Carnets de guerre 1914–1918 du sergent Edouard Mattlinger

du 49e territorial, puis 372e RI, puis re-49e RIT, enfin au 132e RI

Année 1917

>>>> Voir 1914  <<<<
>>>>  1915  <<<<
>>>>  1916  <<<<
>>>>  1918  <<<<

 

 

SOMMAIRE (n’existe pas dans le carnet)

 

La permission : janvier 1917

L’Aisne : mars 1917

Les Vosges : juin 1917

 

 

Retour accueil

Me contacter, pour une erreur ou question

 
La permission : janvier 1917

1er janvier :

Je passe ma journée en route. Je reste de 11h à 4h à Paris où j’en profite pour visiter la ville, mais comme le temps est au brouillard, je n’éprouve aucun plaisir.

2 janvier : 

J’arrive chez moi.

Je suis tout heureux de retrouver ma petite famille en bonne santé.

C’est la joie des miens de me revoir.

Du 2 au 12 janvier :

Je passe une bonne permission avec ma famille, surtout avec ma petite femme que je suis très heureux de pouvoir enlacer et bécoter à mon aise.

Mais le mauvais temps m’oblige à rester à la maison et j’en profite pour mettre en état les sabots et souliers des enfants et de la femme.

En somme, j’ai passé une bonne perm’.

Je quitte ma famille le 12 au soir où j’éprouve un vif chagrin de ne pouvoir rester un moment à la gare avec eux.

Mauvaise nuit en chemin de fer.

J’arrive à Dijon à 2h du matin.

J’arrive au buffet aménagé spécialement pour les permissionnaires où j’y passe le reste de ma nuit et où je me trouve en bonne camaraderie.

13 janvier :

Je vais à la gare m’informer de l’heure du train.

Déception complète.

On me dit que je ne pars qu’à 2h du matin, ce qui m’oblige à rester toute la journée à Dijon. Je m’y promène mais la neige tombe à gros flocons. Je vais me réfugier à la cantine où je m’ennuie beaucoup.

Je me couche l’après-midi et le soir, je vais au cinéma où je suis profondément touché par une pièce cinématographique. Je retourne à ma cantine à 9h et j’en profite pour faire de la correspondance en attendant mon train.

Je quitte Dijon à 2h et j’arrive à Paris à 7h20.

14 janvier :

Je me dirige à la cantine pour prendre le café.

Je suis obligé d’attendre jusqu’à 8h30 pour être servi, le personnel n’étant pas arrivé. Je me mets en devoir d’écrire des cartes en attendant car il fait très froid dehors. Après avoir déjeuné, je vais me promener au Boulevard de Strasbourg que je trouve joli.

J’admire les magasins de chez Potin qui sont d’une installation admirable.

Je continue ma promenade et je m’arrête à la devanture d’un bijoutier, lorsqu’une belle femme vient à moi me faire ses offres amoureuses. Je la remercie et je constate par son langage que c’est une Belge qui était d’une correction parfaite dans sa toilette.

Je me dirige vers la gare de l’Est où je prends mon train qui part à 1 heure.

J’arrive à Fère-en-Tardenois (Aisne) à 7 heures ; mais comme mon régiment s’était déplacé, je vais me coucher dans des baraquements spécialement aménagés pour les permissionnaires.

Le matin, je me lève à 7 heures pour aller à la gare.

15 janvier :

Je fais la navette devant la gare en attendant l’heure des trains se dirigeant sur Mézy où je dois retrouver mon régiment.

Le train part à 8h30 et j’arrive à Mézy à 11 heures.

De là, j’ai encore 7 kilomètres à faire où je retrouve les miens à Saint-Eugène. Le pays n’a rien de joli, mais nous ne restons pas là. Nous repartons le lendemain à 7h30 pour Saulchery.

(Mézy = : Mézy-Moulins)

16 janvier :

Départ à 7h30 pour Saulchery.

Nous passons par Crézancy, Fossoy, Etampes, Nogentel, Chézy, où nous faisons la grande halte car la marche est longue.

Ensuite, nous nous dirigeons sur Nogent-l’Artaud, pays très agréable de 2.000 habitants et nous arrivons à Saulchery où nous tombons très bien pour notre popote, où les gens sont très gentils et mettent à notre disposition une belle salle à manger avec tout le nécessaire comme chambre à coucher. J’ai une belle couchette militaire mais le local est très froid.

Aussi nous y installons un petit poêle qui nous chauffe bien la chambre.

Du 17 au 19 janvier :

Je m’occupe de l’installation de notre parc et du magasin de caserne et des distributions.

Temps très très froid et neigeux.

L’hiver 1917 a, en effet été très froid, certains fleuves ont gelés.

20 janvier :

Je vais au ravitaillement à Nanteuil où je profite de l’occasion pour expédier un colis que j’ai fait à Bouchavesnes.

Le soir, en rentrant, nous faisons un festin délicieux. Rien ne manque. Je me couche à 11 heures un peu pompette.

21 janvier :

Je me lève à 4 heures du matin pour aller au ravitaillement à la Ferté-sous-Jouarre, joli pays de 4.000 habitants qui se trouve à 17 kilomètres de Saulchery.

Le parcours fut très agréable. Les routes sont bonnes.

En rentrant, le soir, je vais regarder pêcher et je me trouve très chagriné de ne pouvoir pêcher moi-même.

22 janvier :

Je me lève à 8h. Je prépare mes distributions. Je trouve la journée longue.

J’ai le cafard.

Journée très froide.

Du 23 au 30 janvier :

Rien de nouveau.

Toujours très froide.

Nous avons eu jusqu’à 16e au-dessous de zéro. Je bois de temps en temps à la Ferté-sous-Jouarre, ce qui me distrait un peu.

1er février :

Journée très froide. Préparatifs de départ. Grand travail pour le chargement des voitures.

Soirée très agréable à la pension.

2 février :

Je me lève à 4h30 pour aller au ravitaillement à la Ferté-sous-Jouarre où le régiment vient cantonner.

La matinée se passe bien, mais après l’arrivée du régiment, j’ai beaucoup de travail pour les distributions et je suis chargé de la paille de coucher qui m’occupe jusqu’à 8 heures du soir. Ensuite, je vais à ma popote où je me trouve en présence de deux femmes de vie qui me produisent un effet désagréable.

Aussitôt soupé, je quitte la pension sans regret.

3 février :

Je me lève à 6h pour partir à 7h30. Nous quittons La Ferté sous Jouarre à destination de Barcy (Seine et Marne). Le trajet est long et pénible. Il fait un froid terrible de givre.

Nos moustaches forment des glaçons. Le parcours est de 26 kilomètres. Nous arrivons aux environs de Marcilly. Nous trouvons des tombes de soldats de tout côté. J’ai l’occasion de constater une fois de plus la maladresse de l’organisation française où l’homme était tombé on l’enterrait, ce qui fait que l’on ne peut plus y faire de cultures.

Après avoir ravitaillé le 5ème bataillon, je me rends à Barcy où je suis furieux de voir que mes camarades n’ont pas ravitaillé les autres bataillons, ce qui fait que je suis obligé d’aller à Chambry et je rentre à 10 heures du soir, très fatigué.

4 février

Je me lève à 6h1/2.

Je déjeune et vais visiter le pays qui est bien malade des combats livrés en septembre 1914.

La population du pays en temps de paix représente 200 habitants. Pour le moment, il y a encore une cinquantaine de ménages, ce qui représente 120 personnes.

e suis tout désolé de me voir au repos dans un si pauvre pays. Il y a quelques grandes fermes qui occupent des prisonniers pour faire les travaux de culture.

Du 5 au 22 février

Nous restons à Barcy (Seine et Marne) pendant cette période.

Nous n’avons pas eu de pluie, mais un froid très vif. Nous avons enregistré jusqu’à 15° et 16° en dessous de zéro. Nous allons au ravitaillement à Cézy-sur-Ourcq qui se trouve à 14 kilomètres, petite ville assez mouvementée, mais pas très agréable.

23 février

Départ de Barcy à 5h du matin pour Mont-sur-Courville (Oise).

Nous voyageons toute la journée.

J’arrive après de grandes difficultés au pied du Mont où je ne peux suffire avec mes chevaux qui sont exténués de fatigue. Je vais au Mont chercher des attelages de renfort pour pouvoir monter car la route est complètement défoncée. Après avoir doublé et triplé les attelages, j’arrive au sommet par des chemins complètement détrempés et une nuit très noire.

J’étais exténué de fatigue et couvert de boue.

24 février

Je me lève à 4 heures pour aller au ravitaillement à Mont-Notre-Dame. Le parcours est très long : 32 km aller et retour. Il y a deux corps d’armes qui se ravitaillent à cette gare, aussi, on a toutes les peines du monde à se faire servir et à circuler.

Parfois, nous restons des heures entières en carafe par l’encombrement des voitures.

25 février

Toujours le même service.

Grandes difficultés par suite des mauvaises routes et de la longueur du chemin.

Le mauvais temps nous gêne beaucoup. Sur les routes, beaucoup de prisonniers boches sont occupés à faire des travaux. Entre Mont-sur-Courville et Mont-Notre-Dame, le pays est très accidenté. Les cotes sont rapides ce qui nous donnent beaucoup de difficultés.

9 mars

Départ de Mont-sur-Courville pour aller à Cierges (Aisne) où j’arrive à 10 heures du soir, très fatigué.

Je me vois obligé de demander des chevaux de renfort car ceux que je dispose ne peuvent plus marcher. Aussi, j’ai passé une très mauvaise journée.

10 mars

Départ de Cierges à 7 heures pour Damiers où j’arrive à midi. Le pays est très plaisant et il fait un temps superbe.

13 mars

Marieval (Oise)

14 mars

Départ de Marieval pour Ponpoint, petit pays de 350 habitants qui a une longueur de 4 kilomètres. Cela tient à ce que les habitations sont très espacées les unes des autres.

A 1 kilomètre de Ponpoint se trouve Pont-Sainte-Maxence, petite ville de 4 000 habitants où nous allons nous promener. Je ravitaille mon bataillon qui se trouve à Saint-Sauveur, à 7 kilomètres de Pont-Point.

Du 14 au 20 mars

Nous restons au repos à Ponpoint.

21 mars

Réveil à 4 heures pour quitter Ponpoint à destination de Vez où nous sommes très mal logés.

22 mars

Réveil à 4 heures. Nous quittons Vez pour aller à Morcreux où il y a un superbe château qui a été racheté à l’Etat pour la somme de plus d’un million. Pendant l’occupation du château par l’ennemi, il y fut dérobé des valeurs importantes et du vin fin en abondance. Le château domine toute la région, se trouvant élevé.

23 mars

Départ de Morcreux pour le Grand-Rozoy. Pendant notre trajet, nous voyons de superbes fermes et quelques jolis châteaux. Le pays est assez agréable.

 

L’Aisne : mars 1917

24 mars

Départ de Grand-Rozoy pour Augy (Aisne).

Nous passons par Braine, petite ville très agréable qui a souffert des bombardements. La population est de 1 509 habitants, mais il y a très peu de civils pour le moment. La ville se trouve bombardée par le fort de Marouvillers (Marne). Par contre, toutes les maisons sont occupées par la troupe ce qui permet aux avions de remarquer ces concentrations et de bombarder très souvent.

Nous arrivons à Augy le soir, à 7 heures, où nous avons du mal de nous loger.

25 mars

Je me lève à 6h ½ pour m’occuper de préparer le cantonnement lorsque vers 9 heures, nous reçûmes un obus de 90 qui tomba à 10 mètres de nos fourgons ce qui produisit un effet désagréable.

L’ennemi continua de bombarder la commune sans toutefois faire trop de dégâts. Nous ravitaillons notre régiment à Braine.

Le ravitaillement se fait à Mont-Notre-Dame.

26 mars

Nous sommes toujours à Augy.

27 mars

Nous quittons Augy à cause du bombardement. Nous allons à Sinie où nous sommes très mal logés. Notre parc est dégoûtant.

On enfonce dans la boue de 20 centimètres. Il y fait un temps épouvantable et pour comble de bonheur, nous sommes obligés d’aller coucher dans les grottes très humides qui se trouvent à un kilomètre.

La population de Lieve est de 259 habitants.

Du 27 mars au 6 avril

Nous restons à Sinie où nous conservons un mauvais souvenir tellement nous avons à souffrir du mauvais état du pays et du mauvais temps.

6 avril

Nous allons cantonner à Courcelles (Aisne) où il y a une importante concentration de troupes, entre autres, le 2ème Coloniale composé pour la plupart de troupes noires.

Le 171 et 172, nos bataillons sont à Vauxtin, Bourg-et-Comin et la ferme de Crève-Cœur et Monthusard. Notre popote se trouve dans une maison pas très propre où les gens sont très mal appris.

Du 7 au 12 avril

Nous restons à Courcelles. Nous avons une période de temps désagréable. Toujours la pluie. Entre Courcelles et Sinie, nous disposons de 8 pièces de marine de 270 cm et de 8 pièces sur train blindés.

Ces pièces tiraient à longue distance et produisant un déplacement d’air formidable qui gênait beaucoup au pays.

13 avril

Nous transportons notre parc dans un petit bois entre Courcelles et Sinie où nous pataugeons dans l’eau et la boue à notre aise.

J’ai passé ma nuit couché sous une voiture où j’ai eu bien froid. On nous fit également part d’une terrible catastrophe arrivée à Bourg-et-Comin où un important dépôt de munitions a sauté. On estime à 40 000 obus et les pertes en hommes à plus de 600. Les dégâts sont importants.

C’est exact, l’explosion se produite au secteur dit de « Madagascar »

14 avril

Nous ravitaillons notre régiment à Bourg-et-Comin et à Vauxtin. Pendant notre trajet, nous sommes marmités.

Il y a un contrordre pour l’attaque qui est remise au 16.

Du 14 au 21 avril

Nous sommes logés dans un petit bois entre Courcelles et Sinie. Parc qui n’a rien d’agréable, boue et pluie. Le 2ème Corps Colonial se trouve avec nous.

21 avril

Départ de Sinie pour Berzy-le-Sec où nous sommes très bien. Petit pays de 421 habitants.

Notre séjour fut très agréable où nous avons profité d’un repos.

1er mai

Nous quittons Berzy pour nous rendre à Braine.

Nous voyageons toute la nuit.

Arrivés à Braine, nous recevons l’ordre de partir pour les ravins de Courcelles où nous avons notre parc entouré d’un petit bois. Il y fait bien bon et le beau temps nous favorise.

2 mai

Organisation de notre parc.

Temps superbe.

De jour, quelques obus passent au-dessus de nous pour Braine. Le soir, bombardement assez important. Nous occupons une petite maison faite avec de la paille et du carton où nous sommes très bien. Notre ravitaillement était près et nous avons beaucoup de temps à dépenser.

3 mai

Journée très calme. Toujours des obus sur Braine qui font quelques victimes.

5 mai

Bonne journée.

Le canon fait rage toute la journée et la nuit, ce n’est qu’un roulement de mitrailles. Aussi, nous attendons avec impatience les nouvelles du lendemain qui d’ailleurs sont bonnes par l’intensité de notre artillerie.

Pendant la nuit, beaucoup d’obus passent au-dessus de notre parc, se dirigeant sur Braine où, malheureusement, elles firent beaucoup de victimes.

Dans un moulin où couchent deux compagnies du 172e, un obus incendiaire y est tombé qui fit plus de 100 victimes parmi lesquelles on compte plus de 40 morts.

Le pays est bondé de troupes ce qui fait que où un obus tombe, il y a des victimes.

6 mai

Bonne journée.

Nous apprenons que les résultats sont bons ce qui met du cœur au ventre. Moi, je vais ravitailler à Braine où nous avons la désagréable impression des marmites qui ne tombent pas loin de nous (orage).

7 mai

Belle journée.

Je vais à la gare de Braine où je passe un après midi tranquille, mais par contre, je passe une mauvaise nuit, je ne peux pas dormir.

16 mai,

Je pars en permission et quitte Belfort le 26

30 mai

Nous quittons Vasny pour aller au grand repos. Je vais à Braine pour toucher mon ravitaillement lorsqu’on vient me prévenir que je dois aller à Nayon-Berzy. Le parcours était long.

Arrivé là, je vois des cavaliers sur toutes les routes et des autos mitrailleuses. Je ne m’expliquais pas très bien ce que cela voulait dire.

Lorsque la population civile nous mit au courant, il s’agissait du 3ème Corps de la 5ème division qui avait braqué ces mitrailleuses au cas où on aurait voulu les faire marcher.

Il s’agissait de mutineries ; La cavalerie était utilisée pour le maintien de la police.

31 mai

Je me lève à 2h du matin pour aller au ravitaillement à Oulchy-Bremy où je passe toute ma matinée à attendre des ordres pour notre distribution. Je constate une fois de plus le manque d’organisation dans l’armée française.

Je quitte la gare à 11 heures pour me diriger à Coulon où je trouve tout le train. Il fait un temps très chaud mais l’air est bon.

Le ravitaillement effectué, je me dirige sur Vendresse où nous sommes logés en plein champ.

1er juin

Je me lève à 3 heures du matin pour aller à Coulommiers où j’arrive à 6 heures. J’installe mes voitures dans la gare et je vais faire un tour en ville où je revis de voir une petite ville aussi mouvementée.

Il y a plusieurs industries, tanneries importantes, commerces de grains, farine et fromage de Brie. La population est de 6 500 habitants. Les gens sont très simples et nous sommes la curiosité des jeunes filles allant au travail, ce qui nous distrait beaucoup.

Je quitte la gare à 10 heures pour aller rejoindre mon régiment qui se trouve à Courpaloy à 20 kilomètres de Coulommiers. Pendant mon trajet, je me sens très fatigué et je dors sur mon fourgon.

La chaleur est torride. Enfin, j’arrive à Courpalay à 5 heures du soir. Je mange un morceau et je vais me coucher dans un fourgon où je ne fais qu’un sommeil.

2 juin

Je m’occupe des distributions et j’ai l’occasion de constater que les gens sont très gentils.

Le soir, je me promène dans le pays où je constate que le sexe féminin est nombreux et qu’il y a beaucoup de belles femmes et jeunes filles. Par contre, on me dit que la débauche ne manque pas.

Je constate en effet que ces dames sont très complaisantes avec la troupe et que leurs petits sourires en dit long.

3 juin

Chaleur torride.

Journée agréable.

4 juin

Préparatifs de départ.

Nous sommes contrariés de voir que nous étions si bien et qu’il faut partir. D’un autre côté, j’éprouve une satisfaction de me rapprocher de chez moi.

Notre adjudant fut victime d’un grave accident qui nécessitera l’amputation d’une jambe. Nous avons passé une soirée un peu agitée.

Les Vosges : juin 1917

5 juin

Réveil à 2 heures. Départ de Courpalay (Seine et Marne) à 3 heures pour aller à la gare d’embarquement à Chaumy où nous faisons les distributions de trois jours de vivres. Il fait une chaleur étouffante.

Je m’embarque à 2 heures ½ de l’après midi.

Le soir, à la fraîcheur, je me couche sous un fourgon où je dors jusqu’au lendemain 6 heures.

Le parcours est très agréable, la campagne est jolie et on nous fait bon accueil dans les gares.

6 juin

Arrivés à Epinal, à 3 heures de l’après midi, nous y faisons un arrêt de vingt minutes.

Ensuite, le train se met en marche dans la direction de Bruyères où je revis mon ancien quartier du 44ème. Nous poussons plus loin et nous débarquons à Lachapelle à 8 kilomètres de Bruyères. Je reçois l’ordre de me rendre à Carcieux où se trouve l’Etat Major.

Le pays est très agréable et la population très sympathique. Nous sommes logés dans les casernes.

7 au 12 juin

Nous restons à Carcieux (Vosges) où nous sommes très bien. La population est toute heureuse d’avoir des troupes et les femmes sont très galantes.

Pendant mon séjour, nous avons eu des orages chaque jour.

13 juin

Départ de Carcieux pour Barbey Séraux (Vosges) à 6 kilomètres. Ce déplacement a pour but de loger les troupes noires.

Notre séjour à Carcieux fut très agréable, mais contrarié par des orages et une chaleur torride.

Nous restons à Barbey Séraux jusqu’au 18 au soir.

18 juin

Je quitte Barbey Séraux pour aller au ravitaillement à Bruyère, mon ancienne garnison. Je constate que la ville s’est bien embellie.

L’avenue et les nouvelles casernes donnent à la ville un joli cachet. La population est de 18000 habitants.

En revenant, je passe par Granges où j’y fais une grande halte et où je remarque que sur un tableau à l’église que la commune comptait déjà 107 morts sans les disparus depuis le début de la guerre. Je me dirige sur Gérardmer où je trouve un de mes amis qui m’attendait.

J’y passe une très agréable soirée en compagnie de belles dames. Le pays est très joli avec ses chalets et son lac.

C’est un vrai pays de touristes et un pays de plaisirs où la toilette et la noce priment.

19 juin

Réveil à 4 heures.

Départ de Gérardmer pour Cormicourt.

A la sortie du pays, nous gravissons une montagne d’où nous apercevons le panorama de Gérardmer qui est superbe. Nous arrivons au sommet après avoir parcouru de superbes forêts de sapins.

 

Nous jouissons d’un superbe point de vue.

Nous descendons sur la Bresse, pays très coquet. Nous trouvons sur notre passage de la Bresse au Thillot, de nombreuses usines de tissage et scieries.

C’est superbe comme panorama.

Nous arrivons au Thillot à 10 hres du matin, où on nous fait un bon accueil. Nous installons notre parc à l’usine où l’on remarque la joie des ouvrières de l’arrivée des troupes dans la commune.

 

La première soirée fut très calme, mais les jours suivants furent très mouvementés, le colonel ayant donné ordre aux cafetiers de danser, ce qui fut fait et on remarque toutes les filles et fermiers du pays assister à ces soirées très gaies qui, par la suite, devinrent des soirées amoureuses.
Depuis le début de la guerre, je n’ai jamais eu l’occasion de voir un pays de débauche comme Le Thillot et Fresse, en général les Vosges ont été pour nous un lieu de plaisir.

25 juin

Nous quittons Le Thillot pour aller en Alsace où on nous fit un mauvais accueil.

Les troupes qui occupaient ces pays ont défini les régiments d’active du 6è corps comme étant des pirates se livrant à toutes sortes d’orgies et de sabotages, mais grande fut leur surprise lorsque nous étions au pays depuis quelques jours.

Nous sommes cantonnés à Wesserling et Userine. C’est très agréable et la population est ouvrière. Il y a deux grandes usines de tissage. Il n’y a presque personne d’évacué. Le pays a le même aspect qu’en temps de paix.

Tous les soirs, il y a concert sur la place.

Au début, on remarque très peu de civils. Deux fois par semaine, nous faisons retraite qui est bien accompagnée par les enfants portant des lampions et drapeaux. La gaieté règne et la troupe accompagne en chantant et faisant des cabrioles.

Du 26 juin au 13 juillet

Je suis à Huserine

14 juillet

Camp Baussat. Journée pénible

15 au 25 juillet

Je suis au camp Baussat où j’ai beaucoup de mal

26 juillet au 4 août

Je suis en perme

4 août

Je passe une agréable journée avec les amis.

Du 5 au 27 août

Je m’occupe à Kruth  du ravitaillement au câble.

28 août

Je vais relever un collègue à Mittlack où je m’occupe du ravitaillement d’un boche.

Du 29 août au 11 septembre

Suis à Mittlack.

12 septembre

Je quitte Mittlack pour retourner à Kruth . J’arrive à 8 h très fatigué.

Du 13 au 23 septembre

Je suis à Kruth  où je m’occupe du ravitaillement au câble.

 

Du 24 septembre au 2 octobre

Je pars en perme où je suis très heureux de retrouver ma petite famille.

3 octobre

Je quitte Belfort et j’arrive le soir à 8 h à al popote.

4 et 5 octobre

Je reste à Kruth .

6 octobre

Je monte au camp Boussat remplacer un de mes amis.

9 octobre

Premières neiges au camp Boussat. Nous avons à souffrir du froid et de la pluie.

Du 9 au 19 octobre

Je reste à Boussat pour faire des distributions

20 octobre

Je quitte Boussat pour Kruth  où j’y reste jusqu’au 11 novembre. Je m’occupe d’aller faire des achats de légumes à Bussait.

4 novembre

Je quitte Kruth  pour aller remplacer le Sergent DUVERNOIS à Mittlack où je me plais assez.

Le soir je passe mes veillées chez des paysans du voisinage.

18 novembre

Je quitte le camp R… pour aller à Boussat où il fait très froid. Je passe une bonne soirée avec mes amis.

19 novembre

Je quitte Boussat par une pluie battante. J’arrive à Kruth  trempé mouillé. J’en suis malade.

20 et 21 novembre

Je reste couché. J’ai attrapé bien froid en revenant de Mittlack.

Du 22 au 25 novembre

Je m’occupe du ravitaillement à Kruth

25 novembre

Je fais le ravitaillement au câble mais la tempête est tellement forte que le chemin de fer aérien ne marche pas.

Je redescends tout trempé mouillé. Je dîne en hâte et je repars par un temps épouvantable avec 5 fourgons pour conduire mon ravitaillement à Boussat où il fait un froid glacial.

 

Pas de décembre 1917

 

>>>> 1914  <<<<
>>>> 1915  <<<<
>>>>  1916  <<<<
>>>>  1918  <<<<

 

Contacter le dépositaire de ce carnet

 

Retour accueil                Retour page précédente