Carnet de guerre de Joseph DUJOLS
du 142ème régiment d’infanterie,
1ère compagnie
Publication :
Avril 2024
Mise
à jour : Avril 2024
Prologue
Francis M. nous dit :
« La
correspondance est entièrement tapée sur word et
l'ensemble des lettres et cartes militaires ont été scannées avec la plus
grande précision. Il existe 62 correspondances du soldat datées du 10 août
(date de son départ pour rejoindre la caserne de Mende (48) au 6 janvier 1915
(dernière lettre de l'hôpital mixte d'Abbeville où il séjourne pour avoir
contracté une fièvre typhoïde qui s'avérera mortelle six jours plus tard), plus
des documents annexes provenant des correspondances de l'hôpital d'Abbeville,
des mairies, de prêtres ou d'infirmières. Il est resté en dépôt à la caserne de
Mende du 12 août jusqu'au 19 septembre 1914. Il atteint le front le 23 dans la
région de Toul. Son carnet de bord (tenu très simplement) est également
retranscrit sous word. Je vous l'envoie pour en faire
profiter le plus de monde.
Francis, votre mail
ne semble plus fonctionner, veuillez
me contacter. Merci
Introduction
Joseph Jean Marius Laurent Augustin DUJOLS est né à Soulages (Aveyron) en août 1880. Il effectue son service militaire au 143ème régiment d’infanterie de Carcassonne. Ses rappels de 1908 et 1910 sont effectués au sein du 122ème régiment d’infanterie de Rodez. En août 1914, à 34 ans, il rejoint Mende en attente de son affectation ; car à cet âge, il est susceptible d’intégrer logiquement le 123ème régiment d’infanterie territoriale (aussi de Mende), mais il part au 142ème régiment d’infanterie.
Remerciements
Merci à Francis M. pour le carnet de
route de son
Merci à Philippe S. pour les
corrections éventuelles et certaines recherches.
Nous avons ajouté du texte en bleu pour la compréhension de certains termes
et pour aller « plus loin » dans l’analyse du récit.
Pour une meilleure lecture, j’ai
volontairement ajouté des chapitres, sinon le reste est exactement conforme à
l’original.
Ce carnet d’environ 10 cm de haut et de 8 de large débute par une liste d’adresses :
Dujols Joseph : La Terrisse - Par Cassuéjouls – Aveyron.
Falguier Émile : Au Mazet-Haut - Canton de Ste Geneviève - Aveyron.
Emile FALGUIER est du même âge que Joseph DUJOLS. Intégré aussi
au 142ème régiment d’infanterie, il sera tué en mars 1915 durant la bataille de
Champagne. Voir
sa fiche.
Alazard [….] : 8e Colonial 8 - 25e compagnie de dépôt – Toulon.
Très certainement Honoré
Jean Antoine ALAZARD classe 1904 de Curières qui
survivra à la guerre.
Jean Cayla : Garde aux voies ferrées - Groupe 3, poste Le Bourth.
Émile Cure.
Jean François Cayla : Réserviste ; Section hors rang du dépôt - 10e bataillon de Chasseurs à pied – Langres, Haute-Marne.
Mirabel Jean : 142 Reg. Inf. 9e compagnie - Bureau frontière - Is-sur-Till, Côte d’Or.
Ou ancienne adresse : Angles à Salles-Curan, Aveyron.
Il s’agit peut-être de Jean MIRABEL, du 142ème régiment
d’infanterie, qui est né dans le même village que Joseph DUJOLS et qui sera tué
en Belgique le 1er novembre 1914. Voir
sa fiche.
Alazard au 38 colonial : 16e compagnie, 13e escouade – 65e division, 130e brigade, 3e armée - Bureau militaire central Paris
Mme Ve Moussy - A Luc, Lozère - Balmes (écrit en travers)
Dépôt de mes habits au 142 Reg- d’Inf. - 30e compagnie de dépôt – Mende.
Mirabel dépôt d’habits civils à Mende chez M. BERTAIT rue d’Angiran à Mende.
Déclaration de mobilisation d’août 1914. Départ de La terrisse le 10e j. de la mobilisation. Arrivé à Mende le 13 août. Mende triste, ville sale, pays aride et de misère.
Départ du 1er détachement le 21 août, environ un millier pour Béziers, Nîmes et Chalons.
Départ du 2ème détachement le 11 sept 1914.
Passage de prisonniers allemands le 14 sept.
(*) : On peut noter que son départ pour le front est ‘’ retardé
‘’ de plusieurs semaines, l’ensemble du 142e RI étant parti le 6 août (JMO
31e DI)
En effet, vu
son âge (34 ans) il aurait dû intégrer le régiment de réserve du 142e RI ;
le 342e RI. (parti le 11 août) ou un régiment
d’infanterie territoriale.
S’est-il porté volontaire pour partir au plus vite ?
Départ convoi 150 hommes.
Notre-Dame du perpétuel secours, bénissez ma campagne.
Départ de Mende (souligné), 3 heures le 19 sept. A 5 heures matin vue des plaines de l’Hérault avec de belles vignes.
[…….] Destination des soldats pour Béziers (souligné) à 7 heures. Agde (souligné).
9 h 20, vue des marais salants et de la mer.
Sète (souligné).
10 heures ; vue d’immenses plaines, des marais salants ; des régiments de tirailleurs sénégalais, régiments nègres. Vue de la mer. Gare immense.
Montpellier, 12h ¾ - Lunel une heure 30 - Nîmes (souligné) 2h1/2, très belle ville, très belle ville propre et régulière. Restons. Départ 4 h 40.
Remoulins, 5h30 distribution de café.
Le Teil, 10 heures.
Givors, 2 heures du matin, très grande gare.
Lyon, 5 heures du matin, très belle gare et très grande. Distribution de café à la troupe par la ville. Bon café au rhum.
Villefranche- sur-Saône, très beau pays, 7 h25. Mâcon, très belle plaine.
Chalon-sur-Saône, 10 heures. Très beau pays, belle gare.
St Jean-de-Losnes, midi 15 ; bon café, décoration des wagons en fleurs par les dames de la Croix Rouge.
Gray, arrivée 3 h et demi. Grande gare.
Epinal, aspect de belle ville vue la nuit.
Pont-Saint-Vincent, Meurthe-et-Moselle, ½, beau village, usine métallurgique.
Nancy (*), très belle ville, gare immense, 7 heures. Toul, 9 h, belle ville.
A 11h, on entend le premier coup de canon de la bataille sans discontinuer durant le casse-croûte.
(*) : Nancy souligné 2 fois.
Canonnade furieuse. Minorville mercredi.
Minerville, 6 h, combat d’artillerie, Allemands ont un peu reculé.
Matinée calme.
Vue d’un petit coin du champ de bataille, soir mauvais.
Visite des ennemis, village incendié.
Bataille toute la matinée.
On se bat toute la journée.
Mardi 29 sept.
Viancourt, repos toute la journée. (*)
(*) : Viancourt n’existe pas,
probablement Noviant, en arrière du front alors entre
Flirey et le bois de la Sonnard (JMO 16e CA).
Avant-poste.
Journée très calme pour nous, nuit mouvementée, avons été à la rencontre des ennemis sans résultat.
Notre-Dame-de-Lourdes, priez pour moi.
Encore en 1ère ligne, matinée très calme, soirée de même.
Repos confinés à Noviant-aux-Près.
Autre nuit tumultueuse, canonnade. Journée tranquille.
Journée tranquille pour nous.
Repos.
Ai écrit à La Terrisse, Soulages-Cassuéjouls, Arribat.
Nuit aux avant-postes, réserves dans tranchées.
Aux avants-postes, journée tranquille pour nous.
Journée tranquille pour nous
Journée très tranquille pour nous
Repos à Ansauville. Ecrit à La Terrisse. Nuit aux avant-postes.
Journée tranquille, nuit aux avants postes mouvementée.
Journée tranquille pour nous, couché au cantonnement à Royaumeix. Revue
Royaumeix.
Repos et départ pour embarquement à 1 heure. Ecrit à Soulaquet. Embarquement à 9 heures.
Chalons, Epernay, pays de plaine, marécageuse, beaux coteaux couverts de vigne.
Château-Thierry, belle ville, installation luxueuse à la mode de Paris. Reçu la visite des Allemands. Cantonnés à Bézu-St-Germain, bien vus des habitants
De Bézu-St-Germain, cantonnons dans une magnifique ferme très riche.
Etape de 22 à 25 kilomètres. Soirée repos ; écrit à Soulages.
Le 16 à 11h30, la 31e DI avait reçu l’ordre de la 6e armée
d’aller à Compiègne avec une étape (près de Villemontoire
pour le 142e RI), et d’y cantonner jusqu’au 20.
Etape de 22 à 25 kilomètres ; traversée de la grande forêt de Compiègne ; longueur sur route de 13 kilomètres, magnifique château, détente de Pierrefond à Compiègne, aux allées magnifiques, défilé devant le drapeau.
Repos, revue, exercices, cantonnés dans faubourg de Compiègne.
Repos ; lavage à 8 heures. Soir confection de tranchées sur le modèle des Allemands.
La 31e DI reçoit l’ordre de se rendre dans la direction de
Montdidier en support à la 2e armée.
Étape de 25 à 28 kilomètres durant le cours de la route à la grande hâte ; passage de nombreux prisonniers allemands à Rollot ; cantonnés à Assainvillers ; revue de santé par le major.
D’Assainvillers à Montdidier, cantonnés à étape d’environ 20 kilomètres.
Écrit à La Terrisse et Soulages ; sommes mis à l’abri des vues des ballons et aéroplanes dans un bois à proximité des cantonnements ; après une marche dans un terrain marécageux et accidenté, nous avons passé la soirée Davenescourt pour cantonner à Boussicourt. De Château-Thierry nous n’avons rencontré qu’un magnifique pays de plaine à perte de vue, cultivé en betteraves avec tous les outils agricoles modernes, aux vastes fermes semblables à des villages ; pays en […..].
Toujours à courir sous bois ; construction d’une tranchée. Continue comme la veille à Boussicourt.
Petite étape de 12 ou 15 k pour s’embarquer à Montdidier ; passage à Amiens, à Abbeville, belle ville, beaux faubourgs, pays de plaine et marécageux. Calais à la tombée de la nuit. (*)
Vue de la Manche et des côtes à la même heure. Spectacle magnifique.
Tout le long de la voie magnifiques stations, belles petites villes industrielles. Bien vus des populations sur notre parcours, qui agitent mouchoirs, nous donnent poires, cigarettes, etc.
(*) : La 31e DI va rejoindre le détachement d’armée de Belgique.
Continuation de notre voyage par Hazebrouck et Bailleul, dernière station.
De là à Ypres, Belgique, on est transportés en autobus. Ypres, belle ville belge, la grande halte dans les faubourgs. On entend de nouveau le bruit des canons avec intensité. Rencontre de l’artillerie anglaise. Tous les gens sur notre parcours sont affublés et ne diffèrent pas de costumes avec les Français.
Cantonnons moitié dedans, moitié dehors à Fortuin. (*)
(*) : Fortuinhoek est à 1 km
sud/sud-est de St-Julien.
En arrière-garde rentrons de nouveau dans le combat, cantonné dans les parages de la veille.
Dans les tranchées, même position que la veille pour le matin et la journée, couché dans les tranchées.
Toute la journée dans les tranchées, cantonnées à St Julien
Journée passée dans les tranchées ; journée froide et sombre, couché dans la tranchée
Réveil à 2 heures, départ pour tranchée avant-poste. Voyage très mouvementé sous les balles. On n’a pu arriver à cause du jour et du danger en 1e ligne. Remis à la nuit et couché dans la tranchée.
Fête de tous les Saints ; Saints et Saintes du Paradis, je me mets durant ce mois sous votre garde.
Confection de tranchées, matinée tumultueuse, soirée de même. Couché dans les tranchées et employé à faire cuisine.
Fête des morts. Requies Cant in pace. Protégez-moi. Matinée tumultueuse.
Appuyons Anglais. Attaque terrible du village de Zonnebeck de 10 heures à la nuit. Couché sur positions. Journée terrible.
Joseph était donc au 1er bataillon, l’historique du 142e RI
indiquant qu’il avait été particulièrement éprouvé et sera félicité par le
colonel et le général comme le dit Joseph le 4.
Journée terrible. Plus d’officiers à la compagnie ; tous blessés. Adjudant mort. Reste que le sous-officier. Journée terrible pour nous.
Allemands emploient balles explosives. 98 manquants sur 242.
Repli un peu en arrière de la ligne de feu ; pour nous reformer en soutien toujours des Anglais ; depuis le 1er, se repliaient. Les positions sont reconquises. Félicitations du général et du colonel.
Annonce d’une journée de repos à St Jean. La canonnade ennemie menace de nous déloger. La position n’est guère sûre.
A 5 h nouvelle canonnade qui nous déloge et nous tue à la 2e compagnie dix hommes et en blesse autant. Dans la nuit confection de deux tranchées.
En première ligne confection de tranchées renforcer. Journée et nuit tranquille, couché aux cuisines.
Assez bonne matinée, Allemands menacent de nous chasser ; à 2 heures sommes obligés de nous porter au secours du 96e régiment qui recule en partie. Sommes dans tranchées jusqu’à nouvel ordre ; traversée du magnifique village complètement détruit, Langemarck ; passerons la nuit dans les tranchées.
Relevés. Ramenés à la tranchée, enfin [……] en arrière de Langemarck. Très belle petite ville complètement anéantie.
Repos ; journée tranquille et nuit pareille.
En réserve pour la matinée ; journée et nuit très calme.
Journée orageuse, s’annonce mal jusqu’à 2 heures ; soirée mouvementée, nuit calme.
L’historique du 142e indique que la 3e Cie a été bousculée, la
5e tournée, la 4e appelée à la rescousse. Joseph ne le mentionnant pas
particulièrement devait probablement être à la 1e Cie.
La dernière ligne du carnet le confirme.
Changement de position en plein jour sans accident ; nuit calme ; violent orage en 1e ligne
Journée et nuit calme. Nombreuses averses.
Même situation que les jours précédents ; jour et nuit tranquilles ; confection d’une tranchée.
Même situation que la veille ; journée et nuit calme. Alerte sans grand ennui ; pendant la nuit pluie torrentielle par moments.
Même position que la veille au début. Journée et nuit sans incident.
Repos en seconde ligne dans les tranchées sous la pluie et la neige. Nuit tranquille.
Retiré en arrière. Repos et nuit tranquille.
Repos et nuit fort tranquille ; reconstitution de la compagnie, en hommes blessés graves et en officiers et en lieutenants et sous-officiers.
Repos dans la plus grande tranquillité. Temps affreux ; pluie et neige ; nuit tranquille toujours, même cantonnement.
Repos pour la matinée avec préparatifs de départ pour l’après-midi ; […..] en dehors de Ypres, belle ville bombardée ; nuit calme.
Journée tranquille quoique dans les tranchées ; nuit paisible.
Le 142e RI est alors au s/s secteur 2 du plan (JMO 31e DI).
Matin, même situation ; nuit tranquille.
Dans tranchées, en seconde ligne ; nuit tranquille.
Pour la matinée mêmes positions ; soirée et nuit tumultueuse.
Repos en tranchées. Temps de pluie ; soirée et nuit tumultueuse.
Repos près de Zillebeck, près d’Ypres.
Ypres ; jour confesse et communie à l’hôpital. (*)
(*) : Il est malade
Encore à Ypres ce soir, à 7 heures expatrié sur Dunkerque.
Arrivée au départ des […….] embarqués après encore ; passé la soirée à Poperinge pour se diriger sur Dunkerque.
Classement par catégories des malades et des blessés. Embarquement.
Descente à Abbeville pour passer la visite.
Arrivée ce midi Abbeville, caserne Courbet pour passer la visite.
Fin du carnet
de Joseph DUJOLS
Le 14 janvier 1915, Joseph DUJOLS est décédé à l’hôpital d’Abbeville par ‘’ fièvre thyploïde ‘’ à 34 ans.
Sa femme, Joséphine, ajoute à cet endroit :
« Souvenir de
mon tendre et bien aimé Joseph. A conserver après ma mort. »
Fin du carnet, après de nombreuses pages vides :
Adresse du curé pour les correspondances de Joseph : Mr Brabant, hôpital d’Abbeville, 4, Avenue du Rivage, Somme.
Adresse du Médecin major : Mr Mercier, médecin-major à l’hôpital- mixte (Hôtel-Dieu), à Abbeville, Somme.
Mr Dubois, infirmier, où que dessus.
Celui qui trouvera ce carnet est prié de le faire parvenir à Madame Dujols, La Terrisse par Cassuéjouls, Aveyron.
Dujols Joseph au 142 Reg. Inf. 1 Comp. Section. 16e corps.
une des 62
lettres de Joseph DUJOLS
8 octobre 1914
Il est en Belgique.
Bien cher Papa, chère Phinou, chers enfants
« Encore une
fois j’ai le plaisir de vous écrire en bonne santé, aussi le fais-je de bon
cœur car c’est pour moi le seul plaisir que je puisse me procurer ; rien ne
m’est plus agréable que cela. Je vous dirai tout d’abord que ma santé est très
bonne quoique la dureté de la campagne commence à se faire sentir un peu ;
c’est très pénible, très ennuyeux car on est jour et nuit sur le qui-vive. Le
jour nous restons principalement dans les tranchées que nous construisons la
nuit en attendant le moment propice pour l’attaque. Nous y couchons aussi souvent deux ou trois
nuits de suite. Jusqu’à maintenant le temps nous a favorisés, et avec un peu de
paille que nous ramassons dans les champs on s’y abrite un peu de l’humidité.
On se tasse l’un contre l’autre pour ne pas avoir si froid, tandis que les
autres veillent. Quand on ne couche pas dans les tranchées, on nous cantonne
dans quelque vieux village délabré où on ne voit pas un habitant. Rien que le
silence et la mort partout ; c’est terrifiant ; pas le moindre signe de vie
nulle part ; tout est abandonné.
Les nuits deviennent
froides et je vous assure que le tricot me rend de grands services ; merci de
me l’avoir envoyé ; sous peu je prierai Phinou de
m’envoyer un couple de paire de bas de laine ;
qu’elle me les prépare et je vous les demanderai ; à destination de militaires
la […] ne reçoit que des colis n’excédant pas 500 grammes.
J’aurai bien
d’autres choses à vous dire mais de crainte que ma lettre ne soit ouverte et
qu’elle ne vous parvienne, je ne peux vous dire plus long.
Depuis notre arrivée
sur le lieu du théâtre de la guerre nous sommes toujours à peu près dans les
mêmes régions à quelques kilomètres près. Quand sera-t-il fini, je l’ignore et
je ne forme que deux vœux : celui de vous revoir tous et que votre cher Enfant
ne soit pas à la même peine que moi. Et maintenant que faites-vous ? Vous devez
avoir ensemencé et arraché en partie les pommes de terre ? La récolte a-t-elle
été bonne ? Vous savez que vous avez des [tacons] de rechange dans mon coffre à
ferraille qui est je crois au galetas non fermé à clef si je ne me trompe ;
dans le cas où vous n’auriez pas la clef, faites sauter le cadenas avec les
tenailles.
Depuis 5 ou 6 jours
nous voilà relativement tranquilles, la canonnade n’est pas si intense et il y
a un semblant de relâchement de part et d’autre ; est-ce le signal de bon augure
ou les préparatifs d’une grande bataille ? Nul ne le sait. Ici nous ne savons
rien, absolument rien de tout ce qui se passe. Quant à vous soignez-vous de
votre mieux. Ménagez-vous de même ; tout en pensant un peu à moi. Pour ma part
je vous assure qu’à tout moment je pense à vous jour et nuit. Je suis toujours
à me demander comment allez-vous, que faites-vous, où êtes-vous ? Oh que le
cruel ennui est terrible et que les journées et les nuits sont longues et
pénibles !
Enfin avec un peu de
courage et de résignation sortirai-je victorieux de cette cruelle épreuve. Je
mets jour et nuit cette campagne sous la protection de notre Dame du Perpétuel
Secours, afin qu’elle me ramène auprès de vous. Adieu cher Papa, chère Phinou et chers enfants. Je vous embrasse tous bien fort.
Le bonjour à tous nos voisins, parents et amis, sans oublier l’oncle et la
tante Bouissou, J. Antoine, Pierre Vidalenc. »
Votre fils et mari affectionné.
Signé : J. Dujols au 142 R. Inf. 1ère compagnie, 1ère section par Mende en Campagne.
Francis, votre mail ne semble plus
fonctionner, veuillez me contacter. Merci
Voir des photos du 142ème régiment d’infanterie
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