Carnet de campagne de Jean GENSOUS
Cuisinier à la compagnie hors rang du 214ème régiment d’infanterie
en 1914
Publication :
octobre 2008
Mise
à jour : décembre 2023
Jean GENSOUS au 88ème régiment d’infanterie -
1905
Prologue
Raymond B. nous dit en 2008 :
« Voici un
extrait d'un carnet que j'ai retrouvé, celui du grand-père de mon épouse,
originaire du S-O, de la région d'Arcachon. Il comprend malheureusement
surtout, des indications sur l'itinéraire suivi par son régiment. Il y a
cependant des éléments sur les conditions de vie qu'il évoque à travers son
travail de cuisinier. Voyez si cela vous intéresse. Avec mes remerciements pour
le travail que vous effectuez. »
Raymond votre mail ne fonctionne plus, veuillez me contacter. Merci
Introduction
Jean GENSOUS est né en juin 1885 à Pontonx-sur-l'Adour (Landes). A 20 ans, il déclare être pâtissier-cuisinier (donnée importante qui lui permettra de ‘’ passer à côté ‘’ de nombreux combats) et est intégrer au 88ème régiment d’infanterie en 1906. Libéré en 1908 (bonne conduite), il est rappelé en août 1914 au régiment d’infanterie de réserve de Mirande : Le 214ème régiment d’infanterie.
Immédiatement affecté aux cuisines, il fait donc partie de la CHR (compagnie hors-rang) qui ne se trouve pas directement exposé au feu et n’occupera pratiquement jamais les tranchées. La compagnie hors rang comprends 200 à 300 hommes (musiciens, armuriers, cuisiniers, section d’approvisionnement, infirmiers, téléphonistes, secrétaires, bouchers…etc…)
Contacts
avec des internautes depuis la mise en ligne :
Paul M. (2012) :
« Je viens de
consulter ce témoignage du carnet de jean GENSOUS, Toujours bouleversant
et intéressant. Je tiens à vous remercier pour la mise en ligne de ce carnet, qui
confirme les parcours de campagne, en ajoutant une touche personnelle. Je suis
petit fils de poilu : DANCIÉ Paul, mon grand-père fut affecté au 214ème RI,
et revenu par miracle de cette grande guerre. »
Danielle B.F. (2013)
« J'ai trouvé
vos coordonnées sur le site chtimiste à propos d'un témoignage du cuisinier
Jean Gensous à Ippécourt. Je
prépare un article pour un ouvrage collectif d'association, une monographie
villageoise où il sera question des morts de la grande guerre. Entre autre
article : François Jaulmes,
de Congénies dans le Gard, est porté disparu à
Ippécourt en septembre 1914. Je souhaite utiliser le témoignage de Jean Gensous daté du 8 septembre 1914. J'espère
que cela ne posera pas de problème et je vous remercie vivement par avance de
votre accord. J'ai beaucoup appris avec les témoignages qui sont en ligne sur
le site chtimiste et, les uns avec les autres, ils permettent de mieux cerner
ce que l'on recherche. »
Géraldine G. (2014)
« Je suis
bénévole au Muséum d'Histoire Naturelle de Toulouse et je travaille sur un
herbier constitué par Joseph Rey (1887 - 1916) qui a combattu dans le 214è
régiment d'infanterie durant la première guerre mondiale. Je fais des recherches
sur sa biographie et je serais intéressée par le carnet de Jean Gensous, cuisinier de ce même régiment.
Je ne peux pas contacter le propriétaire par le lien. Avez-vous ses coordonnées.
Svp ? »
Gilles R. (2014) (association Courant Alternatif)
« Nous
dépouillons avec une association de Belin-Béliet une correspondance 1914-1918
dont certaines lettres viennent d'un soldat du 214e RI. J'aimerais savoir si
vous nous autorisez à citer des passages du carnet de Jean Gensous qui a vécu les mêmes mauvais
moments que notre soldat de Salles. Nos lettres seront mises sur notre site à
partir d'août 2014. Je mettrai bien sûr un lien vers le chtimiste.
Dans l'attente de
votre réponse, Pour l'association Courant Alternatif »
Julie G. (2018)
« Je fais des
recherches sur mon ancêtre Louis, Edmond, Pascal Catala, décédé le 6 septembre 1914 à Souilly. En faisant des
recherches sur internet sur le régiment de mon aïeul, je suis tombée sur
l'extrait de journal de Jean Gensous,
cuisinier dans le même régiment. Malheureusement, les informations
retranscrites dans le site sont très succinctes et je me demandais si
l'original était plus complet... ou si vous connaissiez d'autres ressources
possibles où peut-être mon ancêtre pourrait être nommé (…).
Julien T (2022)
Monsieur BOSSARD, J'ai
pu prendre connaissance des extraits du carnet de campagne de Jean Gensous sur le site chtimiste.com. Je
vous remercie tout d'abord pour le partage, mon arrière-grand-père ayant été
lui aussi affecté au 214e RI. Ce dernier est décédé en mai 1918, au Chemin des
Dames. Est-il ainsi possible de prendre connaissance de l'intégralité du carnet
? (…)
Remerciements
Merci à Philippe S. pour les
corrections éventuelles et certaines recherches.
Nous avons ajouté du texte en bleu pour la compréhension de certains termes
et pour aller « plus loin » dans l’analyse du récit.
Pour une meilleure lecture, j’ai
volontairement ajouté des chapitres, sinon le reste est exactement conforme à
l’original.
J’ai été mobilisé le 3e jour d’août 1914, suis parti de La Teste (*) le 4 août à 6h et demie du matin et arrivé à Toulouse, caserne Saint-Cigne à 11h du soir après être passé par Langon, Tonneins, Agen et Montauban.
(*) : La Teste-de-Bush (Gironde), son domicile, rue Victor HUGO.
Employé comme cuisinier de toute la compagnie hors rang du 214e.
Parti de Toulouse gare, le 11 août à 2 heures du soir,
passé par Montauban, Cahors, Brives, Limoges, Bourges,
Auxerre, Troyes, Vitry-le-François, Sainte-Menehould, jusqu’à Cuperly. Arrivé le 13 à 14 heures.
Parti de la gare de Cuperly pour
Bussy-le-Château (près de Suippes) et arrivé vers 4h.
Reparti de Bussy le 16 août à midi pour alerte, pour Somme
Bionne 30 km.
Reparti le 17 au matin pour Clermont en Argonne, 38 km,
arrivé vers 6heures du soir.
Reparti le 18 au matin pour Rampont
30 km où nous sommes restés le 18-19-20 août. Reparti le matin du 21 pour
destination inconnue.
Grande halte au bord du canal à l’entrée de Verdun et
arrivé à Grimaucourt (-en-Woêvre) (Meuse) à 4heures
du soir, 40 km.
Reparti pour alerte le 22 août 1914 au soir avec le train régimentaire. (*)
Couché au carrefour d’Eix sous un fourgon, reparti le 23
après-midi pour Amel, 25 km. Terrible bataille de canon.
La nuit, de garde et sentinelle dans un bois.
(*) : Environ 150 chevaux et 60 voitures forment les trains
régimentaires et de combat. Ils forment un « train » hippomobile d’environ 1 Km
de longueur en déplacement.
Train régimentaire : ensemble des moyens d’un régiment destinés
à fournir ce qui est nécessaire aux unités pour subsister. Le train de combat :
ensemble des moyens d’un régiment destinés à fournir ce qui est nécessaire aux
unités pour combattre.
Au matin reparti pour Hamel 20 km.
Premier obus, vision effrayante, retraite précipitée de tout le convoi de la division. (*)
(*) : Le régiment perd 5 tués, 112 blessés et 177 disparus au
combat du Senon le 24 août 1914.
Sur la route de Verdun, couché au-devant du fourgon.
Au plateau de Fleury sous les fourgons.
Reparti pour rejoindre le régiment au bois d’Orne à 4h du
soir. Parti de ce bois avec la pluie (sans manger).
Très mauvaise marche, beaucoup de côtes. Traversé Verdun (malade), arrivé à Dugny. 30 km à 2h du matin.
Reparti de Dugny le 27 à 6h du matin pour les Paroches à 2 km de St Mihiel.
25km, arrivé à 2heures du soir.
Repos le 28, reparti le 29 pour Ancemont
25 km Demi-tour à Villiers 7 km.
Très bien reçus et logés. Bu Pernod et liqueurs pour la première et la dernière fois.
Reparti de Villiers le 30 au matin pour destination
inconnue, grande halte à l’entrée de Verdun.
Reparti pour Dieppe-sous-Douaumont, 40 km, arrivés à 1heure du matin. Fusillade à l’arrivée.
Reparti le 31 août au matin, traversé les forts et les camps retranchés de Verdun. Arrivé et bivouaqué à la ferme de Mormont (*). 20 km.
(*) : 1km au nord de Louvemont.
Reparti le 1e septembre 1914 au matin pour le plateau de Haumont, Samogneux. Grosses
marmites le soir.
Au rassemblement de la division de Verdun, grande
distribution de grosses marmites par 4 à la fois. Bivouaqué sur le plateau du 1
au 2 et reparti le matin vers 4 heures.
Grande halte à Champ et café à l’entrée de Verdun.
Reparti pour les Monthairons 40
km, arrivé vers 2 heures de l’après-midi. Reparti le 3 au matin pour Ambly 7
km.
Repos.
Reparti le 5 pour Neuville-en-Verdunois. Grande cuisson de
lapins.
Au matin, reparti pour Souilly (Meuse) bivouaqué sur le plateau avec le ventre vide et à peine à boire. Nuit bien triste.
Reparti en combattant le matin du 7 pour Ippécourt.
Essai de prise du village vers minuit.
Au matin redescendu pour ravitailler et remonté aussitôt
avec de l’eau et du pain sous les grosses marmites boches.
L’après-midi et le soir, prise du village (Ippécourt)
à l’assaut à travers les balles et marmites.
Traversé le village à 9 heures du soir, à moitié incendié
et en ruines. Passer sur les morts et les blessés, les vaches et les chevaux
crevés.
Rien de plus lugubre et triste. (*)
(*) : Durant les combats d’Ippécourt, du 6 au 11 septembre, le
régiment perd plus de 250 hommes tués, blessé et disparus.
Bivouaqué à mi-chemin de Vadelaincourt
et ravitaillé en vin, tabac et munition.
Reparti occuper le plateau d’Ippécourt.
Couché dans la tranchée.
Touché la distribution de vivres au milieu d’un grand
bombardement dans la nuit, pluie, nuit affreuse.
Au matin, repas moitié cuit au bord de la route, au milieu
de la mitraille. Reformation du régiment à Vadelaincourt.
Eloge du colonel sur la route.
Reparti le 11 à midi, pour Courouvre,
traversé grande forêt et petits postes boches. Chemin impraticable, marche
lente et affreuse.
Arrivé à Coursonne 4 km le 12 à 2h du matin. Touché vivres et lapins à volonté. Fait la popotte toute la journée dans le village, la journée, grand festin de lapins.
Le soir, reparti en petit poste sur le plateau et reparti
pour la distribution dans le village.
Nuit noire, pluie torrentielle et égarés dans le bois. Cuisiné
toute la journée du 13 dans le village de Courouvre. Cuisson
de 12 lapins (bien réconforté)
Le soir reparti pour les petits postes, couché dans un
trou dans la tranchée sous la pluie, mouillé le dessus et dessous sans sac.
Nuit terrible.
Fait le café et la cuisine à la ferme de Brabant.
Départ à 2 heures du soir pour les Monthairons, 30 km. Arrivé à 9h du soir : vannés.
Le matin au réveil pas de café (reproche du lieutenant) et reparti vers 10h le 15 septembre pour Eix – 25km - Arrivé là à 7h du soir.
Reparti le 18 au matin pour Abaucourt.
Confitures de prunes, bien campés, mauvais temps.
Au matin reparti pour la ferme d’ Haraigne et y séjourné le 19 et 20 septembre. Bien campés et très bien nourris.
Reparti le 21 au matin pour destination inconnue et arrivé
au carrefour St Rémy vers 4h du soir.
Temps affreux, pluie d’obus et balles, bivouaqué au carrefour dans gros trou d’une sablière, nuit épouvantable sans veste ni tricot.
Reparti le 22 au matin jusqu’à l’entrée de Ranzières 10 km. Cuisiné toute la journée à l’entrée. Bon vin de la cure ½ s extra.
Parti vers le soir et bivouaqué sous le petit bois et sapins.
Reçu le 2e dépôt.
Reparti le 23 au matin pour Vaux-les-Palameix par le Lizeral après Vaux.
Reparti dans le village pour la cuisine et le café. Grands
bombardements, de grosses marmites.
Reparti avec un sapeur et perdu la section, le sapeur
blessé et enfin vers le soir, retrouvé le poste du colonel. Bivouaqué avec les
cyclistes et le matin du 24 retrouvé la section et reparti pour le bois des
Chevaliers.
Couché le soir au fond du bois à côté des Boches et autour
du colonel et du drapeau.
Le matin en retraite sous la pluie de shrappnels et marmites et balles. Ai bivouaqué à côté du chemin des Hautes Ornières.
Soutenu une grande attaque à l’entrée de la nuit du 25
avec la musique (*) et le matin du 26 contre-attaque.
Cherche distribution à Troyon et de retour à 4h du matin.
(*) : La musique (environ 20 hommes) fait partie aussi de la
CHR, il a donc été au combat pour cette fois. Les musiciens sont généralement employés
aussi comme brancardiers.
Resté dans le bois et soutenu 10 attaques Beaucoup
d’ennuis pour l’eau et la cuisine et le ravitaillement.
Ainsi de suite jusqu’au 2 et contre-attaques jours et
nuits.
Cuisiné au fond du bois comme on pouvait et ravitaillé à 5 ou 6 km en arrière. Dix jours d’endurance, de souffrance, d’énergie et de sang-froid.
Parti le 2 octobre à midi pour Ranzières, prendre du repos
les 2 et 3 et reparti le 4, 5, 6 et 7 pour la ferme de Palameix 5 km.
Repos à Ranzières.
Pour Palameix.
Repos à Ranzières.
À Vaux-les-Palameix (Saint-Mihiel – Meuse).
Violent bombardement de la ferme, environ 30 grosses marmites.
Repos à Ranzières.
En deuxième ligne dans le bois du Lizerail.
En première ligne dans le bois de Vaux.
Repos à Ranzières. Cérémonie religieuse, la 1ère fois
depuis la guerre.
En deuxième ligne.
En première ligne.
Repos à Ranzières.
En 2e ligne.
En 1e ligne.
Repos à Ranzières.
En 2e ligne.
En 1e ligne.
Repos à Ranzières.
En 2° ligne.
En 1° ligne.
Repos à Ranzières.
En 1ère ligne, bois des Chevaliers.
À Ranzières.
En 1ère ligne. Bois d’Apremont.
Repos à Villers-sur-Meuse, mauvais cantonnement.
Bois des Chevaliers en 1ère ligne.
Bien mal campé au début. Bombardé plusieurs fois et froid, neige et pluie.
Jean GENSOUS au 214ème régiment d’infanterie
- 1915
Repos à Villers, mauvaise cuisine, malade 4 jours de
suite.
Reparti le 16 février au matin à 3h. Chemin affreux, nuit noire, beaucoup de boue, 12 km environ, arrivé vanné à 7h au bois des chevaliers et resté du 16/02 au 3/03.
Reparti le matin pour Villers et repos les 5, 6, 7/03.
Reparti le 8 au matin pour les Chevaliers jusqu’au 25 et violente canonnade en arrivant au bois.
Repos à Villers les 26, 27,28 et 29.
Revue le 29 mars, deux soldats ont été décorés de l’ordre
russe. (*)
Reparti pour le bois les 30, 31 mars et 1er avril 1915, 2,
3, 4, 5, 6 et 7/04.
Grand bombardement du poste pendant 2 heures, grandes attaques à La Selouze, très mauvais temps.
8, 9 jusqu’au 18 et 24 avril bombardement, violentes attaques d’artillerie et fusillade boche.
(*) : La remise de décoration russe est mentionnée au JMO
(caporal Guelphes et soldat Delbos)
Deux prisonniers lorrains se sont rendus.
Grande attaque boche.
Bombardement du poste.
Bombardements du poste, départ pour Ambly.
Assez bien logés (bombes pendant 4 jours).
Retour aux Chevaliers
Départ pour Tilly-sur-Meuse et y reste au repos le 2,3 et 4 juin, mal campé, mais vin en quantité et prend café potable depuis.
Au soir départ pour Lacroix-sur-Meuse et y reste et plusieurs fois.
Bombardé du 5 au 25 juin.
Reparti vers le soir pour Troyon et y passe les journées
du 26 au 28. Grande abondance de vin vers le soir et reparti le 28 pour Rouvroy
(-sur-Meuse) par la barque de ravitaillement sur le
canal.
Allé jusqu’à Mezey et revenu à Rouvroy. Arrivé vers 1h du matin et y reste.
Plusieurs fois bombardé du 13 au 14 juillet 1915.
Chant de la Marseillaise. Décoration de M Bailloud, (un officier).
Lendemain arrosage de la croix de guerre et ainsi de suite
le 15 jusqu’au 28 juillet.
29/07 : Mort de ma petite fille. (*)
Resté jusqu’au 12/08.
Parti le 13 à 15h en permission de la gare d’Ancemont
puis Dugny et Verdun, Sainte-Menehould, Bar-le-Duc, Ancy-le-Franc, Tonnerre,
Sens, Orléans, Bordeaux, Gujan Mestras.
Arrivé à La Teste le 16 août à 9h du matin et reparti de
Bordeaux le 21 à 10h30 du soir et passé par Le Creusot, Auxonne, Pontarlier,
Is-sur-Till, Chalindrey, Bar-le-Duc, Ste-Menehould, Verdun
et Ancemont.
Arrivé le 25 à 6h du matin et rejoint le régiment à Rouvroy le 25/08 à 10 h du soir et continué jusqu’au 8 septembre 1915.
Bombardement à côté de notre bicoque.
(*) : Née après son départ à la guerre, il ne l’a jamais connue
avant d’apprendre son décès. Marie Marmande GENSOUS née le 21 novembre 1914 et
décédée le 27 juillet 1915 à 6 mois. A cette date , il
a aussi un fils, Jean Henri, âgé de 5 ans.
Jusqu’au 2 novembre 1915 : messe des morts, beaucoup de
monde.
Jusqu’au 21 novembre 1915 : un obus sur notre bicoque.
Jusqu’au 6 décembre : beaucoup d’eau ; mauvaise
distribution.
Jusqu’au 24 décembre, bon réveillon, duel d’artillerie à
minuit.
Jusqu’au 14 janvier 1916.
Parti à 2h de l’après-midi, arrivé à Woimbey à 4h et
reparti le 16 à 2h du matin, arrivé à Chaumont-sur-Aire à 7h du matin. Très
bien cantonné et bien installé dans une bonne maison. Chez Mr et Mme JossÉ (très bonnes gens). Bien nourris
jusqu’au 8 février 1916.
Le 9/02, partis de Chaumont pour Osches. 18 km avec la neige et le froid et reparti le 10 pour Vadelaincourt, 4 km.
Reparti le 13 pour Montzéville, 15 km et y resté du 13 au
22 février.
Le 23, violent bombardement et 50 morts et blessés. (*)
Reparti le 24 et couché sous la tente. Reparti le 25 pour le bois Bourru avec la neige et arrivé à 7h du soir, 10 km.
Reparti le 28 pour la ferme Claire (*), couché au bord de la
route et reparti le 29 à l’autre extrémité du bois Bourru. Beaucoup de boue et
de neige.
Et resté du 1 au 7 mars.
Bien marmité le 8 avec le 77 (**) et le 9 toute la journée.
Beaucoup de morts et blessés, journée mémorable.
Reparti le soir vers 8h pour le train de combat (****) à
1 km de Germonville. Froid et neige.
Nuit affreuse et triste.
(*) : Le régiment a perdu plus de 100 hommes tués, blessés et
disparus. (JMO)
(**) : Pour info, la ferme Claire est située au nord du bois
Bourru entre Marre et Montzéville au carrefour de la route vers Chattancourt.
Les combats du moulin et la ferme de La Claire feront une trentaine de
victimes. (JMO).
(***) : Canon allemand de 77mm.
(****) : Environ 150 chevaux et 60 voitures forment les
trains régimentaires et de combat. Ils forment un « train » hippomobile
d’environ 1 Km de longueur
Train régimentaire : ensemble des moyens d’un régiment destinés
à fournir ce qui est nécessaire aux unités pour subsister. Le train de combat :
ensemble des moyens d’un régiment destinés à fournir ce qui est nécessaire aux
unités pour combattre.
Le 10–11, reparti le 11 au soir pour Marre, le village en
flammes et reparti à 6h du matin en vitesse pour le bois Bouchot.
Reparti le 14/03 à 10h du matin pour la route de Verdun et
Sainte-Menehould.
Monté en auto et arrivé à Blesme (Marne). Beau temps et reste du 15 au 18/03.
Parti le 20 et embarqué pour Epernay.
Arrivé à 10h du soir et parti à pied pour Damery à 8 km. Reparti à 11h du matin pour Romigny (Marne) 20 km et arrivé à 4h du soir.
Logé chez le maire et y reste du 22/03 au 4/04.
Parti en permission pour Paris – Bordeaux du 5 au 12 avril.
Reparti le 13 au soir et rejoint Romigny et resté du 14 au 20/04/1916
FIN
A-t-il continué à écrire son carnet ? A-t-il été perdu ?
Jean GENSOUS est décédé en 1967 à 82 ans.
Contacter le Chtimiste
pour le carnet de Jean GENSOUS
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