommes furieux de voir que l’on ne nous accorde pas de repos.
Exercice matin et soir.
C’est honteux de voir tant de
jardins qui ne sont pas bêchés, faute de main d’œuvre et qu’il n’y ait pas
seulement un officier qui ait l’idée de dire aux officiers supérieurs qu’on
devrait mettre des hommes à la disposition des civils.
Départ de Sommedieue pour Monthairons.
Avant de quitter cette commune,
je tiens à faire un petit récit. C’est une jolie commune de près de 1000
habitants en temps de paix, très agréable ; mais j’ai constaté que les
femmes, ainsi que les filles, faisaient beaucoup la noce.
C’était la vraie vie de
débauche, j’en étais écoeuré. Les femmes ne tiennent pas compte qu’elles sont
mariées, elles s’en donnent à cœur joie. Nous arrivons à Monthairons à 2 heures de l’après-midi.
Exercice l’après-midi.
Exercice et tir réduit.
Marche d’entraînement par une
chaleur torride. Tous les hommes sont furieux de voir qu’on nous prend pour de
vrais guignols.
Marche de 26 kilomètres, sacs
chargés et tirs.
Le soir, nous rentrons exténués
de fatigue et nous sommes encore de garde en rentrant ; aussi, je suis
furieux.
De garde toute la journée.
Préparatifs de départ pour les
tranchées.
Nous quittons Monthairons à 2 heures par la
grande chaleur. Nous sommes accablés. Arrivés aux tranchées, je suis désigné
pour les signaux d’artillerie où il fait très bon.
Nous occupons toujours le poste
de signalisation qu consiste à prévenir l’artillerie si toutefois on avait
besoin d’un tir de barrage. Je souffre de violentes coliques.
Nous sommes relevés pour aller
aider nos camarades aux travaux des boyaux.
Le soir, la grande relève se
fait par le 54ème mais l’ennemi remarqua tous ces déplacements
d’hommes et nous envoya quelques obus de 105 mais nous n’éprouvons aucune
perte.
Nous allons continuer à la ferme
d’Abainville où les rats et
les souris abondent.
Repos toute la journée.
Nous allons à la forêt couper
des arbres.
Travail en forêt de 6 heures du
matin à 4 heures du soir. Nous nous plaignons de notre nourriture quoi est
mauvaise et insuffisante.
Préparatifs de départ pour aller
en réserve de la forêt de Ranzières.
Départ à une heure de
l’après-midi par une forte chaleur. Nous y arrivons à 5 heures. La forêt est
belle, les tranchées sont bien faites et de jolis abris, on y est très bien.
Je m’amuse à, faire des inscriptions
avec la terre et de la boue pour indiquer le régiment qui se trouve là.
C’est un travail qui me plait
beaucoup et qui m’amuse.
Je continue à faire de petits
travaux d’art avec terre, craie et mousse. Les hommes font des abris.
J’ai installé ma toile de tente
en hamac, dans la tranchée, pour dormir la nuit.
Toujours même travail. Belle
journée.
Continuation des abris. Journée calme. Le
soir, nos clairons sonnent pour voir si l’artillerie pourrait entendre en cas
d’attaque.
L’ennemi croyant à une attaque
des nôtres engagea une vive fusillade à laquelle le 106 répondit avec énergie
et nos 75 se mettent de la partie.
20 minutes plus tard, tout était
calme.
Réveil à
Journée calme.
Nous sommes très près des lignes
ennemies par endroit, à
Journée calme, quelques coups de
feu de temps en temps.
Toujours aux tranchées. Calme
dans notre secteur. Sur notre gauche, préparatifs d’offensive. Réveil à 2h du
matin.
Rien de nouveau.
A deux heures de l’après-midi,
violente canonnade à notre gauche sur Calonne
qui dura 4 heures sans interruption, suivie d’une terrible fusillade.
Dans la nuit, l’artillerie fit
rage de part et d’autre. Nous restons en alerte dans nos tranchées.
Calme dans notre secteur.
Temps superbe.
J’en profite pour faire mes
correspondances, lorsque vers midi, l’ennemi envoie 4 torpilles qui me
surprennent beaucoup.
A Calonne, les combats continuent avec acharnement, et à notre
droite, violente canonnade.
Journée calme, quelques
fusillades de temps en temps. Sur notre gauche, les combats continuent avec
acharnement. Nous recevons quelques obus, mais à notre droite, le 1er
bataillon se trouve violemment bombardé.
Le soir, une violente fusillade
s’engage sur tout le front, sur une longueur de
A 5 heures du matin, l’ennemi
attaque nos tranchées de réserve avec des torpilles. Notre artillerie répond
par un tir de barrage très violent.
Dans la journée, c’est les
premières lignes qui reçoivent les torpilles.
Sur notre gauche, une attaque
est engagée par le 54, 67 et 106 qui arrivent à prendre les premières lignes
ennemies, avec pertes assez sérieuses pour nous.
Dans notre secteur, les
Allemands nous présentent une pancarte écrite en français pour nous annoncer la
prise de Chemberg, à laquelle nous répondons en allemand que ce n’est pas du
nouveau pour nous, qu’on ne nous cache rien chez nous.
Matinée calme.
Mais près de midi, nous fûmes
brusquement surpris par des bombes torpilles désignées sous le nom de
« fougasse ».
Ca ne dura que 10 minutes
auxquelles nous répondons par une vive fusillade.
La nuit fut très mauvaise,
bombes, torpilles et fusillades. Nous avons quelques pertes.
Nos 75 se mirent de la partie,
ce qui calma l’ennemi.
Calme dans notre secteur.
A notre gauche, les bombardements
continuent avec acharnement, accompagnés de vives fusillades.
Journée calme.
Mais le soir, nous recensons des
obus qui tombent à l’arrière de nos lignes.
Nuit très calme dans notre
secteur. Sur notre gauche, violents bombardements.
Journée très calme.
Le soir, nous lançons des
torpilles fougasses. A notre droite violents combats et duel d’artillerie.
Réveil à 3 heures 30 du matin
par les torpilles fougasses. Nous en reçûmes une quarantaine. Nous nous précipitons
dans nos abris, malgré cela, nous eûmes quelques blessés et nos tranchées
complètement démolies. Nos 75 leur répondirent, ce qui arrêta le bombardement.
A 3 heures du matin, nous
bombardons les tranchées ennemies avec nos crapouillots auxquels l’ennemi
répond de suite.
La journée fut très calme. Le
soir, nous recommençons le lancement de bombes, mais nous restons sans réponse.
Nous sommes réveillés à 2h30 par
les torpilles ennemies auxquelles nos 75 répondirent par une sérieuse rafale.
L’ennemi ne nous ménagea pas.
Quelques fougasses, toutes au
matin.
C’est le jour de relève ce qui
nous fait bien plaisir car nous avons été très nourris pendant 18 jours et nous
avions besoin de nous laver et de changer de linge.
A 6h30, le 106 nous relèvent.
Nous évacuons les tranchées sans
ennemis. Nous allons cantonner à Rupt,
pays que nous détestons.
La population n’est pas
sympathique et tout est hors de prix.
Nous passons notre après-midi à
goûter sur l’herbe.
Le soir, c’est la gaieté au
cantonnement, le vin produit son effet.
Réveil à 3h du matin pour aller
faire des tranchées de réserve. Nous sommes furieux de voir qu’on ne nous
laisse pas seulement le temps de laver notre linge. Il fait une chaleur torride
et nous éprouvons de grandes fatigues.
Réveil à 5 heures, départ pour
le travail à 6 heures, même endroit et même chaleur.
Réveil à 2 heures pour aller au
tir dans la forêt de Sommedieue.
J’éprouve de grandes difficultés pour marcher à cause des chaussures neuves.
En revenant du tir, je reste
avec les traînards, ce qui me donne l’occasion de me munir de ce que j’ai
besoin et de boire quelques bons verres de vin et de manger quelques friandises.
J’ai passé une bonne nuit.
Réveil à 5 heures.
J’emploi mon temps à laver mon
linge et raccommoder ensuite. Je vais aux douches car j’en avais grand besoin.
Je fus très surpris de voir une
installation aussi moderne. J’étais très gai.
Réveil à 2 heures pour aller aux
tranchées. Je reste au cantonnement pour faire le nettoyage avec quelques
camarades.
Nous quittons Rupt à 6 heures. En ours de route
nous nous ravitaillons en vin à Ranzières.
Nous arrivons aux tranchées à l’heure de l’après-midi, assez fatigués.
Journée calme, nuit assez bonne.
Quelques coups de feu de temps
en temps.
Calme complet, violente
canonnade à Calonne.
Calme. De service de nuit de
minuit à 6 heures.
11 juillet : Quelques coups
de feu et quelques fougasses par l’ennemi. Je prends mon service de 8h à
minuit.
Nous sommes relevés par le 106
et nous allons cantonner au ravin des cuisines où nous trouvons un joli abri.
Repos toute la journée.
Alerte à minuit pour partir en
Argonne, mais il y a contrordre vu que le régiment n’est pas au complet.
Nous passons la journée
tranquillement.
Réveil à 5h30.
Nous préparons notre repas qui
est excellent. Chaque homme a 1 litre de vin, un cigare, soupe, petits pois,
pommes frites, mouton, café.
Après-midi, prise d’armes pour
la remise de la croix de Guerre aux combattants des Eparges. Pendant la décoration, on entend des murmures pour certains
types qui n’ont absolument rien fait.
La soirée fut très gaie ;
de toute part, c’est des chants.
Journée de repos.
Je joue aux cartes pour me
distraire.
Réveil à 5h30.
Départ du cantonnement à 6h pour
aller couper du bois en forêt. Nuit très tranquille. Réveil à 3heures du matin
pour aller en ligne.
Arrivés à proximité des lignes,
nous sommes obligés de nous arrêter sur la route car une vive canonnade est
engagée dans le secteur que nous devons occuper.
Nous occupons les 1ères lignes
qui sont à environ 500 mètres de celles de l’ennemi.
Secteur assez calme.
Rien de nouveau, sauf que notre
adjudant fut grièvement blessé en allant faire une patrouille. Nous faisons
quelques travaux pour rejoindre nos tranchées des postes avancés.
Nuit très calme.
Nous quittons les tranchées de
1èere ligne pour aller en réserve au poste de commandement où nous sommes très
tranquilles.
Nous sommes relevés par le 106
et nous allons en 2ème ligne.
Journée de repos, revue d’armes,
bonne nuit.
Réveil à 5h. Départ pour le
travail à 6h.
Construction d’abris et
bombardements. Les travaux sont pénibles par le transport des bois qui sont
très lourds.
Même travail.
Continuation des abris avec le 2ème
Génie.
Journée pluvieuse, bonne nuit.
Réveil à 5h. Départ à 6h pour le
travail, nous coupons de gros arbres qui ont été abîmés par les bombardements.
Nous les transportons aux abris.
Après-midi, revue d’armes et sacs. Nuits très bonne, mais pluvieuse.
Réveil à 3h du matin pour aller
aux tranchées.
Nous restons en réserve où les
hommes sont continuellement employés aux corvées pour le transport des bois,
pour la construction d’abris.
Journée pluvieuse.
Mauvaise nuit en forêt. Réveil à
5h30, corvées pour les hommes.
Je reste au cantonnement pour me
préparer à assister comme homme de garde au conseil qui a lieu sur le front
même. Il attrape 2 ans
de travaux publics pour abandon de poste pendant trois jours.
Le soir, nous transportons des
chevaux de frise aux Fritz en première ligne.
Réveil à 3h du matin. Alerte,
l’ennemi bombarde violemment sur notre gauche et lance un grand nombre de
fougasses sur nos premières lignes.
Calme pour l’infanterie mais la
grosse artillerie ennemie bombarde nos villages et nos batteries.
D’après les renseignements que
nous avons pu avoir, il s’agissait d’une attaque sur 171 et 172.
Nous
restons toute la journée en réserve.
Temps pluie.
Nous
sommes complètement relevés du secteur de Calonne
et bois Bouchot. Nous nous
dirigeons sur Rupt où nous
logeons dans un bois de sapin.
Le village n’est plus occupé par
la population civile depuis 15 jours.
Les Boches ne cessaient pas de
le bombarder. Nous logeons sous nos toiles de tentes.
Nuit
très bonne.
Réveil à 6 h, préparatifs pour
assister à la décoration du lieutenant de ravitaillement. Moi, je suis désigné
pour prendre la garde au cantonnement.
Le soir, je suis relevé par un
homme puni. Je passe une assez bonne nuit sous ma toile de tente.
Repos toute la journée, j’ai passé une mauvaise nuit.
Le soir, à 5h1/2 un violent orage se déclenche. Nous avions
peur que le vent enlève nos toiles de tentes. A minuit, nous faisons nos
préparatifs de départ car il est impossible de partir de jour à cause des
bombardements.
Nous
partons à 1h1/2 et nous nous dirigeons sur Villers-sur-Meuse, Récourt-le-Creux
et Rambluzin où nous tenons
cantonnement.
Journée pluvieuse, soirée très
mouvementée.
Les
hommes s’enivrent et se battent, c’est écœurant.
Je
passe ma journée à nettoyer mes armes et équipements, et la soirée à jouer aux
cartes, lorsque je reçois une lettre qui fut pour moi une terrible surprise. Je
quitte le jeu pour aller dans un coin afin de dissimuler mes troubles.
Je passe une nuit très agitée.
Réveil
à 3 heures de départ de Rambluzin
à 5 heures pour Villotte-St-Mihiel. Le temps est très brumeux, mais la joie
règne dans le régiment, les hommes sont heureux de quitter les tranchées pour
goûter un peu de repos bien gagné.
Nous passons par Benoite-Vaux, Courouvre, Pierrefitte
où nous faisons la grande halte pour déjeuner, mais nous sommes contrariés par
la pluie.
Ensuite, nous arrivons à Villotte-devant-St-Mihiel à midi,
très fatigués.
Le pays est assez plaisant et la
population du temps de paix est d’environ 1.000 habitants. Nous sommes à 16
kil. De St-Mihiel et nous
couchons dans un vaste local, mais la paille fait défaut.
J’ai passé une bonne nuit.
Journée
de repos.
Après-midi, nous avons été aux
douches dans le lavoir. C’est très amusant : on nous douche avec une pompe
à incendie.
Le soir pour tuer le temps, je
vais écouter de la musique.
Rien
de nouveau. Réveil à 6 heures. Revue des sacs pour voir si tous les hommes ont
leurs vivres au complet.
Je suis triste pour raisons de
famille.
Je vais à la musique le soir,
pour me distraire.
Réveil
à 6 h, rien de nouveau
Réveil à 5 heures pour aller chercher du
bois pour nos cuisines.
De
retour à 9 heures, au rapport, je suis
désigné pour suivre le peloton des sous-officiers. Après midi, je vais
voir mes amis du 171 qui sont à la 8ème
Cie.
Le
soir, je vais à la musique.
Je
passe une mauvaise nuit, je suis obligé de me lever pour rendre, je suis
malade.
Marche pour la compagnie. Je reste au
cantonnement pour me préparer à partir au peloton.
Nous quittons Villote-devant-St Mihiel à midi,
par une chaleur torride, aussi nous avons toutes les peines du monde à arriver
au Petit-Rumont, où nous faisons la pause. Je suis étouffé.
Je n’ai plus de respiration. Je
suis obligé de me déséquiper complètement.
Les camarades me jettent de
l’eau sur la figure, ce qui me ranime un peu.
Après une heure de pause, nous allons au Grand-Rumont où nous faisons
notre cantonnement. Je visite le pays qui est bien petit malgré qu’il porte de Grand-Rumont. La population du
temps de paix n’atteint pas 200 habitants.
Le soir, j’installe ma toile de
tente dans les brancards d’une voiture en forme de hamac, où je passe une bonne
nuit.
Réveil à 5 heures. Départ pour
l’exercice.
A 6 heures, nous faisons du
service en campagne.
Après-midi, nous partions à
l’exercice mais le mauvais temps nous empêche.
Nous faisons une théorie sur les
travaux de tranchées.
Le soir, promenade dans le pays.
Je suis désigné comme chef
d’escouade, chargé de la nourriture des hommes.
A 6 h, départ pour le travail où
nous allons couper des branches d’arbres pour faire des claies et gabions pour
tranchées.
Après-midi, travaux de
terrassement, je suis occupé à faire un poste d’écoute. Journée très
agréable ; par contre, nous sommes très mal nourris.
Réveil à 6 h.
Matinée, travaux de campagne.
Après midi, théorie sur la façon de se servir des murs pour faire un champ de
tir et la façon de détruire des gros murs pour les explosifs.
Soirée très agréable.
Réveil à 5 heures. Départ à 6 h
pour continuer les travaux de campagne. Après-midi,
Théorie sur les travaux de
défense.
Soirée très mauvaise, pluie
abondante et mauvaise nuit.
Réveil à 5 h. Départ à 6 h.
Après-midi, construction d’un pont sur rivière. Pour faciliter le travail, l’on
est divisé par équipes. Les uns font des claies, les autres préparent les
grandes traverses que l’on jette à travers la rivière, les autres préparent les
garde-corps et les piquets de consolidation.
Lorsque tous les matériaux sont
assemblés, l’exécution dure 8 minutes pour démolir le pont, 3 minutes pour
effectuer ce travail. Rapidement, nous sommes divisés en 4 équipes et nous
faisons un concours de vitesse.
Réveil à 5 heures.
Nettoyage des armes et équipements
pour passer une revue à 9 heures.
Après-midi, je pars à Nicey pour voir mon beau-frère
Louis qui se trouve à 5 kilomètres de Rumont.
Je passe une agréable journée
avec lui. Je quitte Nicey-sur-Aire à 6 heures et arrive à Rumont à 9 heures, très fatigué.
Je passe une bonne nuit.
Réveil à 6 heures.
Exercice sur l’emploi des
explosifs, façon de détruire des ponts et de faire sauter des arbres.
A 11 heures, départ de Rumont pour rejoindre nos
compagnies pour assister à une grande revue qui doit avoir lieu le 17.
Le soir, je me couche de bonne
heure car je suis très fatigué.
J’assiste dans le local où je
couche à une représentation très amusante organisée par les hommes de la 4ème
section, je suis malade de rire.
Réveil à 4 heures du matin.
Préparatifs de départ pour la
grande revue où assistent le 132, 106, 67, 54, 150, 171, 172, plus 4 bataillons
de chasseurs à pied, 19, 25, plus le 25ème artillerie.
Il fait un grand brouillard.
Nous nous rangeons sur un
immense terrain en attendant l’heure de la revue.
Vers 11 heures, le Ministre de
la guerre avec Lord Kitchener, accompagné du général Joffre font leur
apparition, suivis de leurs états-majors.
A midi, le défilé commença en
bataillon.
En masse, c’est très
impressionnant de voir une concentration de troupes importantes. A la première
pause, nous quittons notre compagnie pour retourner au Grand-Rumont continuer nos exercices d’instruction.
Nous arrivons bien fatigués.
J’ai passé une nuit cauchemar.
Matin, exercice pour le
lancement de grenades. Nous constatons qu’un grand nombre n’éclate pas.
Après-midi, exercice sur la
construction de chevaux de frise et accessoires de défense.
Journée très agréable.
Travaux de terrassement toute la
journée.
Je passe une mauvaise nuit. Je suis
très contrarié.
Travaux de tranchées ;
après-midi, théorie sur la façon de détruire des ouvrages en avant des lignes.
Nuit mauvaise, contrariété.
Matin, départ au travail,
construction de petits postes dans boyaux.
Après-midi, organisation de
défense d’un village étant en deuxième ligne. Plan d’attaque à fournir comme
chef de section.
Repos toute la journée. J’en
profite pour faire un bon chocolat au lait.
Après-midi, révision de toutes
les théories sur la façon de détruire murs, ponts, grilles et la façon de
barrer une route et jets de bombes artificielles.
Journée agréable, temps superbe.
Travaux de tranchées avec
théorie sur la façon de défendre un boyau et avancer sur une deuxième ligne.
Temps superbe.
Réveil à 6 heures, exercices de
lancement de grenades. Façon d’organiser la défense d’un boyau.
Après-midi, théorie.
Réveil à 5h30.
Départ à 6h30 pour faire une
démonstration d’attaque devant le général Gramos et les officiers supérieurs.
Tous les sous-officiers bombardiers des régiments assistent à la démonstration,
ainsi que le bataillon de marche du 150.
Les attaques se font par les
grenadiers délite et les sous-officiers et caporaux. Nous faisons également
sauter des chambres à mines.
Après-midi, théorie sur la
défense des tranchées.
Réveil 5h30.
Départ aux tranchées 6h30.
Attaque des tranchées à coup de
grenades par toute la division 67, 54, 106, 132.
Nous restons comme spectateurs.
Charge à la baïonnette et façon d’aménager les boyaux.
Après-midi, théorie et repos.
Agréable journée.
Réveil à 6h.
Départ aux tranchées à 6h30.
Le 132e et le 106e sont désignés
pour l’attaque qui débute par les grenadiers.
Nous nous sommes chargés de faire
sauter les murs qui projettent des pierres à plus de
Après-midi, théorie. Journée
agréable.
J’ai passé une bonne nuit.
Réveil à 6h.
Revue par le Capitaine pour nous
faire ses adieux.
C’est un vrai père de famille
qui sert la main à tous ses hommes en les remerciant du bon travail fait
pendant les cours d’instruction.
Après-midi, départ du Rumont pour aller rejoindre son
régiment à Villotte-devant-Saint-Mihiel.
Temps superbe, la gaieté règne
parmi les hommes.
Repos toute la journée.
J’en profite pour aller à la
messe.
Après-midi, je me dirige sur Nicey pour voir mon beau-frère où
je passe une après-midi très agréable avec lui, quoique je suis très tourmenté.
Réveil à 4h pour exécuter une
manœuvre de brigade qui est assez pénible, mais qui nous amusa beaucoup. Par
une chasse aux lapins de Garenne, de retour au cantonnement, à 2h.
Je me prépare pour partir en
permission le soir à 6h.
Nous sommes rassemblés pour
aller prendre le train à Pierrefitte
où nous passons une mauvaise nuit car il fait très froid et le train ne part
12h30 du matin.
Nous arrivons à Bar-le-Duc à 2h où nous faisons
encore un arrêt de 2h.
Le brouillard est très froid.
Nous repartons à 4h pour Is-sur-Tille, gare régulatrice.
De là, je me dirige sur Dijon où j’arrive à 7h30 du soir.
L’aspect de la ville a conservé sa gaieté du temps de paix. De voir tous ces
grands cafés et ces magasins illuminés, il me semble que je reviens au monde.
J’en suis tout ébloui. A la
gare, il y a foule de femmes qui attendent l’arrivée des permissionnaires.
Après m’être promené quelques
heures, je retourne à la gare où je prends un bon déjeuner au buffet. Je
reprends le train à 12h39.
J’arrive à Besançon à 5h. Il y a un arrêt qui me permet de prendre un
café.
J’arrive à Belfort à 7h30.
Je suis fatigué de mon voyage.
Je vais chez mon frère où je
passe la journée, mais je n’éprouve aucune joie. Je passe une bonne nuit car je
suis très fatigué.
Je passe ma matinée à faire une
promenade en ville.
Après-midi, je me dirige sur Rougemont où ma famille se
trouve.
Mon arrivée fut une surprise. Il
s’engage avec mon épouse une vive discussion…
… enfin les choses s’arrangent
pour le mieux, mais je suis profondément troublé.
Je fais une promenade au village
pour me distraire un peu, mais je ne trouve pas beaucoup de plaisir. Il y a
rien qui me charme.
Je reviens auprès des miens où
je trouve plus de plaisir.
Toujours à Rougemont avec ma famille.
Après avoir passé une bonne
nuit, avec mon épouse, je vais faire un tour au village pour dire au revoir à
quelques personnes.
Je quitte Rougemont à 5 heures pour me rendre chez moi, à Belfort où je passe une soirée
agréable et une bonne nuit.
Je vais au marché avec mon
épouse faire divers achats, bonne journée, mais coûteuse.
Après avoir passé une bonne
nuit, je quitte Belfort à 9
heures pour retourner à Rougemont
où je vais avec mon épouse dîner chez des amis.
Journée agréable.
Après avoir passé une bonne
nuit, je me distrais de mon mieux avec ma petite famille.
Je me lève tranquillement à 7h30
après avoir passé une nuit très agréable avec mon épouse.
J’emploie ma matinée à chercher
du bois à la forêt ce qui me plaît beaucoup.
Le soir, je fais un tour au pays
avec mon épouse.
Vers les 9h, je vais au-dessus
du Chénois pour assister de
loin aux très violents bombardements de la Hartmannswillerkopf, ce qui
ressemble beaucoup aux combats des Eparges.
Je retourne avec mon épouse me
coucher où j’éprouve plus de plaisir qu’à regarder éclater les obus.
Je me lève à 4 heures après
avoir chanté pendant une heure avant de me lever.
Je pars pour Belfort à 5h30 où je vais chez
mon frère arranger mes comptes.
Bonne journée.
Je passe une nuit très agréable
dans notre bon lit.
Préparatifs de départ.
Bonne journée.
Après-midi avec mon épouse et
mon frère, je vais faire quelques achats en attendant l’heure du train. Je
quitte mon épouse, ce qui me donne le cafard.
Je passe toute une nuit en
chemin de fer.
Je passe toute ma journée à Is-sur-Tille, lieu de
concentration des hommes rentrant de permission.
Je quitte cette gare à 3h30 pour
aller à Troyes où nous
arrivons à 7h du soir. Nous y passons la nuit au buffet de la gare.
Nuit très fatigante par suite du
voyage.
Départ de Troyes pour Vitry-le-François où nous arrivons
à 8h du matin. Jolie ville, très propre. Ensuite, nous nous dirigeons sur
Drouilly qui se trouve à
Réveil à 3h du matin pour aller avec les voitures de
ravitaillement rejoindre notre cantonnement qui se trouve à 18 kilm.
Matinée très fatigante, enfin,
j’arrive à mon cantonnement vers midi, mais j’ai un cafard terrible. Je passe
mon après-midi avec mes camarades (Bussy-Lettrée)
Mauvaise nuit, le matin je pars
avec ma compagnie en service en campagne.
Après-midi, repos, cafard.
16 septembre
Manœuvre le matin, à travers
champs.
Journée d’ennui. Après-midi,
repos.
Manœuvre à travers champs.
Après-midi, repos. Journée d’ennui
car le pays est pauvre, on n’y trouve pas grand-chose.
Mauvaise nuit. Le matin, service
en campagne à travers champ.
Après-midi, repos, préparatifs
des sacs. Soirée d’ennui.
Repos, revue des hommes en tenue
de campagne. Je passe une très agréable journée avec mon ami Girard.
Le soir, je me promène seul dans
le village pour pouvoir penser aux miens librement.
J’ai un cafard terrible de voir
des amis avec leurs épouses et de ne pas avoir le bonheur d’être auprès de ceux
que j’adore.
Réveil à 5h. Départ à l’exercice
à 6h.
Nous passons une matinée
tranquille. Préparatifs de départ. Nous nous couchons de bonne heure. Le départ
ayant lieu à 11h1/2, nous allons cantonner à Servon qui se trouve
à 7 kilom. de Bussy-Lettrée.
Pendant notre parcours, par un temps très clair, nous apercevons un
dirigeable ; mais nous ne pouvons pas dire si c’est un dirigeable ennemi.
Nous arrivons à Servon où nous somme logés dans un immense château où
nous logeons plusieurs compagnies.
Journée de repos. Après-midi,
nous allons faire une promenade qui nous permit de nous ravitailler d’un bon
lapin que nous faisons cuire avec des pommes de terre.
Après-midi agréable.
Le soir, nous nous préparons
pour partir au Camp de Châlons. Le départ a lieu à 8h1/2. Nous avons un
chargement très lourd qui nous exténue de fatigue. Nous arrivons à 3h1/2 du
matin, où nous installons nos toiles de tente. Nous ne nous faisons pas prier
pour nous coucher car nous étions exténués de fatigue.
Journée de repos. Nous sommes
occupés à la distribution des vivres qui nous occupe toute l’après-midi. Soirée
agréable dans notre cantonnement, mais une terrible canonnade se fait entendre
sur tout le front.
J’ai passé une bonne nuit.
Le matin, à 6h, je suis désigné
comme homme de garde au cantonnement. Journée assez calme sur le front, mais la
nuit, une violente canonnade se fait entendre sur tout le front.
Matinée tranquille au
cantonnement, mais un violent bombardement se fait entendre. Après-midi, calme
complet sur le front. Repos après-midi pour quitter le cantonnement le soir à
9h.
Nous faisons une marche de nuit
très pénible car notre chargement comprend 4 jours de vivre. Nous arrivons dans
un bois au-dessus Suippes à 3h du matin. Nous avons ordre de nous reposer
jusqu’à 7h.
Temps pluvieux.
Rassemblement du régiment pour
se porter en avant.
Nous parcourons un terrain
découvert en ligne de section. Après deux heures de marche, nous arrivons au
passage à niveau de Suippes où le premier gros obus vient nous saluer et
produire un effet démoralisant chez nous, car nous croyions que nous étions
repérés ; mais l’ennemi tirait sur la gare et la voie ferrée.
Malgré cela, une trentaine
d’obus était lancé dans notre direction.
Pendant ce temps, les troupes
coloniales et le bataillon de chasseurs étaient déjà aux prises avec l’ennemi
et, gagnaient du terrain entre Suippes et Souain.
Il y avait toujours une importante concentration de cavaleries.
Nous quittons ce secteur pour
nous porter en avant, munis de passerelles pour traverser les tranchées
ennemies. Nous parcourons sous ces obstacles avec beaucoup de peine par suite
de notre chargement. Nous arrivons derrière une petite côte, où nous restons
plusieurs heures. Pendant cet arrêt, nous voyons défiler un grand nombre de
prisonniers.
Pendant ce temps, notre
cavalerie se porte en avant pour achever la poursuite de l’ennemi.
Vers les trois heures, nous
recevons l’ordre de nous porter en avant.
Nous passons à gauche de Souain qui se trouve violemment
bombardé. Nous sommes obligés de nous servir de nos lunettes et de nos masques
respiratoires, car l’ennemi nous envoie des obus à gaz suffocant. Nous continuons
notre marche en avant jusqu’à la première grande tranchée ennemie qui se trouve
complètement bouleversée par le bombardement.
Nous recevons encore des obus
suffocants. Nous occupons les abris des tranchées ennemies qui n’ont pas trop
souffert. Nous y trouvons des équipements, des armes, des hommes qui n’ont pas
été faits prisonniers, ainsi que jambon, saucissons, confiture, cigares, ce qui
nous donne à voir que la famine n’est pas aussi grande que l’on nous le disait.
Je m’empresse de changer de
linge de corps avec des effets trouvés dans les sacs de l’ennemi, car je suis
trempé mouillé. Nous dormons dans les abris jusqu’au matin, car nous étions
exténués de fatigue.
Le matin au réveil, nous
constatons qu’il y a passablement d’hommes restés sur le carreau, mais les
troupes d’attaque sont loin en avant.
Nos 75 sont en pleine rase
campagne et font merveille.
Nous quittons la tranchée
ennemie pour nous porter en avant où nous rencontrons les troupes de différents
régiments.
Derrière des abris individuels
faits pendant la nuit, nous les devançons car ces hommes ont besoin de repos.
Pendant ce temps, notre
artillerie tire sans répit ; par contre, l’artillerie ennemie nous envoie
quelques obus de gros calibre. Nous continuons toujours notre marche en avant,
mais à un certain moment, nous sommes salués par une fusillade qui nous vient
d’un petit bois qui se trouve sur notre gauche. Nous parcourons ce terrain
découvert par bonds, car l’ennemi ne nous perd pas de vue.
Enfin, nous arrivons dans un
petit bois où nous creusons des abris. Il y a devant nous une ligne des nôtres.
Nous restons là, comme renfort.
Nous avons éprouvé quelques pertes en creusant nos tranchées et en parcourant
le terrain découvert. Nous passons notre
nuit à cette place.
Nous n’éprouvons aucun ennui.
Notre régiment reçoit l’ordre de
retourner à l’arrière en passant par un boyau qui se trouve encombré par le 42ème
colonial.
Ensuite, nous passons à terrain
découvert où on se trouve salués par les obus. Enfin, après un pas de
gymnastique assez long, nous arrivons dans un bois où l’on nous fait faire une
pause de 2 heures.
De là, nous allons près des
batteries prises à l’ennemi, où nous trouvons un grand nombre de cadavres
d’artilleurs allemands et des abris, des vivres et des munitions. Il y a
principalement un abri où on remarque d’un million d’obus.
Nous descendons un peu plus bas,
où nous nous trouvons en face d’un superbe abri réservé, sans doute à l’état
major allemand, car nous constatons une pancarte où sont inscrits, ces
mots : « Villa du Prince Ferdinand de…. ». Surtout, ce qui fait
notre admiration, ce fut de voir avec quel goût tous ces ouvrages ont été
faits. Rien ne manque. Nous quittons cet endroit pour nous porter un kilomètre
plus loin. Là nous couchons à terre pendant une heure.
L’ordre nous arrive que nous
devions attaquer une ligne de résistance qui restait aux mains de l’ennemi.
L’attaque commence sur toute la ligne, mais sans résultat, car les réseaux de
fil de fer n’étaient pas suffisamment détruits. Aussi, l’ennemi nous reçoit par
une violente fusillade de flanc et de face. Nous sommes obligés de nous coucher
sur place, et de nous faire des abris que nous transformons en tranchées.
Mais notre travail se trouve
parfois interrompu par une fusillade.
Nous conservons les mêmes
positions pendant que notre artillerie cherche à détruire les ouvrages de
l’ennemi, mais peine perdue. Il nous est impossible de recommencer notre
attaque.
Dans la nuit, je suis désigné
pour partir en patrouille où je constate avec peine que les troupes qui avaient
attaqué sur notre droite, avaient de grandes pertes.
Nous rentrons à une heure du
matin sans toutefois apporter grands renseignements, sauf la découverte d’une
mitrailleuse et une ligne ennemie.
Toujours les mêmes positions.
Assez calme où nous sommes, mais
à notre gauche, il s’engage de temps en temps une fusillade.
Toujours les mêmes positions.
Nous sommes bien fatigués et surtout, la soif s’empare de nous.
Notre artillerie bombarde l’ennemi
sans arrêt.
Le soir arrive. Nous allons être
relevés. Vers 11 heures, les Zouaves viennent nous relever. Tout se passe pour
le mieux, mais au point de concentration de nos troupes, l’ennemi s’aperçut du
mouvement. Il nous envoie une grande quantité de fusées accompagnées d’une vive
fusillade qui nous oblige à nous coucher et à rester une heure dans cette
position. Lorsque la fusillade arrête, nous partons en arrière au pas de
gymnastique.
Enfin, nous arrivons à l’endroit
où nous restons en réserve. Nous constatons au jour qu’il s’y est livré un
combat sérieux par le nombre de fusils et d’équipements restés à terre. Enfin,
nous sommes heureux d’être en repos pour faire un peu de soupe et café, et nous
nettoyer, car nous sommes très sales.
Journée de repos. Nous nous
occupons de nettoyer nos vêtements et équipements.
La canonnade continue sur le
front. Nous faisons la soupe et le café, car nous en avons été très privés.
Aucun changement. Nous avons
l’ordre de faire des abris conte le bombardement. Pendant l’exécution de ces
travaux, nous recevons l’ordre de partir au repos à l’arrière.
Nous allons cantonner dans un
bois de sapins aux environs de Souain.
Après une marche de nuit assez
pénible à cause du terrain, nous arrivons dans une forêt de sapins près de Souain. Nous installons nos
toiles de tente. Nous nous trouvons avec le 106, le 67, le 171 et 172. après
avoir pris le café, je me repose car je suis fatigué. L’après-midi, je vais
jusqu’au 171 pour voir mon beau-frère où je suis heureux de le trouver en bonne
santé.
Journée employée au nettoyage
des effets et l’équipement. Journée assez tranquille au cantonnement, mais
violent bombardement sur tout le front.
Nous restons toute la journée au
repos.
Nous en profitons pour aller
visiter les mortiers de 370 qui se chargent avec des obus de 515 kilos. Nous
avons également l’occasion de voir des pièces de marine pour tir à longue
portée. Je rentre à mon cantonnement fatigué. Des suites de quelques libations,
j’apprends que nous devions partir dans la nuit.
Départ 10 ½. Il fait nuit noire.
Nous nous perdons en cherchant les tranchées ennemies. Après des heures de
recherche, nous arrivons dans les tranchées tant désirées. Nous nous couchons
n’importe où.
Le matin, au réveil, nous
constatons les ravages du bombardement. C’est effrayant, mais nous admirons les
travaux exécutés par l’ennemi pendant son séjour dans ces tranchées.
Ils méritent tous éloges ;
les abris, les puits à mine, ainsi que les couloirs d’évacuation, sont
admirablement organisés dans ce fortin. L’ennemi avait fait sauter des chambres
à mine qui coûtèrent la vie à un grand nombre de nos hommes. Ils étaient
enterrés debout par l’avalanche des pierres projetées par l’explosion des
mines. Leurs baïonnettes qui se trouvaient au bout de leurs fusils étaient très
apparentes.
Le diamètre des entonnoirs était
d’environ
Nous recevons l’ordre de partir
en avant, vers 8 h du matin.
Nous parcourons tout le terrain
pris à l’ennemi qui est tout bouleversé. Nous arrivons à un endroit où,
justement, il se produit l’explosion d’une pièce.
Nous ne nous arrêtons pas.
Nous continuons d’avancer, mais
nous trouvons quelques cadavres ennemis. Arrivés à un certain endroit, nous
rencontrons des prisonniers allemands, porteurs de mitraillettes et de
chapelets de balles retournées. Nous passons le reste dans un boyau où il y a
quelques obus individuels. Le soir arrive, nous restons couchés dans ce boyau.
Toute la nuit, nous sommes
violemment bombardés par des obus de gros calibre qui nous secouent violemment
dans nos pauvres petits abris.
Vers les 6 h, nous recevons
l’ordre de partir en avant.
Nous traversons à terrain
découvert où l’ennemi remarque notre mouvement. Nous sommes obligés de nous
déployer en tirailleurs car les obus ne nous sont pas ménagés. Enfin, après une
course folle, et très pénible à travers les champs, nous arrivons à la lisière
d’un petit bois, où nous reprenons haleine. De là, nous nous dirigeons sur
l’endroit que nous devons occuper le soir.
Nous passons dans un boyau
encombré de troupes. C’est un vrai supplice de rester dans ce boyau où les
hommes font la navette toute la journée.
Nous faisons passer de grandes
quantités de sacs de grenades. Nous sommes continuellement harcelés par les
canons de l’ennemi.
Le soir, vers cinq heures, un
violent combat s’engage où la fusillade fait rage ainsi que les obus. Il nous
est impossible de nous mouvoir dans ce boyau, tellement nous sommes nombreux.
L’ennemi n’a pas attaqué, mais nous eûmes quelques pertes par l’artillerie. Ce
combat dura ¼ heures à 2 à minutes. Lorsque le calme fut rétabli, nous recevons
l’ordre d’aller occuper le fortin * qui venait d’être pris à l’ennemi. Nous parcourons environ
1 kilom. de boyau.
Nous marchons sur les cadavres.
Enfin, nous arrivons au fortin occupé par le 243e qui fût
très heureux d’être relevé. Nous recevons l’ordre de surveiller attentivement
parce que l’ennemi devait attaquer à la pointe du jour.
* Il s’agit certainement de
l’ouvrage de Wagram, cité dans le JMO du 243e RI
A 4h1/2, un combat à la grenade
s’engage contre la gauche de notre compagnie, suivi d’une vive fusillade qui
dégénère en un combat acharné, suivi d’un lancement de grenades sur toute la
ligne.
Nous profitons des trous d’obus
qui sont nombreux, lorsque l’ennemi s’avance, mais voyant ça, s’enfuit à toutes
jambes, laissant un grand nombre d’hommes sur le terrain.
Toute la journée, combat à la
grenade, sur notre gauche, qui nous fit quelques victimes. Mais le calme
régnait au centre de la compagnie, mais les tirs de l’artillerie étaient assez
violents sur nos secondes lignes.
Nuit assez calme.
Quelques lancements de grenades
à notre gauche ; mais à notre droite, il s’engage quelques combats assez
vifs. Notre artillerie bombarde les lignes ennemies avec des obus de gros
calibres, ainsi que des douilles qui projettent en l’air des blocs de pierre et
de bois d’une grosseur excessive. Ce bombardement est terrible. Il y a de quoi
à devenir fou.
Un nuage de poudre et de fumée
se détache de ce tir qui nous empêche de vois les lignes ennemies.
Dans l’après-midi, nous recevons
la visite d’officiers supérieurs ainsi que généraux.
Notre colonel prend l’engagement
de prendre la crête militaire du fortin pour nous permettre de voir les lignes
ennemies qui se trouvent en contrebas.
Dans l’après-midi, nous commençons
des boyaux qui nous permettrons d’aller à la tranchée à la nuit tombante. Notre
compagnie se met en devoir de partir en avant avec les outils nécessaires à
construire une tranchée.
Ces travaux s’exécutent très
rapidement. On passe en avant une grande quantité de sacs à terre qui étaient
préparés à l’avance dans notre tranchée de première ligne. Une équipe est
occupée à passer du fil de fer en avant de la tranchée en construction pour que
l’ennemi ne se rendre pas compte des travaux que nous faisons en avant. Des
hommes sont restés dans la tranchée pour tirer en l’air en mettant le bout du
fusil à fleur de la tranchée et l’on continue à lancer des fusées. L’ennemi ne
se méfiant de rien laissa faire les travaux. Mais, comme l’ennemi a pour
habitude de détacher des patrouilles, ils s’aperçurent que nous faisions des
travaux.
Vers minuit, un violent combat à
la grenade s’engage, qui fut suivi d’une terrible fusillade qui resta à notre
avantage. L’ennemi était furieux de voir que ces travaux avaient pu être
exécutés aussi rapidement.
A la pointe du jour, l’ennemi
avant devant lui une jolie tranchée.
Matinée calme, mais
l’après-midi, l’ennemi repère nos tranchées. Nous recevons quelques obus, dont un
tomba en plein dans la tranchée occupée par la 8ème compagnie, qui
fit 10 victimes dont 5 morts.
Les lignes de réserve sont
violemment bombardées. Le soir, nous sommes relevés
par le 247e. il est grand temps car le secteur
est très mauvais.
Repos dans une forêt de sapins
aux environs de Suippes.
Journée employée au nettoyage
des effets et équipements.
Bonne nuit, nous étions fatigués
(Bois Sabot).
Journée employée au nettoyage
des effets et équipements.
Le soir, vers les onze heures,
nous quittons le secteur pour aller au repos au bois de La Cheppe qui se trouve à 6 kilomètres de Courtisols où nous arrivons à
trois heures du matin, très fatigués.
Repos. Montages des toiles de
tentes et organisation du cantonnement.
Belle journée.
Revues de sacs et effets ainsi
que des vivres.
Belle journée.
Matinée, corvée de linge.
Après-midi, exercice.
Repos toute la journée.
Matin, douche à Courtisols. Après-midi, exercice
et jeu de barre.
Exercice toute la journée.
Temps sombre.
Exercice, jeu.
Temps maussade.
Corvée de lavage, douche, exercice
l’après-midi.
Réveil à 5 heures.
Départ pour la marche de 23
kilomètres. Sacs chargés.
Je reviens très fatigué.
Préparatifs de départ pour le
régiment.
Notre section reçoit l’ordre de rester
au cantonnement pour garder les matériaux et baraquements et pour nettoyer le
cantonnement.
Bonne nuit.
Continuation du nettoyage. Temps
brumeux.
Bonne nuit dans les baraques et
nettoyage.
Toujours le même travail, sauf
pour moi !
Je prépare la soupe des
sous-officiers.
Toujours le même travail, mais
je m’occupe de ma cuisine. Je passe de bonnes soirées à jouer aux cartes.
Départ du bois de La Chappe à 7 heures du matin pour rejoindre le
bataillon qui se trouve à Saint-Quentin-sur-Coole
distance de
Je visite l’église qui est jolie
comme sculpture extérieure, mais il n’y a rien de remarquable à l’intérieur.
Nous faisons la grande halte à Sarry pour prendre le café.
Nous arrivons à Saint-Quentin à 3 heures et
demies.
Petit pays d’une centaine
d’habitants.
Belle journée.
Journée de repos.
Je vais à la pêche dans une
petite rivière où j’attrape quelques truites.
Journée d’ennui.
Le soir, je fais un tour à la
chapelle. Je couche dehors.
Exercice toute la journée.
Départ de Saint-Quentin à 5 heures pour aller à Sarry. Distance
Arrivé à Sarry, je me mets à chercher une perche pour aller pêcher
dans
Rien à faire.
Le soir, je suis de garde pour
les prisonniers. Je passe une mauvaise nuit. Je suis de garde.
Je suis encore de garde des
prisonniers.
Journée assez agréable, beau
temps.
Départ de Sarry à Mairy qui se trouve à
Arrivés à Mairy, nous sommes occupés à nettoyer le cantonnement qui
est très sale.
Le soir, on nous apprend que
nous (le) quitterons dans la nuit.
Départ de Mairy à 2 heures du matin.
Marche pénible. Les routes sont
très mauvaises. Nous arrivons à proximité de Lépine où nous faisons la grande halte pour manger.
Il est 11 heures. A midi, nous
repartons pour Saint-Etienne-du-Temple
où nous arrivons à 3 heures de l’après-midi, très fatigués.
Belle journée.
Réveil à 4 heures. Départ à 5
heures pour Mourmelon.
Nous traversons un village où se
trouve le général de corps d’armée qui nous félicite de la bonne tenue du
régiment.
Arrivés à Mourmelon, nous faisons une pause en attendant la partition
du cantonnement.
Nous sommes logés dans un vaste
local qui servait de magasin à graines.
Nous sommes bien installées,
mais, faute de paille, nous couchons sur le plancher.
Réveil à 6 heures.
Nous continuons à nous
installer.
Après-midi, nettoyage aux abords
du cantonnement.
Le soir, après la soupe, j’ai
dansé pendant une heure. Soirée agréable, pluie.
Démolition des vieux abris ayant
servis à la cavalerie. Pluie toute la journée.
Travaux aux environs de Mourmelon, pose des rails.
Journée de fatigue. Nous avons
posé environ 1.300 mètres de rails.
Nous continuons à démolir les
abris. Pluie toute la journée.
Travail à la gare de Mourmelon : décharger des
wagons de planches et de rondins. Pluie.
Décharger des wagons de baraques
démontables toute la journée. Moi, je suis allé me promener à Mourmelon.
Douches très chaudes.
Après-midi, exercice. J’ai le cafard.
Réveil à 4 heures pour aller
poser des lignes. Journée pluvieuse.
Travaux à la gare de Mourmelon : décharger des
wagons de roseaux. Pluie.
Même travail que la veille.
Douche le matin, corvée de
linge. A 9 heures du soir, exercice contre les gaz.
Travail à la gare. Pluie.
Repos toute la journée. Je sus
de jour et chargé d’allumer les bougies à la salle des concerts. Soirée
agréable.
Travailler à la gare.
23 novembre :
Même travail.
Douche le matin.
Exercice toute la journée.
Le soir, exercice contre les
gaz.
Exercice le matin. Après-midi,
manœuvre de bataillon. Journée de pluie.
Exercice le matin. Après-midi,
revue d’armes et d’effets.
Travail à la gare.
Repos. J’ai été me promener à Mourmelon.
Le soir, le concert était très
amusant.
Exercice et jeux toute la
journée.
Exercice, gymnastique.
Travaux toute la journée. Alerte
de nuit.
Exercice le matin.
Après-midi, travaux de propreté.
Le soir, départ aux tranchées pour
travaux de nuit : poser des fils de fer.
Retour à 2 heures du matin.
Chemin pénible, surtout dans les boyaux qui sont plein de trous.
Je suis très fatigué.
Repos jusqu’à 10 heures.
Après-midi, exercice.
Décharger des wagons à la gare.
Temps brumeux, petite pluie.
Repos toute la journée, mais je
suis de jour. J’enrage. Il fait mauvais mais j’ai beaucoup de travail.
Le soir, je me couche de bonne
heure.
Exercice le matin.
Après-midi, construction d’abris
de bombardement.
Nous continuons les abris.
Après-midi, repos pour aller
travailler de nuit à la pose de fils de fer. Parcours pénible, à cause des
mauvais chemins.
Pluie.
Retour à 2 heures du matin.
Repos le matin jusqu’à la soupe.
Après-midi, exercice. Temps de
pluie.
Réveil à 5 heures, départ à 6
heures pour le tir. Retour à 3 heures. Parcours de 18 kilomètres.
Le reste de la journée,
nettoyage.
Exercice toute la journée et
jeux.
Matin, exercice.
Après-midi, travaux de propreté.
Le soir, départ à 5 heures pour
aller poser des réseaux de fils de fer. De retour à minuit.
Temps très clair.
Repos toute la journée.
Le soir, je vais au concert du
régiment qui fut très bien et surtout très gai.
Nettoyage des hommes, ça cause
des bêtes. Changer la paille, douche et désinfecter les vêtements.
Exercices le matin.
Après-midi, travaux de propreté.
Le soir, départ aux travaux de nuit.
Retour à 5h. Temps clair.
Exercice et jeu. Gymnastique.
Alerte à 9h pour les gaz.
Réveil à 7h.
Exercice toute la journée.
Temps brumeux.
Travail toute la journée. Pluie.
Je reviens du travail.
Je suis malade.
Revue d’armes par l’armurier et
nettoyage des hommes.
Travaux des lignes de réserve à
7km de Mourmelon.
Construction de tranchées.
Je suis désigné pour faire
nettoyer les abords des casernements.
Après-midi, pluie.
Travaux aux tranchées de
réserve.
Il fait très mauvais. Le soir,
nous rentrons trempés jusqu’à la peau.
Déménagement du cantonnement et
exercice l’après-midi.
Travail aux tranchées :
pose de piquets et fils de fer.
Pluie.
Journée très pénible.
Repos toute la journée à cause
du mauvais temps.
Le soir, réveillon.
Soirée assez agréable, gaieté,
chants.
Travaux aux lignes de réserve.
Il fait très mauvais.
Pour comble de bonheur, nous
allons faire des travaux près des batteries d’artillerie.
Secteur très dangereux, bombardé
à chaque instant.
De retour le soir, trempés,
mouillés.
Repos toute la journée. Je suis
de jour et je suis très fatigué.
Pluie.
Travaux aux lignes de réserve,
pose de fils de fer dans un mauvais secteur.
Construction de tranchées.
Nous assistons de loin à un
violent bombardement. Notre artillerie se met de la partie.
Nous croyons un bombardement de
nos lignes de travail.
Revue de toutes les affaires
individuelles pour partir en lignes.
Visite du major pour la
vaccination.
Après-midi, exercices et jeux.
Exercice le matin.
Après-midi, mise en état de tous
les effets et équipements.
Le soir, à 9h, alerte contre les
gaz.
Réveil à 6h30.
Alerte aux gaz à 8h.
Après-midi, revue de bataillon
en tenue de campagne.
Soir, réveillon, mais très
calme.
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