Publication : mars 2011
Mise à jour : novembre 2022
Henri PLUMARD du 2ème
zouaves - 1914
Arlette nous dit en mars 2011 :
« Je
viens de déchiffrer quelques lettres de mon grand-oncle Henri PLUMARD (frère de
ma grand-mère paternelle) (quelques-unes date de son arrivée en Algérie) puis
le départ pour la maudite guerre avec l'arrivée à Sète, la traversée jusqu'à
Lyon, et le front...
Il était pour
son service militaire à Oran en octobre 1913 "versé " dit-il dans son
courrier à la 1ère compagnie, 1er escouade, sauf changement.
Il meurt le
21 /12/1914 au Bois-St-Mard, il était alors caporal à la 19ème compagnie, du
2ème régiment de Zouaves de marche. »
« Je
n'ai qu'une photo le présentant dans son habit de zouave et un carnet (en très mauvais
état) sur lequel sont visible quelques frais (denrées diverses, chaussures
fusils), sur une page "tout le monde prêt à partir demain matin pour 4
heures la soupe devra être mangée pour cette heure ; ordre de marche 2-3-1
pleures des hommes ayant pris la faction dans la matinée 1er au 2 (8 ?) 1914 »
« Suivent
des noms, des prénoms : Boyard, Bordaye,
Vialet, Fournier, Gaston
d’Avignon, Ather (ou Albier) Didier, André RandellE, Bagnis, Pellissier... »
« Voilà,
je trouve son témoignage intéressant sur quelques lettres et sans doute un
reflet assez précis de son vécu. ».
Prologue
Henri
Constant Ernest PLUMARD est né en
août 1892 au Luart (Sarthe). Il déclare être
cultivateur à son incorporation au 2ème régiment de Zouaves d’Oran (Algérie) en
octobre 1913.
Avant la guerre l’appellation « 2ème régiment de
Zouaves (2e RZ) » était donné à 10 bataillons de Zouaves, 8 bataillons à Oran
(Algérie) et 2 en France (Sathonay). A la
mobilisation, ces 10 bataillons vont contribuer à « construire » quatre
régiments bien distincts :
Le 2ème régiment de Zouaves, le 2ème régiment de
marche de Zouaves (ces 2 régiments n’auront pas le même parcours de guerre), le
8ème régiment de Zouaves et le 2e régiment de marche de la 3e brigade du Maroc.
En suivant le parcours d’Henri PLUMARD, on en déduit à
coup sûr qu’il était au 2ème régiment de zouaves (2e RZ).
Le 2e RZ est formé des 1e, 5e et 11ème bataillons plus
un état-major et entre dans la composition de la 37ème D.I. algérienne durant
toute la guerre.
Les autres bataillons constitueront, en autres, le
2ème régiment de marche de Zouaves (2e RMZ) qui s’appellera ensuite 2ème
bis régiment de zouaves.
Début des écrits
Mon cher Henri
"Je te
remercie de ton aimable invitation je te promets surement d'aller te voir
pendant ces vacances en attendant tu serais bien gentil d'encaisser le montant
de la note ci-jointe tu m'en remettras une partie quand j'aurai le plaisir de
te voir
Mes parents
se rappellent au bon souvenir des tiens et se joignent à moi pour te donner une
amicale poignée de main."
G Abraham
Cher Henri
"….......................pas
te tourmenter de ta lettre je ne crois pas avoir rien mis dessus qu'de te dire
à Saida si tu pouvais et de remercier Marcel pour nous, je devais aussi te dire
qu'Alphonsine Hardoin est morte, Cluvet est encore veuf, je crois qu'ils
vont lui chercher des misères car ils étaient loin de s'entendre.
Je devais
aussi te dire que Marie Gaulupeau
se marie avec Vadé de Caremus,
Charlotte Bourneuf avec le fils Chaudun, le boiteux, et depuis Camille Trassard avec Georges PouToire, le journalier de chez Mre Lunais.
On parle
aussi que Célina va se marier prochainement avec Ernest Goin, je t'avais aussi marqué cela il a laissé Gabrielle Bourneuf à l'assemblée de St Marc pour
retourner avec Célina.
Plus rien à
te marquer que de te dire que nous sommes tous en bonne santé et désirons que
tu sois toujours de même.
Si tu peux
aller là-bas, sitôt revenu envoie nous un mot cela nous fera plaisir.
En attendant
le plaisir d'avoir de tes nouvelles et nous t'embrassons de tout cœur."
Tes parents et ta sœur.
H. A. PLUMARD
Cher Parents
"Je
m'empresse de vous donner de mes nouvelles qui sont toujours bonnes et je
souhaite que vous êtes de même.
Me voilà tout
de même rendu je suis arrivé ce matin à 5 heures après 1 jour et 2 nuits de
traversée ce qui était le pire c'est que nous étions couchés à plat sur le parquet
nous n'avions qu'une couverture pour tout.
Quant à la
nourriture il n'y avait rien d'extra, je crois bien que c'est la même que nous
aurons toujours mais enfin je n'ai tout de même pas eu le mal de mer. Les
marins disaient qu'ils ne l'avaient jamais vue si calme.
Il n'y a
qu'hier soir à huit heures ça a commencé à danser; il était annoncé une
tempête pour minuit mais ça n'a pas duré
longtemps, ce matin elle était aussi calme comme lorsque nous sommes partis.
Hier à 9
heures, nous sommes passés en vue des iles Baléares, puis à midi c'était les
côtes d'Espagne et à 3 heures l'île Cabora.
Je suis versé à la 1ère compagnie, 1ère escouade sauf
changement mais je ne crois pas je suis avec un gars de Marolles mais les
autres sont tous dispersé.
Il y en a un qui
va aux spahis et puis Bigot va au
tirailleur.
En attendant
de vos nouvelles."
Bien le bonjour à tous. Votre fils qui vous aime
H. PLUMARD
Chers Parents
"Vous
allez peut-être être inquiets sur mon sort mais ce n'est pas la peine de vous
faire de bile pour moi pour le moment ça va toujours bien. Quant à vous
j'espère que ça va bien aussi et toi maman j'espère que tu ne t'es pas trop
aperçue de mon départ et que tu n'es plus malade.
Je n'ai pas à
me plaindre de la nourriture j'ai toujours bien mangé mon content et ce n'est
pas trop mauvais.
Je n'ai pas
encore tout touché mon fourniment mais enfin j'ai quitté les effets civils dès
le soir que je suis arrivé et les effets de drap hier cela fait que je crois
que je pourrai sortir dimanche. Je ne sais pas si je pourrai envoyer mes effets
mais enfin il ne faut pas vous inquiéter de cela.
Ils nous font
faire des choses qui ne ressemblent pas à grand-chose mais enfin cela ne va pas
trop mal.
Et les autres
bleus vous en avez peut-être entendu parler depuis que je suis parti je crois
qu'ils commencent à s'habituer, voilà déjà un bout de temps qu'ils sont rendus.
Si le temps est
par chez vous comme ici, vous allez pouvoir rentrer la graine, je n'ai pas vu
une goutte d'eau depuis que je suis là et la terre est sèche comme de l'amadou
c'est vrai qu'il fait encore chaud pour le moment comme il faisait cet été chez
nous.
Et les pommes et le blé çà s'avance t'il ? Je pense à
cela souvent.
En attendant
le plaisir d'avoir de vos nouvelles.
Votre fils
qui pense.
Bien le
bonjour à tous, votre fils qui vous aime et qui pense à vous"
H. PLUMARD
Chers parents et sœur
"Je vous
avais écrit jeudi que je croyais que je pourrais sortir pour envoyer une valise
mais il n'y a pas moyen encore aujourd'hui nous ne savons pas encore assez nous
présenter c'est une journée où l'on va s'ennuyer pour un dimanche il n'y a rien
à faire.
Je ne peux
pas encore bien vous parler de la ville c'est que je ne suis pas encore sorti
du quartier vendredi les autres ont été au fort de Santa Cruz sur une montagne
qui se trouve à peut-être cinq cent mètres du quartier, et qu'il faut au moins
une heure pour escalader mais moi et quelques autres comme moi nous avons été à
la visite nous n'étions pas encore allés.
De la cour où
nous sommes car il a fallu monter pour
arriver à la caserne nous découvrons une grande partie de la ville et le
port. Au dessous de nous ce sont de petites rues étroites et des escaliers car
nous ne sommes pas loin de la mer.
Je suis
toujours en bonne santé et espère que vous êtes tous de même.
Jusqu'à présent
je n'ai pas encore reçu de nouvelles, je suis en peine. Combien les lettres
mettent de temps à faire le trajet il est vrai que nous avons été 5 jours en
route mais les lettres vont plus vite que nous. Enfin j'espère que demain lundi
je recevrai quelque chose.
Surtout ne
vous inquiétez pas de moi, je ne suis pas trop engueullé et puis jusqu'à
présent je n'ai pas encore trop mis d'argent, je paie un litre de temps en
temps à celui qui me montre à faire mon tire.
Il est vrai
que le vin n'est pas si bon marché que l'on m'avait dit ils le vendent 9 sous
le litre.
Bien le
bonjour à tous de ma part
Votre fils et
frère qui vous aime et vous embrasse"
H. PLUMARD
Toujours soldat à la 1ère compagnie 2ème Zouaves.
Caserne neuve.
C'est que je n'ai pas changé depuis que je vous ai
envoyé mon adresse et c'est bien rare que je change à présent.
Chers Parents et Sœur
"J'ai été
bien content de recevoir de vos nouvelles j'ai reçu la lettre jeudi et j'étais loin de m'attendre
à la mort de ma tante J.
J'ai écrit à
Camille vendredi et à la Courtinière hier.
Je suis
toujours en bonne santé je ne me suis pas encore aperçu du changement de climat
et de nourriture. J'ai été vacciné mercredi pour la variole mais je ne sais si
cela va prendre çà me fait pas mal. Et vous, j'espère que vous êtes tous en
bonne santé aussi.
La semaille
doit commencer à s'avancer ainsi que la ramasserie de pommes.
Vous devez
déjà avoir fait du cidre, je voudrais bien en avoir à boire de temps en temps
car il fait encore chaud ici mais enfin encore bien heureux quand on a de l'eau
en arrivant.
L'on en a
mais lorsque l'on est à l'exercice l'on en a pas, ainsi que lorsque l'on va en
exercice en campagne.
J'y ai déjà
été deux fois mais pas chargé seulement avec les cartouchières et le fusil mais
ce qui est le plus drôle c'est que l'on se couche pas dans la boue car il n'est
encore tombé d'eau que cette nuit et très peu enfin il ne faut pas que l'on
s'ennuye de ne pas en voir.
Le sergent
nous disait hier que la première année qu'il était là il n'en a vu tomber que
deux fois.
J'ai tout de
même pu sortir aujourd'hui pour envoyer ma valise c'est un marchand de vins et
produits algériens qui se charge de l'expédition des colis postaux.
« P. Chauvin rue Philippe et Turin »
Elle est
recommandée pour une somme de 80 francs, cela m'a couté 2f50 pour tout expédier
je n'ai gardé que les serviettes. Les effets de drap les deux chemises les
chaussettes et les bottines ainsi que les mouchoirs et la casquette sont dans
la valise.
Quand à la
ville, il se trouve de belles rues mais en général elles sont étroites
tortueuses et bien en pente en quelques endroits elles se convertissent en
escaliers et presque partout elles sont sales.
Mon
grand-père doit être content, il doit avoir reçu une lettre.
Ernest m'a
écrit aujourd'hui c'est du 14 pour lui (*) et la fuite
au pays et moi du 698 (*) demain matin.
En attendant de
vos bonnes nouvelles
Votre fils et
frère qui vous aime et pense à vous"
H. PLUMARD
(*) : Les nombres "14" et "698" sont les nombres de jours restant pour la fin du service militaire. À cette date, il était fixé à 2 ans, donc 730 jours environ.
Ernest François PIGAL, son cousin, est au service militaire depuis le 9 octobre 1911 au 102e régiment d’infanterie, puis au 2e régiment de Hussards.
Chers Parents et Sœur
"Je suis
toujours content de recevoir de vos nouvelles. Je ne reçois vos lettres que 4
jours après que vous les avez envoyé.
J'espère que
vous avez bien reçu ma valise et qu'il n'a rien été dérangé dedans et s'il y a quelque
chose de moins vous n'avez qu'à réclamer car elle est recommandée pour la somme
de 80 francs comme je dois vous l'avoir dit
Je suis sorti
hier et j'ai vu tous mes camarades qui sont venus de Mamers avec moi et qui
sont à la caserne St Philippe. Mon camarade Derré
qui est à la 5ème compagnie s'en va le 18 à Alger. Toute la 2ème compagnie s'en
va former le 6ème bataillon du 1er Zouaves et Belluau.
Mon camarade
de lit qui est parti avec moi de Marolles, est entré à l'infirmerie avant-hier.
il a des coliques occasionnées par l'eau et le
changement de climat et de nourriture. J'en ai eu quelques unes cette semaine
mais ce n'a pas été grand'chose et c'est passé maintenant çà a duré deux jours.
Maintenant ça
va bien et j'espère que vous êtes de même.
Ce matin nous
avons été conduits au cimetière au pied du monument élevé en l'honneur des
soldats du 2ème Zouaves morts au champ d'honneur en Algérie en Crimée, au
Mexique en 1870, 1871 en Tunisie au Tonquin, sud Oranais Sahara et au Maroc Il a été porté une couronne et le colonel a
fait un discours en faisant l'éloge de ceux qui sont morts au feu sous le
drapeau du régiment et en nous exhortant à suivre le courage de nos ainés. Et
après nous avons eu quartier libre toute la journée.
3 novembre,
je termine aujourd'hui en vous disant que les amis de la classe 10 en partance
pour la France sont embarqués ce matin et ceux de l'Algérie le 8.
Bien le
bonjour à tous de ma part
Votre fils et
frère qui vous embrasse de tout cœur"
H. PLUMARD
Je n'en mets pas davantage je n'ai pas le temps.
Cher neveu,
"Je te
remercie beaucoup de m'avoir envoyé la photographie je suis très content de te
voir en costume.
Là, je ne
sais pas si tu passais par chez nous que l'on en saurait rien si on te
reconnaitrait. Je vais la mettre à côté d'Ernest (Ernest François PIGAL) sur ma cheminée cela fait que j'aurais
un hussard (*) et un zouave.
Je pense que
l'on ne le verra pas encore au pays c'est tout de même bien ennuyeux d'être
aussi loin mais enfin puisque tu es en bonne santé c'est le principal, tu
verras toujours du pays seulement. Je crois qu'il va bientôt arriver le moment
qu'il va faire bien chaud dans ce pays, on n’est pas acclimaté.
Nous nous
sommes toujours aussi en bonne santé et d'ailleurs Ernest quand il qu'il
t'écrit doit te donner de nos nouvelles.
Je t'envoie
15 timbres pour te récompenser de ta photographie.
Nous
t'embrassons bien des fois."
Ta Tante E. Pigal.
Alfred ainsi que
Louise (*) te font bien des amitiés et ils sont comme nous cela
leurs plairait bien de te voir en ce costume-là mais il faut espérer que l'on
te verra plus tard.
(*) : Alfred et Louise PIGAL, auront au moins deux fils sous les armes : Alfred Ernest PIGAL (27 ans) et Ernest François PIGAL (24 ans). Nous les retrouverons dans les écrits d’Henri. En effet, Ernest était au 2e régiment de Hussards, puis au 19e escadron du train des équipages militaires à la mobilisation.
Chers Parents et Sœur
"Excusez
moi si je ne vous ai pas écris aussitôt que j'ai été arrivé de Saida.
C'est que je
suis rentré mardi soir à dix heures et nous avions réveil à minuit pour partir
le mercredi matin à 1 heure. cela ne faisait pas beaucoup dormir et depuis il a
fallu que j'étudie pour rattraper ce que j'avais en retard et cela fait que le
peu que j'ai eu de temps depuis s'est trouvé employé soit à étudier ou à dormir
pour me reposer.
Comme je vous
ai dit sur la carte que je vous ai envoyé de Saïda et sur laquelle Monsieur Hoguin à signé.
J'ai été très
bien reçu même presque trop bien car j'ai été en crainte et il m'a prié de vous
souhaiter le bonjour de sa part.
C'est une
jolie petite ville où je crois que je me serais bien plu il y a davantage de
verdure qu'à Oran et pourtant dans le courant de la journée il faite plus chaud
mais par contre la nuit il fait très frais.
Pendant mon
voyage j'ai vu de tristes pays où tout est rôti mais j'en ai vu de jolis aussi principalement la plaine de Mascara où
les gens sont en pleine moisson.
J'ai été très
content hier quand j'ai reçu votre lettre et ce qu'il y avait dedans. Je
devenais plutôt en peine car j'ai l'habitude
de recevoir vos lettres le jeudi ou le vendredi au plus tard.
Enfin il n'y
a pas de mal puisque vous êtes tous en bonne santé et quand à moi je me porte
toujours bien aussi.
Vous allez
devenir à être en pleine ouvrage à présent car la fannerie doit-être en
plein pourvu que vous ayez bon temps et
est ce qu'il y a bien de l'herbe ?
Nous avons
terminé les tirs et j'ai tout de même pu décrocher un cor de chasse en drap. (*)
A présent
nous sommes fixés sur les manœuvres nous partons le 20 juin et nous revenons le
10 juillet.
Et tout de
suite après c'est l'examen. Je ne sais pas si cela sera terminé pour le
premier.
Départ des
permissionnaires cela fait que je ne sais pas si je pourrais m'en aller au
moment où j'ai demandé j'ai bien peur qu'ils me remettent au départ d'août.
En attendant
le plaisir de savoir quand je pourrais aller vous dire bonjour à tous.
Votre fils et
frère qui vous aime et vous remercie de tout cœur."
H. PLUMARD
Si vous pouviez me renvoyer un peu d'argent avant que je
parte aux manœuvres cela me ferait bien plaisir.
(*) : L'insigne représentant un cor de chasse est cousu sur la manche droite de l'uniforme, pour tous les soldats qui sont déclarés "bons tireurs"
Chers Parents et sœur
"C'est
toujours un bonheur de recevoir de vos nouvelles.
Ma santé est
toujours bonne et je souhaite que vous soyez tous de même.
Je suis
heureux de savoir que mon père à l'honneur d'être nommé membre du jury pour les
assises. Mais vous dites cela va vous déranger beaucoup en ce moment si cela
dure longtemps. Je serais bien content de savoir ce qu'il a à juger.
Il paraît
qu'il fait toujours bien frais pour la saison. J'ai vu sur le journal qu'il a
neigé à Paris cette semaine, cela ne me surprend pas beaucoup qu'il ne fasse
pas bien chaud, car la chaleur n'est pas bien grande ici et s'il ne pouvait
seulement pas faire plus chaud çà irait bien mais pour vous s'il faisait plus
chaud cela ne gênerait pas.
Vous me dites
que vous avez vendu Coquette, je crois que les gars ne vont pas être bien
fâchés.
Vous me priez
de remercier Mr Marcel Hoguin de
votre part c'est ce que je vais faire de suite.
Il y a un
camarade du recrutement de Mamers qui s'est en allé en convalescence. Il m'a
dit que çà lui avait coûté une quarantaine de francs
En attendant
d'avoir à faire cette dépense.
Bien le
bonjour à tous de la part de votre fils qui vous aime et vous embrasse de tout
cœur"
H. PLUMARD
"Ne vous
inquiétez pas la semaine prochaine si vous ne recevez pas de mes nouvelles
comme d'habitude car je pars dimanche pour les manœuvres"
Chers Parents et sœur
"J'ai reçu
de vos nouvelles le lendemain matin que je vous ai écris et je suis heureux
d'en avoir reçu et de vous savoir en bonne santé.
Comme je vous
avais dit cela va toujours bien et ce n'est pas trop dure nous sommes établis ici
en camp d'instruction mais enfin j'aimerais quand même encore mieux la vie de
caserne c'est encore moins dure et l'on est encore bien plus tranquille.
Enfin cela
commence à ce tirer et pour la permission je ne sais pas comment cela aura
lieu, je ne sais pas si je partirai sitôt les manœuvres terminées ou vers la
moitié d'aout il paraît que c'est changé.
Excusez-moi
d'avoir écrit si mal je n'ai pas beaucoup de temps.
Bien le
bonjour de ma part à tous et bonne santé.
Votre fils et
frère qui vous embrasse et vous aime de tout cœur"
H. PLUMARD
Chers Parents et Sœur
"C'est
toujours avec bonheur que j'accueille vos nouvelles et je suis toujours content
de vous savoir en bonne santé.
Jusqu'à
présent, je me porte toujours bien aussi et voici la fin des manœuvres cela fait que je crois bien que cela ce
terminera aussi bien comme cela à commencé.
Vous me dites
que si j'ai besoin d'argent je n'ai qu'à en demander. J'en aurai bien
assez pour les manœuvres et je crois
même qu'il m'en restera encore un peu pour après.
Mais je crois
que vous pas mal de m'envoyer l'argent nécessaire pour aller en permission le
plus tôt possible car je ne sais pas au juste quand je m'en irai je peux partir
presque aussitôt après être arrivé des manœuvres comme je peux ne partir que
vers la moitié d'août.
Je crois que
45 à 50 francs ce sera assez même si je ne pars qu'au dernier départ.
Vous me dites
que cela n'a coûté presque rien au fils Moulin
(*) pour s'en aller Je dois vous dire que la
classe 13 seule profite de la réduction au quart de place sur le bateau cela
fait que c'est bien moins coûteux pour ceux là que pour nous.
Vous me
parlez aussi de Chervin et Hoyou, je ne sais pas comment cela
s'est passé mais je suis comme vous je crois que c'est malheureux que Chervin soit condamné l'autre le
mériterait peut-être mieux et ce ne serait pas dommage s'il était salé pour son
vol.
Je termine en
vous souhaitant le plaisir de savoir quand je pourrai aller vous voir.
Votre fils et
frère qui vous aime et vous embrasse de tout cœur"
H. PLUMARD
(*) : Le seul MOULIN qui prend le bateau
pour l’Afrique du Nord est Maurice Marcel Louis MOULIN, classe 1913 au 3ème
Zouaves. Voir
sa fiche.
Chers Parents et sœur
"J'ai
reçu votre bonne lettre ce matin avec plaisir et je suis bien content de vous
savoir en bonne santé mais j'ai eu le
regret d'apprendre la mort de Mme Binois
et de Mme Vaslet.
Quant à moi
je me porte toujours bien et je ne suis pas si malheureux que vous le
croyez et surtout nous avons eu la
chance qu'il ne fasse pas bien chaud.
Je suis
arrivé ici depuis vendredi à midi et c'est avec plaisir que j'ai repris
possession de mon lit cela vaut encore mieux que la tente et la dûre.
Mardi nous
allons passer la revue du 14 heureusement que c'est de bonne heure et je crois
que nous passerons l'examen final du 20 au 26 cela fait que je ne sais pas
quand c'est que je m'en irais encore bien heureux si l'on ne nous envoye pas à
Oudjda au lieu de nous envoyer en permission.
Enfin
j'espère encore quand même aller après l'examen.
Ce doit être
aujourd'hui l'assemblée et j'espère qu'Angélina va bien s'amuser.
Je ne vois
plus rien à vous marquer pour le moment car voilà la vie monotone de la caserne
qui va reprendre.
Bien le
bonjour de ma part à tous.
Votre fils et
frère qui vous embrasse et vous aime de tout cœur."
H. PLUMARD
Vous devez
avoir reçu ma carte sur laquelle je vous avais dit que j'avais reçu votre
lettre avec le mandat. Merci encore de penser ainsi à moi.
Chers Parents
et Sœur
"C'est
avec grand plaisir que j'ai reçu votre lettre tantôt. Je suis heureux de vous
savoir en bonne santé. Quand à moi je me porte toujours bien.
Vous me dites que vous seriez heureux que je m'en
aille demain mais comme je vous ai dit
sur ma dernière lettre je recommence à passer l'examen demain et après
l'examen je ne sais pas ou bien si je partirai en permission ou bien pour le
poste de Oudjda car surement qu'il y aura des désignations d'office.
Enfin j'ai
encore davantage d'espoir pour la permission que pour ailleurs.
Si je m'en vais
je ne puis vous dire à quel moment car je ne le saurais que 2 ou 3 jours avant
mon départ comme ceux qui sont partis lundi dernier et ceux qui partent demain
et puis je vous dirai qu'il se fait toutes sortes de commentaires à ce sujet
comme il s'en fait toujours et qu'il ne faut pas s'y prendre.
Comme vous
dites si Virlouvet va en Beauce
vous n'allez pas devenir bien en force je voudrais bien pouvoir aller vous
aider je ne sais pas si l'on voudra bien
satisfaire mon désir.
Cette semaine
j'ai reçu des nouvelles de Menerville et de Paris ils sont tous en bonnes santé
partout
La revue
s'est bien passée le 14 et nous avons eu quartier libre le soir et le lendemain
cela a été plus solennel qu'à St Leu mais je trouve que c'était moins beau.
Enfin en
attendant le plaisir de savoir le résultat de l'examen et si je m'en irai.
Je souhaite
bien le bonjour à tous.
Votre fils et
frère qui vous aime et vous embrasse de tout cœur"
H. PLUMARD
Chers Parents et Sœur
"C'est
toujours avec plaisir que je reçois vos nouvelles. Quant à moi je me porte bien
et je souhaite que vous soyez tous de
même.
L'examen
s'est pas trop mal passé je suis classé 15è sur 130 je crois que si je restais
à Oran je serais surement nommé à la classe.
A la suite de
l'examen je comptais avoir une permission mais hier l'on m'a appelé au bureau
de la compagnie je croyais que c'était pour aller en permission mais ce fût
fausse joie et lorsque l'on me
demande « Êtes-vous volontaire pour
le Maroc » je répondis non !
L'on me
répondit Eh bien ! Cela ne fait rien vous irez d'office !
Vous pouvez
vous figurer l'effet que cela m'a fait je suis sûr que j'ai changé de couleur
tout de suite. A présent je suis remis de mon émotion et je m'en fiche de
partir, mais j'aimerais encore mieux m'en aller quand même.
Enfin
l'espoir n'est pas perdu tout à fait car j'ai vu le rapport et le colonel dit
que les élèves-caporaux ne partiront que s'ils sont volontaires ou si les
compagnies manquent d'hommes.
Hier soir
sont arrivés 130 à 150 hommes du 4ème corps venant du 101, du 102, 103, 115,
117, 124, 130e ce sont tous des types de la Sarthe ou des environs.
Parmi eux il
y a un nommé Siguret de La Ferté,
le vannier, il était à la même compagnie que René et le connait très bien cela
fait plaisir de voir des types du pays
Et le procès Caillaux que va t'il devenir ? Sera
t'elle acquittée ou condamnée ?
Maintenant vous
ne pouvez pas vous figurer tous les bruits qui courent. Les uns disent nous
allons partir pour le Maroc les autres que nous allons partir pour la guerre
avec l'Allemagne qui doit ce déclarer ces jours ci au sujet du conflit
Austro-Serbe.
Malgré tous ces
bruits, je crois bien que rien n'arrivera car beaucoup sont des rapports de
cantine.
En attendant
plus de sureté.
Votre fils et
frère qui vous embrasse et vous aime de tout cœur"
H. PLUMARD
Chers Parents et Sœur
"Deux
mots pour vous remercier de vos bonnes nouvelles et pour vous dire que je suis
toujours en bonne santé
Depuis une
semaine que je suis à la compagnie, je suis dans l'indécision. Est-ce le Maroc
ou l'Allemagne ?
Qui va être
notre direction, car le bruit court fort d'une guerre probable européenne.
L'un comme
l'autre ne sont pas à souhaiter mais s'il faut partir vous pouvez être sûr que
je ferais mon possible pour faire mon devoir dans l'espoir d'avoir la paix
plutôt que la guerre.
Recevez,
chers Parents et Sœur les baisers de votre fils et frère qui vous aime de tout
cœur."
H. PLUMARD
Chers Parents
et Sœur
"Comme
je vous avais dit sur ma dernière lettre je ne savais pas si en place d'aller
au Maroc, je ne prendrais pas le bateau pour aller sur les frontières de
l'Allemagne.
C'est avec
plaisir que je me suis embarqué pour la France.
Je suis
arrivé à Sète samedi à 10 heures et de là on nous a dirigé sur Lyon où nous
sommes cantonnés ici à proximité du camp de Sathonay (*), d'où nous
devons partir d'ici peu pour aller continuer l'ouv... (**)
aider à nos camarades de la métropole qui se
sont déjà si vaillamment conduits.
Partout où
nous sommes passés nous avons été très bien accueillis et c'est avec plaisir
que j'ai pu constater l’enthousiasme patriotisme et l'élan avec lequel chacun
se prête pour faire son devoir et donner une bonne leçon à ces brutes
d'Allemands.
Je suis
toujours en bonne santé et je souhaite que vous soyez de même
Votre fils et
frère qui vous embrasse de tout cœur"
H PLUMARD
1ere compagnie, 2ème Zouaves, camp de Satonnay, Ain.
Maintenant je ne sais pas si c'est bien la peine que
vous me fassiez réponse car je ne sais pas si les lettres nous parviendrons.
(*) : Le 2e RZ est arrivé à Lyon (camp de Sathonay) le 9 août. Nous sommes donc certain qu’Henri PLUMARD était au 2e RZ, pas au 2e RMZ. Car à la même date le 2e RMZ qui venait aussi d’Algérie est à Montpellier pour partir ensuite vers Paris.
(**) : Le mot est biffé
Carte postale de Soissons. Adressée
à : Mr PLUMARD François aux Guitonnières, le Luart, Sarthe
"Souvenir
d'un passage à Soissons et bien le bonjour à toute la famille.
Votre petit
fils qui vous aime de tout cœur."
H. PLUMARD
Chers Parents et sœur
"C'est
toujours avec plaisir que je reçois vos nouvelles et ici surtout cela fait
encore plus grand plaisir je crois. Hier j'ai reçu 3 de vos lettres du 9, du 14
et du 20 août.
Comme je m'en
doutais vous étiez en peine mais malgré tout il ne faut pas vous tourmenter si
vous êtes longtemps sans recevoir de nouvelle car le temps manque souvent et
puis avec quoi écrire.
J'espère que
vous avez reçu ma carte de la semaine dernière ce qui doit vous avoir
tranquillisés.
Je me porte
toujours bien et je souhaite que vous soyez de même.
Tout ce que
je pense vous dire c'est qu'à partir du
jour que je vous ai écrit nous avons recommencé à aller en avant les Allemands
battent maintenant en retraite.
J'ai le
bonheur de vous apprendre que
je suis nommé caporal d'avant hier à la 19ème compagnie.
Bien le
bonjour de ma part à toute la famille.
Votre fils et
frère qui vous aime et vous embrasse de tout cœur."
H. PLUMARD
Caporal à la 19ème Cie, 2è Zouaves de marche, Camp de Sathonay, Ain. (**)
Courage ! J'espère que nous les reconduirons chez eux et qu'ils ne
reviendront plus nous embêter.
(*) : Du 13 septembre au 9 novembre la 19ème compagnie sera détachée du 2e RZ, Henri confirmera plus loin dans ses écrits :
« A
Nanterre, le 13 septembre, ma compagnie et la 20ème étant désignée comme
soutien de la cavalerie, nous quittâmes le régiment et depuis ce jour, jusqu'au
9 novembre le jour où nous avons rejoint le régiment, je n'ai reçu aucune
nouvelle. »
(**) : Son adresse est bien celle indiquée, mais à cette date, il a déjà combattu en Belgique et dans l’Aisne…Il le confirmera plus loin.
Chers parents et sœur
"Quelques
mots pour vous donner de mes nouvelles. Je me porte toujours bien et je
souhaite que vous soyez tous de même.
Depuis que je
vous ai écrit voilà une huitaine de jours il n'y a rien de nouveau à mon sujet.
Comme tous
les camarades je suis impatient de ne pas recevoir de lettres depuis le 8
septembre nous n'avons rien reçu ni les uns ni les autres. Enfin cela ne fait
rien j'espère que les nouvelles que vous m'avez sans doute envoyés sont toutes
bonnes et qu'il n'y a rien à perdre dans vos lettres qu'elles me
parviendront bien tôt ou tard.
Jusqu'à
présent nous avons été heureux il a toujours fait beau temps excepté hier et aujourd'hui
il a plu un peu. S'il fait le même temps chez vous vous n'allez pas être
heureux pour faire la semaille la terre va être trop
sèche.
Malgré tout,
j'espère que les travaux s'effectuent quand même tout doucement.
Et chez mes
oncles et tantes je serais bien en peine de savoir ce qu'ils vont
devenir ? Si je pouvais le savoir je serais bien content
Est-ce que
vous pouvez vendre vos denrées à présent et est-ce que vous trouvez de
l'épicerie pour pouvoir vous servir aussi à présent ?
En attendant
le bonheur d'avoir de vos nouvelles et surtout la fin de la guerre
Votre fils et
frère qui vous aime et vous embrasse de tout cœur et qui espère vous
revenir"
H. PLUMARD
Caporal à la 19è Cie 2è, Zouaves de marche, camp de
Sathonay, Ain
"J'ai
oublié de vous dire que je m'étais trouvé à même de parler avec des soldats du
4è bataillon de chasseurs. J'ai pu avoir des nouvelles de Cassé et de Bonhommet
Cassé est ordonnance d'un capitaine, il est bien portant et
n'a rien à craindre à peu, tant qu'à Bonhommet
l'on m'a dit qu'il avait été blessé d'un éclat d'obus qui lui aurait cassé le
bras et qu'ils ne savaient pas s'il n'avait pas été fait prisonnier.
C'est tout ce
que je sais et peux vous dire à ce sujet"
Mon cher Henri
"Je
profite d'un moment de repos pour te donner de mes nouvelles qui sont toujours
bonnes car je suis toujours en bien bonne santé et je souhaite de tout cœur que
mes quelques lignes te trouvent de même.
Hier j'ai
reçu des nouvelles de Berthe qui sont bonnes ainsi que toute la famille Ernest Pigal est blessé à la main et à la
cuisse y paraît qu'ils sont sans nouvelle d'Alfred.
Plus rien à
te dire, bien le bonjour en attendant d'avoir le plaisir de nous serrer la
main."
Gustave
Voici mon adresse : Boulay Gustave, armée territoriale, 32e Dragons 7ème
escadron, brigade Gillet du
général Bruyère, bureau central Paris.
Écrit à l'encre rouge
Correspondance des armées de la république, carte en franchise adressée à Mr et Mme PLUMARD aux Bouteillères commune de St Maixent, Sarthe
Datée du mercredi 28 octobre 1914, oblitérée à St Maixent le 2/11/1914.
Chers parents et sœur
"Simplement
quelques mots pour vous donner de mes nouvelles.
Ma santé est
toujours bonne et j'espère que vous êtes tous de même. Je ne peux pas vous dire
grand chose car depuis que je vous écris il n'y a pas de changement et je n'ai pas eu l'occasion de me
retrouver en contact immédiat avec les Bôches.
Le temps est
toujours bon à part un jour ou deux où il est tombé un peu d'eau cela fait que nous ne souffrons pas trop de notre
sort.
Chez nous,
j'espère que le travail marche quand même tout doucement et que la semaille
commence à s'avancer. Plus rien à vous dire que de vous souhaiter le bonjour à
tous et à toute la famille quand vous aurez l'occasion de les voir.
Votre fils et
frère qui vous aime et vous embrasse de tout cœur. "
H. PLUMARD
Écrit à l'encre rouge
Chers parents et sœur
"Je suis
toujours en bonne santé et je souhaite que vous soyez tous de même
Ce serait
avec plaisir que je recevrais de vos nouvelles mais les lettres ne nous sont
pas encore parvenues.
Hier, il en
est arrivé mais au lieu d'être pour nous c'était pour le 1er Zouaves j'espère
qu'elles nous parviendrons quand même bientôt et ce sera avec plaisir je vous
l'assure.
Je ne vous en
mets pas plus long mais aussitôt que j'aurais reçu quelques nouvelles je vous
le ferai savoir.
En attendant
la fin de cette grande lutte européenne.
Je vous
embrasse tous de tout cœur votre fils et frère.
H. PLUMARD
Caporal 19ème Cie, 2ème Zouaves de marche, camp de
Sathonay (Ain)
Écrit au crayon à papier
Chers parents et sœur
"Sur ma
dernière lettre je vous avais dit que je vous écrirais aussitôt que j'aurais de
vos nouvelles. Depuis hier
nous avons rejoint notre régiment.
(*)
Je n'ai pas
encore reçu de lettre mais j'ai reçu votre paquet, cela m'a fait grand plaisir
tout ce que vous aviez mis dedans y était.
Je vous
remercie beaucoup d'avoir pensé ainsi à moi car voilà la saison qui s'avance et
le froid pourrait bien ce faire sentir d'un moment à l'autre. Je n'ai pas
encore bien souffert du mauvais temps car chaque fois que j'ai trouvé de
m'acheter ce que j'avais besoin je l'ai fait.
Je me suis
aussi acheté deux paires de chaussettes cela fait que je n'ai pas encore eu
grand froid aux pieds. Mais ce qui est le prix c'est que l'argent commence à
diminuer fortement enfin j'ai encore arrivé à 10 francs.
Enfin à présent
que nous sommes avec le régiment, je crois que nous allons toucher des effets
d'hiver un pantalon de drap, une capote de fantassin, une ou deux chemises, un
caleçon, un gilet de tricot et une paire de gants, enfin tout ce qui faut pour
être bien. Et puis ce que nous aurons
aussi ce sera "nos lettres"
A présent je
crois que vous pourrez me donner des nouvelles de la famille car je suis bien
en peine de ce que cela devient partout.
Je suis
toujours en bonne santé et je souhaite que vous soyez de même.
Je vous
remercie de tout cœur de ce que vous m'avez envoyé.
Votre fils et
frère qui vous aime et vous embrasse bien fort."
H. PLUMARD
Caporal 19ème Cie, 2ème zouaves de marche, camp de
Sathonay (Ain)
(*) : Henri confirmera plus loin dans ses
écrits :
« A
Nanterre, le 13 septembre, ma compagnie et la 20ème étant désignée comme
soutien de la cavalerie, nous quittâmes le régiment et depuis ce jour, jusqu'au
9 novembre le jour où nous avons rejoint le régiment, je n'ai reçu aucune
nouvelle. »
Extrait du journal du régiment à la date
du 10 novembre 1914
Écrit au crayon à papier
Chers parents et sœur.
"Cela a
été un grand plaisir pour moi aujourd'hui de recevoir votre lettre du 27
octobre.
C'est que
depuis le 8 septembre, je n'avais pas eu de nouvelles ni de vous ni de la
famille.
Je suis
heureux de vous savoir tous en bonne santé, tant qu'à mon oncle Ernest c'est
malheureux qu'il ait été blessé mais s'il est reparti, c'est qu'il doit être
heureusement rétabli et Ernest Pigal
doit être reparti aussi lui à présent puisque vous me dites qu'il était bientôt
guéri. (*)
C'est
embêtant aussi qu'il ait été blessé car malgré qu'ils soient bien soignés je crois
qu'il vaut mieux rester sur le front que d'être évacué pour retourner ensuite
car la plupart des premiers blessés sont revenus à présent.
Quand au
reste de la famille je suis heureux de les savoir en bonne santé.
Je suis
toujours en bonne santé aussi moi. Ce
qui est le pis c'est que malgré que nous tenions bon et que nous progressions
peu à peu j'ai bien peur que cela dure encore quelques temps surtout à présent
que le mauvais temps commence à ce faire sentir.
Je ne pense
que vous remercier encore du colis que vous me parler sur votre lettre et que
j'ai reçu l'autre jour il va bien me servir à présent.
Je suis
content de savoir que vous ne manquez à peu près de rien et que vous pouvez
vendre à peu près votre marchandise.
Dans les pays
en arrière de la ligne de feu et que nous avons traversé pour rejoindre le
régiment j'ai pu voir avec plaisir que les betteraves s'arrachaient peu à peu
et que la semaille se faisait dans d'assez bonnes conditions.
Je crois que
chez nous cela va être à peu près terminé et que vous pouvez venir en aide à
ceux qui ne peuvent faire leur ouvrage.
Maintenant je
remercie beaucoup ceux qui vous ont chargé de me souhaiter le bonjour de leur
part et je vous prie de le leur souhaiter de ma part.
Votre fils et
frère qui vous aime et vous embrasse bien tendrement."
H. PLUMARD
N° Mle 10693, caporal 19ème Cie, 2ème régiment de
zouaves de marche, camp de Sathenay, Ain
Voici l'inscription qu'il y a sur ma plaque d'identité
(PLUMARD Henri 1912) (Mamers 27)
(*) : Ernest François PIGAL a été blessé le 16 septembre 1914 à Tracy-le-Mont (60)
Écrit au crayon à papier
Chers parents et sœur
"Quelques
mots pour vous donner de mes nouvelles. Je me porte toujours bien et j'espère
que vous êtes tous de même depuis la dernière lettre que je vous ai envoyé je
n'ai pas reçu des vôtres.
Je vous avais
dit que l'argent que j'avais commençait à baisser si vous ne m'avez encore rien
envoyé je vous prie de m'en envoyer un peu car à présent devient à faire froid.
Aujourd'hui il est tombé de la neige le temps à l'air de tourner plutôt au
dégel et qu'il faut être dans les tranchées.
Je m'achète
de temps en temps du chocolat ou du fromage pour compléter l'ordinaire car
souvent la soupe et le rata sont froids quand ils arrivent. Cela fait que l'on
est heureux d'avoir quelques petites denrées à ajouter et surtout que j'ai
toujours bon appétit.
Maintenant pour que les lettres me parviennent plus vite envoyez-les moi à l'adresse que je
vais vous mettre ; il parait qu'elles viennent plus vite.
Plus rien à
vous dire si que l'on ne s'ennuie pas trop quand même.
Quelquefois nous faisons du feu pour nous réchauffer dans
les tranchées à une centaine de mètres des Bôches et même plus près j'en ai
fait à une trentaine de mètres.
Dame, ils en
font bien aussi eux autres ! Ils ne sont pas plus insensibles au froid que
nous.
Bien le
bonjour à toute la famille et aux amis de ma part.
Votre fils et
frère qui vous remercie à l'avance et
qui vous aime et vous embrasse de tout cœur."
H. PLUMARD
Caporal 19e Cie, 2è Zouaves de marche, 37e division,
bureau central militaire Paris.
"A
l'heure où je termine ma lettre, je reçois la votre du 13 novembre qui me fait
bien plaisir mais les arriérées ne me sont pas encore parvenues.
J'espère
quand même qu'elles viendront car chaque jour il en arrive qui sont en
retard"
Lettre
de sa mère
Cher Henri
"T'ayant
envoyé une lettre recommandée le lundi 29 novembre, le lendemain de celle que tu as reçu avec un billet. Dans celle-là
il y avait 20f nous sommes en peine si tu l'as reçue. Sinon fais nous le savoir
immédiatement afin que nous t'en envoyions d'autre.
Nous allons
attendre quelques jours avant que de t'écrire car si tu l'as reçue nous le
saurons avant que tu n'aies reçu ce petit paquet. Surtout si tu as besoin de
vêtements dis-nous le nous t'en ferons passer soit chemise ou caleçon.
Merci de ta
bonne lettre et bien des baisers de ta mère, sœur et père et de toute la
famille.
Ernest (*) est toujours
à Chartres et ton oncle est toujours sur le front tant qu'à ton oncle Alfred il
est parti lui aussi, et toute la famille te souhaite bien le bonjour, si tu
veux leur envoyer de tes nouvelles"
Ta mère qui
t'aime
A. PLUMARD (**)
Plumas Cral, 27ème
territoriale d'infanterie, 12ème compagnie, bureau CMP
Boulay G. 32ème dragons, 7e escadron, brigade Gillet, bureau Cgnie
Paris.
Écris donc à Mr Abraham, si tu peux, tu leur feras
grand plaisir.
Pigal Ernest, hôpital des Dames Blanches, Chartres. (*)
(*) : Ernest François PIGAL a été blessé le 16 septembre 1914 à Tracy-le-Mont (60) par balle à la main gauche. Il se trouve dans un hôpital de Chartres. Il est au 19e escadron du train des équipages militaires depuis la mobilisation. Voir sa fiche.
(**) : Angélina PLUMARD, sa mère
Chers parents et sœur
Je vous
remercie beaucoup du billet que vous m'avez envoyé du 2 novembre je
suis.............................nouvelles.
Quant à moi
je suis toujours en bonne santé et j’espère que ma lettre vous trouve de
même. Dans votre lettre du 5 novembre
vous demandez de vous dire dans quels départements je suis passé.
Je vais vous
expliquez un peu mes randonnées à travers la France et la Belgique :
Parti d'Oran
le 4 août, je débarque à Sète le 6
et j'arrivai à Lyon le 8.
C'est le 11
que nous partîmes après 2 jours et une nuit de chemin de fer, nous débarquâmes auprès
de Rocroy et de là nous prîmes la route de Belgique.
Nous passâmes
Couvin, Philippeville et d'un petit village auprès de cette ville nous partîmes
le 21 vers 9 heures et demie du soir et nous marchâmes toute la nuit et le
matin nous commençâmes l’attaque vers 8 heures.
C'était le 22 août. C'est ce jour que je reçus le
baptême du feu à Fosses après avoir fait repoussé les Bôches
pendant 3km.
Nous fûmes
obligés de battre en retraite. Écrasés par le nombre, fauchés par les
mitrailleuses et les obus. Ce fût le déclenchement de la retraite de Belgique.
Le 29, à Guise dans l'Aisne nous tentâmes de
les arrêter. Après les avoir arrêtés et repoussés, nous fûmes obligés de
continuer à battre en retraite.
De crainte
d'être coupés, nous passâmes par Laon et continuâmes notre marche en arrière
par le camp de Chalons.
Nous
continuâmes jusqu'à quelques 20km de Nogent-sur-Seine que nous devions
atteindre le soir même du 3 septembre, mais un ordre général nous fît arrêter
et le lendemain ce fût le commencement de la bataille de la Marne et la
retraite aussi précipité sinon plus des casques à pointes que la nôtre.
Nommé caporal
le 7 septembre, je fus versé à la
19è.
Le soir, nous
devions aller à la baïonnette à Montmirail, mais les Bôches c'étant débinés.
Cela nous évita un ..... travail, cela nous transporta en Seine-et-Oise.
A Nanterre, le 13, ma compagnie et la 20ème étant
désignée comme soutient de la cavalerie, nous quittâmes le régiment et depuis
ce jour, jusqu'au 9 novembre le jour
ou nous avons rejoint le régiment, je n'ai reçu aucune nouvelle.
Extrait
du JMO de la 73e brigade d’infanterie qui stipule :
« Le 10, les 2 compagnies
Jacquemin détachées en soutien de cavalerie le 13 septembre, rejoignent le 2e
Zouaves et le 3e bataillon (…) »
Nous passâmes
à Compiègne en automobile et le 15 septembre à Pont-de-Brie en la Somme, un
petit engagement de 3 heures et nous reprenons les routes pour …. jusqu'à Péronne ou nous restons 5 jours.
Nous
repartons en auto le 22 à Cartigny. Nous tenons une brigade allemande en
respect pendant 3 heures à nous seuls mais nous dûmes quand même battu en
retraite.
Mais nous
fûmes renforcés par 2 régiments qui les arrêtèrent.
Le 25, nouvelle rencontre à Maricourt un peu au
nord de Bray nous les arrêtâmes toute la journée mais le lendemain matin 26,
les troupes qui nous couvraient à droite et à gauche s'étant retirées la nuit
sans nous avertir nous nous trouvâmes cernés dans un petit bois il a fallu en
sortir à la baïonnette mais 2 ou 3 jours après nous le reprîmes.
Depuis le
début de la campagne jusqu'à ce jour-là, nous nous étions toujours battus à
corps découverts mais depuis ce temps nous nous sommes retranchés et à présent
d'un coté comme de l'autre c'est une véritable forteresse.
Je passai le
reste de mon temps dans les environs de Bray, Maricourt, Carnoy, Marnetz,
Fricourt, jusqu'à ce que nous fûmes revenus au
régiment.
A présent je
suis dans l'Oise aux environs de Tracy.
En attendant
la fin de cette maudite guerre.
H PLUMARD
Sur le côté en hauteur
"Votre
fils et frère qui vous remercie et vous aime de tout cœur"
Chers parents
et sœur
Je suis
toujours bien portant et espère que vous êtes tous de même
Voilà huit
jours je vous ai envoyé une lettre dans laquelle je vous ai décris les
péripéties de ma campagne jusqu'à l'endroit où je suis à présent je ne sais pas
si vous l'avez reçu.
En cas ou
vous ne l'auriez pas reçue je tiens à vous remercier de nouveau pour le billet
que vous m'aviez envoyé dans votre lettre du 22 novembre.
Depuis je
n'ai pas reçu de nouvelles de vous qu'une lettre du 14 septembre qui m'est
parvenue ces jours derniers.
Pour nous la
situation reste toujours sans changement nous nous contentons de continuer
notre travail de retranchement est de nous envoyer quelques coups de canon et
de fusil sans résultat ni pour les uns ni pour les autres et sans perte car
nous sommes enterrés par-dessus la tête
D'après la
lettre de Gustave Boulay il
parait que vous êtes sans nouvelle d'Alfred Pigal
d'après une autre lettre d'un camarade il parait que le 117 a eu ses 2è, 3è,
5è, 6è et une partie de la 8è compagnie prisonnière en fin d'aout. Serait-il
prisonnier de ces compagnies ou bien est-il mort, je serais bien content de
savoir si vous avez eu des nouvelles depuis. (*)
Vous ne
m'avez pas dit si on avait repris d’autres juments que Margot. Vous me dites
aussi que tous les vieux du service auxilliaire ont repassé le conseil et sont
partis Et les jeunes de la classe 14 est ce que vous savez où ils sont ?
Cette
nouvelle classe est arrivée avec nous depuis une quinzaine je serais content de
savoir où mes anciens camarades sont appelés à combattre.
Plus rien à
vous dire que de vous remercier de toujours penser à moi en attendant la fin de
cette lutte qui sera encore longue je crois mais enfin j'espère que la chance me suivra et que j'aurai le
bonheur de tous vous revoir .
Votre fils et
frère qui vous aime de tout cœur.
H PLUMARD
(*) : Alfred Ernest PIGAL, 2e classe
au 315ème régiment d’infanterie, a été tué à l’ennemi le 13 septembre 1914 à
Berneuil (Oise). Il était du même village qu’Henri : Le Luart (Sarthe). Voir
sa fiche de décès – Voir
sa fiche matriculaire.
Chers parents et sœur
"C'est
toujours un grand plaisir pour moi de recevoir de vos nouvelles mais c'est
encore un plus grand bonheur pour moi de recevoir votre paquet car je vois
que vous pensez toujours à moi.
Mais je vois
que vous me croyez encore plus
malheureux que je ne suis. Je me porte toujours bien et je souhaite que vous
soyez toujours de même.
Avec le peu
d'argent que j'ai, je tache de n'être pas trop malheureux.
Chaque fois
que je vais au repos en troisième ligne, j'en profite pour faire quelques
provisions pour les 6 jours que je passe en 2è et 1è ligne et chaque fois aussi
je vous écris.
Vous me
demandez si j'ai reçu votre lettre recommandée du 23, je n'ai encore rien reçu.
C'est que les
lettres recommandées se perdent aussi facilement et viennent souvent moins vite
que les autres. Vous avez peur que je n'ai pas assez d'argent. J'en ai encore
un peu pour le moment. J’ai reçu mon prêt arriéré j'ai touché 15f d'un coup
cela m'a fait bien plaisir.
Mais je crois
qu'il vaudrait bien mieux que vous en envoyez moins à la fois, cela fait que
s'il se perd cela en fait toujours moins de perdu car ce n'est pas la peine que
vous vous gêniez pour m'envoyez de l'argent s'il se perd.
Vous me
demandez aussi si j'ai besoin de linge; ce n'est pas la peine de m'en envoyer
pour le moment j'ai touché une chemise un caleçon, un tricot, un cache nez de
la compagnie, d'ici que ce soit usé cela demande encore un peu de temps.
Je vous
remercie beaucoup de ce que vous m'avez
envoyé : plastron, gants, chocolat, tabac, papier à lettre et à cigarette, je
vous remercie beaucoup aussi de m'avoir donné l'adresse de mes oncles et
d'Ernest.
J'avais déjà
celle d'Ernest et de mon oncle Gustave mais enfin cela vaut mieux 2 que pas du
tout.
En attendant
la fin de cette triste guerre.
Bien le
bonjour de ma part à tous.
Votre fils et
frère qui vous aime et vous remercie de tout cœur."
H PLUMARD
Caporal, 19 Cie 2ème Zouaves, secteur postal (132)
C'est une nouvelle adresse qu'on nous fait mettre
depuis 2 jours pour que les lettres viennent directement.
Écrit au crayon à papier
Chers Parents et Sœur :
"Quelques
mots pour vous donnez de mes nouvelles
je suis toujours en bonne santé et souhaite que vous soyez de même
Je n'ai pas
reçu d'autre nouvelle de vous depuis que j'ai reçu votre paquet et je crois que
ce n'est pas bien la peine que vous m'envoyez grand-chose pour ces fêtes de
Noël et du 1er jour de l'an car les postes seront tellement remplies de lettres
et de paquets que je crois que cela parviendra difficilement.
C'est
toujours la même vie de tranchées en ce pays de Tracy. (*)
Bien le
bonjour à tous de ma part.
Dans l'espoir
de la fin de cette maudite guerre.
Votre fils et
frère qui vous embrasse de tout cœur et qui vous aime."
H PLUMARD
Cal 19 Cie, 2è zouaves, secteur postal 132, secteur
postal 70.
(*) : Tracy-le-Val (Oise)
Henri PLUMARD
est tué le lendemain au combat du Bois-Saint-Mard, comme l’indique sa
fiche :
Il est
inhumé au cimetière militaire de Tracy-le-Mont, tombe N° 118
Lettre du père d’Henri PLUMARD au capitaine comandant la compagnie de son fils (le père et le fils ont le même prénom).
Monsieur le Capitaine,
commandant la 19ème compagnie du 2ème Zouaves, n'ayant pas eu de nouvelles de
mon fils PLUMARD Henri, caporal à
la 19ème compagnie N° matricule 10693 depuis le 20 octobre, je viens solliciter
de votre faveur de me faire connaitre son état de santé quel qu'il soit.
Avec mes
remerciements anticipés.
Daignez
agréer, mon Capitaine, l'expression de mon entier dévouement.
PLUMARD Henri, St Maixent, Sarthe
Réponse au dos de cette lettre
2ème régiment de Zouaves, 10ème compagnie
Monsieur
Votre fils a
pris part le 21/12/1914 à l'attaque du bois de St Mard.
Après le
combat il n'a pas reparu à la compagnie et n'ayant pu recueillir sur lui aucun
renseignement, il a été porté disparu sur le contrôle de la compagnie.
Bois-Saint-Mard le 31/1/1915, le Sous-Lieut. Petit,
commandant la Cie.
Signé
Je
désire contacter le propriétaire de la correspondance d'Henri Plumard
Voir
des photos du 2ème régiment de Zouaves
Suivre sur Twitter la publication en instantané de photos de
soldats 14/18
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de guerre 14/18