2ème jour de Mobilisation
Départ de Paris, gare des Batignolles 3h 15 du soir
Arrivée à Falaise (Calvados) le 4 Août à 4h10 du
matin. Caserne du 5ème d’infanterie
Formation du 205ème de réserve, faisant partie
du 3ème corps d’Armée, 53ème Division Général Perruchon
10h départ pour le feu. Réseau de l’état jusqu’à la grande
Ceinture.
Nous passons à
Eragny-Neuville à 9h du matin le 10.
Je pense à ma femme mes enfants qui ne sont pas loin, à
Youy la Moutier, mais rien à faire pour courir les voir. Je jette une carte sur
le quai de la gare. Je ne sais si elle est parvenue. Halte – repas à Creil à 2h
soir.
Arrivée à
Clermont-les-Termes à 4h du soir. En passant à Laon nous avons vu les autres
fraction de notre Division qui viennent se concentrer près de Vervins (Aisne)
Cantonnement à …..Bouleau à 5km de Clermont.
Matin- départ à 5h pour la Bouteille, près de Vervins-
Etape de 32km.
Séjour à la Bouteille du 11 au 20 août.
Pendant ce temps travaux de défense au Chaudron à 5km de la
Bouteille.
Nous organisons le Cimetière …l’Eglise, zone de tranchées
importante ; le génie est avec nous et prépare des tranchées de tir, car
toute la région est boisée.
Rien d’autre à signaler ce séjour.
Départ pour la frontière Belge.
Renforcement des lignes de la Sambre, il est 5 h il fait très chaud, nous nous
dirigeons sur la Capelle, où nous devons cantonner rien à signaler autre
que quelques aéros ennemis survolant les environs et que nous ne pouvons chasser,
vu leur grande hauteur.
Arrivée à la Capelle
à 3h soir- mal logés mais en revanche, bien nourris !
Rien
d’extraordinaire pendant la nuit !
Sur Flaumont (Nord) passant par Avesnes.
Occupons les cantonnements anglais et marbrerie de Flaumont
(très mal logés) nuit sans incident.
Quelques aéros au réveil, nos mitraillettes les reçoivent,
mais aucun ne tombe, en revanche ils nous envoient des bombes, qui
naturellement, ne nous atteignent pas !
Les combats de Mons et de Charleroi sont engagés.
Nous activons pour gagner la frontière et notre régiment
prend le bivouac à Colleret (village frontière), mes ordres arrivent
d’organiser une ligne de défense allant de Maubeuge, Jeumont et Erquelines
(Belgique)
Nous sommes en réserve pendant l’exécution de ces travaux
et seuls les aéroplanes viennent troubler les monotonies de l’attente !
Les combats sont acharnés vers Charleroi et Mons et nous
assistons pendant deux jours à un bombardement terrible.
Enfin le 24 au soir,
Un aéro français nous apporte l’ordre de marcher de
l’avant, le lendemain au petit jour, l’aviateur nous apprend que les forces
allemandes, sont considérables et que nous aurons du fil à retordre.
Malgré cela, il a bon espoir qu’ils ne dépassent pas la
Sambre !
Les dispositions de
marche d’approche sont mises au départ de Colleret et du village des
« Quatre Bras » où sont cantonnées nos réserves ;
Toute la division est là, la 69ème est à notre
droite (« Est de Jeumont »)
Le Général Parruchon est parti en auto, vers la ligne de
feu et la marche est très lente jusqu’au retour.
Malheureusement il ne nous apporte pas de bonnes nouvelles
et donne les instructions nécessaires pour reculer sur Maubeuge qui est à 13km.
Les allemands avancent avec rapidité, et il faut à tous
prix, prendre du champ pour se reformer avec des forces plus nombreuses.
Le 205ème reçoit l’ordre de couvrir la retraite
de la division, qui s’exécute en bon ordre et sans incident.
Plusieurs aéros nous bombardent mais ne nous causent pas de
dommages.
Maubeuge est atteint vers midi, la Division y est depuis 1
heure et attend la cavalerie Anglaise qui se joindra à nous pour ne plus nous
quitter.
La grande halte a lieu sur le glacis du fort d’Aulnoye
(faisant partie de la défense de Maubeuge) et le départ s’effectue sous l’œil
des aviateurs ennemis, que nos fusils et mitrailleuses ne peuvent chasser.
Le 205ème garde ses positions d’arrière garde et
rien n’est à signaler sur l’arrière, jusqu’au pont du chemin de fer d’Aulmont.
Nous obstruons toutes les voies après notre passage ;
le pont nous donne beaucoup de mal, car il fait nuit et nous n’avons pas
grand-chose pour faire des barricades ; quelques voitures et tonneaux de
bière trouvés dans une brasserie voisine, pendant ce travail, nous entendons
quelques coups de feu.
Ce sont les flancs-gardes anglaises qui ont rencontré les
Uhlans.
Elles s’en débarrassent assez vite et la marche continue,
sous une pluie battante, jusqu’à St Waast, où a lieu le cantonnement d’alerte
la 1ère ….est d’avant postes et la nuit est assez calme :
quelques coups de fusils seulement : l’obscurité n’est troublée que par
les projecteurs et enfin le jour parait sans que nous ayons à faire à l’ennemi.
La cavalerie anglaise est partie dans la nuit ainsi que des batteries
d’artillerie qui doivent couvrir la retraite avec le 42ème des
nôtres.
Ces troupes ont été placé face au bois des Petit et Grand
faubourg pour permettre à notre corps d’armée de s’écouler. Nous nous mettons
en marche au petit jour, le 205ème est toujours d’arrière garde et
tout se passe bien jusqu'à 3 heures.
A ce moment un aéro allemand plane au dessus de nous et
signale notre présence, le canon commence la danse et nous arrose copieusement
ainsi que les mitrailleuses, l’ennemi occupe tous les vois ; le 205ème
reçoit le choc et tient bon pendant que les troupes continuent la retraite en
bon ordre, quelques coups de canons tirés par les Anglais nous soulagent un peu
et nous permettent de nous replier petit à petit.
La 22ème compagnie dont je fais partie, est
particulièrement éprouvée nous avons là Pinard, Joseph, Colonna d’Istria
sergents blessés ; Desmortreux, caporal blessé aussi, tous assez
grièvement !
Plusieurs hommes de la 21ème compagnie sont
touchés légèrement, mais nous parvenons tout de même à nous tirer de ce mauvais
pas
Le combat s’arrête à la nuit et nous faisons vite pour
regagner le gros des troupes
La division est déjà parvenue au Nouvion, dans l’Aisne et
l’on se demande ce qui nous attend demain.
Ma section est d’avant-postes ; il pleut à torrent, la
situation n’est pas belle, mais malgré cela la nuit se passe bien. On nous
amène au matin un lieutenant du 254ème qui a été tué la veille au
faubourg et qui avait été laissé sur le terrain.
Le départ a lieu au jour, nous sommes à Barzy (Aisne) et le
reste de la division et déjà en route sur Guise, que nous atteignons vers midi
(grand halte)
Une demi heure d’arrêt pas plus et nous voilà en route de
nouveau, les allemands sont à nos trousses et il faire vite. On entend le canon
sur la droite, les flancs-gardes on fort à faire et cela retarde la marche.
Arrêt à Audigny, le général Joffre y est, et donne
l’ordre d’y cantonner en réserve, car la grande Division a été accroché dans la
journée et a été éprouvé, le combat est inégal et il va falloir sans doute
renforcer les lignes
Le village es organisé en prévision d’un recul des notre et
bien entendu personne ne se couche.
Les premières heures de nuit se passent sans incident, nos
patrouilles ne sont pas inquiétées et le départ s’effectue au petit jour sans
encombres
Les ordres arrivent d’activer la retraite car parait-il les
prussiens progressent rapidement ; nous approchons de l’Oise, et c’est là,
d’après les ordres donnés par le Général Joffre que nous leur ferons face.
Des renforts de l’Est nous arrivent, l’ennemi ne doit pas
passer l’Oise ; notre tâche, est de les maintenir pendant que se
concentrent toutes nos troupes sur la Marne.
Le nouveau point de concentration de notre corps d’armée
est : Séry-lès-Mézières (Aisne) et toute la rive de l’Oise jusqu’à
Hamégicourt.
Le régiment gagne Séry vers 4 h du
soir après avoir marché toute la journée ; nous sommes très fatigués mais
malgré cela, il nous encore prendre la garde au ponts qui se trouvent sur le
bord de l’Oise
A l’heure ou nous allons prendre nos emplacements, le canon
fait rage et les troupes engagées dans la journée ont terriblement
souffert ; des quantités de blessés descendent de la ligne de feu, et
beaucoup sont horriblement mutilés. A sept heures le combat est encore en
pleine violence, les allemands sont en force, mais nous tenons ferme jusqu’à la
nuit.
Le canon cesse vers
8 h1/2, nous avons perdu un peu de terrain et nous sommes obligés d’aller
prendre positions aux autres ponts qui se trouvent entre Moÿ et Hamégicourt
Le repos a été maigre depuis notre départ de la frontière
belge et nous n’en pouvons plus. Cependant nous ne pensons pas à la fatigue, il
faut à tout pris arrêter l’ennemi et cette idée nous donne du courage ;
même consigne à Hamégicourt qu’à Séry pour la 22ème compagnie qui se
partage les ponts avec deux sections du 319ème
Ces positions sont
prises par nous le 29 vers 10 h du matin, la nuit a permis à nos troupes
d’organiser des travaux de défense, sur le plateau d’Hamégicourt ; le
combat qui a repris au petit jour est d’une extrême violence et quoique nous
ayons des pertes énormes, il semble que l’avantage est à nous
Cette journée a été très dure ; le 257ème
le 48ème bataillon de chasseurs sont particulièrement éprouvés.
Beaucoup d’officiers sont blessés.
Un capitaine redescend du feu à la tête d’une poignée
d’hommes, il a les deux mains arrachées, et néanmoins nous encourage encore, un
médecin major a la tête complètement en bouillie et fait peine à voir. Presque
tous les autres sont touchés à la tête et cela dénote que les allemands tirent
bas.
Enfin le canon cesse, il est 10 h du soir. Nous profitons
de l’obscurité pour aller ramasser nos blessés et enterrer nos morts qui sont
malheureusement nombreux. Je suis nommé au retour, de garde avec mon escouade,
à un gué qui se trouve à
Le Sergent Colonna
de Ceccaldi vient vers 1 h du matin me renforcer avec une 1\2 section.
Nous veillons tous les deux jusqu’au jour, rien ne nous a
troublé que quelques coups tirés sans doute par nos patrouilles. Mes régiments
ont été pendant la nuit renforcés par quelques fractions revenus en hâte de la
frontière de l’Est ; le 306ème et le 287ème
d’infanterie, plusieurs groupes d’artillerie divisionnaire et quelques
batteries lourdes anglaises.
Toutes ces troupes
sont placées sur le plateau dominant la vallée de l’Oise et à l’aube, le bruit
est formidable, nos 75 font rage et l’artillerie ennemie répond de même, le feu
de l’infanterie est extrêmement violent et nos troupes ont fort à faire pour se
maintenir, la 22ème compagnie ne souffre pas trop, car elle est en
contrebas du Plateau et il n’y a que les obus mal ajustés, qui de temps en
temps nous éclatent à portée.
Et l’ennemi est sensiblement retardé dans sa marche, par le
fait, que nous lui opposons une résistance désespérée quoique moins nombreux
que lui, mais malgré cela nous ne pourrons le maintenir longtemps ici : on
sent vers midi que les prussiens tentent la marche en avant.
Le 287ème doit nous relever de la garde des
Ponts, nous l’attendrons vainement, car les péripéties du combat qui se déroule
sur le plateau, ne lui permettent pas de se retirer. Les positions sont
maintenues pal la 22ème compagnie et je reste de garde au gué
avec Colonna, l’ordre arrive vers 2h de défendre ce gué jusqu'à la dernière
extrémité
Je prend mes
dispositions de combat et n’ai à faire qu’à deux patrouilles de Uhlans, dont,
je me débarrasse assez vite, sans toutefois que deux de mes hommes soient
blessés.
Enfin à 4 h le génie fait sauter le 1er pont qui
sépare les allemands de nos troupes, et l’ordre m’arrive à ce moment de me
replier rapidement sur la Compagnie qui garde le 3ème pont sur un
des bras de l’Oise.
Le bruit est infernal et nous sommes étourdis par
l’explosion des deux ponts qui volent en l’air à l’instant ou nous arrivons
La Compagnie
s’ébranle pour aller prendre positions sur le plateau à la gauche du 236ème
d’infanterie ; nous nous déployons en tirailleurs au départ car les balles
pleuvent et il ne fait pas bon de bailler ; il faut arrêter l’ennemi ici,
au moins pour la nuit, et c’est au pas de course, que nous allons prendre
position ; pas mal de camarades tombent en route entre autre Cochu de
l’escouade à Ducrot. Nos mitrailleuses s’installent au bord du ravin qui
surplombe l’Oise, et vont cracher pendant deux heures.
Nos canons ne se font plus entendre et doivent être partis,
la situation n’est pas brillante et nous n’allons pas tarder à déguerpir ;
on aperçoit au loin de grosses masses allemandes sur le route de Moÿ. Enfin la
nuit arrive et l’ennemi n’a pas franchi la rivière ; le voilà encore
retardé de 48 heures sur sa marche sur Paris.
Nos troupes
prennent leurs dispositions de recul et tout se passe dans le plus grand ordre,
l’ordre est de gagner la « Fère » dans la nuit.
Ces deux journées
d’Hamégicourt nous ont coûté beaucoup, j’ai vu pour ma part, 17 hommes du 205ème
blessés mortellement et dont le plateau d’Hamégicourt est à présent la tombe
Le 251ème
d’infanterie, s’y est fait complètement démonté
Le 48ème
bataillon de chasseurs à pied a eu aussi des pertes énormes, le 306ème,
le 224ème le 205ème le 319ème s’en sont tiré à
peu près indemnes ainsi que l’artillerie française et anglaise
L’ennemi par
contre, eu des pertes considérables, l’artillerie a particulièrement souffert
du feu de nos 75, et leur réserve en save quelque chose
Nous sommes légèrement retardés au départ, car il nous faut
ramasser nos malheureux blessés ; le train militaire est comble et les
Majors n’ont guère de temps de prodiguer leurs soins ; peut être
trouverons une ambulance sur notre route et en sûreté.
Le 205ème est de flanc-garde pour la marche sur
la Fère ou la division un peu démembrée arrive vers 2 heures du matin ;
les maisons regorgent de soldats et nous ne pouvons rester là.
Un assez grand combat
s’est livré dans la journée dans les parages et la mairie ainsi que les écoles
sont remplies de blessés, force est de continuer notre chemin pour trouver un
gîte, nous sommes dans un triste état ; fatigués, mouillés de sueur ;
depuis notre départ d’Hamégicourt, nous n’avons pas encore eu une seconde
d’arrêt.
Voilà 6 heures que nous sommes en route, et pour mon compte
personnel, c’est en m’appuyant à un caisson d’artillerie, que j’ai pu arriver
jusqu’ici ; j’ai les pieds en sang.
Enfin, nous voilà parvenu
au gîte en question, c’est o dire dans les marais qui bordent la route de la
Fère à Andelin ; le Colonel nous y arrête, il fait encore nuit noire, tout
le monde s’effondre pour y goûter un repos bien gagné ; ce repos est de
courte durée ; Godet me réveille avec un quart de jus, je grelotte fièvre
et je ne sais comment je vais faire pour repartir.
Le père Ducrot en a
plein la hotte aussi, mais, nous nous encourageons tous deux et le café aidant,
nous voilà sur nos pattes ; le jour parait bientôt et l’ordre arrive de
gagner Andelain à 4km de là.
Le Colonel a
l’intention de nous y faire passer une partie de la journée du 31Août, car
d’après les nouvelles reçues l’ennemi ayant eu fort à faire pendant ces deux
jours aurait l’air de vouloir prendre quelque repos
Nous sommes reçus
au Château à Andelain, qui possède un parc immense et de nombreuses pièces
d’eau, qui nous sont de grande utilité. Nous ne faisons pas de frais de
toilette en ce moment et c’est avec joie que nous profitons de l’aubaine.
Corvée de lavage
bien entendu
Repos en suite, sur les pelouses ; c’est l’oubli
complet, pas pour longtemps, une division de cavalerie allemande s’est signalée
dans la région de Coucy-le Château, il est midi.
Le 205ème
reçoit l’ordre de partir au plus vite dans cette direction ; branle bas
dans le parc bouclage des sacs au trot départ à midi 1\2 il fait très chaud, la
marche excessivement pénible en région montagneuse et boisée
Rien d’important
jusqu’à St Gobain, où nous prenons les formations d’approche vers Coucy. C’est
avec d’infinies précautions que notre entrée se fait part le village ; le
5ème bataillon le contourne pour gagner Landricourt qui est à 4km de
là.
Nous sommes près de l’ennemi car le curé nous apprend que
les Uhlans sont venus dans la journée ; il croit que le gros de la
division occupe le village de Crécy-au-Mont, à quelques kilomètres de
Coucy-le-Château. Le 6ème bataillon prend ses dispositions de
cantonnement d’alerte et la 4ème section prend les avant postes, les
patrouilles nous ramènent dans la nuit quantité de prisonniers dont deux
officiers en auto : ce qui prouve en effet que le gros n’est pas loin, au
matin nous n’avons pas encore d’ordres du Colonel qui est croit-on toujours à
Landricourt.
Notre commandant ne sait pas, s’il doit attendre pour faire
une sortie et gagner Soissons.
Une reconnaissance lui annonce que en effet la Cavalerie
ennemie occupe les hauteurs de Crécy, et barre la route de Soissons ce qui le
décide d’attendre le Colonel et le 5ème bataillon
Nous attendrons
longtemps, car à midi, nous n’avons encore aucune nouvelle du Colo : la
situation est très embarrassante et le Commandant, ne sait que faire
A ce moment arrive
un bataillon du 148ème d’infanterie et deux batteries de
mitrailleuses ce qui décide notre chef de bataillon de tâter le coup sur
Crécy : un autre bataillon du 148ème arrive encore et va nous
permettre de réussir.
Les dispositions sont prises pour quitter Crécy-le-Château
Le 148ème
s’engage à droite dans les bois, qui s’étendent jusqu’au canal que nous devons
traverser ; le 205ème prend à gauche et une batterie de
mitrailleuses prend la route de Soissons, elle nous permettra par son feu
violent d’arriver sans trop de pertes à l’entrée du village.
Tout se passe bien
pendant quelques minutes, nos éclaireurs signalent bientôt une section de
mitrailleuses allemande installée sur le pont du canal ; deux sections du
148ème sont dépêchées pour s’en débarrasser ; elles y
parviennent non sans peine et après avoir eu plusieurs hommes tués ou blessés
Les ailes en profitent pour progresser et nous voilà à 7 ou
La situation n’est
pas fameuse nous avons avancé trop vite et les mitrailleuses nous fauchent
comme des lapins ; nous sommes complètement à découvert,car force nous a
été de quitter les bois bordant la route, le terrain marécageux ne nous
permettant pas de pousser l’assaut dans de bonnes conditions
La route à l’endroit où nous débouchons est complètement
nue aucun arbre ni haie pour de dissimuler ; la place est bien choisie et
surtout bien repérée les boches nous reçoivent chaleureusement ; les
balles crépitent et les obus fusants nous descendent sur la tête :
qu’allons nous faire dans ces conditions là, le coup n’est en effet pas beau et
les copains tombent comme des mouches.
Le malheureux petit
remblai est tout proche, tout le monde s’y précipite et il ne sera pas possible
d’en bouger pendant 3 heures tant le feu est violent.
Les mitrailleuses
envoient leurs rafales régulièrement et les canons tirent sans discontinuent.
Nos mitrailleuses
qui ont été déplacées au plus haut de la route ne tirent pas longtemps, car
elles sont mises hors combat tout de suite, la position devient tout à
fait dangereuse, les balles tapent sur la route derrière nous et les ricochets
nous abîment les jambes, nos gamelles sont en parties criblées de balles et il
nous est impossible le faire le plus petit mouvement ; devant cette
situation critique le commandant décide l’assaut.
Les quelques
sections de têtes s’ébranlent et nous nous préparons à les soutenir mais elles
ne vont pas loin ; les nombreuses batteries de mitrailleuses établies à
l’entrée de Crécy les fauchent en quelques minutes.
C’est affreux
quelques hommes descendent comme des fous, et nous avons du mal à les faire se
coucher près de nous tant ils sont affolés. Le Colonel du 148ème
passe derrière et nous encourage, il est très crâne et nous dit de ne pas
bouger tant que ses deux bataillons, ne seront pas près de nous.
Nous sommes attentifs aux ordres qui nous arrivent peu de
temps après.
L’assaut va être
tenté en masse par les 3 bataillons (205ème et 148ème)
ils nous restent que deux mitrailleuses pour préparer le travail ; et
encore les chevaux sont tués, les servants ont bien du mal à arriver au plus de
la route. Enfin, le clairon se fait entendre et nous voilà partis. Nos deux
pièces crachent bien et cela nous encourage.
Nous sommes serrés et la route monte terriblement ; ce
qui nous retarde. Nous avons un moment d’espoir, l’ennemi cesse de tirer
pendant quelque temps ce qu’il nous fait croire qu’il va déguerpir. Hélas, ce
n’est qu’une ruse, ils ont simplement déplacé leurs pièces, et c’est avec un
feu terrible qu’ils nous reçoivent en enfilade au bout de la route.
Ils nous tuent à bout portant et rien pour s’abriter. Ah si
nous avions seulement un peu le 75 avec nous, nous aurions le passage ;
car enfin ce n’est que de la cavalerie.
Et elle pourrait
des fois passer un sale quart d’heure. Malheureusement nous ne sommes pas assez
forts et il va falloir encore une fois se débiner en vitesse
Le commandant
envoie l’ordre de se replier par échelon ; le travail n’est pas mince,
c’est encore plus dangereux que marcher de l’avant et nous avons des pertes
terribles.
Il nous est
impossible de partir par la route, les obus coupant la retraite et balayant le
pont du canal ; il nous faut prendre les marais où nous avons de l’eau et
de la glaise jusqu’aux genoux.
Le 148ème
est particulièrement éprouvé au passage du pont, son convoi est en partie
détruit et le nôtre suit le canal pour ne pas avoir le même sort.
Chaque endroit découvert est fatal et combien de camarades
laissons nous là.
Enfin nous atteignons la route le Laon ; notre convoi
s’y engage et la 22ème est désignée pour l’accompagner pendant que
le commandant reforme le restant du Bataillon. Il me manque des hommes. Mon
pauvre Dumont s’est fait sauter la tête en montant à l’assaut. Ah le pauvre
vieux, c’est triste, il allait être papa et sa mort accidentelle nous à bien
peinés.
Il me manque aussi Lebigot, Lefèvre, Godart, Mesnil
Mon vieux copain de St Mihiel, Mispolet a disparu
aussi : le cabot de la 8ème escouade Campagnani ; le
Sergent Dormois, Amont sergent aussi ; et une foule d’autre inconnus de
nom pour moi.
Triste journée, beaucoup de pertes sans résultat et qui
nous a fait perdre du temps, notre seule ligne de retraite était Soissons, nous
voilà donc coupés, aucune nouvelle de notre Colonel, est-il échappé avec
l’autre bataillon, nous l’espérons, nous voilà en route sur Laon ;
peut-être aurons nous la chance d’y trouver du renfort.
Nous sommes complètement isolés et sans aucune liaison, ce
n’est pas sans danger, notre marche est rapide malgré le convoi qui nous
embarrasse ; le commandant nous a rejoint, mais les autres compagnies ne
sont pas avec lui, elles ont dut tenter la chance par un autre chemin.
Notre chef de
Bataillon ne cache pas que l’heure est critique, si nous ne trouvions rien à
Laon pour nous renforcer, nous sommes flambés. Les aéros ennemis ne donnent
plus signe de vie et cela nous fait croire que nous sommes débordés.
Laon est atteint
vers 1 heure du matin le 2 Sept la garnison est évacuée et ce n’est pas fait
pour nous remettre d’aplomb. Les troupes françaises par crainte d’être cernées
sont parties le 1er au matin.
Quelle direction
prendre maintenant ?
Le commandant décide de continuer plus loin vers
Reims : 45km à faire et nous ne tenons plus debout.
Enfin il le faut, nous nous remettons en route après
quelques minutes de repos, il fait nuit noire et la marche s’effectue ave
prudence.
Rien d’anormal
jusqu’au premier village (Ardon) ou on nous reçoit à coups de fusils.
Que se passe t-il ?sont ce les Prussiens, on n’y voit
goutte, les sections prennent rapidement les formations de défense pendant
qu’une patrouille, dont je fais partie, file vers les maisons.
Je suis avec le
sergent Denevers et nous ne nous cachons pas ; que l’instant est bien
moche. Nous sommes bientôt arrêtés par une sommation de « Halte-là »
qui nous remet le cœur en place, des français sont ici, qu’elle heureuse
aubaine.
Notre commandant
est prévenu aussitôt et le restant de la compagnie arrive en vitesse avec le
convoi. Tout un convoi de munition d’artillerie est là dans le village ;
sans aucune escorte d’infanterie.
Le commandant Nogué manifeste son énormément au chef de ce
parc, qui lui est très content de notre arrivée. Il est comme nous, dans une
bien mauvaise passe et n’ose pas s’aventurer maintenant que Laon est évacué
Après pourparlers
avec ce chef, notre commandant décide de nous faire prendre un peu de
repos ; nous n’en pas fâchés, car nous ne tenons plus debout.
Malgré cela, nous
n’ignorons pas que le péril est grand, et pendant ce deux heures de pause,
chacun dort en gendarme ; le bivouac est bien entendu, établi dans le
village de façon à être à la première alerte.
Rien ne nous dérange
jusqu’à 3 heures du matin ; heure à laquelle nous nous mettons en marche
en silence ; notre compagnie prend la tête du convoi d’artillerie et deux
sections du 148ème qui nous ont rejoint dans la nuit, forment
l’arrière-garde.
C’est un véritable
tour de force que nous allons tenter, Reims est à 42km d’ici et la marche sera
lente, les chariots nous retardent beaucoup ; le terrain est très montagneux,
enfin tout ce qu’il faut pour nous empêcher d’arriver au but
Aucun incident ne
vient troubler la colonne pendant quelques heures.
L’espoir renaît un
peu chez nous, peut-être aurons nous la veine d’échapper aux allemands qui
progressent rapidement. Si on parvient à gagner Reims, dans la journée, nous
sommes sauvés et cela nous fait oublier la fatigue ; il faut à tous prix
que matériel qui est avec nous, ne tombe pas à l’ennemi.
Il y a là toute une section de matériel avec 1300 chevaux,
notre propre convoi etc…. Malheureusement, l’escorte est peu nombreuse et la
tâche sera lourde si on rencontre des boches, nous avançons assez rapidement
après avoir dépassé Bruyères ; les habitants n’on encore rien vu et cela
les rassure.
Chamouille est atteint aussi sans aucun Uhlans soit
signalé, il est vrai qu’il n’y pas beaucoup de chemin de parcouru, nous ne
sommes qu’à 12km de Laon et nous avons encore le temps d’en voir.
En effet à peine
sorti de Chamouille, les éclaireurs font signe d’arrêter ; Que se passe
t-il !
Le sergent Major
Michel part devant avec notre section, les éclaireurs sont arrêtés avec un
groupe de soldats blessé qui nous disent que les bois environnants sont garnis
de uhlans et que leur sergent a été tué par eux dans la sucrerie que l’on voit
sur la hauteur; ce sont des isolé du 5e d’infanterie, notre régiment
d’active, qui se sont perdus pendant la retraite
Le sergent Major
fait aussitôt prévenir le Commandant et me fait partir en éclaireur avec
Dauphin et Lefour. Alexandre qui commandait les premiers éclaireurs, s’étant
trompé de route en sortant du village.
Nous laissons nos sacs là, pour marcher plus vite et nous
nous engageons tous les trois dans les bois, pendant que le convoi
s’ébranle ; il ne faut pas perdre de temps car si ce ne sont que quelques
patrouilles de uhlans, il nous sera facile de les enlever avant l’arrivée de
leur gros ; c’est donc le plus rapidement possible et avec d’extrêmes
précautions que j’avance ; Dauphin est avec moi et Lefour, en liaison avec
la section «Michel » qui est de pointe.
J’atteins Neuville à
quelques kilomètres de là sans avoir rien vu. Par contre les habitants ont l’air
effrayé de me voir il me font des signes désespérés pour que j’arrête, ce que
je fais ; un homme me dit que les allemands sont dans les parages, et me
fait voir au loin sur la route de Paris, une troupe en marche. Je fais prévenir
l’arrière et j’attend les ordres, le capitaine Fauchey arrive bientôt avec le
lieutenant Delmas ; à l’aide de leurs jumelles, ils reconnaissent
disent-ils les Anglais !
Qu’elle joie, nous voilà sauvés.
Avec Dauphin nous ne partageons pas la même idée, nous
avons l’intuition que nos chefs se trompent, et j’en fais part au Capitaine qui
est resté en tête avec nous.
Malheureusement le brave homme (car c’en était un) ne veux
rien entendre, il a foi en ce qu’il a vu et nous dit d’activer l’allure,
ah !
Le pauvre père Fauchey ! Quelle erreur de sa part, et
qui lui a coûté la vie.
Voyant que nous n’étions pas surs de ce qu’il nous avait
dit, le voilà qui nous quitte pour aller souhaiter le bonjour aux Anglais.
Nous le voyons filer au trot sur la gauche et à travers
champ directement sur les boches. Il ne revint pas naturellement, la première
fut pour lui, nous vîmes son cheval s’emballer sur la crête, au moment où avec
Dauphin je rentrais dans le bois de Chermizy
Le convoi dès ce moment était repéré, les canons allemands
se mettent à tirer de trois points différents, de façon à couper la retraite
possible sur Chamouille.
Presque tous les chevaux sont dans le village de Neuville
et il ne restera pas beaucoup de maisons à la fin du combat car les obus
pleuvent drus.
Nous avons donné tête baissée dans une division complète et
nous n’en sortirons pas
La situation n’est guère brillante, dans le bois où je mi
suis réfugié avec Dauphin, et où la section « Michel » nous a
rejoint, quelques hommes sont déjà tombés et il est grand temps de s’abriter
dans le fossé.
Les mitrailleuses commencent la musique. Nous ne voyons
rien, tant que les bois sont épais, les balles frappent la route et nous sommes
obligés de nous retirez plus arrière pour éviter les ricochets
Le Sergent major déploie la section, chacun derrière un
arbre et nous attendons les événements
Au loin vers Neuville, le carnage est affreux. Les
artilleurs ont essayé de tourner bride, mais les obus affolent les chevaux et
le désordre est complet
La 22e s’est déployée devant le village mais le
terrain est découvert et les hommes ne peuvent rien faire. Du point ou nous
sommes, nous voyons tomber comme des lapins. Ah ! Le triste tableau.
Ici le feu est très violent aussi, les obus tombent dans
les arbres et sur la route : heureux pour nous de l’avoir quitté à temps.
Il nous est impossible d’ajuster les coups, car nous ne distinguons absolument
rien, on sent très bien que le tir ennemi se rapproche, nous mettons baïonnette
au canon pour recevoir les tirailleurs.
Tout à coup le canon cesse et la sonnerie se fait
entendre ; c’est notre pauvre compagnie qui succombant sous le nombre, et
après avoir laissé près d’un cent des nôtres sur le terrain, se rend.
Immédiatement des nuées de « Hussards de la mort » débouchent de
partout, nous essayons de combattre dans notre petit coin, mais pas longtemps.
Nous sommes 20 contre 1000 à peu près
C’est les larmes aux yeux que nous abandons la lutte. Le
vieux copain Adam est là blessé il a le bras droit emporté et les allemands nous
le laissent tout de même emporter avec nous.
Les morts sont laissés, il y a beaucoup d’artilleurs, des
territoriaux tous pères de famille.
Le 205e a donné sa part aussi, car en traversant
la route, on voit au loin les culottes couchées sur le terrain. Je vois entre
autre Dumaine qui se traîne en râlant, les allemands le ramassent et le mènent
à l’ambulance. Le sergent Rochefort tué au début du combat, je cherche partout
Dauphin qui était éclaireur avec moi, mais je ne le trouve pas, quelques uns
disent : » qu’il a été blessé et qu’il a pu se débiner », tant
mieux pour lui, je lui souhaite. Nous cherchons aussi le pauvre capitaine, mais
ne le trouvons pas non plus ; il a du être ramassé au début lui aussi, et
personne ne sait par qui
Les allemands occupent
Chermizy, c’est là qu’ils nous conduisent ; mes pauvres camarades pris
dans Neuville viennent nous rejoindre nous sommes bien peu nombreux et nous
avons la mort dans l’âme.
Je cherche encore
Plistou un vieux copain, il n’est pas là ; chacun cherche ses amis, mais
ils manquent. Quel malheur
Notre commandant a put s’échapper, du moins, c’est ce que
l’on dire. Il n’est pas de même du chef du parc d’artillerie, car il est avec
nous, ainsi que presque tous ses officiers. Nos deux lieutenants sont là aussi ;
le sergent major Michel, le sergent Colonna de Cerraldi, Dollot, Leverton,
Degeorge, Boulon, Parisot. Mon vieux père Ducrot est avec moi ainsi que Coulon,
j’en suis bien heureux, le calvaire sera moins douloureux et nous serrons la
main, étonnés d’être encore vivants.
Le plus terrible est
que la plupart des munitions sont entre les mains des Boches, très peu ont put
être sauvées par Chamouilles, et n’irons sans doute pas loin. Les allemands
sont partout maintenant, et il leur sera dur de passer les lignes. Enfin nous
souhaitons de tout cœur que les dispositions soient prises sur la Marne pour
arrêter les envahisseurs.
Nous sommes prisonniers. Il est 11h du matin
Localités
où nous avons couché avec les allemands en nous dirigeant sur Fourmies (nord)
où a lieu notre embarquement pour Erfurt.
2 Sept :
Eglise de Bourg Comin (Aisne)
3
Sept : Eglise de Notre Dame de Liesse (Aisne)
4
Sept : gare de la Capelle (nord)
5
Sept : 3h soir, gare de Fourmies (nord). Embarquement
Etapes
faites à pied avec les allemands ; de Neuville à Fourmies :
2
Sept : Neuville à Bourg Comin
3
Sept : Bourg Comin à Notre de Dame de Liesse
4
Sept : Notre Dame de Liesse à la Capelle
5
Sept : La Capelle à Fourmies
Embarquement
à Fourmies le 5 Sept 3h soir
Localités
traversées en chemin de fer
Charleroi,
Namur, Liège, Verviers (Belgique), Aix la Chapelle, Cologne, Pépinater,
Elberfeld, Aetena, Krentzstal, Werdenan, Liegen, Betzdorf, Erfuit (8 sept à
1h1/2 soir) 70heures1/2 de chemin de
fer. Ravitaillement par…
Deux divisions d’infanterie, la
53e et la 69e revenues de Jeumont (frontière belge) après
les combats du 23-24-25 Août près …Charleroi et Mons (Belgique ont mission de
former un rideau mobile le long de la frontière belge de façon à retarder le
plus possible la marche des allemands qui depuis le chute de Namur, progressent
d’une façon inquiétante. Ces divisions sont formées de tous le régiments de
réserve du 3e corps d’armée et quelques fractions revenues en hâte
de notre frontière de l’Est.
Il y a le : 319e
-205e -224e-251e-236e-254e-
le 48e bataillon de chasseurs à pied ; toute l’artillerie
divisionnaire et une escadrille d’aéroplanes. Voici la disposition de ces
troupes le 25 Août au départ de Jeumont (nord) où elles étaient en réserve aux
derniers combats de Belgique.
Le 25 au matin, la 205e
d’infanterie qui a bivouaqué aux « quatre Bras », village frontière
reçoit l’ordre de se replier sur Maubeuge ; l’ennemi qui la veille au soir
avait été maintenu de l’autre coté de la Sambre a fait des progrès dans la nuit
et nous oblige à reculer
La tâche de se régiment et de
couvrir la retraite de la 53e division et de tenir tête jusqu’à ce
qu’elle ait atteint Maubeuge qui est à 13km. Le 205e étend sa ligne
d’arrière garde de Colleret (Nord) à Erquelines (Belgique).
Le temps presse et c’est sans
arrêt que la division atteint le fort d’Hautmont, d’où elle attend les ordres
qui arrivent par aéro.
Il est 5h du soir, l’ennemi est
signalé dans les parages d’Aulnoye, St Waast, le Général Fayt. Il faut pris le
maintenir avec l’aide de la 69e division de l’armée l’armée Anglaise
qui nous a rejoint. Nous avons à ce moment l’espoir d’arrêter, pendant quelques
heures, comme à la frontière belge, le flot envahisseur ; mais nos forces
sont trop faibles et la masse ennemie est considérable.
Nos éclaireurs entrent en
contact avec les uhlans du chemin de fer d’Aulnoye (nord). Notre division est
déjà passée et doit être en position dans les bois de Barsy le grand
Faubourg après un léger combat avec ces
uhlans et où nous avons l’avantage, nous continuons la marche sur St Waast qui
est atteint vers minuit.
Il pleut à torrent et nous
sommes très fatigués. Le calme le plus complet règne dans les environs et
l’obscurité n’est troublée que par les projecteurs qui n’arrêtent de
fonctionner. L’ennemi se réserve pour le lendemain 24 août et a pris les
dispositions de combat dans les bois placés face au village du Général Fayt,
c’est là que nous le trouverons en forces six fois supérieurs aux nôtres.
Après une nuit sans incident,
notre bataillon reçoit l’ordre de se porter à l’intersection des routes du
« Petit Faut » et du Nouvion de façon à protéger ces voies des
charges de cavalerie, pendant que le gros de nos troupes va défiler devant
l’ennemi, lui faisant croire que nos forces sont de taille à répondre, la ruse
fait son effet, car ce n’est que vers 4h du soir, que les premiers obus tombent
dans nos rangs.
L’ ordre pour nous est, de ne pas accrocher, seules
les batteries Anglaises envoient quelques coups de mitraille, ce qui permet à
nos troupes, de se retirer dans de meilleurs conditions. Malheureusement, notre
bataillon est légèrement éprouvé, il a tenu tête jusqu’à la fin et notre
compagnie a pas mal de morts et de blessés
Ma
section est d’arrière garde et d’après le lieutenant Romain qui nous commande,
nous ne craignons rien, nous sommes installés au repos sur la route du
« Petit Faubourg », à une centaine de mètres de notre compagnie qui
garde le croisement de la route du Nouvion
Chacun est content de ce repos bien gagné et moi, j’en profite avec mon
vieux Ducrot pour casser la croûte, nous ne nous doutons pas que le baptême du
feu est bien proche et c’est d’assez bonne grâce et je vais faire honneur au
coup le picolo qu’il m’offre et que je n’ai pas le temps d’avaler. En un obus
vient d’éclater au même instant à dix mètres de nous et nous glace d’effroi,
tant la surprise est grande. La mitraille nous siffle aux oreilles et mon vieux
Ducrot, est épaté de me voir encore là, sans une égratignure. Ce n’est pas tout
les mitrailleuses tapent dures, et nous faisons vite pour ramasser le flingot
et le sac.
Il est temps un deuxième éclate en pleine route, fauchant un lieutenant
du 254e qui était en observation à coté de nous, le moment n’est pas
de rigoler, et je commence à comprendre qu’il faut se débiner de là ; tout
le monde est déjà au fossé et je me prépare à en faire autant, très prudemment,
enfonçant la baie ; un obus que j’entend venir me fait arrêter quelques
minutes, et blesse un homme de la 21e compagnie qui comme moi se
défilait derrière l’autre baie bordant la route. Il crie au charron et me
supplie de le panser ; la mitraille tombe sur la route, et je ne peux la
traverser pour lui porter secours ; ici un détail horrible. Une femme
portant un bébé dans ses bras, et qui revenait à travers champs, n’ayant pas
écouté son mari qui était à quelques mètres et lui disait de se coucher, fut
tuée par ce même obus et mise en pièces ainsi que le bébé.
Jamais de ma vie, je n’ai vu
pareil tableau. Le mari sain et sauf criant à fendre l’âme et ne voulant
quitter l’amas de chair déchiquetée de la femme et de son enfant ; nous
n’avons put le décider cet homme fou de douleur à venir avec nous : c’est
même une chance qu’il ne se soit pas fait tuer à son tour pendant le
combat ; il est resté tout le temps sous le feu des mitrailleuses à
l’endroit ou sa pauvre femme venait l’être fauchée. Minute inoubliable pour
nous.
Ce n’est pas tout le bilan de la
journée, nous avons eu le sergent Pinard blessé aux reins d’un éclat
d’obus ; le sergent Joseph, blessé à la cheville ; le sergent Colonna
d’Istria, blessé de deux balles dans le ventre ; le caporal Desmortreux,
blessé aux bras ; tous de la 22e compagnie.
Tous ces pauvres sont
transportés à l’ambulance qui se trouve dans une ferme à l’entrée du village du
« Grand-Faubourg », et nous avons un moment de frayeur après les
avoir installés, car un aéro allemand qui vient de nous survoler a repérait
cette ferme ; pendant quelques minutes, les obus pleuvent se entament la
maison, ce qui nous fait craindre pour les pauvres copains déjà bien éprouvés.
Enfin le tir ne dure pas
longtemps et le major peut leur donner les premiers soins. la 22e
compagnie garde ses positions pendant que le gros des troupes se retire en bon
ordre sur le Nouvion (Aisne), il pleut très fort et la fatigue est grande,
néanmoins nous avons l’espoir l’arrêter l’ennemi.
Après avoir retardé et maintenu
l’ennemi pendant près de 30 heures, sur la ligne : Grand Fayt, Barzy et le
Nouvion, nos troupes retirées en bon ordre, se concentrent vers
Sery-les-Mézières où quelques fractions du 18e Corps revenu de l’Est
les attendent. Nous sommes aux bords de l’Oise et d’après les ordres donnés du
Général en cher à Audigny, nous ne devons
plus reculer, la marche doit s’arrêter là. L’effectif de nos troupes est
celui-ci : les deux divisions, citées plus haut, presque complètes,
n’ayant pas souffert beaucoup dans les précédents combats, une brigade environ
de cavalerie Anglaise avec quelques batteries d’artillerie ; deux
régiments du 6e corps ; le 306e et le 354 arrivés en
hâte et deux bataillons de chasseurs à pied.
Le combat est engagé depuis le petit jour et, à l’heure on nous
arrivons, d’une extrême violence ; la 69e division est déjà
très éprouvée ; quelques régiments traversent l’Oise affreusement décimés
principalement le 48e bataillon de chasseurs à pied et le 251e
d’infanterie. Beaucoup d’officiers sont blessés, un major avec une blessure
hideuse à la tête fait peine à voir.
Tous ces officiers nous encouragent encore au passage et c’est un bien
triste tableau de voir ces soldats allant au feu croisant sur la route, les
pauvres vieux déjà touchés. Enfin par ordre du Général Perruchon, la 22e
prend la garde au Pont de l’Oise, nous n’irons pas au feu ce soir et notre
consigne serra de soutenir deux batteries de mitrailleuses établies sur le Pont.
Il est 5h du soir et le combat
diminue petit à petit d’intensité
Le canon cesse tout à fait vers 8h. Nous
prenons dès ce moment nos formations pour la nuit, qui sera relativement calme,
et nos troupes en profiteront pour exécuter un léger recul, dans la direction
d’Hamégicourt.
La journée de Séry (28 août) ne coûte pas
grand-chose à division, mais en revanche la 69e a beaucoup souffert,
l’ennemi a subi aussi de fortes pertes et est sérieusement retardé dans sa
marche. Notre régiment n’a perdu qu’un sergent qui a été tué par les Uhlans vers 2h du matin au service
d’avant-postes.
La journée du 30 août (Hamégicourt), nous
fera payer notre tribut plus durement, car c’est une des journées les plus
chaudes de ma campagne
P.S :
Rien à signaler comme détails personnels, à Séry-les-Mézières
Voir
plus loin, Hamégicourt
29
et 30 Août
Nous voici sur les rives de
l’Oise ; nos troupes couvrent un front, allant de Séryèles-Mézières à
Hamégicourt, face au village de Moy qui est situé de l’eau, à environ à 5km et,
où est supposé l’ennemi en force.
Notre artillerie es dissimulée
dans les meules et vergers situés sur le plateau dominant le village
d’Hamégicourt elle tire depuis le matin et les batteries ennemies répondent
chaudement.
Nous sentons que le combat
s’engage à fond et qu’il faudra que l’un ou l’autre cède à la fin de la
journée.
La 22e compagnie ainsi que deux sections du 319e
se partagent les ponts.
Mon escouade (7e) est
désignée de garde à un gué et nous allons passer là quelques heures d’anxiété.
Nous partons prendre positions avec quelques outils ….ratoires,
charrues, herses etc.. qui serviront à
obstruer le passage du gué. Nous sommes tout à fait isolés de la compagnie et
c’est l’instant d’ouvrir l’œil.
Je place mes sentinelles et je
suis rejoint à la nuit par le sergent Colonna de Ceccaldi qui vient me
renforcer avec une demie section Le
sergent de Rochefort est à ma droite, à l’entrée du village avec sa 1\2 section.
(cette nuit est fertile en événement et on trouve les détails à la fin du
compte rendu des deux journées)
L’ordre arrive au matin, de ne pas lâcher
les positions avant l’arrivée du 287e d’infanterie qui doit nous
remplacer aux ponts. Nous l’attendons vainement, car il ne peut quitter le
plateau où le combat est en pleine action.
Tristes moments que nous passons là. Nous
sommes juste placés entre les deux feux et toute la sainte journée, les obus
nous passent sur la tête.
Nous mangeons une bouchée entre chaque coup de canon et la place ne vaut
certainement pas un fauteuil à l’Eldo.
Enfin les hommes commencent à
comprendre la musique et s’habituent assez bien aux coups mitraille car vers
deux heures, personne ne fait plus attention au sifflement des obus.
Moi-même, en compagnie de mon vieux copain
Campagnani, je pêche à la ligne.
Le canon tonne toujours de plus belle, et l’on
entend sur le plateau, une vive fusillade des nôtres ; nos mitrailleuses
font rage et nous prévoyons que l’ennemi doit essayer de progresser. Nous ne
voyons rien ; mais ce feu à outrance qui s’exécute là haut, nous force à
croire que les allemands tentent la marche en avant.
Notre calcul est juste, car vers 3h, l’ordre vient, bref de faire sauter
les ponts et de rejoindre le reste du régiment qui est sur le plateau.
Le génie exécute ces ordres
rapidement et c’est dans des tourbillons de poussière et au milieu d’un fracas
épouvantable que nous lâchons le gué pour nous porter à la gauche du 236e
d’infanterie qui est sur la ligne de feu.
Nous avons grand-peine pour
gagner nos emplacements ; les mitrailleuses ennemies nous couchent pas mal
d’hommes et nous désespérons d’atteindre l’endroit d’où pourrons tirer dans de
bonnes conditions. Enfin à force de patience et grâce à un rideau de bois situé
sur la gauche, la compagnie, parvient à prendre position ; pas pour
longtemps ; les régiments qui combattent, depuis hier matin, sont
visiblement fatigués et ne pourrons certainement tenir efficacement Nous
exécutons des feux nourris, de façon à maintenir l’ennemi de l’autre côté de
l’eau jusqu’au lendemain.
A la brume, l’ordre arrive de nous replier
progressivement dans la direction de la Fère, l’ennemi a perdu encore là, 48
heures de temps précieux dans sa marche sur PARIS.
Je suis au gué, situé sur un des
bords de l’Oise qui rejoint les trois ponts dont la compagnie a la garde ;
j’ai arrêté mon escouade au Moulin et je suis en reconnaissance avec Bellefont,
Chapelle et Guillou ; je cherche l’endroit propice pour placer les sentinelles
Après quelques minutes de
chemin, nous arrivons à une bicoque au bord de l’eau et habité par deux
vieilles gens et une jeune fille qui n’a rien de catholique. Je me renseigne
près d’eux, et leurs réponses sont très embarrassées, ce qui me décide, après
quelques instants, à les faire quitter la cabane, chose qu’ils refusent.
Je fais sortir le bonhomme et ce n’est que
sur la menace de le fusiller sur place que les femmes consentent à se
retirer ; nous sommes chez des espions à n’en pas douter, et je ne suis
pas disposé à les ménager.
Je charge Chapelle et Bellefort, de les conduire au Commandant qui va
les cuisiner sérieusement et nous savons plus tard, que j’avais eu le nez creux
car ils ont été déclarés suspects et évacués avec un convoi de prisonniers
Cette petite histoire m’a laissé une drôle
d’impression. Quand je pense, que si, j’avais eu foi dans les paroles de ces
individus ; nous étions simplement tournés par les Uhlans et égorgés cinq
sec.
Cet homme se disant, garde
forestier, et connaissant à fond les environs, m’avait complètement monté le
coup avec de faux renseignements
Je devais le faire fusiller sur place, mais les deux femmes m’ont encore
fait pitié ; j’espère malgré cela qu’il a été puni sévèrement
Enfin, après cet incident et après avoir
inspecté la maison, nous nous installons le mieux possible en liaison avec le
reste de l’escouade retirée au Moulin ; les obus descendent toujours mais
pour l’instant nous ne sommes pas très menacés étant en contre bas du plateau où
se déroulent les péripéties du combat.
Cette situation dure comme cela,
jusqu’à 3 h de l’après midi, là j’ai l’idée de pêcher à la ligne (mon plus
défaut). Je me rappelle, que j’ai vu dans la maison tout un matériel de
pêcheur. Je m’empresse de sauter dessus et me voilà, tâtant le goujon, sous la
mitraille ; Campagnani me donne un coup de main et nous pensons que le
capitaine ne sevrait peut-être pas très content de nous voir là.
Enfin c’est toujours ça de pris
Mais cela n’est pas le plus
drôle de cette journée ; le repas du soir fut plus émouvant.
Nous avions touchés deux poulets
pour l’escouade et notre cuisinier Singal s’ingéniait à les faire cuire dans la
maison, quand le tir d’artillerie ennemie fut tout à coup changé, impossible
pour nous de traverser la route pour aller chercher notre poulet sauteur ;
le pauvre cuistot était bien désolé et ne parlait pas mieux de braver les obus
pour nous apporter sa cuisine cuite à point
C’est par la fenêtre qu’il nous
envoyait la sauce et les oignons, vous parlez d’un tableau ; à chaque
bouchée, il nous fallait baisser l’échine pour ne pas être fracassé par les
obus qui balayaient le chemin ; et c’est après une demi heure d’angoisse
de poulet, que l’on parvint à terminer le repas arrosé copieusement mais pas du
picolo.
Voilà la première journée d’Hamégicourt, elle ne fut pas terrible pour
nous en victimes, mais nos pauvres camarades qui se battaient là haut, on
dégustés quelque chose. Notre tout viendra demain et je ne penserais pas à tâter la brème cette journée est mémorable
autant que Coucy et Neuville (31 août-1er et 2 sept)
Je veille avec Colonna, nous
devisons au bord de l’eau, pendant que nos sentinelles fouillent les bois
bordant les bras de l’Oise ; la nuit est encore noire et on perçoir de
temps en temps des coups de feu, ce sont nos patrouilles qui se heurtent à des
Uhlans.
Nous craignons une surprise au
petit jour et nous sommes attentifs au moindre bruit ; c’est qui fait,
qu’à certain moment, je saute sur un pauvre bonhomme de paysan, qui venait nous
apporter la goutte ; la fatigue de ces jours passés sans sommeil, vous
tourne un peu la tête et il s’en est fallu de peu, que le pauvre vieil soit
embroché.
Même répétition au lever du jour que la veille, et nous devons prendre
nos dispositions pour être à l’abri, car le tir a changé de direction, l’ennemi
a du progresser légèrement, car quelques balles sifflent à nos oreilles.
La situation au bord de l’eau est toujours la même et nous n’avons pas
autre chose à faire que d’inspecter les environs.
Il en est ainsi, jusqu’à 3h du
soir ; heure à laquelle mes sentinelles, cachées dans les bois à environ
200 mètres de nous, nous signalent des cavaliers. Je ne perd pas mon sang froid
et je m’engage avec 5 hommes dans le sentier bordant le ruisseau à la rencontre
de Messieurs les Uhlans, pendant qu’un homme s’en va prévenir le sergent major
Michel qui lui donne l’ordre suivant : tenir le gué jusqu’au bout, de
façon à attendre les ordres du Commandant ; le restant de mes hommes, que j’avais
déployés face au gué défendait le passage et devait nous soutenir à notre
appel.
Après avoir marché avec prudence jusqu’à la ligne de nos sentinelles,
nous apercevons tout à coup , sept ou huit cavaliers , ce sont des
« Hussards de la mort » et inutile de vous dire que nous les avons
reçus chaleureusement ; ce ne fut pas long. Après en avoir blessé deux et
mis les autres en fuite, il fallu rebrousser chemin jusqu’au gué, en attendant
les ordres, (qui ne tardèrent pas à arriver) : rejoindre la compagnie au 1er
pont. Nous avons encore à soutenir le choc d’une forte patrouille avant
d’arriver au but, j’ai eu là 2 hommes sérieusement touchés, et il était temps
que nous arrivions, car on voyait au loin quelques sections ennemies déployées
venant prendre position à la hauteur du plateau, que les nôtres lâchaient pied
à pied.
A l’instant ou nous arrivons, la 22e compagnie, prend ses
dispositions de marche pour se rendre sur la ligne de feu en soutien du 236e
qui est déjà bien abimé et dont les mitrailleuses sont réduites au silence.
Le bruit est formidable, on sent que le moment
est décisif, et que les nôtres veulent à tous pris arrêter encore là les
allemands dans la nuit.
Les ponts volent en l’air, et nous rebondissons tant la commotion est
forte, les canons français tirent sans relâche et la compagnie se déploie en tirailleurs
sous un feu terrible.
Mon camarade de St Mihiel, Coulon
est à coté de moi, et en bave. Je sais que pour ma part, les mitrailleuses m’en
imposent. Enfin après avoir vidé un vieux quart de « krike », nous
partons en avant en nous serrant la main ; je pense à mes deux loupiots
que j’ai laissé là bas, et lui a les larmes aux yeux en pensant aussi à sa
gosse.
Ah ! le triste moment ; il nous faut
un courage inouï et nous l’avons !
Il faut à tout prix arrêter les
Prussiens ; c’est avec cette pensée que nous traversons la plaine au
milieu des balles, elles nous sifflent aux oreilles et à chaque signe, un
frisson nous passe malgré nous. Nous pensons en nous même ; encore une de
passée et le plus touchant est de voir le copain d’à côté, tomber pour bien
souvent ne plus se relever.
J’en ai vu pour ma part,
dix-sept du 205e ce jour là, et combien d’autres de divers
régiments : pauvres gars.
J’ai laissé dans cette journée : Lefèvre, Platier, Cochu, et c’est
les larmes aux yeux que j’ai fait l’appel le soir sur la route de la Fère.
C’est un 30 Août bien triste pour moi, une des
journées les plus terribles ; la mort m’a frôlé cent fois et je m’en suis
tiré. Qui remercier de cette chance aveugle ?
Enfin il en sera de même dans
les journées qui se succèdent et à part la grande fatigue j’en verrai la fin,
sans une égratignure.
Malgré la résistance désespérée
de nos troupes et les lourds sacrifices de ces derniers jours, l’ennemi qui est
en force bien supérieur aux nôtres a franchit l’Oise.
La situation est toujours grave et nous avons encore beaucoup pour
enrayer cette progression.
La position des troupes du
rideau est légèrement plus faible qu’au 25 Août par le fait qu’elles ont subit
d’assez fortes pertes dans les derniers combat en plus l’ensemble n’existe pas
comme lors de la concentration, les circonstances et le terrain ayant amené
dans le commandement des difficultés énormes, les unités sont forcément
isolées, les unes des autres et la cohésion difficile au moment décisif.
Malgré cela le nombre est encore
respectable et pourra fournir jusqu’au bout, l’effort nécessaire, qui permettra
aux armées de l’arrière qui sont en formation sur la Marne de présenter à
l’ennemi une barrière infranchissable qui mettra en déroute la masse
prussienne.
Après le retour sur la Fère, où
nous croyons cantonner, et où il nous est impossible de séjourner, le 205,
reçoit l’ordre de bivouaquer sur la route à quelques kilomètres de la
Fère ; nous sommes à peu près en sureté car l’ennemi qui a eu fort à faire
à Hamecourt, ne reprendra sa marche en avant que le surlendemain 1er
Septembre. Nos forces restant de deux division (53e et 69e),
se repartissent ainsi : tous les régiments cités plus haut ;
déduction faite des pertes évaluées à deux régiments d’infanterie, quelques
batteries, et d’un autre côté augmentées de plusieurs régiments revenus de
Belgique et de l’Est.
Le front s’étend au 31 Août : de la Fère, St Gobain à plusieurs
kilomètres en deçà de Coucy-le-Château (aisne). Le 205e restera en
arrière garde jusqu’à midi, heure à laquelle il reçoit l’ordre de se porter en
hâte sur Coucy où une division de cavalerie est signalée.
La marche sera dure, car il fait
très chaud et le terrain est montagneux jusqu’à St Gobain, où nous arrivons
vers 5h du soir, rien à signaler. Nous prenons nos dispositions d’approche
….jusqu’au sortir de cette ville et nos patrouilles ne tardent pas à rencontrer
les Uhlans, elles s’en débarrasse assez vite et celé ne retarde pas trop la
marche.
Notre régiment parvient aux
premières maisons de Coucy vers 11h du soir ; les éclaireurs allemands y
sont venus dans la journée, mais étant sans doute prévenus de notre arrivée n’y
sont pas restés et sont partis à Crécy-au-Mont, où est supposé le gros de la
division
Nous couchons à Coucy en cantonnement d’alerte
et c’est ce que nous n’aurions pas dut faire, le lendemain, la route de
Soissons nous sera fermé. Pendant que le 205e séjourne à Coucy et
Landricourt, le gros de la 53e division évacue les positions qu’elle
occupait à notre départ.
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