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Parmi elles, le
70e bataillon de Chasseurs est connu pour la mutinerie de la 7e compagnie qui
l’a affecté.
Ont-elles touché
les autres unités de la division ? Ont-elles été retranscrites sur les
JMO ? Comment sont-elles décrites ?
J’ai donc
« fouillé » dans tous ces JMO (Journaux de Marches et Opérations) de
ces unités ; Voici ce que j’y ai déniché :
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Préambule
En
avril 1917, la 47e division d’infanterie était au repos dans l’Aisne, secteur
de Beuvardes-Jaulgonne (nord de Château-Thierry), puis a reçu l’ordre, le 1e
juin, de faire mouvement au front, région de Chevreux.
Le
3 juin, elle est embarquée pour Romain, où 21 chasseurs seront arrêtes, et 3
condamnés à mort.
Elle
n’était pas rattachée à un corps d’armée
La
47e DI, en mai 1917, comprenait :
Ø 3 groupes de Chasseurs :
·
Le 4e
groupe qui comprenait les 11e, 12e et 51e bataillons de Chasseurs Alpins
·
Le 5e
groupe qui comprenait les 14e, 52e et 54e bataillons de Chasseurs Alpins
·
Le 6e
groupe qui comprenait les 30e, 70e et 115e bataillons de Chasseurs Alpins
Ø 1 escadron du 3e Chasseurs à cheval,
Ø 3 groupes d’artillerie des 9e, 21e et 56e
régiments d’artillerie,
Ø 2 compagnies du 11e régiment de génie :
compagnies 27/3 et 27/53
Ø 1 compagnie du 7e régiment de génie compagnie
15/22
JMO = Journal des Marches et Opérations
Rien d’indiqué sur les mutineries entre le 15 mai et 15 juin
Rien d’indiqué sur les mutineries entre le 15 mai et 15 juin
Pourtant la prévôté de la 47e DI a
fourni un service d’ordre à l’occasion de l’exécution de 2 Chasseurs, c’est indiqué sur le journal de
la prévôté du 9e corps d’armée, voir >>> ici
<<<
Les faits ne sont pas relatés dans le journal de marche
Les faits ne sont pas relatés dans le journal de marche
Les faits ne sont pas relatés dans le journal de marche
Les faits ne sont pas relatés dans le journal de marche
Les faits ne sont pas relatés dans le journal de marche
Les faits ne sont pas relatés dans le journal de marche
Les faits ne sont pas relatés dans le journal de marche
Le Journal de marche de cette unité n’existe pas.
cx
2 juin :
« Dans la nuit du 2 au 3, une émeute éclate au 70e
bataillon.
La 7e compagnie qui s’est mutinée essaye d’entrainer le reste du
bataillon sans y parvenir. A 2 heures les émeutiers se dispersent d’eux-mêmes et
rentrent se coucher dans leur cantonnement.
Au matin, on compte trois blessés dont 2 par balle.
Prés de 400 coups de feu ont été tirés par les émeutiers. »
3 juin :
« Le division de division vient dans la matinée et
rassemble les chasseurs de chaque compagnie du 70e auxquels il adresse quelques
paroles sur les événements de la nuit.
Le lieutenant-colonel commandant le groupe vient également au
Charmel à Beuvardes voir le commandant du 70e bataillon. »
« Par ordre spécial de la division, le bataillon est
embarqué en train militaire à 15 heures et débarqué aux carrières de Romain où
il cantonne.
Les chasseurs particulièrement remarqués au cours des
manifestations sont arrêtés et conduits au nombre de 21 à la prévôté du 9e corps
d’armée.
Dans la soirée quelques incidents se produisent au 30e et 115e
bataillon. Quelques arrestations sont opérées au 30e
bataillon. »
« Le caporal DAUPHIN et les Chasseurs RENAULT et LIEBERT du
7Oe bataillon sont condamnés à mort par le conseil de guerre de la 47e
division.
Le chef de bataillon BRUN commandant le 70e bataillon passe au
413e régiment d’infanterie, il est remplacé par le chef de bataillon MASSON,
venu du 18e RI. »
Il est curieux de signaler que le 18e
RI venait de se mutiner
(…)
« Le 12 juin à 3 heures, a lieu l’exécution du caporal
DAUPHIN et du chasseur RENAULT condamnés à mort.
Le recours en grâce de LIEBERT est accepté et sa peine commuée
en travaux forcés à perpétuité.
L’exécution se passe sans incident. »
Le 29 juin, le Lieutenant colonel
COQUET, commandant le 6e groupe de chasseurs est placé en réserve et remplacé
provisoirement par le Lt-colonel BEL.
A cause des mutineries ?
Curieusement, il n’y a rien d’indiqué
sur les mutineries entre le 15 mai et 15 juin dans le journal de cette unité.
Pourtant le journal du 4e groupe de
Chasseurs indique :
« Dans la soirée quelques
incidents se produisent au 30e et 115e bataillon. Quelques arrestations sont
opérées au 30e bataillon. »
Pourquoi le JMO est-il muet sur ces événements ?
2 juin :
« Le soir du 2 juin au moment de l’appel, il est remarqué
dans un certain nombre de cantonnements une effervescence inaccoutumée qui se
traduit par des discutions à voix forte et des chansons. Cette agitation semble
d’abord être due à la boisson.
La solde, plus élevée qu’habituellement grâce aux nouvelles
allocations de combat et de boue, a en effet été payée ce soir et beaucoup sont
remarqués en état plus ou moins avancé d’ivresse
Pourtant le calme se rétablit un peu. »
« Vers 21h30, le commandant, le capitaine adjudant major,
le médecin-chef, l’officier adjoint se promenant dans le cantonnement s’arrête
devant un local à l’intérieur duquel s’entend une discussion très agitée ayant
un sens révolutionnaire.
Le commandant fait appeler le capitaine commandant la 7e
compagnie à laquelle appartient ce local. Peu après des clameurs plus fortes
s’entendent un peu plus loin dans la même rue.
Le commandant s’y porte aussitôt en compagnie du capitaine
commandant la 7e compagnie qui vient d’arriver.
Les chasseurs de ce nouveau local appartenant à la même
compagnie.
Le capitaine y rentre et les exhorte au calme.
Ces hommes paraissent ivres et l’intervention du capitaine est
sans effet.
Sitôt celui-ci sorti, cinq ou six des plus agités s’arment de
bâtons, cassent les vitres du local et hurlent : A bas la guerre ! A
bas la guerre ! »
« Le commandant et le capitaine s’éloignent de quelques pas
dans la rue et au bout d’un instant, il leur est lancé des bâtons et des
cailloux provenant sans nul doute de ces émeutiers.
Le sergent de cette demi-section essaie aussi, mais sans succès,
d’intervenir. Ces officiers jugeant leur présence néfaste à ce moment
s’éloignent encore et remontent la rue, les mêmes émeutiers aussitôt se
répandent dehors en hurlant sans arrêt ces cris :
A bas la guerre, vive la révolution, vive la Russie ! »
« Au bout de 10 minutes de ces cris, un coup de pistolet
est tiré partant du lieu du tumulte, il est bientôt suivi de coups de fusil
isolés d’abord, puis plus nombreux.
L’agitation prend le caractère d’une véritable émeute.
Il est 10H30 environ.
Le commandant alerte tous les officiers qui pour la plupart sont
déjà avec leur unité. Les cris et les coups de feu continuent à la même place.
Le commandant et le capitaine adjudant-major partent au quartier-général de la
division située au bas du village et rendent compte. »
« A leur retour l’agitation quoique toujours cantonnée dans
les éléments de la 7e compagnie a gagné en intensité, les coups de feu sont de
plus en plus nombreux.
Tout à coup, ils se mettent en marche dans la direction où sont
situé le logement du commandant le bureau du bataillon et le poste de police et
qui conduit au centre du village.
Arrivés devant le logement, ils tirent de nombreux coup de feu
sur la façade puis pénètrent dans le poste, dont ils entrainent quelques
prisonniers et se répandent dans les rues en cherchant surtout, mais sans
succès, à débaucher leurs camarades des autres compagnies.
Devant le refus d’une des ces compagnies, la 8e, ils mettent le
feu à la baraque dans laquelle étaient logés trois sections.
L’intensité de l’émeute atteint à ce moment son maximum.
Elle continue toujours par des coups de feu et des cris qui vont
diminuant peu à peu, pour cesser à peu près complètement vers 2 heures.
A cette heure, les émeutiers se dispersent d’eux-mêmes et
rentrent se coucher dans leur cantonnement.
Au matin on compte trois blessés dont deux par balle et un par
coup de crosse. »
« De l’enquête faite, il résulte que les causes de
cette émeute sont :
1… Et principalement, des influences extérieures
révolutionnaires
2… L’interprétation erronée par les chasseurs de la 7e compagnie
d’une mesure qui envoyait à tour de rôle une compagnie au dépôt divisionnaire
sur laquelle devait être pris en entier le taux des permissionnaires, le hasard
d’un tirage avait placé la 7e compagnie la dernière du tour.
3…L’ivresse manifeste, due elle à la somme d’argent assez
importante versée ce soir du 2.
4…Des bruits tendancieux et faux racontés par les habitants de
Beuvardes sur des événements semblables survenus au corps qui nous précédait
dans la localité et d’après lesquels ce corps aurait gagnés d’être renvoyés à
l’arrière au lieu de monter aux tranchées.
Pourtant l’émeute est demeurée cantonnée dans 2 sections de la
7e compagnie. Et quelques éléments du peloton de pionniers.
Il est d’ailleurs su ensuite que des commencements d’émeute ont
eu lieu ce même soir dans les corps voisins de la division ce qui confirme
l’idée d’un mot d’ordre donné. »
Le 3 juin 1917
« Le général de division vient dans la matinée et rassemble
individuellement chaque compagnie auxquelles il adresse quelques paroles sur
les événements de la nuit. Le lieutenant-colonel commandant la troupe vient également
s’entretenir avec le commandant.
Par ordre spécial de la division, le bataillon est embarqué à 15
heures en T.M. (train militaire) et débarqué aux carrières de Romain où il
cantonne.
Les chasseurs particulièrement remarqués hier soir sont arrêtes
et conduits au nombre de 21 à la prévôté du 9e C.A. (corps d’armée)
Embarquement et voyage effectués sans incident sauf au départ du
peloton de 37, rébellion d’ailleurs vite réprimée. »
(…)
Le 4 juin, le général NIESEL, commandant le 9e C.A. fait une visite
inopinée, rassemble le bataillon auquel il adresse une « vibrante exhortation au devoir patriotique
contre les menées étrangères et néfastes »……….
Le 6 juin, le commandant BRUN, qui commande le 70e chasseurs, est
muté. Il part au 413e RI, au 1e bataillon
Le 7 juin, le capitaine DE THAMBERG prend provisoirement le commandement du bataillon.
12 juin :
« A 3 heures, dés l’aube, aux environ de Romain a lieu
l’exécution du caporal DAUPHIN et du Chasseur RENAULT, condamnés à mort. Le
recours en grâce de LIEBERT a été accepté et sa peine transformée en travaux
forcés à perpétuité.
Le peloton composé par des gradés et chasseurs des 30e, 70e, et
115e était commandé par le sous-lieutenant ROMULUS. Un détachement de la valeur
d’une compagnie, formé de fractions des différentes unités, y assistait
commandé par le lieutenant FARRA.
Le capitaine DE THARMBERG représentait le bataillon.
L’exécution se passa sans incident. »
François BRUGIERE (qui devait être dans
le peloton) pour sa part aurait refusé de tirer sur son camarade Joseph et se
vit alors condamné aux travaux forcés. Il est mort en Algérie de privations le
12 février 1918.
Voir ce site : http://parbelle.free.fr/Tauves/
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Les propos suivant
sont de la main de l’arrière-grand-père de Serge AIGLIN, adjudant Chef de
Bataillon du 115e BCA, Louis Aiglin
:
"...J'appartenais au 115e Bataillon de Chasseurs,
"frère jumeau" dans la même brigade du 70e bataillon où se sont
déroulés les évènements insurrectionnels et finalement "tragiques"
puisqu'une dizaine de poilus ont été condamnés à mort et fusillés.
J'ai siégé à deux séances du conseil de guerre, comme sous-officier
juge, je me suis fait limoger à la 3eme séance à laquelle on m'avait fait
remplacer par un adjudant d'un autre bataillon. On m'avait trouvé trop
indépendant et non conformiste et cela n'a pas été admis.
Le matin avant de siéger, le Colonel Bel, Président du Conseil de Guerre,
après nous avoir serré la main dit :
« Vous savez on va marcher "rondo" et on
va faire des exemples, ça sera vite fait ! »
Et en effet ça à marcher "rondo", trois accusés
et trois condamnations à mort, dont le caporal Dauphin
A la deuxième séance je m'étais permis de discuter mon
point de vue qui n'avait pas eu l'air de plaire au Colonel.
Le résultat est que, ayant été un peu éconduit, j'ai été
emmené à déclarer "non coupable" l'accusé qui avait cependant reconnu
avoir giflé un sous-officier et que la condamnation à mort prononcée ne l'avait
pas été à l'unanimité.
La défense m'a fait adresser un télégramme au Président
de la République demandant sa grâce. Ce qui a suspendu l'exécution. L'avocat
m'avait affirmé qu'il ne serait pas exécuté puisqu'il était poursuivi pour
violences envers un sous-officier et que c'est précisément le juge sous-officier
"qui pardonnait".
Le résultat avait répondu à nos espérances et la peine
appliquée a été les travaux forcés.
Par la suite, pendant la guerre qui dura encore
longtemps, j'avais reçu de la justice communication d'une proposition de remise
de peine soumise à mon appréciation et j'ai su depuis (bien plus tard) qu'il
avait été gracié totalement..... .
Visiblement il
s'agit là de Liebert.
Merci à Serge,
contacté par internet, pour ce témoignage.
Curieusement, il n’y a rien d’indiqué
sur les mutineries entre le 15 mai et 15 juin dans le journal de cette unité.
Pourtant le journal du 4e groupe de
chasseurs indique :
« Dans la soirée quelques
incidents se produisent au 30e et 115e bataillon. Quelques arrestations sont
opérées au 30e bataillon. »
Pourquoi le JMO est-il muet sur ces
événements ?
12 juin :
« A 4 heures, la prévôté de la 47e DI a fourni un service
d’ordre à l’occasion de l’exécution militaire de 2 chasseurs du 70e bataillon
alpin »
Vers les
mutineries d’autres unités
Vers les
fraternisations de Noël 1914
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