« En
hommage à mon grand oncle, 92 ans après … »
GERARD
LEVEQUE, 1 janvier 2008
« . . . Ce
même jour, nous avons quitté cette position le 10 pour venir se mettre en
batterie sur le territoire de la commune de BOEZINGE (Belgique); nous y sommes
restés les 11,12, et 13 jusqu’à
Nous y sommes
restés les 14,15,16,17,18,19,20,21,22,23,24,25,26, 27,28,29,30; tous ces jours
nous les avons passé tranquille en ne tirant que peu.
A cet endroit,
nous y sommes encore restés les 1,2,3,4,5,6,7,8,9,10,11 et ce dernier jour au
soir, nous avons eu ordre de rejoindre la batterie à l’ancienne position.
Nous y sommes
rendus et passés la nuit à la ferme; le lendemain 12 nous nous sommes mis en
route et nous sommes venus mettre en batterie dans une rue de YPRES (Belgique)
à un endroit appelé KRUISTRAAT.
Nous y sommes
restés les 13 et 14 sans tirer, mais le 15 nous avons attaqué au canon qui
grondait comme un tonnerre sur toute la ligne pendant près de deux heures.
Le 16 nous
n’avons tiré que peu; le 17, l’ennemi à tiré à quelques centaines de mètres à
notre droite et le 18 dans l’après-midi, ils ont recommencé mais plus près de
nous; le premier obus est tombé sur une maison à moins de
Vu notre
position menacée le 19, nous nous sommes déplacés, nous sommes venus nous
mettre en batterie
Le 30 à
Rencontre d’anglais.
Le 1ER
nous sommes repartis à
Nous sommes
repartis le 3, nous avons fait 10 Kms et nous nous sommes arrêtés dans un petit
village appelé SEREVILLERS (60), là nous devions y rester plusieurs jours au
repos, alors que voilà le soir à
Nous passons à
COMPIEGNE (60) où nous déjeunons, par VILLERS-COTTERETS (02), par PIERREFONDS (60), où nous sommes passés
auprès du château et nous nous sommes arrêtés à
Alors nous nous
remettons en route, nous traversons la ville et nous nous arrêtons de l’autre
coté pendant une heure pour faire la soupe sous la pluie qui tombe à torrents;
chacun à mangé comme il a pu, nous nous remettons en route et nous nous
arrêtons à
Nous nous
tenons prêts à partir mais l’ordre n’est pas arrivé de partir alors nous
attendons, on retourne au cantonnement et nous y restons en attendant l’ordre
les 14, 15, nous sommes partis le 16 à 4h du soir, nous avons passé dans un
village appelé SOMMEILLES (55) où il ne reste plus une maison debout.
Le lieutenant
nous a fait remarquer que dans ce village les allemands avaient commis des
atrocités sans nombre, nous nous sommes arrêtés à 10 h du soir à
BRAUX-SAINTE-COHIERE (51) où nous avons passé la nuit, nous sommes repartis le
lendemain 17 à 10h, nous avons fait demi-tour, nous sommes venus repasser à
ST-MENEHOULD (51) où nous avions passé la veille et nous avons été mettre en
batterie dans la forêt de l’Argonne à 10kms de cette dernière ville.
Dans tous ces
voyages nous avons fait près de 300 kms. A cette position de batterie, nous
étions à 4 kms de toute habitation.
Aussitôt que
nous l’avons pu, nous avons construit des huttes et nous avons couché dedans,
mais en attendant il a fallu venir coucher au village le plus proche
c’est-à-dire MOIREMONT (51).
A cette
position de batterie nous y sommes restés le 18, et le 19 dans l’après midi
nous avons avancé nos pièces d’environ 1 km dans la forêt, là nous y restons
les 20, 21,22 et le 23 nous sommes revenus sur la route à 1 Km à droite de
l’ancienne position, là nous y restons les 24, 25, 26, 27, 28, 29, 30 et 31 en
ne tirant que peu.
Nous restons à
la position précédente les 1, 2, 3,4, et le 5 dans l’après midi nous nous
mettons en position; nous partons après avoir mangé la soupe c’est-à-dire vers
6h, nous allons nous mettre en batterie un peu en avant auprès du village de
VIENNE-LA-VILLE (51), nous avons traîné les pièces sur une longueur de 300
mètres, nous avons fini à minuit.
Le lendemain 6
nous avons eu réveil à 6h, nous avons mis en batterie, nous avons fini pour
11h, l’après midi nous sommes restés tranquille, mais le soir les 2 autres
sections de la batterie arrivent à leur tour avec leurs pièces.
Il a fallu leur
aider à traîner les leurs comme nous avions fait les nôtres la veille; nous
avons fini le lendemain à 2h du matin, après cela nous avons été tranquille et
nous sommes restés à la même position les 8, 9,10, ce dernier jour l’adjudant
chef a été décoré de la médaille militaire, le lendemain 11 il nous a payé un
litre de vin, c’est tout ce que nous avons eu.
Nous sommes
restés à cette position les 11,12,,13,14,15,16,
17,18,19,20,21,22,23,23,24,25,26,27 et le 28, tous ces jours nous n’avons pas
beaucoup tiré et nous avons été tranquille.
Nous sommes restés à la position précédente les 1,2,3,4,5,6,7,8,9,10,11,
12,13,14,15,16,17,18,19,20,21,22,23,24,25,26,27,28,29,30, ce dernier jour nous
avons été tiré en photographie, nous sommes encore restés aux pièces le 31,
tous ces jours nous n’avons pas beaucoup tiré.
Nous sommes restés
à la même position les 1,2,3,4,5,6,7,8,9,10,11,12, 13,14,15,16,17,18,19, là du
19 au 20 nous avons été réveillés à 1 h. du matin pour mettre hors de batterie,
ce que nous avons fait; après cela nous nous sommes mis en route et nous sommes
venus jusqu’à MOIREMONT (51) où nous sommes arrivés à 6 h .
Là nous y avons
passé la journée du 20, nous avons nettoyé les pièces; le soir je me suis
couché dans le tracteur et là j’ai passé la nuit avec PEIFFER jusqu’à 3 h du
matin où je me suis levé pour faire chauffer le café; nous l‘avons bu et nous
sommes partis à 5 h le 21; nous sommes passés à ST MENEHOULD (51), VERRIERES
(51) et nous nous sommes arrêtés à 9 h du matin à cantonner à VILLERS EN
ARGONNE (51), là nous avons passé le reste de la journée et la journée du 22.
Nous sommes
partis le 23 à 5 h; nous sommes passés à BRAUX-ST-REMY (51), VOILEMONT (51),
AUVES (51), L’EPINE (51), où nous avons
déjeuné à 9 h et demie; nous sommes repartis à 11 h, nous sommes passés à
CHALON-SUR-MARNE (51), et nous sommes arrêtés cantonner à 2h de l’après-midi à
ATHIS (51).
Nous nous
sommes couchés à 7 h le lendemain 24 réveil à 4 h, départ à 5 h, nous sommes
passés à EPERNAY (51), DORMANS (51), nous sommes arrêtés à déjeuner à 10 h et
demie à MOULINS (02); nous sommes repartis à midi passer à CHÂTEAU-THIERRY
(02), VAUX (02) et nous sommes à LA FERTE-SOUS-JOUARRE (77) à 4 h; là nous
avons passé la nuit.
Le lendemain
réveil à 4 h et départ à 5 h.
Nous sommes
passés à MEAUX (77), nous avons déjeuné à NOISY-LE-GRAND (93) et nous sommes
arrivés à VINCENNES (94) à 2 h de l’après-midi, nous y avons laissé nos pièces
et nous sommes venus à pied à CHARENTON-LE-PONT (94) où nous avons été logés
dans une brasserie; nous sommes près de 200 couchés dans la même chambre, nous
ne sommes pas très bien, enfin nous sommes toujours en sécurité.
Le 12 mai, je
suis parti en permission de 4 jours, je suis rentré le 16 au matin et le 29, je
suis reparti en permission de 24 h, je suis rentré le 31, nous avons passé tous
ces jours tranquillement.
Nous avons
touché le matériel dans la 2éme quinzaine et nous sommes partis de
CHARENTON-LE-PONT (94) le 18 à 6 h du matin, nous sommes passés à ST-DENIS
(93), CREIL (60) et nous sommes venus coucher à CLERMONT (60) dans l’Oise.
Nous sommes
repartis le lendemain 19 à 5 h; nous avons pris la route d’AMIENS (80) où nous
sommes passés dans l’après-midi et nous nous sommes arrêtés à cantonner à
MARIEUX (80), petite commune à 20 kms d’AMIENS (80).
Là nous y
sommes restés en réserve les 20,21,22,23,24,25,26,27,28,29,30.
Nous sommes
restés à la même place le 1er, l’après-midi j’ai été embauché à travailler dans
une ferme.
J’ai été dans
les champs, une fois rentré le soir l’ordre arrive de partir, nous formons la colonne
de voitures sur la route, nous y sommes jusqu’à 11 h; là on nous dit que nous
allons partir à 2 h, alors nous allons nous coucher jusqu’à 2 h, où nous avons
été réveillés et nous sommes partis, nous avons fait 4 kms en arrière et nous
sommes restés dans la commune de BEAUQUESNE (80).
Là, dès
l’après-midi, j’ai travaillé à la culture et les jours suivants
3,4,5,6,7,8,9,10,11,12,13,14,15,16, nous sommes partis le 17, nous sommes
passés par AMIENS (80) et nous nous sommes arrêtés de l’autre côté dans un
village appelé FOUENCAMPS (80) à 3 h de l’après-midi.
Là nous sommes
restés en cantonnement les 18,19,20,21,22,23,24, 25,26,27,28,29,30, et 31.
Nous sommes
restés dans le village précédent les 1,2,3,4,5,6,7 et le 8 nous avons eu réveil
à 5 h, nous avons formé la colonne sur la route et nous sommes partis à 10 h,
nous sommes passés à AMIENS (80) et nous nous sommes arrêtés dans un faubourg
de cette dernière ville appelé RIVERY (80).
Là nous avons
cantonné dans un ancien séminaire, nous étions assez bien, nous y sommes restés
les 9,10,11,12,13, 14,15,16,17,18,19,20,21,22,23 et nous sommes partis le 24 à
6 h du matin, nous sommes passés à DOULLENS (80) et nous nous sommes arrêtés à
LE SOUICH (62).
Là nous avons
déjeuné il était 2 h de l’après-midi, nous avons passé la nuit dans un
cantonnement et le 25 nous sommes partis à 6 h du soir.
Nous nous
sommes arrêtés à 9 h à BAVINCOURT (62); là nous avons passé la nuit, nous y
sommes restés pour attendre des ordres les 26 et 27.
Nous sommes
partis le 28 à 8 h du soir pour venir mettre en batterie à DAINVILLE (62),
petit patelin à 3 kms d’ARRAS (62), nous avons terminé la mise en batterie à 1h
du matin, après cela nous avons été couchés au village et nous sommes revenus à
5h, nous avons commencé à construire des abris et des huttes pour coucher.
Nous sommes
restés à cette position les 29,30,31 sans tirer en face de nous.
Canonnade très
calme.
Nous sommes
restés à la position précédente jusqu’au 20 sans tirer et ce jour là nous avons
commencé à tirer pour préparer une attaque qui a eu lieu le 25 à midi, mais en
face de nous, nous n’avons pas réussi, alors nous sommes restés à cette
position les 26 et 27; à 5h du soir nous avons eu ordre de nous mettre en
position de route, ce que nous avons fait, nous nous sommes mis en route à 8 h.
Nous avons fait
environ 30 kms et nous nous sommes arrêtés le 28 à 2h du matin sur la route
près de SAINS-EN-GOHELLE (62), nous sommes restés pour attendre le jour, nous
n’avons pas eu très chaud; une fois le jour venu nous avons été mettre en
batterie près d’un village dans la plaine, près d’une des mines de la campagne
de BETHUNE (62); c’est-à-dire la fosse n°10, là nous nous sommes installés et
nous y sommes restés les 29 et 30 sans tirer.
Nous sommes restés
à la position précédente jusqu’au 22 à 8 h du soir, où nous avons eu ordre de
mettre hors de batterie.
Tout le temps
que nous avons été à cette position, nous n’avons presque pas tiré, alors nous
avons mis hors de batterie et nous avons formé la colonne sur la route à la
sortie du village de SAINS-EN-GOHELLE (62); nous sommes revenus passer la nuit
au cantonnement et nous sommes partis le lendemain 23 à 7 h du matin, nous nous
sommes arrêtés à 10 h près du village de HAUTE-AVESNES (62), nous avons mangé
la soupe du matin et celle du soir.
Nous sommes
repartis à 6 h et nous sommes venus mettre en batterie tout près d’ARRAS (62).
Nous avons
terminé la mise en batterie à 9 h et nous nous sommes couchés auprès des pièces
dans des chambres souterraines que nous avons trouvé toutes faites.
Le lendemain et
jour suivants, nous avons amélioré nos cabanes et fait ce qu’il y avait à faire
aux pièces.
Nous sommes
restés à cette position jusqu’à la fin du mois et nous n’avons pas tiré.
Le 1er à 5 h du
soir, nous avons eu ordre de mettre hors de batterie, ce que nous avons fait,
nous nous sommes mis prêts à partir et le 2 nous nous sommes mis en route à 6 h
du matin.
Nous sommes
passés à ST-POL-SUR-TERNOISE (62) et
nous sommes venus cantonner à 1 h de l’après-midi dans un petit village appelé
HERICOURT (62).
Là nous y
sommes restés tout le mois.
Nous sommes
restés dans le village précédent tout le mois (le 5 je suis parti en permission
et je suis rentré le 15).
Nous sommes restés
dans le village précédent jusqu’au 16 où nous sommes partis à 8 h du matin et
nous allons au nord de ST POL SUR TERNOISE (62) dans un petit patelin appelé
HUCLIER (62), nous y arrivons à 1 h de l’après-midi et nous y restons une
dizaine de jours.
Moi, je pars en
permission de 6 jours et je viens rejoindre mes camarades le 3 février à 4 h du
soir.
Sur le front
près d’un village appelé MAREUIL (62), le soir nous mettons hors de batterie et
nous nous mettons en route, nous avons voyagé toute la nuit, nous nous sommes
arrêtés le 4 vers midi dans un village appelé BARLY (62), nous y avons passé la
nuit et le lendemain 5 nous avons commencé des terrassements pour une position
de batterie près du village de MONTCHIET (62).
Nous continuons
le terrassement jusqu’au 9 à midi où l’ordre arrive de laisser les travaux et
de se préparer à partir; nous partons le soir, nous venons coucher à BARLY
(62).
Départ le
lendemain 10 nous sommes venus coucher à HUCLIER (62)
Départ le 11
nous embarquons les pièces à la gare de BRYAS (62), une partie des hommes sont
venus par le train, les autres par la route avec les voitures; moi je suis venu
par le train, nous sommes arrivés à 2 h du matin le 12 à ROSNY SOUS BOIS (93)
Nous avons
débarqué les pièces, ce qui a été assez vite fait, après cela nous avons été à
la gare des voyageurs où nous avons pris le train à 8 h pour venir à VALENTON
(94) où nous sommes arrivés à midi et les voitures sont arrivées le soir.
Nous sommes
restés dans ce village jusqu’au 21 où ma section a été versée au 83è Régiment d’Artillerie Lourde; alors nous sommes venus à BONNEUIL (80)
former une nouvelle batterie, nous y avons passé le reste du mois.
Le 5, nous
avons fini à 4 h du matin; après cela nous nous sommes mis en route et nous
sommes venus cantonner dans la MARNE, dans un petit village appelé BASSU (51)
Là nous y avons
été très bien, nous en sommes partis le 25 à 6 h du matin, nous nous sommes
arrêtés vers 6 h le soir dans la MEUSE, dans un petit village appelé
FLEURY-SUR-AIRE (55) et nous y avons passé la nuit et la journée du 26.
Nous en sommes
partis le 27 à 5 h du matin pour aller mettre en batterie dans le bois de
BETHELAINVILLE (55), en arrière d’AVOCOURT (55), là nous y avons passé le reste
du mois.
Nous sommes
restés à la position précédente jusqu’au 3 où nous sommes partis à 9 h du soir;
à cette position nous avions commencé les abris que nous n’avons même pas eu le
temps de finir, nous nous sommes arrêtés le lendemain 4 à 5 h et demie du matin
dans un petit village en arrière du BOIS BOURRUS; nous y avons fait la soupe et
après cela nous sommes allés dans le bois préparer notre position de batterie.
Le soir nous
avons mis les pièces en batterie, nous avons fini vers minuit; à cette position
nous avons trouvé des abris tous faits, nous y….
Post-scriptum :
L’offensive
allemande sur Verdun a débuté le 21 février 1916. Les bombardements de mars et
avril 1916 seront parmi les plus intenses avant la contre-offensive française
emmenée par le général NIVELLE.
Correspondance
écrite depuis l’hôpital, 2 jours après ses blessures reçues au combat le
14/04/1916 à JOUY EN ARGONNE (MEUSE), et envoyée à ses parents; il décèdera 9
jours plus tard (23/04/1916) à l’âge de 23 ans.
« Chers
Parents :
Vous connaissez
maintenant la nouvelle, ma blessure est légère et le major dit que je suis hors
de danger. D’ici quelques jours, je serai évacué vers l’intérieur, alors je
vous donnerai ma nouvelle adresse. Je suis à l’ambulance 6/6 que je quitterai
d’ici peu. Ne m’écrivez pas avant ma nouvelle adresse.
Je vous
embrasse bien fort. »
OCTAVE
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