Carnet de Marius
Émile CALMET
du 16ème escadron du train, puis 3e régiment d’artillerie, puis
113e régiment d’artillerie lourde, puis 313e régiment
d’artillerie lourde.
Mise à jour : janvier
2021
Marius CALMET du
16ème escadron du train des équipages militaires (16e ETEM)
Marc nous dit en
janvier 2021 :
« J’ai mis la
main sur les souvenirs entiers d'une même famille, des mains même du
petit-fils... il y a vraiment des gens qui n'ont pas de cœur. Bref, je scanne
tout pour votre site avant de revendre…J'ai donc revendu le lot, il faut bien
vivre. Mais j'en garde un goût très, très amer, car le gars qui m'a acheté le
lot a tout revendu photo par photo..... C’est à mon avis presque
criminel ! »
« Il s'agit ici
de Marius CALMET, né le 30 janvier 1887 à Gaillac (Tarn). J'ai son livret
matricule, un album
photo et surtout son carnet
de route. »
Prélude
Marius Émile CALMET est né le 30 janvier 1887 à Gaillac (Tarn). Engagé volontaire au 11ème Hussard en février 1905 pour 3 ans, il est déclaré « pêcheur » (comme son père) au moment de son engagement et réside à Tarascon (Bouches-du-Rhône). Après un grave accident en août 1905 durant un exercice de « voltige au galop », il a les 2 jambes fracturées…Il est nommé brigadier en 1907.
A la fin de son engagement, il passe administrativement en réserve au 16ème escadron du train de Lunel, unité qu’il rejoint logiquement à la mobilisation en août 1914. Il décède en octobre 1968 à Saint-Christol-lès-Alès (30)
Les noms de villages ont été corrigés dans le texte. J’ai ajouté du texte en bleu pour la compréhension de certains termes et pour aller « plus loin » dans l’analyse du récit.
Merci à Bernard pour la recopie et à Philippe pour la relecture et correction d’erreur.
Début du carnet
1914
3 août
9h38. Départ de Gaillac.
4 août
3h matin. Arrivée à Lunel. (*)
(*) : Lunel est le lieu de casernement du 16ème escadron du
train des équipages militaires.
5 août
Sommes cantonnés à Marsillargues. 3 km environ de Lunel. Logés dans une cour d’école. Couchons sous les préaux.
C.V.A.D du 16ème escadron du train.
(*) : CVAD : Convoi Administratif. Il fait partie de la 6e
compagnie.
Du 5 au 15 août
Restons cantonnés à Marsillargues où on nous a armés, équipés.
15 août
Départ de Marsillargues vers le front.
Embarquement à Lunel et départ du train à 7h du matin. Passons par la vallée du Rhône, rive droite. En arrivant dans la région de l’Est, sommes alertés pour former un poste de police dans un wagon à ciel ouvert (pour la surveillance des avions).
(*) : La 6e compagnie embarque en 5 trains. Elle
comprend 4 officiers, 280 hommes de troupe, 424 chevaux et 167 voitures
hippomobiles.
16 août
2h soir. Arrivée et débarquement à Haréville à 4 km de Vittel. Cantonnement à Vittel.
Nous entendons le canon.
19 août
Mattaincourt à 20 km de Vittel.
22 août
Houécourt à 22 km de Mattaincourt. Vivres très rares en dehors de ceux du ravitaillement. Pas de fromage, pas de conserves, pas de pain.
Happoncourt. (*)
(*) : Pour info, Happoncourt n’apparaît
plus sur les cartes et s’appelle maintenant Moncel-sur-Vair
après fusion avec Gouécourt en 1965.
24 août
À 1Km de Domrémy, patrie de Jeanne d’Arc. Sommes campés au milieu d’un pré.
27 août
Happoncourt.
Depuis quelques jours, j’ai de gros furoncles occasionnés par le cheval. Sommes soignés par le vétérinaire à défaut de médecin.
1er sept.
Happoncourt.
Sommes sans nouvelles depuis le départ de chez nous.
10 sept.
Sandaucourt. 30 km d’Happoncourt.
16 sept.
Removille.
17 sept.
Vaucouleurs. .
20 sept.
Burey-en-Vaux.
Nota : Le 21 septembre, la 6e compagnie du 16e
ETEM est rattachée à la 3e armée. (JMO)
22 sept.
Houdelaincourt. Arrivée à 10h du soir.
23 sept.
Tronville.
26 sept.
Longeville.
Les Boches avancent paraît-il et les mitrailleuses sont si près que quelques hommes de chez nous sont placés en sentinelle pour avertir du danger pendant l’embarquement.
Embarquons et partons à 4h du soir sans incident.
Extrait
du JMO (journal de Marches et Opérations) du 16e escadron du train
des équipages militaires
27 sept.
Passons à Rouen. Voyage agréable.
Avons recueilli beaucoup de provisions : fruits, vin, cigarettes, chocolat etc., surtout aux environs de Paris.
28 sept.
Débarquement aux environs de Beauvais et après 16 km, cantonnons à Fouquerolles.
29 sept.
Arrivée à Crèvecoeur. Arrivée d’un sac de lettres pour la compagnie.
2 octobre
Grandvilliers.
8 octobre
Départ de Grandvillers. Arrivée à Poix.
9 octobre
Départ de Poix. Arrivée à Airaines.
10 octobre
Ailly-le-Haut-Clocher, 15 km environ d’Abbeville.
12 octobre
Aubrometz.
13 octobre
Déchargement du convoi pour le ravitaillement des troupes à 12 km d’Aubrometz.
Marius
CALMET du 16e escadron du train des équipages militaires – Pas de
date
14 octobre
Mézerolles, 8 km de Doullens.
16 octobre
Wavans.
19 octobre
Boubers-sur-Canche.
7 nov.
Arrivée à Monchy-Cayeux, Pas de Calais.
Du 8 au 15 novembre
Pluies torrentielles et vent. Je couche dans la charrette des cuisines.
19 nov.
Monchy-Cayeux. Neige
20 nov.
Le thermomètre marque 8° au-dessous de zéro et il ne fait pas chaud la nuit dans ma charrette.
29 nov.
Ravitaillement avec 50 voitures.
29 nov.
Buneville. 1ère étape.
30 nov.
Avesnes-le-Comte.
Passons nos vivres au 10ème escadron du train.
1er déc.
Rentrée à Monchy-Cayeux
Du 1er décembre au 1er janvier
Monchy-Cayeux.
1915
1er janvier
Monchy-Cayeux.
31 janvier
Départ de Monchy, arrivée à Rollancourt.
12 février
Rollancourt.
Vaccination contre la typhoïde.
Nota : En février-mars, le CVAD assure un service de
ravitaillement de paille au 21e corps d’armée sur les villes de
Béthune, Barlin, Hersin et Gauchin.
Jusqu’au 10 avril
Stationnement à Rollancourt.
11 avril
Départ de Rollancourt. Arrivée à Le Boisle. (*)
Logés dans un restaurant de relais. Sommes bien.
(*) : Somme
Jusqu’au 5 mai
Cantonnés à Le Boisle.
6 mai
Départ de Le Boisle. Arrivée à Boubers-sur-Canche.
12 mai
Départ de Boubers. Arrivée aux environs de Ligny.
Du 12 au 7 juin
Même cantonnement. Cantonnés dans une maison sans portes ni fenêtres.
8 juin
Départ de Ligny. Arrivée à Vacquerie-le-Boucq.
9 juin
Départ de Vacquerie-le-Boucq à 8h au soir.
Arrivée à Petit-Houvin à minuit. Avons terminé la nuit couchés à la belle étoile sans tente ni rien.
10 juin
Arrivée à Buneville où nous campons. Faisons un dépôt de foin et d’avoine pour la cavalerie qui doit attaquer dans quelques jours. (*)
(*) : La cavalerie n’attaquera pas. Elle devait le faire si
l’infanterie perçait le front durant la bataille d’Artois.
14 juillet
Départ des premiers permissionnaires.
7 août
Départ de Buneville.
Arrivée à Lannoy (environs d’Auxi-le-Château). Cantonnement de repos. Nos chevaux surtout sont extrêmement fatigués et ont besoin de se refaire après quelques mois de travail jour et nuit et l’abreuvoir à 8 km.
14 août
Départ de Lannoy.
Arrivée à Montigny-les-Jongleurs.
15 août
Départ de Montigny.
Arrivée à Crouy.
16 août
Départ de Crouy.
Arrivée à Thieulloy-la-Ville.
17 août
Départ de Thieulloy.
Arrivée à Songeons (Oise). Joli petit chef-lieu de canton.
Du 17 août au 20 septembre
Stationnement à Songeons. Séjour assez agréable.
21 sept.
Départ de Songeons.
Arrivée à Warluis.
22 sept.
Départ de Warluis.
Arrivée à Cires-lès-Mello.
23 sept.
Départ de Cires-lès-Mello.
Arrivée à Barberie. (*)
(*) : Pour info, Barberie s’écrit
maintenant Barbery
24 sept.
Départ de Barberie.
Arrivée à Boursonne. Les tringlots passeraient dans l’artillerie paraît-il ??
30 sept.
Départ de Boursonne.
Arrivée à Priez.
1er octobre
Départ de Priez.
Arrivée à Connigis.
Nota : Après le 1er octobre 1915, le parcours du carnet est différent
de celui du JMO de la 6e compagnie du 16e Train alors que Marius est censé y
être resté jusqu’en octobre 1916 selon sa fiche matriculaire. Comme ce JMO
indique plusieurs détachements et l’affectation temporaire à la 5e armée,
peut-être en est-ce la raison (on remarque d’ailleurs un changement d’écriture
du JMO à cette date).
2 octobre
Départ de Connigis.
Arrivée à St Eugène.
Jusqu’au 8 novembre
Stationnement à St Eugène (Champagne).
9 novembre
Départ de St Eugène.
Arrivée à Vaux.
10 novembre
Chézy-en-Orxois.
11 novembre
Départ de Chézy-en-Orxois.
Arrivée à Betz, village démoli par les Boches à la bataille de la Marne.
12 novembre
Départ de Betz.
Arrivée à Borest.
13 novembre
Départ de Borest. Arrivée à Soutraine.
14 novembre
Départ de Soutraine.
Arrivée à Bulles.
15 novembre
Départ de Bulles. Arrivée à Froissy.
Du 15 novembre au 23 décembre
Stationnement à Froissy.
24 décembre
Départ de Froissy. Arrivée à Noyers-St-Martin.
Du 24 décembre au 8 janvier
Stationnement à Noyers.
1916
Le 8 janvier
Je reçois l’ordre de partir en détachement avec 11 fourgons, 11 hommes et 22 chevaux.
9 janvier
Départ de Noyers. Arrivée à Rantigny.
10 janvier
Départ de Rantigny. Arrivée à Baron.
11 janvier
Départ de baron. Arrivée à Boursonne.
Sommes détachés au 13ème d’infanterie pour le transport de piquets pour fils de fer barbelés et des rondins pour abris. Prenons ces matériaux dans la forêt de Villers-Cotterêts et les transportons à un endroit désigné.
Nota : C’est bien indiqué sur le JMO que pendant 3 mois, 6 détachements partent pour des services forestiers.
8 mars
Vais à Lacroix Saint-Ouen pour prendre des effets.
Rentre le même jour après 70 km en voiture.
17 mars
Retourne à Lacroix Saint-Ouen, Pierrefonds et Compiègne.
Du 17 mars au 5 avril
Stationnement à Boursonne.
15 avril
Départ en permission de 7 jours.
Rentrée mi-mai.
En rejoignant le détachement, me fais porter malade, rentre à l’hôpital de Villers-Cotterêts où je reste quelques mois. Le bruit court que les jeunes classes du train vont être versées dans l’artillerie.
Permission à ma sortie de l’hôpital.
Permission expirée, je rejoins le 3ème d’artillerie à Carcassonne où je reste 2 mois. (*)
Demande à suivre les cours de sous-chef artificier à Castres. Durée du cours, 1 mois.
Rentre à Carcassonne et demande à partir au front.
(*) : Il passe au 3e régiment d’artillerie le 3
octobre 1916 (JMO). Il semble qu’il n’ait pas écrit sur son carnet pendant sa
période de formation d’artilleur à Carcassonne. Comme il était brigadier, la
formation est longue. Mais il se photographie.
Marius
CALMET au 3e régiment d’artillerie de campagne.
On
distingue son grade de brigadier et son chevron de présence au front (une année
ici)
1917
20 mars
Suis promu sous-chef artificier et versé à la 8ème S.M.A. du 113ème R.A.L.
(*) : SMA :
Section des munitions d’artillerie. Les SM d’artillerie sont composés de 2
officiers, 10 sous-officiers, 7 brigadiers, 112 canonniers, 27 voitures à
chevaux et 174 chevaux.
La 8e
SMA est affectée au 8e groupe du 113e régiment
d’artillerie lourde qui comprend à cette date les 30e ; 31e
et 32e batteries (3 canons de 120 mm par batteries)
22 mars
Départ de Castres.
24 mars
Arrivée à Lyon.
Logés rue Etienne Dolet, près de la Part Dieu. Mal logés dans un magasin abandonné.
4 avril
Départ de Lyon à 7h30 matin avec 14 camions-automobiles Berliet chargés de munitions et personnel nécessaire.
6 avril
Arrivée et débarquement à Sommesous (Champagne). Arrivée le même jour à La Veuve sur la route de Chalons à Reims. Sommes à 20 km environ des 1ères lignes.
Extrait
du JMO du 8e groupe du 113e régiment d’artillerie lourde.
On
y lit que la 8e SMA, celle de Marius CALMET, y est rattachée.
Après 1 jour de repos, ravitaillement des batteries du 8ème groupe du 113ème R.A.L.
Batteries en position en face des monts Cornillet.
Routes affreuses. Temps pitoyable. Beaucoup de ravitaillements en munitions sur la route unique qui passe par Mourmelon-le-Petit, Mourmelon-le-Grand, Baconnes, le village gascon.
Chargement des munitions à Mont-de-Billy et à Bouy.
13 avril
Cette nuit, pendant le ravitaillement, un sous-officier a eu la cuisse écrasée entre deux camions. A l’hôpital. (*)
(*) : Il n’en parle pas, mais du 10 au 16 avril, les Français
bombardent nuits et jours, sans arrêt, les positions allemandes. C’est la
fameuse et sanglante attaque du Chemin des Dames. L’infanterie sortira de ses
tranchées le 17 avril à 4 heures 45, sous la neige… Plus de 30.000 tués
français en 10 jours de combats…
Extrait
du JMO du 8e groupe du 113e régiment d’artillerie lourde
14 avril
Avons été arrosés au village gascon par des fusants boches.
15 avril
Avons dû mettre nos masques. 2 hommes asphyxiés légèrement. Les avons laissés au poste de secours de Mourmelon-le-Grand.
19 avril
Avons attaqué et conquis les monts Cornillet, le Casque, le Têton, etc…
20 avril
Avance de nos batteries.
23 avril
Une de nos batteries trop avancée au-delà de la voie romaine a été terriblement marmitée et a eu 2 pièces démolies. A été obligée de changer de position. Même jour, avons ravitaillé en plein jour et avons dû nous réfugier dans un boyau et abandonner nos camions.
Pas de pertes chez nous, mais un 105 a éclaté sur un rang de rondins qui nous protégeait dans le boyau et ne l’a pas traversé. Les routes sont dans un état épouvantable et défoncées par les obus qui tombent comme la pluie.
Vers le 25 avril,
les nuits sont claires et les avions boches en profitent pour lancer des bombes
sur Chalons et un peu partout dans les bois où campent les échelons.
(*) : L’échelon de combat (appelé « l’échelon ») qui
est placé sous les ordres du lieutenant de réserve. Au combat, l’échelon est
toujours placé à l’arrière de la batterie de tir. Chaque batterie (4 canons)
possède un échelon. Tous les échelons des différentes batteries du régiment
sont généralement regroupés ensemble. L’échelon est composé de matériel de
réserve, chariot forge, chariot munitions, chariot fourrage, fourgons à vivre…
1er mai
Visite des avions. Une bombe tombée non loin de La Veuve nous a éveillés en sursaut.
3 mai
Ravitaillement de nuit. Une de mes voitures a été projetée dans le fossé par le souffle d’un éclatement, mais le chauffeur n’a rien eu.
Du 3 au 10 mai
Même travail.
Les Boches bombardent toujours les routes, surtout après le village gascon, dans les bois de sapin.
Malgré cela, nous n’avons pas de pertes en hommes, mais beaucoup de camions sont hors d’usage, soit par suite du travail intensif et du mauvais état des routes, soit par accidents.
Marius
CALMET au 113e régiment d’artillerie lourde – Mai 1917
17 mai
Notre groupe cesse d’être groupe d’attaque et passe artillerie de secteur affectée à la 128ème division. Batteries marmitées. Les camions sont rentrés criblés d’éclats. 7 blessés et 2 tués.
Du 19 au 25 mai
Batteries repérées et bombardées, obligées de changer 2 fois de position dans quelques jours.
26 mai
Départ en permission de 7 jours.
7 juin
Rentrée de permission.
27 juin
Tous les hommes et gradés des plus jeunes classes sont enlevés des sections de munitions et versés dans les batteries de tir.
Je suis du nombre et aujourd’hui même, je monte à la position bois de Prosnes, en face les Monts.
Adieu les quelques heures passées loin du danger.
(*) : il passe à la 30e batterie du
113e RAL, c’est indiqué en marge de son carnet.
2 juillet
Tir de destruction sur un blockhaus boche. Tir de 9h à 10h soir pour coup de main.
4 juillet
Tir d’une centaine de coups.
6 juillet
Les Boches ont attaqué à gauche du Casque à midi.
Avons tiré 200 coups. Grande activité de l’artillerie boche.
7 juillet
Activité de l’aviation. Combats sur nos positions.
8 juillet
Activité des crapouillots.
9 juillet
Venons de tirer 450 coups.
10 juillet
Avons tiré 450 coups.
11 juillet
Simulacre d’attaque des Boches. Avons reçu un bombardement nourri. Avons cessé le feu. Pas de pertes chez nous. 1 tué au 84ème lourd. (*)
Avons tiré plus de 400 coups.
(*) : Un seul tué est répertorié ce jour-là : il s’agit du
capitaine Louis Emile LEMAIRE. Voir sa fiche.
12 juillet
Avons tiré 600 coups.
Bon arrosage des Boches. Un obus a éclaté à quelques mètres de moi. Heureusement, j’étais dans un boyau.
13 juillet
Avons tiré 600 coups.
Réponse des Boches.
14 juillet
Marmitage soigné. Pas de pertes chez nous, mais la batterie de 280 en avant de nous a eu 3 tués et quelques blessés.
15 juillet
Hier au soir 14, nos troupes ont attaqué et pris la contre-pente du Têton. Les Boches nous ont arrosés toute la nuit et pendant le déchargement des munitions nous ont obligés à nous réfugier dans une sape.
Du 16 au 20 juillet
Front assez calme
23 juillet
Avons tiré 400 obus asphyxiants. Arrosage des Boches mais en avant de nous.
24 juillet
Les Boches nous marmitent avec explosifs et asphyxiants.
27 juillet
Suis allé reconnaître, à 400 mètres en avant de nous, les munitions d’une batterie hachée par les Boches. 4 artificiers et un brigadier de l’échelon. Avons été marmités avec des 150 et des 210
Un 150 tombé entre moi et le brigadier a mis ce malheureux en pièces et a projeté les débris à plus de 40 mètres de l’éclatement. J’étais moi-même couvert de son sang. (*)
Heureusement, entendant venir le projectile, je m’étais couché à temps.
(*) : Il s’agit de Henri Adrien COMBALUZIER, né à Uzès (30),
brigadier au 113e régiment d’artillerie lourde, tué le 27 juillet
1917. Voir
sa fiche.
Pour ce fait d’armes et un de fin 1917, il obtient une citation
et la croix de guerre :
« Sous-officier
artificier parfaitement ordonné et dévoué. S’est dépensé nuit et jour du 25 au
30 décembre 1917 pour assurer les tirs de la batterie. A déjà donné les meilleures
preuves de bravoure et de sang-froid en Champagne, le 27 juillet, pendant un
très violent bombardement, en se portant au secours d’un camarade atteint par
un obus. » Voir
la citation ici.
28 juillet
L’enlèvement des munitions a été remis à plus tard car les Boches s’acharnent sur ce coin nuit et jour.
31 juillet
Le tir des Boches s’étant à peu près tu, nous avons commencé l’enlèvement des munitions. Nous avons de la peine à retrouver les munitions tellement les obus de gros calibre les ont bouleversées.
2 août
Avons terminé le charroi des munitions, sans accidents.
4 août
Quelques hommes de la batterie ont porté une couronne sur la tombe du brigadier aux environs du village gascon. Remise de décorations dans une clairière face aux monts.
Légion d’honneur à notre capitaine.
Extrait du JMO du 8e groupe du 113e régiment d’artillerie lourde
Du 5 au 9 août
Front à peu près calme.
10 août
Départ en permission de 7 jours.
23 août
Rentré de permission.
Ai trouvé la batterie en position à côté de la ferme des Wacques. Sommes là pour détruire des installations à gaz en vue d’une grande attaque sur ce front.
25 août
Ai été envoyé au dépôt de Bouy à bicyclette pour reconnaître et convoyer 800 obus.
26 août
Marmitage par les Boches. Avons tiré 300 coups.
27 août
Avons tiré 350 coups. Pas de réponse.
31 août
Avons tiré 400 coups.
1er sept.
Avons tiré 400 coups.
3 sept.
Avons tiré 700 coups.
Reconnaissance par nos troupes à 5h55. Les Boches ont très peu riposté.
4 sept.
Avons tiré 500 coups. Avançons nos pièces de 300 mètres environ.
5 sept.
Beau temps.
Combats d’avions et tirs par les batteries contre-avions. Beaucoup d’obus tombent parmi nous non éclatés. Avons tiré 500 coups.
6 sept.
Avons tiré 400 coups.
7 sept.
Avons tiré 400 coups.
Maréchal-des-Logis téléphoniste tué d’une balle de shrapnell au cœur. (*)
Extrait
du JMO du 8e groupe du 113e régiment d’artillerie lourde
(*) : Il s’agit donc de LAFARGE Jules, né à Limoges. Voir
sa fiche.
8 sept.
Coup de main par nos troupes à 13h. Tir de barrage très nourri.
9 sept.
Avons tiré 400 coups.
10 sept.
Ravitaillement très dur.
11 sept.
Avons tiré 400 coups. Coup de main vers 6h30.
12 sept.
Un téléphoniste tué à l’observatoire (*) et le sous-officier observateur grièvement blessé (de notre batterie), 4 tués et 4 ou 5 blessés d’autres batteries.
(*) : Albert LAGRANGE, 1e canonnier-servant, né à
Brioude, tué à l’observatoire Oran au nord de Suippes (51)
14 sept.
Coup de main à 5h20.
A réussi.
15 sept.
Sommes rentrés ce matin à Suippes pour le repos.
Avons porté une couronne sur la tombe du téléphoniste (cimetière de Suippes).
16 sept.
J’ai été voir le sous-officier blessé ces jours derniers (à l’ambulance de Suippes).
17 sept.
Vaccination contre la typhoïde. Il y a des bruits de départ lointain.
19 sept.
Suippes.
Assez bien logés dans une maison abandonnée. Le 7ème groupe a eu cette nuit 1 tué et 5 ou 6 blessés.
20 sept.
Le 7ème groupe a eu encore 1 tué et 1 blessé.
24 sept.
Je vais à la position charger des obus.
25 sept.
Départ de Suippes.
Arrivée à Courtisols, 12 km de Châlons-sur-Marne.
27 sept.
2ème piqûre contre la typhoïde.
1er octobre
Retournons en position pour un coup de main à côté de la ferme des Wacques.
3 octobre
Coup de main à 5h30.
Le soir, retournons coucher à Suippes.
4 octobre
Remontons ce soir en position.
5 octobre
En position à côté des Hurlus. Très près des Boches vers notre droite du côté de Massiges.
6-7 octobre
Mauvais temps. Avons tiré 200 coups par jour.
8 octobre
Coup de main à 5h45 par une pluie torrentielle. A réussi sans trop de pertes.
9 octobre
Rentrée à Courtisols.
Jusqu’au 19 octobre
Repos à Courtisols.
20 octobre
Remontons à notre ancienne position des Hurlus, route de Perthes passablement défoncée par les éclatements.
21 octobre
Avons tiré 250 coups.
En recevant nos munitions, j’ai reçu un bon arrosage de 77. (*)
(*) : Le canon de l’artillerie allemande est du calibre
77mm ; les Français du 75 mm.
22 octobre
Position marmitée avec du 150 et du 105. Un 105 est tombé sur une couche de rondins abritant notre table. Heureusement, nous venions de descendre dans une sape. Quelques victimes en arrière de nous.
Rentrons cantonner à la Veuve.
23 octobre
Remontons en position à Wez, droite de Reims à côté de Thuisy. Position affreuse dans un terrain marécageux et par une pluie torrentielle.
24 octobre
Avons tiré 600 coups pour coup de main. Rentrés le soir et couché au camp Dilman. (*)
(*) : « Camp Dilman » : il doit
s’agir du camp Dillemann (cité en bas de page de : Revue militaire
française / publiée avec le concours de l'État-major de l'armée | 1922-10 | Gallica (bnf.fr) ). C’était un camp de cantonnement et
une ambulance à côté de Billy-le-Grand. Nous n’avons pas retrouvé de
localisation plus précise mais il pourrait se situer sur une zone qui s’appelle
sur Géoportail « l’Ambulance » à 1.5km à l’est de
Billy : une photo aérienne jointe de 1922 (Géoportail
- Remonter le temps) y montre des baraquements…
25 octobre
Départ à 9h pour une autre position.
Au bois de l’Esplanade au pied du Cornillet. Position en ruine, terrain complètement bouleversé par les éclatements. Coup d’œil affreux.
Routes arrosées par l’artillerie boche.
26 octobre
Avons tiré 600 coups pour coup de main.
27 octobre
Rentrée à Courtisols.
28-29 oct.
Préparatifs d’embarquement.
2 nov.
Embarquement à 2h matin à St Hilaire-du-Temple pour l’Italie sans doute. Les Italiens reculent.
3-4 nov.
En voyage par Lyon et Tarascon.
5 nov.
Débarquons à Vintimille.
Avons 5 étapes à faire par terre pour rejoindre une autre gare d’embarquement. La voie qui longe la mer est unique.
Belle réception à Vintimille. Avons reçu beaucoup de fleurs. Avons cantonné au casino.
6 nov.
San-Stéfano.
Sur la route et partout réception enthousiaste. Des citrons, des fleurs, du vin etc…
Avons couché dans l’église.
7 nov.
Alassio. Riche ville du littoral. Avons couché dans l’église.
8 nov.
Loano.
Petit port de pêcheurs. Ai couché sur la plage dans un canot.
9 nov.
Noli.
Couché dans une église. Bain de mer.
10 nov.
Savona.
Arrivée à Savona, port italien. Embarquement et départ de Savona le 10 novembre.
11 nov.
Arrivée à Brescia. Débarquement.
12 nov.
Calvissano.
Arrivés le matin à 2h.
14 nov.
Cantonnons à Castiglione.
15 nov.
Cantonnons à Valeggio.
16 nov.
Cantonnons à Poveglia. (*)
(*) : Entre Valeggio et Caldiero, Poveglia doit être Povegliano (vérifié sur d’anciennes cartes).
17 nov.
Cantonnons à Caldiero.
18 nov.
Cantonnons à Montecchio-Maggiore.
22 nov.
Départ pour occuper une position de repli à Gambugliano où nous stationnons le 23 novembre, sud du Trentin à quelques km de la frontière autrichienne.
Avant de commencer les travaux, départ.
24 nov.
Arrivée et cantonnement à Carmignano di Brenta.
25 nov.
Arrivée et cantonnement à Stroppari.
Stationnement jusqu’au 30 novembre.
1er déc.
Arrivée et cantonnement à Riese, patrie de Pie X.
3 déc.
Départ pour la position. 600m d’altitude.
Jusqu’au 9 décembre
Aménagement de la position. Sommes à 1000 mètres des 1ères lignes à vol d’oiseau.
Couchons dans 3 ou 4 maisons. 2 sont encore habitées.
10 déc.
Ai été reconnaître des munitions non loin de la Piave. Route et village de Possagno sérieusement marmités avec du 88 et du 305.
11 déc.
Les Boches et Autrichiens après un bombardement de 3 ou 4 heures ont attaqué et essayé de franchir la Piave.
12 déc.
Cette nuit, je fais évacuer les munitions que j’ai été reconnaître. J’en ai pour toute la nuit et il me tarde qu’elle soit passée.
13 déc.
Malgré quelques obus et l’écrasement par un de nos caissons des jambes d’un soldat italien, tout s’est bien passé.
18 déc.
Les Boches ont attaqué vers le mont Tomba mais ont été repoussés.
Jusqu’au 29 décembre, secteur calme.
29 déc.
Tirs de démolition.
30 déc.
Attaque du mont Tomba par les chasseurs de la 47ème division. Avons tiré 700 coups.
Pas de pertes chez nos poilus. Les Boches ont réagi faiblement.
1918
1er janvier
Avons fait 1300 prisonniers Boches, Autrichiens, Turcs, Bulgares, 2 canons, 60 mitrailleuses etc…Quelques obus ont approché nos maisons. 2 blessés au 256ème d’artillerie.
Vers le 7 janvier
Neige. Secteur calme.
12 janvier
Départ en permission de 12 jours.
29 janvier
Rentrée de permission, arrivée à Castelfranco à 8h30 du soir. Couché dans des baraquements. Visite des avions ont laissé tomber des bombes, mais assez éloignées de nous.
4 février
Rentrée à la position. Tout y est comme avant mon départ.
Du 5 au 8 février
Secteur calme, tir de nuit sur les routes.
Nota : Le 1 mars 1918, une nouvelle organisation de
l’artillerie lourde s’applique : le 113e régiment d’artillerie
lourde (RAL) se divise en trois formations :
Le 113e RAL rattaché au 13e corps d’armée.
Le 135e RAL rattaché au 35e corps d’armée.
Le 313e RAL rattachée à une armée.
Marius CALMET qui était à la 30e batterie du 8e groupe du 113e
RAL, passe à la 9e batterie du 3e groupe du 313e RAL.
Jusqu’au 25 mars
Secteur calme. Tirons très peu.
26 mars
Quittons la position de Vardanega et stationnons 1 jour à l’échelon Viago.
27 mars
Départ de Viago, arrivée à Castelfranco.
28 mars
Départ de Castelfranco, arrivée à Grantorto.
29 mars
Départ de Grantorto, arrivée à Lissaro à une vingtaine de Km de Padoue. Logés dans un grand château appartenant à une arménienne.
1er avril
Ai visité Padoue.
Jusqu’au 3 avril
Stationnement à Lissaro.
4 avril
Embarquement à Pojana. (*)
Adieu à l’Italie où nous avons passé un temps relativement beau.
(*) : Pojana : maintenant Poiana-di-Granfion.
5, 6, 7, 8 av.
En voyage.
Passés par Padoue, Bologne, Parma, Vintimille, le centre de la France.
9 avril
Débarquement à Chaumont-en-Vexin.
10 avril
Arrivée et cantonnement à Bezu. (*)
(*) : Décalage d’un jour avec le JMO qui indique le débarquement
et l’arrivée à Bézu le même jour 9 avril.
11 avril
Arrivée et cantonnement dans un château aux environs de Gournay.
12 avril
Arrivée et cantonnement à Les Noyers.
13 avril
Arrivée et cantonnement à Orival.
14 avril
Arrivée et cantonnement à La Chaussée.
15 avril
Arrivée et cantonnement à La Vicogne, environs de Doullens.
16 avril
Arrivée et cantonnement à Grouches-Luchuel.
Jusqu’au 26 avril
Stationnement à Grouches. Avons été reconnaître des positions de repli.
27 avril
Départ de Grouches. Arrivée et cantonnement à Monchy-Cayeux.
28 avril
Arrivée et cantonnement à Dohem.
29 avril
Arrivée et cantonnement aux environs de Rubrouck.
30 avril
Arrivée à 10h du soir à la position, en avant de Poperinghe, face au Kemmel. Pas d’abris, impossible d’en faire. L’eau est à 50cm au-dessous du niveau du sol. Les Anglais ont reculé jusqu’au pied du Kemmel. Le sommet est aux Boches
Duels d’artillerie épouvantables, surtout à la tombée de la nuit. Barrages formidables. Chaque haie cache une batterie.
2 mai
Il tombe des obus partout et à toute heure. Encore un pendant le déchargement des munitions cette nuit qui m’a manqué de peu.
3 mai
Duel d’artillerie épouvantable. Avons tiré 900 coups.
4, 5, 6 mai
Duels d’artillerie épouvantables. Dans la journée, avons tiré jusqu’à 1300 obus.
7 mai
Avons été marmités. 2 blessés à la batterie. Quelques autres victimes aux batteries voisines. Le 7ème groupe a eu 7 tués à la même pièce et par le même obus et 4 ou 5 blessés.
8 mai
Duel d’artillerie terrible.
9, 10, 11, 12, 13 mai
Duel d’artillerie. La batterie de 75 à 150 mètres devant nous a sauté. Pas de blessés chez nous. Quelques-uns au 75, 1 grièvement à notre 9ème batterie.
14, 15 mai
Duel d’artillerie. Les Boches nous ont envoyé des explosifs et des toxiques, avons dû mettre nos masques. 2 saucisses descendues par les avions boches.
16, 17 mai
Marmitage en règle. Pas de blessés.
18, 19 mai
Les Boches nous ont marmités toute la journée. Un est tombé à quelques mètres de mon abri. J’ai vu passer une vingtaine de blessés des batteries voisines.
20 mai
Avons attaqué et fait des prisonniers. Avons tiré 1000 coups. Les Boches ont réagi vers le soir.
A notre 9ème batterie, 1 sous-officier tué et un adjudant blessé.
21 mai
Duel d’artillerie.
22 mai
Nuit terrible s’il en fut. Tir des Boches sur tout le secteur. Ils ont mis le feu à beaucoup de dépôts de munitions, ont fait sauter la batterie de 75 en avant de nous. Tout n’était qu’explosions et incendies.
Il a fallu passer la nuit avec nos masques et l’atmosphère était empoisonnée. Les brancards circulent au clair de lune.
La 9ème batterie a eu ses poudres brûlées et 2 tués. (*)
(*) : L’incendie des poudres est bien indiqué dans le JMO.
MAGNAVAL François, 2e canonnier-servant du 313e
régiment d’artillerie lourde. Voir
sa fiche.
Le second tué est un blessé (JMO).
23 mai
Journée un peu plus calme.
24 mai
Avons changé de position cette nuit. Sommes allés plus près des lignes et vers la droite. Position préparée et recouverte de camouflages.
25 mai
Avons accroché la batterie. Les Boches tirent beaucoup d’obus à gaz ypérite. Avons dû mettre les masques 2 ou 3 fois.
Nuit du 26 au 27 mai
Attaque des Boches.
Bombardement formidable avec du 210. Un obus tombe devant la 1ère pièce, tue 3 servants, blesse le 4ème et épargne seul le chef de pièce. Avons dû garder le masque toute la nuit. Avons dû évacuer la position pendant quelques heures pour nous soustraire aux brûlures de l’ypérite.
27, 28, 29, 30 mai
Duel d’artillerie.
Beaucoup de brûlures par les gaz, poumons ou parties sexuelles. Les 2/3 au moins sont hors de combat et quelques-uns évacués. Je suis moi-même brûlé dans le dos et aux parties sexuelles, mais je ne vais pas à la visite. On n’a pas encore trouvé de remède efficace à ces brûlures.
31 mai
Très peu de servants sont capables de servir les pièces. On refuse de les évacuer et on comprend qu’il faut tenir ici malgré la pénurie de personnel.
1er juin
Plus de servants.
Les chefs de pièce servent la pièce. Je fais moi-même le tireur. Avons été bombardés toute la journée avec du 210. Quelques-uns en plein dans la batterie, le camouflage prend feu, les poudres, tout ce qui était aux abords des pièces est réduit en cendres et nous sommes obligés de fuir dans les champs.
Nuit du 1er au 2 juin
Quittons la position et sans regret. Cantonnons dans une grande ferme.
3 juin
Cantonnons à Wizernes, environs de Saint Omer. Suis assez mal fiché. Depuis les multiples bombardements par les gaz, j’ai une extinction de voix et le gosier en mauvais état.
4 juin
Arrivée et cantonnement à Coupelle-Vieille.
6 juin
Embarquement à Anvin.
7 juin
Débarquement à Cires-les-Mello. Sommes passés par Amiens et très près des lignes. Avons eu la visite des avions aux environs de cette ville, mais leurs bombes ne nous ont pas atteints.
8 juin
Arrivée et cantonnement à Sacy-le-Petit. Départ à midi pour la position en avant de Ressons-sur-Matz.
9 juin
Vers 11 heures du soir, les Boches nous marmitent effroyablement avec des explosifs et des gaz. Je suis bien mal fiché et dans la nuit je reste un moment sans trouver mon masque.
Avons été obligés de nous éloigner de nos pièces et de nous abriter comme nous avons pu.
Au matin, les Boches attaquent et ils avancent.
A 10 heures du matin, ils commencent à nous déborder et comme les attelages n’arrivent pas, il faut démolir la culasse de nos pièces, n’ayant pas de pétards. Nous sommes restés 3 sous-officiers pour ce travail. Les attelages arrivent enfin et il est temps.
Les balles sifflent un peu partout.
10 juin
Avons cantonné dans une féculerie en avant de St Rémy et toute la nuit les 130 sont passés au-dessus de nous pour aller éclater quelques cent mètres plus loin. Les Boches avançant toujours, avons reculé et campé dans un verger en arrière de St Rémy.
100 pièces sont hors d’usage et ont été envoyées au parc de réparation.
Du 10 au 15 juin
Stationnement. Chaque nuit, visite des avions qui laissent tomber des bombes un peu partout.
16 juin
Suis allé conduire des munitions à la nouvelle position de la 9ème batterie.
Passé par Venette, Margny-les-Compiègne et Coudun.
Jusqu’au 23 juin
Stationnement.
24 juin
Servants et chefs de pièce ont été préparer une position aux environs de Margny.
28 juin
Départ du campement, arrivée à Erquery environs de Clermont.
29 juin
Départ d’ Erquery, arrivée à Villers St Sépulcre à 13 Km de Beauvais.
Jusqu’au 9 juillet
Stationnement.
10 juillet
Départ en permission.
28 juillet
Rentrée de permission.
Arrivée à Rethondes, forêt de Compiègne.
29 juillet
Arrivée à la position sud-ouest de Soissons. Nos troupes ont avancé de 8 km environ.
Ai traversé Laversine, Cutry. Tout est bouleversé et semble sortir d’un tremblement de terre. Les morts un peu partout pourrissent au soleil et l’atmosphère est empoisonnée. La position est dans un ravin terriblement marmité. Heureusement, une grotte nous protège la nuit.
Beaucoup de gaz. Les Boches enterraient de leurs morts dans la grotte. Sommes très nombreux dans cette grotte G.B.D.
Etat-major.
31 juillet
Avons quitté la position à la nuit, accompagnés des obus boches.
Le plateau couvert de morts dégage une odeur épouvantable. Quelques-uns sont en travers des pistes réduits en bouillie par les ravitaillements.
La nuit du 30 au 31 juillet, avons subi un terrible bombardement par les gaz.
Le 31 au matin
Il nous reste 11 servants valides. Tous les autres ont les yeux brûlés et ont dû être évacués.
1er août
Quittons l’échelon pour aller camper aux environs de la gare de Vaumoise.
2 août
Embarquement à Vaumoise.
3 août
Débarquement à Conty, région d’Amiens.
Cantonnons à Famechon.
5 août
Départ de Famechon, 9h soir.
Arrivée dans une forêt par une pluie diluvienne. Campement.
7 août
Au soir, départ pour la position sud-est d’Amiens.
8 août
4h20 matin. Commençons la préparation qui dure très peu. Tirons 600 coups.
Avance rapide. Beaucoup de prisonniers et matériel.
4h du soir, avançons de 6000 mètres en lisière d’un bois aux environs de Villers. Le terrain battu par notre artillerie est bouleversé. Très peu de morts par ci par là.
9 août
Avons avancé de 3 km.
10 août
Avons avancé de 5000 mètres.
Plateau d’Hangest-en-Santerre couvert de cadavres. Sortie du village, fossés plein de Marocains entassés et couverts de la poussière des convois.
11 août
Position en avant d’Arvillers, 12 km de Roye.
Cette nuit, visite des avions. A 300 mètres de nous, 3 artilleurs et une vingtaine de chevaux tués par les bombes.
12 août
Avance de 3000 mètres. Position en avant de Guerbigny. Emplacement infecté par les cadavres d’une douzaine de chevaux tués la veille.
13 août
La nuit, visite des avions. Avons de bonnes sapes pour nous abriter.
14 août
Lieutenant en 2è blessé. Quelques autres blessés à côté de nous.
15 août
Journée calme.
16 août
Les Boches nous ont arrosés de 77. Un m’a manqué de bien peu. Avons attaqué de nouveau et avancé.
17 août
Quittons la position pour aller à côté d’Andechy au milieu des tranchées et des réseaux de fils de fer.
18 août
Tirons très peu.
19 août
Changeons de position et allons en lisière d’un bois aux environs de Lignères.
20 août
Nous nous installons.
22 août
Rejoignons l’échelon. Explosion d’un dépôt de munitions boches à côté des étangs de Guerbigny. Quelques hommes et quelques chevaux tués et blessés.
23 août
Départ de l’échelon.
Arrivée et cantonnement à Rouvroy-les-Merles. Traversée de la région de Montdidier. Villages entièrement détruits. Quelques cadavres boches dans ces ruines.
24, 25, 26 août
Stationnement à Rouvroy-les-Merles.
Nuit du 26 au 27
Une bombe d’avion a tué à notre colonne légère 2 hommes, 30 chevaux et beaucoup de blessés. Elle est tombée à 150 mètres de notre campement.
29 août
Départ de Rouvroy, arrivée à Thieux – Bucamps.
Jusqu’au 9 septembre
Stationnement à Bucamps.
10 sept.
Départ de Bucamps pour embarquer à St-Just-en-Chaussée.
11 sept.
Débarquement à Tronville (Meuse). Cantonnement à Érize-la-Brûlée.
Jusqu’au 17 septembre stationnement à Erize-la-Brûlée. Sommes en réserve pour l’attaque du saillant de St Mihiel par les Américains.
18 sept.
Départ d’Erize, arrivée et cantonnement à Contrisson.
20 sept.
Départ de Contrisson (environs de Revigny), arrivée à Possesse.
21 sept.
Départ de Possesse. Campement dans un bois de sapins à 2Km de La-Croix-en-Champagne.
24 sept.
Suis monté à la position convoyer des munitions. Route unique passablement marmitée.
25 sept.
Suis à la position avec les téléphonistes (entre Hurlus et Perthes) pour faire approvisionner les pièces.
Les Boches tirent passablement, explosifs et gaz. Un attelage de chariot de parc est tombé au milieu de la route, asphyxié. J’ai dû faire éloigner tous les chariots afin que tous les chevaux ne subissent pas le même sort.
26 sept.
Attaque à 6h matin.
Tiré du soir à 11h jusqu’au lendemain 3h soir. A cette heure-là, les Boches sont hors de portée de nos pièces. Avons tiré 1300 coups. Un 105 m’a manqué de bien peu. Il est tombé sur mon abri au moment où j’entrais.
27 sept.
Avons avancé de 2000 mètres environ. Temps abominable. La pluie rend les routes impraticables.
29 sept.
Avons avancé de 4 ou 5000 mètres. Sommes en position à gauche de Tahure. Ravitaillement très difficile à cause de la pluie. Les camions dérapent et embouteillent l’unique route. Sommes sans munitions. Attaque ralentie à cause du mauvais temps.
1er octobre
Stationnement. Un 105 tombe à notre gauche et tue 18 chevaux.
2 octobre
Départ de la position. Allons camper à notre 1ère position.
3 octobre
Départ.
Arrivée et cantonnement à Auve dans des baraquements.
4 octobre
Départ d’Auve. Arrivée à Écury-sur-Coole.
Jusqu’au 9 octobre, stationnement.
10 octobre
Départ d’Écury. Arrivée et cantonnement à Auve.
Jusqu’au 13 octobre
Stationnement.
14 octobre
Allons enlever avec nos attelages 3 batteries de 155 et de 120 long aux environs de Vienne-la-Ville et dans la région de Ste Menehould.
17 octobre
Départ d’Auve. Allons camper à gauche de Tahure.
18 octobre
Départ.
Arrivée et campement au sud de Contreuve, entre Machault et Vouziers.
19 octobre
En position près de Vouziers dans une oseraie où il est impossible de se creuser un trou.
Couchons sous la tente.
21 octobre
Les Boches ont attaqué et avancé.
22 octobre
Autre attaque des Boches après un marmitage épouvantable. Ils ont atteint l’Aisne et cette rivière seulement nous sépare. Les Tchéco-slovaques sont en ligne devant nous. Avons tiré 250 coups.
23 octobre
Attaque des Boches à 6h matin, sans résultat.
24 octobre
Autre attaque des Boches après un marmitage de 210.
Jusqu’au 31 octobre
Stationnement. Les Boches tirent toute la nuit avec leurs gros calibres.
1er nov.
Attaque de nos troupes. Départ en permission. Je couche à l’échelon près de la ferme Marzagan. (*)
Nous franchissons l’Aisne et avançons.
(*) : « Ferme Marzagan » (écrit
Mazagan au carnet) doit être une ferme au carrefour Mazagran, grand
carrefour 9km à l’ouest de Vouziers et
~1.5km au nord de la ferme de Constantine (cohérent avec le JMO qui indique au
28 octobre que les échelons bivouaquent à 600m au nord de la ferme de
Constantine). Il n’y a plus de construction et les anciennes cartes EM ne la
mentionnent pas, mais les photos aériennes anciennes (1934…) montrent la
présence d’une ferme.
11 nov.
Les Boches demandent l’armistice.
27 nov.
Je rentre de permission et trouve la batterie cantonnée à La Noue, environs de Sablonnières, 20 km environ de la Ferté-sous-Jouarre. Après un long stationnement. Partons par étapes et par 10 ou 12° au-dessous de zéro en occupation.
Nous nous arrêtons aux environs de Metz. Nous passons là quelques jours et repartons par étapes.
Depuis ma rentrée de permission, je fais fonction de chef.
Je quitte la batterie à St Dizier où je pars en permission libérable.
Février 1919.
Je désire
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