Mise
à jour : Novembre 2014
Antoine, arrière-petit-fils d’Edmond, m’écrit
en octobre 2014 :
« Je
connaissais l’existence de ce carnet… puis je l’avais oublié. Les célébrations
du Centenaire de la Grande Guerre ont ravivé ce souvenir. Sa lecture est
difficile, les conditions dans lesquelles Edmond l’a écrit étaient assurément
compliquées !
C’est
pourquoi j’ai voulu sauver cette mémoire, ce petit carnet qui risquait
l’oubli. »
La
transcription était parfois difficile, il manque quelques mots que je n’ai pas
pu relire, notamment des noms de personnes. J’ai parfois ajouté quelques notes
en bleu sur les phases militaires, grâce au JMO (Journal des marches et
opérations du régiment), disponible sur le site « mémoire des hommes ».
Edmond est
mobilisé au 233e régiment d’infanterie, formé à Arras le 4 Août 1914.
Il ne
commence à écrire qu’en juin 1915. En effet le début de la guerre est une
guerre de mouvement, ne laissant ni le temps ni les conditions matérielles à
l’écriture.
Le 233e RI a
reçu son baptême du feu le 23 août 1914 en Belgique lors de la bataille des
frontières.
Mais sonne
rapidement l’heure de la retraite, dangereuse et épuisante, les menant
jusqu’aux Essarts près de Sézanne le 6 septembre.
La bataille
de la Marne repousse les Allemands jusqu’à Reims près de laquelle il reste
stationné jusqu’en juin 1915. La guerre se fige, les tranchées sont en place.
Son récit
peut débuter. »
Antoine DÉPAQUY
Sommaire
(n’existe pas dans le carnet)
Il peut paraître étrange que parti en campagne depuis le 9 août je ne commence à écrire quelques notes que le 10 janvier 1915.
Les débuts de la campagne ont été très durs et nous avons eu des marches très dures à effectuer, par suite du manque de temps et de la fatigue physique très grande qui rendait pour ainsi dire (impossible) tout effort intellectuel, j’ai ajourné chaque jour la rédaction de ces quelques notes.
C’est sans prétention que je me décide, il me semble que ce carnet sera précieux plus tard, à moi-même si Dieu m’accorde la vie et à mes parents si je venais à disparaître.
Aussi paradoxal que cela puisse paraître, les débuts de la guerre me plaisaient mieux que la vie de tranchée que nous menons qui n’est pas trop fatigante mais laisse trop de place aux songeries et aux regrets du passé.
Avons quitté la région de Reims (secteur de Prunay) sommes embarqués à Épernay (3e fois que je traverse cette ville depuis la guerre) et sommes débarqués après plus de 24h de chemin de fer à Doullens à la surprise générale (JMO : 28/05/15). Nous sommes rendus à Faméchon où nous sommes restés environ 10 jours.
Nous sommes partis le dimanche 6 juin à 24h30 pour Bayencourt puis quelques heures après pour Sailly-aux-Bois où nous sommes toujours depuis après avoir exécuté de nombreuses marches et contre marches.
Dans l’une de ces marches nous avons été à Hébuterne. (En marge : Hébuterne rôle purement passif, bombardement assez violent)
Depuis le 10 juin
Sommes à Mailly-Maillet (Somme) en réserve avons bivouaqué une nuit.
243 et 327 (régiments d’infanterie) ont été engagés, grandes pertes (*) pour un résultat minime (Hébuterne).
(*) : Les pertes signalées dans le JMO sont de 31 tués, 155
blessés et 5 disparus, pour les journées des 13, 14 et 15 juin.
Sommes à Arquèves (Ferme de Belle-Église) en repos.
Ai reçu une lettre de Moreuil m’apprenant la mort de Manoury à Verdun de ses blessures (blessé le 6 avril aux Éparges). (Manoury Louis Adolphe sergent au 33e RI)
Sommes allés loger à Léalvillers.
Ai obtenu une permission de 8 jours. Passer à Paris chez Contancin.
Rentre le 12. (Impression dans le civil comme chez nous tout le monde en a plein le dos)
(juillet) sommes venus loger à Humbercamps, les 16, 17, 18 et 19 nous travaillons de nuit à la lisière (entrée d’Humbercamps exactement à 18 Km de Croisilles !! (village natal)
Sommes venus cantonner à Lucheux ai vu les parents d’Hemery. Hémery en bonne santé et à l’abri du danger.
Ai envoyé pièces à l’effet d’obtenir un duplicata d’un livret de la caisse d’épargne postale pris par mes parents et mis à mon nom (suis actuellement sans argent).
Écrit au dépôt du régiment (l’officier trésorier à Cognac) pour avoir des renseignements sur Manoury.
Nous quittons Lucheux. Pendant mon séjour j’ai été très aimablement reçu par les parents d’Hémery avec lesquels j’ai pris plusieurs repas.
J’ai également été bien reçu par Madame ..(?), qui dès qu’elle a su ma présence à Lucheux a demandé à me voir.
Son mari, qui est au 14e territorial 9e compagnie, est revenu en permission pour 8 jours.
Je l’ai vu fréquemment j’ai mangé 2 fois chez lui, il a été très aimable pour moi.
J’ai reçu avis de la caisse d’épargne en date du 10 août et m’a été délivré un livret n° 62-870917 s’élevant à 1537,59 qui est resté en dépôt à Paris (succursale d’Arras) Boulevard de Strasbourg.
J’ai demandé un remboursement de 50 fcs.
Julia Veniel qui cherchait après moi depuis un an a su mon adresse au dépôt elle m’a écrit le 6 août.
Sommes arrivés à Simencourt ; nous avons jusqu’à Wanquetin fait la route en auto.
J’ai reçu un paquet de Julia contenant chocolat et gaufres.
Nous travaillons de nuit en avant de Wailly ou de Ficheux en face de Blairville une patrouille de couverture a entendu le bruit du roulement d’un train sans doute le train de Boisleux à Marquion.
Nous quittons Simencourt nous nous rendons à Barly où nous prenons l’auto nous débarquons à Bayonvillers et nous venons loger à Harbonnières.
Nous partons aux tranchées à Lihons arrondissement de Péronne. Nous sommes dans le village même.
Un ami écrit en Hollande demandant de transmettre au Dr Harle de Roubaix, des nouvelles de moi et de Moreuil ; et demandait au Dr Harle de les faire parvenir chez mes parents.
Nous quittons le secteur de Lihons pour aller à Rosières où les 16,17 et 18 nous faisons des travaux de nuit à droite de Lihons.
Nous quittons Rosières pour aller à Cayeux-en-Santerre ; le même jour à 16h nous partons pour Bouillancourt.
Nous occupons les tranchées secteur de Dancourt.
Nos quittons le secteur où nous devions attaquer pour aller loger à Bouillancourt.
Nous embarquons à la gare d’Hargicourt-Pierrepont nous débarquons le 29 (30) à 10h à Chalons s/Marne et nous venons loger à Courtisol (Marne).
Nous bivouaquons dans un bois entre Suippes et Souain.
Plan du bivouac, JMO du 233e
RI
Nous venons occuper en réserve des boyaux en face de Souain dits boyau Ratisbonne, puis le 6 (5) à 5 ½ nous quittons ce boyau et après diverses péripéties nous sommes arrivés derrière des parallèles de départ.
À 4 ½ (le 6), Nous attaquons nous reculons, l’attaque
n’ayant pas été préparée suffisamment. Nous avons trouvé fil de fer et
mitrailleuse le tout intact. (Confirmé par le JMO : « beaucoup d’hommes tombèrent dans les fer de fer »)
Mathon (Joseph, sergent, blessé), Contancin (*), Demailly (**), Balloy (Robert, sergent, disparu) tous sergents Macke (Hector, adjudant, blessé), Salot (Léon, adjudant chef, blessé) tous blessés ou tués, la compagnie a perdu dans une affaire qui a duré tout au plus une demi-heure plus de la moitié de son effectif.
Quant à moi je suis grâce à Dieu sain et sauf.
Les tranchées attaquées étaient celles situées en face de la Ferme de Navarin environ de Souain (Champagne).
(*) : CONTANCIN Louis, sergent, mort
pour la France le 6 octobre 1915 à la ferme NAVARIN, Somme-Py (Marne), tué à
l’ennemi. Il était né à Lille, le 19 octobre 1887. Il est inhumé à l’ossuaire
de de la ferme de Navarin, Sainte-Marie-à-Py (51)
(**) : DEMAILLY Julien, sergent, mort pour la France le 6
octobre 1915 à Souain (Marne), tué à l’ennemi. Il était né à Méricourt (62), le
5 janvier 1881. Pas de sépulture militaire connue.
(***) : BALLY Robert, sergent, mort
pour la France le 6 octobre 1915 à la ferme NAVARIN, Somme-Py (Marne), tué à
l’ennemi. Il était né à Staple (59), le 3 mai 1895.
Pas de sépulture militaire connue.
J’ai été nommé fonctionnaire-adjudant.
Nous sommes relevés par le 339e relève pénible et dangereuse.
Nous allons au bivouac après une étape de 30 km dans un bois de petits sapins près de Saint-Etienne-au-Temple.
Du 4 au 14 octobre le régiment a perdu : 65 tués, 341
blessés et 74 disparus (JMO)
Nous embarquons à la gare de Saint-Hilaire-au-Temple et nous débarquons vers 9h à Verdun.
Nous arrivons à Senoncourt (Meuse) où nous sommes au repos.
Oncles de Contancin m’ont demandé des nouvelles de leur neveu je n’ai pu leur répondre que je ne savais rien.
Nous quittons Senoncourt pour aller loger le même jour à Rosnes.
Nous quittons Rosnes pour aller loger le même jour à Les Monthairons (le Grand).
Je suis nommé adjudant à la date du 1e septembre.
Novembre nous quittons Monthairons pour aller loger le même jour à La Neuveville en Verdunois.
Nous allons loger à Lavallée.
Je suis évacué par le médecin-chef.
Je suis resté à l’infirmerie du régiment ayant eu jusqu’à 40 de fièvre. Le 1 j’ai enfin été évacué en auto. Je suis arrivé à 1 heure le même jour à Bar-le-Duc où je suis resté dans un hôpital d’évacuation jusqu’au 2 soir.
J’ai pris ce jour à la gare de Bar-le-Duc un train sanitaire qui le 3 à 6h du matin nous a déposé à Neufchâteau (Vosges). J’ai été conduit à l’hôpital 209, salle 5 bis, où l’on m’a mis en traitement.
Le 18 novembre, j’ai été cité à l’ordre de la brigade et reçu la Croix de Guerre.
Note en marge :
« Ordre
de la brigade n°10 (18-9-1915). Lesage
Edmond (?) 16687, sergent 24e compagnie du 233. Excellent s/off a entrainé avec
une grande énergie ses hommes à l’assaut et les a maintenus à la lisière des
fils de fer du bois J27 nord de Souain. »
Je quitte l’hôpital le six janvier à 22h30. Je me rends en permission de 7 jours à Moreuil.
Arrive à Moreuil le 12 à 6 ½ matin et j’en repars le 20 à 6 ½ du matin.
J’arrive à Neufchâteau le 23 suis dirigé de suite à Dainville (Meuse) où se trouve un dépôt d’éclopés. Je passe la visite le major me garde.
Pendant une permission j’ai reçu une lettre de Gabrielle (?) me donnant des nouvelles de mes parents j’avais déjà reçu une autre lettre d’une demoiselle (?).
Je quitte Dainville où j’ai passé des jours heureux.
Durant le séjour à l’hôpital d’Edmond, le régiment se trouvait
à Verdun. µIl a subit l’offensive allemande, il a perdu près de mille hommes du
21 au 26 février.
J’arrive à Frébécourt (Vosges) j’embarque à la gare de Coussey le même jour ; nous partons à 18 heures ; nous débarquons à Champigny le 12 à 10 heures ; je viens rejoindre ma compagnie à Plancher-Bas (Haute-Saône).
Bien des disparitions et des morts à déplorer Descamps (Félix, sergent) tué le 22 février à 10h15 au bois de l’Herbebois.
(*) : DESCAMPS Félix, sergent, mort
pour la France le 22 février 1916 au bois de L’Herbebois (Meuse), tué à
l’ennemi. Il était né à Armentières (Nord), le 29 octobre 1888. Pas de
sépulture militaire connue.
Je me rends au conseil de guerre comme juge à Champagney.
Nous quittons Plancher-Bas pour cantonner à Dorans (Haut-Rhin)
Nous nous rendons à Florimont (Haut-Rhin) près de la frontière suisse.
J’ai connu à Plancher-Bas une famille où j’étais logé (M et Mme Beaujon aux Creuses) (La Creuse ?) et où j’étais reçu et traité comme l’enfant de la maison j’espère après la guerre pouvoir remercier tout particulièrement ces braves gens.
Nous quittons Florimont pour venir loger à quelques kilomètres de là à Faverois.
Depuis notre départ de Plancher-Bas nous faisons des travaux en face de Suarce (Le Puix).
Nous quittons Faverois pour nous rendre à Morvillars où vers 16 heures nous embarquons ; le même jour à 24 heures nous débarquons à Dounoux, sud-est d’Épinal (Vosges).
Nous allons dans ce qu’on appelle le camp d’Arches faire de l’instruction où nous abimons pas mal de récoltes.
Nous avons enfin touché des cartes pour correspondre avec les pays envahis, c’est criminel depuis le 25 mai on avait ce droit. J’ai envoyé le 4 une carte contenant ces mots :
« Suis en bonne santé, toujours même adresse corresponds avec Julia Veniel très bonne pour moi, Manoury décédé, vous embrasse ».
Nous quittons Dounoux le même jour nous cantonnons à Void de Girancourt.
Je pars en permission pour Moreuil où j’arrive le 9 à 6h30 (matin).
Je rejoins le régiment à Rosière-en-Santerre (Somme) où le régiment vient pour la seconde fois.
Nous faisons des travaux (boyau) près de la voie du chemin de fer un peu au dessus de l’endroit appelé « wagon ».
Pendant ma permission j’ai écrit à l’agence pour la recherche des familles dispersées à Paris, 27 place de l’opéra, pour avoir des nouvelles (gratté).
J’ai également écrit avait une carte (gratté).
Nous quittons Rosières pour nous rendre aux tranchées
en réserve aux Wagons, le juin nous quittons cet emplacement pour nous
rendre en première ligne où nous restons jusqu’au 27 juin (JMO : « sous secteur 6, les Saules ») où nous allons
dans des places d’armes situées au nord de la route de Rosières à Harbonnières
près de la « Tour Carrée » (JMO : Thouron).
Nous quittons ces places d’armes pour nous rendre en 1e ligne où nous occupons le même secteur que la dernière fois secteur des Wagons.
Nous sommes relevés et nous venons cantonner à Rosières, rue de Caix.
Nous quittons Rosières à 0h30 et nous nous rendons dans les tranchées situées en face de Vermandovillers.
À 7 heures du matin, nous exécutons l’ordre que nous connaissions (le 6e bataillon seulement) d’enlever 3 lignes de tranchées allemandes.
L’attaque réussit le Capitaine Deron (Paul) est tué à mon côté c’est providentiel que je n’ai rien eu.
DERON Paul Théodore, capitaine, mort pour la France au bois
étoilé, Herbeville, Somme, tué à l’ennemi. Il était
né à Aubert (Nord) le 11 juin 1884. Pas de sépulture militaire connue.
Sommes relevés des premières lignes et nous rendons aux places d’armes Gouraud en arrière des anciennes lignes françaises où nous restons jusqu’au 31 juillet date à laquelle nous allons plus en arrière au camp des Chasseurs.
Nous venons passer la journée à Harbonnières pour nous laver. Depuis le 20 nous n’avons pas changé de linge nous sommes tous exténués.
Le 4 août soir à 20 heures, nous retournons en ligne occuper la tranchée Le Camus (Herlevile).
Nous occupons ces tranchées de seconde ligne jusqu’au 9 août, date à laquelle nous venons en repos à Harbonnières jusqu’au 14 soir inclus.
Le Lieutenant Bayard a été blessé au cours d’un exercice de grenade par un éclat.
Nous retournons occuper les tranchées du Bois Étoilé prises par la division le 20 juillet.
Nous sommes relevés le 17 à minuit par le 149e RI et nous venons en bivouac à Harbonnières où le 18 midi nous sommes enlevés en auto et débarqués à Aubvillers où nous restons les 19, 20 et 21.
Nous quittons ce cantonnement pour venir à Fontaine-sous-Montdidier.
Je suis allé à Moreuil.
Par décision ministérielle du 8 août 1916 (Journal Officiel 15 août 1916 page 7469) je suis nommé sous-lieutenant à titre temporaire et affecté à la 21e compagnie.
Nous quittons Fontaine s/Montdidier et nous sommes conduits en automobile à Caix où nous arrivons le même jour.
Suis membre du conseil de guerre siégeant à Caix.
Le 3 soir à 24h30, nous quittons Caix pour nous rendre dans des places d’armes situées à la sortie ouest de Lihons.
Les 4e et 5e bataillons du régiment attaquent avec succès.
Les mêmes éléments attaquent sans succès appréciables.
Pendant ces attaques la compagnie est en réserve de brigade. Le même jour nous montons dans la 1e ligne française (ancienne) le 7 nous allons de cette ligne dans l’ancienne 1e ligne allemande.
Puis nous allons remplacer la 23e compagnie qui occupe une nouvelle tranchée creusée en face de la tranchée qui n’a pu être prise. Pendant deux nuits nous exécutons des travaux (tranchées et pose de fils de fer).
Nous quittons la tranchée, relevés par le 208e RI pour nous rendre pour un jour dans l’ancienne 1e ligne française puis le lendemain soir au Bois de Crepey.
Nous venons à la carrière Parison.
Nous quittons cet endroit nous restons en bivouac à la sortie ouest de Rosières jusqu’à 3h du matin et de là nous venons au repos dans des baraquements où nous arrivons le 17 à 5h du matin.
Pendant le séjour au camp je suis allé plusieurs fois à Moreuil. J’y ai vu Mathon.
Nous partons à la tranchée du Hibou.
Nous montons à la tranchée Caroline (JMO : PC du Homard, tranchée Karoline).
Nous allons à la Tour Carrée.
Nous partons pour la tranchée du Hibou.
Le Lieutenant Delaffre ayant été évacué le 4 je deviens commandant de compagnie.
Nous sommes relevés pour venir à Rosières où nous restons jusqu’au 10 octobre 2 heures du matin.
Nous partons pour la tranchée du Hibou.
Pour les journées du 10-11 et 12 octobre 1916 voir la note spéciale ci-après.
Note spéciale :
Pendant cette affaire j’avais le commandement de la 21e compagnie ce qui pour moi n’était pas une petite charge attendu qu’il manquait des Sous-officiers et je restais seul avec le sous-lieutenant Ferrant disparu le 11.
Le 10 à 2h du matin la compagnie quittait Rosières pour se rendre à la tranchée du Hibou. J’y suis arrivé facilement avec la compagnie et sans accident. Le Commandant Arnould était venu occuper le même PC que moi.
L’attaque du 208e s’est déclenchée à 11 heures (ce qu’on appelle en terme technique l’heure H) et n’a pas donné les résultats désirés.
À midi le colonel Joly, commandant le 208e RI, fait appeler le commandant Arnould qui me dit de l’accompagner jusqu’au PC du colonel. Arrivés là le colonel donne l’ordre au commandant d’envoyer en renfort son bataillon.
Ce fut pour moi des minutes écœurantes que j’ai vécues là pendant que l’on discutait sur notre sort.
À 12h30, je me rends avec la compagnie dans la tranchée Debeuf. Ce déplacement s’est opéré sans accident.
Peu de temps après être arrivé je reçois l’ordre de conduire la compagnie par le Boyau Abel, la Tranchée Guillaume et le Boyau du Sommeil occuper la lisière sud du bois de Chaulnes H (JMO : bois H), l’étoile du bois de Chaulnes et le boyau de la Vallée.
Jusqu’au boyau du Sommeil que j’ai trouvé avec peine tout était bouleversé tout alla bien ; mais à partir de cet endroit nous avons dû aller en plaine sautant de trou d’obus en trou d’obus pendant que les mitrailleuses allemandes tiraient sur nous. Nous sommes arrivés au bois de Chaulnes H peu avant le soir en attendant de voir le lieutenant commandant le bataillon du 208.
J’ai placé les hommes dans un boyau. J’ai mis 2 heures à trouver ce commandant qui m’a appris que les ordres reçus étaient erronés l’Étoile du bois de Chaulnes et le boyau de la Vallée n’était pas à nous.
La 22e compagnie ayant également reçu l’ordre de suivre la 21e compagnie je fus placé sous les ordres du capitaine Trinquant.
Le 11 vers 2 heures l’ordre d’attaquer le Boyau de la Vallée à la grenade arrivait avec deux heures de retard.
Le Commandant fait demander des précisions et de nouveaux ordres. L’ordre arrive d’attaquer de suite, de telle sorte que par suite des retards il était 5 heures du matin quand l’attaque fut déclenchée.
À cette heure-ci il faisait déjà un peu jour et comme ce boyau était comblé et qu’il nous fallait aller de trou d’obus en trou d’obus les Allemands nous virent et rendaient impossible par leur feu de mitrailleuse toute tentative.
Il en fut rendu compte et l’ordre arrivait quelques heures après d’attaquer de suite un bois, ainsi on nous donnait l’ordre de prendre un bois dans lequel les Allemands étaient postés derrière des abatis sans préparation d’artillerie et en plein jour. Il serait intéressant de savoir qui a donné cet ordre criminel pour le mettre au rang de ceux qui auront à rendre compte de leur conduite.
Au moment où nous allions partir un coureur est arrivé porteur d’un ordre disant que l’attaque était reportée à 14 heures et était précédée d’un tir d’artillerie de préparation de deux heures.
Lorsqu’à 13h30 environ, je suis parti avec le sous-lieutenant Ferrant pour placer la compagnie on est venu me prévenir qu’un obus venait de faire des victimes deux sergents (Delboé (blessé) et Thibeaudau (mort)) et 8 hommes. La compagnie s’était dispersée un peu partout et notamment dans le boyau du Sommeil.
C’est alors qu’a commencé pour moi un travail bien pénible ; les hommes étaient démoralisés, j’ai dû avec Ferrant les ramener un par un à la lisière du bois 1 souvent par la brutalité.
Après avoir constaté où j’en étais j’ai rendu compte au capitaine Trinquant que je ne disposais plus que d’un peloton et que je ne pensais pas être prêt pour l’heure H (14 heures).
C’est alors que le sous-lieutenant Ferrant est passé devant pour placer la tête de la compagnie. Dès que la 1e section fut en place il est parti avec elle sans que je le sache et sans en avoir reçu l’ordre ferme.
Il m’a été impossible me trouvant seul sous-officier de pouvoir placer la compagnie la tête se refusant à avancer malgré mes menaces. (Le seul sergent qui restait Arzul étant parti à l’attaque).
C’est alors qu’Arzul est venu me rendre compte que la 1e vague était partie qu’elle n’avait pas pu se maintenir et que le sous-lieutenant Ferrant qu’il a vu tomber était resté sur la terrain.
Il fut rendu compte de ce nouvel échec et à ma grande surprise on ne reçut pas de nouvel ordre d’attaquer nous sommes contentés d’occuper la position.
Les 273e et 327e furent relevés dans la nuit, quant à nous, le 25e RI n’ayant pu arriver assez tôt, nous sommes restés jusqu’au 12 à minuit. Les débuts de cette relève furent excessivement pénibles à cause du marmitage je suis rentré avec la compagnie à Rosières sans pertes.
Nous avons été relevés à temps car à 5 heures du matin les allemands attaquèrent prenant le bois 1 et faisaient prisonnier le 3e bataillon du 25e RI.
(Fin de la note spéciale)
(JMO du 95e : relève dans de mauvaises conditions, 233 et
208 mélangée, consignes insuffisantes)
La compagnie est relevée des tranchées du bois de Chaulnes vers 1h du matin par le 25e RI. Nous rendons à Rosières où nous restons jusqu’à 6h, heure à laquelle nous partons pour le camp de Beaucourt-en-Santerre.
Dans l’après-midi, le Lieutenant Delaffre rentre et je lui passe le commandement de la compagnie.
Le même soir vers 16h, nous embarquons sur place en auto et sommes débarqués quelques heures plus tard à Rubescourt (Somme) après être passé à Moreuil où je n’ai pu voir Julia qui pourtant guettait mon passage.
Je suis parti en permission de 9 jours (7 jours pour permission et 2 jours pour une citation).
Le 16 je suis arrivé à Montereau (S et M) où se trouvait Julia qui était allé rejoindre son mari mobilisé dans une usine de cette ville.
Julia et moi quittons Montereau pour Moreuil où nous arrivons le soir.
Je quitte Moreuil ma permission étant terminée et je rejoins le régiment le 28 octobre à Vitry-la-Ville où j’apprends que nous faisons partie du 1e corps, 5e armée, 1e division, avec le 1e et le 201e RI.
Nous quittons Vitry-la-Ville et nous venons en auto cantonner à Suippes. Le 5e le 6e bataillon monte aux tranchées. Je suis désigné pour suivre à Suippes du 6 au 26 novembre un cours de chef de section.
Le Lieutenant Bayard est nommé capitaine (JMO 31 octobre).
Je rejoins la compagnie relevée des tranchées au camp 1.
Venons cantonner dans des baraquements à Somme-Tourbe d’où le 3 décembre je pars en permission de 9 jours pour Moreuil.
Le 17 décembre, je rejoins la compagnie à Somme-Vesle que nous quittons le 27 pour venir cantonner à Courtisols.
Nous quittons cette localité pour aller loger dans des baraquements au camp 3/5 au dessus de Suippes sur la route de Suippes à Tahure.
La compagnie quitte le camp 3/5 pour aller occuper près des positions l’ouvrage du Cameroun tandis que le reste du bataillon va au camp 4/5.
Nous quittons cette position et allons en soutien au …(?) du chef de bataillon du secteur Vainqueurd est.
Nous revenons au camp 4/5 où nous restons jusqu’au 28 janvier date à laquelle nous quittons ce camp pour venir loger à Suippes.
Nous quittons Suippes le 30 et venons loger à Courtisols (3e fois que je loge en ce pays) je fais la route à bicyclette étant chargé du cantonnement.
Nous quittons Courtisols nous devons nous rendre par étapes dans la région de Craonne (Aisne), nous partons à 7h du matin et nous cantonnons à Moncetz-sur-Marne (près Chalons).
Le soir nous apprenons que nous ne partons pas le lendemain à pied mais en auto.
Nous recevons l’ordre d’embarquer de suite en auto pour aller à St Jean-sur-Tourbe, ce départ précipité donne lieu pagaille ordinaire en pareille circonstance. Ce changement d’itinéraire et cette précipitation étaient causés par le fait que l’ennemi avait attaqué et enlevé le saillant que nous (?) le sous secteur de Maison-la-Champagne (route de Massiges à Marne les Hurlus).
Nous débarquons à St-Jean-sur-Tourbe vers onze heures, à 13h les officiers (moi compris) partons faire la reconnaissance du secteur nous allons en auto jusqu’à l’église de Minaucourt nous allons par les boyaux jusqu’aux lignes nous sommes marmités en cours de route et arrivons exténués de fatigue.
La compagnie arrive vers 21 heures sans accident (le jour même, 16 février).
La compagnie occupe le fortin de Beauséjour toute la compagnie (un abri ou on peut en mettre 30 il y en a cent). Nous vivons 9 jours ainsi sous un marmitage soigné des allemands.
Nous travaillons aux parallèles de départ.
De la boue dessus des genoux boue grasse où l’on s’enfonce et on peut s’arracher un vrai martyr. Cette va durer 9 jours nous sommes relevés le 25 par le 50e RI. Je reste la nuit pour passer les consignes le 26 vers 9h je quitte le secteur de Marson je trouve une auto jusqu’à St Jean-sur-Tourbe.
à 17h nous avons rendez-vous à l’église de St Jean (le commandant et 2 officiers par compagnie restent pour passer les consignes) où une voiture envoyée par le colonel nous conduit à Bussy le Château où nous arrivons vers 18 heures.
Dans ce secteur le régiment devait attaquer mais il y a eu contre-ordre.
Nous partons à pied pour St Germain-la-Ville en passant par Marson (26 km) où nous arrivons vers 18 heures.
Je pars en permission de 7 jours je prends le train à Chalons s/Marne.
Je vois des rapatriés (Madame Veuve (?) du juge de paix décédé ; elle m’apprend que mes parents sont actuellement à Bavay (Nord) où il faut une période d’isolement et seront rapatriés de la France occupée le 15 mars.
J’arrive à Moreuil le 2 mars soir je vois (?) 2 jours j’en repars le 10 je quitte Paris le 11 soir et le 12 vers 13 heures j’arrive rejoindre le régiment à Maizy (Aisne).
Ce cantonnement est bombardé ; nous allons au travail 12 heures sur 36 au sud de Craonnelle puis en avant de Craonnelle.
Je reçois une lettre de papa datée du 23.3 d’Évian.
Je vais en permission.
Je rejoins mes parents à Angers le 31 matin puis je vais à Cholet avec eux. Je ne puis décrire l’émotion que j’ai ressenti en retrouvant mes chers parents.
Je retrouve mon régiment au bivouac sous la tente entre Muscourt et Maizy, on parle d’attaque et ce jour 7.4.17-14h30 la préparation paraît être commencée.
Nous allons à Beaurieux où nous restons le 13 et le 14 le 15 nous allons au camp Broussiloff.
L’attaque commence (Chemin des Dames), c’est un échec complet nous ne prenons que les premières positions, le 16 et 17 nous restons dans des tranchées sans abri sur les pentes sud du saillant du Tyrol le 17 soir nous partons à Craonne dans les caves nous y restons les 18, 19, 20 et 21 avril, le régiment est relevé par le 18e RI.
Je reste jusqu’au 22 pour passer les consignes. Je rejoins le régiment au moment où il embarque à Beaurieux, nous descendons à Chéry-Chartreuve (Aisne) d’où nous repartons le 24 matin pour venir loger à Troissy (Marne).
Nous quittons Troissy le 26 matin pour venir loger à Celles-les-Condé (Aisne).
Nous quittons cette localité pour venir cantonner à Haucourt commune de Mécringes (Marne).
Je vais au conseil de guerre à Montmirail où je plaide (2 affaires).
Je suis désigné pour suivre à La-Ferté-Gaucher (S-et-Marne) un cours de commandement de compagnie.
Je quitte Haucourt le 7 à 10h pour me rendre à Marchais-en-Brie au bureau du colonel et de là partir en voiture pour La-Ferté-Gaucher où nous arrivons le jour même.
Nous apprenons que les cours sont suspendus, je repars en voiture pour Haucourt où je rentre le jour même.
Nous partons pour le camp de Mailly nous cantonnons à Boissy-le-Repos (Marne) le 9, à Bannes le 10, à Semoine (Aube) les 11 et 12, à Chêne (Aube) le 13 et à Bréban s/Marne le 14. Au camp de Mailly le 15 ce cantonnement est définitif.
Je suis le cours de commandement de compagnie.
Les cours se terminent le 2 juin. Pendant ces cours j’ai appris à monter à cheval.
Je vais au conseil de guerre.
Pendant mon séjour au camp je me suis fait extraire des dents en vue de la pose d’un appareil.
Nous quittons le camp nous cantonnons.
Chalette (Aube)
Charmont (Aube)
Villacerf (Aube)
Sainte-Flavy (Aube)
Soligny-les-Étangs (Aube)
Ce jour je pars en permission ;
Je prends le train à Nogent s/Seine je me rends à Moreuil, ma permission date du 19 juin (9 jours).
Je quitte Moreuil le 28 juin on m’envoie à Paris, puis de là à Dunkerque, de là à Bergues et de Bergues au Lion Belge (route d’Ypres à Furnes) où la compagnie est cantonnée.
Nous montons en caserne à la ferme Van Ecke, le (6 juillet : JMO) nous montons en première ligne où nous relevons les Belges, position 300m environ sud de l’écluse d’Het Sas (canal de l’Yser).
Le (11 juillet : JMO) nous sommes relevés et nous venons cantonner dans des baraquements au Lion Belge.
Le (15 juillet : JMO) nous venons en camion auto cantonner à West Cappel.
Je vais au conseil de guerre à Roesbrugge (Belgique).
Le même jour je vais en permission à Moreuil où j’arrive le 21 à 12h et j’en repars le 22 à 8h pour rentrer le soir.
J’ai appris que ma demande en mariage avec Raymonde était acceptée, le 19 j’ai écrit à Mme Legrand pour être autorisé à correspondre avec Raymonde.
Nous quittons West-Cappel le 29 juillet 1917 pour le Lion-Belge. Je monte directement aux tranchées pour la reconnaissance, la compagnie arrive quelques heures plus tard.
L’attaque a lieu le 31, nous quittons la 3e ligne (ligne C) à 4h30 pour le canal que nous traversons à 5h30.
Nous doublons le 5e bataillon aux Statuettes et nous allons nous établir dans la tranchée de Kortekeer, la compagnie un peu …(?) arrive assurant la liaison avec le 201e RI à droite.
Nous subissons un temps épouvantable pluie, boue liquide et le bombardement est parfois intense ; pertes 10 dont 1 tué pour ma section.
Nous sommes relevés le 2 août je ne quitte le secteur que le 3 août étant resté pour passer les consignes au 4e bataillon qui nous a relevé. Relève pénible et meurtrière.
Je couche à 4 ligne (ligne D), le 5 nous sommes définitivement relevés et nous embarquons en auto pour Oost-Cappel.
Nous embarquons à nouveau pour Pitgam.
Pendant mon séjour je vais deux fois à Moreuil les 10 et 29 août j’y vois à chaque fois Raymonde.
Le régiment ayant été cité à l’ordre de l’armée, le 6e bataillon va à Bergues à la remise des décorations.
Nous quittons Pitgam en auto pour le Lion-Belge.
Le soir nous montons aux tranchées aux statuettes où nous restons jusqu’au 3 août date à laquelle nous montons en première ligne (Voltigeurs) d’où nous sommes relevé le 3 soir par le 5e bataillon.
Nous venons cantonner au moulin d’Ecoyke (Eyckoeck).
Pendant 4 nuits nous avons la visite des taubes (avions allemands) qui bombardent les environs du camp.
Nous montons en première ligne (compagnie en soutien) ; nous sommes relevés dans la nuit du 12 au 13 par le 3e RI.
Nous logeons la nuit du 13 au camp de Zuyduis celle du 14 à la gare de Waagenburg.
Nous embarquons à Waagenburg pour Calais et nous venons cantonner le même jour à Coquelle (Pas-de-Calais).
Je vais au cours sur les gaz à Waagenburg.
Je rejoins la compagnie le 19 matin.
Je vais à Moreuil, à la seconde permission je ne vois pas Raymonde.
Nous quittons Coquelle pour venir cantonner à Calais près du fort Nieurlay route de Boulogne.
Nous quittons Boulogne pour venir cantonner à Nouvelle-Église.
Nous quittons Nouvelle-Église et nous allons embarquer à Bourbourg, quelques heures plus tard nous débarquons à Ecoycke.
Le soir même nous montons en ligne en 3e position près des Anglais.
Nous montons en première ligne à la ferme Hochard nous en descendons le 23 et je vais à 6093 remplacer la 17 le lendemain on m’envoie à la ferme Champaubert et le lendemain au Bois 14.
Nous montons en première ligne la compagnie en soutien au PC Charles.
Nous sommes relevés par le 127e RI et nous allons cantonner au camp d’Ecoyke ; le lendemain nous embarquons en auto entre le Lion-Belge et …(?) et venons cantonner à Wylder.
Je vais en permission j’arrive le dimanche 4 à 6 heures du matin.
J’avais pris le train à Coudekerque-Branche.
Dans la nuit du 9 au 10 novembre papa tombe malade. Je vais chercher un médecin militaire, la nuit est très mauvaise puis les jours suivants la situation est meilleure.
La nuit du 14 fut plus mauvaise, mais le matin plus calme.
Le 14 à 11h45 environ maman monte pour demander à papa s’il veut voir Raymonde il lui répondit « oui : qu’elle monte ! » ce furent ses dernières paroles.
En effet tandis que maman remontait après nous avoir appelés elle poussa un cri « Edmond » dont je n’oublierai jamais l’accent, je me précipitais et je vis papa expirer dans une crispation de tout l’être.
Il était alors jeudi 15 novembre 1917.
Je demandais alors une permission à titre exceptionnel (3 jours). L’enterrement eut lieu le samedi 17 novembre à 10 heures.
Papa enterré au cimetière de Moreuil dans le caveau de la famille Miehel, obligeamment mis à notre disposition par Madame Boildeau de Moreuil.
Je pris le train à Ailly s/Noye pour rejoindre mon régiment où j’arrivais le 21 au soir. Je le rejoignis à la ferme Vandamme près de Woesten (Belgique) où la compagnie était arrivée ce jour.
Le lundi 4 décembre
Nous quittons de façon définitive la Belgique pour venir cantonner à Wylder où nous occupons les mêmes cantonnements.
Nous quittons Wylder pour aller embarquer à 10 heures à Bergues ; nous débarquons à Lillers (PdC) à 13 heures et nous allons cantonner ;
Le même jour (8 décembre) à Busnes.
Monchy-Breton (PdC)
Sibiville (PdC)
Bouquemaison (Somme)
Beauval (Somme)
Villers-Bocage (Somme)
Boves (Somme) (JMO : Longeau)
Chaussy-Épagny (Somme)
Caphy (Oise)
Saint-Just (Oise)
Cernay (Oise)
Sacy-le-Grand (Oise)
À Pontpoint (Oise)
À Chamicy (Oise)
À Silly-le-Long
À Varreddes (S et M)
Le régiment quitte Varreddes pour embarquer le soir à Betz et débarquer le 19 matin à Fismes.
Je quitte Varreddes le 19 étant chargé de recueillir le certificat de …(?) après le départ du régiment. Je rejoins la compagnie le 20 matin à Fismes.
Nous partons à pied à Maizy (Aisne) où nous cantonnons. C’est la seconde fois que je viens en cette localité (1e fois 12 mars 1917).
Le calme est revenu en ce pays qui n’est plus bombardé. Le bataillon fait des travaux. La division est venue relever une DI du 5e corps.
Nous allons faire des travaux (?)
Nous allons en réserve derrière les premières lignes dans le bois de Beaumarais le long du C.B.R. (Chemin de fer de la Banlieue de Reims) nous faisons des travaux. Le j’obtiens ma permission pour Croisilles où je suis le.
Le … je suis à Moreuil, le à Angevillers, Plainval et Ferme du Val.
Je reprends le train à St-Just le et je rejoins la compagnie au même endroit ligne du C.B.R.
La compagnie monte en première ligne.
Je suis au Mirage en face de Corbény. C’est là que j’obtiens ma permission.
De ma visite de Croisilles je ne rapporte que des souvenirs de ruines. Il ne reste rien du village et rien de la maison, je n’en ai pas tout d’abord retrouvé l’emplacement.
J’obtiens ma permission de 10 jours.
J’arrive à Moreuil le 19. J’en repars le 3 mars et je rejoins la compagnie en ligne en réserve du bataillon de première ligne près du PC Lamoureux.
La compagnie est relevée par la 1e compagnie du 33e RI et va cantonner à Fismette (près de Fismes) pour venir au repos le huit à Courville.
Nous quittons Courville pour 9 heures.
Nous embarquons en auto et nous débarquons le 24 à Vézaponin (Aisne) puis nous allons cantonner à Épagny dans les creutes (grottes souterraines).
Nous embarquons à nouveau en auto et nous débarquons près de Pontoise le 25 matin.
De suite nous recevons l’ordre d’aller prendre les avants postes à Tarlefesse (faubourg de Noyon) puis de là nous recevons l’ordre d’aller occuper une position située au …(?) du bois d’Audrecourt.
Nous y restons une partie de la journée puis nouvel ordre, nouveau déplacement.
A ce moment tandis que nous nous organisions l’ennemi avait débordé par la gauche et progressait rapidement, par la droite sa progression était moins rapide. Je reçus alors l’ordre de me replier (note : ordre du colonel de se replier était de 18h50, à 19h15 nous étions encore en place) ; 53 hommes de la compagnie, des éléments les plus divers se joignent au sous-lieutenant B…(?) et à moi.
Jusqu’à Noyon nous avons suivi un chemin pour nous dégager de l’ennemi.
Là ayant rencontré un commandant et un capitaine je me place sous leurs ordres. C’est là que je vis porté sur un brancard le capitaine Bayart blessé d’une balle de mit. (mitrailleuse) à la cuisse.
Après être pénétrés dans Noyon nous reprîmes la route de Guiscard, ayant été reçus par des balles de mit nous faisons demi-tour. Arrivés sur la place de Noyon les faisceaux furent formés, beaucoup de temps perdu enfin on reçut l’ordre de garder les routes.
Pendant que les officiers étaient rassemblés une patrouille ennemie s’approche des faisceaux non gardés et tira à bout portant. Ce fut alors la pagaille complète, le rassemblement se fit plus bas avec ordre.
Puis nous avons alors reçu l’ordre de repasser l’Oise à Pontoise au pont suspendu.
Nous avons passé la nuit du 25 au 26 à Pontoise.
Nous sommes allés au bois de Carlepont, puis de là quelques heures après à Sempigny où nous nous organisons en secteurs.
Nous sommes relevés par le 201e RI et le 4e bataillon du 233e RI (nouvelle organisation) et nous allons cantonner à La Bellourde où pendant notre séjour nous allons travailler à une tranchée située au carrefour route La Bellourde-Sempigny et Ferme le Mériquin-Ourscamp.
Nous montons en ligne au Mont-à-Lagache, le lieutenant Laville vient prendre le commandement de la compagnie.
Nous allons à Pontoise prendre le secteur d’où nous sommes relevés le 30 avril par la 18e compagnie. Nous sommes alors cantonnés dans les creutes Saint-Lucien (est de Caisnes).
Je fais une patrouille sur la rive droite de l’Oise après l’avoir traversée en barque, résultat nul, ennuis et reproches divers.
Nous allons au travail près de la ferme du moulin de Courcelles (cote 42).
Vers 21h30 nous quittons les creutes et nous venons cantonner au camp de Goulevent près Saint-Crépin-aux-Bois où nous arrivons le 10 vers 1 heure.
Je vais à Choisy-au-Bac au conseil de guerre, à mon retour je trouve une lettre de Raymonde m’annonçant la rupture de nos fiançailles ; après demande d’explications elle est confirmée par une lettre du 22 mai ; le 23 mai je lui envoie une lettre et souvenirs et je lui rends sa parole.
Nous quittons St-Crépin-aux-Bois en auto pour alerte et nous débarquons le même jour à Serches et nous allons prendre position dans les anciennes tranchées près de Ciry-Salsogne.
Nous prenons position à la station de Ciry-Salsogne puis à la ferme St-Jean, ferme Le Pavillon Acy.
Nous passons la nuit près de Noyant-Aconin. Le commandant de compagnie lieutenant Laville ayant été blessé, je prends le commandement de la compagnie.
Nous reprenons la marche vers Acy.
Nous prenons position dans un petit bois se trouvant sur la route de Septmonts, La situation est critique l’ennemi nous entourant, il ne nous reste plus qu’un étroit couloir ; nous gagnons sans perte Noyant-Aconin puis Courmelles, pendant le trajet nous sommes copieusement mitraillés par les avions et les mit. (mitrailleuses) ennemis, puis nous venons prendre position à Berzy-le-Sec où nous trouvons le 8e Zouaves.
Nous partons pour Villers-Hélon où se rassemble la division, quelques heures après notre arrivée nous allons dans un bois à la sortie nord du village, à 21h nous allons prendre position dans des tranchées aménagées entre Vierzy et Villers-Hélon non loin de la ferme de Moremboeuf.
Nous restons sur place.
l’ennemi s’empart de Vierzy, Villers-Hélon et progressant par l’est, nous gagnons la voie ferrée et venons à la Grange où nous prenons 3 positions différentes la B..? le (?) de la Savière.
L’ennemi nous pressant nous nous replions de positions en positions dans la direction de la ferme de Chavigny puis sous les tirs de mit ennemies nous gagnons la lisière Est de la forêt de Retz, ce fut extrêmement pénible et dangereux.
Nous sommes relevés par le 136e RI et nous venons à Ivors, le 5 nous allons à Coyolles, le 7 nous remontons dans la forêt au carrefour du Valois, le lendemain je suis envoyé à la ferme Saint-Rémy, 10 dans la forêt au carrefour des Sangliers et même soir nous montons en ligne.
Pour les affaires du 27 mai au 3 juin j’ai été cité à l’ordre du onzième corps d’armée.
Nous quittons le bivouac et dans l’obscurité la plus complète nous arrivons en ligne à l’ouest de Corcy où nous relevons le 14e RI.
Après une courte préparation nous sommes attaqués, le sous-lieutenant Rebouleau est blessé de suite et moi à 9h15 en partant à la contre-attaque.
Évacué par le (?) régimentaire je suis dirigé en auto sur Crépy-en-Valois où nous prenons le train à 15h pour arriver le lendemain à pareille heure à Bourges (Cher).
J’entre le 13 à l’hôpital militaire que je quitte le 21 pour aller en permission de 17 jours à Salins.
Je quitte Salins et je rejoins le CID 24 compagnie.
À Ormoy-le-Davien.
Nous allons cantonner à Nanteuil-le-Haudouin que nous quittons le 14 en auto pour Champagne.
Le soir Bayart vient me chercher et je vais dîner chez lui à Parmin.
Nous sommes alertés et à 20h nous partons en auto pour Crépy-en-Valois où nous sommes débarqués et de là dirigés sur Ormoy-Villers.
Je reçois l’ordre de rejoindre le régiment.
Je vais coucher à la Faisanderie nord de Villers-Cotterets et le 23 je rejoins le régiment en ligne au Plessier-Huleu. Je suis affecté à la 19e Cie. Nous sommes relevés le 26 par le 98e RI.
Nous cantonnons dans les bois près de Corcy le 27.
Nous allons cantonner à Rétheuil.
Nous allons en auto et nous venons débarquer à Lachelle (6 km des lignes).
Pour l’affaire du 12 juin j’ai été cité à l’ordre de la division.
Nous quittons Lachelle pour Braisnes et le 16 août nous venons cantonner à Grandfrenoy (Oise).
1. Allons à Margny-sur-Matz (Oise) (Pays récemment libéré).
Lachelle (Oise).
Catenoy (Oise).
Je suis affecté à la 21e Cie que je rejoins à Bailleval.
Nous débarquons à 10h30 à Mortzwiller (Haute Alsace) et nous allons cantonner à Massevaux.
Nous cantonnons à Bitschwiller.
Nous cantonnons à Hüsseren.
Je suis désigné pour un cours de 37 (canon de 37mm 1916 TR) à suivre à Belfort.
J’arrive à Belfort.
Les cours commencent (37, Stokes, JD Archer) (artillerie de tranchée).
À l’expiration du cours, je suis évacué pour grippe et dirigé vers l’hôpital Engel près Belfort.
Je passe devant une commission de convalescence à l’hôpital militaire de Belfort.
Je pars en convalescence de 15 jours.
Nota : je suis nommé lieutenant par décision ministérielle du 16 sept 1918 (Journal Officiel du 20 sept) à compter du 4 août 1918.
Je rejoins le CID 233e à Bleurville que nous quittons le 8. Nous cantonnons le 8 à Senonges.
À Remoncourt.
À Puzieux (Vosges).
Nous apprenons la signature de l’armistice.
Sa croix de
guerre avec ses citations
Nous allons cantonner à Juvaincourt (Vosges).
Nous quittons Juvaincourt à 8h.
Nous embarquons à Mirecourt à 18h.
Nous débarquons dans le Palatinat à Rockhausen vers 23h.
Nous sommes passés par : Charmes, Épinal, Lunéville, Deutsch-Avricourt, Sarrebourg, Sarreguemines, Sarrebrück, Neunkirchen, Kaiserslautern et Rockenhausen.
Nous cantonnons à Weyerkof.
À Hillosheim.
À Schwabsburg (sud-ouest de Mayence)
L’accueil est partout parfait, la population est douce, propre et laborieuse.
Girisheim : cinq km de Mayence rive droite du Rhin.
J’ai vu le Rhin à 6 heures du matin ; nous l’avons traversé sur un pont situé au sud-est de Mayence au confluent du Rhin et du Main (10h15)
Je pars en permission pour Hon Hergies. Je prends le train à 11 heures à Bischofsheim et à 20h à Mayence.
À 19h je suis à Paris.
Itinéraire : Sarrebrück, Metz, Nancy, Paris.
Je couche à Cambrai dans un cercle d’off anglais.
Itinéraire : Creil, Terguier, St Quentin, Noyon, Busigny.
Je descends à Le Quesnoy et je gagne à pied Bavay où je couche.
Je vais à Hon Hergies, puis à Gussignies où je vois Louise, ses enfants et leur tante Élise.
Je couche à Cambrai.
Paris.
Je couche à 20h gare de l’Est.
Je couche à Metz.
Je rentre à la compagnie à Griesheim.
Je suis demandé par la division, j’y remplis jusqu’au 10 février les fonctions de commissaire-rapporteur à Gross Geran.
Pendant ce temps les (?) étant refermées sur le (?) de paix le 233e passe à la 51e division
Mon successeur (M B…?) étant arrivé je pars en permission de 22 jours pour S…? Je prends le train à Gross Geran.
Je rejoins à l’expiration de permission la 5e compagnie du 73e RI à Bombourg
Le 233e RI a été dissout le 6e bataillon est passé au 73e le 4e au 33e et le 5e réparti entre ces deux régiments
Nous venons cantonner à Petite-Synthe.
FIN DU CARNET
Sa Légion
d’Honneur attribuée en 1956
Ce carnet se termine donc par la dissolution du régiment et le retour à la vie civile.
Edmond aura participé à de grandes bataille de la Grande Guerre, la bataille des frontières, la bataille de la Marne (avant son carnet), les combats de tranchée près de Suippes et dans la Somme, l’offensive du Chemin des Dames, la bataille de l’Yser en Belgique, la défense héroïque face à la dernière offensive allemande au printemps 1918.
On pourra remarquer que la grippe l’a peut-être sauvé de l’offensive terrible des allemands à Verdun en février 1916, il était alors en convalescence.
Il aura en tout cas perdu beaucoup de camarades, car le régiment a perdu 1564 hommes pendant la guerre.
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