Carnets de guerre de Louis COCHET du 4e d’artillerie lourde, 22e batterie

 

 

 

« Il s’agit du carnet de l’oncle à ma grand-mère, il est mort sans descendance directe et nous avons hérité de différents objets qu’il a fabriqué au front »

Isabelle, mars 2010

 

Merci à Jean-Yves, Patrick et .. pour la recopie

 

 

 

 

 

 

Lemaire Albert    5éme Artillerie  33e Batterie

Citadelle de Verdun  Meuse

 

Robert Vaucher (Vanaker ?) au ravitaillement

Convoi B2 petit Vieret

69ème Division de Réserve

Par bureau central militaire

Paris

 

Julien Vanaker Téléphoniste

Au 254e D’infanterie – C.H.R. par Bureau Central militaire

Paris

 

André Lefèvre

10 Rue de Beau…

Senlis

 

Albert Taré, 267e d’infanterie

Secteur 103 – 23éme compagnie

1ère Section

 

 

 

 

 

 

 

Sommaire

1914

Août : Lorraine, Meuse

Septembre : Meuse, secteur de Reims

Octobre : Marne, Flandres françaises

Novembre : secteur de Dunkerque, Belgique

Décembre : Artois, secteur nord d’Arras

1915

Janvier : Artois, secteur nord d’Arras

Février : Artois, secteur nord d’Arras

Mars : Artois, puis retour au parc d’artillerie de Charenton, Vincennes

Avril : Charenton, Vincennes puis Somme (est d’Amiens), Flandres

Mai : Flandres françaises, Artois

Juin : secteur d’Arras

Juillet à octobre : secteur d’Arras

 

Liste de noms de soldats indiqués sur le carnet

 

 

 

 

Août

2 Août

Départ de Senlis à 6h28, arrive à Paris à 11 heures en compagnie de Charpentier qui se rendait au 1er Génie, à 12 heures nous prenons le train pour Versailles, là dans cette ville nous nous quittâmes.

Je rentre au 4éme d’artillerie habillé de suite par le maître fourrier Gadot.

Du 2 au 3 août on prend la garde, on va à l’arsenal pour parer des obus pour le départ.

3 Août

Départ en tracteur 5h du soir du camp de Satory Versailles, bois de Boulogne, Pantin embarquement depuis 1 heure du matin jusque heures départ 6h45.

4 Août

Direction de Troyes, Arcis-sur-Aube, bien reçus par les femmes de Maison Rouge, Bar-le-Duc, Saint-Mihiel.

Arrivée à 4h30.

5

Débarquons pour Génicourt à 9 heures, cantonne jusqu’au 20.

21 Août

Départ de Génicourt à 5h30, on passe Maheules (Manheulles), Etain, Haudaincourt, 4 heures du soir nous cantonnons.

22 – 23 Août

Réveil 4 heures du matin, on passe par Spincourt, Longuyon mise en batterie pour la première fois à Beuveilles nous ouvrons le feu sur l’ennemi à 6 km, on se replie sur Longuyon, soupe à 11h du soir, on couche sur la route.

4 heures en route pour Coulantine où on met en batterie vers 5 heures du soir, fausse alerte, on signale des Hulans qui chargent sur nous, la panique se met …. ? nous on se met hors de batterie et on part en vitesse, nous couchons dans les voitures sur des tonneaux à essence avec Grisourt.

23

En batterie 5 heures du matin prés de Pilon, violent combat.

Les Boches incendient les villages environnant hors de batterie, à 4 heure on prend la direction de Mangiennes, on fait demi-tour et on couche dans un fossé sur la route.

24

On met en batterie prés de Mangiennes, forcer de reculer hors de batterie.

25

En batterie dans une prairie à 8h10, feu violent on nous fait mettre hors de batterie, on prend la direction de Azannes. Cantonnons à Noiré.

26

Départ à 6 heure direction Damvillers, Consenvoye, faisant demi-tour à cause des encombrements on repasse par Gercourt, Montfaucon.

27

On couche sur la route, pluie.

28

Cantonnons à Nantillois dans une maison en ruines, départ à 4 heures, traversons Cierges, Romagnes (Romagne-sous-Montfaucon).

29

Banteville (Bantheville), nous couchons sous les pièces prêtes à tirer dans la direction de la Meuse, nous recevons quelques obus, nous mettons hors batterie à 4h du soir, nous repartons sur Romagne.

30

Départ à 6 heures, positions prés de Cunel, la batterie tire beaucoup, on couche sur la position.

31

Même position que la veille, très bon résultat de tir.

1er Septembre

Réveil 4h45 la batterie continue le tir. Dans le courant de l’après-midi hors de portée on passe par Eclisse Fontaine (Eclisfontaine) Varennes (Varennes-en-Argonne), Aubréville, repos.

2 Sept.

Réveil à 4 h. Nous restons sur la route et on couche sous les voitures et fossés.

3 Sept.

Réveil 3h1/2 du matin, attendons départ. 9h1/2 passons à Auzéville, Francourt, Jubécourt, Ippécourt, arrivons à 4h, couchons dans une grange.

4 Sept.

Réveil à 4h, quittons Ippécourt passons par Fleury sur Aire, Nubécourt, Beuze, couchons dans une grange.

5 Sept.

Réveil 3h, passons par plusieurs villes, Hérizée-la-Grande, Hérizée-la-Petite, Seigneules, Hargeville couchons sur la route.

6 Sept.

Réveil 11h du soir.

Passons Chaumont-sur-Aire, pays abandonné, la batterie tire beaucoup, on couche sur position.

Réville 10h30 du soir, nous marchons toute la nuit.

et vers 3 heures arrive à Hérizée-la-Grande.

 

7 Sept.

Arrivée position derrière le village abandonné, une remorque renversée barre la route à la colonne, on tire beaucoup, on dort dans une grange.

8

Réveil 3h du matin, je fais la cuisine avec barbe et je rencontre Thuret.

9

Réveil 5heures. Je part aux pièces on tire beaucoup, on couche sur position. Dans canonnade intense.

10

A minuit nous fûmes réveillés par l’eau et les balles qui nous arrivaient ; nous mettons hors de batterie, il fallait les pièces à la corde prés à partir, le village de Courcelles, passons par Hérizée-la-Brûlée, Basme, Longueville, Trouville, on couche dans une grange.

11

Restons à Trouville jusqu’à 4h du soir.

Départ 5 heures , pluie battante, passons à Bar-le-Duc., arrivons à Fains à 11 heures, nous couchons avec Boucher sur le béton d’une remise.

12

Réveille à 5, restons sur la route jusque 11 heures, passons à Bar-le-Duc, Naives-sur-Bar , arrivons à Vavrincourt, nous couchons dans une grange.

13

Réveil à 4h1/2, passons à Hargeville, Charbogne on fait la soupe sur la route et on part à 2h1/2  , revenons à Venise Bar-le-Duc, Hérizée , St Dizier où nous couchons dans une grange.

14

Réveil à 5h, pluie constante, aéroplane descendu à 300 mètres de nous par le 25 art.  …( ?) enterré sur place.

Départ à 10 heures à Rumont, Hérizé-la-Brûlée, Hérizée-la-Grande, quelques maisons incendiées à Issancourt, beaucoup de cadavres sur le plateau Français et Allemands, Rignaucourt.

On couche à  Mombrécourt , 1h réveil on va avec notre chef de pièce et un lieutenant faire une reconnaissance, on voit des 100 de cadavres de chevaux, on rapporte pelles, pioches et haches.

Départ 8h passons par Eppes, Souilly, Lemmes, Regret, Verdun, nous contournons Faubourg Pavé.

16

Réveil à 4h30, attendons jusque 10 heures, nous partons par pièces à Bezonvaux où nous nous mettons en batterie.

Dans une pairie nous couchons sur position.

17

Nous ne pouvons dormir par la pluie et le froid, on commence le tir à 7 heures , au premier coup de canon, éclatement prématuré tuant 5 chevaux , blessant 2 hommes.

8 heures nous recevons une douzaine de pruneaux tuant un fantassin qui nous regardait, obligé de se sauver à droite,  reste de la journée assez calme, nous mettons hors de batterie et on se porte un peu plus loin par une pluie battante nous couchons sur la position de batterie.

18

Réveil 5 h.

Tirons une cinquantaine d’obus et couchons comme la veille.

19

Réveil 5h nous allons dans les ordres toute la journée, nous mettons hors de batterie à 6h30, nous couchons dans une ferme abandonnée par un Boche, à 10 heures du soir.

20

 Réveil 4h30 , passons à Verdun, on fait la soupe sur la route sous une pluie battante, départ par Blercourt, Dombasle-en-Argonne, Récicourt, Parois, Fraincourt (Vraincourt), Clermont-en-Argonne, pays incendié par les boches, Les Islettes, Forêt de l’Argonne. La Grange aux bois, Ste Menehould, Dommartin, La Planchette où nous couchons.

21

Réveil à 5h

passons à Grave incendié, à Tilloy, L’Epine, Châlons-sur-Marne, La Veuve , on fait la soupe. Départ à 1 heure Bouzy, Cambis, Lervins (?) , La Neuville, Reims, faubourg de Reims arrivons à 2h du matin, nous couchons sur la route , la cathédrale brûle.

22

Réveil à 5h du matin nous mettons en batterie sans tirer nous couchons dans une ferme de Thillois.

23

Départ à 5 passons par Champigny, St Brice, mettons en batterie sur le bord de la route nous tirons environ 20 obus couchons dans un moulin

24

Réveil à 4 heures mettons hors de batterie repassons à Champigny, Merfy où on met en batterie dans la plaine notre pièce est de repos on couche dans une grange réveil à 11 h du soir.

25

Départ à minuit Champigny-Reims Eglise Ste Clotilde, Cormontreuil où nous mettons en batterie à côté du canal on tire beaucoup de la journée. La Bataille est chaude mais avons un homme de tire et quelques blessés, les obus tombent dans le village démoli plusieurs maisons on couche dans ce village.

26

Réveil 4 ½ Grande fusillade nos pièces est le 75 tonnes. L’échelon du 33e est endommagé plusieurs chevaux sont tués les obus tombent autour de nous on reste abrité le soir on va coucher toujours à Cormontreuil je suis de garde les balles viennent jusqu’ à nous

27

Réveil à 2h30 Mettons hors de B, car la position devient intenable nous revenons nous mettre à 2 K de Reims à Murigny à Côté Ferme petite ferme isolé les personnes sont très aimables.

Je couche dans une étable avec BAUBE, Gruvaux.

28

Réveil 3 heures notre pièce est de repos à l’échelon faubourg Masa (?)

Nous couchons dans une ancienne maison des Jésuites dans des petites chambres la nuit nous fûmes réveillés par des obus qui tombaient pas loin de là  Je me suis sauvé et j’ai couché dans un tracteur

29

Réveil 5 heures on retourne au pièce comme le jour précédent le tir est lent on peut s’approvisionner à Reims malgré que la ville soit bombardée les habitants persistent à rester.

BAUBE fait le ravitaillement.

30

Réveil à 3 h. on tire très peu journée très calme

 

1er Octobre

Réveil à 5 ½ nous allons l’échelonné faire le nettoyage le soir on couche dans l’étable.

2

Nous ne tirons pas de la journée même cantonnement.

3

Nous tirons que l’après midi beau temps

4

Réveil à 5

Prenons repos à l’échelon

Nous tirons quelques gros calibres notre capitaine est malade est évacué

6

Réveil à 6 h.

Brouillard froid on tire très peu Reims est bombardé toujours même cantonnement

7

Réveil à 6h. nous tirons sur l’état major allemand qui se trouve à 7 Km .

Journée calme Beau Temps

8

Réveil 5 ½ nous tirons quelques obus l’ennemi nous répond les obus tombent loin derrière nous, même cantonnement

9

Réveil 5 ½ mettons hors de batterie à 5 du soir et nous venons nous mettre sur la route prêt à partir nous couchons dans une grange à la maison blanche

10

Réveil à 1h du matin nous passons à Jonchery, Montigny–sur-Vesles.

Café sur la route à 7 heures arrive à Bouvancout où nous faisons la soupe, on nous donne l’ordre de nous reposer car il faut mettre en batterie la nuit à 6h.

Départ nous entrons dans un bois nous ceinturons sans lumière car l’ennemi pourrait nous voir des crêtes qu’il occupe notre travail terminé vers minuit nous trouvons des cabanes que les artilleurs du 95e avaient abandonner.

11

Réveil 6h.

Nous creusons des tranchées pour nous mettre à l’abri on entoure les pierres avec de la terre et des gazons pour faire un pare éclats le soir je couche dans une petite cabane avec BAUBE et Gricourt.

12

Réveil à 5 ½ h

Nous préparons nos pièces près à tirer le feu ouvre à 11 heures.

400 coups dans la journée un éclatement prématuré se produit nous avons 5 blessés dont un grièvement nous couchons comme la veille

13

Réveil 5 ½ h

On tire à 6h. les obus tombent sur la 4e batterie qui se trouve à notre gauche après avoir tirer 80 obus par pièces soupe et on se couche dans notre cabane

14

Réveil 5 h

Nous commençons la journée comme la veille.

15

Réveil 5 30 h

on commence à tirer à 7h. 300 obus dans la journée. Je suis de garde il pleut la nuit se passe sans incident

16

Réveil à 6 heures nous ne tirons pas de la journée hors de batterie à 3 1/2.

De l’après midi passons à Bouvaincourt nous mangeons la soupe à 6 heures sur la route notre chauffeur en faisant son plein l’essence prend feu est se brûle la main le terrain étant très humide nous occasionnent plusieurs petits accidents dan la nuit car on ne pouvait allumer les phares.

17

Nous n’avons pas dormi de la nuit nous passons à Ventelet Montigny-sur-Vesles, Jonchery, Fismes on fait le café sur la route Chiéry-Fère-en-Tardenois, Coincy, Rocourt nous faisons la soupe midi ½ départ ½ Breny, Vichel, Nanteuil, Chouy, Dampleux, Villers-Cotteret

6 heures du soir dans la forêt notre tracteur fait une embardée et la remorque est le canon renverse à 7 ½  reprenons la route arrivé à Lugny où nous cantonnons dans un grenier trop fatigué on ne pense pas à manger.

18

Réveil à 4 heures

Passons à Vezle, Rocquigy (incendiée), Gilocourt, Orrouy, Bethisy, Saint-Pierre, Bethisy, Saint-Martin, Saintines, Verberrie, Pont-Sainte-Maxence, Moru, Sacy-le -Grand, Breuil-le-Sec, Pont-de-Pierre

Arrêt

Soupe 1 heure

Clermont,St-Just, Vauvigny où nous couchons.

19

Réveil 5 heures

Départ pour Breteuil, Esquennoy, Bonneuil (Somme) Flers-sur-Noye, Essertaux, Hébecourt ,St Sauflieu, Dury, Amiens. Conté où nous cantonnons dans une école ou le théâtre est encore installé.

20

Réveil à 6 heures.

Nous restons sur la route

Darnes, on touche un tricot par homme même cantonnement

21

Réveil à 6 heures, départ à 2 heures de l’après midi couchons dans une brasserie à Doullens.

22

Réveil à 4h ½  départ 5 heures passons à Boucquemaisons Haute-Visée (Pas-de-Calais) Frévent. Herlin-le-Sec, Enguin-les-Mines, Thérouanne, Heuringhem, Blendecques, Esselbec où nous cantonnons 11 heures du soir

23

Réveil 5 heures

Départ 6h30

Passons à Vermouth, Hondschoote, Hondschoote le Cerf Moëres, entrons en Belgique 10 heures du matin à midi nous mettons en batterie à 6 kilomètres de Furnes aux moment où nos ceintures de roues étaient mises nous fumes repérés par un ballon captif les obus ne tardent pas à venir nous avons dû nous replier et rejoindre les autres pièces qui se trouvaient à 2 kil. en arrière.

Nous cantonnons dans une grange.

24

Réveil à 5 heures nous mettons en batterie derrière une ferme aussitôt il faut faire une tranchée abri que je fait avec l’ami Goupil la position n’est pas trop mauvaise.

Le soir de garde fin de nuit

25

Changement de position nous nous postons sur la droite de la route aussitôt installé il nous faut tirer car la position devient critique à 1 heure les troupes belges reculent et nous voilà en première ligne nous tirons jusqu’au dernier malgré tombe près de nous notre pièce reste et la 6e l’ordre arrive.

Il faut reculer car la position devient intenable on recule de 4 kilomètres et nous couchons dans une grange.

26

Nous passons à Furnes nous ne tirons pas

27

Réveil 6 heures départ 7 heures passons à Coudekerque et mettons en batterie dans les dunes à 500 mètres de la plage nous tirons quelques obus et le soir nous couchons dans un grand hôtel de la plage une chambre pour deux j’ai le n°39 je couche avec le chauffeur Prigent.

1e fois dans un lit.

28

Réveil à 6 heures on va à la batterie on tire très peu.

Beau temps le soir même cantonnement.

29

Réveil à 6 heures, je prends la journée pour le repos et je vais voir les bateaux.

30

Réveil 6 heures

Trois pièces sur 6 tirent quelques obus l’ennemi répond un obus tombe à l’entrée de Coudekerque des curieux vont voir le trou un autre arrive est tue une dizaines de personnes.

Le soir même cantonnement

31

Réveil à 6 heures, nous tirons environ 40 obus par pièce, les troupes marocaines Tirailleurs algériens cantonnent près de nous, même cantonnement que la veille.

 

1 novembre.

Réveil à 6 heures.

Nous assistons à la messe dite par notre Lieutenant. On tire 40 obus dans la journée.

Je prends la garde avec Bauler au tracteur.

2

Même tir que la veille.

3

Réveil à 6 heures, on tire quelques obus et à 3 heures, position de route prêt à partir.

Nous couchons pour la dernière fois dans notre hôtel.

4

Réveil à 5 heures, départ à 6 heures.

Passons par Ousdunrerques, Furnes, Mxxxx, Elverding. 11 heures  du matin nous restons sur la route, on couche dans une ferme.

Pluie.

5

Réveil à 5 heures, départ 6 heures.

Nous mettons en batterie à Boesinghe dans une pâture près d’une ferme. Les fusants arrivant près de nous, on creuse une tranchée en vitesse, commencer le tir à 10 heures, les Boches sont à 2 km de nous et tirent sur la ferme qui est devant nous et ....( ?)

Nous couchons là. 2 pièces dans une petite grange où les obus tombent fusant et percutant autour de notre logement, nuit agitée.

6

Réveil à 6 heures.

Nous revenons à notre position tirant 60 obus dans la journée, l’ennemi riposte.  au détonation ( ?) de nos pièces les tuiles de la ferme tombent.

Le soir nous retournons au même cantonnement.

La fusillade nous empêche de dormir.

7

Réveil à 6 heures.

Beau temps, la batterie tire 200 coups, le soir vers 8 heures nous sommes obligés de venir aux pièces car la canonnade et la fusillade fait rage, minuit on va coucher.

8

Réveil à 6 heures.

Nous tirons 30 obus par pièces, temps calme, même cantonnement.

9

Réveil à 6 heures.

Nous tirons comme la veille, les fusants arrivent près de nous, tuent une poule aux pieds de chef de pièce sans lui faire aucun mal

Même cantonnement.

10

Réveil à 6 heures. Même tir que la veille.

11

Réveil à 6 heures.

Tir intense, l’ennemi menace mais nous tenons nos positions, même cantonnement.

12

Réveil à 6 heures. Grand vent et pluie, plusieurs incendies à signaler dans les environs ; nous n’avons presque pas tiré.

13

Réveil à 3 heures.

Départ 5 heures.

Les fusants nous accompagnent car les Boches entendent le bruit du moteur.

Nous passons par Ypres, Saint-Jean où nous rencontrons un grand nombre de troupes françaises qui arrivent aussi pour renforcer la pointe avancée que nous avions jusqu’à Saint-Julien.

Nous mettons en batterie dans une prairie à Huldg qui avait déjà été copieusement arrosé par les Boches car dans ce coin jour et nuit, çà donnait.

Les tracteurs ne pouvant entrer dans la prairie, nous avons tirer les 6 pièces à la corde. Le soir nous couchons dans un grenier.

14

Réveil à 6 heures. Nous faisons notre tranchée interrompue par plusieurs tirs.

Le soir on commençait à recevoir la réponse.

Nuit mouvementée : le tir était dirigé sur le château qui se trouvait à notre droite.

15

Le réveil ne fut pas comme les autres jours car à 2 heures du matin, fusants et percutants arrivaient près de nous.

A 3 heures du matin un obus de 280 est tombé à 5 mètres de notre grenier sans nous faire la moindre égratignure ; par précaution, chaque pièce regagne sa tranchée.

Vers 4 heures, il en est tombé un autre à quelques mètres de notre tranchée, cette fois, j’ai eu un frisson, mais on est vite ressaisi et après on en rigole. Ce tir a duré jusqu’à 6 heures du matin sans nous faire du mal.

Il a fallu mettre hors de batterie et nous nous sommes retirés un peu en arrière, dans une ferme.

Le soir est arrivé dans cette position, nous fûmes accueillis par des plusieurs fusants et percutants, on s’abritait où l’on pouvait.

J’ai couché avec mon ami BAUBE, dans une petite écurie.

17

Nous fûmes réveillés par les fantassins revenant de tranchées.

Nous rejoignîmes nos pièces et on tira sur différents points.

Le soir venu, j’ai couché avec Gricourt dans une petite cabane, derrière une maison.

18

Réveil à 6 heures.  Gelée à glace.

Beau temps, ensuite même tir que la journée précédente, même logement.

19

Réveil à 6 heures. Pas de tir de la journée, même cantonnement.

20

Réveil à 6 heures. Bombardement intense.

Ypres est fortement arrosé.

21

Réveil à 6 heures.

La gelée prend avec force.

Le tir continue, même logement.

22

Réveil à 6 heures.

On prépare notre pièce pour aller changer le tube à Dunkerque, même logement.

23

Réveil à 6 heures, appel à 6h30.

Repos, même cantonnement.

24

Réveil comme le jour précédent.

Le soir de garde.

25

Même journée.

26

La pièce est de retour, on remet en batterie, même logement.

27

Réveil à 6 heures. On ne tire pas de la journée.

Incendie dans Ypres. Même cantonnement.

28

Réveil à 6 heures.

La nuit s’est bien passée. Fusillade intense.

29

Réveil à 6 heures ½.

Même position sans changement.

Même cantonnement.

30

Réveil à 6 heures.

Sans changement.

1er décembre

Réveil à 6 heures ½.

Sans changement.

2 décembre

Réveil à 6heures ½.

L’action se rapproche de nous. On tire plus que de coutume.

3

Réveil à 6 heures ½.

Pluie intense.

Nous avons l’ordre de mettre hors de batterie.

Nous sommes remplacés par le 10e à 120 long à chevaux.

4 décembre

Réveil à 5 heures.

Départ à 7 heures.

Passons à Ypres, Elverding, Lion Belge, Loo, Gronje. Nous cantonnons à Oudeupelle, deux pièces dans un mauvais grenier.

5 décembre

Réveil à 6 heures. Vent froid.

Nous mettons en batterie au même endroit où avait séjourné l’artillerie qui avait du déloger à cause dur repérage. Notre emplacement de batterie avait été marmité.

On a de la boue jusqu’aux chevilles. L’eau tombe toujours.

J’ai fait la découverte d’un petit grenier où je couche avec Gricourt et Jibon.

On tire 20 coups.

Le pays est en ruine ainsi que l’église, le cimetière est labouré par les obus. On voit les ossements.

6

Réveil à 6 heures 30.

Gelée, temps clair.

Pas d’objectif à battre. Les gens de la ferme ne cause pas français mais sont très aimables.

7

Réveil 6 heures 30.

Temps pluvieux.

Les obus tombent autour de nous sans faire aucun dégât. Même cantonnement.

8

Réveil à 6 heures 30.

Les obus tombent.

La batterie ennemie est repérée, nous tirons dessus. Nous mettons hors de batterie à 4heures.

Le soir, nous arrivons à Gronje pour y passer la nuit.

9

Réveil à 5 heures.

Départ à 6 heures.

Passons à Hondschoote, arrivons faubourg d’Hazebrouck à 6 heures du soir.

Nous arrosons notre rentrée en France.

Nous couchons dans un grenier à 10 heures du soir.

10

Réveil à 5 heures.

Départ 7 heures.

Nous changeons nos mousquetons contre des carabines à Hazebrouck avec les Chasseurs à cheval, on fait la soupe.

Départ à midi, passons à Saint-Venant, Busnes (Pas-de-Calais), Lillers, Houdain, Rebreuve, où nous couchons dans une grange à courant d’air.

11

Réveil à 6 heures ½.

Légère gelée. Nous passons sur la route des mines de Lens, Acq, Frévin-Capelle où nous logeons.

Pluie intense.

12

La nuit s’est bien passée.

Nettoyage des pièces, revue d’habillement.

Les officiers sont partis reconnaître la position de batterie.

A 1 heure, nous partons avec pelles, pioches pour  faire des tranchées et des cabanes qui serviront de logement à 4 km du Mont-Saint-Eloi.

Nous revenons coucher à Frévin-Capelle.

13

Réveil à 6 heures ½.

Départ à 7 heures pour continuer nos tranchées de la veille.

Un ordre arrive à 3 heures, nous allons retrouver nos pièces que l’on  active à 7 heures du soir par une pluie battante et nous allons cantonner à Ecoivres à 3 km.

Il est 10 heures quand on se couche.

14

Nous revenons à nos pièces, les tracteurs ne peuvent entré dans la plaine, on tire les 6 pièces à la corde, nous reprenons ensuite la terrasse à 4 heures, nous reprenons le chemin du cantonnement.

Pluie continue, le vin est rare car le pays est encombré de troupe.

15

Réveil 6 heures, on continue le travail mais quand la cabane sera fini, on sera logé comme des Princes..

16

Réveil 6h1/2.

Nous continuons notre travail, le soir on peut y coucher, on vient de toucher 1 botte de paille par homme, ce n’est pas à la nuit, on fait sa provision beaucoup mais il y a des meules tout près, à la nuit on fait sa provision.

17

Réveil à 6h30.

Nous tirons pour la première fois 40 obus par pièce, l’infanterie se trouve à 3km 200 de nous, le soir nous couchons dans notre villa.

18

Le tir recommence 20 obus par pièces sont tirés, je me construit avec l’ami Gibou un sommier métallique avec du grillage pour nous isoler de terre car c’est très humide malgré que l’on fait du feu jour et nuit.

19

Réveil 6, nous tirons 25 obus de la journée.

De 8 heures à 10, nous tirons 20 autres par une pluie torrentielle, on se couche tout mouillé.

20

Réveil 8h

Temps calme nous ne tirons pas, on fait corvée de bois pour la pièce et on fait sécher ses habits.

21

Il n’y a plus d’appel, on peut dormir jusque 8 heures s’il on veut.

La garde est suspendue, nous ne tirons plus.

22

Temps couvert, puis nous ne tirons pas de la journée, tire de 6 à 8 du soir, Gibou est évacué pour fièvre typhoïde.

23

Temps calme, nous ne tirons pas la neige couvre la terre, on fait un match de boules de neige, le temps passe  assez vite.

24

Nous ne tirons pas de la journée.

Je vais avec  Boube au marché, faire des provisions pour le réveillons  dans la soirée nous faisons la répétitions  de  quelques chants, la messe de minuit fut faite par notre lieutenant en plein air, nous étions environ deux cent.

Le canon grondait, les balles sifflait dans le  bois ; c’est un souvenir inoubliable.

25

Journée calme, on souhaite la fête à l’ami Boube, on fait la fête jusque minuit 

26

Nous tirons quelques obus sur un observatoire qui se trouve sur une meule à 4km de nous, on va passer de temps à autre une soirée au bistro dénommé « le pendu » à 800 mètre de notre habitation.

27

Dégel, pluie constante, attaque d’artillerie nous tirons q’une cinquantaine d’obus, l’ennemi arrose le haut du bois pour la pièce.

28

Nous ne tirons pas de la journée, corvée de bois pour la pièce.

29

Même travail que la veille.

30

Journée calme sur le front, nous ne tirons pas, la plus grande partie de l’occupation est d’aller chercher  du bois pour se chauffer.

31

Dernier jour de l’année.

Repos

1er Janvier 1915

Lever à 7 heures, on se souhaite tous d’être bientôt libre, un bon dîner est offert par la batterie, champagne, on est pas trop malheureux ce jour-là.

2

Journée calme, un obus tombe prés de la batterie, nous suivons des colis des petites filles des écoles de Paris que l’on se partage.

3

Nous ne tirons, corvée de bois.

4

Même position. Rien à signaler.

5

Même position.

6

Rien à signaler

 

 

7

Position sans changement.

8

Nous tirons quelques obus sur Ablain-Saint-Nazaire.

9

Même position.

10

Rien à signaler, corvée de bois.

11

Même position, gelée le matin, abondance de pluie l’après-midi.

12

Rien à signaler.

13

Idem

14

On tire une vingtaine d’obus

15

Rien à signaler le matin, à midi départ pour les douches à Acq ( ?) installé dans une école, on peut se laver dans des baquets, nous revenons par Ecoivres à 4 heures. Journée bien employée.

16

Rien à signaler.

17

Même position.

18

Rien à signaler, la neige tombe toute la journée.

19

Même position corvée de bois.

20

Rien à signaler, marche à Aubigny.

21

Rien à signaler.

22

Légère gelée, quelques obus tombent derrière la batterie.

23

Même position, temps froid.

24

Rien à signaler.

25

Même position, rien à signaler.

26

Position sans changement.

27

Après la visite du Commandant, on fait de nouvelles tranchées avec des couches de bois 1 mètre de terre.

28

Même position, gelée.

29

Position sans changement, provision de bois.

30

Même position. Gelée continue.

31

Position sans changement, la neige tombe toute la journée.

février

1er Février

Même position.

2

Même position, brouillard.

3

Idem – temps couvert.

4

Position sans changement, v ers 4 heures du soir, nous recevons deux obus, pas de mal.

5

Même position, beau temps

6

Pas de changement, quelques obus tombent sur Ecoivres où se trouve notre échelon, tue trois hommes, en blesse plusieurs du génie  qui était en train de manger.

7

Les obus tombent encore sur Ecoivres, trois fantassins, notre échelon change, va se placer à Asnières.

8

Rien à signaler.

9

Pas de changement, pluie.

10

Rien à signaler, corvée de bois.

11

Nous tirons de 4 à 5h du soir.

12

Tir de réglage sur observatoire.

13

Nous ne tirons pas, clayonnage des tranchées, mettre des petits rondins aux marches.

14

Pluie continuelle, continuation du travail.

15

Même travail..

16

On refait des abris à projectiles, lavage des obus.

17

Pluie toute la journée.

18

Travaux des petits chemins autour de la batterie en rondain de bois.

19

Temps assez beau pour la saison, même travail que la veille.

20

Pluie, nous partons à Asnières pour nous faire vacciner contre la typhoïde ; nous déjeunons à Aubigny. De retour, le vaccin se fait sentir.

21

Je me lève à 9 heures car la fièvre monte, le côté est endolori.

22

Exempt de service.

23

Journée calme, un servant passe au Conseil de Guerre pour une mauvaise parole, 1 an de prison, changer d’armes, passé dans les Chasseurs à pieds.

24

Neige toute la journée.

25

Même temps que la veille.

26

Temps calme, même position.

27

Revaccination à Asnières, retour en tracteur, je souffre moins que la première fois.

28

Beau temps. Exempté de service.

Mars 1915

1er mars

Je visite les tours de Saint-Eloi qui se trouvent à 2 km de nous.

Elles sont en partie démolies. La petite rue qui se trouve dans le prolongement n’est qu’un monceau de ruines.

Le cimetière est labouré par les obus de tout calibre.

Spectacle impressionnant.

Nous sommes trempés par la pluie et la neige en retournant à notre demeure.

2 mars

Rien à signaler.

Temps calme.

3

Réveil à 6 heures, attaque à 6h1/2 de la part de l’ennemi.

Nous tirons 30 obus explosifs de 9 à 11 heures et de 1 heure à 4 heures.

20 obus répondent dans toutes les directions sans nous toucher.

4

Changement d’effets.

Quelques obus tombent dans le bois au-dessus de notre cabane.

5

Vent très violent.

Nous tirons 25 obus par pièce.

6

De 8 à 9 heures du matin, nous tirons 5 obus par une pluie battante.

Le reste de la journée, on reste abrité.

7

Rien à signaler.

L’ennemi bombarde le bois. Des éclats tombent sur notre cabane ce qui nous fait nous abriter dans nos tranchées.

8

Un ordre arrive qu’il faut mettre hors de batterie.

On ne s’attendait pas à cela.

Cà nous faisait quelque chose de quitter notre cabane où l’on avait passé l’hiver au chaud.

Une batterie de 155 long venait nous remplacer.

Nous laissons un bon feu de bois. A 2 heures, départ pour Asnières où je prends  la garde.

9

Réveil à 5 heures, départ à 7 heures.

Passons par Arminville-Noyelles-Avesnes-Beaumez-Liencourt-Lecourois-Etrevain-Ribreuve-Bouvet. Nous faisons la soupe.

Direction de Paris, départ 1heure1/2.

Somme ? Boirequemaison-Haute Visée-Doullens-Beauval-Polainville-Amiens où dans le bas de la côte, nous avons une panne de moteur.

Les habitants nous appellent pour nous payer le café. Nous avons couché au quartier de cavalerie.

10

Départ à 6heures. Passons à Bertancourt, Termes, Moreuil-la-Neuville, Pierrepont, Montdidier, Rubescourt. Entrons dans l’Oise, Montier, La Neuville-au-Roy.

Midi, repas froid

Départ 1heure ½, Envrain, Blaincourt, Saint Martin, Lombrau, Monceau, Pont-Saint-Maxence.

6 heures, on cantonne.

Je vais voir madame Mention et de là, je vais chez nous, faire une surprise. Je rentre au cantonnement à 3 heures.

Départ à 5 heures.

11

Départ.

Passons par Pleurines, de là, je prends la bicyclette et je retourne chez nous et vais voir les copains à l’atelier. Senlis, Pontorme, La Chapelle-en-Serval, Seine et Oise, Louvres, Vanderlans, Le Bourget (jour de la mi-carême, on nous paie des cigarettes et des gâteaux), Pantin, Vincennes.

Arrivée à 1 heure, repas froid sur la route à coté de l’arsenal, nous rangeons nos tracteurs à Saint-Maur.

Nous venons nous installer à Charenton, dans un grenier, 28 rue des Carrières.

12

Réveil à 6 heures, départ à 7 heures pour le parc.

On installe le matériel et on le nettoie pour le rendre.

13

Réveil à 6 heures.

Revue d’armes à 1 heure. Je prends la garde au parc.

14

Dimanche. De garde jusqu’à 4 heures.

15

Réveil à 6 heures, départ au camp de Saint Maur pour le travail, repos après-midi.

16

Réveil à 5 heures ½, allons à Saint-Maur où on prend les canons.

Traversons le bois de Vincennes. Embarquons nos pièces pour Bourges à Fontenay-sous-Bois.

Retour à midi.

17

Réveil à 6 heures.

Jusqu’à midi, on ne travaille pas.

A midi, on part à la cartoucherie de Vincennes coltiner des obus de 155 que l’on remet en état avant de les charger.

18

Repos toute la journée.

19

Travail à la cartoucherie.

20

Réveil à 6 heures, de garde.

21

Je vais en permission de 24 heures, belle journée.

22

Réveil à 5 heures. Travail toute la journée à la cartoucherie.

23

Même journée

24

Pluie toute la journée.

Repos.

25

Réveil à 5 heures ½.

Au travail.

26

Même chose que la veille

27

Sans changement, la vie à Charenton ne nous déplait pas.

28

Dimanche, de garde.

29

De garde jusqu’à 4 heures.

30

Réveil à 5 heures.

Travail à l’arsenal.

31

Réveil à 5 heures ½.

La neige tombe dans la matinée.

Au travail toute la journée.

Avril 1915

1er avril

Réveil à 5 heures ½, le même travail que les journées précédentes.

2

Réveil à 5 heures ½.

Sans changement.

3

Réveil à 5 heures ½.

Travail à l’arsenal.

4

Dimanche, jour de Pâques, de garde.

5

De garde jusqu’à 5 heures.

6

Réveil à 5 heures ½.

Travail à la cartoucherie.

7

Même travail que la veille.

8

Réveil à 5 heures ½.

Travail à la cartoucherie.

9

Réveil à 5 heures ½.

Même que la veille.

10

Réveil à 5 heures ½.

Pluie.

Le travail ne change pas.

 11

Dimanche.

Repos toute la journée.

12

Réveil à 5 heures ½.

Travail le matin, distribution de  galons goupil et gourde. Passe le brigadier, on arrose les galons.

13

Réveil à 5 heures ½.

Travail à l’arsenal.

14

Réveil à 5 heures ½.

Travail au parc.

Nous avons touché un tracteur-canon et tout le matériel neuf.

15

Réveil à 5 heures ½.

Travail au parc.

16

Réveil à 5 heures ½.

Revue en tenue de départ.

17

Réveil à 5 heures ½.

Corvée d’obus à Vincennes.

18

Réveil à 5 heures ½.

On se prépare pour le départ à 11 heures 30.

Départ de Charenton, passons à Pantin, Le Bourget – Louvres, La Chapelle en Serval, Chantilly, Creil où nous couchons dans un hangar en compagnie de gros rats.

19

Réveil à 5 heures.

Départ à 7 heures.

Passons à Argneville Rantigny, Clermont, Saint Just.

Repas froid sur la route Crévecoeur, Le Monches, Mondidier, Pierrepont, Moreuil, Domart sur la Lice.

Nous cantonnons dans un petit village.

On commence à entendre la canonnade que nous n’avons pas entendue depuis plus d’un mois.

On couche dans une grange.

20

Réveil à 6 heures.

Nettoyage du matériel. Les Taubes volent au dessus du village.

Repos.

21

Réveil à 5 heures.

Départ en tracteur dans la direction de Rozures.

Faisons les emplacements des pièces, on creuse des tranchées.

22

Réveil à 5 heures ½.

Départ à 6 heures ½.

Passons à Villers-Bretonneux, Warfusée où nous formons le parc sur la place du village.

Soupe à 10 heures.

A midi, départ en tracteur, nous allons abattre des peupliers à 10 km pour la construction de nos tranchées et abris.

Retour à Warfusée où nous couchons dans une grange.

23

Réveil à 5 heures.

Départ à 6 heures ½ où nous allons reprendre notre travail de bûcheron à Agneaucourt.

Retour au cantonnement à 6 heures.

24

Même travail que la veille.

25

Réveil à 5 heures.

Rien de changer.

26

Réveil à 5 heures.

Départ à 6 heures, nous continuons de fendre notre bois et charger les voitures qui les transporte jusqu’à la position des batteries.

Le soir, transport jusqu’à Vauvillers jusqu’à 11 heures.

De garde.

27

Un ordre arrive à 3 heures du matin annonçant notre départ pour un autre endroit.

Départ à 8 heures.

Passons à Villers-Bretonneux, Longeau, Amiens, Villers Bocage.

Soupe sur la route Doullens, Boucquemaison, Frévent, Saint-Pol, Monchy, Carjeux, Anoin où nous cantonnons dans une grange.

28

Réveil à 5 heures ½, départ à 6 heures ½.

Passons par Truges, Fouquemberges, Crépys, Wizème, Saint-Omer, Saint Momelin (Nord), Lederzellz.

Repas sur la route Esquilbecq, Wormouth, Herzelle, Bambecque, Ost-Capelle où nous cantonnons dans une ferme.

Un bombardement se fait  entendre dans la direction d’Ypres.

29

Réveil à 4 heures.

Départ à 5 heures ½.

Là nous rencontrons 120 prisonniers Boches.

Mettons en batterie à Western à 4. Réglage de tir, bonnes positions.

Bon cantonnement.

30

Réveil à 5 heures ½.

Nous continuons nos tranchées.

On tire 50 obus par pièces.

La canonnade continue pour reprendre le terrain perdu la veille.

Même logement.

Mai 1915

1er mai

Grande chaleur.

Nous tirons 20 obus par pièces.

Un éclatement prématuré tue un caporal du 290ème territorial qui se trouvait seul dans une maison.

2

Réveil à 5 heures ½.

Nous tirons toute la journée.

Duel d’artillerie très bref.

3

Réveil à 5 heures ½.

Tirons 30 obus par pièces. La 1ère batterie qui se trouve sur notre droite a une pièce qui éclate, personne de blessé.

Couchons comme la veille.

4

Réveil à 5 heures ½.

Tirons 40 obus l’après midi.

A 7 heures, hors de batterie, nous mettons près à partir sur la route.

Je suis de garde.

5

Réveil à 4 heures, départ à 4 heures ½. Passons à Roosbruge, Frace, Nord, Bombecque, Werzellz, Wormouth, Esquilbecq, Lederzelle (Pas de Calais), Saint Momelin, Saint Omer, Wizernes, Fruges où nous couchons dans un cinéma.

6 mai

Réveil à 5 heures.

Départ à 8 heures.

Passons à Crépy, Anvin, Warans, Maizures, Bavaincourt, nous faisons la soupe à 4 heures du soir.

Départ à 8 heures le soir.

Notre position se trouve à 1,8 km de l’ennemi.

La journée, on pourrait nous repérer.

Passons à Bayeux, Le Mont, Basseu-le-Val.

Mettons en batterie à 1 km du village.

Les balles sifflent autour de nous.

Le travail terminé à 2 heures du matin.

7

Le matin, disposition de combat.

Nous coupons des arbres pour couvrir nos tranchées qui avaient été faites par des territoriaux.

C’est la 1ère fois que cela arrive.

Le soir, on couche à Basseu.

8

Réveil à 6 heures.

On fait des abris à projectiles.

Nous tirons 50 obus.

Canonnades intenses dans la direction de Saint-Eloi, Arras.

9

Réveil à 3 heures ½.

Commençons à tirer à 6 heures 40 obus.

L’ennemi envoie quelques obus qui blessent légèrement 2 hommes du 53ème (*) qui se trouve derrière nous.

Cantonnement comme la veille.

(*) il s’agit du 53e régiment d’artillerie

10 mai

Réveil à 5h30.

Nous ne tirons pas de la journée, le soir 2ème et 3ème pièces de garde.

Nous couchons dans une cabane sous terre que le 53ème a bien voulu nous céder.

Tir de nuit.

11

Nous ne tirons que 20 obus, la 5ème pièce démolit le clocher de Wailly qui servait d’observatoire à l’ennemi.

Cantonnement à Bassens.

12

Dans la nuit, une forte canonnade s’est produite devant nous.

Notre pièce ne tire pas. Cantonnons comme la veille.

13

Réveil à 5h30. On ne tire pas.

Pluie toute la journée.

14

Réveil à 6 heures. Même que la veille.

De garde.

Couché au 53ème d’artillerie.

15

Réveil à 5 heures. On tire quelques obus sur les tranchées.

Les brigadiers Charlons et Goyons passent Maréchal des Logis.

16

Réveil à 6 heures. Pluie toute la journée.

On ne tire pas.

17

Pluie continuelle. Rien à signaler de la journée.

On ne tire pas.

18

Réveil à 5 heures. On ne tire pas.

Le soir de garde.

19

Réveil à 5 heures. Rien à signaler.

Pluie toute la journée.

20

Réveil à 5 heures. Nous ne tirons pas.

L’ennemi envoie 4 obus dans notre direction, il en tombe un contre la 6ème pièce, blesse un canonnier, Pelot qui est évacué.

21

Réveil à 6 heures. Temps brumeux.

Quelques obus tombent autour de la batterie sans faire aucun mal.

22

Réveil à 6 heures. Beau temps.

On ne tire pas.

23

Même journée

24

Réveil à 6 heures. Même que la veille.

25

Réveil 6 heures. Même que la veille.

26

Réveil à 6 heures. De garde.

Même journée.

27

Réveil à 6 heures. Rien.

28

Réveil à 6 heures. Démonté la tranchée.

29

Hors de batterie. On vient mettre en batterie à Blainville.

Couché à Blainville, 12 heures du soir. 

30

Réveil à 5 heures. On creuse des tranchées abris et on tire 40 coups par pièce.

Même cantonnement.

31

Même position.

Nous tirons quelques obus. Bonne position.

Le soir, on couche dans nos cabanes que nous avons faites.

Juin 1915

1 juin

Même que la veille.

2 juin

Nous tirons 4 obus dans la journée.

Le reste, rien.

3 juin

Rien à signaler.

4 juin

Nous ne tirons presque pas : une douzaine d’obus dans la journée.

5 juin

Nous tirons quelques obus et aussitôt l’ennemi répond bien dans notre direction à 25 mètres de nos pièces, pas d’accident.

6 juin

Rien à signaler

7 juin

Temps superbe. Rien.

8 juin

Nous tirons une dizaine d’obus. L’ennemi répond.

Deux cavaliers qui passaient sur la route d’Arras furent blessés et les deux chevaux tués.

9

Canonnade vive sur Arras.

10 juin

Nous tirons 4 obus.

De garde.

11 juin

Rien.

12 juin

Rien d’anormal de la journée.

13 juin

Rien de la journée.

14 juin

Journée très vive sur Arras.

Nous tirons 25 obus. L’ennemi ne répond pas.

Revue d’armes.

15 juin

Nous ne tirons pas. Rien à signaler.

16 juin

Réveil à 4 heures.

Nous tirons 62 obus de midi à 4 heures. Pas une seule réponse, miracle pour une fois.

17 juin

Nous ne tirons pas de la journée.

La nuit de garde aux Lireurs

18 juin

Rien à signaler

19 juin

Même situation

20 juin

Rien

21 juin

Rien.

22 juin

On tire quelques obus.

Rien à signaler.

23 juin

Rien fait. De garde aux Lireurs.

24 juin

On fait le cantonnement.

On gratte la boue sur la route.

25

Même que la veille.

26

Arras est bombardé avec des obus de gros calibre.

27

Rien. Mauvais temps.

28

On tire quelques obus. De garde.

29 juin

On fait le cantonnier sur la route derrière nous.

30

Rien.

Même travail que la veille.

Juillet 1915

1er juillet

Rien à signaler.

2 juillet

On tire un coup de canon dans notre journée.

Dans la nuit, vive bombardement sur Arras.

De la matinée, 13 obus autour de la batterie.

3 juillet

Notre pièce ne tire pas.

Rien à signaler.

4 juillet

Rien de la journée.

Les boches nous arrosent de 24 pruneaux de 150.

5 juillet

Rien à signaler. De garde.

6 juillet

Rien de la journée.

7 juillet

On creuse des abris sous terre. On tire quelques obus.

Rien à signaler.

8 juillet

Même travail que la veille.

9 juillet

On tire quelques obus et on continue le travail.

10 juillet

Même que la veille.

11 juillet

Une corvée pour faire des abris pour une batterie qui vient devant nous.

Je suis de la partie.

12 juillet

On continue notre abri.

13 juillet

Même que la veille.

14 juillet

On va à la corvée de tranchée.

15 juillet

Corvée de bois.

16 juillet

On continue les travaux.

17 juillet

Même que la veille.

18 juillet

Même que la veille. De garde aux Lireurs.

19

Repos toute la journée.

20

On continue les travaux.

Le soir avec l’ami Simon, on fait la fête, on boit le pinard.

21 juillet

Réparation de la tranchée des officiers, après repos.

22 juillet

Rien à signaler.

23 juillet

Rien à signaler. De garde à l’observatoire de Dainville.

24

Rien de la journée.

25, 26, 27, 28

Rien. Même que la veille.

29

De garde à l’observatoire.

30 juillet

Rien.

31 juillet

Rien de la journée.

1er août

Rien de la journée.

2 août

On creuse des tranchées à Hermeville

3 août

Même que la veille.

4 août

On tire 4 coups.

De garde à Dainville.

5 août

Rien.

6 août

Rien.

7, 8, 9, 10

Rien.

De garde à l’observatoire.

11 août, 12, 13

On creuse des tranchées et cabanes à Berneville.

14 août

Rien de la journée.

15 août

Repos.

16 août

On continue nos cabanes. De garde à l’observatoire de Dainville.

18 août

On finit de couvrir nos cabanes et on met en batterie.

La nuit à Berneville.

19 août

On abrite nos pièces et on gazonne nos tranchées.

20 août

Construction d’un garage et chapelle

21 août

Même travail que la veille.

22 août

Dimanche messe à la batterie. Berneauville de service à la pièce.

23 août

Jour de repos pour la pièce.

24 août

Repos jusqu’à 6 heures du soir pour la pièce.

Garde de nuit.

Je vais faire une observation entre première et deuxième. (ligne)

25 août

La pièce est de garde jusqu’à 6 heures du soir.

26 août

Réglage de tir sur le moulin de Ficheux, 4 obus.

27 août

Dans la nuit on prépare une position de batterie à Anzin-Saint-Aubin.

28 août

Même que la veille.

29 août

On met hors de batterie et on met les pièces à Warlus.

30 août

On fait nos cabanes à Anzin.

31 août

On met en batterie dans cette nouvelle position.

1er septembre

Réglage de tir. On tire 5 obus.

Je construis la cabane des officiers.

2

Je retourne au travail, pas de tir.

3

Rien à signaler. Grande pluie toute la journée.

4

Tir du matin, 5 obus.

5

Rien à signaler.

6

Nous tirons quelques obus sur divers points.

7

Même que la veille.

8

Journée active de la part de l’ennemi.

9

L’ennemi bombarde le 220 qui se trouve dans Anzin-Saint-Aubin.

10

Je vais refaire la cabane des officiers.

On ne tire pas de la journée.

11 septembre

Journée active des deux côtés.

12 septembre

On tire quelques obus.

13 septembre

Même que la veille.

14 septembre

Journée assez calme.

15

Nous tirons 20 obus.

16

Rien à signaler.

17

On tire quelques obus.

18

Rien.

19

On tire 20 obus.

20

Rien.

Une batterie de 370 s’installe à côté de nous.

21

On tire 80 obus dans la nuit.

Une attaque se fait de la part des Boches mais vivement repoussée.

22

Tirs toutes la journée, 15 obus toutes les heures.

23

Tirs toute la journée, 20 obus toute les 2 heures.

24

Même que la veille.

25 septembre

Jour d’attaque de notre part, à 12 heures 25.

Nous tirons 1000 obus dans la batterie. Notre pièce, pour sa part, 180 obus.

Maintenant tirs de nuit par une pluie battante.

26 septembre

Toujours même tir.

Dans la nuit nous tirons des nouveaux obus.

27

Journée calme.

Le soir, vers 7 heures du soir, grande fusillade. Nous tirons une quarantaine d’obus. Cà se termine.

28

Grande activité de part et d’autre.

Les Boches bombardent la place de Mareuil.

29

Journée assez calme. Nous tirons quelques obus sur des batteries ennemies qui bombardent Anzin.

Le 255 qui est derrière nous reçoit plusieurs projectiles de 150 mais personne n’est blessé.

30 septembre

Le 21ème d’artillerie est bombardé, 4 tués et un blessé.

1er octobre

Journée assez calme des deux cotées.

2 octobre

Bombardement de cantonnement ennemi avec des obus de ….

3 octobre

Petite attaque de la part de l’ennemi qui fut vivement repoussée avec des pertes.

4 octobre

Grande pluie. Nous tirons quelques obus. L’ennemi répond et bombarde le pays d’Anzin et Sainte-Catherine, faubourg d’Arras.

5 octobre

Journée calme. Pluie et vent.

6 octobre

Grand bombardement.

7 octobre

Même que la veille.

8 octobre

Nous ne tirons pas.

9 octobre

Même que la veille.

10 octobre

Nous bombardons des boyaux ennemis.

11 octobre

Même que la veille.

 

Noms de soldats indiqués à la dernière page du carnet

GRIVEAUX : maréchal des logis

JOURDE : brigadier

BEAUBE

COCHET

MOURY : cuisinier

MARTINEAUX : cuisinier

DANDONNEAU

JIRARD : pointeur

DUFOUR

BOUTET

ANCELIN

PRIGENT : chauffeur

HADGRESON : chauffeur.

 

Fin du carnet

 

Louis COCHET a vécu jusqu’en 1958, nous ne savons s’il a continué à écrire sur un carnet ou si les carnets suivants ont disparus

 

 

Contacter le dépositaire de ce carnet

 

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