« ..Voilà le très émouvant témoignage de Sebran Tessier,
ambulancier au 26ème d'Artillerie qui raconte un épisode tragique dont il
a été le témoin malheureux lors de l'été 1914 alors qu'il était ambulancier au
26ème. régt. d'artillerie à Gomery en Belgique.
En effet, j'ai bien connu Sebran Tessier dans les années 1970
(c'est le grand-père maternel de mon épouse) qui m'a raconté une fois (une fois
seulement, en effet, car il était assez réservé sur l'histoire de sa guerre)
cet événement dont il a pu témoigner ultérieurement devant les autorités
internationales de la Croix-Rouge à Genève.
Ma mémoire n'avait pu retenir les détails.
Heureusement, après sa mort, sa fille a retrouvé un petit
carnet sur lequel il avait tout noté...sans en rien dire à personne.
Je vous confie un exemplaire de sa transcription, charge à vous
d'en faire l'usage que vous voudrez bien… »
Claude, octobre 2007
Ce document a été transcrit par
sa fille Suzanne Tessier (ép. Drouin) à partir d’un petit carnet lui ayant
servi pour établir son témoignage.
Mobilisation
Départ de Chartres à 10 H
du soir.
Arrivée à Reims le 6, à 7
du soir et direction de Verdun
Nous sommes arrivés aux
environs et débarqués le 7 à 8 H du matin
Arrivée à Samogneux à 11 H.
Deux jours de repos
Nous sommes partis à
Azannes.
Pendant quelques jours nous
avons parcouru les environs (Orne, Azannes, Billy, Mangiennes)
Bataille de Pillon –
Mangiennes (Meuse), perte d’un bataillon du 130ème d’Infanterie
Le 2èmegroupe a
anéanti une batterie allemande sans avoir aucun blessé. Les pertes allemandes
furent grandes, nous avons retrouvé des caissons de munitions, qu’ils avaient
abandonnés
Ensuite toute la division
s’est dirigée sur Merle, deux jours de repos et revue des plaques d’identité.
Départ à 5 H du matin et
toute la division est dirigée sur la frontière belge.
Nous avons passé la
frontière à 3 H de l’après-midi sous un grand orage.
Arrivée à Ruette à 6 H.
Mise en batterie jusqu’à 8
H, sans résultat. Ensuite bivouac sous la tente, le parc n’a pas pu être
achevé, et départ à 4 H du matin, le 22 août, direction de Gomery, par un brouillard qui nous fit grand mal, surtout
que l’ennemi était retranché sur Etre depuis plusieurs jours.
À notre arrivée à Gomery le
14ème Hussard était bien endommagé de retour de sur Ethe.
Le 3èmeGroupe
s’aventura trop près et fut complètement anéanti. Nous avons installé un poste
de secours dans une maison de Gomery, qui fut vite garnie d’une quantité de
blessés, où je reconnus Raoul Ménager de Charbonnières, et Cerceaux charpentier
de Nogent. Ensuite les troupes ont battu en retraite, et l’artillerie a tiré
jusqu’à 8 H du soir, et s’est retiré sans nous laisser d’ordre.
Nous sommes restés à notre
poste surtout que les blessés arrivaient toujours en quantité, jusqu’au
lendemain matin où nous étions cernés par les troupes allemandes.
½ H plus tard, une seconde
patrouille est venue visiter encore les blessés et demander les officiers,
questionner l’interprète du général qui était blessé et quitte la maison.
¼ H après les voilà de
retour, furieux en demandant l’interprète, le menaçant d’avoir caché des
troupes dans le pays, qui avaient tiré sur eux, ce qui était faux, et sans plus
d’explications fusille l’interprète sur son brancard, et fait feu sur le
Docteur Sédillot (médecin à Authon du Perche) qui était à ses côtés, ainsi que
l’aide Major qui fut fusillé de suite.
Le Docteur Sédillot reçut 3
balles en se sauvant dans la pièce où il reste comme mort.
Dans cet intervalle tous
les infirmiers et brancardiers avons fuit par la porte arrière de la maison, où
je vois les soldats allemands qui les fusillaient au fur et à mesure qu’ils
sortaient de la maison.
Moi qui étais dans les
derniers à sortir, je me suis retourné et je vis la femme de la maison
descendre à la cave.
Je la suivis avec 3 de mes
camarades et nous avons fermé la porte. Quelle fusillade se passa autour de
cette maison !
Je voyais la mort à chaque
instant.
Peu après on respirait une
odeur de fumée, le feu était à la maison, et le coup était fatal il fallait y
passer.
Ce qui restait de rescapés
comme blessés descendirent à la cave nous rejoindre.
Parmi eux se trouvait
encore Cerceau, mais Raoul avait été achevé à coup de baïonnette et de crosse.
Nous avons bouché l’entrée de la porte avec des gros pots de grès pour nous
protéger du feu. Le plafond étant cimenté et des solives en fer ont pu résister
à l’incendie qui fut terrible à endurer, comme chaleur, et on voyait les
cadavres brûler de l’escalier du 1er étage jusqu’à la cave.
Le lendemain matin (le 23)
vers les 4 H, on entendait une voix qui appelait autour de la cave et que l’on
reconnut, c’était le Docteur Sédillot qui s’était tiré de l’incendie en sa
tirant dans le jardin.
Il descendit à la cave, on
le pansa au plus vite car il souffrait terrible.
Et l’on resta jusqu’à 4 H
du soir où l’on sortit pour la soif et la faim.
Nous avons mangé des pommes
de terres crues et bu de l’alcool à brûler. Un infirmier sortit chercher de
l’eau et ne revint pas.
Un blessé sortit également,
pas de nouvelles. On suppose qu’ils étaient prisonniers ce qui nous engage à
sortir.
Quand nous sommes sortis
dans la rue, les soldats allemands nous recueillent et nous conduisent au poste
qu’ils avaient établi auprès du cimetière de Gomery, et là on eût l’espoir
d’être sauvé, mais tout n’était pas ainsi.
Le Docteur De CHARETTE de
la CONTRIE, Médecin Major du 3ème Groupe blessé au combat et que
nous avions prévenu, et mis dans une maison à côté de notre poste, embusqué
pendant l’incendie avec 3 blessés, se rendit le lendemain comme nous.
A la sortie de sa cachette
un coup de feu partit sur un soldat allemand et le blessa à la jambe – on les
accusa tous les trois, n’étant pas fautifs surtout qu’on leur avait retiré
leurs armes aussitôt arrivés au poste. C’était peut-être qu’une simple balle
qui pouvait faire explosion des décombres.
Mais sans plus
d’explication on les conduit dans un jardin où ils furent tous trois fusillés.
Le Docteur De CHARETTE de la CONTRIE avant de mourir donna son portefeuille,
contenant 600 et quelques francs et son adresse pour écrire à sa femme, à
l’officier allemand ce qui provoqua un grand émoi parmi tous les blessés et
prisonniers qui se trouvaient là.
On fit des pansements aux
blessés les plus graves avant de partir et vers les 6 H du soir, la Croix Rouge
allemande passa, logea les blessés dans l’église, comme c’était le seul endroit
qui restait dans le pays tout étant pillé et brûlé.
Quelques infirmiers sont
restés avec deux médecins allemands.
Le Docteur Sédillot avec un
lieutenant du Génie étant grièvement blessés furent mis dans une ambulance pour
être conduits dans un hôpital plus grand, il demanda que je le suive et on
partit sur Ruette et Allondrelle (France) où l’on resta dans une Croix Rouge et
que l’on fut bien reçu, nous revenions voir la France.
Ainsi le lendemain soir (5h. le 24)
on nous fit savoir que leur hôpital principal serait à Vezin. Alors on
réquisitionna des voitures et on conduit tous les blessés à Vezin.
Toujours sans soins, et je
crois que le lieutenant du Génie n’aura pas supporté longtemps sa douleur de
l’amputation de sa jambe – Surtout que la tétanos commençait à s’engager.
Une fois arrivés à Vezin
(distance 5 Km) les blessés étaient en grand nombre, et les nôtres ne furent
rentrés qu’à 2 H du matin.
Dans cet hôpital il pouvait
y avoir dans les 400 blessés, presque tous allemands.
Je fus retiré à l’arrivée
et conduit au poste allemand, installé dans un jardin, couché sur l’herbe
mouillée où j’ai eu follement froid.
Le lendemain je fus conduit
dans un champ où se trouvait tout le service de santé du 124èmed’Infanterie
fait prisonnier à leur poste à Moreville.
On nous ramena à Vezin dans
la Mairie où l’on resta une journée, et le lendemain on nous conduisit dans une
grange où l’on resta encore une journée, sans paille de couchage, et en
touchant à peu près la valeur de 3 ou 4 p. de terre et une boule de pain pour
une trentaine que nous étions.
On reçut l’ordre de partir
pour Aslon.
On se met en route à pied
(distance 40 Km) mais on fut vite fatigués. Arrivés à Malmaison on réquisitionna
deux voitures et l’on se mit en route.
A chaque halte les
habitants se pressaient pour nous apporter de l’eau. Nous sommes repassés à
Gomery où le convoi se renforça d’autres blessés et prisonniers.
Et l’on se remet en route,
nous passons à Etre et quelle impression de voir les ruines du 3ème
Groupe de chez nous = tous les caissons et chariots versés, chevaux et hommes
tués en telle quantité, que nous passions sept jours après la bataille et que
tout n’était pas encore enterré.
Petite ville à peu près
trois mille habitant, toute incendiée et pillée, sauf la Mairie et la maison de
la Croix-Rouge, même l’église fut incendiée et ainsi tous les pays que nous
avons passés, sauf Arlon, capitale du Duché Belge, très belle petite ville de
Belgique, où nous sommes arrivés à 3 Heures du matin.
On nous colla dans un
magasin à charbon, et toujours bien gardé, on a dormi sur des bancs – et vers 8
H on nous embarqua pour nous diriger sur un camp.
Nous avons traversé le
Grand Duché qui est de toute beauté, d’abord tout le Luxembourg, les bords du
Rhin, de la Moselle.
Après tout était à peu près
comme la France, même culture de pommes de terre en quantité. Arrivés à Kassel
on touche une soupe le dimanche matin.
Nous continuâmes toujours
ce voyage sans fin, et à minuit on nous fit descendre à Magdebourg, puis entrer
dans une salle où l’on nous donna une tasse de café et deux tartines ce qui
sembla bon.
Une demi-heure plus tard,
départ et nous sommes arrivés à Alten-Grabow, après deux jours et deux nuits de
chemin de fer, fatigués.
On fit son entrée dans une
baraque où nous étions les premiers français.
Quelques belges seulement
étaient arrivés.
Même à toutes les gares on
avait le soin de nous faire voir à tout le public qui était prévenu
auparavant et se précipitait dans les
gares et sur les barrages ( ?) pour nous voir et nous faire des menaces
surtout femmes et enfants.
Premier travail arrivés au
camp on nous fit couper du pain pour distribuer à tous les blessés, et l’on
toucha un peu de café.
Couchage dans des écuries
sur peu de paille, comme la température était bonne ça pouvait aller.
Mais nous fûmes vite
empestés et engagés avec toutes espèces de vermine et tous les jours il
arrivait des blessés en quantité et l’on espérait toujours y voir des siens, et
on se pressait pour avoir des bonnes ou mauvaises nouvelles, surtout que les
sentinelles se faisaient un plaisir de nous annoncer des défaites, et la prise
de Paris à chaque instant.
Cette « joie »
dura à peu près un mois, mais ensuite tout devient plus monotone, une jeune
classe (allemands) fut vite appelée et envoyée six semaines après, et les
prisonniers venaient en petite quantité et apportaient des meilleures
nouvelles.
Les vivres commençaient à
arriver difficilement, des fois 24 H sans pain et tout repris son courant.
Encore une autre classe
appelée toujours de plus en plus jeune même jusqu’à l’âge de 15 ans – Tout
paraissait meilleur pour nous pendant un mois, nous touchions du pain de
meilleure qualité, et après nous sommes venus au pain noir, pain de troupe
Menus de quelques repas
Le matin = café sans sucre
eau chaude
Midi = soupe – soir = soupe
et un morceau de pain – loin de la suffisance
Comme soupe = nouille avec
pommes de terre et lard ou supplément de pommes de terre ou carottes avec
rutabagas à l’orge et au son souvent, et quelquefois nous avons eu du cacao.
Cuisine détestable
Le travail des prisonniers
était compris de terrassement dans les camps et à la construction de baraques
neuves pour les hommes, et que nous avons habité plus tard.
La Croix-Rouge était
occupée auprès des blessés qui étaient en grand nombre, les premiers temps
peut-être 600
On leur fit les premiers
soins et les plus malades furent évacués sur Magdebourg dans des hôpitaux.
Les médecins allemands font
preuve d’un grand dévouement envers nos blessés, tandis que les Majors français
au nombre de 60 ne faisaient pas grand travail et pourtant réclamaient fort la
paye qui était bonne pour eux.
Nous, infirmiers –
brancardiers, notre travail était qu’auprès des blessés nous étions exempts de
toutes corvées, et après un certain temps un service fût organisé, comme nous
étions à peu près 150, l’on était de service tous les 3 jours.
Tous les dimanches il y
avait messe catholique et protestante dans des baraques libres. Le soir des
chanteurs se réunissaient en plein air, c’était assez gai et les dimanches
souvent concert par des chanteurs parisiens.
Mais tout était bien
monotone pour d’aucun
Les premiers temps on nous
avait autorisé à écrire, puis on nous dit que les lettres ne partiraient pas et
le 20 octobre on reçut la
permission d’écrire une lettre.
Le 21,
près de trois mille prisonniers russes sont arrivés.
Ce qui forme un camp
international = Français Belges Anglais Russes.
Le 23
je fus affecté à l’hôpital pour servir le Docteur Monsoijean ( ?) dans ses
opérations.
Le 27,
trente infirmiers brancardiers furent désignés pour retourner en France
soi-disant.
Le 30,
près de trois mille prisonniers Russes furent évacués sur Koenigsberg
(frontière russe ?) près Alten-Grabow , où nous sommes, où nous sommes
près de dix sept mille en ce moment.
Les médecins se sont
cotisés pour acheter des fleurs pour mettre sur les tombes des français morts
par la typhoïde et quelques-uns suite d’opérations.
Le 4 novembre je reçus ma première correspondance d’un camarade de la Croix-Rouge
parti pour la France, une carte de Zurich ( Suisse) – Le 5 novembre tous les
Belges reçurent l’ordre d’un rassemblement général et conduit au poste.
Les adjudants furent
conduits au poste et les hommes renvoyés dans leurs baraques. On demande à
leurs chefs des renseignements sur la neutralité de la Belgique, et voulant
leur faire dire que c’était la France qui était entrée en Belgique la première.
Le 6 novembre, les Majors et Officiers allemands deviennent très stricts et
grincheux, ils suppriment la viande et mettent à l’eau et légumes. Les Majors
Français affichent des dépêches datant d’au moins deux mois sur les tableaux du
camp.
Affichage du nombre de
prisonniers (depuis le 2-8-14 je suppose)
Français = Officiers = 3138 -
Soldats= 180618
Russes =
- 3121 - 186779
Belges =
- 537 - 34907
(Matricule d’un fusil
français = 26-79)
Le 10
novembre, l’échange de vingt
brancardiers fût annoncé et nous fûmes deux nommés d’office (1) et le reste fût
tiré au sort.
Note :
(1) Ces 2 nominations d’office
correspondent de façon certaine à la volonté des autorités françaises d’obtenir
le plus rapidement possible des témoignages irréfutables des exactions commises
par l’armée allemande en août 1914 devant les Tribunaux Internationaux siégeant
en Suisse, et ce en profitant d’échanges réguliers de prisonniers entre les
différents belligérants.
Le 11
novembre départ du
camp d’Alten-Grabow.
7 H 20 matin, puis
contrordre, ce que nous trouvons le temps long.
J’ai reçu une carte ce soir
de mon frère.
Le 12 à 8 H – ordre de
départ pour le 13.
à 7 H conduite au poste
sans sentinelle, ce qui paru déjà libre ! Et à 8 H direction de la gare
avec un caporal et deux hommes.
8 H 30 Alten-Grabow
9 h 45 = Loburg
11 H = Budenst
11 H 10 = Magdebourg
11 H 30 = Redhenberg
12 H = Hatzek
12 H 30 = Steinodorf
14 H 30 = Halle
16 H = Kosen
18 H 35 = Erfurt
21 H 35 = Bobra
23 H 30 = Fulda – repas, 3
H d’arrêt
Le 14
nov.
Départ Fulda 3 H 15
6 H 20 = Offendack
6 H 45 = Francfort, halte,
gare superbe
Manheim, repas bien à 10 H
20
Karlsruhe = 12 H 25
Baden-Baden – Offen… 14 H
45 – joli point de vue, nous laissons les Vosges à droite et la forêt noire à
gauche, nous passons à côté d’Oppeneirer ( ?) et apercevons les cloches de
Strasbourg
Offendurd = repas à 17 H 45
Constance = 23 H 20
Direction l’hôtel du Lac =
lit, chambre – réveil à 8 H du matin
Passage de la frontière à 8
H 30
Départ de Constance côté
Suisse à 11 H 45 le 15, réception admirable
Accueil chaleureux sur tout
le parcours
Arrivée à Zurich à 15 H
Petit déjeuner avec petit
pain ?
Départ 15 H 45, nous voyons
les Alpes couvertes de neige – Arrivée dans Berne à 17 h 10, déjeuner avec les
soldats Suisses
Départ à 20 H 30 parmi un
accueil chaleureux
Arrivée à Verrier à 23 H
20, Hôtel du Buffet (de la gare) – Grand repas avec les soldats Suisses, suivi
de chansons – Couché dans une caserne – Très joli panorama, nous sommes à 800 m
d’altitude parmi les montagnes couvertes de neige
A 8 H on retourne au buffet
et là un déjeuner suisse, des mieux servis nous attend = chocolat, beurre,
confiture, fromage, et à 10 h nous sommes partis au milieu d’un
enthousiasme !
Les soldats Suisses nous
ont fêtés c’était touchant.
Arrivée à Pontarlier
(France) à 11 H, nous fûmes dirigés à la Croix-Rouge chez M. Pernot,
Et à 3 H 20 départ pour
Besançon, où nous avons eu du mal à trouver à coucher – Le lendemain, nous
avons passé la journée à Besançon pour établir nos feuilles de route.
(fin - le 17 novembre 1914)
Commentaire de sa fille Suzanne :
« Et mon
Père repartit au front pour 4 ans ! »
Il y survécut,
sur le front, dans les Vosges, au 26ème régiment d’artillerie mais « protégé » pour le reste de
la guerre dans des emplois non combattants de cuisinier-ambulancier.
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