Correspondance 1914-15

du Cuirassier Wouithryde Henri VIDEAU

au 5e régiment de Cuirassiers

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En vacances 2008, j'ai rencontré sur l'Ile d'Oléron un descendant d'un soldat du 5° Cuirassiers de Tours.

Henry Wouilthryde Videau s'est engagé en 1912 et est mort en 1915.

La famille vient de découvrir dans le grenier de sa sœur (après le décès de cette dernière) tous les courriers hebdomadaires écrits pendant la période précitée, lesquels font ressortir tous les traits de caractère de l'homme.

Le plus émouvant est dans la fin de cette courte vie et concerne sa dernière lettre avec les parents (qu'il ne peut pas terminer) et une du pasteur ayant visité le blessé.

Ce courrier aux parents fait état d'un enfant âgé de 2 ans, inconnu de la famille.

 

Le souhait du descendant est de donner gratuitement les documents pour qu'une édition de cette histoire voie le jour.

Serge Laethier

 

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Wouithryde a commencé à entretenir une correspondance à partir de la date de son incorporation en 1912.

Merci pour la recopie du carnet et des lettres à : Sabine, Hélène, Jean-Yves, Alain

Didier, oct. 2009

 

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Lire ses lettres

Ø  Son engagement en  1912

Ø  La mobilisation, août 1914

Ø  « Le plus terrible c’est encore la lutte à l’arme blanche avec le sabre s’enfiler, c’est terrible », oct. 1914 

Ø  Le 24 décembre 1914, la fraternisation

Ø  "Tu me parles de poilus c’est un mot qui restera éternel dans l’Histoire de France", 23 janvier 1915

Ø  "Un ordre est arrivé par téléphone de chanter sur toute la ligne 2, on a gueulé la marseillaise tous en chœur", 26 mars 1915

Ø  Son dernier courrier, hôpital de Belfort, 13-07-1915

Ø  Courrier de ses camarades BOUTEILLER et POULARD après le décès

Ø  La lettre de son capitaine

Ø  le courrier du pasteur

Lire son carnet

La blessure et la mort d’ Wouithryde

Photos et documents divers

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10-04-1912 – 1er courrier après engagement

La Rochelle, le 10 Avril 1912

Mes chers Parents,

Mon engagement est signé, et je vais toucher ma prime qui est de 400 F. Je vais vous envoyer la somme dont je n’ai pas besoin pour le moment. J’en touche la moitié avant de rentrer à mon régiment, l’autre moitié au bout de deux ans de service. Pour la somme que je vous enverrai, vous en ferez ce que vous en voudrez.

Si par occasion, vous en avez besoin, prenez la. Car tout d’un coup, soit par embellis soit par achat, ça vous fera du bien. Et pour me l’envoyer, peu à peu, ça vous semblera pas avis.

Je suis en subsistance à la Caserne du 123e jusqu’au moment de toucher ma prime avant de rejoindre mon régiment. Quant au jus le matin, il n’est pas si mauvais que ça, et à la popote, je ne m’en plaindrais pas, si c’est toujours comme ça (c’est vrai que je ne suis pas difficile).

Un jour viendra où vous serez content d’avoir un fils dans la position que je serais, et je serai plein de reconnaissance envers vous. Je n’ai pas beaucoup de temps devant moi et pour être tranquille, je n’y suis pas non plus, car, ils sont tous de la classe où je suis, et ils me sont sur le dos.

Bonjour aux camarades qui s’informent de moi aux voisins, bonjour à ma tante Nancy, mon oncle Pierre et Jules et pour mon oncle Ernest, Dès que je saurai mon adresse exacte je leur écrirai.

Un baiser à ma petite Cécile. Vote fils qui vous embrasse tous

Adieu à Raoul, à toi Papa et aussi à maman aimée

Je vous embrasse tous.

Votre fils qui vous aime tous

Je vous enverrai mon adresse

Mousse m’a plus pour maître

Tours, le 12 Avril 1912,

Mes chers Parents

Je suis enfin entrer à mon régiment, je vais me faire habiller et il vont me donner tout mon fourniment

Je vous envoie par la présente l’argent que je n’ai pas besoin, et qui ne m’est pas nécessaire. Je viens aussi de savoir mon adresse.

Je ne vois pas grand chose pour le moment à vous dire si ce n’est que je suis toujours en bonne santé ; et j’espère aussi que vous vous trouvez toujours comme je vous ai quittés. Le major m’a dit en passant la visite « que de la manière que j’étais bâti, que je ferais un beau mâle »

Bonjours aux camarades

Embrassez bien ma petite Cécile en pour moi

Olivier Raoul,

Bonjour à Papa et à toi maman aimée

Je vous noterai bien ce que je fais dans quelque jours.

Voici mon adresse :

Videau Wouithride

Cavalier au 5e Régiment de Cuirassiers

5e escadron à Tours (Indre et Loire)

Bonjour à tous ceux qui s’informe de moi

Le mandat qui est dans la lettre ci jointe est à la somme de : 160 F.

Tours, le 14 Avril 1912

Mes chers Parents

N’avez-vous pas reçu la lettre dernière que je vous ai envoyée, contenant l’argent que je vous destinais. Il y à 4 jours que je vous l’ai envoyé et je n’ai pas encore de nouvelles

Pour le métier, il me plait encore c’est vrai que j’en encore pas beaucoup fait. Pour les chevaux, c’est tout changé à ce que tu me disais, la popote est assez bonne, on est pas trop mal nourri.

J’ai épaté le colonel, il m’avait fait appeler pour me faire voir un cheval et ce que c’était. Je lui ai répondu que ce n’était par la 1er fois que j’en voyais, et quand il a vu de la manière que je faisais pour monter, il a dit au sous-off de me mettre au rang des bleus de la classe.

Tout ce que j’ai touché c’est tout neuf, tout, je ne suis pas habiller en crasseux.

Pour mes effets que j’ai emporte, je vais les envoyé en gare de St Pierre vous aurez qu’a aller les chercher

Je les adresserai à mon oncle Ernest Robert, car vous ne sauriez pas au juste quand ils arriveront, et ça vous évitera la peine d’y aller voir si souvent.

Je termine en vous embrassant tous, toi mon bon Papa, et toi maman aimée, adieu. Je vous embrasse bien fort.

Embrasser ma petite Cécile en pour moi

Adieu à Raoul

Ma pensée est pour vous

 

Le petit Mousse n’a plus son grand maître pour le suivre

Bonjour à tous

Bonjour aux camarades

J’ai écris à Jules Robert et à mon oncle Ernest

Dites moi si vous avez fini de biguocher et où vous en êtes

Votre fils qui vous aime toujours Henry Videau

Cavalier au 5ème Rég. de Cuirassiers

à Tours (Indre et Loire)

Je suis au quartier sur le bord du Chers

Tours, le 2 Mai 1912

Mes chers Parents

Je suis changé d’escadron hier, je suis maintenant au 4ème escadron.

Comme je vais suivre le cours des Brigadiers, je vais passer mon (Brevet d’Aptitude Militaire) dans 8 jours. Je suis dans les huiles du Chef du 5ème Escadron et je pense même, je le vois encore, que ils se le communiquent entre eux . Je suis content et si ça continue, ça marchera tout bien.

Ce que les chefs m’ont dit, que le principal, c’est de monter à cheval comme il faut. Et pour ça, je ne suis pas mauvais car il y en a qui sont engagés depuis 3 et 4 mois, même 5 mois , et ils ne savent pas encore.

Moi au bout de 13 jours, j’ai fait mes preuves devant le Colonel et il m’a désigné tout de suite pour l’Escadron de guerre.

Le rata n’est pas trop mauvais, pour le service il n’est pas comme tu me disais. L’on a maintenant dans le service d’été 4 heures par jour que aucun brigadier ni maréchal des logis n’a le droit de vous commander aucune corvée sous peine de punitions.

L’on a 2 heures de sieste après la soupe du matin, de midi à 2 heures, et 2 heures de 6 heures à 8 heures, au passage tout le monde y va bleus comme anciens. Je suis au rang des bleus qui sont arrivés au mois de Septembre dernier.

Je me presse à faire votre lettre car l’appel est sonné et je veux dormir. J’ai reçu la lettre de Raoul aujourd’hui et je m’empresse de vous répondre le plus tôt que je le peux parce que c’est le seul plaisir que j’ai de vous.

Je suis avec de bons brigadiers et de bons camarades, ils sont tous bleus, les brigadiers aussi, je ne serai pas trop mal dans ma chambre. Je ne me plains pas de mes camarades de chambre.

Par un ordre général à exécuter par les maréchal des logis, que personne a le droit d’insulter ou de faire des insolences aux jeunes recrues, bien au contraire, c’est de les mettre au courant du métier ou les instructeurs sont foutus dedans.

Je vais astiqué ma cuirasse et mon casque parce que il y a revue d’armes et de chaussures demain matin à 11h.

Je ne vois plus grand-chose à vous marquer pour le moment mais je n’ai pas compris sur la lettre que Raoul m’a envoyé si le Marais de Cheval-neuf est nettoyé.

Je vais faire nickelé mon casque, c’est 5 francs, mais ç m’est égal car ça me donnera beaucoup d’avance pour être propre, j’ai acheté un rasoir 4 francs et une boite 4 francs aussi et toutes sorte de bricoles, bique, glace, blaireau , etc,etc.

Plus grand-chose pour le moment.

Bonjour à tous

 Je vous embrasse de tous de bon cœur

Votre fils qui aime toujours

Cavalier au 5ème Rég. De Cuirassiers, à Tours  Indre et Loire

C A R T E     P O S T A L E

Cher Frangin

Voilà la petite Gueugueule à ton « poilu ». Vois comme il se fait beaucoup de mauvais sang.

Je t’enverrai une autre photo où il y aura mes deux grands copains avec nos chevaux de guerre.

Ton Frangin  

Henry

Tours le 1er Juin 1912

Mes Chers Parents,

Je suis à me demander si il y a quelque chose d’arrivé dans la famille ou si vous êtes malade, je crois que vous êtes soulé par le travail, que vous n’avez pas beaucoup de temps à perdre, mais Raoul m’écrire, me donner un peu de détail sur ce qui se passe chez nous.

Les blés sont-ils beaux, les orges du cheval-neuf est-elle belle, car ici c’est haut et les vignes encore sont belles. Je suis à me demander que ça soit pareil chez nous.

Dites-moi où vous en êtes pour les ouvrages.

Moi, jusqu’à présent tout va bien, car je suis toutes les mobilisations et toutes les manœuvres.

Jeudi prochain, nous partons pour 6 jours au Camp du Ruchard situé à 228 km de là, pour des manœuvres de tir. J’ai encore un peu d’argent de reste mais pas beaucoup et il m’en faudrait pour ces manœuvres.

J’irai vous voir pour la St Pierre, mais je ne sais pas au juste combien de jours j’aurai, j’en demanderai le plus possible, vu que je suis le seul qui est jusque là et qui n’a aucun jour de permission, j’en aurai presque sûrement mais je ne le sais pas au juste. J’irai de manière à vous aider, j’ai vu les foires de Tours, et comme baraques il y avait quelque chose.

J’ai vu le grand Cirque Rancy. Ce n’est pas la foire à St Pierre. Pour la 10ème fois, j’ai vu des aéroplanes, 1 ballon et 3 dirigeables.

Lundi de la Pentecôte, j’étais de planton dans la Grande rue à garder les passants et les voitures de traverser la rue pendant le passage de la course Bordeaux – Paris, jusqu’à présent je suis content, car je vois ce que je n’avais jamais vu.

Ne faites pas attention à l’écriture car je me presse pour bouquiner ma théorie. 

Bonjour à tous, embrassez ma petite Cécile pour moi, adieu à Raoul, à toi Papa et à Maman à vous tous aimés.

Votre fils qui pense toujours à vous et qui vous aime tous tendrement.

Henry

Bonjour à mon Oncle Pierre

Bonjour à mes camarades

Le 12 Août  1912

Mes Chers Parents

Je viens de recevoir votre lettre à l’instant, et je réponds aussitôt car j’ai un petit moment devant moi.

Hier Dimanche, je suis sorti en ville et je me suis fait photographier, comme tous mes camarades, l’on était 12 à se le faire en même temps, je me suis fait faire en buste, une demi douzaine et un agrandissement, un grand ça me coûte prés de douze francs, et quelques cartes postales, avec mon grand camarade, je suis content, car j’ai un bel agrandissement, vous me verrez tel que ma grandeur, c’est très bien fait.

Pour les dix francs que vous m’avez envoyé, je vais les mettre là, car c’est bien fait, et une occasion comme et une occasion comme prime d’agrandissement.

 

Je vois que cette année les récoltes ne seront pas très prospères car le temps se fuit bien chez nous , comme ici, il pleut et vente à rafales comme en plein hiver, les raisins n’ont pas bonne mine, c’est pitoyable.

Demain, nous avons 3 inspections à passer, par tout le monde, mais que ceux qui montent aux dressages, les autres qu’une fois, le mercredi 14 Août, elles sont passées par le Général d’Armée alors il faudra se tenir comme il faut. C’est notre peloton qui doit charger devant le Général, comme c’est le Lieutenant le plus bleu du régiment. Attention .

Je vais vous envoyer ma physionomie dans la prochaine lettre que je vous enverrai, et l’agrandissement si je ne peux pas l’envoyer par la poste, je le garderai pour l’emporter quand j’irai en permission.

 

J’ai écris à mon Oncle Ernest mais je n’ai pas pensé à lui demander sa crinière qu’il m’avait promis. Alors Raoul aura qu’a lui dire et il me l’enverra comme convenu car j’en ai une qu’est en queue droite.

 Maintenant je ne vois plus grand-chose à vous dire pour le moment, je me porte très bien comme je ne peux mieux  ; j’espère que ma présente vous trouve tous comme moi, je vous quitte.

Bonjour à tous, bonjour à mon Oncle et Tante Nancy ainsi qu’à Jules.

Un bonjour de m…..t à Florence, à Léglise et ainsi qu’à Robert.

Bonjour à tous mes camarades.

Votre fils qui vous aime

Henry

 

Je ne vous ai pas dit que j’ai un camarade qui a été tué par un  du 2ème Escadron dans une bataille, je crois qu’il sera condamné à être fusillé ou aux travaux forcés à perpétuité, je vous ferai savoir sa condamnation.

Bonjour à tous, surtout que Raoul aille dire, quand il ira chez mon Oncle, de m’envoyer sa crinière par la poste, car maintenant voilà les bleus qui vont arriver et il faudra les dresser.

Attention à eux.

Bonjour à tous

Henry

 

Pour le tir à la carabine, je n’ai pas eu tant de chances qu’au concours de sabres

Je n’ai ramené rien.

Bonjour

Henry

Tours le 1er Décembre 1912

Mon cher Raoul,

J’ai reçu ta lettre avant-hier et je m’empresse de te répondre pour te dire ainsi qu’à Papa et Maman que je suis très bien portant, sauf que j’ai eu un fort mal aux dents et je m’en suis fait arracher 2 samedi dernier. J’ai eu la joue enflée pendant 2 jours, mais maintenant ça va mieux.

Mon cher Raoul, j’ai une permission pour le 1er de l’an, faut-il que j’y aille, car maintenant, l’on ne parle de mobilisation pour le 3 Janvier et l’on doit partir pour le camp de Mailly  et je crois à ce que l’on dit au quartier. D’après le dit-on des Officiers, que l’on va se tenir sur le pied de guerre.

J’ai bien idée d’y aller car l’on accorde les périodes pour les ¾ du régiment pour le Noël et le 1er de l’an. Peut-être allons-nous avoir la guerre.

Si, j’y vais pour le 1er de l’an, j’irai pour manger du cochon, car je crois bien qu’il ne sera pas trop consommé. Et puis je voudrais aussi y aller pour convaincre Papa à ce qu’il ne croit pas de moi, et là, il verra.

Si j’y vais, je passerai à Marennes chez mon oncle seulement je ne sais pas au juste le jour que j’arriverai, sûrement le lundi 30 Décembre ou peut être le dimanche soir 29 Décembre.

 

Cher Raoul dans une lettre à Papa, ma petite mémée m’avait écrit quelques lignes, remplies de quelques fautes c’est vrai, mais je vois quelle a fait beaucoup de progrès, au près de toi. Tu ne travailles ce que tu sais, tu le regretteras plus tard.

Embrasse bien ma petite Cécile aimée en pour moi quoique je pourrai le faire si j’y vais.

J’aurais peut-être besoin d’un peu d’argent pour partir car vous le savez, je suis comme on le dit de ceux qui sont fauchés. Je vais faire un paquet de toutes espèces de choses que je voudrais emporter dans la boite  que j’ai emporter des raisins. J’ai des brosses en rabiot, des treillis, une paire de guêtres et des souliers, ça servira pour toi.

Pour le petit Mousse, il est toujours aussi chétif qu’il était quand j’étais là-bas aussi quand il va me voir, il me reconnaîtra peut-être à cette fois.

Maintenant je termine ma petite lettre en t’embrassant bien de tout. 

Embrasse bien Papa et Maman en pour moi, ainsi que cette petite Cécile qui est toujours mignonne.

Je vous embrasse tous

Ton frère

H. Videau

 

J’ai reçu une lettre de Frenit qui m’a tout dit sur la foire et le bal de la Ste Cécile ainsi que Jules qui m’a détaillé tout un chapitre sur Ulysse parce que il a été malade.

Tours le 11 Mars 1913

Ma petite Mémée,

J’ai un peu tardé à répondre à ta petite lettre, mais rassures Papa et Maman, car c’est point que je suis malade  , car jamais j’ai été mieux portant que de ce moment, mais il ya autre chose, nous avons fait des embarquements de jour et de nuit, ces deux semaines dernières , puis nous avons eu 2 alertes, jamais je n’ai été autant affolé car étant tous couchés à 1 heure du matin, se cabrer et rien de prêt, aller toucher dans les escadrons tout notre campement et dans une heure être prêt sur le terrain de manœuvre et avoir pris un repas, je te promet, j’étais affolé.

Puis le 15 Mars nous avons manœuvre de Garnison, puis ça sera les inspections à cheval et puis nous seront tranquilles un moment.

 

J’ai espoir de vous serrer tous dans mes bras dans une quinzaine de jours, pour Pâques.

J’ai encore une nouvelle à vous annoncer, que vous savez déjà.

C’est que tous les hommes qui sont présents sous les Drapeaux font 3 ans, et que les hommes de la classe 10 qui devaient partir le 24 Septembre 1913 qui ont 4 frères et sœurs et plus de 4 frères et sœurs toucheront une indemnité 0,75 par jour. Les autres qui sont arrivés les derniers, c'est-à-dire la classe 11 et les autres des classes suivantes ( sans exception) feront3 ans. Et les officiers nous disent qu’avant longtemps on aurait certainement la guerre. Enfin nous sommes prêts à tout évènement.

Ma chère petite Mémée, embrasse bien Papa et Mamam ainsi que Raoul en pour moi. Je me porte très bien et je souhaite que ma petite lettre vous trouvera tous comme elle me quitte.

Dis bonjour chez Tonton Ernest et ma tante Angéline ainsi qu’à ce petit cochon de Ritou, en pour moi.
Ton grand-frère qui vous embrasse tous de grand cœur.

Henry  Videau

 

J’ai attendu peut-être 2 ou 3 jours de plus que j’aurais fait mais comme les fonds étaient en grande baisse, j’ai attendu la paye pour vous écrire.

Ton grand frère qui vous tous tendrement

Henry VIDEAU

5ème Cuirassiers

 Tours

 

Vendredi prochain on ira voir les caves de Loudun voir si elles sont encore pleines .

Je vous promet qu’il y a certains hommes qui devaient s’en aller le 24 Spt et qui font un an de plus, ils n’en pleure de faire un an de plus car il y a manœuvre de garnison ou a passé dans les grandes manoeuvres.

Ces 3 lignes sont écrites verticalement

Tours 9 Avril 1913

C’est une lettre d’un officier qui écrit en réponse à ses parents.

Monsieur,

Vous avez bien fait de vous adresser à moi et de m’écrire.

Pour l’avenir de votre fils au régiment, je ne puis guère vous dire grand-chose ; mais je puis vous dire qu’actuellement, outre qu’il est en bonne santé et qu’il doit avoir une vie plutôt agréable à la section de mitrailleuses (ce qu’il vous a dit , j’espère), il fait bien son service. Il n’est pas mal entouré et ne fait pas de bêtises, du moins de grosses, car il est assez gamin encore.

Ce qui a pu faire dire qu’il se tenait mal, c’est sans doute de ne pas lui avoir mis de permissions ? Eh Bien, je puis vous raconter qu’au commencement de l’année, il a fait quelque chose qui m’a énormément déplu, que je l’ai puni assez fort, et privé de permissions.

Je vous laisse juge.

Il m’avait demandé une permission de 6 jours. Il est allé trouver le chef de l’escadron d’où il dépendait, lui a montré une carte du Capitaine, l’autorisant à partir plus tôt, et il est parti.

Le Capitaine ne se rappelait pas l’avoir vu. Quand il est rentré de permission, je l’ai questionné, le Capitaine aussi, il disait avoir été voir le Capitaine chez lui, que c’était bien étonnant  que le Capitaine ne se rappelle pas. Le Capitaine qui est très bien et très faible, a dit, c’est moi qui dois me tromper. Et puis j’ai découvert la vérité.

Votre garçon, avant d’être chez moi, avait eu déjà une permission, avant de, chez le Capitaine (toujours pour partir plus tôt), le Capitaine lui avait donné cette carte (6 mois avant) et il l’avait gardée, et il la faisait resservir.

Mentant parfaitement ; laid pour un homme et surtout pour un soldat.

 

Comme il avait menti je ne sais combien de fois, en ayant l’air de se moquer de tout le monde, je l’ai puni.

 

Je vous raconte tout ça parce que vous êtes un vieux militaire. Et puis ça n’est pas seulement une faute militaire  Mais ne vous désolez pas, ni la maman.

Ca commence à oublier, il est intelligent, très adroit et il va bien à cheval. Et comme je les secoue si je vous dis ça , c’est qu’il le mérite.

Mes meilleurs sentiments.

Basten ?

Tours, le 23 Avril 1913

Mes Chers Parents,

J’ai reçu enfin votre lettre qui m’a fait plaisir, surtout d’apprendre que vous êtes tous en bonne santé ; comme moi de ce moment, sauf toi qui est toujours souffrant. Enfin, je vous souhaite aussi que ma présente vous trouve tous comme elle me quitte. Mais pensons à ce qui se passe :

Je sais tout ce qui s’est passé avec le Lieutenant, car il est Lieutenant-commandant, et non Capitaine il m’a tout dit. Vous me punissez pour toujours, car je comprend ce qui peut en résulter de mensonge je voulais vous faire plaisir en vous disant que j’étais Brigadier, car je ne le pensais pas si loin.

Enfin Bref, mon Lieutenant m’à fait une théorie, à ce que je pourrais faire si je voulais, et je vous jure, qu’à partir, de maintenant si vous entendez parler de moi, que ça sera du bien et non du mal.

Vous ne me croirez peut être pas, ça j’en suis sûr car je n’ai été qu’un menteur et non un voleur, ça jamais jamais car ce n’est pas vrai

Encore une fois je vous demande pardon de tout ce que je vous ai fait souffrir, dont vous étiez innocent.

 

C’était moi le seul coupable, mais c’est à moi de le réparer par mes propres moyens, et ça sera et je vous jure que vous serez content de votre fils Henry à partir d’aujourd’hui.

Car étant avec de mauvais conseillers je le vois maintenant, j’aurais fait un mauvais soldat, mais à partir d’aujourd’hui, ça va changer, et c’est moi seul qui va en porter les conséquences, et je vaincrai, soyez sans crainte

 

Pour l’adjudant de semaine que soit disant mis dans le coffre, c’est ni plus ni moins un camarade, et sans dispute, alors vous voyez que il s’en dit plus qu’il y en a, et pour beaucoup de choses qui ne sont pas, ainsi vous voyez que les jaloux font leur chemin

Ne me croyez pas puisque je ne suis qu’un menteur et pourtant je vous assure que je vais changer car j’ai reçu une bonne leçon pour toujours Soyez sans crainte à ce sujet.

Pour monter à cheval, jusqu'à présent je n’en crains pas un à la section et j’avais été proposé pour concourir au Raid Hypique Biarritz-Paris qui doit courir en ce moment.

Vous devez savoir ce qu’il vous à dit. Plus tard vous verrez que dans cette lettre je ne vous mens pas. Si je voulais j’irais en permission après le 1e Mai, car il y en a pas avant car l’on doit aller à Paris pour les grèves du 1e Mai. Si l’on y va je serai content. Je vous écrirai de LaBas.

 

Pour l’argent que vous m’envoyez, c’est plus commode pour moi en n’importe circonstance en Bon de poste qu’en Mandant (mandat) et pas besoin de les recommander, il y a pas de danger, sauf en grandes manoeuvres

Pour l’argent que vous m’envoyez je vous l’emprunte car je ne mérite pas que vous me la donniez, vous ne m’en devez pas. Je vous doit déjà 25 francs que vous m’avez envoyé depuis la Toussaint, car je mets tout en note, que je veux vous remettre quand je toucherai ma prime, car vous ne m’en devez pas et après ce que je vous ai fait, encore plus forte raison que vous ne m’en devez pas. Mais je vous jure que je vais changer et de tout ce que je vous ai fait souffrir, je vous demande pardon.

 

Dans 80 jours je vais avoir 20 ans, et je comprends très bien ce que je vous ai fait souffrir quoique vous ne le méritiez pas.

C’est à moi seul d’en subir les conséquences, et j’ai beaucoup commencé car je suis puni dans l’île (*) comme vous le savez. Je termine ma petite lettre en pensant continuellement à vous dans l’autre lettre je vous dirai ce que je fais

Tout à vous Je vous embrasse tous

Votre fils qui vous aime

Embrassez bien Raoul et ma petite Cécile en pour moi. Je vous embrasse tous de tout coeur

Ne faites pas attention a l’écriture car je me précipite à faire ma lettre

(*) il parle de l’Ile d’Oléron

Tours, le 16 Décembre 1913

Mes Chers parents,

Je puis vous dire que je suis très inquiet de ne rien recevoir de nouvelle de vous depuis 1 mois juste aujourd’hui que je n’ai pas reçu de lettre. C’est y que vous êtes malades, j’espère que non, et que tout le monde se porte bien, je suis en parfaite santé. Il doit y avoir un grand vide, depuis que ces deux ;;;(?) sont parties, J’ai un pays, Le Buverier ( ?) du Château qui est avec moi, jeudis et dimanches nous sortons ensemble.

Pour les fêtes de Noël, si vous avez tué le cochon où que vous voulez m’envoyer quelque chose vous n’avez qu’a le porter chez Be…ier au château, à la panification, car ils font un colis aussi pour lui ici et en le mettant dans le même ça ne coûtera de transport. Vous n’avez qu’a faire un paquet et le mettre dans le colis qui vont lui envoyer, Toi Papa, c’est pardonnable de ne pas écrire car tu n’as pas le temps, je le sais, Mais Raoul peut bien, prendre un moment ce grand fainéant pour écrire à son frangin.

Me reconnaitrez vous dans ce pêle-mèle, nous sommes avec nos bleus de la classe 12 et 13.

Bien le bonjour, Bonne santé.

Bien embrasser ma petite Cécile en pour moi, je la contenterai quand j’irai en permission, pour pâques, quand je toucherais la haute paye

Votre fils pour la vie

Je vous embrasse tous.

regimentdragons videau

Soldat du 5e cuirassiers, carte du 28/12/1913

Tours, le 4 Mai 1914

Cher Papa, maman

Raoul et Cécile,

Je répond à votre lettre que j’attendais avec impatience, et qui je vois vous à laissés en bonne santé tous comme elle m’à trouvé en parfaite santé.

Tout d’abord je puis vous dire que je n’ai pas touché ma prime à ce payement mensuel d’Avril, car ma demande n’était pas légalisée par le Cap. Cmnt (?), et je crois que ça ne sera pas avant la fin du mois de mai d’un coté, j’en serais peut être content car il se pourrait que la situation se changerait pour moi d’un autre coté non, car vous êtes dans le besoin de bras, je serais content d’être là chez nous plutôt que la fin du mois pour les fournir.

Pour les ustensiles de la bicyclette, j’emporterais une enveloppe et le reste je le prendrais chez nous, car ça sera plus facile.

Je serais aussi content d’y être pour soigner les marais, car si toi Raoul tu ne sais pas grand-chose, nous avons notre bon à rien qui pourrait bien le faire car il s’y connaît mieux que nous, mais il est encore incapable, mais faut lui pardonner.

S’il pleuvait comme ici, ça retarderait les marais, et ça avancerait les vignes, voila 2 jours, qu’il tombe de l’eau. Enfin Papa s’y connaît mieux que nous, et il le dirigera mieux que moi et toi. Puis : Je veux bien te contenter pour ta bicyclette, mais je veux aussi savoir ce que ma petite Cécile veut elle aussi, ce qui pourrait lui faire plaisir et lui être utile.

Dites le moi dans la prochaine lettre.

 

Nous partons au camp du Ruchard demain matin pour la semaine, l’on va faire de nouveaux essais contre les dirigeables et aéroplanes simulés par des ballons captifs, ça va être intéressant. Enfin l’on verra, la bas.

J’irai en permission dès que je le pourrais. Je vous le dirais, avant.

 

Maintenant je vais te parler à toi, Papa, et lis bien, pour comprendre ce que je te demande, et me le renvoyer.

Voila, ce dont il s’agit.

Tu vas faire une lettre, adressée à moi, de manière à ce que je la montre à mon Lieutenant, au Retour du Ruchard de manière à ce que je la reçoive Lundi prochain.

Dans cette lettre, tu me parleras pourquoi, je me suis mis aux mitrailleuses parce que il n’y a pas d’avancement, que c’est très instructif, mais que pour ma famille, ce n’est pas un poste d’honneur que puisque voici 2 ans passés que j’y suis, et si j’avais resté a l’escadron, j’y serais passé Brigadier maintenant, et que puisque je n’y passe pas, et que le métier me plaît que je n’hésite pas à rengager, pour rejoindre un tel cousin prénom sous off à un tel régiment d’Afrique, et que toi de ton côté tu agiras par des moyens quelconques, que tu citeras un peu, pour m’aider à partir d’ici.

Tu me conseilleras aussi de remercier mon Lieutenant pour les bons conseils qu’il m’a donné et de la bonne instruction, si bien à cheval, comme sur la mitrailleuses de manière, a lui faire un peu d’éloges par moi-même, et que je ne tarde pas ici, qu’il t’a écrit, ce dit cousin et qu’il te dit, qu il y a de l’avancement ou il est, et que je sois rentré pour faire les manœuvres à ce dit régiment, (Spahis ou Chasseurs d’Afrique) n’importe car comme il à tout à fait besoin de moi, qu’il ne peut s’en passer, et qu’il veut me garder pour beaucoup de choses, et de ce moment depuis 2 mois, il y à une place de Brigadier vacante, et peut être serais je nommé avant d’aller en permission.

Je compte sur toi pour cela

Fais moi une lettre comme si je ne te l’avais pas contre dictée

 

Plus grand à vous dire pour le moment que je me porte bien et que je voudrais être auprès de vous pour vous aider.

Je vous embrasse tous bien fort, Bonjour à mon Oncle Ernest à tous ceux qui s’informent de moi, je n’ai pas le temps car je veux faire mon paquetage avant de me coucher et c’est 5 hr.

Je vous aime Votre fils Henry

Tours, le 26 Juillet 1914

Mon Cher Raoul.

J’ai reçu ta lettre ce matin que j’attendais avec impatience, car je commençais à être inquiet de vous tous et je suis heureux que votre lettre vous a laissé, comme elle m’a trouvé, complètement mieux.

Ici le Quatorze Juillet était joli, très joli même, Dimanche dernier c’était la course aux chevaux et dimanche, demain lundi et mardi, c’est un géant festival de musique, il y a72 Sociétés inscrites. Dimanche, moi je vais avec ma section faire le service d’ordre à cheval. Lundi j’irai en spectateur.

Je puis te dire que Camille Bossé- Joyâ, s’en va et même parti maintenant au 2éme Chasseurs d’Afrique à Tlemcen, en Algérie. Il m’a écrit hier.

Ici, il fait un temps exécrable, il pleut tous les jours. Tu me diras combien vous avez ramassé de boisseaux de blé.

Pour mon carrelet, j’en ai 1m20 de fait, mais je suis dans le plus large bientôt, j’en ai encore pour un moment, mais j’espère que bientôt vous l’aurez quand même.

Plus grand-chose à vous dire pour le moment, que j’ai pris 3 livres de plus depuis ma permission. 

Bien le bonjour à tous. Embrasse bien Papa, Maman, Cécile en pour moi.

Je vous embrasse tous .

Ton grand frère qui vous aime

Henry

Bonjour à chez mon Oncle Ernest .

H. Videau

 

C’est du 972 demain matin et j’en reprends autant

Tours le 29  Juillet 1914

Mes Chers Parents,

Ne vous alarmez pas de trop, ca ce n’est pas une nouvelle que je vais vous apprendre, quoique pas très bonne. C’est que nous mobilisons, les permissionnaires sont rentrés, la classe 10 est rappelée.

Tous l’Est est mobilisé, ce n’est pas rigolo du tout, enfin, il faut avoir l’espoir que nous irons pas plus loin, ce que j’en doute, car tous les quartiers sont consignés, et les wagons sont prêts à la gare pour nous emmener, ça va mal, très mal.

Soyez tranquille, quand même car si elle doit éclater pour nous, c’est beaucoup mieux, que ça soit maintenant que dans 4 et cinq ans, car maintenant je suis seul sous les drapeaux, Raoul, ne partira pas.

Je vous écris à la hâte, car nous avons guère le temps, et il faut que les lettres soient parties 48 heures avant le jour du départ, car la poste ne marche que 48 heures après la déclaration.

Chers Parents, dites bien le bonjour de ma part à tous mes amis, camarades, parents, à nos oncles et tantes de ma part, car je n’ai pas le temps de leur écrire pour le moment. En attendant de vous revoir tous, je vous embrasse bien fort tendrement, et je penserais constamment à vous tous que j’aime le plus au monde.

Embrassez Raoul et ma petite Cécile tous adorés pour moi .

Au revoir maman et toi papa, qui c’est ce que c’est que le devoir, je t’embrasse bien fort .
Votre fils à vous pour la vie

Henri

Bonjour à chez Jules Robert. Toi Papa sois sûr que ton fils ne faiblira jamais et qu’il saura faire son devoir de français.

Au revoir à tous

Henry

Vive la France

Août 1914 : La mobilisation

 

1

Tours le 2 Août 1914

Chers Parents

Je vous envoie cette dernière lettre de Tours, pour me répondre écrivez-moi à cette adresse.

S . D . M . 5éme Cuirassiers

9 ème Division de Cavalerie

Toissan (Seine)

Nous partons dans 6 heures, direction Mézières, rendez-vous 4 h mercredi matin

Je vous souhaite bonne santé et au Revoir.

Votre fils qui vous aime

Henry

Je vous embrasse tous

Henry

 

Ecrivez-moi sans timbre.

Au revoir Cécile, Raoul, et Maman et Papa

Henry

Toujours en avant

Vive la France

Tours, le 2 Août 1914

Chers Parents

Je m’empresse de répondre à la hâte à votre lettre car nous allons affiler les sabres, dans une heure. Je crois que dans 30 heures nous serons partis de Tours.

Soyez tranquille à mon sujet car je saurai faire mon devoir. Nous bientôt tout à fait prêts.

Moi aussi, j’ai bien idée de vous revoir. 

Ici, l’argent et l’or n’ont plus cours, les billets de banque non plus, l’argent a encore cours et c’est des billets de banque de cent sous et 2 francs.

Je ne vois pas avoir besoin de grand-chose pour partir, j’ai 20 francs sur moi, à la poste, on ne peut pas en toucher.

Nous avons 26,100 cartouches à mitrailleuse et 2210 cartouches à revolver pour 24 bonhommes de la section. L’ordre de concentration est lundi soir au camp de Châlons.

Dites bien le bonjour à chez mon oncle Ernest, à tous les parents et amis en  pour moi et au retour.

Je vous embrasse tous.

Au revoir Raoul, Cécile, Maman, Papa.

Votre fils qui vous aime.

Henry

Au revoir à mon retour.

Je reviendrai, quelque chose me le dit.

 Henry

 

1

À Nancy, le 3 Août 1914

Mes chers Parents,

Nous sommes à la frontière, depuis ce matin, nous sommes partis de Tours lundi soir.

Nous avons passé par Orléans, Melun, Troyes, Bar le Duc et Nancy. Demain, concentration du Corps d’Armée.

Partout où nous sommes passés, nous avons été accueillis par le monde sur notre route, des bouquets tricolores enrubannés tricolores, ornaient notre train quand nous avons arrivés là-bas, la guerre est déclarée de Mardi soir, le premier coup de canon, et au moment que je fais votre lettre, j’entends la fusillade.

Tout prend la guerre avec joie, tout le monde est content, 20 corps d’armée russes sont de l’autre côté de nous, 220.000 Belges sur la frontière, la Hollande, l’Angleterre bloque tous les ports avec ses navires, les Japonais aussi. Ils sont battus d’avance.

Je me porte bien, et j’espère apporter un sabre prussien quand je viendrai vous voir, dans un mois tout au plus.

Bien le bonjour, je pars à l’instant pour Strasbourg, s’il y a victoire, nous irons à Berlin fraterniser avec les Russes

Courage mes chers Parents

Votre fils qui vous aime toujours

Henry

Même adresse qu’à Tours

Je ne parlerai plus d’où je serai car c’est défendu, je vous dirai simplement ce que nous avons faits

Henry

Au revoir Raoul, Cécile, Papa et Maman

Au revoir

Henry

Belgique, L……, 20 Août 1914

Chers Parents,

 

Je  puis vous dire que je suis toujours bien portant et que la campagne se passe très bien.

Je n’ai rien reçu de vous encore depuis Tours.     

Tout va bien, et j’espère qu’avant longtemps, je serai à vous.

Bien le bonjour  à tous.

Votre fils qui vous embrasse.

Henry  Videau

06-09-1914, Champf (Champfleury ?) le 2 (?) septembre

Chers parents

Tout va bien.

J’espère que vous aussi et bientôt au revoir, un gilet de laine une ceinture de 4 mètres une paire de chaussettes, flanelles

Bien le bonjour

06-09-1914

Chers Parents,

Jusqu’à présent tout va bien et j’espère que ma petite carte vous trouvera de même. Notre cheval est-il parti dites moi le. A bientôt de vos nouvelles. J’ai reçu une carte du 17.

Bien le bonjour à toute la famille.

Votre fils qui pense à vous

J’ai des copains de l’Ile * au 3ème Dragons

* Il s'agit de l'Ile d'Oléron, d'où il est originaire

Le 20 sept 1914

Chers Parents,

Puis-je vous annoncer que tout va bien que je suis très bien portant et je désire que ma présente vous trouve tous comme elle me quitte.

Nous sommes tous frais et bien portant, nos chevaux aussi. Tout va bien.

A bientôt, j’espère. Ulysse est-il au 6ème ? . Dites moi le.

Ici, tour marche bien pour la France, les cuirassiers du 5ème.

Vous entendrez parler d’eux.

Votre fils qui vous aime et qui pense à vous.

Embrassez bien Raoul et Cécile pour moi

Mon oncle Ernest est-il au 15ème Dragons

Champfleury le 3 octobre 1914

Chers Parents

Je suis en très bonne santé. J’espère que ma lettre va vous trouver comme elle me quitte.

Tout va bien. J’ai reçu votre carte datée du 23.

Vous me dites que vous n’avez rien reçu de moi depuis le 26 septembre j’ai écris tous les jours au moins une lettre. Je n’y comprends rien.

Recevrez vous celle là. Je n’en sais rien. ???. Je suis très bien portant.

Vous me dites qu’il y a très bonne vendange. Tant mieux.

J’espère goûter au vin nouveau. Le cheval est toujours chez nous.

Bien le bonjour à tous.

Votre fils qui vous aime.

Reims à Compiègne le 6 octobre 1914

Chers Parents,

Tout va bien jusqu’à présent et j’espère que ma petite carte va vous trouver comme elle me quitte.

Quelle sorte de blessés il y a-t-il chez nous.

Bien le bonjour à tous

Votre fils qui vous aime

Compiègne ; le 11 octobre 1914

Chers Parents,

Tout va bien jusqu’à présent et j’espère que ma présente vous trouvera comme elle me quitte.

Rien de nouveau depuis ma carte, pour nos évolutions et ce qui se passe sur le front des troupes ça nous est défendu de le mettre rapport que les lettres seraient prises en cas, et ça pourrait nous trahir.

Ce que je puis vous dire, c’est que tout va bien pour nous.

Je vous envoie quelques cartes du théâtre de la guerre, les recevrez-vous, je n’en sais rien. En tout cas l’on va en Belgique par le Nord, à Lille. Tout va bien.

Bien le bonjour

J’attends le colis, que je vous ai demandé. 1 gilet de laine, une ceinture de 4 mètres, chaussettes et gants, si possible flanelle.

Au revoir, je vous embrasse bien fort.

Théophile et Sédo sont partis. J’ai pas de nouvelles de Ernest Alcide et Maurice et autres.

Vous pouvez me faire de longues lettres il n’y a pas d’importance pour vous.

Je vous aime tous

Compiègne le 15 octobre 1914

1

 

Chers Parents,

Voilà quinze jours exactement que nous sommes à rien faire.

Nous sommes cantonnés dans le quartier du 5ème Dragons. Je ne sais pas ce nous faisons, au lieu d’aller voir les Boches.

Il y en a qui auront tout et nous nous aurons presque rien. Au lieu de nous laisser roupiller tous les jours, je crois qu’ils feraient bien mieux de nous envoyer où ça tonne. Ca fait tant de plaisir de les descendre ces animaux-là !

Car nos chevaux sont reposés nous nous n’avons jamais connu d’extrême fatigue quoique nous avons été 47 jours une moyenne de 3 heures par nuit, et souvent 3 jours sans manger.

Nous avons été pendant la poursuite d’Arcis-sur-Aube jusqu’à Reims, sans pouvoir boire un coup d’eau, car tout était empoisonné ils avaient jeté leurs morts dans les puits les rivières et les mares les chevaux morts, c’était une infection

Le vin, il y en avait plus.

 

Nous avons vu les Indous de Indes Anglaises, et les Indiens du Canada. De ce moment nous avons l’Artillerie anglaise avec nous et la cavalerie Anglaise leur armement et leur équipement, l’entraînement, la gaieté n’est pas comme la nôtre, leur équipement est loin de valoir le nôtre.

La France est toujours avant tout. Quand vous recevez cette lettre peut-être serons nous partis à côté de Lille, et Anvers. De notre côté tout va bien.

Jamais l’on a vu et entendu parler d’une guerre comme celle-là.

Des tranchées de 2 et 3 mètres de profondeur, à 400 mètres des unes des autres, Toutes leurs attaques sont repoussées par nos fantassins et l’artillerie nous opérons cavalerie contre cavalerie. Aussitôt qu’ils voient nos sabres tirés, ils font demi-tour ils ont peur de l’arme blanche.

A côté du camp de Châlons, au camp d’aviation de Mourmelon-le-Grand, j’ai eu un jour de plaisir car nous étions formés en peloton avec les voitures, nous avons chargé sur un escadron de Uhlans saxons la section seule, tu parles de les enfiler.

J’ai un camarade qui a eu le bonheur d’en tuer 3 et en blesser deux, moi pas tant de veine, 2 morts 2 blessés et un cheval pour ma part puis l’on a dégagé les voitures, et on les a finis à coups de mitrailleuses c’est horrible et beau.

Que vivement, l’on nous emmène encore sur le champ de bataille pour en faire autant, jusqu’à présent je n’ai eu que mon casque de démoli par un coup de lance et mon sabre, tordu 3 ou 4 fois.

Enfin tout va bien, et j’espère encore en tuer d’autres avant d’aller vous embrasser.

Bien le bonjour à tous ceux qui s’informent de ma santé. Tout va bien, quelques égratignures, mais c’est rien. Le devoir avant tout

Je vous embrasse tous de tout cœur.

Votre fils qui vous aime.

En avant Vive la France

 

1

 

18-10-1914

Chers Parents,

N’ai pas encore reçu le paquet, pour le gilet de laine, il m’en faudrait un serrant bien le corps.

Tout va bien, en très bonne santé et je désire que ma carte vous trouve comme elle me quitte.

Nous sommes dans les tranchées depuis 8 jours.

Mon oncle est-il parti de Bordeaux car j’ai vu les tringlots de son corps.

Rien de nouveau à vous dire pour le moment.

Tout va bien.

Bien le bonjour à tous.

Votre fils qui vous aime bien

Si j’en touche un je vous le dirai nous avons encore rien vu

18-10-1914

Chers parents

Tout va bien.

J’ai reçu votre lettre, pas encore le colis, gilet de laine, j’attendrai si j’en touche je vous le dirai si vous pouvez en trouver un gilet ferme comme j’en porte, je préférerais car plus ça serre moins l’on a froid.

Bonne santé. Bien le bonjour.

Mon souvenir aux camarades morts au champ d’honneur.

 

1

Remy le 19 octobre 1914

Chers Parents,

Je suis parti de Compiègne hier, nous ne savons pas la direction que nous allons, tout va bien pour nous à part quelques pertes que nous subissons tous les jours.

Mais vous devez voir les journaux, et ce qui se passe sur tout le front, je puis vous dire que la bataille géante qui se livre depuis un mois sur tout le front depuis au nord de Lille jusqu’à Reims, il y a plus de 3 millions d’hommes en présence tant que Belges, Anglais, nègres, Canadiens, Hindous et Français, et je vois de ce moment au Bulletin officiel des armées, que la Russie oppose 7 millions d’hommes en 1ère ligne aux Allemands et Autrichiens.

Partout, les Allemands se rendent comme des chiens au chenil, pour avoir à manger, ils jettent leurs fusils, tout et lèvent les bras en l’air, l’on tire dessus quand même l’on ne veux plus recevoir personne pour cause que dans leurs tranchées, ils ont la typhoïde, l’on ne reçoit pas comme dans les hôtels bondés.

 

Tout l’est était rempli d’espions et d’espionnes, c’était vendu d’avance, sur beaucoup de prétexte, des industriels, avaient des plates-formes de bétons, dans des carrières abandonnées, sous prétexte de tennis, de jeu de paume, pour les jeunes gens, mais en réalité, c’était pour donner plus d’assis à leurs canons, lors de l’invasion allemande. Voilà pourquoi en beaucoup de points différents et de choses différentes, soit par indications de voix, de téléphone, etc. etc. nous avons battus en retraite depuis Neufchâteau en Belgique jusqu’au Camp de Mailly, près d’Arcis sur Aube, point où nous avons repris l’offensive pour ne plus reculer.

 

Je n’ai pas entendu parler de mes camarades, Ernest, Aleide, Maurice et autres.

Moi pour ma santé elle va toujours bien, le plus vite que j’aurais ce que je vous ai demandé ne sera que le meilleur, car il commence à faire froid, dans le Nord

Est-ce que ce sera long, l’on ne sait pas.

Plus grand-chose à vous dire pour le moment que je me porte toujours très bien, et j’espère que ma présente vous trouvera comme elle me quitte

Bien le bonjour à ma tante Angeline à tous ceux qui s’informent de moi, à Sidonie et toute la famille.

 Vivement qu’on les embrochent,  Allons chez eux les renfermés et emmurés dans leurs caves.

Toujours en avant et Vive la France

Votre fils qui vous aime

Videau Henry

Le 21 Octobre 1914

Chers Parents,

Tout va bien, je suis en bonne santé et j’espère que ma présente nous trouvera tous comme elle me quitte.

Bien le bonjour à tous j’ai reçu votre carte datée du 4.

J’attends tous les jours le paquet que je vous ai demandé. Nous allons dans le Nord.

Il commence à faire froid dans ces pays.

L’essentiel je suis en bonne route jusqu’à présent.

Sus aux Bôches

Bon Baisers

Vive la France

Mondidier, le 21 octobre

Cher Raoul (son frère)

 

Celui qui n’a jamais vu la Guerre, ne peut même pas s’en douter.

Je puis te dire qu’à l’heure qu’il est depuis que l’on est parti de Tours sans compter le chemin de fer, nos chevaux ont fait plus de 3600 kilom.

Regarde sur la carte, Montdidier à côté d’Amiens.

C’est beau de voir la guerre mais c’est triste aussi, quand l’on peut croire qu’il faut s’entretuer les uns aux autres, le plus terrible c’est encore la lutte à l’arme blanche avec le sabre s’enfiler, c’est terrible et pourtant en ce moment là l’on y pense pas plus que de tuer un lapin, je ne te souhaite pas d’y aller, car il y a assez de moi dans ce travail là, car une guerre comme ça, c’est effroyable, jamais on l’a vu, jamais on le verra.

Quant on pense que nous sommes plus de 3 millions et demi en présence sur l’est c’est grandiose, l’on se bat sous terre par souterrain, se couvrir de branchages pour avancer dans l’air et jusqu’à 15 et 18 kilomètres sans se voir, c’est effrayant.

A la charge du Camp de Chalons, à Mourmelon, tu parles de les enfiler, moi pour ma part j’en ai toujours enfilé 2 de part en part, presque même à les enlever de leur selle au bout de mon sabre, blessé à coup de sabre 3 ou 4.

D’autres ont eu la chance d’en détruire plus que ça, à mon retour je vous expliquerai mieux que ça. J’ai eu une épaulette d’arrachée mon casque et une petite égratignure au cou le sang ne venait même pas.

Ils ne peuvent toujours pas dire, ces maudits boches qu’ils ont vu un seul Français, se rendre comme ils font ou trembler de peur devant eux, ah ! aa  nous non.

Vous devez en avoir vu des prisonniers dans l’Ile ces chiens de casques à pointes et petit bérets. Nous sommes avec la cavalerie Anglaise de bons camarades.

Et tous des volontaires.

Je vous ai envoyé plusieurs lettres depuis Compiègne les avez-vous reçues, j’en sais rien, verras tu celle là j’en sais rien non plus, enfin ça marche très bien.

Et j’espère aller goûter le vin nouvia (nouveau) avant longtemps.

Maurice, Ernest, Aleide, Marcel, Robert, enfin il y a-t-il des blessés de chez nous, à part Ulysse.

Bien le bonjour à tous

 Je vous embrasse bien fort ma petite Cécile, Raoul et embrasse Papa et Maman  en (?) pour moi

Ton frère qui t’aime

Henri

Le 15 Novembre 1914

Lettre suit pour description de souliers à m’envoyer, imperméables à l’eau, montants à mi-mollets, bonnes semelles avec des clous, solides, chauds, car ils me seront payés à l’arrivée le prix de facture.
Tout va bien, bien le bonjour à tous, je vous embrasse bien fort.

Votre fils  qui vous aime et pense souvent à vous.

Videau   Henry

Le 15  Novembre 1914,

Chers Parents,

        Je vous écris ces quelques lignes pour vous dire  que je n’ai pas touché le paquet en question mais il est au cantonnement général voilà longtemps déjà. Je l’aurai aujourd’hui.
Maintenant, je vais vous expliquer ce qu’il me faut indispensable , car nous allons dans les tranchées tous les jours et la nuit, c’est plein d’eau. La neige tombe beaucoup.

Nous sommes au repos aujourd’hui. Il me faut une paire de souliers et des liens, comme tout le monde fait venir, ils nous sont payés le prix qu’il coûte. Donc ne ménager pas le prix. Je vais vous dire comment. Il faut qu’ils soient imperméables à l’eau, une bonne paire de semelles épaisses et des clous.

Les semelles en cuir pour l’étrier, vous les ferez faire de manière que la languette soit juste jusqu’en haut de la tige, qu’ils se lassent et que la tige monte jusqu’à mi-jambe car nous sommes souvent dans l’eau et que je mette mes guêtres dessus, pour les lacets des trous et pas des crochets en fer, de manière qu’ils ne prennent pas l’eau jusqu’en mi-mollets, qu’ils soient chauds en dedans. Vous aurez qu’à l’expliquer au cordonnier, il saura ce qu’il faut.

Si c’est pas possible au cordonnier, chez les marchands il y en aura peut-être. ;

 

Voilà presque 1 mois que nous ne sommes plus en France.

Je vous réponds qu’il ne fait pas chaud. Les fourrures sont en jeu. Enfin, vous m’écrierez la description en même temps que vous me l’enverrez, le plus tôt que vous pourrez si c’est possible. Ils me seront payés, vous me direz le prix, un petit bout de facture avec.

Vous mettrez une paire de chaussettes dedans, c’est possible.

La neige tombe et ce n’est pas gelé dessous, il y a une boue formidable. Les pieds, c’est le principal, le reste l’on n’a jamais froid.

Tout va bien pour la santé, je n’ai pas encore été dérangé une seule fois. Les Charentais sont solides aux postes. Le cheval a-t-il été bien payé, les vaches aussi.

J’ai reçu une lettre d’Ulysse qui est de retour à la Rochelle à la veille de repartir. Son beau-frère Onésime est donc mort aussi.

Plus grand-chose à vous dire pour le moment, que je me porte bien et je désire que ma lettre vous trouve ainsi.                                

Bien le bonjour à tous

Je vous embrasse tous

Votre fils qui vous aime

Videau   Henry

Le 16 Novembre

Chers parents,

Je marque sur les 3 cartes et lettres en cas, où vous en recevriez qu’une : Souliers extra bons chauds, imperméables à l’eau, montants jusqu’à mi mollets, à lacets, bonnes semelles, clous, en cuir pour l’étrier. Surtout faites le recommandé, en colis recommandé.

Bonne santé, en bas les Boches, En avant, vive la France

Vote fils qui pense à vous

Les mots soulignés le sont dans la lettre d’origine

Le 24 Novembre 1914

Chers Parents,

           Je viens de recevoir ta lettre et la boîte de pastilles avec les bâtons de réglisse. Pour mon paquet, je ne l’ai pas reçu, il n’était peut-être pas recommandé, je croyais l’avoir vu à un premier cantonnement, je m’étais trompé.

 

           Je touche mes 20 sous par jour et je ne mange pas beaucoup d’argent, quelque fois avant le jour du prêt, il arrive quelquefois qu’il n’y en a plus, mais ce que l’on a pas, on s’en passe.

Enfin tout ce que vous m’enverrez, envoyez- moi le  recommandé ça sera beaucoup plus sûr. Si vous m’envoyez de l’argent, en lettre recommandée, mettez l’argent en billet de banque dans la lettre, car vous avez vers chez nous des billets de cents sous, de dix francs et de vingt francs comme ici, depuis la guerre.

           J’ai touché une ceinture de flanelle, et un gilet de laine, et une flanelle et j’ai été le faire estimé (quand même je l’aurais touché, l’on me l’a estimé 12 f et aujourd’hui, les femmes de France, ont envoyé des colis à la division, je viens de toucher une flanelle surnommée (flanelle du Docteur Jhonn).

 

Ce que je manque maintenant, c’est des souliers et des chaussettes. Puis j’aurai ce qu’il me faudra. Bonne santé, peut-être trouverais-je les chevaux que je connais, peut-être sont-ils à la division, notre métier à nous cuirassés est de faire tout, dans les tranchées, à cheval et sur tous les points qu’on nous demande, du Nord de la Belgique, en Alsace.

Enfin quand je serai dans vos bras, je vous dirai les mille choses que j’ai vues.

 J’ai écrit à mon oncle Ernest de nouveau car il m’a écrit qu’il n’aurait pas reçu ma première lettre. Tout va bien pour le moment et j’espère que ma lettre vous trouvera comme elle me quitte.

Pour les souliers que je demande, c’est du 46 ½  au 47 de pointure, vous pouvez les faire faire, prenez chez le marchand à cette pointure là.

Gants, chaussure, chaussettes, cache-nez.

Tout va bien.

Votre Fils qui pense à vous toujours.

Sus aux Boches

Videau   Henry

Vive la France

LE 26 novembre (?)

Cher Frère,

J’ai reçu votre lettre datée du 29 octobre 1914 et j’apprends avec tristesse toujours de justes nouvelles, mais ils ont fait leur devoir comme beaucoup d’autres.

Oh ! Maudite guerre qui fait tuer beaucoup de monde, surtout d’Infanterie, et la Cavalerie qui a  charger pure folie.

D’ailleurs, car c’est une guerre souterraine, et non une guerre ordinaire.   Beaucoup, nous ne savons pas faire la Guerre, mais les Boches, nous l’on appris

Tout va bien et j’espère que bientôt je serais dans vos bras : à la ? et pour quelques temps, mais après la Belgique je voudrais faire l’Allemagne, et aller donner la mains aux Russes à Berlin.

Bien le bonjour à tous de ma part

Ton frère qui t’aime

Henri

Bien embrasser Papa maman

Rubrouk le 27 Novembre 1914

Chers Parents

Je puis vous dire que je suis en bonne santé et je dirai que ma lettre vous trouve comme elle me quitte, je vais vous dire en deux mots ce que nous avons fait à Ypres.

 

Le 12 Novembre, le Général de Division demande une section de mitrailleuses pour veiller un pont, jeté par le Génie sur l’Yser.

Notre section fut désignée, nous voilà parti, nous creusons une tranchée pour passer la nuit (une fois arrivé 2 heures après, les projecteurs d’aéroplanes anglais nous révèlent deux fortes colonnes de 12.000 hommes environ arrivant vers nous.

Nous voilà prêts, arrivé à 1.250 mètres 1.300 m environ nos deux mitrailleuses tirent très lentement, croyant qu’ils n’y avait que quelques fusils, ils avancent, arrivés à 800 mètres de nous.

Le Lieutenant dit feu tir rapide, et je te jure que les premiers descendaient, les seconds passaient par-dessus pour retomber foudroyés un peu plus loin, c’était des Boches, c’était effroyable, mais comme c’était des Boches, c’était beau.

Ils n’ont pas pu approcher, plus de 200 morts puis ont battu en retraite. Ce n’est pas fini, le matin à l’aube, nous étions sans doute repérés par leurs gros canons car ils nous arrivent des gros obus (qu’on appelle grosses marmites) toute la journée, impossible de changer, la nuit pareil, le lendemain soir seulement nous avons pu aller nous reposer et aller manger, ça ne fait rien si nous avons eu faim, les Boches ont été très bien salués en laissant près de 6.500 blessés et morts sur le terrain .


Voilà le travail que nos mitrailleuses ont fait le 12 Novembre 1914.

Après la grêle d’obus.

Comme mal, nous avions 2 de nos camarades qui été un peu salés, mais presque rien.

Voilà chers Parents ce que l’on voit ici très souvent.

Plus grand-chose à vous dire pour le moment, que je me porte bien et que nous sommes au repos, auprès d’Hazebrouck, à Rubrouck, pour 1 mois peut-être, peut-être moins, l’on ne sait pas.

Bien le bonjour à tous.

Je vous embrasse tous de tous cœur

Bien Cécile, Raoul, et vous Cher Papa et chère Maman.

Videau Henry

Rubrouck, le 30 Novembre 14

Chers Parents,

Jusqu’à présent tout va bien, je suis en bonne santé et j’espère que ma présente vous trouvera comme elle me quitte.

A l’heure que je vous écris, je reviens de faire avec mes camarades, une chose bien triste. Je reviens de faire partie d’un peloton d’exécution. Un poilu qui s’est absenté de la (théorie ?) toute une journée, est revenu saoul à engueuler tout le monde les officiers, avait déjà 55 jours de prison, et ne soignait pas bien sa jument.

Le poilu faisait partie de la section.

C’est triste mais il le faut puisque c’est la guerre.

Pour moi tout va bien j’ai reçu ta lettre et celle de Raoul.

A bientôt je l’espère car les Boches sont foutus archi foutus.

Bien le bonjour

Votre fils qui vous aime et vous embrasse.

Henri Videau

A bas les boches

Vive la France

Le 2 Décembre 1914

Chers Parents,

J’ai reçu votre lettre m’annonçant que tu as commandé une paire de souliers. Si ils ne sont pas partis quand vous recevrez cette lettre, voudrez vous mettre un bon briquet, avec de l’amadou, un bon bout avec du papier à cigarettes. Du Job (si possible), car du papier, des allumettes (du tabac, l’on en touche encore un peu) mais le reste rien, rien.

De l’argent, je touche 10 francs tous les 10 jours, mais quelquefois, nous sommes 6 jours sans mettre un sou, et puis les 4 derniers jours, il nous en faudrait beaucoup pour se pourvoir de tout ce qui nous faut pour les jours mauvais. Ce que vous m’enverrez, n’importe quoi, envoyez-moi recommandé tout.

J’ai reçu les pastilles et le reste, ce qui m’a fait plaisir, car l’on ne trouve pas de ça ici.

Où les Allemands sont passé, il ne reste rien, mais tout espèce de choses nous arrivent par le ravitaillement (chocolat, sardines, etc., etc.) mais ça coûte un peu plus cher.

Enfin l’on trouve toujours, a peu près ce qu’il nous faut.

Puis, comme nous l’on va assez souvent dans les fermes occupées depuis 1 mois et demi il y a des poulets, du beurre, du lait, des œufs, l’on achète de tout ça pour changer un peu notre ordinaire, qui n’est jamais si bon. Car c’est trop vite fait.

Je suis partie de Tours avec 45 F j’avais demandé les 30 F à la Caisse d’Epargne que j’ai reçu à Servisy et tous les 10 jours, mon prêt et tout y a passé, et encore je l’ai mise qu’à grande économie. C’est vrai que j’ai payé cher le tabac, avant de rentrer en Belgique car l’on n’en trouvait pas.

C’est dur, car tout le monde fume, mais ceux qui n’avaient jamais fumé, car à de certains moments ça fait passer la faim.

A part ça tout va bien, je suis très bien portant et je désire que ma lettre vous trouve tous comme elle me quitte.

Partout où les boches ont passés ça été des atrocités sans pareilles telles, les anthropophages, les cannibales. Mais, tout ça se paiera avant longtemps, comme tous les vrais Français l’espèrent.

Jamais, nous ferons les atrocités, comme ils ont commis chez nous et chez les Belges, mais ils le paieront cher autrement.

Cher Papa, le courage ne m’a jamais manqué, la peur ne m’a jamais connu, en aucune façon et jusqu’au bout je ferais mon devoir de Français, et sus aux boches exterminons les jusqu’au dernier toujours en avant,

Vive la France,

Au Revoir cher Papa et chère Maman

Bien embraser Raoul et ma petite Cécile en pour moi.

Je vous embrasse Tous

Votre fils qui fait son devoir pour la Patrie si chère à tous

Videau Henry

Dans cette lettre, il s’y trouve un message caché, sur les 2 pages intérieures. Des lettres de l’alphabet sont indiquées dans la marge, et l’écriture a été beaucoup plus « soignée » que sur les autres lettres, comme pour être sûr de ne pas se tromper dans la lecture du texte.

Le 10 Décembre 1914

Chers Parents,

Jusqu’à présent tout va bien, sauf que voilà 22 jours que je n’au pas de nouvelles de personne, car les lettres nous sont apportées du régiment, tous les 8jours de notre régiment qui est à 80 kilom de nous. C’est comme dans ma précédente, je vous disais que j’étais en subsistance avec la section, au 269ème d’Inf. et tous les 4 jours maintenant l’on passe 24 heures dans les tranchées, à 40 mètres des Boches.

 Comme ça, ça va tout seul.

Ces salauds là, ils font comme nous j’en arrive hier et dans la journée. Ils ont fait un Babouin, et nous le montraient au-dessus de leurs tranchées, et nous autres l’on s’amusait à tirer dessus. Nous l’on fait pareil, c’est le rire de la tranchée. Pour s’égayer à tous les carrefours, aux Boyaux, au trous, il y a des pancartes comme (essuyer nos fricots S.V.P) ou défense aux Bôches d’entrer (Feu  réservé, lavabo, ou salon de Coiffure ou les salles Boches sont priés de passer à côté).

Finalement, l’on a de la boue jusqu’au cul. C’est comme si l’on était retranchés dans une « branche » aux marais).

Alors juge comme ça doit être, et tous les jours, il tombe de l’eau.

Enfin, la bonne humeur ne manque pas et le bon sang non plus.

Toujours avec l’espoir que ça se termine bientôt, car tout le monde commence à en avoir plein le cul.

Je vous demandais de l’argent dans mes dernières lettres, je ne sais pas si elle est en route, enfin je commencerais à en avoir besoin car l’on emporte de l’eau de vie dans les tranchées et c’est vrai qu’il ne m’en faut pas beaucoup mais un peu ça réchauffe, comme du fricot, qu’on achète car ce que l’on touche ça ne peut pas être beaucoup emporté, le manger de la cavalerie et de l’Infanterie n’est pas le même, car la cavalerie mange généralement cantonnée, et l’Infanterie en campagne,.

Enfin, comme l’on est à la guerre l’on se débrouille comme l’on peut, et l’on apprend à se dégourdir, plus que l’on veut.

Je suis en très bonne santé et je ne suis en mauvais état, l’on ne dirait pas que je suis à la guerre. Il y en a  beaucoup qui ont les pieds gelés, moi je ne crains rien car avec mes souliers, je passe partout, mails y a un inconvénient c’est le poids.

Plus grand-chose à vois marquer pour le moment je vous embrasse tous de tout cœur

Votre fils et frère qui pense à vous et qui vous aime.

Henry Videau

Les mots soulignés le sont dans la lettre d’origine

       Le 24 Décembre 1914

Chers Parents,

Nous sommes encore de retour des tranchées, nous allons faire réveillon au cantonnement, ce qui sera plus chouette.

Pour notre Noël, nous avons reçu chacun un paquet. Dans chaque paquet, il y avait : une savonnette, une orange, du fil, aiguille, une petite fiole de cognac, 2 bâtons de chocolat, un petit peigne, une brosse à moustache, où une glace, (et comme surprise, des calepins, des couteaux, une pipe, etc.) et 10 cigarettes chacun.

1C’était envoyé par les Ecoles de Tours, avec un petit mot dedans, de Joyeux Noël et Bonne année, et quelques mots d’encouragement.

C’était très bien, et ça fait plaisir à tout le monde

J’ai reçu aussi le petit paquet, contenant cache-nez, et chaussettes, la lettre aussi me l’annonçant, et je m’empresse de vous répondre de suite. Quand au briquet, c’est ça qui est utile

Peut être que mon oncle Ernest m’en enverra un.

J’ai reçu une lettre de lui qui m’annonce aussi qu’Angeline et Henry sont avec lui. Et que Florence a laissé son mari.

Pour le vin, l’on en touche tous les jours, de l’eau-de-vie, du chocolat, du fromage. Ce qui fait  toujours défaut, c’est le tabac. Car pour se chauffer dans la tranchée l’on fume une cigarette, et les allumettes pas.

Enfin, bref.

 

Hier, dans la tranchée, il s’est passé quelque chose qu’il faut vous dire.

En face de nous, à 30 mètres, il y avait des Bavarois, à notre gauche les Prussiens, et à droite les Saxons.

Les Bavarois sont très chics, car ils ont venu nous voir dans la tranchée ; ils nous ont dit : « Vous Françouss, tirez pas, nous non plus »

Pendant 2 jours et 2 nuits, pas un coup de fusil.

Puis moi avec le Lieutenant, nous avons été chercher un journal Bavarois ; ils nous ont offert des cigares, des cigarettes ; le Lieutenant leur a donné un paquet de Maryland et moi 2 bâtons de chocolat que j’avais touché la veille ; il a fallu leur serrer la main à tout prix, puis on a retourné dans notre local.

Le lendemain matin, des fantassins des avant postes ont pris le café ensemble avec l’avant poste Boche. Et ils disaient : « Se méfier, Prussiens dans le bois à gauche, tiré dessus avec mitrailleuses » Je crois qu’ils vont faire réveillon ensemble.

Ca, j’en suis sûr, car je l’ai vu de mes propres yeux ; mais ça n’a pas été partout pareil et pas toujours.

 

Le paquet de flanelle et ceinture, je ne l’ai pas vu mais j’en ai touché d’autres et 10 francs avec. Mes souliers, je ne sais pas quand ils seront payés car l’on est éloigné du régiment et il faut que la liste parte au ministère et retourne ; ce n’est pas tout de suite.

 

Enfin voilà 2 mois que où nous sommes rendus que les Boches sont las.

Si vous m’envoyé de l’argent, envoyer moi des billets dans la lettre, c’est plus commode ; car pour toucher de l’argent c’est la scie.

Maintenant je remercie bien ma grande Cécile aimée du beau cache-nez qu’elle m’a fait, car je ne le crois encore pas que c’est elle, car c’est bien fait et épais et chaud.

Que je voudrais être auprès de vous et vous embrasser bien  fort, vous serrez dans mes bras tous. J’espère que ça viendra bientôt, j’espère.

Embrasser bien Cécile, cette chère petite sœur et pour moi, ainsi que Raoul, et toi Papa et maman, chers Parents aimés, à qui je pense continuellement.

J’espère que ma lettre vous trouvera comme elle me quitte en bonne santé et plein de courage et d’espoir en notre France bien aimée. Notre chère Patrie.

Je vous souhaite à tous une bonne et heureuse année avec l’espoir au coeur et vous revoir tous sain et sauf, dans les bras, les uns des autres.

Je me rappelerais de mon Oncle Pierre, de Germain Papeau, Rousselot, etc et je me charge fort de les mettre à leur place.

Je m’arrête car je n’ai plus de place

Rappelle toi, aussi Papa, que Maubeuge a été un second Metz. Le général Persan qui est parti au Brésil, s’est rendu sans se battre avec 48000 hommes français

Je vous embrasse tous bien fort.

Dans le Journal des Marches et Opérations (JMO) du 5e Cuirassiers, il est indiqué à la date du 25 décembre : « Dans chaque escadron, il a été organisé un arbre de Noël »

Le JMO du 226e RI qui était dans le même secteur, ne signale aucunes fraternisations.

Curieusement, dans le JMO du 269e RI,  également à Carency, il manque les pages concernant les journées des 24 et 25 décembre. Ont-elles « disparues » ?

Il en parle aussi précisément dans son carnet   ---> Lire son carnet  <----

 

Le 1er janvier 1914

(Erreur de date de sa part)

Chers Parents,

Dans ma précédente, je vous marquais que nous étions affectés avec nos chevaux et mitrailleuses et que nous devions aller dans les autos-canons Nous sommes encore avec nos chevaux et nous avons formé 4 équipes de 3 poilus pour se relever des tranchées tous les 24 heures

24 heures dans la tranchée et 3 jours au repos.

Tout va bien je suis toujours en bonne santé et je désire qu’il en soit ainsi de vous tous.

Le régiment est toujours à Frévent et nous à Arras, dans le journal regardez l’on parle de Carrancy (Carency) et c’est là que je suis à 13 k d’Arras.

Pour notre 1er de l’an, l’on a touché, jambon, Champagne, orange, cigare, et le reste comme à l’ordinaire tous les jours.

Du vin tous les jours de l’eau-de-vie tous les matins.

Tout va bien

Vivement la victoire finale, qui ne saura tarder, j’espère.

Bien embrasser cette petite sœur aimée de son grand frère de loin qui défend sa patrie de tout son cœur et avec l’espoir au cœur de rapporter les lauriers gagnés, avec l’honneur qui manque aux Boches

Plus grand-chose à vous dire pour le moment que je vous embrasse tous de tout cœur.

Votre fils qui vous adore

Videau Henri

Guiyonneau

Penser à Raoul que j’entends pas parler de lui.

Et Mousse est-il mort ?

Les mots soulignés le sont dans la lettre d’origine

Le 4 janvier 1914

(Nouvelle erreur de date)

Chers Parents,

Jusqu’à présent tous va bien, je suis en bonne santé, cinq de la section ont eu les pieds gelés dans les tranchées, moi je crains rien avec mes souliers : ils ne me sont pas encore payés car, l’on ne parle encore pas de rejoindre notre régiment qui est toujours cantonné et au repos à Conchy-sur-Canche

04-01-1915

Je désire que ma présente vous trouve tous comme elle me quitte.

J’ai écris à Jules Bondoin (?), que je ne sais pas ce qu’il fait et à Jules Robert (?) de la Boirie qui m’a répondu.

Tout va bien, je serais content de vous voir un moment

Bien le bonjour à tous ceux qui s’informent de moi.

Je vous embrasse tous de tout cœur

Au revoir à ma petite Cécile et à Raoul et embrasser maman et toi Papa.

Votre fils qui vous aime et pense à vous

Le 23 Janvier 1915

Cher Raoul,

J’ai reçu ta lettre hier et je réponds de suite car j’ai un petit moment

Tu me parles de poilus c’est un mot qui restera éternel dans l’Histoire de France et comme tu dis c’est n’est pas des froussards. Je crois que le fils de Germain Papeau, à la frousse et les foies de partir car, je voudrais les voir ici, surtout avec l’équipe que je suis et que je commande aux tranchées car il faut avoir du sang et ce n’est pas ce qu’il nous manque

Tu comprends l’on a former 4 équipes et nous avons 1 cabôt de moins, qui est évacué, pour avoir les pieds gelés, alors les 2 autres forment 2 équipes, le sous-off une autre et moi, comme plus ancien, une autre, et ce n’est pas les plus mauvais poilus que j’ai sous la main.

Mais j’ai grand peur de partir cabôt (caporal) à une autre section qui vient de se former, et dont je ne connais pas les caractères de ces autres poilus

Enfin l’on verra par la suite si ils n’ont pas de sang dans leurs guiboles, je leur ferais voir comment ça se goupille.

Cher frère, toi qui veut t’engager, c’est très beau ce geste de vouloir prendre part au sauvetage de la (mots rayés) notre France aimée

Je t’estime fort mon cher Raoul, et mes copains à qui je les dis te félicite aussi, mais il y à assez de moi à être exposé sans toi aussi.

Vois donc la peine que tu causerais à papa et à maman de partir toi aussi ; Donc, tache de te rendre utile toi aussi, mais reste chez nous auprès de papa et de maman et aussi de notre petite Cécile aimée. Attends que je sois de retour, puisque tu le peux

Nos Parents ont bien assez de peine sans leur en causer d’autres.

Sur ce, je t’embrasse bien fort, et embrasse bien Papa et Maman, ainsi que Cécile à vous tous, à qui je pense toujours de ma part

Au revoir et peut être à Bientôt.

Ton frère qui pense à vous

Caresse Mousse pour moi.

Les mots soulignés le sont dans la lettre d’origine

Le 9 février 1915

Chers Parents,

J’ai reçu votre lettre aujourd’hui, m’annonçant que vous voulez m’envoyez un colis de cochon, j’en mangerais bien, et mes deux camarades aussi ; car eux, c’est des colis de conserves qui reçoivent et l’on mange tout trois ensemble. Les colis ne se perdent pas si vite. L’on va se faire tirer tous les trois et je vous enverrai notre photographie de tous trois

Je suis toujours en bonne santé et je désire que ma lettre vous trouve comme elle me quitte.

Nous sommes toujours au repos

Nous redescendons au lieu de nos premières batailles

Je vois aussi que une fois la guerre finie, ça sera surtout ceux qui n’ont jamais vu le feu qui en diront le plus, Mais qui fasse attention à le dire devant ceux là qui sont comme eux.

Nous sommes dans une petite ville, très bien vu et nous couchons depuis 8 jours tous dans des lits, ce qui reposent très bien et qui fait oublier toutes nos dernières fatigues. Beaucoup de choses seront à revoir après la guerre, pour le moment pensons à défendre notre Patrie des Barbares et de rapporter la victoire.

Beaucoup de gens qui auront été mobilisés, parleront peu devant qui de droit, et qui aura risqué plus de 60 fois sa peau

Je pourrais citer tous les endroits qui auront été pour moi plus ou moins meurtriers. Enfin, l’on verra par l’Avenir.

Le colis que j’ai reçu vient de mon Oncle Ernest. J’ai reçu une lettre aujourd’hui, me le disant.

Si je pouvais recevoir votre colis pour le Mardi-Gras je serais content, car ça nous ferait notre Mardi-Gras, et nous serons peut être encore au repos.

Pour le moment je m’arrête, j’en ai trop long à vous dire, je me réserve pour plus tard.

Votre fils qui vous aime

Qui vous embrasse bien fort

Secteur 65

1

 

Bonjour à tous, et j’ai reçu aussi une lettre de Jules qui dit qui en voit aussi.

Tous les poilus en rotent (?) eux aussi

Votre fils qui pense à vous

Le 14 février 1915

Chers Parents,

Je viens de recevoir votre petit colis rempli de boudins et saucisses, Rien ne manque et je le trouve délicieux ainsi que mes camarades. Eux qui étaient habitués à la charcuterie de ville. Des remerciements aussi à vous faire de leur part.

Nous sommes au repos tout va bien, je suis en parfaite santé et j’espère qu’il en sera ainsi de vous tous

J’ai reçu une lettre aujourd’hui de mon Oncle Videau

Il dit que les libérateurs de la France et les hommes victorieux et qui rapporteront, C’est nous les Mitrailleurs et Artilleurs qui auront le plus contribuer dans cette Guerre. Car il faut se rappeler qu’une mitrailleuse tient la place de 200 hommes aux tranchées.

Rien de nouveau

Je vous embrasse tous

J’ai reçu aussi une lettre de Jules Boudin qui me dit qu’il est à Nancy

Le 1er Mars 1915

Chers Parents,

Jusqu’à présent tout va bien, je suis dans les tranchées depuis quinze jours et tout va à merveille, je suis en parfaite santé et je désire que ma lettre vous trouvera comme elle me quitte.

Nous faisons la Guerre des Taupes.

C’est y bien vrai que tous les frères Joyeau, ainsi qu’Alcide sont morts, J’en serais très peiné de savoir que le petit pays de la Boirie est très affligé de la sorte.

Vous savez mon secteur Postal 65. Pas besoin de mettre Tours et Indre et Loire, et les lettres arriveront plus vite.

Je ne vois plus grand-chose à vous marquer, car tout est défendu de mettre quoi que soit sur les positions, car les lettres sont décachetées et beaucoup attrapent de la prison.

Tout va bien, en bonne santé et bien portant

Votre fils qui vous aime

Le 6 Mars 1915

Chers Parents,

Reçu votre lettre et je vous envoie un paquet, mes souliers, et dans quelques jours, je vos enverrai mon cache-nez et quelques souvenirs de la guerre.

Je vous adresse mes souliers  par intermédiaire de civil .

Lettre suit plus explications.

Bons baisers.

Henry

Verberie, prés de Compiègne et Senlis.

Le 7 Mars 1915,

Chers Parents

               Jusqu’à présent tout va bien, je suis toujours en bonne santé et je désire qu’il en soit ainsi de vous tous.

Nous sommes dans les tranchées de 1ère ligne depuis 1 mois et demi bientôt, l’on est assez bien car c’est comme des maisons en terre, l’on fait du feu et l’on est pas mal.

Nous retournons au repos vers le 20 de ce mois à notre ancien cantonnement, qui est à côté de Compiègne, regardez sur la carte, vous verrez Verberies.

Pas grand-chose à vous marquer pour le moment de bien intéressant car ça nous est défendu de mettre ce que l’on fait sous peine de prison.

                Bien le bonjour à tous de ma part. Bonjour à tous. Je vous embrasse de tout cœur et je pense à vous toujours ;

Votre fils.

Henry

Le 13 Mars 1915

Mademoiselle Cécile, Madame Videau, Monsieur Raoul et Cher Papa.

Tout va bien et j’espère aussi qu’il en est ainsi chez nous. Dans 5 ou 6 jours, je vais au repos. A notre grand cantonnement.

Un bonjour de la part de mes deux copains.

Votre fils qui pense à vous.

Henry

14 Mars 1915

Monsieur Raoul, 

Je suis toujours en bonne santé et désire que ma présente vous trouve tous comme elle me quitte.

 Encore quelques jours et l’on se retire des tranchées. Fais l’assemblage des bouts de papiers que j’envoie dans chaque lettre et tu verras où je suis passé, c’est  vrai que ce ne sera qu’un aperçu de la route que j’aurai faite.

Bien le bonjour à tous. Embrasse Papa, Maman, ma petite Cécile qui est si mignonne, pour moi.

Bons Baisers

Henry

Le 19 Mars 1915

Chers Parents,

Je viens de recevoir votre lettre, hier et qui m’a trouvé en bonne santé, et qui j’espère que ma présente va vous trouver tous de même.
Papa, tu me dis pas si mon  oncle Ernest a reçu ma lettre , lui disant que j’ai un camarade blessé à Bordeaux, ou si vous avez été le voir.

Pour les chevaux, je crois que il y en aura beaucoup de réformés ou de remis aux propriétaires, car les dépôts en sont pleins et les régiments presque complets et la plupart de l’artillerie et du ravitaillement, des convois marcheront par traction automobile et voilà les beaux temps où ça passera partout.

Pour les hommes adultes qui sont dans les grandes villes, ne vous effrayez pas, car presque tous le monde va quitter les dépôts pour le front, dans quelques semaines et tous les services seront assurés par nos territoriaux et quelques uns d’active au courant de tout.

Pendant l’hiver, il n’y a presque pas eu d’attaque, il n’y avait en moyenne qu’à hiverner et tenir, et nos territoriaux étaient solides pour ça.

Presque tous les régiments d’active ou de réserve d’active ont passés les 2 derniers mois soit dans les grandes villes, soit dans l’arrière à 80 ou 100 km du front.

Ne vous effrayez pas, car dans quelques semaines, il y en aura pour tout le monde.

Plus grand-chose à vous dire, je vous enverrai un paquet dès que je serai au repos si possible.

Votre fils qui vous aime.

Henry

Le  26  Mars 1915

Chers Parents,

Excusez-moi si j’ai commencé à l’écrire à l’encre, mais ma plume de mon stylo est cassée et je n’en ai pas d’autres sur moi.

Pour le moment, donc j’écris au crayon, c’est lisible quand mes lettres arrivent. Vous ne me dites pas non plus si vous recevez le journal de ma campagne.

Vos lettres sont loin à loin.

Tout va bien pour le moment et j’espère qu’il en est ainsi de vous tous, Raoul a du en voir, lui qui est un peu douillet. S’il était ici, il verrait autre chose, c’est vrai que maintenant l’on est habitué.

Je suis au repos en 2ème ligne et les (marmites) derrière assez souvent, mais ça ne nous fait plus rien.

Le jour  de la prise de Prezmils par les Russes ; un ordre est arrivé par téléphone de chanter sur toute la ligne 2, on a gueulé la marseillaise tous en chœur et les trompettes et les clairons ont sonné la charge.

L’on a fait un concert toute la nuit, à 20 mètres des Boches, puis tout a retombé dans la calme, comme d’habitude.

Rien de nouveau pour le moment.

Bien le bonjour à tous.

Henry

Le 5 Avril 1915

Chers Parents,

Je suis de retour aux tranchées où j’étais auparavant pour une dizaine de jours

Je vous répond que je viens de passer un mois heureux et c’est bien le plus beau mois de ma vie que j’ai passé où j’étais cantonné

Jamais, je le jure, je n’ai passé un mois si heureux, à part quelques petits travaux à cheval, je crois bien que tout le reste du temps jour et nuit, je l’ai passé dans la joie et le bonheur.

C’est un chic pays toujours, et je m’en rappellerai toujours.

Je suis aussi comme qu’à la Boirie.

Je crois bien qu’à moi seul, (c’est vrai que j’étais presque forcé) j’ai dépensé plus que vous tous en 4 mois. J’ai été à mettre jusqu’à 11 F par jour et quelque fois plus. Mais ça m’était égal car l’argent sortait des mains d’une femme mariée à un s/s lieutenant d’active, pour rentrer dans ma poche.

Jamais je n’avais vu ça. Son mari est au 3e groupe cycliste de la 3e Division de cavalerie. Je ne sais pas ce que je lui ai fait, mais à de certains moments, je ne pouvais pas m’en défaire.

Je vous enverrais sa photographie avec la mienne dès que je les aurais

Votre fils qui pense à vous et qui ne s’en fait pas

Bonjour à tous

Mille Baisers à chacun

Si tu pouvais dans un colis par chemin de fer, m’envoyer une bonne bouteille d’eau-de-vie de la bonne je serais content

Tu as qu’à faire un colis mettre ce que tu voudras dedans pour entourer la bouteille et qu’il n’y a pas trop forme de bouteille pour l’entourer, car mes copains en ont reçu deux chacun et je leur disais qu’elle n’était pas si bonne que la nôtre

Mets l’adresse comme ça

Mr Videau Henry

Section des Mitrailleurs

5ème Cuirassiers

Secteur Postal 65

par le dépôt de Tours, Indre et Loire

Le 23 – 4 – 1915

Cher Papa

J’ai reçu ta lettre m’indiquant l’arrivée de mon colis, j’en en enverrai un autre dès que je le pourrai.

J’ai reçu des nouvelles de Camille Compère et je voudrais bien avoir l’adresse de Ernest Nadeau car je n’ai pas de nouvelles de lui depuis le mois de Septembre.

Vivement que nous soyons de retour pour nous retrouver tous ensemble pour boire le bon vin blanc des tolles et autres, car quoique je ne l’aime guère, c’est vrai mais ici l’on en touche ½ litre par jour et par bonhomme.

Je vous embrasse tous

Henry

Tout va bien.

Le  30  Avril 1915

Chers Parents.

Papa, j’ai reçu ta lettre hier, elles ne mettent pas longtemps à venir, que 3 jours.
Je suis toujours à Verberies depuis 3 et quatre jours, il fait une chaleur intense.

Dimanche prochain j’irai me baigner dans l’Oise et j’espère, que ça me fera du bien ;

Rien de nouveau pour le moment à vous dire, je suis toujours en bonne santé.

Mon carnet de route n’est pas écris encore sur mes souches, c’est pourquoi je ne peux pas l’envoyer. Peut-être que dans le Léon Gambetta  avais des copains qui y sont restés là-bas. Ulysse est-il toujours en partance pour les Dardanelles.

Plus grand chose de nouveau.

Bons Baisers.

Votre fils. Henry

Bien embrassé Raoul, Cécile pour moi.

Le  15  Mai 1915

Chers Parents

J’ai reçu ta lettre hier, je suis changer de cantonnement, nous sommes auprès d’Amiens à 14 km, il y a environ 60 000 cavaliers * de réunis là dans le secteur d’Arras à Amiens.

Tout va bien, je suis dans un petit pays, assez bien, mais ça ne vaut pas où j’étais bien loin de là. Tous les jours, je vais pousser quelques roupillons dans l’herbe.

Je n’ai rien de bien nouveau à vous apprendre pour le moment. Je suis en bonne santé et désire que ma présente vous trouve de même.

Bonjour à tous

Je vous embrasse de tout cœur

Votre fils et frère qui pense à vous

Videau  Henry

(*) Vrai : Les cavaliers étaient prêts à exploiter la "percée" de l'offensive d'Artois. Percée qui n'a jamais eu lieu

Le 22 Mai 1915

Cher Papa,

Je viens de recevoir et prendre connaissance de la lettre m’indiquant la mise à la gare du colis en question (gargarisme, eau oxygénée, etc. etc.)

Je me porte toujours à merveille et désire de tout cœur qu’il en soit ainsi de vous tous. Suis toujours au repos.

Nous sommes tous habillés dans la nouvelle tenue, qui n’est plus du tout la même chose, d’un côté c’est beaucoup plus commode mais beaucoup plus salissant.

On parle toujours de partir pour l’Italie, dès qu’elle aurait déclaré la guerre à l’Autriche toute la 9ème Division.

L’avenir nous apprendra tout.

Plus grand-chose à vous apprendre pour le moment, que je vous désire tous en bonne santé.

Bonjour à Louis, et vous embrasse bien fort.

Votre fils qui pense à vous.

Bien embrasser maman, et ma petite Cécile

Nancy Saint Sépulcre 8 juin 1915

Mon cher Henry

Hier soir j’ai reçu ta simple carte qui m’a fait plaisir. Tu me dis que tu es sans nouvelle de moi et moi c’était la même chose. Mais j’espère que maintenant tu as reçu la lettre que je t’aie envoyée et je suis en attendant une de toi

Je t’envoie cette photo qui n’est pas bien du tout, surtout que ma sœur fait un peu la moue, mais je n’en avais pas d’autres sous la main

A Bientôt le plaisir de te lire

Je t’embrasse bien fort de loin

Le 20 Juin 1915

Cher Papa,

Je me porte merveilleusement bien et désire de tout cœur que ma présente vous trouve tous ainsi.

Je suis aussi sur le sort d’Ulysse, car il m’écrivait assez souvent et je n’ai aucune réponse de lui depuis plus d’un mois

Nous faisons des évolutions que personne de nous autres comprend ce que ça veux dire.

Quant à mon cheval j’ai le même cheval que j’ai eu au dressage il y a bientôt deux ans et toujours eu à part quelques jours (4 ou 5 jours) qu’il a été attelé, car j’avais peur qu’il soit blessé sur le dos

Nos chevaux sont gras et très bien portants, comme nous d’ailleurs

Nous avons eu prise d’armes ce matin et avons assisté à la première remise des Croix de Guerre

Tout va bien pour le moment, j’ai reçu une lettre de Raoul et lui est répondu.

Bonjour à tous

A ma grande Sœur

Maman et toi Papa

Votre fils qui vous aime

Je me suis trompé d’adresse je ne recommence pas

08 JUILLET 1915

Cher Parents,

J’ai un peu tardé à vous donner de mes nouvelles quoique elles sont très bonnes en ce moment.

C’est par suite de mon changement que je n’ai pas pu.

Nous sommes entre Dannemarie et Mulhouse en Alsace.

Nous avons embarqué près d’Arras passé à Paris et Belfort droit par Troyes, (le Bourget), Langres et …. A Montbéliard.

Nous sommes en pays conquis.

Vous voyez que maintenant nous avons fait tout le front d’un bout à l’autre.

L’on est très bien reçu aux environs de Belfort et quelques pays d’Alsace, mais il faut se méfier car il y a toujours des Boches de ( ?)

Toujours en bonne santé et nous allons dans les tranchées mais pas un coup de fusil, ni un coup de canon, l’on ne se croirait pas en Guerre

J’ai reçu une lettre de Raoul hier, et une lettre de la Boirie, il vous l’a dit je pense.

J’attends de nos nouvelles je crois que la Foire à Saint Pierre n’étant pas bien grande cette année

Ici c’est rigolo de voir les attelages l’on voit un cheval et une vache attelé ensemble, ou un bœuf, une vache et un cheval  tous au collier.

C’est la même culture que chez nous.

Plus grand-chose à vous dire pour le moment.

Votre fils qui pense à vous et vous aime.

Henry

13-07-1915 –Dernier courrier –Hôpital de Belfort

 

 

 

 

 

 

1Chers Parents,

Le 13 juillet 1915,
Chers Parents,
Pas de mauvais sang,
je suis à l'hôpital de Belfort,
j'ai un éclat d'obus gros comme
un faillot dans le gras du
bras au biceps (le mot est souligné).
Ne vous en faites pas poussez (???) toujours ...

lacune vraiment illisible de deux mots peut-être plus] et le dernier mot de la page, peut-être précédé de ma est "Gosse". Est-ce du bébé de 2 ans qu'il s'agit, ou de la mère, dont il avait montré la photo à l'infirmière  ? "Ma gosse", à cette époque, c'était la fiancée, ou l'épouse.

 

 

 

 

 

Suite illisible à part quelques mots par ci, par là, si vous arrivez à déchiffrer, faites moi signe, je peux vous envoyez un agrandissement

 

 

 

 

 

1

 

Tout va bien, Quand même

Je ne resterais pas pour longtemps

à Belfort je serais évacué

sur l’intérieur, A bientôt

dans quelques temps.

VIDEAU Henri

Hôpital militaire

Belfort (5e Cuir.)

Mitrailleuses

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

COURRIER VIDEAU APRES LE DECES, circonstance de la blessure

20-07-1915 – courrier du capitaine GASTEY du 5ème Cuirassiers

Monsieur

C’est avec une émotion respectueuse que je vous écris, à vous dont j’avais pu apprécier le cœur de père et de Français lorsque vous m’aviez écrit au sujet de l’avenir du pauvre petit que nous pleurons.

Vous savez qu’il avait pour moi un dévouement et une affection que je lui

De tout cela Monsieur, la récompense devait être la croix de guerre pour citation à l’ordre du régiment, qui lui aurait fait tant plaisir.

Vous la recevrez, Monsieur, et ce sera un triste mais glorieux souvenir, et un juste témoignage du cruel sacrifice que vous faites à la Patrie. Il l’avait certes déjà méritée, car, intelligent, adroit, dévoué, il était aussi brave.

Je me rappelle, la première fois que lui et moi nous avons vu le feu – c’était le 20 Août, en Belgique – nous étions dans un endroit où cela sifflait fort, ses camarades couchés un peu en arrière, lui qui était mon télémètreur, en avant avec moi – et à un moment où il était tout près de moi, une balle était passée juste entre nous deux, nous nous étions regardés, il souriait.

Plus tard, et partout, il était le premier que je choisissais. Dans les tranchées, deux fois je l’ai emmené, la nuit, dans les sentinelles ennemies.

Je vous dis tout cela, Monsieur, au risque d’augmenter votre chagrin. Mais je sais aussi que dans votre douleur, il vous sera doux d’entendre répéter, et de pouvoir dire bien haut autour de vous, que votre fils est mort pour la France en bon soldat.

Il me reste à vous dire encore ceci dont vous serez, si on peut dire, heureux. Les circonstances ont fait que moi, son chef de la veille, son vrai chef, car je puis dire que je l’avais formé et perfectionné, j’ai eu la triste de joie de pouvoir emmener quelques uns de ses camarades pour l’escorter au cimetière, lui donnant ainsi et les honneurs militaires qui lui étaient bien dus, et un peu de l’affection de son autre famille, puisque la vraie ne pouvait être là.

Vous recevrez une lettre du pasteur qui a officié.

Je vous prie, Monsieur d’être mon interprète auprès de tous ceux à qui Henri Videau était cher, pour leur présenter ma sympathie tristement émue, et leur dire quels sont mes regrets. Pour vous, Monsieur, si cruellement mais glorieusement frappé, croyez à mes sentiments dévoués, et n’hésitez pas à me demander les détails ou les démarches que je pourrais vous donner ou faire pour vous.

G Gastey

Capitaine au 5ème Cuirassiers

Secteur 65

Courrier des camarades BOUTEILLER et POULARD après le décès

Le 28 Juillet 1915

Madame & Monsieur Videau

C’est aujourd’hui que je viens mêler mes peines aux vôtres. Je n’ai pu vous écrire plus tôt, étant donné que c’est défendu d’écrire aux parents des soldats morts, les circonstances dans laquelle c’est arrivé.

Mais aujourd’hui je me permets de vous écrire, étant donné ma parole, que j’avais

dit a notre vieil Henry, que je serais content, et lui aussi, que nos parents sache comment nos dernières heures se sont écoulées.

Je suis son grand camarade depuis déjà plusieurs années. J’ai passé au quartier mon temps avec lui et nous étions camarade de lit, nous sortions ensemble et tout. La guerre arriva nous avons combattus partout ensemble, et nos liens d’amitiés venaient de plus en plus grands avec un autre camarade nommé Bouteiller. Il fallut faire onze mois de guerre en rase campagne pendant deux mois et environ six mois de tranchées sans qu’ils nous arrivent rien

Le 11 Juillet, nous étions aux tranchées, les Allemands nous font une attaque, il est tombé peut être des centaines d’obus de gros calibre sans que personne ne soit touché.

Un malheureux petit obus arrive au dessus de nous et un schrapnell vient frapper notre cher camarade au bras. Il ne jette pas un cris, sa seule parole fut « je suis touché » et se porta immédiatement la main a son bras. Aussitôt on le déshabilla et l’on fit son pansement et mon camarade Bouteiller aller le conduire au poste de secours ou il fut soigné. De là envoyé à l’hôpital de Belfort.

Arrivé a Belfort il nous une carte ou il dit que ce n’était pas grave, et deux jours après l’on est venu annoncé la terrible nouvelle.

Je ne pouvais en croire malheureusement ce n’était que trop la vérité.

Une messe fut dite aux tranchées pour lui et toute la section pleurait C’était un bon camarade, rendant service à tout le monde, quand il y avait quelque chose l’on allait se confesser à lui et il remettait tout le monde en place. Enfin c’était un garçon qui avait du courage et qui était brave il n’avait peur de rien et était estimé de tout le monde.

Excusez moi Madame et Monsieur Videau  si je vous ai écrit cette lettre mais je serais content que si pareil chose m’arrivait que ma famille le sache, car vous savez que d’après cette terrible guerre c’est le sort qui nous ai réservé.

Monsieur Videau une cordiale poignée de main de la part de toute la section et songez que notre cher Henry sera vengé.

Un de ses grands amis

Poulard

SDM

Secteur 65

 

Sur la même lettre :

Monsieur et Madame Videau

Je viens me joindre à mon ami Poulard pour vous exprimer les regrets qu’a laissé parmi nous notre ami Henri. Je vous prie de nous excuser de la liberté que nous prenons de vous écrire, mais nous nous étions promis de le faire les uns pour les autres s’il nous arrivait malheur.

Je n’insiste pas sur les circonstances de sa blessure.

Il n’y a qu’une chose que mon ami Poulard a omis de vous dire c’est que notre pauvre

Henri a été cité à l’ordre du jour pour sa belle conduite.

Veuillez recevoir, Monsieur et Madame, en souvenir de votre fils, mon meilleur ami, l’expression de mes meilleurs sentiments

Bouteiller

HOPITAL MILITAIRE De BELFORT, le 1er Octobre 1920

Le médecin-chef

Belfort, le 1er Octobre 1920

Monsieur,

En réponse à votre lettre, j’ai l’honneur de vous donner les renseignements que vous me demandez.

La tombe de votre fils  Henri Videau se trouve au cimetière Belle-Vue à Bavilliers, sous le n°312.

Vous pouvez donc facilement le trouver en vous adressant au conservateur du cimetière.

Agréez, Monsieur, mes salutations.

LETTRE  DU CAPITAINE

Cher Monsieur

Je pense que vous avez reçu les souvenirs de votre cher et brave fils, probablement la lettre du Pasteur, et peut être aussi déjà la croix de guerre ?.

En ce qui concerne la décoration et les petits objets, ne vous étonnez d’aucun retard, tout est possible, mais soyez assuré que vous aurez tous. Quand je suis arrivé à l’hôpital la première fois, trop tard hélas, l’inventaire venait justement d’être fait et j’ai vu les objets en question au bureau de l’hôpital....

De tout ceci j’ai causé avec ses camarades, qui m’ont montré votre lettre, comme je leur avais montré celle que j’avais reçu, trop heureux de leurs montrer ces belles lignes d’un père cruellement blessé, mais si fortement courageux et Français.

Je les avais montrés aussi au Colonel. Celui-ci m’a chargé de vous dire que, tout spécialement, et comme cela se fait parfois pour des officiers tués, on a donné le nom d’Abri Videau à un abris de mitrailleuse dans la tranchée….

Je suis allé de votre part remercier l’Infirmière, elle n’avait rien de spécial à me donner à vous transmettre. Le pauvre petit lui avait montré une photographie de jeune femme avec un petit enfant. Il me semble pouvoir rapprocher peut être ceci de ce que vous disiez dans une lettre à ses camarades Bouteiller et Poulard.

Vous savez que vous pouvez vous adresser au souvenir affectueux de ceux-ci et au mien pour toute question.

Je regrette de ne pas vous avoir rassuré plus tôt sur un point bien important….

Nous avons conduit la glorieuse dépouille dans une tombe séparée dans un cimetière militaire où reposent tant d’autres braves.

M Soublet vous envoie, je crois une photo où mon pauvre brave petit télémétreur est au milieu de ses camarades, avec son instrument. Toujours tout à votre disposition, je vous renouvelle, Monsieur, l’expression de ma respectueuse sympathie.

COURRIER DU PASTEUR

Mon cher Collègue

Henri Videau votre infortuné mais courageux paroissien est mort à l’hôpital de Belfort le 17 courant, 2 heures de l’après-midi, il y avait été apporté 7 jours avant avec une blessure au bras par éclats d’obus.

Sa blessure profonde ne mettait en aucune façon sa vie en danger.

Le médecin avait donné un avis formel (écrit 2 fois dans la lette) à ce sujet.

Malheureusement il survint une complication la formation d’un caillot sanguin qui arriva au cœur. Le malheureux garçon mourut subitement d’une embolie en quelques minutes.

Il avait été blessé à un poste de mitrailleur dans la tranchée pendant le bombardement pas une batterie Allemande.

Il était le courage et la fidélité même au devoir disait de lui un capitaine qui vint avec un détachement d’escadron l’accompagner à la dernière demeure

Henri Videau a eu autour de sa dépouille mortelle plusieurs dames de la Croix rouge qui fleurirent son cercueil ses camarades avec capitaines et un pasteur aumônier. Nous avons priés pour les chers absents demandant au Père céleste de leur donner la force de supporter l’épreuve

Videau est parti sans souffrance et sans comprendre ce qui arrivait, à son infirmier il avait montrer parait-il la photographie d’une fiancée et d’un bébé de 2 ans qu’il avait sur lui.

Son capitaine a rendu de lui un témoignage très élogieux et comme devant être cité à l’ordre du jour

Je vous mon cher collègue agréer l’expression de mes sentiments fraternels

Pasteur P. Ebersolt

 

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