Correspondance de guerre 14-18 de Jean Dupeyroux

Des 126e, 300e RI et 22e colonial

Mise à jour : juin 2014

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Fév-1918. Jean Dupeyroux, Henriette PIAULEY, Jean-Jean, Simone.

 

« Jean Dupeyroux était né le 5 décembre 1883 à Saint-Victour en Corrèze. Il était le fils de Blaise Dupeyroux et d’Antoinette Rébéquet.

Marié à Henriette Marie Piauley, il avait un fils né à Paris en 1913 et, il aura une fille née en 1915 et décédée en 1917. Il résidait à Paris (16è) ou il pratiquait le métier de cordonnier quand la guerre a éclaté.

Il a fait les régiments suivants : 126è RI jusqu’en décembre 1915, 300è RI jusqu’en novembre 1917, 22è RIC.

 

Tous les courriers évoqués ci-dessous, sont destinés à ses oncles et tante de St-Etienne-La-Geneste (19), Jean Rébéquet et Philomène Vebret de qui, il avait repris la cordonnerie située Rue Galilée à Paris 16è.

L’orthographe n’a été revue que dans une très, très faible mesure, juste assez pour permettre de ne pas casser l’intérêt de la lecture. »

Serge

 

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Préambule

 

La toute première correspondance militaire de Jean Dupeyroux que nous ayons, est datée du 1er août 1915 :

- Le courrier se présente sous la forme d'une carte de correspondance affranchie des armées.

- Sur l'avers, expéditeur Jean Dupeyrou, soldat, 126ème de ligne, 9ème bataillon, 34ème compagnie, 12ème corps, secteur postal n° 91.

- Au revers la partie correspondance ne comporte rien qui puisse évoquée la guerre.

 

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Son second courrier est daté du lundi 23 août 1915, il est écrit sur un papier libre

 

Chers oncle et tante

 

"Maintenant pour moi la santé est toujours bonne seulement à quand qu'elle finira cette maudite guerre on commence a en avoir assez enfin pourvu que le bonheur veuille qu'on en revienne c'est le principal car vraiment c'est long.

On n'est pas encore aller au feu mais tout comme , car il faut aller faire des tranchées et poser des fils de fer la nuit et en deuxième ligne, il font faire toutes sortes de travaux c'est dur, moi j' y suis allé qu'une fois comme je travaille de mon métier, je suis cordonnier de la compagnie, enfin ce n' était pas gai le jour que j' y suis allé, les balles et le canon ça sifflait il y a personne de blessé il y aura guère de blessé au p... sur quatre jours que la compagnie y a été c'est du côté de Chaussée et la Birinte. (*)

 

Remarque :

Jean commence à parler de la guerre, il n’a pas encore affronté le feu. Il participe à la réalisation des tranchées mais dit être également le cordonnier de sa compagnie

 

(*) : Labyrinthe

 

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Samedi le 18 décembre 1915

Très chers oncle et tante

 

"Je vous envoie ces mots pour vous donner de mes nouvelles je suis toujours en bonne santé et j'espère que ma présente lettre vous trouvera de même. Vous avez du apprendre que je suis allé en permission. On est content d'y aller mais c'est pour repartir que c'est dur et le plus dur, c'est quand revenant de permission le bataillon est dissout et car moi, j'étais versé au 300ème et on part dans les tranchées aujourd'hui pour 8 jours. Ah vraiment à quand la fin de cette maudite guerre c'est terrible avec un sale temps pareil maintenant.

 

Enfin je fini la dessus, j'ai vu mon oncle François, il m'a payé à déjeuner et il est toujours pareil et puis patriotique lui il ne s'occupe pas si l'on souffre. Vous m'excuserez si j'ai tant tardé a vous écrire mais avec tous ces changement ...... toujours pour avoir une adresse fixe…."

 

J D, au 300ème de ligne, 20ème compagnie, 12ème corps d'armée, secteur postal 91.

 

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Le premier janvier 1916

"….., tant qu' à moi, la santé est toujours bonne pour le moment et nous voilà au repos pour quelques jours. J'en profite comme voilà la première année venue pour venir vous offrir tous mes meilleurs vœux de bonne année les plus sincères et surtout une bonne santé à tous et espérons que cette année nous sera plus favorable et que cette terrible guerre finisse et qu'on n'ai tous le bonheur de se revoir.

 

Je vous dirai qu'on vient de tirer 9 jours de tranchées et vous parlez qu' est-ce qu' on a pris avec un temps pareil de l'eau et de la boue dans les tranchées jusqu' a la ceinture et rester comme ça tout le temps qu' on y reste, 3 jours sans pouvoir être ravitaillé, les tranchées s'écroulent c'est terrible il faut y passer pour le voir, ce n'est pas permis on n'est très affreux à voir depuis, le début de la campagne jamais on a vu chose pareille enfin on est au repos pour quelques jours mais ça retire 3 jours  et tout le temps de l'eau enfin si ça pouvait finir bientôt et que l'on revienne sain et sauf c' est le principal….

Chers oncle et tante recevez de votre neveu toutes ses meilleures amitiés les plus sincères…."

JD

 

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Le 20 janvier 1916

Très cher oncle et tante

 

" Je vous envoie ces quelques mots pour vous donner de mes nouvelles, je suis toujours en bonne santé et j'espère que ma présente carte vous trouvera tous dans la même condition qu'elle me quitte......cette nuit dans les tranchées on y est resté 9 jours et par ce temps là, il n'y fait pas bien bon.

On pense à rester quelques jours au repos mais très peu.

Je pense enfin quelle misère et souffrance.

Je finis je vous embrasse tous de tout cœur. "

JD.

 

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La femme de Jean Dupeyroux qui vit à Paris fait également un courrier aux même oncle et tante le 20f 1916 qui nous apprend que Jean vit des moments terribles au front et qu'une compagnie de son régiment a complètement sauté, victime des mines souterraines qui sapent les tranchées et, que beaucoup de ses camarades ont étés ensevelis. Jean dit que ça lui fait peur …

Le 26-3-1916

Cher oncle et tante

 

" Je réponds à votre lettre que j'ai reçu voilà déjà quelques jours, que j'ai reçu avec grand plaisir de voir que vous êtes toujours tous en bonne santé tant qu'à moi, la santé est toujours bonne malgré que j'ai passé un bon rhume.

Je vous dirai que l'on est au repos en ce moment on va être relevés par les Anglais voilà 13 jours et nous sommes au repos dans l'Oise entre Amiens et Clermont à une 30 ne de Kms des lignes de feu. On avait bien peur qu'on nous amène du côté de Verdun enfin on pense à être au repos encore pour quelques temps après avoir passé l'hiver dans les tranchées.

On n'est pas bien heureux dans ces pays on n'y trouve pas grand-chose et on le paie cher et ont est bien mal nourris mais, vraiment à quand la fin de cette terrible guerre  je crois, qu'on y est pour le restant de nos jours.

Je viens de recevoir des nouvelles d'Henriette (*), tout le monde va bien, elle me dit que le mari à Joséphine (**) est prisonnier et un de mes cousins de Veyrière, ils sont à l'abri de balle il ne leur arrive rien.

Nous, il faut faire comme les bleus aller à l'exercice et des marches ; voilà du bon repos vous croyez que c'est pas malheureux ? .... "

 

(*) : Sa femme

(**) : Sa sœur

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Le 2-4-1916

Chers Oncle et tante

 

" Je vous envoie ces quelques mots pour vous donner de mes nouvelles qu'elles sont toujours bonnes mais très fatigué on va quitter l'Oise comme je vous avais dit sur ma dernière lettre, qu'on est resté au repos.

Le repos n'a pas été long. Nous voilà embarqués après deux jours et deux nuits et passé tout près de Paris, et pas pouvoir aller voir sa famille c'est dur. Nous débarquons dans la Meuse toujours du bon côté. On fait une étape de 25 Kms ça fait les pieds et rien dans le coco.

Nous voilà du côté de Verdun et St-Mihiel on s'attend maintenant à partir aux tranchées pour quelques coups de Trafalgar. Ah vraiment, à quand la fin de toute ces terribles souffrances !

Quand on sera tous tués.

Après avoir passé l'hiver dans les tranchées, pas pouvoir avoir un peu de repos dire qu’il y a des corps d'armée qui ont tiré des mois, ah ce pauvre 12ème corps.

Enfin je termine pour aujourd'hui j'espère que ma présente lettre vous trouvera tous en bonne santé …. "

JD.

 

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Le 22-5 – 1916

Chers oncle et tante

 

" Je vous envoie ces quelques mots toujours pour vous faire savoir de mes nouvelles qu'elles sont toujours bonnes pour le moment quoique bien fatigué Je vous dirai qu' on est au repos de quelques jours on vient de tirer encore 14 jours de tranchées et nous voilà au repos toujours dans les bois comme des sauvages ah quelle vie et bien fatigués on est à une quinzaine de Kilomètres des lignes mais des fois, ça y tombe bien aussi et on a peur de repartir quand ça barde toujours.

Nous on est entre le Mortom (*) et la Côte du Poivre, en face Cumières on nous disait que l'on y restait pas longtemps mais nous on nous y laisse à vraiment à quand la fin , avec des bombardements terribles comment y résister c' est honteux personne ne se le figure il faut y être vraiment on y restera tous d'un train pareil.

Ils sont terribles ces boches enfin je pense que ma lettre vous trouvera, tous en bonne santé vous devez avoir du travail d'un beau temps pareil…."

JD.

 

(*) : Le Mort-Homme

 

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Le 31-5-1916

Chers oncle et tante

 

"Je répond à votre lettre que je viens de recevoir à l'instant datée du 21 laquelle j' ai reçue avec grand plaisir de vous savoir tous en bonne santé tant qu' à moi, ça va malgré bien fatigué Vous avez du recevoir une lettre voilà quelques jours que je vous disais que l' on était au repos dans les bois mais le repos n' a pas été long il a fallut repartir en toute vitesse du côté de Thiaumont, on y est resté 4 jours et ça y fait toujours vilain vrais massacre et t.... pas moyen d' être ravitaillé on ne tient plus debout et toujours marcher il faut y être pour se rendre compte plus ça va plus on devient terribles jusqu' à notre Artillerie qui nous esquinte, elle tire sur nous on a eu pas mal de pertes elle veut tirer trop court.

Enfin on a été relevé cette nuit et on est à Verdun qu'il est affreux à voir et toujours bombardé mais le ravitaillement arrive malgré. On ne sait pas ou qui vont nous amenés maintenant, vraiment à quand la fin...... et trois jours sous la flotte Je finis pour aujourd'hui cher oncle et tante Je vous embrasse de tout cœur…. "

 

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Le 26-7-1916

Très cher oncle et tante

 

" Je répond à votre lettre que j' ai reçu voilà déjà quelques jours que j' ai reçu avec grand plaisir surtout de voir que ça va toujours tant qu' à moi la santé ça va toujours et nous sommes toujours dans les mêmes parages dans l'Aisne entre Soissons et Reims, c'est calme par là on ne dirait pas la guerre mais ça ne durera pas peut-être.

Il y en a des régiments qui sont en première ligne nous on est à trois kilomètres derrière dans des petits villages il y a des cultivateurs qui travaillent.

Enfin il y a une différence auprès de Verdun mais malheureusement tout ça, ça ne vaut pas son petit chez soi, vraiment à quand la fin et ça ne prend pas grande tournure d'en finir hélas depuis deux ans n'en parlons plus car ça fout le cafard.

Enfin vous autres vous devez être pressés en ce moment à ramasser la moisson car ces temps-ci il fait un temps superbe mais il ne doit pas y avoir grand monde pour la ramasser. "

 

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Dans cette lettre, Jean ne parle pas de la guerre mais se soucie de ceux qui ont du faire la moisson.

Jean a toujours la même adresse, au dépôt divisionnaire 300ème, 20ème Cie, secteur 91

Le 20-8-1916

Très cher oncle et tante

 

" Je vous envoie ces quelques mots pour vous donner de mes nouvelles qu'elles sont toujours bonnes pour le moment et c'est toujours au même endroit chez nous et pareil.

J'ai reçu votre lettre voilà quelques temps qu' elle m'a fait grand plaisir surtout de vous savoir tous toujours en bonne santé c' est le principal.

Je pense que maintenant les moissons sont finies et que vous devez avoir un peu de repos en ce moment, nous on a de la pluie et des orages de la grêle. Ah vous parlez quelle vie vraiment à quand la fin depuis 25 mois et dire que ça ne prend aucune tournure de finir.

 Je vois que si l'on n'est pas crevé, il faudra y passer encore un autre hiver. C'est la destruction et la misère complète, personne s'occupe de la faire finir, ils prennent ça d' habitude on nous embête jusqu' à la gose, mal nourris juste pour nous empêcher de crever du riz et du macaroni ou des lentilles avec un tout petit morceau de lard. Hélas c'est malheureux de savoir comme c'est, et dire que l'on pourrait être heureux chez soi, il y aurai de quoi se faire sauter le caisson.

Enfin à part tout ça, c'est assez calme dans notre secteur pour le moment. "

JD.

 

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Le 11. 12. 1916

" Très chers oncle et tante et cousine, j'ai reçu vôtre lettre qu'elle m'a fait grand plaisir de vous savoir tous en bonne santé.

C'est le principal, tant qu'à moi la santé est toujours bonne à peu près, mais hélas on ne devient pas bien costaud. Vous parlez un sale temps que l'on a, pas chaud et là-dessus de la flotte. Quel sale passage, enfin tous on n'est dans l'espoir. "

 

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Le 21-12-1916

Très chers oncle et tante

 

"Deux mots pour vous donner de mes nouvelles. Je suis toujours en bonne santé et j'espère que ma présente vous trouvera tous de même qu'elle me quitte.

Toujours dans le même pays, ....hélas mais bien triste et il n'y fait pas bon du sale temps tous les jours froid de l'eau de la boue.

À quand la fin de ces souffrances, toujours vivre dans l'espoir, mais hélas rien…"

JD.

 

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Le 30-12-1916

Très chers oncle et tante et cousine

 

" Nous voilà à la veille du nouvel an, me voilà d'un moment de repos j'en profite pour vous faire ces quelques mots et je viens vous offrir malheureusement que de très loin et que par écrit, tous mes meilleurs vœux. Bons souhaits de bonne année à tous et que du bonheur et une longue vie et espérons que cette année nous sortira de ce terrible cauchemar car vraiment ça serait à désirer depuis le temps où n'en passe des drôles de fêtes et de terribles souffrances et la misère complète.

 

Hélas enfin tout ça, ça serait encore rien si ça finissait et que le bonheur s'en revenait.

Quand on voit sur les journaux qu'ils veulent la victoire par les armes, qu'ils viennent la chercher eux, 8 jours dans les tranchées ils verront si les poilus ne la veulent pas.

 

Hélas pauvre France.

Enfin n'en parlons plus car ça fait trop mal au cœur et je ne peux m'empêcher d'en verser des larmes de se voir.

A par ça la santé est toujours bonne et toujours dans le même pays de la ... on pense à rester quelques temps au repos s'il n'arrive rien.

On ne paie pas le vin bon marché par là, le rouge 1, 50 Fr et le Blanc 1, 80 Fr c'est terrible tout de même….. Je ne vois plus grand chose à vous dire que l'on a toujours un sale temps affreux de la boue jusqu' au cul. "

JD

 

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Le 9-2-1917

Très chers oncle et tante

 

 

"Je vous envoie ces quelques mots pour vous donner de mes nouvelles qu'elles sont toujours bonnes pour le moment sauf que j'ai passé un bon rhume mais ça va mieux.

Ah vous parlez avec un temps pareil on grelotte de froid; aucun goût de rien.

Enfin on va quitter les tranchées et était temps, car les Boches ils ont attaqué le lendemain le régiment qu'il nous a relevé le 126ème il souffre.

Enfin on est relevé complètement de par là, par les Anglais on est du côté d'Amiens et on n'attend à embarquer d'un jour à l'autre est très favorable que l'on va aller dans la Marne du côté de Suippes enfin je vous le ferais savoir si je peux, ah quel trimbalement et à quand la fin.

 

Vous me parliez sur votre dernière lettre de Bélinay, avant il était à la compagnie à la 17 et maintenant il est attaché au colonel du régiment, je le vois assez souvent à chaque fois il me dit bonjour avec une poignée de mains,….

Vous ferez comme vous pourrez pour lire il fait tellement froid aux mains."

JD

 

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Jean est en permission

Paris, le 20-2-1917

Très chers oncle et tante

 

"Je vous envoie ces quelques mots pour vous faire savoir de mes nouvelles quelles sont très bonnes pour le moment et surtout en ce moment que je suis auprès de ma petite famille pour 7 jours depuis hier à midi et je les ai trouvé tous en bonne santé.

Vous parlez si j'ai été épaté car, ils ne m'attendaient pas, mon petit Jean était heureux de voir son papa et ma petite fille superbe mais elle ne marche pas encore.

C'est une petite cosarde enfin ils se joignent tous les trois à moi pour vous embrasser. Je ne suis pas encore allé voir mon oncle ni mes sœurs.

 

Maintenant j'ai reçu votre lettre qu'elle m'a fait grand plaisir et surtout de vous savoir tous en bonne santé je l'ai reçu juste le jour que je suis parti maintenant je vous dirai que l'on a quitté la Somme et maintenant on est dans la Marne du côté de St-Menehould.

Je suis parti de là je ne sais pas s'ils vont aller prendre les tranchées ici par là ou quoi enfin je vous le ferai savoir plus tard. Ah quelle vie et à quand la fin !

Je vois que Bouyou, il est désembusqué aussi ou les malheureux on les vide il y a que les fils à papa qui le restent embusqués.

Ah les salauds, il y a que le malheureux qui le fait la guerre. C'est pourquoi qu'elle dure tant parce que si eux y étés il y a longtemps que se serait fini il faut les voir balader dans Paris habillés en fantaisie il y en a pas un seul de crevé dans le quartier de cette graine.

 

Cher oncle, ma tante me dit sur votre lettre qu'elle a peur que vous partiez je ne crois pas à votre âge ça serait malheureux vous n'avez pas besoin d'avoir peur.

Et puis s'est vrai bien que si l'on a appelait vos classes, que vous voudriez rien savoir. Mais alors la destruction complète de tous les hommes, ils appellent ça la liberté eux; et la civilisation passée mais la civilisation moi j'appelle ça la destruction du peuple et misère complète avec la ruine.  Ah les barbares !

 

Je finis là car il y a de quoi devenir fou ah si on pouvait les tenir dans les tranchées seulement 8 jours.

Dans Paris tout est cher et hors de prix, c'est malheureux de voir ça tout le monde crie malheur et personne n'ose rien dire enfin je finis pour aujourd'hui, qu'est ce que vous allez dire de ma lettre.

 

Chers oncle et tante et cousine je finis vous embrasse de tout cœur …"

JD.

 

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Une lettre de sa femme aux mêmes oncle et tante expédiée de Paris le 26 mars 1917 nous apprend que son mari Jean Dupeyroux a bien du mal a supporter son retour à la guerre et que de plus, il a une bronchite et des maux d'estomac.

Elle souligne bien les souffrances de son mari dont la dernière lettre datée du 22 mars la tourmente.

 

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Le 29-4-1917

Très chers Oncle et tante cousine

 

 

"Je réponds à votre lettre du 16, auquelle j'ai reçu avec grand plaisir et surtout de vous savoir tous en bonne santé.

C'est le principal et en même temps, j'en profite pour vous remercier de votre colis tout était en bon état et délicieux.

Je vous remercie bien des fois de votre bon cœur et surtout de voir le bon cœur que vous formez pour moi vous savez, c'est maigre ce que l'on touche juste pour empêcher de crever, ah ! Vraiment à quand la fin de toute ces souffrances.

A part tout ça, la santé est toujours bonne on n'est toujours dans les mêmes parages on fait des travaux avec le génie sur les routes, je ne sais pas si ça va durer, je ne crois pas.

Bien sur on a travaillé toute la semaine passée et aujourd'hui, dimanche un peu de repos.

Enfin je pense qu'au pays il doit faire beau temps et que vous devez être pressés car nous, on a un beau soleil depuis quelques jours.

 

Hier, j'ai reçu des nouvelles d'Henriette et ça va, les enfants ont étés malades tous les deux, c'était la coqueluche mais ça va bien, même Henriette était bien fatiguée aussi à passer les nuits à tousser ça fout bien le cafard.

Je vous promets enfin vu que ça va mieux, c'est le principal.

J'ai reçu une lettre de Anna et ça va aussi, elle attend son mari tous les jours en permission et Etienne aussi. Philomène travaille à son compte maintenant ses patrons sont dégouttés maintenant que leur fils a été tué.

J'oubliais de vous dire que le fils Clunel, enfin Jean le médecin, est mort de quelque maladie en Roumanie, il était directeur d'une ambulance. Mme Clunel disait que des pauvres malheureux, s'était bien de mourir pour la Patrie. Après son fils, elle dit que c'est le Bon Dieu qui l'a permis  (...) (*)

Je fini pour aujourd'hui

Votre neveu qui pense toujours à vous et vous embrasse de tout cœur."

Jean D "

 

(*) : Suite illisible

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Le 14-5-1917

Chers oncle et tante et cousine

 

"Je vous envoie ces quelques mots pour vous faire savoir de mes nouvelles, toujours en bonne santé et toujours les mêmes fourbis.

Ah ! Vraiment à quand la fin. J'espère que ma présente carte, vous trouvera tous en bonne santé du moins, je l'espère. Vous devez être pressés par un beau temps pareil vous parlez s'il fait chaud et si tout ça fout le cafard…."

JD.

 

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Le 30-8-1917

Très chers oncle, tante et cousine

 

" Je vous envoie ces quelques mots pour vous faire savoir de mes nouvelles qu'elles sont bonnes pour le moment sauf quelques douleurs qui me font souffrir en ce moment.

Hélas, je crois qu'il faudra y crever d'une manière ou de l'autre.

Je souffre des reins ces temps-ci, vous pensez depuis le 15 juin que l'on n'a pas quitté les tranchées qu'à causer dans les tranchées ou dans les gourbis, et à quand un peu de repos, on en sait rien.

 

On vient de passer 9 jours en réserve et ce soir, on remonte en première ligne pour 18 jours, enfin ça s'est calmé un peu par là on craint que doit attaquer au gaz ça c'est terrible vraiment à quand que l'on sortira de ce secteur mais il y a plus beaucoup de boue.

C'est la fin qu'il faudrait, car ce n'est plus une vie, ça me fout un cafard terrible de se voir coincé vraiment, qu' est-ce qu'ils pensent de faire ? Qu'ils viennent la chercher la victoire ceux la qui la veulent tant ! et c' est toujours les mêmes qu' ils font la guerre et de se voir gouvernés comme on est.

 

enfin j'espère que ma présente lettre vous trouvera tous en bonne santé et que maintenant vos travaux de moisson doivent être terminés, j'ai toujours de bonnes nouvelles de ma petite famille..

J'ai vu Louis (Louis Rébéquet son cousin germain) le jour de l'enterrement à ma petite Simone, il a été à Paris passer le dimanche comme il le faisait ses instructions dans l'artillerie tout près de Paris, il vous a peut-être écrit,  depuis je n'ai pas de ses nouvelles. "

 JD.

 

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Le 9-9-1917

Très chers oncle, tante et cousine

 

" Deux mots pour vous mettre au courant de ma situation, je suis toujours en bonne santé et toujours la même distraction dans les tranchées voilà. Bientôt trois mois, hélas quelle vie, le martyre…."

JD.

 

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Le 19 -9-1917

Très chers oncle, tante et cousine

 

"J'ai reçu votre lettre du 8, 7bre, qu'elle m'a fait grand plaisir je vous lire et surtout de voir que vous êtes toujours en bonne santé, enfin c'est le principal.

Je vois que mon père est venu travailler quelques jours avec vous et qu'il y a toujours quelques malheureux qui trépassent; ah ! Tout ça est bien triste enfin moi ça va toujours tout doucement, on est descendus des premières loges depuis hier matin ça soulage un peu depuis trois mois.

Hélas enfin je pense que l'on va avoir un peu de repos bien mérité…"

JD.

 

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Le 30 -9-1917

Bien chers oncle, tante et cousine

 

" Deux mots au galop, pour vous dire que je suis en permission de 10 jours depuis hier à Paris auprès de ma petite famille et ça va enfin."

 

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Le 9-10-1917

Très chers oncle, tante et cousine

 

" Je vous envoie ces quelques mots pour vous donner de mes nouvelles, que l'on est tous les trois toujours en bonne santé et donc j'espère que ma présente lettre vous trouvera tous dans la même condition qu'elle me quitte.

Vous avez du recevoir une carte auquelle je vous disais que j'ai été en permission de 10 jours mais malheureusement voilà que ça se tire et je repars demain.

 

Ah quelle vie ! Et que tout ça est bien triste et à quand la fin de ce cauchemar enfin, il va falloir reprendre cette vie de tranchées à repasser encore cet hiver.

J'ai laissé mon régiment au repos du côté d'Épernay quand je suis parti, toute la division, était relevée des tranchées je ne sais si je vais la retrouver par là et ou qu'ils vont nous mettre maintenant enfin je vous le ferai savoir.

 

Ah ! 10 jours c'est vite passé, j'ai travaillé un peu, j'ai fais quelques ressemelages c'est toujours ça, il y a des clients qui me disent ah vivement que je revienne pour les arranger, je ne suis pas encore désappris ça va aussi vite qu'avant ah si ça finissait seulement cette guerre... Je vous dirai qu'il y a un de mes beaux-frères (*), un frère à Henriette qui a été tué voilà 8 jours à Bar-le-Duc par le bombardement des avions Boches, il laisse une veuve avec deux gosses, il avait 30 ans.

Il travaillait dans l'aviation, voilà 3 semaines qu'il était parti sur le front pour faire des réparations d'avions, le dernier parti, le premier tué.

 C'est celui qui faisais le cordonnier dans le temps je ne sais pas si vous vous en rappelez mon oncle ?

Hélas ils veulent tous nous faire tuer ces fumiers si les pauvres malheureux comme nous ça finirait ...

Ces jours ci, on a un sale temps de pluie."

J Dupeyroux.

 

(*) : Édouard Piauley tué à Bar-le-Duc le 30 septembre 1917.

 

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Le 16-10-1917

Bien chers oncle, tante et cousine

 

" Je vous envoie ces quelques mots pour vous donner de mes nouvelles qu'elles sont toujours bonnes pour le moment et donc j'espère que ma présente lettre vous trouvera dans les mêmes conditions qu'elle me quitte. Vous avez du recevoir une carte et une lettre voilà quelques jours au quelle je vous disais que j'étais en permission.

 

Je vous dirai qu'à mon retour 2 jours après, il a fallut reprendre les tranchées, on a marché deux jours et deux nuits on était crevés on en pouvait plus.

Ah quelle vie et par un mauvais temps de pluie, on se fout de nous complètement jusqu' a tant que l'on sera tous crevés.

Ah ! Quelle vie tout de même il vaudrait autant être mort que de souffrir de la sorte et toujours les mêmes qui font la guerre il faudrait qu'ils fassent venir tous les embusqués de l'arrière.

 

Enfin nous sommes aux tranchées depuis avant-hier au soir, le repos n'a pas été bien long pour nous le secteur a l'air assez calme pour le moment pourvu que ça dure.

Nous sommes devant Reims, et Reims est à 2 Kilomètres derrière nous, on le voit très bien sur une vaste plaine enfin on peut dire que l'on a fait tous le front environnants, c'est une guerre de destruction de malheureux.

Il n'y a plus de pitié pour l'humanité, l'arrière veut la victoire qu'ils viennent la chercher.

C'est honteux de voir tout ce qui se passe. Grugé vendu et tous à pauvre poilus malheureux et victimes, enfin je finis la dessus car vous devez le voir comme moi…

Ah, ce qui est le plus terrible, c'est de repasser l'hiver.

Chers oncle et tante je finis pour aujourd'hui car la moitié du temps on perd la boule.

Votre neveu qui vous embrasse de tout cœur …."

JD.

 

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Le 8-11- 1917

Bien chers oncle, tante et cousine

 

" Je réponds à votre lettre que j'ai reçu voilà quelques jours datée du 23 au quelle, j'ai reçu avec grand plaisir et surtout je vois que vous étiez bien pressés dans vos travaux d'automne.

Enfin je pense que ça doit se tirer un peu maintenant et surtout quand on n'est pas nombreux pour le faire.

Ah il vaudrait mieux qu'ils nous envoient nous pour vous aider, ça serait bien plus utile que de faire la guerre la ruine et la misère du pays.

Hélas que tout ça est triste et que ça prenne aucune tournure. C'est les italiens qui reçoivent la piquette en ce moment, c' est honteux de voir tout ça, notre tour reviendra bien un de ces jours.

C'est malheureux de voir tout ce qui se passe…

 

Enfin à part tout ça, moi ça va toujours et toujours dans le même endroit et toujours en première ligne ça va bientôt faire un mois à veiller le Boche sans relâche.

Vous croyez que ce n'est pas dur nuits et jours et qu'il ne commence pas à faire chaud et heureusement que le secteur est calme, il y a juste ou que mon régiment est encore.

Enfin je pense que dans quelques jours, on va aller quelques jours au repos les Américains viennent pas souvent nous relever

Ah ! Quel bourrage de crânes tout de même et il faut que l'on envoie des troupes aux Italiens, comment voulez-vous qu'on ait du repos.

Enfin je finis la dessus je pense que ma présente lettre, vous trouvera toujours en bonne santé. "

JD.

 

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Le 19-11-1917

Bien chers oncle, tante et cousine

 

"Je vous envoie ces quelques mots pour vous donner de mes nouvelles toujours en bonne santé et donc j'espère que ma présente carte, vous trouvera dans les mêmes conditions qu'elle me quitte.

 

Je vous dirai qu'après un mois de tranchées, on a été relevé depuis le 13 et on nous trimbale depuis.

Et on vient de dissoudre notre régiment le pauvre 300, et vous partez dans un de ces régiments que l'on vient de nous verser au 22ème régiment de la coloniale après 40 mois de guerre vous croyez que ce n'est pas terrible ?

Hélas et comme repos après un mois de tranchées on remonte en ligne demain renforcer le 22 colonial.

Enfin je ne sais pas à qu'elle compagnie je serai versé aussitôt je vous l'écrirai.

Ah ! Vraiment quelle vie, je crois que ça va mal partout, je finis et je vous embrasse de tout cœur tous les quatre. "

 

 

 

Extrait du JMO du 300e RI qui stipule bien que la majorité de l’effectif du régiment part pour la coloniale

 

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Le 30-12-1917

Bien chers oncle, tante et cousine

 

" Comme nous voilà à la veille du nouvel an et un peu de repos, j' en profite et comme ne pouvant pas venir vous offrir mes vœux de bonne année de vive voix malheureusement, je vous envoie tous mes meilleurs vœux et bons souhaits de Bonne Année avec beaucoup de bonheur et une bonne santé à tous ainsi qu' au grand-père et souhaitons la fin de ce cauchemar de guerre.

C'est terrible et tant de souffrances et de pleurs car voila la quatrième que l'on passe comme ça, espérons que celle là, nous amènera la délivrance si le Boche nous crève pas.

 

A part tout ça, moi ça va toujours et toujours à faire de l'exercice.

Ah des drôle de repos on a chargé des cantonnières on a fait une marche de 2 jours, on est du côté de Chalons vous parlez d'un froid qu'il fait à geler de froid à coucher dans des granges toutes démolies, pas moyen de dormir la nuit c'est affreux ...

Au repos de les mettre dans des cantonnements de la sorte dans des sales villages, on se fout de nous vraiment, qu'est ce qu'ils pensent à faire de cette guerre la crise de tout, et quelle victoire.

Enfin n'en parlons plus nous sommes les sacrifiés.

Bien chers oncle et tante, je finis car il fait tellement froid aux mains et dégouté de la vie vraiment il y a de quoi.

Votre neveu qui vous embrasse de tout cœur tous les quatre."

Jean D.

 

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Le 17-1er-1918

" Je réponds à votre aimable lettre que j'ai reçu voilà quelques jours datée du 6…..

Tant qu'a moi la santé ça va toujours. Avouez c'est comme vous me dites sur votre lettre, je voudrai bien y tomber malade mais il n'y a pas de danger et puis, il faut être rudement malade pour être évacué ...

Une fois crevé on évacue dans la toile de tente (...) qu'à souffrir.

Hélas c'est terrible enfin, il fait un peu moins froid ces temps ci, si ça dégèle au pays ça doit être pareil.

Maintenant, je vais vous annoncer que notre repos est finit, on monte reprendre les tranchées on part demain matin on n'y va par étapes enfin dans 2 ou 3 jours on y sera et du côté de Reims je crois.

 

C'est vraiment pas de veine car je croyais bien d'aller en permission avant de monter et rien cependant, je suis dans les premiers à partir, je vois qu'il faut aller voir les Boches avant ça n'est pas bien fait pour les permes vraiment à quand la fin de cette guerre.

Hélas quel bourrage de crâne.

Oui comme vous dites, tout est cher et on n'en trouve pas, tout commence à manquer.

Il faut croire que ceux-là qu'ils la prolonge, n'en souffre pas beaucoup que les pauvres malheureux, j'en ai mare et bien mare… ça n'en finit jamais ah cette bon Dieu de guerre moi j'ai un cafard terrible, je croyais de partir en permission.

Je finis en vous embrassant tous de tout cœur."

JD.

 

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Le 20-2-1918

Bien cher oncle, tante et cousine

 

"Je vous envoie ces quelques mots pour vous faire savoir de mes nouvelles qu'elles sont toujours bonnes pour le moment la santé.

autrement pour la guerre ça va pas, j'en ai salement mare et il y a de quoi.…. j' étais en permission aussi …. enfin moi mes 10 jours ils ont été vite passés car j'ai bien travaillé.

J'ai fait 148 francs de travail en 8 jours qu'est ce que vous voulez c'est toujours autant, vu le temps qui court et depuis que l'on a rien à dépenser et pas en gagner.

Henriette fait bien des ménages mais ça ne rapporte pas beaucoup.

 

Ah quelle misère de voir tout ça et dire que ça ne prend aucune tournure d'en finir vraiment quelle vie que l'on mène sur terre ….

Depuis que je suis reparti, j'ai tiré 6 jours de première ligne et voilà 4 jours que l'on est descendus au repos, ils nous font travailler avec le Génie a faire des travaux.

On part le matin à 6 heures et on rentre le soir à 5 heures alors vous voyez pas seulement le temps d'écrire ni de se nettoyer et l'on va remonter en ligne lundi soir.

Alors vous voyez je vous fais ces deux mots au galop. Ah quel cafard que j'ai plus ça va plus je me dégoutte on est du côté de Reims..

 

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Le 4-3-1918

Bien chers oncle, tante et cousine

 

"Je vous envoie ces quelques mots pour vous mettre au courant de ma situation.

Ça va toujours à peu près toujours avec un sale temps, misère et souffrance, voila 5 jours que nous sommes aux tranchées et le premier mars les Boches nous ont passé quelque chose un bombardement de 24 heures avec des gaz asphyxiants ah, on a cru qu'ils allaient tous nous empoisonner.

Mon bataillon on était en réserve et c'est nous  qu'on a le plus écopé il y a une compagnie qu'ils en ont évacué 115 à la mienne moins. Je vous garantie qu'il y a quelque chose comme atteints, ils ne voient plus clair.

Moi je n'ai pas trop souffert.

Ah, c'est terrible de se voir empoisonné tous, ce n'est plus une guerre et comme ça suit un front de 80 Kilomètres qu'ils ont fait ça.

Jugez, mais malgré tout ça n'ont pas fait grand-chose, les journaux parlent bien de l'attaque mais ils ne parlent pas des gaz intoxiquant.

Nous on est du côté du fort de la Pompelle, les Boches vont bien recommencer ça c'est sûr. Si ça avait duré 24 heures de plus ont était tous fichus, hélas et les permes !"

 

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" En même temps, que j'étais en train de vous écrire ma carte, je viens de recevoir votre lettre datée du 28 février auquelle elle m'a fait grand plaisir et surtout de voir que vous allez tous bien.

Enfin c'est le principal mais je vois que tout devient dur.

Aussi au pays, ça je veux bien le croire et que ça peut pas durer.

Ah si vous disiez vrai, seulement ça finira quand il y aura plus rien à manger.

Nous on sent aperçoit, la ration est moins forte que par le passé et on touche plus de tabac, voilà bientôt un mois ils voulaient nous donner 1 sou par jour à la place mais nous on veut du tabac et au prix qu'ils l'ont mis, ah ils se foutent de nous aussi bien l'avant que ceux là de l'arrière et personne ne dit rien.

Ah pauvre peuple bête à te laisser conduire.

Ah quelle bande que l'on a."

JD.

 

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Le 13-4-1918

Bien chers oncle, tante et cousine

 

" Je vous envoie ces quelques mots toujours pour vous mettre au courant de ma situation, je suis toujours en bonne santé et donc j'espère que ma présente lettre vous trouvera tous les quatre dans les mêmes conditions  qu'elle me quitte.

Qu'est ce que vous faites de beau en ce moment ?

Vous devez avoir du travail en masse avec le beau temps et le printemps maintenant à faire la plantation c'est bien plus utile que ce que l'on fait nous pauvres malheureux soldats et victimes de la bêtise humaine.

 

Enfin à part tout ça, nous nous sommes toujours dans les mêmes parages ça ne barde pas de trop en ce moment pourvu que ça dure mais hélas pas grande confiance.

On a toujours peur par là et puis on avait bien peur de partir dans la fournaise il y a passé quelques jours, vous savez on s'attend à tout et si ça continue il faudra bien y aller.

Ah vraiment à quand la fin de ces massacres s'est y possible ? Et dire que personne ne s'oppose à tout cela, qu'ils en causent de la guerre si on les tenait 24 heures sous le bombardement et les gaz je vous garantie qu'ils la signeraient bien la paix.

Ah si les boches ne crèvent pas, on mourra de chagrin et le cafard on ne tient plus debout et toujours à marcher il faudrait avoir la tête coupée et dans la musette pour se faire évacuer.

vraiment le moment est critique et les Anglais qu' est ce qu' ils prennent en ce moment et les pauvres français qui vont à leur rencontre prêter main-forte et finir de nous faire amocher. C'est toujours nous qui la dansons.

Paris bombardé avec des pièces de canons, les gothas, nuits et jours de tous les côtés ....que à chair à canon et pourquoi ? Pour ces messieurs. …

 

Je finis pour aujourd'hui car ça fait très mal au cœur de voir tout ça nous on nous promet mais on nous donne jamais car ils peuvent plus nous donner du tabac ils en ont donné 1 sou à la place. En avez vous au pays ?

Vous, tout tire à sa fin ainsi que le pain on m'a dit au pays. Bien chers oncle et tante et cousine je vous embrasse de tout cœur…

JD. "

 

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Le 6-5-1918

Bien chers oncle, tante et cousine

 

" Je réponds à votre carte-lettre que j'ai reçu hier au soir et auquelle, j'étais très heureux de lire et de voir que vous êtes toujours en bonne santé ça c'est le principal.

Mais je vois qu'en ce moment vous avez beaucoup de travail à faire les pommes de terre.

Maintenant je vous dirai que je viens de recevoir votre colis à l' instant tout était en très bon état et très délicieux je vous remercie de votre bon cœur car vraiment, je vois que vous m'oubliez pas vous avez très bon cœur pour moi il ne faut pas vous priver pour moi.

Enfin si l'on a le bonheur d'en revenir de cette guerre que je ferai tout mon possible pour vous en être reconnaissant et que je pourrai jamais vous oublier.

Encore une fois je vous remercie de tout cœur. Hélas, j'en ai les larmes qui me coulent de penser à vous autres et de se voir dans une situation pareille vraiment à quand la fin de toutes ces misères et tant de souffrance.

On se fout de nous pauvres malheureux et pour qui que l'on fait la guerre, c'est pas pour nous, que pour nous faire tous tuer et la ruine.

 Ça finira que quand tout le monde crèvera de faim. On nous emmerde jusqu' à la gosse et la discipline ah je vous dit j'en ai par dessus la tête, un cafard terrible.

si ça n'était pas pour les miens si chers pour moi je me ferai sauter le caisson, je vous garantie car je n'ai plus une vie depuis quatre ans et toujours les mêmes à faire la guerre.

Vous voyez les Anglais il a fallu que ça soit les français qui prennent leur place autrement les Boches seraient bien à Bordeaux enfin n'en parlons plus vous le voyez bien comme moi ….

 

Nous sommes toujours dans les mêmes parages en ce moment nous sommes au repos mais passé le repos a travailler comme des ... toute une journée a faire des travaux de défense ça ne barde pas de trop pour le moment de notre côté pourvu que ça dure maintenant….

Ils ont mare de la guerre aussi je finis pour aujourd'hui car il commence à faire nuit.

Votre neveu qui vous embrasse de tout cœur et pense à vous. "

Jean D.

 

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Le 1er -7-1918

 

Bien chers oncle, tante et cousine

 

Je répond à votre carte-lettre que j'ai reçu hier datée du 24 et auquelle j'étais très heureux de lire et de vous savoir tous en bonne santé tant qu'à moi la santé ça va toujours quoiqu' un peu fatigué à veiller les Boches.

 

Nous venons de passer 8 jours au repos dans les bois. Quel rêve, et nous sommes monté en ligne voilà 2 jours de fait encore 8 jours à faire.

nous sommes plus à la Pompelle maintenant, toujours dans les mêmes parages à droite de Reims à Horme (*),nous étions devant le fort des Brimont mais comme il a fallu céder du terrain à la f... enfin les Boches sont calmes ces jours ci pourvu que ça dure mais ... .... ... pas d'abri pour en plein champs.

 

Vous dites qu'au pays il fait froid et qu’il tombe de la neige, mais nous c'est pas pareil on cuit et l'on crève la soif ah vraiment qu'elle vie de martyrs et à quand la fin ….

Vous me demandiez si je viens bientôt en permission. Pas encore car il en part très peu  et puis nous sommes salement en retard, il y en a qu'il y a 7 mois et ils ne sont pas encore parti.

Enfin si le Boche ne crève pas on aura peut-être le bonheur de se voir.

 

Je viens de recevoir une lettre d'Henriette à l' instant ça va toujours mais les Boches y bombardent toujours.

Elle attend ses billets de la mairie pour partir elle peut partir d'un moment à l'autre et cette pauvre Anna, voila plus d'un mois qu'elle n'a rien reçu de son mari.

Elle a écrit à son commandant de compagnie on leur a répondu qu'il devait être prisonnier enfin c'est bien ... ... enfin espérons qu'il soit que prisonnier le pauvre diable.

 

Alors je vois qu'il fait froid au pays et qu'il y aura pas beaucoup de foin et que vous n'avez encore commencé à faucher je vois que tous est bien triste vous ferez comme vous pourrez pour lire je ne sais pas comment j'écris c'est pas bien commode et des fois j'oublie tellement le cafard et l'ennui  et il y a de quoi, quelle existence tout de même être privé de la vie vivre comme des bêtes fauves et plus aussi encore.

Je termine et vous embrasse de tout cœur…

Jean D. "

 

(*) : Orme, à l’ouest de Reims ?

 

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Le 25-7-1918

Bien cher oncle, tante et cousine

 

"Je vous envoie ces quelques mots toujours pour vous mettre au courant de ma santé, la santé ça va toujours malgré tout et toutes les souffrances qu'il faut endurer.

Ah vraiment il y a de quoi en avoir mare et plus de repos toujours embusqué en première ligne.

Ah quel cafard enfin on vit toujours dans l'espoir de s'en sortir et vous autres j'espère que la santé est toujours bonne ....

Je finis pour aujourd'hui. Votre neveu qui vous embrasse de tout cœur tous les quatre."

Jean D.

 

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Le 4-8-1918

Bien cher oncle, tante et cousine

 

" Je répond à votre lettre du 26 que j' ai reçu avec grand plaisir et surtout de vous savoir toujours en bonne santé tant qu' à moi la santé ça va toujours sauf la fatigue.

On ne tient plus debout, enfin nous avons été relevés des tranchées cette nuit et c'était pas trop tôt.

Enfin je pense que l'on va nous donner un peu de repos de quelques jours on va du côté d'Épernay cette nuit encore une étape à faire et tout le barda sur le dos enfin c'est meilleur que les premières lignes ah quelle misère mais c'est pas bien le moment d'avoir du repos et les permes ça marche très mal voilà 6 mois et à quand que l'on pourra venir l ...

Je termine pour aujourd'hui car je ne peux plus écrire ma main tremble c'est la fatigue … "

Jean D.

 

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Le 7-9-1918

"Bien chers oncle, tante et cousine je vous envoie ces quelques mots toujours pour vous mettre au courant de ma situation je suis toujours en bonne santé et donc, j'espère que ma présente carte vous trouvera toujours dans les mêmes conditions.

Je vous dirai que nous sommes en première ligne depuis quatre jours du côté de la Pompelle à Prunay ce n'est pas le rêve dans ces marécages et faire des patrouilles cette nuit il faut que l'on aille voir ou qu'ils sont les boches tout ça ne fait pas sourire ...

Je finis et je vous embrasse de tous cœur tous les 4."

Jean D.

 

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Le 25-9-1918

Bien chers oncle, tante et cousine

 

"Je vous envoie ces quelques mots pour vous mettre au courant de ma situation la santé ça va toujours.

Il y a que ça car le moral chez moi est bien bas surtout de se voir dans une situation pareille et de voir qu'ils ne veulent pas finir cette guerre qui toujours à outrance.

Nous sommes toujours aux tranchées ça fait 23 jours et à quand la relève et j'ai bien peur qu'ils nous fassent grimper avant de descendre. Ah quelle vie tout de même et vous autres,…."

 

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Le 19 octobre 1918

Bien chers oncle, tante et cousine

 

"Deux mots en vitesse je suis toujours en bonne santé et donc j'espère que ma carte vous trouvera tous ainsi….

Vous me parliez de Louis (*) malade à Limoges mais hier j'ai appris par Henriette son décès. Ah que c'est terrible tout de même et que mon oncle était comme un fou et il y a de quoi. Henriette l'a pas vu c'est la Bougnate qui lui a dit ah vraiment quel désastre pour lui et pour sa pauvre mère qu'elle n'avait que lui pour elle.

Je m'arrête car ça me fait trop mal au cœur d'apprendre toutes ces nouvelles et surtout dans la situation que nous sommes pauvres malheureux poilus c'est ce qui nous attend tous les jours et pas traiter la paix que la guerre à outrance…

Je finis et je vous embrasse de tout cœur tous."

Jean D.

 

(*) : Son cousin germain Louis Rébéquet, sous-lieutenant d’artillerie lourde, hospitalisé à Limoges très malade depuis son retour de Salonique. Il mourra de sa maladie :

Rébéquet Louis, sous-lieutenant au 114e régiment d'artillerie lourde, mort pour la France à Limoges, le 13 octobre 1918, hôpital Bellevue Nangeat, maladie broncho-pneumonie grippale contractée en service. Il était né à St Victour (Corrèze) le 15 avril 1890. »

 

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Le 10-11-1918

Bien chers Oncle, tante et cousine

 

"Je vous envoie ces deux mots …, j'ai pas bien le temps d'écrire surtout de suivre les Boches depuis quelques jours et a trimbaler avec les chevaux nuits et jours je fais toujours des remplacements et pendant ce temps là, ça pouvait finir.

Enfin je crois tout de même qu'il y en a pas pour longtemps ah quel soulagement tout de même si l'on peut en voir la fin Nous on est relevés depuis hier toute la division aujourd'hui on marche à l'arrière. Je ne sais pas ou que l'on va aller ou qu'ils vont nous embarquer, ….

Je finis je vous embrasse de tout cœur."

Jean D "

 

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Le 17-11-1918

Bien chers Oncle, tante et cousine

 

"Je vous envoie ces quelques mots toujours pour vous mettre au courant de ma situation je suis toujours en bonne santé et donc j'espère que ma présente lettre vous trouvera tous ainsi … . Enfin maintenant on se laisse vivre un peu que le canon ne donne plus et vivement la libération et que l'on revienne chez soi reprendre son  ... ... vie tant désirée mais peut-être que j'irai bien en permission avant d'être libéré.

Enfin en ce moment nous sommes à Condé-sur-Marne depuis avant hier et je pense que l'on va embarquer mais pour ou j'en sais rien je pense que l'on va avoir un peu de repos maintenant mais je suis toujours avec des chevaux ça durera tant que ça pourra maintenant on s'en fout. J'en finis je m'arrête pour aujourd'hui car j'ai un froid terrible aux mains et il ne fait pas chaud je pense qu'au pays c'est pareil….. "

Jean D.

 

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Le 29-11-1918

Bien chers oncle, tante et cousine

 

"Je répond à votre lettre que j'ai reçu hier au soir et toujours très heureux de lire et surtout de vous savoir toujours en bonne santé enfin c'est le principal… vous savez en ce moment c'est la crise du tabac on n'en touche pas souvent et l'on trouve que des cigarettes toutes faites enfin j'en ai toujours un peu d'avance heureusement ça reviendra bien c'est des moments comme ça.

Vous me demandez de quel côté je suis à Condé-sur-Marne du côté d' Épernay mais je crois que l' on va changer ces jours ci très probablement du côté de l'Allemagne et par étapes je crois heureusement que je suis toujours à conduire les chevaux et l' on marche en voiture car ça ferait des centaines de Kilomètres ce n' est pas le rêve à pied enfin vraiment que la libération vienne, je pense à partir en permission dans 7 ou 8 jours mais je viendrai pas au pays.

j'ai demandé pour Paris car j'irai battre la semelle un peu s'il y a moyen et je pense avoir 20 jours et 2 jours de citation j'en ai une tout de même à force que la guerre a durée pendant ce temps la classe viendra c' est pas trop tôt n' est-ce pas ? Ah quel beau jour tout de même pour ceux là qui reviendront comme vous dîtes j'ai le cœur de soulagé, vous, Henriette et mon garçon surtout, ils m'attendent avec impatience en perme …Je termine pour aujourd'hui que l'on a un sale temps depuis quelques de la flotte tous les jours et que l'on s'embête toujours malgré que l'on entende plus le canon. Ils commencent à retirer les vieilles classes de chez nous, ils les envoient dans les régiments de Territoriaux. Je finis et vous embrasse de tout cœur tous les quatre."

Jean D. "

 

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Le 9-12-1918

Bien chers Oncle, tante et cousine

 

"Je vous envoie ces quelques mots pour vous dire que je suis en permission de 20 jours plus deux jours de citation pour la croix de guerre. Je suis arrivé jeudi soir le 5 et j'ai trouvé ma petite famille en bonne voie, il y a que Henriette qu'elle n'est pas bien costautte elle a été malade cette fameuse grippe.

Elle me l'avait pas écrit enfin ça va maintenant et surtout que je suis là ça va la finir de la guérir mon garçon il y a que lui qui se porte bien il est toujours costaud, j'ai vu toute la famille et tout le monde va bien.

Votre neveu et nièce."

J.  Dupeyroux. " 

 

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Sur une carte postale qui est une vue photographique en noir et blanc du village de BAD DÜRKEIM sur laquelle JEAN rajoute manuellement « Bavière ».

Le 8 -1er-1919

Bien cher oncle, tante et cousine

 

"Je vous envoie ces deux mots pour vous donner de mes nouvelles toujours bonnes et donc j'espère que ma carte vous trouvera tous ainsi. Nous sommes dans ce beau pays pour un mois environ, les gens sont assez gentils envers nous mais on ne peut pas se comprendre c'est ce qu'il y a d'embêtant, ils n'ont pas de pain pour manger.

Il y a du bon vin mais il est cher, le vin du Rhin, la bière pas trop chers et nous pas trop bien ravitaillés non plus, c'est la crise du tabac pour nous en ce moment. Enfin vivement que l'on revienne en France et la libération, je termine et je vous embrasse de tout cœur … "

Jean D.

 

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Le 23-1er-1919

Bien cher oncle, tante et cousine

 

"Je réponds à votre aimable lettre que j'ai reçu voila 4 jours et toujours très heureux de lire et de vous savoir toujours en bonne santé c'est le principal … Je vous remercie bien des fois et je ne pourrai jamais vous oublier enfin vivement la libération je pense qu'au premier mars ça sera la fuite de là-dedans …

Ah vivement ce beau jour. je pense que je viendrai à Tulle maintenant nous sommes toujours dans le même pays je pense qu'on y restera plus guère longtemps vivement qu'on revienne en France, on y trouve pas grand-chose que du vin et de la bière.

Le vin blanc très bon, mais 80 centimes le demistier. Ces pays ne sont pas encore ravitaillés tous les civils sont très gentils envers nous surtout tous les hommes qui ont fait la guerre, nous nos chevaux sont dans les écuries et nous on couche dans des chambres. Ils nous paient quelques coups de vins blanc on est tranquilles, mais le plus malheureux qu'on puisse pas se comprendre et toutes ces femmes elle en pincent pour les Français, les officiers français pas beaucoup.

 

 Enfin tout ça moi je m' en fout c' est mon chez moi qu' il me faut….  nous c' est la crise depuis que l' on est dans ce pays, ça n' arrive pas la guerre est finie ils s' en foutent de nous, maintenant qu' on leur a gagné la Victoire ….

Enfin la santé ça va toujours. Aujourd'hui il tombe de la neige, il fait un temps comme au pays. J'ai toujours des bonnes nouvelles de ma petite famille. Mon beau-frère Antoine, le mari à Joséphine, a 15 jours de prolongation ça lui fait 45 jours et Jean Faure va être libéré ainsi qu'Etienne enfin ça vient petit à petit.

Je termine pour aujourd'hui bien chers oncle et tante et cousine en vous embrassant."

Jean D. "

 

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Le 25-2-1919

Bien chers Oncle, tante et cousine

 

"Je vous envoie ces quelques mots pour vous mettre au courant de ma situation, je suis toujours en bonne santé et donc j'espère que ma présente lettre vous trouvera tous ainsi car voila longtemps que je n'ai pas eu de vos nouvelles.

 

Nous, nous sommes toujours en Bocherie et moi je la quitte demain car cette fois c'est la libération et pas trop tôt mais je ne viens pas à Tulle. J'aurai cependant été content de venir faire un tour avant de revenir à Paris.

On me démobilise à Paris la région la plus proche, enfin je compte y être dans quelques jours comme je pars du régiment demain matin enfin le beau jour est arrivé tout de même et pas trop tôt car ça la fout mal, plus de vin à la coopérative, plus de tabac un paquet de gros cul tous les 10 à 15 jours. Je n'ai pas pu mettre un paquet de côté depuis que je suis revenu de permission. Il doit en venir davantage à l'arrière sans doute dans le pays ou que l'on est, c'est un pays à tabac, mais il ne vaut rien il n’est pas travaillé.

Les Français l'on réquisitionné ils en ont fait plusieurs wagons c'est en feuille et une fois travaillé ça va augmenter la dose.

J'ai été voir le Rhin dimanche dernier on est à 2 kilomètres car on n'a pas quitté Bad Durkeim après 4 jours de marche on est venu à Vorth.

Enfin moi je m'en fous dès demain la fuite j'ai toujours de bonnes nouvelles de ma petite famille Jean Faure et Etienne Leclerc, mon beau-frère Philippe, tous ça c'est libéré Antoine est reparti.

Enfin une fois à Paris je vous écrirai. Je termine pour aujourd'hui

Votre Neveu qui vous embrasse de tout cœur."

Jean D. " 

http://www.chtimiste.com/carnets/Dupeyroux/Dupeyroux.htm

FIN

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Un courrier de sa femme Henriette daté du 7 mars 1919, destiné à ses oncle et tante de Saint-Etienne-La-Geneste, confirme bien que Jean est arrivé à Paris le 1er mars 1919.

À partir de là, on aurait pu imaginer que, Jean Dupeyroux surtout heureux d'avoir traversé le chaos allait enfin, retrouver une vie toute simple en famille et dans sa cordonnerie et bien, non !

Puisque sa femme, Henriette Marie Piauley allait décéder le 12 novembre 1919. Elle fut inhumée au cimetière de Levallois Perret ou Jean la rejoindra entre 1966 et 1972.

 

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Je désire contacter le propriétaire de la correspondance de Jean DUPEYROUX

 

Vers d’autres témoignages de guerre 14/18

 

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