Publication : Mai 2023
Mise
à jour : Mai 2023
Pascal, son petit-fils,
nous dit en mars 2023 :
« C’est un carnet qui porte sur sa couverture la mention suivante
:
‘’ René Morel - Caporal
télégraphiste 19 ème Bataillon du Génie Hussein Dey
Algérie - Central télégraphique militaire Méridja Ex . Sud Oranais.’’ »
« Je suppose que le journal a été écrit durant les années 1914 à
1918 ou de 1916 (date de l’incorporation militaire de grand-père) à 1918.
A mon avis il ne peut avoir été rédigé durant sa période en Algérie,
tant ces notes sont précises. En effet, pour chaque événement les heures sont
notées, les lieux sont cités avec précision ainsi que les kilomètres
parcourus…Une telle abondance de renseignements me semble difficile à tenir
dans la mémoire d’un homme plusieurs années après les faits. Cependant,
grand-père a relu son journal y apportant des précisions qui apparaissent entre
parenthèses et d’une encre différente. Dans cette version, elles seront soulignées
et en italiques.
Grand-père est donc revenu de la guerre. Il a échappé à la grippe
espagnole (qu’il mentionne dans son journal) et n’a pas été blessé.
La seule blessure qui l’a frappé il l’a récoltée en jouant au rugby :
une fausse entorse.
Chance ? Hasard ? Ou bien protection de la Vierge Marie ?..
Pour moi, ce fut une surprise de découvrir que grand-père avait une
tante et des oncles, avec lesquels d’ailleurs il semblait bien s’entendre.
Rien ne vient corroborer la version, que me racontait ma mère, de
l’engagement de grand-père pour « aller venger son père tué au combat »
En 1914, au contraire, il notera : ‘’Moi je ne m’en fais pas car cette
guerre me rend dans une joie exaltée. Je voudrais bien m’engager mais quelque
chose me retient’’ (ma mère). Mots qu’il a rajoutés.
René Albert MOREL est né en mars 1897 à Le Thillot dans les Vosges (acte). Enfant naturel (reconnu et légitimé par sa mère qu’en 1905), il travaille dès 16 ans.
Au moment de son recrutement, à ses 20 ans, il déclare être télégraphiste, employé des postes et habite Épinal, 25 rue des Minimes.
René MOREL et
les employés du bureau de poste n° 3 d’Épinal
Merci à Pascal pour le carnet de route..
Merci
à Philippe S. pour la vérification du récit et le temps passé sur certaines
recherches.
Nous avons ajouté du texte en bleu pour la compréhension de certains termes et pour aller « plus loin » dans l’analyse du récit.
Début des écrits
La guerre est déclarée.
Épinal. 15 jours avant la déclaration de guerre avec l’Allemagne, les conflits sont engagés. Il y a affluence considérable devant les communiqués officiels affichés devant la banque du Crédit Lyonnais.
L’Autriche Hongrie déclare la guerre à la Serbie au sujet « attentat de Sarajevo ».
Distribution par la gendarmerie à tous les habitants de feuilles indiquant l’âge, la profession. Elles sont de différentes couleurs, les rouges autorisent à rester dans la place. Elles sont données aux jeunes gens au-dessus de 16 ans et aux hommes au-dessous de 60 ans, ainsi qu’à toutes personnes indispensables à différents labeurs.
Ma mère en a une bleue, par conséquent c’est un ordre d’évacuer la place à une date fixée.
Moi c’est une rouge.
….. le 149ème quitte Épinal, pour la frontière. Nos troupes sont pleines d’entrain ; c’est admirable.
Le 170ème part pour occuper les forts de la place.
Départ des évacués de notre quartier.
Ma mère part, bien peinée de me laisser seul car je n’ai que 16 ans ½ et je suis en congé de maladie en instance de me faire opérer de l’appendicite. Je la console dans toute la mesure du possible. Je suis encore heureux qu’elle parte avec ma tante.
Moi je ne m’en fais pas car cette guerre me rend dans une joie exaltée. Je voudrais bien m’engager mais quelque chose me retient (ma mère)
Je suis avec …….
(9 lignes effacées)
Nous avons presque tous les jours des randonnées d’avions boches sur Épinal. (Quelques bombes)
J’ai vu tous mes oncles arriver. Joseph et Alfred qui partent au 43ème RIT. Pierre et Léon au 4ème chasseur à cheval.
La compagnie à Joseph part le 2ème jour pour une destination inconnue (l’Alsace).
Le 4ème chasseur à cheval part pour Gray.
Quant à Alfred il a le bonheur de rester une huitaine de jours avec nous. Il boit comme un pompier !... et surtout il ne s’en fait pas…..
Je reprends mon travail le 22 août ne devant le reprendre que le 25 mais les deux frères Léger partent au 118ème régiment d’infanterie et le personnel manque.
Durant 2 mois ½ je passe une nuit sur deux pour pouvoir ramasser un peu d’argent et surtout en envoyer à ma mère de qui j’ai reçu des nouvelles au bout de 18 jours d’absence. Elle se trouve dans l’Ardèche au Teil.
Je rentre à l’hôpital pour mon appendicite. Suis opéré le 11 et sors le 9 novembre avec 10 jours de convalescence. Je suis en très bonne santé, opération très bien réussie.
Je reprends mon travail mais à la direction. Je gagne plus mais le travail est pénible. J’y reste 3 mois.
Je reprends mon ancien service pour très peu de temps car de nouveau je retourne à la direction pour remplacer Millot volontaire pour les T.P !...
J’y reste jusqu’à mon départ au régiment.
7 heures du soir on m’annonce la rentrée de ma mère et de ma tante. Pour ma mère, je la savais en route car j’avais pu obtenir du général gouverneur (*) un passeport ; quant à ma tante cela me surprenait n’ayant pu en obtenir un pour elle.
Je suis très heureux de les avoir enfin près de moi, car d’après les lettres de ma mère, les évacués étaient très mal vus, à un point qu’ils se voyaient traités de ‘’Boches’’. (Ce qui n’est pas flatteur !).
(*) : Épinal étant considérée comme ’’
place forte ‘’, un gouverneur y était à son commandement.
Manifestation des conscrits de la classe 17.
Le conseil de révision, je ne le passe pas et suis pris bon absent. (*)
(*) : Il fait partie de la classe
1917. C’est exact ‘’ bon absent’’ est inscrit sur sa fiche matriculaire.
René
MOREL à droite
Suis incorporé au 170e RI, caserne Contades.
Nous sommes 19 jours sans sortir. Suis camarade de lit avec Poignant qui lui me permet par suite de ses relations avec le lieutenant Hartmann de sortir pendant 3 heures au bout de 8 jours.
Je passe au peloton des élèves-caporaux.
Affectation de spécialités.
Je suis désigné comme instructeur-téléphoniste. L’instruction est assez dure.
J’ai 2 bons copains, Dury Faire Pierret
11h35, avion boche abattu dans la propriété Sergent, rue François de Neufchâteau. La plupart d’entre nous passent par la porte en trombe ou font le mur et se précipitent sur les lieux se trouvant à 900 mètres de là. Fatalité : 2 bombes sont encore dans l’avion, dont l’incendie provoque l’éclatement.
Véritable carnage 60 tués et blessés. (Civils et militaires).
Dans mon régiment nous regrettons la mort du sergent Huardo et DEVILLEBICHOT ainsi que 15 copains blessés dont 3 grièvement.
C’est pour nous une première vision de la guerre.
Nota : C’est le 21
février que ce fait s’est produit : Epinal
pendant la Grande Guerre : 71 blessés (civils et militaires), 8 civils
tués et 11 soldats tués dont 5 du 170ème régiment d’infanterie :
Le sergent Charles
Chrétien HUHARDEAUX.
Soldat Julien
Adolphe DEVILLEBICHOT.
Les 3 copains grièvement blessés
doivent être ceux décédés à l’hôpital le même jour :
Henri
LIEGEY (non mort pour la France !!!!) - Jean
Joseph Emile MARINIE - Marcel
THOLOIS.
Nota : Georges
SAUTER, cité dans le document en référence serait en fait du 160ème
régiment d’infanterie mais sa FM non retrouvée ne permet pas de le confirmer.
Permission de 8 jours.
1er départ pour le bataillon de marche. Suis volontaire mais le sergent Bertrand y met empêchement.
Ma compagnie monte au fort des Adelphes où nous sommes un peu moins disciplinés.
Pars en équipe de travailleurs à Aydoilles où nous restons 6 jours à travailler pour la commune.
Retour aux Adelphes.
Je pars pour 4 jours à Jeuxey toujours en équipe de travailleurs.
Retour au fort et départ en permission de 4 jours.
Rentré de permission.
Sommes très bien car il n’y a presque pas de gradés.
Volontaire pour le bataillon de marche.
Préparatifs de départ.
Quittons le 170ème pour nous rendre à Courcy (149) en tenue de départ. (*)
(*) : Il est indiqué sur sa fiche
matriculaire qu’il intègre le 149ème régiment d’infanterie le 5 septembre 1916,
puis le 9ème bataillon du 149ème régiment d’infanterie le 17 septembre 1916.
Embarquement gare d’Épinal. Direction inconnue.
Passons par Gray, Le Bourget où nous changeons de train dans la nuit.
6h arrivée à Chaumont-en-Vexin (Oise).
Débarquement qui nous oblige à rester ½ heure avec le sac au dos, surtout que nous sommes fatigués par ce long voyage auquel nous ne sommes pas encore faits. Nous nous rendons à Fleury à 9 km de là où nous trouvons les copains du 5è renfort qui ont pavoisé le pays à l’occasion de notre arrivée.
11h30 : Affectation de nos cantonnements. Nous sommes dans un grenier chez Mme Cadoret (très gentille pour nous)
Suis désigné par l’adjudant Richard pour tenir le poste téléphonique de Neuvillette intermédiaire entre Monneville et Fleury.
Je suis très bien, c’est un très grand haras et maison de culture. Le lait, les œufs ne coûtent pas cher !
Malheureusement je suis relevé par des auxiliaires au bout de 8 jours. Je rentre à la compagnie d’où je repars au bout de 2 jours pour Chaumont-en-Vexin, où je dois faire un stage de signaleur téléphoniste.
Chaumont-en-Vexin.
Nous sommes très bien. Je sors du stage avec la mention très bien.
Retour à la compagnie.
Départ de Fleury en camions autos.
Arrêt à-Ivry le-Temple, un ordre venant d’arriver pour envoyer un renfort au 17ème RI, ce qui nous occasionne 3 heures d’arrêt. Les hommes sont pris dans la 36ème compagnie.
11h du soir arrivée à Brégy. (Oise)
Nous avons passé par Luzarches, Persan, Beaumont Camp d’aviation Plessis Belleville.
Nous sommes très fatigués par ce voyage car nous étions 20 par camions avec barda. Je suis chef d’escouade. (16 hommes). Nous logeons chez le maire, mais dans les écuries !..avec un peu de paille
Je fais connaissance d’une des bonnes, ce qui me permet de laisser des affaires chez ses parents, car le bruit court que l’on monte en secteur pour faire des travaux et le repos sera Brégy.
Départ de Brégy en camion toujours vers l’inconnu. Passons par Villers-Cotterêts
6 heures du soir : arrivée à Tannières (Aisne). (*)
(*) : Il s’agit de Tannières
près de Courtieux et non celui près de
Mont-Notre-Dame, tous deux dans l’Aisne
Nous travaillons sur la voie ferrée de Vic-sur-Aisne. Nous sommes 9 copains désignés pour planter les piquets de barbelés.
Nous faisons des tranchées de soutien à la Vache Noire. (*)
(*) : La Vache Noire est au carrefour
juste avant le pont de Vic-sur-Aisne.
Départ de Tannières.
Nous nous dirigeons sur la route de Soissons où les autos doivent venir nous chercher. Nous attendons de 16 h au lendemain 2 heures du matin par un froid terrible, beaucoup de copains tombent malades dont le capitaine qui est évacué.
Arrivée à Plessis l’Évêque (Seine et Marne) 12 km de Meaux. Je suis très bien aussi car je me suis mis bien avec un Belge qui tient un café ; il me considère comme l’enfant de la maison.
Je pars en permission. Embarquement à Juilly-Saint-Mard.
Rentrée.
Nous arrivons avec 2 copains à minuit à Juilly qui se trouve à 12 km de Plessis, étant fatigués nous couchons dans une baraque de cantonnier où nous faisons du feu toute la nuit car il fait un temps affreux.
Je me suis arrêté 2 jours à Paris.
Je suis désigné pour accompagner le caporal d’ordinaire qui va faire des achats pour Noël à Meaux. Partie de rigolade sur le marché et ailleurs.
Je pars à la 36ème compagnie. De ce fait je ne profite pas des extras que j’ai été chercher.
(tour de v….de l’adjudant Duchêne)
Je pars à Brégy avec un copain chercher mes affaires que j’avais laissées à notre passage, suis très bien reçu. ( rue…….)
Départ de Montgé (*) pour les travaux. Embarquements Juilly arrivés à Ressons-sur-Matz
Oise. Petite marche de 9 km jusqu’à Marquéglise qui est notre cantonnement.
(*) : Montgé
(-en-Goële) entre Juilly et St-Soupplets
Travaux de sape pour PC d’un général. Trouve le fils Cherrier du Thillot qui est téléphoniste au P.C. de l’artillerie.
Je perds mon portefeuille ou il m’a été volé, le plus triste, je suis sans argent.
Suis désigné comme téléphoniste de la 36è compagnie au bureau du commandant de bataillon.
Embarquement à Ressons pour le repos direction Montgé
Arrivée 11h du soir Juilly St Mard
3 heures du matin. Montgey où l’on reprend nos anciens cantonnements.
Suis toujours téléphoniste.
Suis relevé du téléphone étant trop jeune mais je chipe au vol la place de cuistot à l’approvisionnement du bataillon. Je ne m’en fais pas et surtout je mange et bois bien.
Les camarades de mon escouade sont servis aussi.
Départ pour le DD 149 (*).
Embarquement Juilly. 24 heures.
(*) : DD : Dépôt divisionnaire du
149ème régiment d’infanterie
Arrivée Bourget à 2 h, prenons la direction de Gray où nous avons 1 jour d’arrêt.
La gare est très bien aménagée. Douche et repas à ???? qui est meilleur que les 6 boites de singe que nous avons touchées pour la route.
Arrivée Belfort 1h du matin. Sommes dirigés sur caserne Barbazan. (*)
(*) : Il ne semble pas y avoir eu de
caserne Barbazan à Belfort (la seule trouvée est à Bruyères, bien trop loin de
Belfort)
8 h. Départ de Belfort, embarquons sur chemin de fer local allant sur Suarce, où nous arrivons à 12h.. Notre bataillon étant à Méziré nous retournons sur nos pas.
Arrivée Méziré 9h du soir. Sommes tous bien fatigués par ce long voyage.
Revue passée par commandant Gallois. Suis versé à la 8ème compagnie lieutenant Auvert. Excellent garçon, pas militaire mais très patriote, 9 blessures, 2 trépanations et volontaire pour retourner au front. Suis très bien avec lui.
Malheureusement il tomba en brave le 23 octobre 1917 attaque de la Malmaison. (*)
Bien regretté de tous.
Je suis le seul qui soit désigné comme signaleur de compagnie sur présentation de mon stage Chaumont.
(*) : Charles Marcel AUVERT,
lieutenant au 149ème régiment d’infanterie, mort pour la France à Sermoise (02) le 23 octobre 1917. Voir
sa fiche.
Le Lieutenant Auvert me fait appeler et m’apprend que je suis versé aux fusiliers-mitrailleurs car les secteurs en comprenant 4 il puisa principalement dans les jeunes. Cela ne me plait pas beaucoup car les pertes sont énormes dans cette catégorie.
Enfin il me promet une place de téléphoniste à la 1ère occasion et cela me donne un peu d’espoir.
Départ à 11h du soir passons par Montbéliard. 31km.
Avons de la neige et du verglas à mi-chemin, beaucoup restent en route surtout des chasseurs qui sont devant nous.
7h. Arrivée Tavey, Hte Saône. Sommes très fatigués par cette longue étape faite en pleine nuit.
Sommes frais et dispos ayant dormi toute la journée d’hier et la nuit.
6h. Départ pour Mignavillers arrivée 14h.
Mignavillers exercice, revue etc
Départ pour Tavey. Le bruit court que nous allons embarquer sous peu pour l’Aisne.
Filons sur Vieux Charmont sans oublier ma sauterelle (*) de 9k800 sur les épaules avec les pruneaux mais suis très heureux de quitter cette contrée.
(*) : Lance-bombe à ressort dans le
genre d'une arbalète. Pruneaux = obus
Petite marche qui nous fait atterrir à Grandvillars ; nous avons passé par Méziré où les gens nous ont fait une grande ovation.
Minuit embarquement à Morvillars.
7h. passage à la gare d’Épinal où je descends laissant partir ma compagnie. Ma mère et ma tante sont toutes étonnées de me voir. Arrivé, je ne reste qu’un quart d’heure avec elles.
8h. Je saute dans le train du 11ème génie qui passe en gare.
Je retrouve un cousin aux Villenauxe (*) qui a fait comme moi. Nous rejoignons la compagnie le 19 avril à 4 heures du matin à Esternay.
Je suis appelé par le commandant de la compagnie qui me pardonne pour cette fois……
9 heures ½ : en route.
???????? sous un soleil de plomb et nous arrivons enfin à l’étape qui est Chalendon. Sommes cantonnés chez un fermier réformé de la guerre qui nous reçoit comme un père. Par bonheur, il déteste les officiers qui ne peuvent rien obtenir chez lui, même pas du lait.
Quant à nous nous avons tout ce que nous voulons. Inutile de dire que c’est un homme qui sait ce que c’est. Malheureusement ils ne sont pas tous comme cela.
(*) : Il doit s’agir de Villenauxe (10) entre Romilly et Esternay, seule gare de
nom approchant sur les différents chemins ferroviaires possibles depuis Épinal.
Viels-Maisons, Aisne.
En arrivant je vois mes deux oncles qui font la halte sur place. Ils se dirigent sur Nogent-l’Artaud.
Viels Maisons, aménagement du cantonnement
Courcy près Montmirail. (*)
Petite étape mais sous la pluie battante. Nous sommes jolis. Cela néanmoins ne m’empêche pas d’aller à Montmirail le soir et de rentrer à 11h30 après m’avoir perdu dans les champs avec un copain Coll.
Nous ne sommes pas les seuls car tout le monde a déserté le pays qui comprend 6 maisons.
(*) : Courcy
non trouvé. Le seul nom approchant près de Montmirail est Coulgis
(3km au nord-ouest). Coulgis est en plus pile à 19km
de marche de Nogent, la route passant par Viels (voir
au 19 avril)
6 h. réveillé par le sergent de jour qui m’avertit de me mettre en tenue de campagne et de me rendre à la division avec 6 de mes camarades pour soi-disant une manœuvre. Passons par Viels-Maisons, total 19 kil.
12h40 arrivée Nogent. Moi je plaque les copains qui vont au restaurant et part à la recherche de mes oncles.
Je mange avec Pierre qui est toujours cuistot. Avons appris par un camarade à Charlot, qui par la suite est devenu le mien, que nous sommes désignés comme auxiliaires au génie.
Alors il y a bon.. On se tiendra peinard !.. Adieu la biffe.
Pierre à son tour me réitère de ne pas faire de bêtises. C’est la résolution !
6h. du soir. Sommes présentés au lieutenant AugaiT, qui nous sélectionne.
Tisserand d’Épinal qui est venu avec moi part aux projecteurs avec plusieurs camarades. Quant à moi je reste au 8ème. (génie)
Je pars construire une ligne de Viels-Maisons au 11ème génie. 12km de construction beau début.
Je couche à ………… où je retrouve les copains du 115 avec qui je suis venu d’Épinal à Esternay.
Retour à Nogent
Départ pour Charly. Je suis tout étonné de partir avec seulement sur le dos mon fusil et mes cartouchières. Ici la discipline n’existe pas et les vaseux du 8ème se plaignent encore.
Suis désigné pour tenir la cabine messages avec Zing. Très bon camarade.
J’apprends la mort de Désiré (*) tué à l’attaque des Monts en Champagne.
(*) : Si Désiré est son nom, le seul
soldat qui corresponde est Armand
DESIRÉ (3e BMILA) qui, blessé le 18 avril 1917 lors de l’attaque du Mt Pertois (près du Mt Haut), est mort le 20 avril, mais étant
de la classe 1914 et originaire du Calvados, Philippe n’a pas trouvé comment
René MOREL pouvait le connaitre.
Il s’agit plutôt très probablement de Désiré
MICHEL (1er BMILA), tué le 17 avril également à l’attaque du Mt Pertois, classe 1896 mais originaire des Vosges (né à Plainfaing), recruté à Épinal et dont les parents
habitaient Le Thillot où est né René MOREL (Sa FM : 1R1466-114366
- Feuillets matricules n° 1950-1973 - 1896 - Archives départementales des
Vosges)
Départ en permission. Vais prendre le train à Nogent.
Départ 9h30 soir. Arrivée Château-Thierry 10h20. Départ 10h30 par express pour Nancy.
Arrivée Nancy 7h. Départ 7h10 par express après bien des péripéties !... pour prendre cet express
Arrivée Épinal 8h10. Gagne 2 jours.
Retour de perm avec 9 paquets -Aubert-Max-Tisserand-Poignant. Vais coucher avec mes oncles car notre cantonnement est rempli de totos. (*)
(*) : Les poux
Départ pour Rocourt (Saint-Martin). Toujours à la papa.
Je fais le trajet avec Franes qui a failli se loger une balle de révolver au genou.
Arrivée Rocourt 14h. Cantonnement plus de totos. Je couche dans une grange avec Pierre et Léon après quelques libations avec leurs anciens copains du 4ème chasseur.
Continuons notre marche sur Muret-et-Crouttes. Suis de nouveau reversé au central pour les messages. Je retrouve les potes aux du 2ème bataillon qui sont cantonnés avec nous.
Muret et Crouttes reconnaissance du secteur par les officiers.
Partons pour Ciry-Salsogne, Aisne. Toute la division y est cantonnée. Suis toujours aux messages.
Suis désigné avec un groupe de camarades pour la préparation du secteur. Allons cantonner à Vailly.
Arrivée de la division. Suis délégué au central du P.C. Château de Vauxcelles avec Zing.
P.C. transféré rapport au bombardement entre Vailly et Celles/Aisne. P.C. Lorette.
Ai le filon durant 2 mois……. Quand tout à coup je me vois désigné pour tous les travaux en ligne. Jalousie entre l’adjudant Martin et sergent Perrette qui vient de partir en perm et avec qui j’étais très bien.
Enfin bref je ne m’en fais pas et leur montre à certains de ces vaseux que ni le danger et le travail ne me font peur.
Départ en perm vais embarquer à Soissons
2h. du matin, départ.
Retour. Débarquement à Berzy-le-Sec. Je vois dans le train qui part 4 anciens copains du 170.
Caporal Vedrenne, Huguenin, Trossard et Colbert. Nous ne pouvons pas même causer ensemble car le train démarre. Je retrouve la division à Betz (*) où ils sont au repos depuis quelques jours seulement.
(*) : Betz ??? pas de village de ce nom
alentour
J’ai appris par le Père Aubert que Monicard est à Septmonts. Au soir je m’empresse d’aller le voir. Nous buvons quelques bons verres ensemble car il y a 1 an que l’on ne s’est vu.
Suis désigné pour un cours de télégraphie et téléphonie qui est plutôt fait pour se débarrasser des indésirables dont je fais partie car le lieutenant ne peut plus me voir.
Le Père Aubert étant très malade de la poitrine et voulant tout de même monter au P.C. je m’y oppose et monte à sa place.
Suis au P.C. pour les messages.
Travaux en ligne de nuit principalement du s/plomb (*) pour le secteur d’attaque. - travail écrasant et souvent dangereux. Les s/offs voyant ma bonne volonté me certifient que je ne serai pas renvoyé dans l’infanterie et même montrent beaucoup d’étonnement à me voir versé au cours.
Moi je ne crois pas un mot de leur hypocrisie sachant que la camaraderie n’existe pas ici.
Aussi je ne m’en fais pas
espérant que je retournerai comme télép. à la CHR et non pas F.M. ce qui me déplait. (**)
(*) : Certains câbles téléphoniques
étaient, selon leur emploi, gainés de plomb. Il devait donc les appeler « du
sous plomb ».
(**) : Téléphoniste à la compagnie
hors rang et non pas fusilier-mitrailleur.
Partons 10 au repos.
Nous sommes ….. car depuis 1 mois ½ ce n’est que le danger qui plane sur nous et nous fournissons un travail écrasant. Nous sommes cantonnés à Noyant-et-Aconin près Septmonts.
Arrivée des stagiaires de l’infanterie et des chasseurs.
20 septembre
En fait de cours théorique ils nous font monter en ligne pour faire du s/plomb et circuits c. de camp.
Le lieutenant veut me faire monter avec eux mais après entente avec le fourrier, il consent à me laisser encore 9 jours au repos.
J’en profite allant tous les soirs à ??????? où sont mes oncles.
Je mange souvent avec Pierre qui me met quelques bons morceaux de côté. Cela me remet un peu.
Je monte retrouver les copains du cours. Au moins ici je me sens revivre car la camaraderie affleure.
Nous sommes cantonnés à Celles/Aisne dans des caves. Notre travail consiste à partir le soir et rentrer le matin après avoir travaillé la nuit à proximité des Boches. Nous sommes tous bien possédés, aussi nous rouspétons comme des voleurs. Surtout que la direction est au repos.
Nous sommes sous les ordres de la 167ème. Le lieutenant Dufour nous commande.
C’est malheureux car il n’y connait rien. Je l’ai vu arriver au 149ème. Il fut embusqué durant 2 ans ½ au COA.
Repos à Septmonts où on nous habille de neuf car nous sommes en loques. Je retrouve mes oncles et Moricard. Nous faisons quelques bonnes foires durant 3 jours pour nous remonter le moral.
En route pour le Carrier. Nous sommes toute l’école les s/o et le Bureau. Sitôt arrivé l’école doit monter mais au dernier moment je reste là avec Dumas pour tenir le central.
Je suis toujours avec Pierre qui nous a suivi. Nous mangeons et buvons bien.
Le fourrier m’assure que je resterai au 8ème (*). Il m’avoue que c’est par jalousie que je suis au cours.
(*) : Il s’agit du 8ème régiment du
génie, unité qui sera la sienne en avril 1918.
Attaque de la Malmaison. Pertes assez élevées.
Embarquement en camion autos.
Nous nous dirigeons sur Viels-Maison où nous arrivons à 16h. Je trouve à coucher avec un camarade chez une bonne femme qui est rapatriée de l’Aisne depuis peu. Elle nous soigne de son mieux.
Les perms sont à 80 % et je repars en permission. Le fourrier m’annonce que je reste définitivement au 8ème après un entretien qu’il a eu avec le lieutenant Augait.
Je pars avec Essey et nous réussissons encore à Château-Thierry et Nancy à prendre l’express.
Nous gagnons un jour.
Rentrée de perm.
Je retrouve le D/Z à Veils-Maisons. Madame Coutaut est très contente de me voir. Sa fille est rentrée de chez les Boches. Très taciturne, inutile de plaisanter, elle ne comprend pas cela.
Suis au central pour les messages jusqu’au 4 décembre.
11h. du soir. Départ pour Château-Thierry pour embarquer.
Direction Hte Saône. Nous chantons toute la nuit. Arrivée 5h 45- Escapade boulangerie.
12h. embarquement.
Wagons à bestiaux pour pas changer. Pierre et Léon sont dans le même train. Trajet où j’ai fait comme camarade Loreat. Le meilleur du régiment.
Débarquement Vesoul 7h. du matin. Petite étape 15 à 18km.
Arrivons à Frotey-les-Vesoul où nous cantonnons.
Départ à 6h. 22 km.
Arrivée à Noroy-le-Bourg où nous restons quelques jours. Installation du central et sorties avec Claudies et Loreat.
Je reste pour démonter le central et la relève des appareils.
8h. départ en camion. Il fait très froid. Voyage très intéressant car nous passons dans la vallée du Doubs. Pays très pittoresque.
Relève des appareils et départ en camion pour ????? voyage ????? moins intéressant.
Suis au central de la division- messages - Petite histoire avec le Général. J’écope pour Buisson. Encore prise de bec avec Cri-Cri qui m’ordonne de me taire sans connaître l’affaire. Comme je voudrais le tenir entre les yeux.
Nous mangeons dans un petit bistro- Rième
Je passe de très bonnes soirées avec Pierre, Christian le serveur et les filles Rième ainsi que la mère qui comprennent la plaisanterie. Mon copain Louat travaille sur une ligne allant à St-Hippolyte. (*)
Enfin, le soir on fait quelques promenades ensemble. Suis logé château du général Herr (*).
Arrivée lieutenant Chevalier.
(*) : St-Hippolyte-sur-le-Doubs, à une
douzaine de km de Pont-de-Roide où se situait le château dit du général Herr,
mais en fait construit en 1862 par son beau-père Frédéric Henri Emile Peugeot
(entreprise familiale devenue ensuite le constructeur automobile…)
Départ pour les Vosges. Nous sommes très regrettés des habitants chez lesquels nous avions été très bien reçus. Embarquement et départ 11h30.
Passons par Épinal arrivée 7h.
Cardot Emile est en perm aussi j’en profite pour descendre. Je reste avec son père et lui presque minuit.
Je repars par train ravitaillement allant sur St-Dié. Je m’endors et me réveille à Laveline (devant-Bruyères) à 1h du matin. Suis en colère enfin je fais les 9 km sur le ballast.
J’arrive à Bruyères à 2h. Ce n’est pas sans peine que je trouve enfin la caserne Mangin où nous sommes cantonnés.
Nouvelle escapade pour Épinal. Je rentre le lendemain.
Je remets ça et rentre le 22 au matin. Il y a eu contre appel et suis porté manquant. Le lieutenant Chevalier me fait appeler mais ça se passe sans suite.
Départ en camion pour St-Dié. Je vais voir Marie-Louise et la femme à Joseph. Emile vient en permission, ce fut la dernière, le malheureux. (*)
Travail de s/plomb dans les égouts (pouah !). Installation du central de la DI (**) du 10ème.
(*) : Il doit s’agir de son
copain cité précédemment Émile
Cyr CARDOT du 8e RG et qui décèdera le 9 avril 1918.
(**) : DI = division d’infanterie du
10ème corps d’armée.
Suis versé définitivement au 8ème.
Proposé par le lieutenant Chevalier comme caporal. Proposition refusée par Lieutenant AugaiT.
(*) : Il est affecté au 8ème régiment
du génie, détachement télégraphique de la 43ème division d’infanterie (FM)
Etape de St-Dié à Bruyères par le Mont Jacques. (col du Haut-Jacques ?)
Paraît que nous allons dans la Somme ou l’Oise pour contre-attaquer. Proposition du général Michel au général Borssoudy commandant la 7è armée.
Je file en douce sur Épinal.
Retour. Pas d’anicroche.
Embarquement. Passons à Épinal 4h. du soir.
Ai fait une lettre et la donne à la barrière de la rue Jean Viriot à un petit gars qui va la porter à ma mère. Je vais dire bonjour à Mme Alexandre et à son fils.
En route vers l’inconnu.
Débarquement Crépy-en-Valois où nous cantonnons 2 jours
La grippe espagnole se déclare à la D.I . (*)
Partons-nous isoler dans la forêt de Compiègne à Lacroix-St-Ouen. Sommes cantonnés au haras de M. Prat (**), fabricant de vermouth.
(*) : Division d’infanterie.
(**) : Lacroix-St-Ouen où
vivaient de nombreux entraineurs anglais dont certains au service de Jean Prat alors dirigeant la société
Noilly-Prat
Je me fais une fausse entorse en jouant au rugby. Le major du 118 refuse de m’évacuer parce que nous sommes au repos. Je reçois des soins de mon vieux Aymé (Bégonias !) qui me fait de bons massages.
Manœuvre de nouvelle tactique d’attaque.
Départ en permission-embarquement à Verberie avec Dervouinck et Barrau qui m’a bien fait rire !..
A notre montée dans le train qui s’est arrêté à peine quelques secondes ce qui ne nous avait pas permis de trouver de places, il fallut que nous fassions la visite des wagons le train étant en marche.
Il pleurait comme un petit gosse de 10 ans !... Peur de tomber.
6h du soir retour de ??????
Fête organisée par la D. I. Je vois tous mes anciens camarades. Tisserand me raconte son histoire des Vosges étant au ?????. A présent il est au 3ème bataillon comme grenadier.
9h du matin arrive l’ordre que nous devons être prêt pour 11h en tenue de campagne. Embarquement dans les camions. 14h. Route de Compiègne.
Direction inconnue. On redoute une forte attaque des Boches
Suis désigné pour faire la relève des appareils. Départ en voiture 11h30.
Passons par Compiègne, Vic-sur-Aisne où nous comprenons notre départ précipité. C’est la retraite.
Nous ne voyons sur notre passage que la destruction de notre part. Champ d’aviation, dépôts de matériel etc. sont en flammes. Nous nous dirigeons sur Braine dans l’Aisne. Sommes forcés de faire demi-tour, les Boches s’amènent à grands pas.
Triste spectacle de voir des pauvres gens se sauver avec quelques effets et leur fortune dans un mouchoir de poche.
Echoués à ??????.
N’avons plus de ravitaillement nous rentrons dans les maisons où nous trouvons des soldats de toutes armes occupés au pillage. Ce que je prends surtout ce sont des aliments et de la boisson. Bonne aubaine en compagnie de Cadiou nous avons la chance de trouver 30 paquets de tabac fin.
Ça tombe à pic.
29 au soir. Arrivons à Coincy où nous trouvons enfin notre division. Second pillage.
Les ¾ sont ivres. Je remplis la voiture d’atelier de boîtes de conserve et de bouteilles de vin. Les Boches sont à deux pas du village. Continuons la retraite direction Château-Thierry. En pleine nuit arrêt à Bézuet.
Partons pour Rocourt construire le circuit de l’I. D. (*)
Arrivée à Rocourt avec de jolies rafales de 77 et de 109. Les Boches sont à 1000 mètres. Triste situation.
Rentrée à 9 h. à Bézuet. Le lieutenant a fait mettre tout notre barda en bas des voitures. Je réussis à caser le mien et quelques boîtes de conserve. Quant au pinard il a disparu !
Le lieutenant lui-même m’en a pris, il en possède environ 15 à 20 bouteilles dans son auto. Enfin le bidon est plein. Suis désigné avec Clauduis pour relever l’appareil du général qui ne s’en va que lorsque les Boches sont aux abords du pays. Il part en auto. Quant à nous c’est sous les balles que l’on part avec précipitation.
Rencontrons quelques pièces d’artillerie sur la route de Château-Thierry malheureusement les munitions font défaut. C’est la débâcle.
Nous retrouvons la division à Etrépilly 6 km de Château-Thierry. N’avons toujours pas de ravitaillement.
Je fais rôtir un lapin et cuire des petits pois que nous trouvons bons.
(*) : Circuit téléphonique - ID :
infanterie divisionnaire : Depuis 1917, les 2 ‘’brigades d’infanterie’’ (2
fois 2 régiments) qui composent une division d’infanterie ont disparues et sont
remplacées par ‘’l’infanterie divisionnaire’’ (3 régiments).
Fin des écrits
Le journal s’interrompt le 30 mai 1918 sur des scènes de retraite.
Mais surtout comment faut-il interpréter le fait qu’il ne continue pas son journal pendant les ultimes combats de Champagne ?
Aurait-il rédigé un autre carnet qui a disparu ?
Quand même, nous aurions bien aimé savoir comment il a vécu le 11 novembre 1918…Et aussi sa rencontre avec sa future femme dans un train de permissionnaires. Il lui avait demandé d’être sa marraine de guerre. Ils se sont donc écrits. Peut-être lui a-t-il réservé ses réflexions.
Il aurait aussi été intéressant de connaître ses réflexions sur sa nomination comme caporal le 12-10-1918 (un mois avant la fin de la guerre) ou sa citation à l’ordre du régiment le 14-11-1918 :
« Très actif, d’un
dévouement remarquable, a rendu de grands services pendant la bataille de
Champagne du 26-09 au 03-10 et dans l’Aisne les 25-26 octobre. A fait preuve de
sang-froid en installant un central téléphonique avancé, en vue de l’ennemi et
sous le feu des mitrailleuses. »
Hussein Dey,
Algérie, 1919. René MOREL est à droite Il porte maintenant la moustache
La guerre finie, René MOREL doit encore terminer sa période militaire. Il sera envoyé en Algérie, du 17 janvier 1919 au 1er juillet 1919, d’abord près d’Alger à Hussein Dey puis dans l’extrême sud oranais au poste de Méridja.
Pourquoi le petit gars du Thillot, qui apparaît curieux et attentif aux nouveaux paysages lors des déplacements de son régiment dans le Doubs, n’a-t-il rien écrit sur l’Algérie, un pays dans lequel il n’est d’ailleurs jamais retourné…
Ce sont les silences de grand-père
Il décède à Saint-Nazaire en 1983.
Pascal a hérité de son grand-père :
---Une douille
Cachée à l’intérieur de la douille une figurine de la Vierge Marie. Sur le socle est gravé la phrase suivante :
‘’ego diligo me diligentes : j’aime ceux qui se soucient de moi.’’
---Un couteau
D’Algérie il a ramené un couteau : Le manche est en corne. Sur les deux faces de la lame on distingue des lignes qui se succèdent comme une série de pics figurant des montagnes, des couronnes ou rien qu’une succession de lignes.
---Deux douilles
Deux douilles d’obus qu’il a sculptées à Verdun et qui étaient placées sur le manteau de la cheminée à Daon.
Et pour finir… la lettre
que Pascal ne lui a pas envoyée….
La Chaux-de-Fonds 7 octobre 1984.
« Je n’aurais jamais cru que je regretterais un jour de ne pas
t’avoir écrit…
Je ne t’aurais pas dit des choses graves.
Simplement :
J’ai scié du bois cet après-midi et je l’ai monté au grenier.
Je ne t’aurais pas dit qu’il n’était pas encore sec car tu aurais dit :
‘’C’est bien Pascal de scier du bois mouillé : il ne fera jamais les choses
comme il faut. ‘’
Simplement te dire :
‘’Voilà j’ai scié du bois et j’ai pensé à toi.’’
Tu aurais été content. »
Pascal
Je désire contacter le propriétaire du carnet de René
MOREL
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