SOMMAIRE (n’existe pas dans le carnet)
Champagne :
secteur d’Aubérive
Refus des
galons de sergent, mars 1916
Départ pour
Verdun, tunnel de Tavannes, fort de Vaux juin 1916
Période de
repos : Meuse, Baudonvilliers, Sommelonne, juin 1916
Aisne : est
de Château-Thierry, Mont-Saint-Père, Chartèves ; juillet 1916
La Somme :
secteur Cléry-sur-Somme, Bouchavesnes, sept. 1916
Départ à
l’arrière. Somme. Période de repos et exercices oct. 1916
Me contacter, pour une erreur ou question
Réveil à 5h du matin.
Départ de Mourmelon à 7h pour aller en réserve dans des baraquements à
Nous sommes très bien installés.
Le soir, nous faisons le repas
du Nouvel An.
La soirée se passe gaiement.
Chants et plaisanteries jusqu’à 11 heures. Alerte au gaz à 2h30. Nous sommes
furieux de voir que l’on profite d’un jour comme cela pour nous embêter.
Repos toute la journée.
Je suis de garde. Je passe ma
nuit blanche. Je me mets à lire et écrire toute la nuit.
Nous sommes relevés de garde à
7h30.
Le reste de la journée, nous restons
au repos. Temps maussade.
Matin, exercice.
Après-midi, travail. Journée
d’ennui.
Corvée de lavage et revue en
tenue de campagne.
Matin, jeux de barre et
exercice.
Après-midi, exercice. Beau
temps, journée d’ennui.
Je suis de garde jusqu’à 11h du
soir.
A 11h30, départ pour les
tranchées où nous arrivons à 7h du matin, très fatigués, vu la longueur du
chemin et les difficultés que l’on rencontre dans les boyaux.
Je suis désigné avec mon
escouade pour prendre la garde dans les tranchées jusqu’à 7h.
Le lendemain, le front est calme
pour l’infanterie, mais l’artillerie engage souvent des tirs de surprise.
Je vais me coucher dans l’abri
où nous sommes serrés comme des harengs. Malgré cela, je dors bien car je suis
très fatigué.
Je reprends la garde dans les
tranchées.
Il fait bien froid. Rien de
nouveau pour nous, mais à notre gauche, un violent combat d’artillerie est
engagé. Nous apprenons que l’ennemi avait attaqué sur la droite de notre
compagnie le 56. Envois de torpilles sur les lignes ennemies qui se trouvent en
face de nous.
L’artillerie de notre secteur en
profite pour bombarder les tranchées qui se trouvent devant nous. L’artillerie
répond.
Nuit assez calme.
Je vais me coucher de 7h jusqu’à
11h. L’après-midi, on nous rassemble pour nous indiquer que nous devons
construire un petit poste d’observation en avant des fils de fer qui furent
commencé par le caporal de la 14ème et achevé par moi.
De minuit à 6h du matin, travail
très pénible, vu le peu de place qu’il y a dans ce trou.
Je suis de repos le matin.
Après-midi, je suis chargé de faire une corvée de rondins pour consolider nos abris
qui sont très mal faits.
Je prends la garde dans la
tranchée.
Le soir, à 7h, je vais dans mon
poste d’observation jusqu’à minuit. Mais j’attends la relève avec impatience.
Je souffre du froid des pieds.
Je suis de repos toute la
journée, aussi, je reste tranquille dans mon abri. A minuit, je vais au poste
d’observation où je reste jusqu’à 6h du matin, mais je souffre du froid.
Nous attendons la relève qui
arrive à 11h et qui s’effectue très facilement, mais, nous sommes très
fatigués, vu la longueur du chemin.
Repos, nettoyage des armes et
équipements.
Exercice de grenade, après-midi
repos. Temps pluvieux.
Exercice toute la journée. Nos
hommes sont furieux tellement ils nous font barder.
Jeux de barre, exercice.
Après-midi, revue du colonel.
Réveil à 6h30.
Temps pluvieux. La compagnie est
de garde. Moi je suis désigné pour aller porter la soupe à quatre hommes à Biny qui se trouve à 4km de notre
cantonnement.
Le service consiste à garder et
charger des matériaux utiles aux abris des tranchées.
Journée agréable.
22 janvier :
Réveil à 5h du matin pour partir
aux tranchées.
Parcours pénible, vu la longueur
du chemin et la difficulté de circuler dans les boyaux. Je suis exténué de
fatigue.
Arrivée aux endroits désignés,
notre demi section doit occuper la 2ème ligne et ligne de résistance
en cas d’attaque.
La nuit, nous nous occupons à
faire des abris et tous les travaux utiles à la défense d’une ligne. Ces
travaux sont exécutés d nuit, pour éviter le bombardement.
Tranchées.
J’ai passé une nuit tranquille.
Temps superbe.
Notre première ligne n’occupe que
quelques sentinelles, par suite du terrain miné. J’occupe mon après-midi à
visiter les boyaux qui sont nombreux.
Il y a de quoi se perdre. Aussi,
pour faciliter le service, ces boyaux portent différents noms :
« Wagram, Dumouriez, Fleurus, Jemmapes, Davouste, Federle, Friedland,
Delaury, Joffre, Place d’Arme, Rose. »
Le soir, je m’occupe avec mon
sergent à compléter les réseaux de fils de fer en avant de nos lignes.
J’assiste à un combat d’aéros où
je constate que l’ennemi est très audacieux. Résultat : chaque avion
reprend sa direction.
Tranchées.
Journées de travail dans les
boyaux.
La nuit, je suis de garde en 1ère
ligne de 9h à 12h. Il y a quelques tirs d’artillerie par surprise. Je passe une
bonne nuit.
Tranchées. Brouillard très
épais. Nous en profitons pour aller au-dessus des tranchées arranger les
réseaux de fils de fer et refaire les buttes de tir.
Par la même occasion, nous
ramassons l’aluminium que l’on trouve en grande quantité. Des hommes sont allés
jusque dans les tranchées ennemies pendant les attaques du 26, 27, 28 septembre
et 10 octobre.
Une prime de deux francs est
offerte par fusil rapporté.
L’après-midi, le brouillard se
lève. L’ennemi s’aperçoit de notre manège et nous gratifie de quelques obus,
qui heureusement, ne font pas de victimes.
Tranchées.
Je me lève de bonne heure car
j’ai froid. Je vais travailler dans le boyau mais le temps s’éclaire et il faut
suspendre les travaux.
L’ennemi tire un obus aussitôt
qu’il remarque quelque chose.
Tranchées.
Jour de relève.
Nous attendons le 106e qui vient nous
relever à 11h. Nous parcourons ces interminables boyaux avec peine. L’ennemi
tire sans arrêt à l’arrière. Sans doute qu’il s’est aperçu de la relève.
Nous arrivons à notre
cantonnement furieux après notre commandant de compagnie qui nous fit passer
dans un endroit très boueux.
Nuit agréable, car nous sommes
fatigués.
Réveil à 6h30.
Revue des hommes en tenue de
campagne à 10h.
Je suis de jour et j’en profite
pour aller chercher du vin à Mourmelon-le-Grand,
où je trouve tout mon nécessaire. Pays très agréable où les officiers trouvent
de quoi s’amuser car les femmes ne manquent pas.
Exercice le matin et jeu
l’après-midi.
Temps superbe.
Repos toute la journée.
Après-midi, j’assiste à un match de football où mon bataillon gagne de 7 à 0
contre la musique.
Après-midi agréable, mais un peu
froide.
Soirée, concert jusqu’à 8h.
Lorsque nous sommes couchés,
alerte.
Les hommes sont furieux surtout
que notre colonel fait cela pour punir le 3ème bataillon qui faisait
beaucoup de bruit.
Je suis de garde toute la
journée.
Je m’ennuie. Il fait un temps
maussade.
Je me repose jusqu’à 2h du
matin, ensuite, j’assure le service de garde. Pour me distraire, je lis et
j’écris.
1er février :
Repos. Après-midi, douche et
repos. Temps brumeux, soirée agréable.
Nettoyage des armes et
équipement. Revue des hommes en effet de drap.
Après-midi, exercice en
attendant la revue qui eut lieu à 2 heures. Après le défilé, le commandant de
compagnie reçut tous les éloges du colonel pour la bonne tenue de notre
compagnie au défilé.
Notre lieutenant était tout
heureux.
Je vais avec une corvée de
travailleurs faire des travaux autour des baraquements où nous assistons depuis
là au défilé de notre régiment. C’est très bien réussi.
Belle journée, mais je m’ennuie.
Nous nous installons dans nos
abris. Je suis chargé de me tenir au poste d’observation 2h½ par jour, pour nous
rendre compte de ce que fait l’ennemi et, pour prendre note des résultats de
tir de notre artillerie.
La nuit, je suis de garde de 7h
à 11heures pour assurer le service des sentinelles. Il fait nuit noire.
C’est assez calme, sauf quelque
bombardement par surprise.
Je me lève à 9 heures. J’ai
assez bien dormi. Je m’occupe de mes sentinelles. Quelques bombardements de
part et d’autre.
A midi, je prends la garde à
l’observatoire. Je m’occupe à découvrir les emplacements principaux de
l’ennemi, mais je ne fais aucune remarque nouvelle.
Le reste de l’après-midi, je
vais rendre visite aux amis.
Le soir, je travaille à couvrir
l’observatoire d’une toile ondulée et je suis de garde de 11 heures à 4 h.
Rien d’anormal, très calme chez nous.
J’ai passé une mauvaise nuit. Il
fait très froid dans nos abris. Nous n’avons rien pour les faire sécher, car
ils sont très humides. Dans la journée, je m’occupe de mes sentinelles et je
prends mon service à l’observatoire. Pendant ce temps, j’assiste à un violent
bombardement des tranchées ennemies.
Par contre, le soir, l’ennemi,
profitant de la nuit, envoya 18 torpilles accompagnées de fusées sur la 7ème
compagnie qui se trouve à notre gauche.
Je rends mon service de nuit à 4
heures. J’ai passé une mauvaise nuit, toujours à cause du froid. Nous avons à
nous plaindre de la nourriture qui est insuffisante.
Je me lève à 9 heures. J’étais
très fatigué.
Je m’occupe des sentinelles et,
comme toujours, je vais à mon observatoire de midi à 2h½.
On n’y est pas tranquille aujourd’hui. L’ennemi ne cesse de bombarder nos
lignes. Plus de trois cents obus sont envoyés dans la journée.
Notre artillerie répond bien,
mais cela ne diminue pas l’ardeur de l’ennemi. Aussi, en dehors des heures de
garde, l’on est obligé de se tenir dans nos abris. Aujourd’hui, je trouve la
journée longue.
Je m’ennuie beaucoup.
Je suis de service de nuit de 11
heures à 3h. Il fait très mauvais. La pluie est de la partie. Aussi, lorsque
mon service fut achevé, j’ai été me coucher dans l’abri de mon lieutenant qui
se trouve libre.
Je me lève à l’heure de la
soupe : 11 heures.
Ma surprise fut grande car la
neige avait fait son apparition. Je mange ma soupe, ensuite, je vais au poste
d’observation mais on ne voit rien. Le brouillard est de la partie.
Le reste de la journée, je reste
dans mon abri car il fait très froid.
Le soir, je joue aux cartes
jusqu’à 9 heures, heure à laquelle je relève les sentinelles.
A 11 heures, je suis libre.
Je vais me coucher. Journée
calme sur tout le front, quelques feux d’artillerie de part et d’autre.
Pluie toute la journée. Matinée
calme.
De midi à 2h½,
je suis à l’observatoire. Quelques torpilles lancées, sur le 67ème par
l’ennemi, amènent un violent bombardement de notre artillerie sur les ouvrages
qui font face à notre ligne, qui dura deux heures.
Tir d’une extrême violence. La
soirée fut assez calme.
Quelques obus ennemis par
surprise à 8h½.
Je suis de patrouille, mais,
comme le temps est trop clair, je ne peux visiter qu’une partie de nos lignes.
Je rends compte de ma patrouille au commandant de compagnie et, à minuit, je
vais me coucher très fatigué.
On vient nous relever à 8h½.
Nous ne sommes pas fâchés. Nous avons beaucoup souffert du froid
Nous quittons nos lignes à 9
heures ½ pendant que l’ennemi bombarde nos boyaux.
Enfin, nous arrivons au Camp
Berthelot très fatigués par suite de la longueur du chemin et du mauvais état
des boyaux.
Le soir, nous avons alerté.
Nous sommes furieux ;
surtout que ce n’est qu’un exercice et que nous sommes très fatigués.
Nous sommes au repos le matin.
Après-midi, revue en tenue de
campagne.
Journée d’ennui.
Il nous est interdit d’aller à Mourmelon. Nous sommes en alerte.
L’ennemi a attaqué sur notre front. Nous assistons de notre cantonnement à un
violent bombardement de notre artillerie.
Repos au cantonnement par suite
du mauvais temps.
Après-midi, exercice et théorie
au cantonnement.
Journée d’ennui.
Je suis de garde à Bouy où je passe une journée agréable où nous
faisons des frites, bifteck, café, vin chaud.
La nuit, je fais des
correspondances. Il m’est impossible de dormir à cause des poux dans notre
abri.
Temps épouvantable.
Les arbres sont déracinés et les
toitures de nos abris sont enlevées par le vent.
Je quitte Bouy pour rejoindre
mon cantonnement à 9 heures du matin où j’arrive à 10h½
pour la soupe.
Après-midi, je me repose car je
suis très fatigué.
La compagnie fait l’exercice
dans les baraquements.
Temps de pluie.
Toujours la pluie.
Eclaircissement du temps.
Après-midi, nous faisons de l’exercice.
Journée d’ennui.
Réveil à 6h½.
Départ du cant. à 7h pour assister à une dégradation d’un homme du 106e qui
s’était sauvé pendant les attaques des Eparges : 5 ans de réclusion et 20
ans d’interdiction de séjour.
Après-midi, repos. Revue en
tenue de campagne à 4h.
Aujourd’hui, préparatifs de
départ pour les tranchées.
Temps affreux, pluie toute la
journée.
Réveil à 4 heures.
Départ pour les tranchées à 6
heures par un temps brumeux. Grande fatigue pour aller aux tranchées. Nous
arrivons sans difficulté. Je suis en ligne de réserve où nous trouvons un joli
abri bien fait.
Notre service consiste à faire
des travaux de nuit qui sont, quelquefois, interrompus par des tirs surprises.
Nuit bonne car j’étais très
fatigué.
Matinée calme. Après-midi,
violents bombardements de notre artillerie qui nous oblige à rester dans nos
abris.
Le soir, nous travaillons sur
les parapets où nous fûmes salués par une rafale d’obus, ce qui oblige à sauter
dans la tranchée. Après un quart d’heure de répit, nous avons continué nos
travaux. Nous avons été nous coucher à 11h.
Nuit assez calme.
Rien de nouveau le matin.
Après-midi, violent bombardement de notre artillerie sur les ouvrages qui se
trouvent devant nous. Lorsque nous travaillons, le soir, nous assistons à une
surprise de Zeppelins qui survolent nos lignes.
Nos projecteurs fouillent le
ciel, ainsi qu’un grand nombre de fusées qui permettent de découvrir ce monstre
de l’air. Immédiatement, l’artillerie et les mitrailleuses se mettent en
action.
Mais l’ennemi se met à bombarder
nos lignes, ce qui nous fit rentrer dans nos abris. Nous apprîmes qu’un
dirigeable a été touché par une auto canon.
Tranchées, matinée calme.
Je me lève à 19 heures pour
manger la soupe.
Après-midi, je m’occupe
d’arranger les banquettes de tir.
A 3 heures, un violent
bombardement de notre artillerie se fait sur les lignes qui se trouvent devant
nous.
Le soir, nous travaillons dessus
nos parapets pour préparer notre champ de tir. Je passe une bonne nuit.
Temps froid.
Tranchées, matinée froide. Je
reste dans mon abri à faire des correspondances.
Après-midi, j’assiste à un
combat d’avions où je constate la hardiesse de nos aviateurs.
Mais le combat est nul.
Le soir, je travaille à
restaurer les réseaux de fils de fer.
Nuit assez bonne.
Nous avons à nous plaindre de la
nourriture, nous mourrons de faim.
Matinée très froide. Rien de
nouveau le matin.
Après-midi, violent bombardement
des lignes ennemies qui dura 2 heures.
Le soir, nous posons des réseaux
de fils de fer jusqu’à 10h½. Nous sommes très gênés dans notre
travail par les fusées ennemies.
Nous allons nous coucher assez
fatigués.
Je me lève à 8h assez mal luné à
cause du mauvais café.
A 11 heures, on nous apporte la
soupe qui finit de nous surexciter ce matin.
Il y a un bombardement terrible sur
notre droite qui dura toute la journée. Nous apprîmes également qu’un violent
combat était engagé à Verdun.
Je passe mon après-midi à jouer
aux cartes.
Je me couche à 10 heures, assez
gai.
J’ai passé une mauvaise nuit.
Le matin, je me lève à 6h1/2.
Nous avons la relève à 8h par le 106. Nous allons en réserve le long de
Le soir, nous allons travailler
en 1ère ligne, mais, comme il n’y a personne pour nous distribuer le
travail, nous revenons assez fatigués vu la longueur du chemin
Journée de repos dans nos abris.
Le soir, nous partons au travail
dans un secteur complètement bouleversé par notre artillerie. Nous faisons la
pose du réseau de fils de fer, mais nous pataugeons dans une boue épouvantable.
Je profite de l’occasion pour
visiter les ouvrages ennemis qui sont admirables.
Mais, fatalité, je me suis
perdu, ce qui me fit rentrer au cantonnement 3h après les autres, exténué de
fatigue.
Journée de repos.
Temps pluvieux.
Je reste couché jusqu’à 10
heures. Je passe mon après-midi à écrire.
Le soir, je lis jusqu’à minuit.
Les communiqués de Verdun me
font plaisir, de voir que l’ennemi n’a pas réussi dans son entreprise.
Nuit assez bonne.
Temps de pluie.
Je fais un tour dans le
cantonnement.
L’après-midi, je passe mon temps
à écrire en attendant que j’aille aux travaux de nuit.
A 8 heures (du
soir), départ pour le travail. Nous
parcourons des boyaux pleins d’eau. Nous sommes occupés à reboucher des trous
d’obus et boyaux pour poser un réseau de fils de fer.
Je visite les travaux de
l’ennemi et je tombe sur un cimetière ennemi où je reste un instant à lire les
noms. Je m’entretiens un instant avec les hommes du 54e.
Lorsque je reviens, ma compagnie
était partie. Je la rejoins au poste du génie.
Nous sommes de retour à 1 heure
du matin.
Réveil à 7 heures.
A 8 heure ½, exercice d’une
heure. Le reste de la journée, l’on se distrait avec des plaisanteries.
Le soir, à 7h½,
départ pour le travail. Nous parcourons des chemins boueux et pleins d’eau.
Nous arrivons au poste du génie où nous nous trouvons en face des cadavres
d’hommes du 54e tués par une torpille. Nous restons à attendre un moment.
Il y a un violent bombardement
de part et d’autre. Nous allons reboucher les trous d’obus pour permettre aux
mitrailleurs de balayer le terrain. Il pleut.
Nous rentrons à 1 heure,
trempés, mouillés.
J’ai passé une bonne nuit
jusqu’à 8h du matin.
Je passe ma journée à lire et
écrire. Je passe ma soirée très gaie. On chante toute la soirée devant un bon
feu.
Je me couche à 9h où je continue
à lire.
Je me lève à 9h pour prendre le
café. Je passe mon temps à lire et écrire.
Le soir, nous nous installons au
coin du feu.
On chante et raconte des
histoires.
Soirée très gaie. Je me couche à
9h où je continue à lire. Je lis jusqu’à 10 heures. Je n’ai jamais tant vu de
rats que dans ces abris.
Réveil à 6h½.
Préparatifs de départ aux tranchées à 9 heures.
Nous arrivons à notre ancienne
place. Nous sommes en ligne de réserve, ou plutôt, en ligne de résistance. Nous
restons au repos toute la journée.
Le service de garde se fait par
escouade.
Je prends ma garde de 7h à 12
heure ½. Je vais ensuite me coucher dans mon abri où je passe une bonne nuit.
Je m’occupe toute la journée à
restaurer les ouvrages qui se trouvent détériorés par la gelée.
La nuit, je m’occupe de la
relève des sentinelles de 12h à 17h.
Il fait très froid.
Je m’occupe toute la matinée à
courir d’une section à l’autre pour avoir du pain qui nous manque.
L’après-midi, nous travaillons à
la réfection des ouvrages.
Quelques bombardements par
surprise de part et d’autre.
Le soir, je m’occupe avec mes
hommes de faire un poste de guetteur jusqu’à 12h½. Pendant que mes hommes
font le terrassement, je dégage les réseaux de fils de fer des piquets cassés.
Je suis souvent surpris par les fusées ennemies qui m’obligent à me coucher
très souvent.
Il fait très froid ; aussi,
je suis heureux d’aller me coucher. Mais, je passe une mauvaise nuit. Les poux
me dévorent. J’ai aussi assisté à des combats d’avions qui n’ont donné aucun
résultat.
Je me lève à 7h pour aller
travailler au poste d’observation. Je m’occupe toute la journée à préparer les
matériaux nécessaires à notre poste. Le soir, à 9 heures, exercice d’alerte. Il
fait très froid.
A 11 heures, je suis avec cinq
hommes à faire le redressage d’un boyau pour pouvoir tirer dedans en cas
d’attaque. C’est un travail assez important. Il fait très froid.
Je me couche à 4h, fatigué,
faute d’avoir dormi.
Je me lève à 8h. A 10h du matin,
je fus très surpris de voir la neige recouvrir le sol d’une épaisseur de
Je vais me coucher très fatigué.
Je me lève à 10 heures et je
m’occupe de différents travaux. Nous avons le dégel qui fait beaucoup de dégâts
dans nos tranchées qui se trouvent transformées en ruisseaux de pluie.
Mauvaise journée. Bombardement
des lignes ennemies.
Le soir, je m’occupe à ramasser
les piquets en avant de nos lignes, qui se trouvent brisées par le
bombardement. Travail très embêtant à cause des fils de fer barbelé qui sont
après les piquets.
Je vais me coucher à 1h du
matin, fatigué.
Je me lève à 8 heures pour
écrire. Je m’ennuie beaucoup à cause du mauvais temps.
Le soir, il fait un temps très
clair. Je me permets de travailler au poste d’observation, mais je fus gêné par
la fusillade de l’ennemi et surtout par les fusées.
Je vais me coucher à 12h½.
Nous avons aussi eu une rafale de 77 qui nous obligea à suspendre nos travaux,
mais aucune victime.
Je me prépare pour la relève qui
se fait à 12h. Nous parcourons les boyaux avec difficulté.
Nous recevons un obus qui nous
fit deux victimes dont 1 mort.
Nous arrivons au Camp Berthelot
très fatigués, mais par un temps superbe. Mon premier travail fut de chercher
mes poux et changer de linge.
J’ai passé une bonne nuit.
Grand nettoyage des effets et
équipements. Après-midi, je vais au concert à Mourmelon-le-Grand où je passe une après-midi très agréable.
Les artistes sont très comiques. Nous éprouvons quelques difficultés à circuler
dans les rues tellement il y a de la troupe.
J’éprouve un vif chagrin en
voyant les femmes et les enfants, en pensant aux miens. Je passe une soirée
très agréable avec mes camarades où il règne une grande gaieté par les excès de
boisson.
Je me couche très gai.
Revue des hommes en tenue de
campagne. Exercice après-midi. Journée assez tranquille.
Le soir, je me couche de bonne
heure pour pouvoir lire tranquillement.
Je vais travailler au nettoyage
des boyaux qui se trouvent à
Belle journée, nuit assez bonne.
Je me lève à 7 heures pour aller
aux douches. Pendant que nous étions en train de nous laver, on vient nous
prévenir de rentrer immédiatement, que nous étions en alerte, que nous devions
monter nos sacs pour partir au premier signal. Lorsque nous fûmes prêts, nous
formons les faisceaux devant nos baraquements et nous restons dans l’attente
jusqu’à la nuit.
Nous quittons notre cantonnement
à 7 heures pour nous rendre à Saint-Hilaire dans de pauvres abris qui avaient
été quittés en hâte par le 1er bataillon qui avait été renforcé les
troupes d’attaque. nous apprenons que l’attaque n’avait pas réussi et que notre
artillerie nous avait fait beaucoup de victimes en tirant trop court. Nous
fîmes un bon café avant de nous coucher.
J’ai passé une bonne nuit car
j’étais très fatigué.
Réveil à 3 heures pour retourner
au Camp Berthelot où nous arrivons à 11 heures. Nous sommes obligés de manger
froid. Nos cuisines ne peuvent revenir qu’à la nuit.
Aussitôt arrivée au
cantonnement, la compagnie prend la garde. J’en profite pour faire ma toilette
et faire mes correspondances.
Soirée d’ennui.
Je vais travailler au nettoyage
des boyaux. Il fait un temps superbe. Nous nous dépêchons de faire notre
travail le matin pour nous reposer l’après midi. Je retourne à Berthelot à 5
heures très ennuyé.
J’ai un cafard terrible.
Matin, exercice. Après midi,
nous nous préparons pour partir aux tranchées. Il y a contrordre. Nous restons.
Aussi, j’en profite pour laver mon linge. Je suis très contrarié.
Je souffre de voir que je
n’obtiens aucune faveur. Je fais une lettre pour ma réclamation au colonel.
Nuit très agitée.
Repos. Je me lève à 7 heures
pour être présenté au colonel au sujet de mon maintien dans un régiment
d’active. pendant 20 minutes d’entretien avec le colonel, il me propose les
galons de sergent ou une place de caporal pionnier. J’accepte la 2ème.
Mais, j’ai une vive discussion
avec mon commandant de compagnie qui me reproche d’avoir accepté le poste de
caporal pionnier. Toute ma journée fut de tristesse et pour comble de malheur,
j’apprends la mort de mon beau-frère qui finit de me bouleverser. Je suis d’une
tristesse profonde.
Le soir, nous arrivons très
fatigués, à 10 heures, et pour comble de bonheur, je suis de garde avec mon
escouade. Je me couche à 3 heures du matin. Je m’endors d’un sommeil de plomb.
Je me lève à 10 heures pour me
rendre compte des travaux exécutés depuis notre départ. Il y avait quelques
petits changements faits par le 106.
Après midi, je me couche jusqu’à
la soupe.
Le soir, je m’occupe de la pose
de piquets en avant de nos lignes. Nous sommes contrariés par des fusées qui sont
accompagnées de quelques coups de feux nous obligeant à sauter (dans) les
boyaux.
Je vais me coucher à minuit,
très ennuyé, en pensant à la mort de mon beau-frère. J’ai devant les yeux le
secteur où ce malheureux gosse trouva la mort. Cafard terrible.
Je me lève à 8 heures. Je
m’occupe des travaux à faire dans la nuit, car il nous est impossible de
travailler de jour.
Le soir, je fais creuser les
boyaux et je vais me coucher à minuit. Il fait un temps très clair qui
contrarie les travailleurs de la 6ème compagnie qui sont venus pour
poser les réseaux de fils de fer. Ils sont souvent surpris par la fusillade. Je
suis toujours inquiet de mon beau-frère.
Je m’occupe de la distribution
de la soupe et café. L’après midi, je fais mes correspondances et le soir, je
m’occupe avec 4 hommes à reboucher les boyaux jugés inutiles.
Nuit sombre et froide. Je vais
me coucher à 3 heures.
A 8 heures, je me lève toujours
bien triste.
On vient me prévenir que je dois
aller à la compagnie des pionniers pour remplacer un autre caporal. J’éprouve
un chagrin profond de quitter mes camarades.
Le soir, je suis désigné pour
aller poser un chapeau de guérite en ciment armé qui pèse les 600 kilos. Il
faut déplacer cette pièce de
Je me lève à 7 heures. Je reste
au repos le matin.
Après midi, nous allons à
Travail qui s’effectua
rapidement. Je reviens à mon cantonnement à 4 heures où je passe une bonne
soirée auprès d’un bon feu, pendant que les jeunes camarades qui se trouvent
avec moi dans l’abri me distraient par leurs chants très amusants. Je n’éprouve
plus les mêmes joies depuis la mort de mon beau-frère.
Je reste toute la journée au
repos où j’en profite pour faire mes correspondances. Journée d’ennui. matinée
très froide. Calme sur tout le front.
Je m’occupe de faire construire
des abris de première ligne. Nous sommes encore assez tranquilles. Le temps est
superbe.
Je prends la direction des
travaux de l’abri du commandant et de sa liaison.
L’ennemi ayant remarqué que
d’importants travaux se faisaient dans ce coin, nous envoie par surprise des
fréquentes rafles de 77 et 105 fusants, ce qui nous gêne beaucoup. L’abri
mesure
On accède d’une chambre à
l’autre par des sapes. Trois escaliers donnent accès aux abris.
Je pars en permission.
Rassemblement à 5 heures du soir
devant le poste du colonel. Nous arrivons à Berthelot à 8 heures par un temps
affreux. Il fait nuit noire. Nous quittons Berthelot à 9h. L’on ne voit pas
devant soi tellement il fait nuit. Nous marchons à travers les terres où nous
nous perdons. Nous arrivons enfin à Bouy
à 11h1/2, trempés mouillés.
Nous attendons le départ du
train dans un local. On nous sert (un) bon thé au rhum.
Nous quittons Bouy à 5h. En passant par Vitry-le-François, nous
faisons un arrêt assez long à la gare régulatrice.
Nous partons de Jessains à 10h46. je passe par Langres, Chalindrey et j’arrive à
Besançon à 8h1/2 du soir où je
couche au local des permissionnaires.
Je repars à 4h1/2 du matin.
J’arrive à Belfort à 8h1/2, tout heureux de retrouver ma petite famille
en bonne santé.
Pendant ma permission, le temps
était assez superbe et j’en ai profité assez agréablement.
Je quitte Belfort à 9h1/2 du soir, le cœur bien serré, mais je fais
tout mon possible pour cacher mon émotion. Après quelques baisers affectueux
avec mon épouse, je pars prendre mon train.
A ce moment j’éprouve un profond
chagrin. J’y trouve quelques amis, ce qui me distrait un peu.
Arrivé à Dijon, je me distrais en visitant la ville. Je reprends mon
train où je m’endors et ne me réveille que quelques instants avant d’arriver à Jessains.
J’ai le cœur bien gros de me
revoir au milieu de tous ces hommes qui eux aussi, retournent sur le front.
J’arrive à Berthelot à 3h du
matin, bien triste.
Je suis d’une tristesse
profonde. Mes camarades sont tous surpris de me voir si triste. Je continue mon
service de caporal d’ordinaire, ce qui me distrait un peu.
Temps superbe.
On nous annonce qu’à
Rien de nouveau. Assez calme. Je
me lève.
En dehors de mes heures de
service, je vais à la pêche à la truite qui me réussit assez bien.
Pluie toute la journée. Je suis
trempé mouillé en m’occupant de distributions. Je suis furieux.
Belle journée. Je m’occupe le matin, à faire
nettoyer le cantonnement et je passe mon après midi à la pêche.
Mais je n’ai pas beaucoup de
chance, ma pêche est très pénible. Je m’engage dans des réseaux de fils de fer
où j’ai toutes les peines du monde à me dégager.
Temps superbe.
Chaleur torride. Je suis furieux
toute la journée. On m’a pris mon quart bâche auquel je tenais beaucoup.
Temps superbe.
Je m’occupe de la distribution
et passe mes après midi à la pêche, mais la chaleur est tellement forte que je me
couche sous les arbres.
Je fais nettoyer le cantonnement
et je m’occupe des distributions.
Le soir, je vais à la pêche où
je prends une superbe truite de trois livres que je fais cadeau à mon capitaine
qui la mangeait des yeux en me voyant revenir.
Réveil à 5h. je m’occupe des
distributions et de nettoyage du cantonnement. Revue d’armes.
Après midi, pêche, mais il fait
tellement chaud que je n’ai pas de succès. Pour terminer la journée, nous
faisons une noce carabinée avec des marchandises que les copains ont cherchées
à Mourmelon.
Je couche à 11h, passablement
ému.
Je me lève très fatigué, ayant
eu une nuit très agitée.
Aussi, après la soupe, à 10
heures, j’ai été me coucher.
Je n’ai fait qu’un sommeil
jusqu’à 4h. Le reste de la journée, je m’amuse à lire. Quelques tirs par
surprise arrivent sur notre droite qui n’occasionnent que quelques dégâts.
Je me lève à 5 heures très gai.
Je passe ma matinée à faire des correspondances.
Le soir, je reçois une carte qui
ne me fait pas plaisir. Malgré cela, je passe une après midi assez agréable
avec les amis
Lorsque le soir, vers 5 heures, nous sommes
violemment bombardés avec accompagnement de gaz. C’est l’alerte car le
bombardement indique une attaque. La sonnerie du garde à vous se fait entendre.
Tous les hommes quittent leurs abris.
Les gaz sont suffocants.
Notre artillerie répond par un
tir de barrage, ce qui empêche l’ennemi de nous attaquer.
Vers 11 heures du soir règne la
calme le plus complet.
Je me lève à 5 heures pour assurer
la distribution. Le calme est complet, quand, vers 10 heures, s’engage un
combat d’avions au-dessus de nos lignes.
La lutte est sérieuse et reste à
l’avantage de l’ennemi. Un de nos avions est coupé en deux et tombe en flammes
dans les lignes ennemies. J’éprouve une émotion sérieuse.
Ma soirée est employée à lire un
roman jusqu’à 1 heure du matin, ce qui fait que je fais un bon sommeil.
Je m’occupe toute la matinée de
l’entretien du cantonnement. Après midi, je me couche, car je suis très fatigué.
Le soir, à 8 heures une violente
attaque au gaz est déclenchée. Nous sautons sur nos masques et quittons les
abris. Ma mission est de faire allumer les feux et de faire arroser les
tranchées avec les appareils Vermorelle.
Il y a un peu de panique chez les
Poilus que je calme vite en donnant à chaque homme son poste de combat. Notre
artillerie et nos mitrailleuses mettent les choses au point.
Un barrage des plus violents
empêche l’ennemi d’attaquer.
A 1 heure du matin, le calme le plus
complet règne dans notre secteur.
Matinée calme. Après midi,
l’ennemi nous bombarde par surprise à intervalles assez réguliers.
A 9 heures, une nouvelle attaque
avec gaz accompagné d’un violent bombardement et d’une vive fusillade. Nous
apprenons qu’une patrouille est sortie pour un coup de main et que l’ennemi
croyait à une attaque par surprise de notre part. le coup fut manqué et le
calme fut rétabli à 11 heures du soir.
Violent bombardement toute la
journée de la part de l’ennemi, ce qui fait supposer à une grande attaque.
Mais, nous constatons qu’il y a
très peu de grosse artillerie, ce qui nous indique que l’ennemi cherche à nous
tromper afin de nous faire amasser des troupes dans notre secteur et de pouvoir
opérer plus à l’aise dans la Meuse.
Notre artillerie répond
énergiquement.
A minuit, nous allons nous
reposer par factions.
Journée calme. Revue des hommes
en tenue de campagne. Préparatifs de départ pour
Verdun. Après-midi, je vais à la pêche, mais
je ne fais rien. Je passe ma soirée dans l’ennui.
Je me couche à 9 heures. A
minuit, nous sommes réveillés par une alerte au gaz qui se produit à notre
droite dans le secteur de Navarin. Comme nous ne courrons aucun danger, nous
retournons nous coucher.
Nous ramassons tous nos outils
et nous mettons tout en ordre afin que le secteur soit irréprochable. Le temps
est à la pluie, et je m’ennuie beaucoup. Je suis sans nouvelle de ma femme
depuis quelques jours. Je passe ma soirée à lire et écrire. La gaieté règne
dans le cantonnement.30 mai
Temps assez beau.
Nous restons dans l’attente
toute la journée. Nos passons encore en revue de tenue de départ. C’est la
barbe. Le reste de la journée, nous flânons.
Réveil à 4h1/2. Nous partons à 6
heures pour le camp Berthelot où nous mangeons la soupe à 11 heures. Départ
pour Bouy où des autos viennent nous prendre pour nous
conduire à Vraux (Marne).
Les hommes, qui ont été privés
de bien des choses pendant notre séjour, se trouvent en état d’ivresse.
Nous restons à Vraux où les hommes font
l’exercice. Le temps est désagréable.
Le pays n’est pas joli. Je
m’ennuie beaucoup.
Nous passons en revue par le
général de division.
Préparatifs de départ. Revue en
tenue de campagne. Temps de pluie. Ma journée est employée aux distributions de
vivres.
Pentecôte. Réveil à 1 heure ½ du
matin.
Départ de Vraux à 3 heures
passées pour St-Hilaire par un
temps de pluie.
Nous y arrivons à 6 heures et nous
prenons trois journées de vivres avant d’embarquer.
Nous débarquons le même jour à Neuville-sur-Orne.
Sur notre parcours, les hommes
de la 6ème volent une caisse de camembert qui fut partagée entre
tous les hommes du même wagon.
En passant à Revigny, nous voyons un important
matériel d’artillerie, qui revient de Verdun.
Il est dans un état lamentable,
ce qui indique que la lutte a été chaude.
Nous arrivons à Neuville-sur-Orne à 2 h de
l’après-midi. Les gens sont très sympathiques à la troupe.
Nous restons en repos à Neuville-sur-Orne (Meuse).
On en profite pour se nettoyer.
Journée de pluie.
Le soir, retraite par la musique
de notre régiment. La gaieté règne chez nos poilus. Lorsque la musique fut
arrêtée devant le colonel, les hommes se mirent à danser.
La soirée fut très gaie.
Réveil à 5 h.
Départ de Neuville à 6h ½ pour Pretz qui se trouve à 18 km de Neuville. Il fait un temps
affreux. Pluie pendant tout notre parcours. Nous y arrivons très fatigués.
Le pays est à moitié détruit par
le bombardement lors de la retraite des ‘Boches’ en 1914. Il ne reste que
12 maisons entières.
Réveil 5 heures. Je m’occupe des distributions de vivres de
réserves, ce qui me donne beaucoup de travail.
Nous quittons le pays par une pluie battante. Nous allons jusqu’à Bonzée qui se trouve à 4 klm. De Pretz où nous embarquons en
autos. Nous passons par Ancemont
et Dugny où nous débarquons de
là.
Nous apercevons les casernes de Verdun qui sont encore en bon état.
Pendant notre trajet, nous remarquons d’importants travaux de défense, surtout
des réseaux de fils de fer. Le pays est complètement évacué par les civils.
Nous nous trouvons avec les troupes coloniales et des troupes noires. Je passe
toute ma nuit aux distributions de vivre.
Je suis exténué de fatigue. Je me couche à 1h1/2 du matin dans un
local infecte où ça sent très mauvais et toute sorte de saletés.
Je me lève à 7 heures encore
bien fatigué. Je m’occupe de distribuer les vivres que j’ai touchés la nuit.
Après-midi, je vais rejoindre
mes pionniers qui sont affectés au 3ème Bat.
Et qui sont logés dans les
bateaux sur le canal. Je pars avec un chargement de mulets.
J’ai les vivres de 20 hommes,
aussi, j’en ai plein le dos. J’apprends en arrivant que nous ne montions pas en
ligne le soir même, ce qui me fait grand plaisir. Notre installation est une
des mieux dans notre bateau qui porte comme inscription « Paul
Paulhon », Décarpentier, Thon Nord ». Nous sommes à l’effectif d’une
compagnie par bateau.
C’est incroyable la
concentration de troupes autour de Verdun, surtout beaucoup d’artillerie et les
trains de munitions ne cessent d’arriver. Le soir, nous assistons à un
bombardement des plus violents de part et d’autre. Sur le canal, plus de deux cents
bateaux sont occupés par la troupe, dont plusieurs sont coulés par les obus.
Je me lève à 6h pour m’occuper
du déjeuner des poilus. Je cours d’une compagnie à l’autre pour avoir du café.
Après, nous préparons nos sacs pour partir en ligne.
Le départ a lieu à 3h.
Après-midi, nous passons par
Mondinville, puis nous commençons à grimper les montagnes des hautes Meuse.
Il fait une chaleur accablante,
ce qui rend l’occupation très pénible car, c’est à pic, et les chemins
impraticables. Aussi, nous faisons plusieurs pauses. Nous trouvons sur notre
passage beaucoup de pièces de grosse artillerie et nous constatons qu’une lutte
d’artillerie a été des plus sérieuses dans ses passages par les bouleversements
des abris et des ouvrages des lignes de réserve. Avec beaucoup de peine, nous
arrivons au champ de tir du Cabaret Rouge.
Nous y restons plusieurs heures
pour manger la soupe et attendre la nuit avant de nous engager dans la zone
dangereuse. Pendant notre halte, nous assistons à un bombardement des plus
violents.
A 9h du soir, nous nous
dirigeons sous le tunnel. Après une heure et ½ de marche par un boyau très
mauvais. Pendant notre parcours, nous sommes salués par des obus fusants, mais
nous arrivons au tunnel sans perte. Nous voyageons
On y trouve des détritus de
toute sorte et les Water Closets y sont installés tous les quatre cents mètres
et débordent de tout côté. C’est une infection à ne pas y tenir et malgré tout,
nous sommes obligés de nous y installés. Je m’avance le plus possible vers la
sortie pour avoir de l’air, sans quoi je ne pourrais pas y rester. Je
m’installe tant bien que mal avec mes pionniers et j’y dors quand même car je
suis très fatigué. Le tunnel mesure 1 klm 800m.
Il est occupé par environ 5. 000
hommes qui forment les troupes de réserve.
Nous restons toute la journée
sous le tunnel.
Dans l’attente je fais quelques
correspondances, mais je suis malade dans cette infection, et il nous est
interdit de sortir pour éviter les pertes inutiles.
Pendant notre séjour sous le
tunnel, l’artillerie fait rage au
dehors, ce qui nous donne une idée de ce qui se passe dans notre nouveau
secteur. A toute minute, il nous arrive des blessés et en grand nombre. Ils restent
sous le tunnel au poste de secours aménagé à l’entrée en attendant les
ambulances qui font la navette continuellement.
Nous admirons surtout les
Anglais, qui, malgré le bombardement, viennent chercher nos blessés. Dans la
journée, je suis sorti pour aller chercher de l’eau à une source qui se trouve
à
Toute la soirée, il passe et
repasse des troupes dans ce tunnel ce qui nous empêche de dormir.
Toujours une grande activité sur
notre front. Nous restons encore en réserve sous notre tunnel.
Pour m distraire, je fais la
soupe et du café avec de l’alcool solidifié. Pendant ce temps, mon sergent est
allé au ravitaillement et revient avec un bon bidon d’eau de vie, ce qui fait
notre affaire.
Pendant que nous mangions la
soupe, un obus vient tomber en plein au milieu d’une section qui se rassemblait
pour aller porter de l’eau à nos poilus en lignes.
Ce fut un moment de panique.
A l’entrée du tunnel, moi qui
n’avais rien entendu, je me demandais ce qui arrivait. Je croyais que les
Boches avaient réussi à arriver jusqu’à nous, et, je me voyais déjà prisonnier.
Après cette surprise, je suis allé me rendre compte et, malheureusement, je ne
vis que des blessés et des cadavres. Tous les poilus donnèrent la main aux
blessés pour faire les pansements. Et, je retourne à ma place prendre mon café,
car dans cette vie, il faut être dur, sans quoi l’on mourrait de peur.
Le soir, j’ai écris à mon épouse
et lu des journaux. Mais les journaux ne m’intéressent plus. Il y a trop
longtemps qu’ils nous bourrent le crâne.
Je me lève à 9 heures. Je me
mets à faire la soupe et le café que nous mangeons de bon cœur.
Et ensuite, nous buvons une
bonne goutte qui nous rend gais.
Puis, nous préparons notre
fourbi pour monter en ligne, ce qu n’a rien de gai. Nous quittons le tunnel à
8h ½ en marchant en file indienne. Nous grimpons les hauteurs de l’ouvrage de
Damloup. Vu sa pente rapide, nous sommes vite fatigués car il ne faut pas
s’amuser. Lorsque tout le monde fut en haut, nous nous blottissons du mieux que
nous pouvons dans le boyau en attendant que la nuit fut venue.
Mais, ce fut angoissant car les
marmites nous arrivaient de toute part. Plusieurs hommes jetaient des cris de
douleur. Ils étaient atteints par des obus.
Nous nous portons en avant à 9 h
½ sous une pluie d’obus. Les Boches aveint aperçu un mouvement de troupes,
aussi, ce fut avec des grandes difficultés que nous arrivons à l’ouvrage du
fort de Vaux.
Sur mon parcours, je trouvais
déjà beaucoup de mes camarades blessés ou déchiquetés pas les obus, mais il n’y
avait pas de temps à perdre. Il fallait arriver à la redoute du fort de Vaux.
Enfin, vers 10h ½, nous étions arrivés, tout bouleversés, et tout essoufflés.
Nous faisons une petite pause, en attendant que les occupants de l’ouvrage fussent
sortis, mais les marmites n’arrêtaient pas de tomber.
L’évacuation des blessés qui
encombraient l’abri, ne put se faire tellement le bombardement était violent.
Après une heure et demie d’attente, nous pénétrons dans l’abri. Il y avait très
peu de places pour loger près de 200
hommes. Il faisait une chaleur étouffante et l’odeur des médicaments finissait
de nous incommoder. C’était un supplice de rester là dedans. Aussitôt que mon
sac et mes musettes furent placés, je fus à l’entrée pour avoir de l’air, sans
quoi, je serais tombé malade.
Lorsque le bombardement diminua
un peu, l’on évacua les blessés ce qui nous fit un peu plus de place.
Un bombardement des plus
violents de part et d’autre. Il nous arrive beaucoup de blessés.
Nous apprenons par eux que notre
artillerie tire trop court ce qui augmente nos pertes.
L’entrée de notre abri se trouve
dans la ligne de tir de l’ennemi, aussi, tout homme qui n’est pas au courant
est victime d’une mitrailleuse qui observe attentivement cette entrée.
Dans la journée du 20, nous
avons eu 10 hommes de tués à cette entrée.
Le bombardement redouble
d’intensité. Nous sommes complètement bouleversés pas les obus de gros calibre.
Notre artillerie reçoit des torpilles qui nous anéantissent une compagnie
entière.
Vers 4 heures du soir, nous
sortons tous de la redoute. Une attaque ennemie a lieu. Nous occupons tous les
trous d’obus qui se trouvent autour de l’ouvrage et nous répondons à l’attaque.
Malgré cela, notre gauche cède sous le nombre et l’ennemi nous fait environ 150
prisonniers.
Nous continuons de lutter avec
la rage au cœur se qui occasionne de grosses pertes à l’ennemi.
Mais le plus triste est que
notre artillerie reçut l’ordre de raccourcir son tir, croyant que toutes nos
postions étaient à l’ennemi, ce qui obligea les quelques survivants à se
replier à l’arrière. Pendant ce temps, il nous arrive de tout côté des blessés
affolés fous, ne sachant plus ce qu’ils faisaient.
C’était bien triste. En moins
d’une heure, la redoute était complètement encombrée de blessés ce qui nous
obligea à passer une partie de la nuit en dehors. Nous entendions de tout côté
des appels et des cris de douleur des hommes restés sur le terrain et ne
pouvant venir au poste de secours par leurs propres moyens.
C’était une nuit terrible pour
ceux qui restaient comme combattants, car nous ne pouvions porter secours à ces
blessés, sans quoi, l’ennemi en aurait profité pour nous attaquer à nouveau. La
position que nous occupons était difficile à tenir. De toute part nous recevons
des coups de feu.
Notre plus terrible souffrance
était la soif. La fièvre s’était emparée de nous.
Nous sommes réveillés en hâte
par des cris aux armes. Nous apprenons que l’ennemi se prépare à une attaque.
De toute part des lignes ennemies, on voit apparaître des fusées rouges ou
vertes, ce qui signifie qu’ils demandent un barrage d’artillerie, qui,
d’ailleurs, ne tarde pas à arriver.
Nos lignes sont littéralement
bouleversées par ce bombardement, des plus terribles, de quoi rendre les hommes
fous.
Cela dura environ 2 heures.
Lorsque l’artillerie ennemie eut fini son grand barrage des premières lignes,
elle continua à harceler nos lignes de réserve pour éviter l’envoi de renfort.
Notre artillerie ne ménagea pas ses obus, qui, malheureusement, pour la
plupart, tombèrent dans nos lignes, ce
qui démoralisa nos troupes au moment de l’attaque.
Certaines factions de notre
bataillon se laissèrent faire prisonnières devant le flot important de
l’ennemi. Malgré tout, certaines positions résistèrent. Mais nous apprenons que
nos pertes étaient nombreuses.
Nous restons toute la nuit dans
nos tranchées au poste de commandement par crainte d’une surprise. Nous restons
dans l’abri jusqu’à 3 heures pour nous reposer. Mais ordre est donné de rester équipé,
prêt à sortir au premier signal.
Je rentre à l’abri à 3 h, bien
fatigué. Je dors sur mon sac.
Nous n’avons presque pas de
place, tellement nous avons des blessés. C’est un supplice de se tenir dans cet
abri. Enfin, le sommeil s’empare de moi, et pendant ce temps, l’ennemi prépare
une nouvelle attaque dans le secteur de Damloup qui nous fait face. Un tir de
barrage des plus violents arrose nos lignes d’obus de tout calibre. Il y a quoi
devenir fou.
Vers les 9 heures, nous sortons
de nos abris, ce qui nous permet de voir les mouvements tournants de l’ennemi
pour envelopper le 106 qui fait brigade avec nous. Notre position nous permet
d’ouvrir un feu très nourri sur les hommes sortant des tranchées. Pendant un
certain temps, l’avantage reste à l’ennemi qui avance avec précaution, mais le
106 se ressaisit et envoie ses grenadiers en avant de l’ennemi. Ils leur font
un tir de barrage à la grenade.
Se trouvant ainsi reçu, l’ennemi
prend la fuite. Pendant que de notre position, nous les fusillons. C’était la
panique dans les rangs ennemis et qui leur font un barrage à coups de grenades.
L’ennemi se trouvant ainsi reçu prend la fuite pendant que dans notre position,
nous les fusillons. C’était la panique dans les rangs de l’ennemi. Mais un
instant après, le bombardement recommença, mais moins ardent. Pendant ce temps,
notre artillerie faisait rage sur les réserves qui se trouvaient à l’arrière.
Cette journée fut très dure pour
nous.
Le soir, à la tombée de la nuit,
nous transportons nos blessés au poste de secours du 106e. Ils sont
nombreux et nous avons toutes les peines du monde pour les évacuer car le
bombardement est toujours terrible et les difficultés du terrain nous causent
beaucoup de peine.
En revenant du 106e,
nous rencontrons une forte patrouille ennemie que nous menaçons. Voyant que
nous étions plus nombreux qu’eux, ils se rendirent.
Ils étaient 18 que l’on
conduisit à la brigade.
Toute la nuit, le bombardement
fut violent et nous montions la garde dans notre tranchée.
Journée sans attaque, mais
toujours bombardement et fusillade de toute part.
Temps superbe, mais notre
artillerie ayant reçu l’ordre de raccourcir son tir de 300 mètres, tira dans
nos lignes et nous fit beaucoup de tort. Notre compagnie de mitrailleurs fut
complètement détruite par ces feux. Nous avions beau envoyer des fusées pour
faire allonger le tir, mais rien n’y fit.
On nous croyait complètement
anéanti ou prisonnier, ce qui nous fit beaucoup de tort. Nous étions furieux.
Nous ne pouvions bouger sans recevoir des obus. Notre situation devenait très
critique.
Le soir, nous recevons l’ordre d’un lieutenant
du 106e qui venait de la brigade, que nous devions tenir coûte que
coûte. Mais comme nos effectifs étaient très réduits, le commandement fit
savoir qu’il lui était impossible de tenir sans renfort ou nous serions faits
prisonniers.
Alors l’on reçoit encore un
ordre de tenir 24 h, ce que nous trouvions très long et grâce à notre
surveillance, et notre ténacité, nous ne fûmes pas prisonniers.
Nuit très mouvementée.
Le tir de l’artillerie
bouleverse les amoncellements de cadavres qui se trouvent aux abords du poste
de commandement, ce qui dégage une odeur insupportable qui nous écœure. Il nous
arrive de recevoir des débris de cadavre déchiqueté par les obus. On ne peut
dépeindre l’horreur de ce champ de bataille.
De tout côté, l’on marche sur
les cadavres et si l’on creuse des boyaux, l’on retire des membres de toute
sorte. Notre compagnie de gauche se trouve presque entière enterrée par les
torpilles. C’est incroyable les ravages que nous fait ce bombardement.
Nous avons passé la nuit dans la
tranchée.
Nous n’avons pas eu à souffrir
des bombardements.
Le transport des blessés
continue avec difficulté, mais nous sommes heureux de pouvoir les évacuer, vu
l’encombrement du poste de commandement et l’odeur que dégagent ses blessures,
faute de soin.
Le lendemain, la journée fut
assez calme, sauf qu’il nous était impossible de nous tenir dehors, vu le
bombardement de notre artillerie. Il fait un temps superbe qui nous contrarie
beaucoup avec l’odeur des cadavres qui se trouvent à proximité de notre poste.
Ils sont nombreux.
Nous trouvons la journée longue
et, surtout la soirée, quand vers 11 heures, nous recevons l’ordre de nous
replier. J’avais pour mission de faire sauter les munitions qui restaient dans
notre abri, mais comme l’on craignait d’être surpris, on évacue les lieux sans
rien faire.
Pendant notre attente, des
Boches sont venus se faire prisonniers et sont partis avec nous pour partir à
la redoute du fort de Vaux, en passant par l’ouvrage de Damloup, nous avons eu
toutes les peines du monde.
Il faisait nuit noire et les
trous d’obus me firent culbuter plus de 30 fois. J’arrive au sommet de
l’ouvrage, exténué de fatigue. La respiration ma fait défaut. Je suis à bout de
force Nous nous reposons un instant pendant que les obus nous arrivent de toute
part. Après une pause de quelques
minutes, nous continuons notre marche dans la direction du tunnel qui
est encore plus pénible, vu le nombre d’arbres et d’arbustes couchés par la
mitraille.
Enfin, nous arrivons au tunnel,
exténués de fatigue. Ma première demande fut de l’eau car je mourrais de soif.
Nous nous reposons deux heures, puis nous partons pour Belrupt en parcourant un boyau de plus de
Plus loin, en nous approchant de
la route, nous trouvons une voiture et 8 hommes tués par un obus. Dans notre
parcours, nous sommes surpris par la pluie. Nous nous dirigeons du côté du
poste de commandement du Général Girondon où nous faisons une longue pause en
attendant que nos officiers aient fini de s’entretenir avec lui.
Pendant ce temps, nous mangeons
du pain que les artilleurs nous ont donné.
Ensuite, nous sommes rassemblés
par le général qui nous félicite d’avoir tenu si longtemps avec si peu
d’hommes. Ensuite, il nous fit conduire à l’entrée de Verdun où on nous fit du
bon café avec du Rhum et on nous donna une demi-livre de chocolat à chaque
homme.
Pendant que se prépare le café,
nous nous entretenons avec d’autres troupes qui, comme nous, ont pris part à
ces combats terribles. Vers 8 heures, nous repartons pour la direction de Belrupt.
En passant devant le fort, on
nous fait faire une pause assez longue, en buvant un bon demi-quart de rhum
offert par le général. Ensuite, nous repartons pour Belrupt où les copains sont heureux de nous revoir. Ils nous
croyaient tous morts ou prisonniers.
Après notre repas, on me remit
mes correspondances, qui étaient au nombre de 12, ce qui me fit grand plaisir.
Je passe toute la journée à
m’entretenir avec la copains afin d’avoir des nouvelles de ceux qu’il nous
manque. Pour certains, j’apprends de mauvaises nouvelles. Je me couche l’après
midi, car je suis exténué de fatigue, mais je ne peux pas dormir.
J’ai toujours devant les yeux ce
champ de carnage. C’est une horreur un champ de bataille pareil.
Le soir, je me couche à 8 heures
lorsqu’on reçoit l’ordre d’aller toucher
des vivres de route, ce qui m’occupe toute la nuit par une pluie battante.
J’étais exténué de fatigue.
A 1h1/2, réveil et départ pour Belrupt à 2h1/2 par la pluie. Nous allons à pied
jusqu’à …… où nous restons plusieurs heures à attendre les autos sous une pluie
battante.
Vers 9h, les autos arrivent. On
occupe les voitures par groupe de 20. Elles nous mènent à Baudonvilliers (Meuse), en passant par Bar-le-Duc. Je trouve le voyage assez pénible. Je suis très
fatigué et les cahotements de la voiture nous empêchent de dormir. Nous
arrivons à 3 heures. Nous sommes assez bien logés, mais le pays est très petit.
Il n’y a pas plus de 100
habitants.
Le soir, je me couche de très
bonne heure. Je passe une bonne nuit.
Je me lève à 4 heures et je vais
à la pêche avec des camarades dans un étang qui se trouve derrière notre
cantonnement où nous faisons une superbe friture.
Dans deux heures, nous avons une
vingtaine de carpillons et tanches. Le reste de la journée se passe au
nettoyage des armes, ainsi que des effets. Je m’ennuie beaucoup de me voir dans
un si petit pays comme celui-ci.
Le soir, je prends une bonne
tasse de lait chaud pour me remettre d’un rhume que j’ai attrapé aux tranchées.
Toujours à Baudonvilliers. Revue des hommes en tenue de campagne et on
fait l’état des objets manquants aux hommes.
Je m’occupe de mes
correspondances.
Grands ennuis chez moi.
Rien de nouveau. Revue de
détail. J’emploie mon temps à écrire.
Je m’ennuie à mourir, j’ai le
cafard.
Le matin, exercice pour tout le
monde. Je n’y vais pas. Je m’occupe de l’ordinaire des hommes.
L’après midi, je suis distrait
par quelques hommes en état d’ivresse. je m’amuse beaucoup.
Le soir, je me couche à 10
heures pour lire mon journal. Je fais de mauvais rêves. J’ai des cauchemars
toute le nuit.
Réveil à 6h1/2. Départ pour
l’exercice à 7h1/2. Je n’y vais pas.
A 9h1/2, revue des tampons
contre les gaz.
Après midi, marche très courte,
mais assez pénible par la chaleur. De retour à 4h1/2.
Soirée d’ennui.
Repos toute la journée.
Le matin, je m’occupe des
distributions.
L’après midi, je vais au bois
seul pour chercher des fraises. Je rentre le soir à 6h avec deux livres de
fraises, mais je suis très fatigué. Je cherche du vin et du sucre pour arranger
mes fraises. Je fais un bon souper. Je vais me coucher le cœur content de ma
journée.
La compagnie de pionniers part
au travail à 6 heures.
Je leur donne le nécessaire,
mais je reste au cantonnement. Je suis très paresseux. Je passe presque toute ma
journée à dormir et ma soirée à écrire. Journée de pluie.
Je me lève pour aller à la
pêche. Je fais une bonne friture dans un étang derrière notre maison.
Bon dîner. Le reste de la
journée, je la passe à voir les copains. Temps affreux le soir.
Marche pour tout le 1er
Bataillon et la CHR. Il fait une chaleur étouffante.
Nous rentrons au cantonnement à
5 heures, exténués de fatigue.
Repos toute la journée pour les
pionniers.
Décorations des gradés et des hommes
des bataillons. Nous quittons Baudonvilliers
pour nous rendre à Sommelonne
qui se trouve à 3 kilomètres. Petit pays de 300 habitants.
Nous logeons dans une ferme où
nous sommes très bien, éloignés des chefs.
Repos. Revue d’armes et d’effets.
Le soir, nous allons faire un
tour au pays où on trouve de quoi se rafraîchir. Les copains ont été aux
cerises. Il y en a en abondance, mais la pluie se met de la partie.
Exercice. Moi, je reste au
cantonnement.
Journée d’ennui.
Repos toute la journée. Après
midi, concert organisé par le 132e, très amusant, mais j’ai le noir.
Je m’ennuie beaucoup.
Les hommes vont travailler en
forêt pour faire des abris d’instruction. Je pars à 10 heures avec la cuisine
roulante pour leur porter à dîner.
Journée encore agréable.
Travail aux abris.
Journée de mauvais temps.
Exercice pour les pionniers. Je
reste au cantonnement et j’en profite pour aller à la pêche où je fais une bonne
friture pour mon lieutenant. Les camarades vont aux chanterelles. Ils en
apportent beaucoup. Je m’en réjouis.
Toujours des cerises en
abondance.
Beau temps.
Journée agréable.
Je passe mon temps à la pêche.
Bonne friture. En rentrant, je trouve un bob plat de chanterelles préparé par
les copains ainsi qu’une grosse musette de cerises. Je ne perds pas une minute
pour bien dîner.
Je passe ma soirée à me promener
dans le pays. Temps superbe.
Je me lève à 4 heures pour me
préparer à aller à Saint-Dizier
qui se trouve à 8 kilomètres de Sommelonne.
J’y vais en me promenant. J’y arrive à 9h. Le pays est très gentil. Il y a
beaucoup de troupes. C’est un centre d’éclopés. je tombe chez de bonnes gens
pour manger et coucher. Je passe une bonne journée.
Je me lève à 6 heures.
Je déjeune chez les gens où j’ai
couché et je quitte Saint-Dizier
à 7 heures pour retourner au cantonnement où je me repose tout l’après midi. Je
suis très fatigué de ma promenade de la veille.
Je retourne à Saint-Dizier, chez les gens où
j’ai passé le 14 juillet et je me
renseigne de l’heure des trains venant de Belfort.
Je reste des heures entières à
attendre les trains car j’attends ma femme, mais personne ne vient.
Je quitte Saint-Dizier le soir à 5 heures.
Je n’ai pas de permission.
Réveil à 5 heures. Préparatifs
de départ.
Je m’ennuie profondément.
Départ de Sommelonne à 6 heures pour prendre le train à 8 kilomètres
de Saint-Dizier ce qui nous
faisait 16 kilomètres.
Marche pénible par une chaleur
torride, aussi, j’éprouve beaucoup de fatigue, vu le changement, le
découragement je prends. Je reste en route en arrivant dans un village où je
mange des 4 œufs ce qui apporte un retard à la colonne.
Arrivés au quai d’embarquement,
nous restons deux heures avant de prendre le train.
En cours de route, ce n’est que
plaisanteries, le parcours est long.
Nous arrivons à Mézy à 8h1/2 du soir.
Nous partons pour Mont-Saint-Père.
Nous restons une heure à
l’entrée du village en attendant que notre cantonnement fut fait.
Réveil à 6h.
Marche supplémentaire pour ceux
qui sont restés en route la veille.
On nous fait faire une marche de
montagne très fatigante.
Je reste au cantonnement.
Je vais à la pêche pour le
colonel. Chaleur torride.
Pêche superbe dans un étang
Dimanche, repos, chaleur.
Tir. Départ à 1h1/2 par une
chaleur torride.
Toujours la pêche.
Repos. Toujours grande chaleur.
Rien à faire. Je reste au
cantonnement
Je me repose au cantonnement et
je raconte quelques histoires sur les combats que nous avons livrés, lorsqu’un
camarade vient me prévenir que ma femme me faisait demander.
Je ne me sens plus de joie.
Je reste avec ma femme. Elle
repart le 9 à 4h du soir.
Réveil à 2h1/2 pour changer de
cantonnement.
Départ à 3h1/2 par une petite
pluie. La route est longue et nous fatiguons beaucoup. Après
Nous mangeons une bonne soupe
que notre cuisine roulante avait faite en cours de route.
Repos jusqu’à 2h, ensuite, on reprend
la route pour aller à Romigny
où nous arrivons à 9h1/2, très fatigués. Le parcours a été de
Réveil à 5 heures. On nettoie
les armes qui ont souffert de la pluie.
Je visite le pays qui est bien
petit. Il y a une gare de tramways.
Le même jour, le soldat Helstroffer est fusillé devant 3 compagnies (une par bataillon) du 132e RI, pour « abandon de poste devant l’ennemi » (JMO)
Je conduis les hommes à la
visite.
Après midi, je fais nettoyer les
tas d’ordures dans le pays.
Dimanche, repos toute la
journée. Je passe mon temps à écrire.
Je suis à Romigny.
J’emploie mon temps à écrire et
à lire.
Réveil à 5 heures. Je pars en
permission.
Je passe par Paris quelques heures agréables
qui diffèrent beaucoup de celles passées dans les tranchées. Je quitte Paris à 8h1/2 pour Belfort où j’arrive le lendemain
à 2h1/2 après m’être bien ennuyé dans le train qui marche très lentement.
J’ai passé 2h1/2 à Vesoul en me promenant.
Arrivé à Belfort à 2h1/2 où je constate que beaucoup de monde à
quitter la ville. Je vais à Rougemont
voir ma famille qui est très heureuse de me voir arriver.
J’y trouve ma belle-maman très
malade ce qui me tourmente un peu.
Je passe ma permission chez mes
beaux parents et j’emploie mon temps à piocher les pommes de terre et à
chercher du bois en forêt. Je reste avec ma femme à me distraire de mon mieux.
Le 27 au soir, je pars pour Belfort.
Je vais au marché faire des
achats avec ma femme. Je passe ma journée assez agréablement.
Je quitte Belfort le soir à 9 heures, assez peiné de quitter ma
famille.
Je suis en route. Je passe une
partie de ma matinée à Dijon,
ensuite, je me dirige sur Jessains,
gare régulatrice, où je reste jusqu’à 20h14. Je m’ennuie à mourir.
J’arrive aux environs de Paris, à Noisy-le-Sec à 4h du
matin.
Je visite Noisy-le-Sec et je me dirige au départ des isolés où je
reste jusqu’à 11h et demi.
Je reprends le train à 2h après
midi pour Dormans où j’arrive
à 4 heures. Je me promène jusqu’à 7h en attendant le départ du tramway qui doit
me mener à Romigny où j’arrive
à 10h1/2 du soir.
Je passe ma journée avec les copains.
Je prépare mon équipement pour
partir le lendemain.
Je m’ennuie beaucoup.
Je reste au repos toute la
journée. Je fais mes préparatifs de départ pour la Somme.
Le soir, à 11 heures, nous
quittons Romigny en automobile pour Epernay
où nous arrivons à 2h du matin. Je suis fatigué. Je dors par terre en attendant
le jour, ensuite, je m’occupe des distributions et nous nous embarquons dans le
train qui part à 9 heures et passe par Paris.
Nous arrivons à Marseille dans l’Oise à 8h du
soir.
Nous restons sur le quai jusqu’à
10h1/2, ensuite, nous allons cantonner à Fontaine,
petit village de 310 habitants.
Je m’occupe de mes
correspondances et je cherche une rivière pour aller à la pêche.
Revue d’armes.
Travaux de restauration des
tranchées de grenadiers.
Après midi, je cherche une
rivière. J’en profite pour visiter Marseille
qui est un pays très agréable. Le soir, je me distrais à lire
Je reste toute la journée au
cantonnement où je m’ennuie.
Rien
de nouveau. L’après-midi, je vais au concert organisé par le 132. C’est très
gai, moi, j’ai le noir.
Exercice
pour la compagnie. Je reste au cantonnement.
Belle
journée.
Repos.
Préparatifs de départ.
Journée
très gaie.
Réveil
à 4 heures. Départ à 5h.
Marche
de 22 kilm. Nous passons dans un joli pays qui s’appelle Grandvilliers.
Nous
sommes furieux de voir que nous n’avons jamais de chance d’être cantonnés dans
ces pays. On y trouve le 162e et le 11ème d’artillerie.
Nous arrivons à Famechon à
midi, très fatigués. C’est un pauvre petit pays dont les habitations sont en
chaume et à moitié démolies. La population est de 90 habitants.
J’ai
eu bien froid la nuit, tout est ouvert.
Nous quittons Famechon à 9h pour nous rendre à Namps-au-Val, distante de 8 km.
Je suis heureux que la distance est courte. Je suis très fatigué de la veille.
En première vue, le pays nous fait
bon effet, mais, c’est pauvre. Population de 300 habitants. Les maisons toutes
en chaume. Le pays manque d’eau.
On a creusé des citernes pour y
recevoir l’eau de pluie.
Journée d’ennui. Je passe mon
temps à lire et écrire. Je visite le pays qui n’a rien de beau.
La compagnie s’occupe de faire
des abris pour chevaux, moi, je m’ennuie beaucoup.
Réveil à 6h.
Je passe ma matinée à écrire et
faire ma toilette.
Après-midi, je vais à un match
de football, organisé par le 132e et le 106e, qui reste à
l’avantage du 132e à 3 buts à 1. Une course à pieds a lieu
également.
Le soir, nous apprenons que nous
devons partir. Je suis chargé de m’occuper du ravitaillement des hommes, ce qui
me donne du travail jusqu’à minuit.
Il y a contre ordre pour notre
départ, ce qui me fait plaisir.
Ma distribution n’était pas
achevée, par suite de la soûlographie des hommes. Je reste toute la journée en
repos. Il fait un temps affreux.
Réveil à 4h. J’ai un travail fou
avec mes distributions et la pluie est de la partie, ce qui me gêne beaucoup.
Nous partons à 7 heures en
automobile.
Nous passons par Conty, très joli pays, Ailly-sur-Noye, Rouvrel, Castel,
qui est également un beau pays, Thennes
et Bertaucourt où nous sommes
cantonnés.
Nous attendons 3 heures avant que notre cantonnement soit
prêt.
Pendant une demi-heure nous
recevons une pluie battante, ensuite, nous rentrons au pays, musique en tête. Nous
sommes logés dans un local très agréable. Nous faisons notre popote, ce qui
nous distraie beaucoup.
Le soir, je fais un tour au pays
qui est très grand. J’y rencontre du 35e et 42e, où je
trouve des amis.
A 6h de soir, je me trouve vers
un moulin où je vois arriver 210 prisonniers boches de différents régiments. Il
y en a plusieurs qui ont le sourire en nous voyant.
Je me dirige ensuite près du
ravitaillement du 35ème où je retrouve d’autres amis avec qui je
passe le reste de la soirée. Nous buvons quelques verres et je les quitte à 9
heures, la tête lourde.
Nous restons au repos toute la
journée. Je m’ennuie beaucoup.
Le soir, je vais faire un tour
au pays pour me distraire. Je vais voir des prisonniers qui rentrent du travail
à 6h.
Ensuite, je vais, avec mes amis,
boire quelques bonnes bouteilles qui m’ont fortement ému. Aussi, je ne puis me
coucher. Je m’en vais faire un tour au pays où je me fais arrêter par un
officier qui me conseille d’aller me coucher.
Bonne nuit.
Pluie.
Repos toute la matinée.
Après-midi, je m’occupe des distributions et nous préparons nos sacs pour
partir le lendemain matin.
Réveil à 5h.
Je m’occupe des repas froids à
emporter pour la route.
A 8 heures, nous embarquons en
autos à destination de Bray, dernière station avant les lignes. Nous passons
par Tonart-la-Juze, Clurge, Démuin, Marcelcave,
Lamotte , Froyard, Cappy
et Bray.
Nous débarquons, c’est
fantastique le mouvement de troupes que nous rencontrons et les voitures font
queue toute la journée.
Automobiles, voitures de
ravitaillement, caissons de munitions ne font que passe. J’estime à 10.000
voitures allant et venant toute la journée et la nuit. Nous assistons de loin à
un bombardement qui fait rage. D’après renseignements, le bombardement doit
durer trois jours, ensuite, notre corps attaque.
Nous faisons un tour au pays où
nous voyons les premières lignes enlevées à l’ennemi. Je constate que nos
saucisses sont nombreuses, surtout sur le front anglais.
Nous couchons sous nos toiles de
tente où j’ai eu bien froid.
Nous restons toute la journée au
repos.
Notre 2ème Bat est parti en
ligne. Je viens d’apprendre que le général de notre division vient de se faire
tuer en allant reconnaître le secteur *. C’est une grande perte pour nous. C’était un homme
courageux et bon.
Dans Suzanne, le pays est complètement abandonné et les maisons
sont toutes atteintes du bombardement. Il y a des troupes cantonnées de tout
côté. J’estime à 10.000 aux alentours de Suzanne.
Il y a un superbe château avec
une propriété immense.
J’ai remarqué de belles
peintures, un magnifique escalier de marbre, mais le château a fortement
souffert du bombardement. Le pays devait être assez agréable avant la guerre.
Il y a encore un château plus petit et de belles grandes fermes.
Le soir, je vais me promener le
long des étangs où les hommes pêchent à la grenade, mais un accident arrive.
Une grenade éclate dans la main d’un homme, qui fait trois victimes, dont un
grièvement.
Le soir, je me couche sous ma
tente, mais les nuits sont froides et nous en souffrons.
* C’est exact : il s’agit du général GIRODON
Repos toute la journée. Temps
superbe.
J’en profite pour bien visiter
le pays et le cimetière. Je remarque quelques tombes des hommes du 35 et 42ème.
Le soir, nous quittons Suzanne
pour nous rendre en réserve à 3 kilm des 1ères lignes.
Nous partons tranquillement,
mais, nous éprouvons de grandes difficultés de marcher sur la route, vu
l’encombrement des voitures de ravitaillement. Nus faisons de fréquentes
pauses.
Où nous passons, les villages
sont complètement détruits. Enfin, nous arrivons dans un boyau où nous passons
le reste de la nuit.
En me réveillant, ma première
préoccupation fut de me rendre compte de la situation du secteur que j’ai
trouvé joliment bouleversé. Notre curiosité nous valut une réception d’obus qui
ne fit aucune victime.
Toute la matinée, un violent
bombardement fut déclenché par notre artillerie qui fut suivi d’une attaque.
Nous avons l’ordre de partir en avant. Pendant notre parcours de 1 km, nous
rencontrons des prisonniers, ce qui nous faisait prévoir une avancée des
nôtres.
Nous nous arrêtons au versant
d’un coteau où nous y passons la nuit.
Nous voyons venir un grand
nombre de blessés du 25ème chasseurs et du 172ème, ce qui
nous fit voir que la partie s’est disputée, ce que j’ai trouvé de beau, c’est
le concours de prisonniers ennemis qui portaient nos blessés ou les nôtres
soutenant des blessés allemands pour arriver jusqu’au poste de secours.
J’ai passé une nuit assez bonne,
mais le bombardement fait rage.
Je me réveille à 6h00 et je
prépare mon sac.
Le temps est beau, ce qui nous
rend grand service.
Vers 9 heures, un combat aérien s’engage
où j’ai eu la triste occasion de voir un de nos avions tomber en flammes.
Toute la journée, le
bombardement fut terrible.
Vers 4h du soir, l’ennemi nous
envoie un violent barrage d’artillerie avec des obus à crémaillère qui me
firent terriblement souffrir. Je croyais que j’allais mourir tellement j’étais
suffoqué.
Le soir, nous quittons pour nous
porter plus en avant, où nous construisons des abris à flanc des coteaux, ce
qui nous donna du travail jusqu’à 2h du matin.
Nous apercevons des obus incendiaires
qui ont mis le feu aux ruines de Bouchavesnes.
Nous nous couchons vers deux heures, très fatigués et nous nous réveillons le
lendemain à 7 heures.
A 7h ½, nous recevons l’ordre de partir en avant.
Nous avançons progressivement
près des lignes. Nous nous installons sur le flanc du coteau droit de Bouchavesnes où nous sommes vus
par les saucisses ennemies qui signalent notre présence à leur artillerie qui
nous bombarde violemment, mais, comme nous sommes en contre-pente, opposée à
l’ennemi, nous n’en souffrons pas beaucoup.
Les quelques maisons restant
debout à Bouchavesnes sont
détruites. A un certain moment de la journée, nous avons des avions ennemis qui
nous tirent dessus avec leurs mitrailleuses, sans grand résultat.
Vers 4h, nous fûmes surpris par
les gaz, mais de suit, je mis mon masque, ce qui me protégea. Je passe une
bonne partie de la nuit dans mon trou, mais, le matin, j’ai la désagréable
surprise de voir que la compagnie avait quitté.
Journée très chaude.
Je remonte mon sac et me remets
à la recherche de ma compagnie que je ne retrouve pas. Je retrouve des hommes
qui me conduisent au poste du commandement où je me mis à sa disposition.
Pendant notre trajet, nous fûmes
salués par les obus où j’ai deux de mes hommes blessés. Je me trouvais 8m à
l’arrière, sans quoi, je me trouvais en plein sous les éclats d’obus.
Nous recevons des obus toute la
journée, mais nos petits abris, faits à tout hasard, nous protègent assez. Nous
trouvons passablement de tués allemands et aussi de blessés avec lesquels je
m’entretiens un instant et leur prodigue mes soins. L’après-midi, je prépare un
coin pour dormir où je me trouve très bien, mais vers minuit, nous sommes
réveillés en hâte pour assurer la liaison avec les compagnies qui sont en
ligne.
Une attaque par surprise ayant
eu lieu par nos troupes, mais l’ennemi s’en aperçut ce qui fut raté. Je vais me
recoucher et je m’endormis d’un profond sommeil. (Nous avons eu la visite de 15
avions ennemis dans la journée).
Temps pluvieux.
Tir continu de l’artillerie
ennemie.
Carte tirée du JMO du 132e RI, ajoutée volontairement
Temps assez beau. Nuit agitée.
Bombardement très violent.
J’apprends que je suis
définitivement nommé sergent.
J’ai aussi pour mission de
ramasser tous les cadavres qui, pour la plupart, sont en mauvais état. Nous
avons aussi pendant la nuit, la visite de trois prisonniers russes qui ont
quitté les lignes allemandes. Ils nous fournissent des renseignements très
importants sur les dépôts de munitions ennemies. La soirée a été très mauvaise.
Bombardement de part et d’autre.
Journée très agitée.
Bombardement très violent. Nous avons beaucoup de pertes. Nous travaillons à la
construction d’abris.
Toujours de violents
bombardements. Le temps est beau et les avions ennemis font de grandes
explorations au-dessus de nos lignes.
Nous apprenons que nos
prisonniers ont beaucoup à souffrir de ces bombardements.
Nous comptons en ce jour, 26
blessés et 8 tués. Le soir, une batterie de 75 fait une erreur de tir.
Où nous sommes, nous avons bien
du mal de tenir dans nos abris.
A minuit, mes camarades me
quittent pour aller coucher vers d’autres, croyant être en sécurité.
Mais hélas les pauvres étaient
ensevelis dans leurs abris.
On se met de suite à les
dégager, ce qui demande 1h½ car il faut prendre des précautions pour ne pas leur faire
de mal.
Malheureusement, nous ne pûmes
les ramener à la vie. Leurs corps étaient encore tout chauds, mais l’étouffement
avait fait son œuvre.
J’appris également que notre
nouvel adjudant ainsi que notre lieutenant avaient été blessés, ce qui nous fit
28 blessés et 10 tués.
En réalité, le régiment, pour la journée du 2 octobre a eu 26 tués et 70 blessés (JMO)
Journée de pluie et de
brouillard.
Je vais rendre compte à notre
adjudant des évènements de la nuit, et j’ai l’occasion de voir des camarades
qui sont très heureux de voir que je suis encore des leurs. Journée assez
calme, à cause du mauvais temps.
La soirée fut très mauvaise.
Bombardement très violent.
J’ai travaillé avec quelques
hommes car il me reste à consolider notre abri. Les pertes du régiment
s’élèvent à plus de 850 hommes.
En réalité, le régiment, pour la journée du 3 octobre a eu 11 tués, 34 blessés et 3 disparus (JMO). Parle-t-il des pertes depuis le début du séjour dans la Somme ?
Temps de pluie.
Tir de surprise par l’ennemi, ce
qui nous gêne beaucoup pour travailler.
Le terrain est complètement
labouré par les obus et la boue épaisse. Tous les soirs, l’ennemi nous fait un
tir de barrage des plus violents pour gêner le ravitaillement et empêcher les
renforts d’arriver.
J’ai passé une nuit assez bonne.
Je me lève à 4 heures.
Pendant que c’est calme, je
profite pour enterrer les morts qui restent sur le terrain depuis les combats
de Bouchavesnes.
Ces hommes sont des compagnies
de mitrailleurs des chasseurs et du 171ème. Ils sont tous dans un
état de décomposition qui me soulève le cœur.
Je m’occupe à restaurer un abri
pour notre commandant. Bombardement toujours très violent.
Je passe une mauvaise nuit très
agitée.
Je me lève le matin de bonne
heure pour continuer d’enterrer les cadavres qui restent en avant du poste de
commandement. Ensuite, nous travaillons après l’abri du commandant.
L’après-midi, nous recevons
l’ordre de rester dans nos abris. Un bombardement à 6 heures nous est signalé,
en prévision d’une attaque pour le lendemain, aussi, l’artillerie fait rage de
part et d’autre.
Nous avons des hommes qui ont
reçu un obus, au-dessus de nous. Il n’y eut pas de mort mais deux blessés
sérieux. Le bombardement fait également rage chez les Anglais. Nous entendons
leur artillerie qui ne cesse de tirer.
Nuit très agitée.
Matinée assez calme, mais
l’après-midi ne fut pas de même. L’artillerie fait rage. A 5 heures, une
attaque de nos troupes qui obtient quelque succès. Le résultat ne fut pas aussi
grand qu’on le comptait. Le tir de barrage de l’ennemi empêcha nos bataillons
de déboucher. Nos pertes furent sérieuses. L’artillerie continue à bombarder
d’une violence exceptionnelle. Nuit très agitée.
Journée assez calme, vu la
grande consommation de munitions de la veille.
Après-midi, les avions ennemis,
au nombre de 14, se livrent à l’exploration de nos positions. Nos mitrailleurs
font rage, mais n’inquiètent nullement les avions.
Je m’occupe de faire construire
des abris de commandement, mais nous éprouvons de grandes difficultés, faute de
matériel.
Le soir, l’artillerie fait rage
de part et d’autre. On se demande comment il est possible de tenir sous d’aussi
violents bombardements. Le soir, une batterie de notre artillerie tire trop
court, ce qui nous met en danger.
Deux de nos camarades sont
ensevelis. Nous essayons de les dégager, mais, hélas, l’amoncellement de terre
est trop épais, ce qui fait que nos pauvres camarades trouvèrent la mort.
Pendant que nous les dégagions,
nous fûmes presque aussi victimes de notre artillerie.
Je suis demandé par le colonel
par le colonel pour prendre la direction des travaux au poste de commandement
du 132éme. Je suis très content. Je me trouve en sécurité.
Les travaux sont importants.
Nous construisons un abri très
grand et très profond sous une crête de 7m de hauteur. Je suis surpris de voir
le gaspillage de toute nature : armes, fusées, équipement et matériaux de
toute sorte.
Toujours occupé aux travaux
d’abris. Nous nous trouvons plusieurs heures dans l’impossibilité de sortir
tellement le bombardement fait rage. Beaucoup d’hommes viennent se mettre à
l’abri et sont complètement affolés.
Ils sont très déprimés, les yeux
hagards comme des fauves.
Nous continuons nos travaux
jusqu’à 2 heures et la relève ayant lieu, nous sommes obligés de suspendre nos
travaux. Nous recevons la visite de notre colonel qui nous félicite pour la
rapidité avec laquelle nous avons activé nos travaux. Nous quittons le secteur
à 8h du soir. Une demi-heure avant notre départ, nous recevions un bombardement
des plus violents.
Aussi, nous étions inquiets pour
partir.
Contrairement aux autres jours,
nous parcourrons 2 kms sans recevoir un obus, ce qui nous étonna beaucoup.
Mais, nous ne perdions pas une minute pour activer notre départ car le secteur
à parcourir était dangereux.
Notre parcours était très long
24 kms.
Nous avons eu à voyager toute la
nuit. C’est là que je me suis rendu compte que j’étais très faible d’avoir
passé 20 jours avec une nourriture sèche. Lorsque nous sommes arrivés à Bray-sur-Somme, il était 3 heures
du matin, Je me suis couché dans des baraques aménagées spécialement pour les
troupes qui reviennent des lignes. Je me trouvais heureux.
Le matin, vers 6h, nous sommes
réveillés par des Poilus qui apportent des colis. J’en reçu un venant de mon
épouse, ce qui me fit grand plaisir car j’avais envie de douceurs.
Nous
quittons notre cantonnement à 7 h pour aller
Aussi, c’était la fête. Le vin
ne manquait pas mais je ne pouvais pas boire beaucoup car l’on était trop
faible.
La journée fut très agréable
ainsi que la soirée, mais la fatigue était grande et j’avais besoin de repos.
Aussi, à 7 heures, j’étais
couché. Je ne fis qu’un somme. Pendant la nuit, des avions ennemis sont venus
survoler le pays et jeter des bombes. Tous les hommes étaient sur les pieds
mais, la fatigue chez moi était trop grande. Je n’ai rien entendu. Aussi,
j’étais très surpris le matin au réveil lorsqu’on me raconta ce qui s’était
passé la nuit.
Il y avait des victimes et une
vingtaine de chevaux tués. Nous nous préparons à partir.
Nous
quittons Bray à 8h½ pour Méricourt qui se trouve à
Ensuite, nous repartons pour Méricourt mais nous sommes
obligés de rester 2 heures dans un terrain vague en attendant que le
cantonnement soit fait. Nous nous sommes logés à la maison commune où l’on
passe une bonne nuit. Il n’y a plus de civils, sauf quelques commerçants qui
vendent très cher.
Prise
d’armes où nous avons l’occasion de voir notre nouveau général de division qui
se présente à nous comme un vrai gaulois. Il passe sur tout le front des
troupes, en s’arrêtant devant chaque compagnie et nous saluant d’un air
martial. On voit que c’est un homme énergique.
Après sa revue il nous rassemble
en bataillon carré où il félicita le 132ème
et sa bonne conduite, et de son dévouement au feu. Il nous fit faire quelques
maniements d’armes.
Le premier laisse à désirer et
nous le fit recommencer deux fois.
Après, il trouve que c’était
bien et commença son discours en ces termes :
«Le général commandant la 12ème division exprime au 132ème régiment
d’infanterie sa très vive satisfaction pour le remarquable dévouement avec
lequel il a procédé à l’assainissement du champ de bataille et à l’évacuation
du matériel utilisable traînant dans son secteur. Malgré un bombardement
incessant, malgré de cruellespertes, le 132ème d’Infanterie, tout en
fournissant un travail de sape exceptionnel a su trouver le temps d’ensevelir
précieusement, après identification, le corps des camarades d’autres régiments
et bataillons tombés pour la France.
Le commandant de
la division est persuadé que les autres régiments dont le travail et la
conduite sous le feu ne méritent que des éloges, auront à cœur d’imiter le 132ème
et de laisser à leurs successeurs un champ de bataille irréprochablement propre
et assaini.»
Signé BRESSAUD
C’est exact, ce texte est cité dans le JMO
En
portant à la connaissance du régiment cet ordre si flatteur du général
commandant la 12ème division, le lieutenant colonel exprime une fois
de plus sa profonde satisfaction pour le magnifique effort fourni pendant la
dure période du 25 septembre au 15 octobre. Il adresse en particulier tous ses
remerciements au médecin major pour la façon admirable dont il a en dirigé le
service de santé et pour le dévouement dont lui et son personnel ont fait preuve.
La revue se termine par la remise des décorations.
Le soir, à 5 h, nous quittons Méricourt en auto.
Nous passons par Amiens où j’ai remarqué un nombre
considérable d’autos que j’estime à 8.000. Nous avons eu fort à souffrir d’être
secoués dans ces maudites voitures. J’avais le corps complètement délabré.
J’avais le cœur qui me faisait mal tellement nous étions mal.
Enfin, nous arrivons à Bouvresse
à minuit.
Il faisait un temps désagréable.
Nous nous dirigeons sur Formerie qui se trouve à
J’ai bien dormi, j’étais très
fatigué.
C’est exact, c’est bien en « auto » que le régiment s’embarque
Je
me lève à 6 h pour visiter le pays que je trouve très agréable.
On peut voir des locaux de
magasins. Le pays a l’aspect d’une petite ville. Beaucoup de cafés où nous
allons déjeuner.
Je prends un bon chocolat au
lait.
Ensuite, je retourne à mon
cantonnement pour m’occuper des effets à distribuer aux permissionnaires qui
sont nombreux.
Le soir, je travaille jusqu’à 11
heures et je vais me coucher tranquillement, mais fatigué d’avoir eu à faire à
un grand nombre d’hommes ivres. Je passe une bonne nuit.
Je
me lève de bonne heure pour m’occuper du départ des permissionnaires qui sont
au nombre de quarante.
Ces Poilus sont vraiment joyeux,
j’éprouve moi-même un plaisir à les voir si gais. Je retourne à mon
cantonnement avec les quelques hommes qu’il me reste et nous en profitons pour
bien vivre.
Rien ne manquât.
Le soir, nous sommes allés
visiter les cafés du pays et je rentré très gais.
Le
matin, déjeuner au café.
Nous consommons beaucoup de
petits verres. Ensuite, à 10 h½ nous faisons un bon dîner. Nous passons notre
temps, l’après midi, à jouer aux cartes dans un café où il y avait une gentille
brunette.
Temps
de pluie. Journée passée au cantonnement. Après-midi, je vais avec mon
lieutenant reconnaître un terrain pour faire trois champs de tir. Je pars en
bicyclette mais je mouille ma chemise tellement mon lieutenant fait galoper son
cheval.
Le soir, parties de cartes où
nous exagérons un peu avec les consommations.
Après l’appel, je passe ma
soirée avec mon sergent major où je me distrais beaucoup.
Je
pars au champ de tir avec 30 hommes par un temps désagréable.
Je passe une mauvaise journée à la
pluie. Je reviens tout mouillé, aussi, je suis heureux de rentrer pour me
changer. Le soir, je vais faire ma petite partie.
Nuit très agréable.
Je
m’occupe de petits travaux qui se présentent. Je passe des journées très
agréables et surtout, de bonnes soirées avec mon sergent major chez des amis.
Les
permissionnaires rentrent, aussi, le service reprend.
Nous avons une prise d’armes
pour fêter les morts. Nous défilons devant le monument élevé à la mémoire des
morts de 1870. Le temps était à la pluie.
C’était un vrai jour de
Toussaint.
Repos
mais pluie toute la journée.
Nous
faisons un terrain de grenadiers à
Je fais le voyage deux fois dans
la journée. Le soir, je suis très fatigué. Le soir, grande retraite aux
flambeaux. Je suis chargé des illuminations.
J’ai à faire la distribution des
lanternes vénitiennes et d’allumer les feux d’artifice où je me brûle le bras
devant le monument de 1870.
Préparation
à Formerie de la salle des
fêtes pour un concert organisé par le 132e..
Nous nous occupons de
l’installation des chaises, bancs, et piano.
Le soir, nous sommes chargés de
placer les dames et officiers. Le concert est très amusant, mais je n’éprouve
pas le plaisir que je désire, faute de famille.
A 9 h, je vais me coucher, très
content de ma soirée.
Je
vais à la visite. J’ai mal au cœur. Il fait un temps affreux. Je reste toute la
journée au cantonnement. Journée d’ennui.
Exercice
des cadres de caporaux.
Il fait un temps de chien. Pluie
abondante.
Exercice
le matin.
Après-midi, prise d’armes pour
la présentation du drapeau aux jeunes soldats de la classe 1917. Je suis désigné
pour la garde du drapeau avec quatre hommes ayant eu la croix de guerre.
Le temps est toujours à la
pluie. La cérémonie fut courte mais imposante. En rentrant au cantonnement, on
nous informe que nous partons le lendemain matin.
Réveil
à 5 h.
Départ de Formerie à 6 h½. Nous sommes chargés comme des mulets.
Nous sommes la curiosité des
gens du pays.
En partant, nous avons laissé
une bonne impression. Nous prenons les autos entre Formerie et Bouvresse,
mais nous sommes tés mal dans ces voitures rondes.
Nous apprenons qu’un important
dépôt de munitions a sauté à Cerisy.
On estime les pertes à 6
millions et plus de 600 victimes. Nous arrivons à Suzanne à 5 h du soir, très fatigués de ces maudites
voitures. Nous allons loger dans le camp 18 et 19, mais la boue ne manquait
pas.
Le soir, les avions ennemis
viennent nous jeter des bombes, mais dans notre camp, aucune victime.
Nous
restons toute la journée au cantonnement et les 2e et 3e bataillon vont en ligne. Nous passons encore la nuit dans nos
baraques et on entend les obus passer au-dessus de nos baraques. Le sommeil me
domine, ce qui fait que n’entends plus ces sifflements d’obus. Je passe une bonne nuit.
Nous
restons au camp 18 et 19 jusqu‘à 2 h½. Ensuite, nous partons en ligne. Le
parcours est très pénible. La boue nous fatigue et nous enlise par endroit.
Après 3 h½ de marche, nous arrivons à Bouchavesnes où nous sommes logés dans de
jolis abris. Aussi, nous y passons
Il manque 1 page ….
baraque
d’artillerie où je suis très bien reçu. Les amis qui s’y trouvent me préparent
une couchette où je dors d’un profond sommeil, car j’étais exténué de fatigue.
Je
me lève à 6 h pour aller rejoindre mes camarades aux camps 18 et 19, mais avant
de partir, les camarades me font prendre un bon café et un bon rhum, ce qui me
réchauffe.
Ensuite, je me dirige vers le
camp 18 où je retrouve mes camarades qui sont heureux de me revoir, croyant
qu’il m’était arrivé quelque chose. Nous nous préparons pour partir en auto à Méricourt où nous restons 9
jours, logés dans des baraquements. Je vais chaque jour manger à la popote des
sous-officiers qui se trouve à Méricourt
chez une femme qui a six enfants.
Nous nous trouvons bien en
comparaison des souffrances endurées en ligne.
Je
m’occupe de la restauration des baraquements et l’installation des poêles et
nous faisons des travaux de tranchée.
Comme instruction, nous faisons
des combats à la grenade et des mines que nous faisons sauter pour instruire les
jeunes nouveaux pionniers.
Le 29 au soir, nous nous
préparons pour retourne aux tranchées lorsqu’on vient me prévenir que je devais
me mettre à la disposition du ravitaillement ce qui me fit grand plaisir car
j’appréhendais de retourner en ligne à cause de la boue et des privations de
toute sorte.
Je
prends possession de mon nouveau poste à La
Neuville-les-Bray, pays qui n’a rien d’agréable.
Nous sommes logés dans une
pauvre maisonnette où on y est très mal et la boue dans notre parc atteint
jusqu’à
La popote est bonne.
Je
vais au ravitaillement avec mes camarades pour me mettre au courant du service
mais le temps est la pluie et je trouve le service un peu dur pour débuter.
Nous partons l’après-midi
ravitailler aux camps 18 et 19. Nous avons fort à souffrir de la boue et je
rentre le soir à 6 h fatigué.
Je
suis occupé à construire des bris pour les Anglais qui doivent occuper notre
secteur. J’au eu surtout à souffrir de la
pluie et du froid. Aussi, le soir, j’étais exténué de fatigue.
Départ
de La Neuville-les-Bray. Notre
première de
17 décembre
Nous
quittons Dommartin à 4 h½ pour nous
diriger sur Nourard-le-Franc
où nous sommes bien reçus. Je suis chargé d’aller aux ateliers d’Ailly-sur-Noye pour faire
remplacer des roues à nos voitures.
Les ateliers sont occupés des
Allemands au nombre de 600. Journée assez belle mais froide. Nous quittons les
ateliers à midi pour nous rendre à Nourard-le-Franc.
Nous restons 4 jours.
Nous
quittons Nourard-le-Franc. À 6
h du matin pour nous diriger sur Valgenseuil
en passant par Pont-Sainte-Maxence
où je vais me ravitailler en vin et en pain. Je visite un peu Pont-Saint-Maxence qui est une jolie ville d’environ 20.000
habitants.
Le pont avait été détruit
pendant la retraite de la Marne.
Vers les 2 h, nous nous arrêtons
à l’extrémité du pays pour casser la croûte lorsqu’une dame nous aperçut et
nous donna quatre bouteilles de bon vin. Ensuite, nous nous dirigeons vers Valgenseuil où nous arrivons à 9
h du soir, très fatigués.
Le matin, il fallait un temps
épouvantable. Pluie ininterrompue.
Je
quitte Valgenseuil (Oise) à 6
h du matin pour nous diriger sur Nanteuil-le-Haudouin
où nous arrivons à 10 h du matin. Ce pays est très gentil et nous sommes dans
une bonne pension chez des gens très gentils.
Après, je suis profondément
chagriné. Mon sac m’a été volé où j’avais mon linge que je venais de recevoir de
la maison. Aussi, je n’ai éprouvé aucun plaisir au souper qui était pourtant
excellent.
Je
passe toute ma journée à Nanteuil-le-Haudouin. Je visite le pays pour me
distraire un peu, mais je suis très chagriné d’avoir eu mon sac pris. Je n’ai
plus de linge propre et je suis plein de vermines.
Départ
de Nanteuil à 4 h du matin
pour May-en-Multien, petite
commune de 600 habitants où nous partons le lendemain.
Brumetz (Aisne)
Départ
à 6 h½ pour nous diriger sur Rancourt-Saint-Martin.
Nous sommes arrivés à 7 h du
soir et nous nous occupons des distributions qui me font rentrer à 12 h en
rentrant à la ferme où nous avions notre pension, je trouve tous les
sous-officiers de ravitaillement en train de faire la noce avec quatre filles
des pays envahis.
Ca dansait au son d’un
phonographe.
Cette fête dura jusqu’à 5 heures
du matin, heure à laquelle nous sommes partis.
Rancher (Aisne)
Nous
arrivons à Sergy (Aisne) à midi.
Je reste consterné de nous voir dans un pays moche.
Je m’occupe de mes distributions
mais ce qu’il y a de désagréable, c’est que les bataillons se trouvent
dispersés et les routes très mauvaises. Aussi, je maudis le pays.
Comme popote, c’est très bien.
Les gens sont très aimables.
Il y a une jeune fille qui fait
l’admiration de nous tous. Nous avons une superbe salle à manger.
Rien
de nouveau. Pluie de temps en temps.
Nous pataugeons.
Le soir, je me prépare pour
partir en perme.
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