Carnet de guerre de Pierre Charles HUET

du 22e régiment d’artillerie, puis au 3e régiment d’artillerie à pied,

Campagne de France et d’Orient

 

Mise à jour : mars 2019

Retour accueil

 

 

 

Prélude

Pierre HUET fait son service militaire au 22e régiment d’artillerie de campagne de 1908 à 1910. Il en sort Maréchal-des-Logis. Il est rappelé en août 1914 au 1e groupe d’artillerie de ce même 22e RAC (qui en compte 3). Puis, il a été envoyé en Grèce en 1917 et compte parmi ceux que l'on a appelés "Les Poilus d'Orient".

HUET Pierre (classe 1907, bureau de recrutement de Falaise, matricule 209, page 298) a aussi pris plus de 150 photos.

 

Les noms de villages ont été corrigés – J’ai ajouté du texte en bleu pour la compréhension de certains termes et pour aller « plus loin » dans l’analyse du récit. Certains noms de village ont été soulignés volontairement, il s’agit des lieux où passe réellement Pierre HUET.

 

Merci à Catherine, Philippe et Pierre pour la recopie du carnet.

 

Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : feather

 

Souvenirs de Verdun

5 avril :

Départ pour la position à 17 heures, à cheval jusqu’à la ferme de Bellevue. Ensuite route à pied jusqu’à la position - batterie de l’Hôpital.

Nous suivons une route très battue par le tir ennemi et naturellement défoncée. Nous sommes chargés à outrance par nos paquetages, couvertures, appareils et matériel téléphonique. Nous sommes presque toujours 3 ou 3 colonnes qui se croisent sur cette route.

Les arbres sont tous coupés, déchiquetés ou tombe dans les trous d’obus. Des quantités de chevaux morts de voitures brisées jonchent la route. Constamment nous sommes éclairés par les éclatements dont la densité augmente au fur et à mesure que nous approchons de la position.

 

Enfin il nous paraît un miracle d’arriver tous sans une égratignure au but assigné où nous trouvons un abri sérieux et les gens que nous devons relever. Ils paraissent heureux et nous racontent toute leur misère, nous faisant un tableau de leurs pertes, tableau d’ailleurs peu engageant pour nous. Pour ma part, pensant à une exagération, je ne m’impressionne pas me rappelant en avait déjà vu un peu de toutes les couleurs aussi je songe à m’offrir un casse-croute bien mérité.

Après quoi je m’allonge à la même place, par terre et après quelques pénibles réflexions brisé par la fatigue je m’en dors.

Ma plus grande préoccupation c’est de penser que ma femme Chérie manque de nouvelles et sera dans une mortelle angoisse lorsqu’elle me saura dans ce coin de forêt tant redouté.

6 avril :

Réveillé de bonne heure, je rejoins mon poste près de mon commandant. L’emplacement que nous occupons est battu sans arrêt par du 15 et du 21. (*)

Je commence à croire que le secteur est dur ; d’ailleurs des faits graves viennent dans le courant de la journée confirmer cette impression.

Les premières victimes pour le groupe (d’artillerie) sont 1 téléphoniste tué (**) et le brigadier téléphoniste grièvement blessé en réparant les lignes. Le brigadier était depuis 15 jours seulement sur le front, venu comme volontaire. (***)

 

 

Description : Description : Description : 1.jpg

 

Extrait du journal des marches (JMO) du 1e groupe d’artillerie du 22e RAC

 

Dans cette journée nous avons 2 canons et un caisson hors d’usage.

J’apprends que mon camarade HÉMET a été blessé la veille pendant la relève ainsi un de ses conducteurs (canonnier-servant LADIRÉ).

Les lignes téléphoniques sont constamment coupées. Nous tirons beaucoup.

 

Vers le soir, une attaque ennemie a lieu mais été vite enrayée par nos tirs de barrage chevauchants.

Comme nourriture ça manque totalement. Je me venge sur une boite de confitures en réserve, malheureusement j’ai soif mais je n’ai qu’un ¼ d’eau pour toute la journée.

 

Le soir, bien qu’énervé par le marmitage constant, j’arrive à m’endormir.

 

(*) : C’est le calibre des canons, ici en cm (150mm et 210 mm dans le langage courant des militaires)

(**) : VINCENT Fernand Eugène, canonnier-servant, téléphoniste de l’état-major, mort pour la France le 6 avril 1916 au fort de Souville. Voir sa fiche

(***) : Brigadier DE WAVRECHIN Louis, Adolphe, Jules, Roland mort pour la France à l’hôpital de Vadelaincourt (55). Voir sa fiche

Le 7 avril :

Mon travail habituel : bombardement toujours aussi intense mais on s’y habitue 2 hommes viennent d’être blessés à la 3ème bie (batterie), 5 hommes sont blessés aussi à la 5ème bie plus l’aspirant LEVY. Bien que paraissant atteints peu grièvement, ils sont tous évacués.

Les 15 tombent à foisons et parfois aussi du 13, très dangereux par leur grande vitesse initiale. On sent aussi beaucoup les gaz.

Le ravitaillement a pu arriver mais incomplet aussi la boisson est très restreinte c’est précisément ce dont on aurait vraiment besoins.

 

Dans l’après-midi, mon ami GERISSEL est blessé et évacué.

Le commandant est très nerveux aussi le service est difficile. Le travail donne beaucoup, heureusement car l’esprit étant occupé on s’occupe moins du dehors.

 

Le soir, le diner est vite expédié n’ayant presque rien à manger ni à boire aussi je me couche et me mets à lire un peu.

Au bout d’une ½ heure le commandant me fait appeler par un téléphoniste.

Lorsque j’arrive près de lui, il me dit :

« Ca y est HUET vous êtes désigné pour aller à Fontainebleau ; tant mieux, j’en suis content pour vous ; vous le mériter »

Après lui avoir serré la main qu’il me tendait je suis allé me recoucher. (*)

 

Dans ce coin il faut toujours courir pour tacher de passer entre 2 marmites.

Je suis fou de joie car avant tout je pense à la joie que je vais causer à ma chère femme en lui arrivant ainsi à l’improviste : naturellement je communique ma joie aux camarades qui bien entendu me félicitent mais surtout m’envient. Il est certain que ce départ ne pouvait pas mieux tomber qu’au moment où nous tenons un coin si terrible.

Je me suis recouché mais impossible de dormir.

Trop d’idées s’agitent dans ma tête mais qu’importe : j’arrête mon programme pour le lendemain et fatalement je pense aux difficultés, au danger qu’il me reste à affronter pour sortir de cet enfer car la route en plein jour est battue sans arrêt…. !!!!

 

(*) : Pierre HUET va intégrer l’école d’artillerie de Fontainebleau.

Le 8 avril :

A 5 heures debout.

Je file au bureau pour préparer mes deux feuilles de transport car nous sommes deux à partir. Je passe à mon successeur toutes les instructions nécessaires et je vais dire au revoir au commandant CAVALLY.

Il me souhaite bonne chance et me serre la main. Les lieutenants POUPET et D’ESTIGNY (De SÉRILLY d’ESTIGNY) sont pour moi très gentils : tous deux m’assurent qu’ils n’oublieront pas mon passage et ma collaboration au groupe.

Enfin je prends congé… !

 

Au moment de prendre la route ; j’ai peur, vraiment peur. Bien que peu coutumier de cette sensation j’avoue l’avoir éprouvée sérieusement ce jour là, craignant vraiment d’échouer dans un si intéressant moment.

Enfin ça ne dure pas je me raidis empoigne tout mon bazar et en route … !!!

Je suis parti seul, mon camarade n’étant pas prêt.

 

Cette route fut terrible.

Il faut y avoir passé en plein jour pour savoir. Être dans un bois ou tous les arbres sont cassés, déchiquetés ; une route à peine reconnaissable que par le nombre de chevaux morts, voitures cassées etc…

Les obus arrivent dans toutes les directions aussi pour passer il faut prêter grande attention au sens des arrivées d’obus : ne pas craindre de faire des plats-ventre.

 

Au bout de 3 kilomètres, je suis très fatiguée aussi je me repose sans un hangar à moitié découvert : je m’y trouve en sécurité quand même. Au bout de 5 minutes j’aperçois mon camarade qui me rejoint dans le même état que moi.

Après un peu de repos nous repartons.

Nous traversons le ravin de la Mort en courant, malgré le poids de nos paquetages.

Un peu plus loin pour couper au plus court nous traversons un ravin mais cette imprudence faillit nous couter cher : un obus éclate à 10 mètres de nous par bonheur nous avons eu le temps de nous abriter derrière des troncs d’arbres.

Malheureusement un homme qui se trouvait à découvert vient de crier, il est blessé.

Ses camarades vont à son accours aussi nous continuions notre chemin en remontant en courant le versant du ravin. Quelle survie. Heureusement la zone au bout de 10 minutes est moins battue : nouveau repos.

 

Nous reprenons notre route pendant 2 kilomètres environ puis la chance nous sourit sous la couleur d’un camion-auto qui arrive à toute vitesse. Il s’arrête en nous voyant et sans dire un mot, sans savoir où nous allons nous démarrons en vitesse.

Le restant de la route s’effectue sans incident.

Nous sommes heureux car nous nous sentons tirés d’affaire. Nous arrivons à l’échelon pour déjeuner.

 

L’après-midi, je vais à la gare pour les renseignements : nous ne pourrons partir que le lendemain de bonne heure : en somme tant mieux cela nous permet de nous passer aux débarbouillages en règle.

Pour faire plaisir à tout le monde, je déjeune à la 1ère batterie et diné à la 2ème.

Le 9 avril :

J’ai très peu dormi de la nuit, pourtant combien je suis fatigué. Nous partons du camp à 4 heures. Arrivé à Dugny à 5h10.

Départ du train (tortillard) à 6h25

Arrivée à Bar-le-Duc à 12h20.

Nous déjeunons au restaurant en attendant notre train qui doit partir à 4h15.

Quelle joie de se sentir déjà en ville : nous déjeunons copieusement : nous offrant un bon Saint Emilion… pour nous remettre d’aplomb et tout ragaillardis nous reprenons le chemin de la gare.

Départ à 6h (3/4 d’heure retard).

Notre voyage s’effectue sans incident : nous arrivons à Paris le 10 avril.

Le 10 avril :

Dans l’après-midi, quelle joie de fouler le sol parisien et de sentir qu’on va retrouver tous ceux qui nous sont chers.

Un taxi m’emporte chez moi où la joie est immense quand j’arrive. J’étais précédé d’une carte postale annonçant mon arrivée mais sans date exacte.

 

Fin campagne de France

 

 

Description : Description : Description : 1.jpg

 

Il sera blessé à l’école de Fontainebleau (extrait de sa fiche matriculaire)

 

 

Il devait devenir aspirant….

Après sa formation, Pierre HUET ne semble pas être aspirant (à cause de la chute de cheval ?) et passe en janvier 1917 au 38e régiment d’artillerie, puis en mars au 3e régiment d’artillerie à pied et il part pour l’Orient, pour Salonique en Grèce.

 

 

Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : feather

 

Campagne d’Orient 1917-19

Janvier

8

Départ de Versailles à 19h.

10

Arrivée à Nîmes, classé « aux Passagers ».

15

Préparatifs en vue de l’établissement d’une permission.

17

Après bien des difficultés départ à Paris, permission de 7 jours (10 jours avec délai).

Joie intense

28

Rentré à Nîmes

30

Désigné pour départ Salonique.

31

Contre-ordre

Février

4

Désigné à nouveau

5

Départ Nîmes 8 heures matin

6

Arrivée à Marseille 9H du soir : nous logeons à la faculté derrière la gare Saint Charles

7, 8, 9, 10

Départ de Marseille pour l’Italie (joie) à 8h du matin.

Passé par Toulon, Courmes (17 h) temps superbe, beau panorama. Nice, Monte-Carlo, il fait nuit malheureusement.

Nous changeons de train à Vintimille à 21 heures.

11

San RémoGênes (6 h) - Pise à 15 heures tour penchée. Livourne : nous faisons étape et couchons au quartier Italien.

16h30, nous visitons, la ville très grouillante.

Café mal tenu, ou mendie dans tous les établissements.

12

Départ à 7 h matin. Le panorama est devenu beaucoup moins joli depuis Gênes, nous traversons la Maladetta (plaine inculte) comparable à la Champagne pouilleuse de France mais en plus des marais malsains avec moustiques.

Minuit :

Nous sommes en gare de Rome, le train s’arrête 2 heures : nous sommes gâtés par les Anglais surtout : des femmes nous offrent des fleurs, des bonbons, des cartes postales. Les sœurs aussi mais des médailles en plus.

J’envoie des cartes ainsi d’ailleurs que je l’ai fait dans toutes les principales gares. Les civils se chargent de la correspondance

13

Nous partons vers 2 h du matin.

Jusque Caserta, terme de notre voyage par voie ferrée : rien d’interagissant.

Des montagnes tout le temps, des tunnels, la mer.

La population court après le train pour mendier du pain : la classe pauvre en manque certainement.

Le 14

Arrivée à Tarente à 10 heures du matin. Nous allons au camp et couchons sous le marabout face à la mer.

Le 15

Départ du camp à 8 heures pour le quai d’embarquement.

Nous prenons une navette remorqueur qui nous transporte jusqu’au flanc du paquebot. On grimpe les bagages, on se dégrouille (sic) à 4 sous officiers pour avoir une cabine : nous réussissons…..Cabine de 2ème classe.

Nous nous installons, installons les hommes et à 12 heures, déjeuner au service de 2ème classe : Très bonne nourriture et bon service.

À 15 heures, sortie de la rade : Rencontre de nombreux vaisseaux de guerre et de transport alliés.

 

À 16 heures, pleine mer : Petite sensation.

 

À 17 heures, dîner puis manille.

 

À 20 heures, je visite la machinerie en détail avec mon aspirant et le mécanicien de quart et à 21 heures coucher.

Le 16

Lever à 7 heures, café au restaurant. Roulis et tangage, aussi, je suis un peu indisposé (mésaventure d’Auclair : un cognac à 12 sous).

 

Le soir, la mer est calme, aussi, bon dîner et bonne nuit.

Le 17

Nous apprenons que nous avons doublé le cap Matapan (Grèce) dans la nuit et sans encombre : Bonne affaire !

Mer calme.

Arrêt du transport à 9 heures en rade de Milos jusqu’à 15 heures. J’envoie une carte par des pêcheurs grecs.

Départ à 15 heures. Pendant tout le restant du voyage, nous sommes très sérieusement convoyés. Les navires font des signaux fréquents. Marche en crochets. La nuit est calme.

Le 18

Mer d’huile.

À 10 heures 30, nous nous mettons à table. Tout à coup…. Alerte, le canon tonne. On se précipite sur le pont, d’autres courent à leur ceinture (de sauvetage). C’est notre convoyeur, un contre torpilleur, qui tire sur une mine flottante que nous avons failli heurter. Nous l’évitons grâce un brusque crochet. Nous la voyons à 50 mètres.

6 coups tirés sans résultat mais des chalutiers jusqu’alors inaperçus arrivent et font le nécessaire : Nous continuons notre route.

 

Vers 12 heures, on commence à suspendre les escaliers. En avant de la rade et pour en garder l’entrée, de monstrueux et très longs filets sont tendus en mer. Nous arrivons en vue de Salonique vers 14 heures 30.

 

Entrée au port à 15 heures.

Des remorqueurs viennent accoster pour nous emmener en plusieurs voyages au quai français. Nous stationnons une heure environ puis en route pour le camp de Zeitenlik (*) situé à 7 kilomètres. Nous y arrivons vers 8 heures du soir.

Nous dînons au mess après avoir retrouvé quelques camarades de Kûnes. Nous couchons sous la tente.

 

(*) : Le camp de Zeitenlik se trouve au nord est de Salonique (Grèce)

Le 19

Je vais voir le vaguemestre, retire 2 lettres mais pas celles désirées.

Retrouvé mon ami JOLLIOT qui fait vraiment ce qu’il peut pour m’être utile.

Le 20

On me désigne un emploi : Je m’occupe du cantonnement : bonne affaire ! Ayant ma consigne à prendre, je suis empêché pour aller à Salonique envoyer un télégramme.

Le 21

Je me mets au courant de mon service, ce qui me prend pas mal de temps et m’empêche encore d’aller à Salonique.

Les 22, 23, 24, 25

Idem.

Le 26

Promenade à Salonique. Principale curiosité de la ville : Population très cosmopolite.

La ville n’est pas jolie et est sale. Par contre, le port est un beau coup d’œil. Les vieux quartiers ont leur charme : Je prends quelques photos.

 

Le soir, nous collons notre gérant du mess à la porte pour estampage : Aussitôt remplacé par un de mes camarades qui, par la suite, nous donne toute satisfaction.

Le 27

Je vais à Salonique avec JOLLIOT.

Pendant ce temps, 18 avions Boches survolent le camp : Résultat : 100 anglais tués, 100 blessés et 3 grecs tués.

Rien dans le camp français.

Le 28

Retrouve LAMBERT, ancien camarade du 22.

Le 1er mars

Pluie et vent hier soir. Neige le lendemain.

Le 4

Bombardement du camp par 12 avions boches : Ce sont les Italiens qui trinquent. Un avion abattu.

Le 21

Reçu lettre de DOUDY me disant avoir reçu ma première lettre d’ici.

Reçu colis.

Chants russes dans la montagne (impressionnants). Enterrement grec à cercueil ouvert promené en ville. Chants.

Enterrement serbe : Monnaie et provisions avec le mort. Chants

Le 22

Volontaire dans un poste contre avions.

Le 24

Désigné pour une affectation sous-chef de pièce.

Les 25, 26, 27

Instruction au tir contre avions.

Le 28

Départ pour Vertékop : Nous quittons.

Salonique à 17h00 : nous arrivons en gare de Vertékop à minuit.

29

La nuit s'est terminée dans nos wagons.

Matin : Reconnaissance de la fonction avec lieutenant.

Soir : Instruction du camp.

30

Début des travaux : subsistance au 2RM.

31

Avril

Jusqu'au 3. Installation de la pièce.

3

Bombardement du patelin par 14 avions boches. Nous tirons nos premiers coups de canon.

Dizaine de blessés dans le village. Visite d'un loup.

4

Reconnaissance dans la montagne pour nouvel emplacement de pièce.

15

Diné au 2 RM

22

Nous cessons les travaux en vue d'un changement de position.

Lt ANDRE arrive à 8h soir.

23

Nouvelle reconnaissance avec les 2 Lts.

24

Reprenons les travaux croyant rester.

25

Même chose jusqu'au 29.

30

Visite des Boches : au 8ème coup nous sommes obligés d'arrêter le tir la pièce étant basculé.

Mai

1

Reconnaissance.

3

Nouvelle reconnaissance pour trouver un point désigné.

Après-midi, 20 zouaves commencent à piocher l’emplacement de la pièce.

Je me purge.

18

Lt ANDRÉ part pour Salonique.

Les travaux sont terminés : nous montons à la nouvelle position.

22

6 voyages d'ara …, 6 chevaux par pièce, 6 mulets pour monter matériaux, 50 hommes pour monter la pièce.

La pièce est installée le soir même.

30

Nous couchons dans notre baraque ...

Juin

Installation de baraques diverses.

Visites d'officiers italiens, anglais, français.

15

Diné chez Lt GUARINO, commandant d’étapes italien. Très aimable réception.

26-27

Voyage à Salonique. La ville m'a paru plus agréable qu'à l'habitude : plus de tenue chez l'indigène.

Promenade intéressante. La ville est plus cosmopolite que jamais.

Rentré le 28 à 14 heures.

Juillet

10

Les hommes évacués (3) sont remplacés ...

14

Réception au Koprena. Lt Anglais GOOD, Lt SIMONIN ( ?) et Louis interprète.

 

1.jpg

Le 17 juillet

Je vais déjeuner au poste de Vodena. Je m’y rends avec le cheval du lieutenant CHARM…(illisible). Promenade mais il fait très chaud.

Le soir, réception : Lieutenant LEMONNIER et ses deux sous-officiers.

Le 28

Réception des 2 camarades des subsistances et de SÉRIÉ. Le lieutenant est à Salonique.

Le 6 août

Départ de LEROY en permission. La veille, départ de BÉNAUX avec un colis pour Paris.

Le 12

Ayant pris du lait de chèvre, 5 hommes du poste sont très malades : 4 sont dirigés vers l’infanterie d’étapes.

Du 17 août au 4 septembre

Premiers accès de fièvre, embarras gastriques. Assez fortement malade et affaibli.

Les forces reviennent lentement comme l’appétit d’ailleurs. Cafard assez sérieux.

Le 6

Arrivée d’un sous-off en remplacement du camarade LEROY parti en permission.

Accident grave de chemin de fer à Vertékop : Un train, emballé depuis Vladovo arrive à 200 à l’heure en gare de Vertékop et tamponne un autre train à l’arrêt. Le tamponneur contenait des permissionnaires : 5 morts et 40 blessés le premier jour.

 

1.jpg

Le 22

Voyage à Salonique.

Au départ, dîner aux Étapes, mangé du couscous (mets national en Algérie surtout des Kabyles).

Visité la ville brûlée.

Été au D/A, au GPA. Tout est en branle à cause de la loi MOURIER. Achats.

 

(*) : La chambre adopte le 10 août 1917 la loi MOURIER qui ambitionne d’organiser une meilleure répartition des mobilisés entre les armées et l’arrière, en vertu d’un principe qui apparaît évident mais qui a été beaucoup discuté : les jeunes à l’avant et les vieux à l’arrière. Cette loi fixe les affectations dans les unités combattantes des mobilisés, officiers, sous-officiers et soldats appartenant à l’armée d’action et à la réserve de l’armée d’active. Lire la loi ici.

Le 24

Rentré à la position par le train qui arrive à 6 heures 30 en gare de Vertékop.

Très fatigué en ayant pour ainsi dire pas dormi depuis le départ.

Le 25

Malade un peu de cette fatigue.

Le 27

Promenade à Vodena, déjeuné et dîner. Rentré à 9 heures du soir, clair de lune superbe.

Le 10 octobre

Le lieutenant est à Salonique. SÉRIÉ vient passer la journée avec moi au poste.

 

 

1.jpg

 

 

Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : feather

 

Avril 1918

Je reprends mon journal.

 

Pendant tout l’hiver, rien d’intéressant à signaler : Nous avons eu une température très variable. Une tempête de vent nous renverse une baraque. Les anciens du poste partent en permission.

Je suis inquiet, très sérieusement, depuis que Paris est bombardée.

Le 15

Nous nous apprêtons à changer de position et de matériel. La plate-forme est arrivée en gare.

Le 16

Travaux en vue du déménagement.

Les 19, 20 et 21

Déménagement.

Du 22 au 30

Construction des baraques.

Le 31

Départ du lieutenant André pour Salonique afin de suivre un cours.

Juin-décembre 1918

Travaux d’amélioration de la position.

Le 28

Retour du lieutenant ANDRÉ.

Rien d’intéressant à signaler jusqu’en septembre si ce n’est désillusions et désillusions à quelques pas de la date de départ en permission.

Le 14 septembre

Commencement de l’offensive.

Le 26

Départ de DEMENGEON en permission.

Le 10 octobre

Entré à l’hôpital Anglais n° 27 à Vertékop.

Le 25

Départ de Vertékop.

Le 26

Arrivée à Salonique DIA Zeitenlik.

Le 27

Démarches inutiles à Karabouroun.

Décembre

Arrivée des camarades des autres postes DCA.

Le 12

Départ pour rejoindre le 19éme régiment d’artillerie.

Train à 22h30 à G.O. 45 hommes par wagon, des poivrots !

Le 13

Arrivée à 8h30 à David-Ondovo. Pris camion pendant 85 kilomètres à 10 heures du matin.

Arrivée à 17h30 à Yénikeuil. Cantonnement potable.

Le 14

Neige toute la journée et faux départ à 17h30.

Départ à 21h00. Tortillard à wagons découverts.

Le 15

Continuation dans les mêmes conditions ….

Temps froid ! Parcours très pittoresque : Montagnes, torrents, ligne ferrée tortueuse, arrêts nombreux en Bulgarie.

Le 16

Arrivée à Ratomir. Terminus du tortillard à 16h30. Causé avec des officiers Bulgares. Passé une nuit meilleure dans un wagon à voie normale.

Le 17

Départ à 6h00 et arrivée à Sofia à 9h00. Nettoyage. Promenade en ville vers le soir. Change 160/100/ Gâteaux 2 fr .

Acheté œufs et vin à 8 francs français.

Le 18

Départ Sofia à 12h00.

Le 19

Arrivée à Plevna à 4heures du matin. Resté en gare jusqu’à 14h00. Arrivée à Levski à 17h00.

Passé la nuit.

Le 20

Départ à 13heures. Arrivée à Sistov, terminus.

Danube à 16 heures. Couché la nuit dans un wagon.

Le 21

Traversé le Danube dans un bac remorqué à 8heures du matin. Débarqué à 8h20.

Voiture pour bagages et départ pour Livinitza. Retrouvons le régiment. Classé 9ème batterie. Camarades au 2ème groupe.

Le 22

Stationnement.

Faux départ de permissionnaires au Danube.

Le 23

En route vers Bucarest. Bon accueil de l’habitant. Costumes, puits( ?).

Étape de 28 kilomètres. Dîner chez les roumains : Poulet, saucisse, pain, table basse. Pas de couvert et un verre pour deux.

Le 24

Départ à 8heures.

Arrivée à Alexandria, 18 kilomètres, à 12 heures.

Même journée classé 1er groupe. Nouvelle étape à pieds entre 5 et 8 heures du soir.

Mauvaise humeur des hommes. Classé première batterie avec SÉRIÉ.

Le 25

Départ à 8 heures du matin toujours à pied. Arrivée à 13 heures à Draganesti.

Le 26

Départ à 8h15, arrivée à 14h00 à Guempati.

Le 27

Départ à 9h00, arrivée à 12h30 à Epouresti.

Le 28

Départ à 13h00, arrivée à 20h00à 13 kilomètres de Bucarest.

Toutes ces étapes faites dans de mauvaises conditions. Pluie, vent froid, hommes malades. Perte de chevaux chaque jour.

Le 29

Départ à 12h00, arrivée à Bucarest à 16h00 sous une pluie battante. Logé caserne d’artillerie (manœuvres).

Le 30

Préparatifs de revue.

Décembre

Le 1er

Grande revue à Bucarest avec le général Berthelot. Concert armée du Danube.

Le roi et la reine de Roumanie rentrent solennellement à Bucarest. Enthousiasme délirant. La France acclamée sincèrement.

Le soir diné au restaurant. Fais connaissance du directeur de l’Alarma, 6 rue Royale. Promenade en ville.

2 et jours suivants.

Vie de quartier !!!!

10

Premier départ de rapatriable. Espoirs !!!

15

Arrêts dans les départs.

24

Fusion de groupes. Continuelles déceptions pour le rapatriement.

1919

3

Nouveaux espoirs en vue d’un départ pour la France.

4

Les rapatriables du 274 subsistants à la batterie croyant partir à 15 heures sont prévenus à 13 heures, d’avoir à rejoindre la caserne des obusiers jusqu’au 20 où ils seront visités chaque jour à cause d’un cas de typhus déclaré dans leur régiment.

Déception de ces pauvres gens 9 nouvelles appréhensions pour nous.

6

Il est question sérieusement de partir. Je prépare des cartes lettres pout toute la famille, annonçant mon départ mais je n’ai pas les dates ni ne les ferme.

7

Rien de nouveau !!!!!!

8

Nous rendons les effets chauds et le bureau règle notre situation.

Le soir, à 21 heures rassemblement cour quartier.

À 22 heures : gare de Bucarest.

Embarquement à 23 heures.

Le 9

À 0h30 nous partons…… !!!

Quelle joie de quitter le 19ème et Bucarest pour retourner vers les siens.

9

Arrivée au bac de la Jalointza à 10 h du matin.

Le pont sur cette rivière est sauté. Il est en réparation mais il manque encore 2 arches.

Pris quelques photos sur le bac.

Nous reprenons le train de l’autre côté de la rivière.

Arrivons à Constanta (*) à 20 heures ; il nous faut aller loger dans une caserne assez éloignée et porter nos bagages. Beaucoup de misère.

Plumard monté en vitesse et tout le monde heureux de se reposer.

 

(*) : Constanta est un port bulgare donnant sur ma Mer Noire

10

Caserne (travail bureau états filiations).

Diné en ville – 10 francs – pain (la boule 5 francs).

11

Caserne : on espère quitter Constanta le 13.

13

Jour de l’an roumain.

Embarquement sur « l’Athos ». Château pris aux bolcheviks. Équipage et commandement russe avec un commissaire français à bord.

Nous embarquons à 8h30 matin : Départ de Constanta à 16 h.

Mer calme.

14

Arrivé en vue du Bosphore vers 9 h du matin : pris des photos.

Vues très intéressantes jusqu’à Constantinople.

Plus on va sur le Bosphore plus les rives sont construites ; style oriental.

 

11h30 Arrivé à Constantinople et arrêt.

 

17h30 Départ de Constantinople.

Marche très lente toute la nuit : Nuit claire, superbe, mer calme.

15

7h en vue des Dardanelles.

8h45 en vue de Gallipoli, pris photos.

Les Dardanelles donnent bien l’impression d’être imprenables étant défendue de chaque côté par une suite de ports. Paysage triste rappelant la Macédoine.

 

Sortie vers 10 heures.

Entrons dans Mer Égée : marche lente. Longeons les îles et presqu’îles.

16

En vue de Salonique à 9h. Temps superbe. Nous accostons à quai vers 2h après midi.

 

16 h : débarquement et en route pour DIA ( ?) sac au dos.

 

18h30 : Arrivée au DIA.

17

Dépôt. Été au GPA voir pour ma cantine. Partie en France avec une lettre de GOUPY.

18

DIA. On s’ennuie déjà sérieusement.

19.20.21.22.23.24.25.26.27.28.29.

Attente !!!

Petits départs de permissionnaires, mais je suis encore loin de partir étant le 18ème sur la liste des affectés : or, il part 10 sous-officiers pour 100 noms.

31

De ronde aux explosifs : temps épouvantable, neige, vent, grêle.

La ligne Salonique-Athènes étant coupée par l’inondation et de plus déterminée en plusieurs endroits ; mon départ me paraît, hélas, encore bien lointain.

Février

1

Depuis 8 jours, pas un seul départ.

4

On parle d’un petit départ pour le 5. On dit aussi que nous allons avoir des bateaux !!!!

5

Départ de 3 sous-officiers et 27 hommes.

9

Nous apprenons que le bateau « Odessa » transportant, 1500 permissionnaires a heurté une mine et a coulé : c’est marqué sur l’Opinion.

10

Les journaux démentent le sinistre de l’Odessa toujours dans l’attente.

13

Une affiche nous dit de prendre patience et nous donne les raisons de notre retard.

14

A table le soir, on parle d’un départ imminent en effet une heure plus tard, une liste de 200 est affichée.

Paiement du prêt à 9h30 soir.

Rouspétances de poilus. Officiers pris à partie par les hommes.

15

Levé à 5 h matin : nous ne quittons le DI qu’à 8h sous la pluie. Arrivée au port sans savoir quel bateau on part, sans officiers !!! Paquetages dans la boue ; désordre indescriptible.

 

10h30, on embarque au hasard : logés dans les cales. C’est noir, sale et puant avec un camarade nous fouinons et finissons par découvrir un peu mieux !

On s’inscrit au mess. 8h par jour.

 

A 14 heures, nous quittons le quai et nous ancrons en rade.

 

16 heures, nous dinons au mess et on apprend que ce sera gratuit (frais payés au restaurateur par la marina, 6 f pars sous-officier plus 100 par jour). Très mauvaise nuit, couché sous une couchette.

16

Grande toilette. Trouve un petit coin un peu meilleur.

A 10 h, départ.

Bonne mer, nuit calme.

17

Meilleur nuit. Beau temps.

Après-midi. Roulis léger.

Passons à Matapan à 17h30.

18

Mauvaise mer, mauvaise nuit, grand vent, tempête.

19

Arrivons en vue Tarente, 6h30.

Le drapeau jaune hissé à l’arrivée n’est pas enlevé après visite du médecin. Il paraît que nous sommes suspects. Toute la journée se passe en attente et nous voyons le « Guichen » et « Tungat ».

Entrer sans accroc au port.

Soir : on refait son lit.

20

Même situation, le bateau venant de la mer Noire, sommes indésirables.

Soir : des vivres arrivent. Avant diner, le bruit court que nous serons déconsignés demain.

21

Plein d’espoir on se lève…. Pour apprendre que nous ne débarquerons pas. On nous amène de l’eau. Il est question d’aller à Marseille, mais de se faire désinfecter en cours de route soit à Bizerte ou ailleurs.

Nettoyage à bord !!!!!

Dans l’après-midi, nouveau tuyau : une commission vient à bord : examiner des Alsaciens Lorrains. Ces messieurs prennent le champagne et avant de partir nous laissent l’espoir que sauf contre ordre de l’Amiral nous débarquerons sous peu.

6h du soir : rien de nouveau !!!

Désillusion on refait son lit.

22

On reparle de Marseille. Après déjeuner l’ordre arrive. On doit partir directement pour Marseille le 23 au matin.

14h : les vivres arrivent.

23

Nous démarrons à 7h.

Au bout d’une ½ heure on abaisse le pavillon de santé (chiasse). Brouillard intense

La sirène fonctionne pendant toute la matinée. Lames de fond ; à partir de midi, suis incommodé par l’état de la mer.

Repas difficile.

24

Nous entrons dans le détroit de Messine : 7h les rives sont habitées et jolie. Nous passons Reggio et Messine. A la jumelle ou distingue très bien les ruines causées par le dernier tremblement de terre de Messine.

9h30 sortons détroit

13h passons à hauteur du Mont Vulcan, puis du Stromboli (volcan éteint). A la pleine mer beaucoup de malades.

Nuit pénible pour moi. Grand vert.

25

Temps un peu plus calme dans la matinée, le soir : grosse houle.

26

On longera les côtes car on ne passe pas par le détroit de Bonifacio.

Toujours grand vert et toujours indisposé : le temps me semble interminable.

27

Même temps dans la nuit : le moral est bon car c’est aujourd’hui qu’on arrive.

Vers 5h du matin, on voit des lumières de phare.

7h on aperçoit Marseille.

8h on nous remorque près du Frioul en attendant la visite médicale. Pourvu qu’on ne séjourne pas dans cette île ; comme suspect… !!!

Le major vient passer une visite très sommaire et vers 12 h nous nous dirigeons vers le port… là on attend à nouveau…

Quel trimballage et pourtant nous avons grand hâte d’aller à terre.

 

 

Vous pouvez voir son album de 150 photos ici

 

1.jpg

 

 

Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : feather

 

Je désire contacter le propriétaire du carnet

 

Voir son album photos

 

Vers d’autres témoignages de guerre 14/18

 

Suivre sur Twitter la publication en instantané de photos de soldats 14/18

 

Retour accueil