L'Affaire de LAGARDE (Août 1914)

et ses suites ignorées du grand public.

(1)

 

 

 

 

Lorsqu'il entreprit ses recherches sur l'affaire de LAGARDE, le secrétaire de Mairie de la commune ne pouvait avoir eu connaissance d'un certain nombre de documents accessibles depuis peu. Il a donc été conduit à formuler quelques imprécisions. La critique des documents sur lesquels se fonde la recherche historique exigeant de nombreux recoupements et une grande prudence par rapport aux sources, en particulier par rapport “sources officielles“, il est parfois nécessaire d'attendre plus d'informations avant de parvenir à une “bonne certitude“

Monsieur CHANTELOUBE (écrire à Claude CHANTELOUBE), de l'Association VAR 14-18, spécialiste de la Grande Guerre, nous a communiqué un texte qui fait la synthèse des recherches actuelles et des travaux de Monsieur le secrétaire de Mairie de Lagarde.

Il rectifie les approximations dues à la trop grande confiance faite dans la relation allemande de la bataille et complète la connaissance de cet épisode qui a eu des conséquences très importantes pour les soldats du Midi.

 

 


Le 15ème CA entre en Guerre

 

Le Plan XVII prévoit, dans un tableau mis au point par le GQG[1], la concentration des Armées, à partir de l’ordre de mobilisation compté comme jour 1.

La mobilisation, comporte quatre phases successives et distinctes.

Première phase: une fois la mobilisation générale décrétée, l'ordre est transmis instantanément par le pouvoir central à l'armée et aux autorités civiles.

 

 

Des puissances dont la législation constitutionnelle ou militaire ne ressemble pas à la notre, sans avoir pris un décret de mobilisation ont commencé et poursuivent des préparatifs qui équivalent en réalité à la mobilisation même et qui n’en sont que l’exécution anticipée. La France, qui a toujours affirmé ses volontés pacifiques, qui a dans des jours tragiques donné à  l’Europe des conseils de modération et un vivant exemple de sagesse, qui a multiplié ses efforts pour maintenir la paix du monde, s’est elle-même préparée à toutes les éventualités et a pris, dés maintenant, les premières dispositions indispensables à la sauvegarde de son territoire. Mais notre législation ne permet pas de rendre ses préparatifs complets s’il n’intervient pas de décret de mobilisation. Soucieux de sa responsabilité, sentant qu’il manquerait à un devoir sacré s’il laissait les choses en l’état, le Gouvernement vient de prendre le décret qu’impose la situation. La mobilisation n’est pas la guerre. Dans les circonstances présentes, elle apparaît au contraire comme le meilleur moyen d’assurer la paix dans l’honneur. Fort de son désir d’aboutir à une solution pacifique de la crise, le gouvernement, à l’abri de ces précautions nécessaires, continuera ses efforts diplomatiques. Il espère encore réussir. Il compte sur le sang froid de cette noble nation pour qu’elle ne se laisse pas aller à une émotion injustifiée. Il compte sur le patriotisme de tous les Français et sait qu’il n’en est pas un seul qui ne soit prêt à faire son devoir. A cette heure, il n’y a plus de partis, il y a la Patrie du droit et de la justice, toute entière unie dans le calme, la vigilance et la dignité ”

 

 

Les diverses unités actives font le nécessaire pour assurer l'équipement des hommes, approvisionnements, chevaux, matériel, destinés à mettre sur le pied de guerre leurs effectifs de paix. De leur côté, les autorités civiles avertissent les réservistes mobilisables, leur ordonnant de se mettre en route pour rejoindre leurs corps; l'intendance commence les opérations de réquisition des chevaux, des vivres, de matériels divers.


La deuxième phase est l'arrivée et l'équipement des réservistes, qui doivent, compléter les unités actives et constituer les formations de réserve. Quand les corps d'armée sont ainsi prêts, ils sont effectivement "mobilisés".

Commence alors la troisième phase: la concentration, c'est à dire le transport de ces troupes et de leur matériel jusqu'aux zones du front qui leur sont assignées

Quatrième phase, les services de l'intérieur constituent les unités de réserve et territoriales pour alimenter en hommes les unités combattantes à partir des dépôts.

Des troupes de couverture, en principe des régiments basés sur la frontière[2], mais aussi les premiers éléments débarqués des trains, veillent au déroulement des opérations de concentration et contrôlent les zones possibles d'invasion. Elles ne doivent pas se laisser "accrocher". Elles jouent un rôle de fusible.

Dans la région de Lunéville, dés le 27 juillet, des réservistes commencent des travaux de guerre, abattent des arbres pour barrer des routes dans la région de Bauzemont. Le 30, des compagnies venues de Nancy ( peut-être du 26ème RI), aidées par des ouvriers Italiens creusent des tranchées et construisent un fort sur le plateau de la Rochette à six kilomètres de la frontière.

Entre le 30 juillet et le 7 août, quelques incidents ont lieu dans la zone d'opération du 15ème CA, en particulier dans la région d'Arracourt.[3]

L’instruction de base provenant du général commandant la 2ème Armée est la suivante :

 

“  …concentration par divisions successives, une avant-garde d’une brigade et un groupe de la 30ème division en mesure de se porter, sitôt constitués, sur Rozières aux Salins, par Crévechamps. Le reste du CA en mesure de suivre cette avant-garde. ”

 

Le quartier général de la 2ème Armée est prévu à Neufchâteau, celui du 15ème CA sera à Vézelise.

 

Tout est minutieusement organisé. Un document de 20 pages ( pour le 15ème CA) prévoit, jusqu’au 16ème jour après la mobilisation, l’arrivée de la moindre unité, selon un horaire très précis.[4]

Une commission de régulation, aux ordres d’un “ commissaire régulateur ” installé à Is-sur-Tille, veille au respect du plan. Cinq gares sont prévues pour le débarquement : Châtenois, Giroucourt, Mirecourt, Diarville, Vézelise. Les cantonnements de concentration sont parfaitement repérés.

Par exemple, l’EM de la 2ème Armée sera au lycée de filles de Neufchâteau, le 40ème RI de Nîmes débarquera à Vézelise et se rendra à St Remirmont, le 112ème RI de Toulon débarquera à Diarville et cantonnera à Crantenoy, Lemainville et Ormes. Il est en outre prévu que le “ personnel ” d’E.M arrivera le 4ème jour, le Général et son E.M, le 6ème, les services suivront de quelques heures le 58ème RI d’Avignon chargé de la protection des opérations.


Tout va se dérouler, à peu près, selon les plans prévus.

L’ordre de mobilisation ayant été signé par le Ministre de la Guerre à 15h 30. A partir de 15h 55 les télégrammes partent, ainsi libellés :

 

 “  Extrême urgence. Circulaire recommandée. Ordre de mobilisation générale. Le premier jour est le 2 août 1914 ”.

 

Dans la soirée, les affiches bleu, blanc, rouge sont placardées un peu partout sur le territoire.

Pour les chemins de fer, à 16h50, l’ordre est transmis de mettre en place les commissions de réseaux.

A 17h, ordre est confirmé aux troupes de couverture de respecter la ligne de retrait[5] pour ne pas provoquer d’incidents.

La mobilisation est en mouvement, elle ne peut plus être arrêtée.

La 59ème Brigade, en avant garde, puisqu'elle a pris les premiers trains remontant la vallée du Rhône, s’établit à Saffais au soir du 7 août.

Le Général Espinasse et son E.M arrivent sur place, un peu plus tôt que prévu et s’installent à Vézelise.

Les troupes suivent, dans le calme, avec un décalage de quelques heures sur l’horaire prévu. Quelques incidents, plus amusants que dramatiques, sont signalés par le Régulateur de Mirecourt : on poursuit de présumés espions circulant à quatre dans une automobile verte, on perd la trace d’un wagon de marchandise répertorié par erreur comme devant transporter des meubles anglais et dont on s’aperçoit, avec terreur, lorsqu’on le retrouve, qu’en réalité, il est bourré d’explosifs.

 

Le 8 août, le 3ème RI et un groupe de l’AD/29 sont à Praye Sous Vaudemont, Saint Firmin, Juvoncourt et Xirocourt, le 61ème RI et un groupe de l’AD/30 à Haroué, Vaudeville, Crantenoy, La Neuveville devant Bayon, le 6ème Hussards à Clerey au nord de Vezelize.

Une brigade mixte est mise aux ordres du Général Lescot commandant la 2ème Brigade de Cavalerie. Ce “ détachement avancé ” et un groupe de l’AD/30, déployés entre la Pissotte et le Sanon, doivent couvrir la mise en place des troupes.

Ce même jour, contrairement à ce qu’il avait prévu lorsqu’il travaillait à l’EM, le Général de Castelnau, commandant la 2ème Armée recevait l’ordre " d’agir offensivement en direction de Sarrebruck, sur le front Dieuze, Château-Salins, Delme"

Le 9 août, les unités de la 29ème DI et de la 30ème DI continuent à débarquer et viennent cantonner, pour la 29ème, dans la zone Vezelize, Affracourt, Vaudeville, Crantenoy, Gerbécourt, pour la 30ème, dans la zone Gerbécourt, Neuviller, Lemainville, Ormes. [6]

 


Lagarde: première affaire sérieuse pour le 15ème CA

 

       Le 10 août, le 15ème CA se déploie à quelques kilomètres de la Lorraine annexée.

La Brigade mixte de couverture sous les ordres du Général Lescot (2ème Brigade de Cavalerie du 20ème CA, 40ème et 58ème RI du 15ème CA) stationne dans la région sud-sud-ouest de Xures.

Les Allemands occupent, semble-t-il, le village de Lagarde et un peu au sud, le château de Martincourt.

Entre Xures et Lagarde, une petite route franchit plusieurs fois le canal de la Marne au Rhin par des ponts encadrant une écluse.

À part quelques rares coups de fusils entre éclaireurs, le secteur est calme. Les consignes du Général de Castelnau sont claires: il faut éviter toute escarmouche tant que la concentration ne sera pas terminée. Il est prévu qu'elle le sera le 14 août, date de l'attaque programmée par Joffre.

 

Plusieurs reconnaissances sont envoyées dans le but de préciser le dispositif ennemi.

Le Capitaine Bourrisol commandant la 9ème compagnie du 58ème RI en effectue une. Le Chef de Bataillon Cornillat en rend compte par écrit au Colonel Jaguin lequel transmet au Colonel Oddon qui remplace le Colonel Leroy au 40ème.

 

 

“L'ennemi occupe le village de Lagarde ainsi que la Côte 283 qu'il a organisée défensivement. On aperçoit une tranchée sur le versant ouest de 283. Le fond du ravin qui sépare cette position du mamelon est de Xures présente des éléments de haie, près desquels sont creusés quelques trous de tirailleurs. La route de Lagarde à Ommeray est également occupée par de l'infanterie à laquelle se sont adjoints des Hussards et des Chevaux Légers. L'effectif de l'infanterie ne peut pas être fixé d'une façon certaine, le développement des ouvrages permet de supposer qu'il peut être de deux compagnies. L'effectif des cavaliers est incertain. Il n'a pas été aperçu d'artillerie”

 

agrandissement de la carte de Lagarde au 1/25000 (400 ko)

 

 

Un croquis qui n'apporte rien de précis est joint au rapport. Il semble simplement calqué sur la carte d'E.M.

 

Le Général Lescot, informé à son tour, envisage alors de franchir la frontière - elle est très proche - et de "prendre" le village de Lagarde.

Comme on lui a confié une Brigade mixte, il a sous la main, outre ses cavaliers, l'infanterie du 15ème CA et certains éléments du 19ème RA qui fourniront l'artillerie nécessaire.

 

À 11 heures, le 2ème Bataillon du 40ème RI se déplace d'Athienville à Parroy où se tient l'Etat-major de la 59ème Brigade commandée par le Colonel Marillier. Le Bataillon Cornilliat du 58ème quitte Mouacourt pour Xures.


Au cours d’une réunion d’E.M qui se tient à 15 heures à la Mairie de Parroy le Lieutenant Antoinat (dont le nom de plume est Alain de Pennenrun), dans le civil journaliste à l’Illustration et réputé spécialiste de la ”guerre balkanique”, proche de Foch.[7], annonce que l'assaut aura lieu à 19h15 et transmet aux officiers concernés les ordres en conséquence[8].

 

À 15 heures, le détachement d'infanterie chargé de l’assaut sous les ordres du Lieutenant-Colonel Oddon, prend la formation de combat. Le bataillon Bertrand du 40ème qui doit attaquer dans la forêt de Parroy se glisse parallèlement au canal. Le 58ème se défile derrière le bois de la Croix.

 

À 17 heures, les première et deuxième batteries du 19ème RAC ayant pris leurs emplacements de tir au nord-ouest de Xures, ouvrent le feu (hausse minimum 3200 m) sur la tranchée repérée à la côte 283, puis sur le village.

 

À 19 heures 15, comme prévu, le feu cesse.

 

 

 

 

 

Ce rapport du Commandant Cornilliat du 58ème rédigé le 11 août, probablement dans la nuit, décrit les faits.

 

 

 

Le 10 août à 15 heures le 3ème bataillon a été désigné pour faire partie d'un détachement composé d'un autre Bataillon du 40ème régiment et d'un groupe de L'AD 30.

La mission de ce détachement est de s'emparer du village de Lagarde. Le Bataillon encadrant l'artillerie suit en colonne de marche l'itinéraire Mouacourt, chemin au N du Canal, Xures. A Xures le Bataillon prend la formation en colonne double (ligne de section par 4) et se porte complètement défilé derrière le Bois de la Croix et la ligne frontière.

Puis quand l'artillerie eut terminé la préparation de l'attaque, il franchit la crête frontière, les 10ème et 9ème compagnies en première ligne les 11ème et 12ème en 2ème ligne. La 10ème progresse le long de la lisière du Bois de la Croix. Les quatre compagnies ont pour objectif la côte 283 et pour objectif ultérieur Lagarde. La 11ème compagnie fut portée en ligne avant d'aborder la crête côte 283, la 12ème restant en réserve à la disposition du Lt Colonel commandant.

La crête 283 fut franchie vers 20 heures après un feu très vif et Lagarde fut occupée vers 21 heures. Les lisières N et E furent immédiatement organisées défensivement et le Bataillon resta sous les armes toute la nuit qui se passa sans incident.

Tué: néant. Blessé: 1 (un chasseur du 20ème blessé fut recueilli dans le Bois de la Croix). Cartouches brûlées; 5000 environ. Le Chef de bataillon est heureux de signaler la discipline et l'entrain du Bataillon dans cette affaire qui est pour lui le baptême du feu. Tous, officiers et hommes de troupe ont admirablement fait leur devoir.

 

 


Selon toutes apparences les Allemands se sont repliés en hâte, emportant leurs morts s'il en ont eu et laissant cinq blessés. On retrouvera vingt huit lances abandonnées et quelques chevaux. [9].

Aucune perte n'est à déplorer à la 30ème DI. Les seules victimes de l’assaut sont quatre chevaux "civils" tués dans leur écurie, à la fin de l'attaque, par un obus de 75.

La manœuvre a réussi. Le Général Lescot, informe la 30ème DI qu’il a “enlevé Lagarde à la baïonnette”.

 

À 23 heures, le village est en état de défense, le 40ème chargé des faces est et sud, le 58ème des faces nord et ouest. La nuit est mise à profit pour établir des nids de résistance et des barrages sur les routes conduisant au village.

 

Au petit jour, le café pris, les travaux de retranchement recommencent, mollement semble-t-il.[10] La 9ème Compagnie du Capitaine Bourissol (58ème) qui a passé la nuit à creuser des tranchées va prendre la place de la 12ème Compagnie du Capitaine Carnoy au carrefour Xures-Ommeray.

 

A 9h 25, le Colonel Marillier, de Parroy fait transmettre au Général Colle, à la division, le télégramme suivant:

 

 

59ème Brigade toujours en soutien de 2ème Division de Cavalerie dans région Bezanges la Grande, Arracourt, Richecour, Coincourt, Parroy, Xures, Lagarde. Ce dernier point a été enlevé hier soir après combat. Quartier Général Brigade à Parroy.

 

 

L'arrivée de la nouvelle à l'Etat-major de la 2ème Armée provoque une réaction violente. L’initiative du Général Lescot n’est pas appréciée du tout, comme en témoigne cet autre document.

On remarquera que le télégramme arrive à Dombasle à 9h40, heure à laquelle les troupes françaises sont déjà sévèrement accrochées à Lagarde, touchant ainsi du doigt le problème de transmission des ordres et informations.


 

[ ANNEXE N° 187 ]  Histoire de la guerre de 14-18.

2ème armée à GQG. Compte Rendu  du 11 août, au matin.

Reçu à 6 h 50

Situation sans changement depuis la veille.

À signaler quelques incidents: 4ème bataillon de chasseurs à pied détaché sur Seille devant Moncel a été attaqué hier vers 16 heures par un bataillon et une batterie venant de Vic. Il a repoussé l'ennemi et s'est maintenu sur ses positions.- Pertes: 6 tués dont un officier, 20 blessés.

Général Commandant 2ème DC a fait, de lui-même, attaquer le village de Lagarde par deux

Bataillons d’infanterie (59ème Brigade) appuyés par l'artillerie. Village enlevé à la baïonnette est actuellement occupé par nos avant-postes[11] qui s'étendent sur les hauteurs à l'ouest du ruisseau des Salins et sur lisière nord de la forêt de Bezanges La Grande.

Général commandant 2ème Armée a donné instructions nécessaires pour éviter engagements inutiles et en particulier il donne aujourd'hui au 15ème CA, à partir de 12 heures, le commandement de la 2ème zone définie par ordres d'opérations 7 et 8 .

 

 

Au GQG [12]

 

Vers 7heures30 le Commandant Cornilliat entendant des coups de feu dans la zone du 40ème[13], pense que les Allemands vont attaquer. Il fait prévenir la 12ème Compagnie et fait remonter la 9ème sur ses emplacements de combat. Des patrouilles du 40ème et du 58ème, de retour, confirment qu'une attaque est en préparation et qu'elles ont rencontré des Uhlans.

Un avion allemand survole Lagarde. A l'évidence une attaque va se déclencher.

De fait, pendant la nuit le Général allemand Von Stetten qui commande une division de cavalerie bavaroise et le général de la 42ème Division d’infanterie ont décidé de lancer une action commune des troupes garde-frontière.

Une batterie d’obusiers du 8ème Régiment d’artillerie est venue en appui, de nuit, elle a progressé dans le Bois Chanal et a pris position sur les hauteurs du « Haut des Vignes » d’où l’on domine le village de Lagarde. Le 2ème bataillon de chasseurs bavarois en garnison à Aschaffenburg est arrivé en renfort.

 

Coté Français, à 3 h du matin, trois des batteries de 75 du Commandant Adeler rejoignent leurs emplacements mais sans se mettre en position de tir.

 

À 5h30, chez les artilleurs, tout le monde somnole sur place.

 

Vers 8h30, le Maréchal des Logis Lavergne arrive, porteur d’ordres enjoignant d’occuper les positions reconnues car un fort détachement ennemi s'avance par le Nord-Est, ces ordres précisent aussi que la 1ère batterie doit contrebattre l'artillerie, la 2ème tirer sur l'infanterie. Personne ne semble comprendre qu'il y a urgence.

On imagine probablement n’avoir affaire qu’à quelques éclaireurs ennemis. La mise en batterie se fait donc sans précipitation[14].

Malheureusement, lorsque les premiers obus français sont tirés, l'artillerie allemande entre en action, trouve tout de suite les batteries françaises et sème la panique dans les équipages.


Vers 10 heures, le 131ème Bavarois, tourne la position de l'artillerie française en traversant le bois Chanat apparemment vide de soutien d'artillerie et s'empare des pièces, drapeau jaune à aigle noir en tête, “à l’ancienne, comme à Solférino”, malgré la conduite courageuse des officiers et des artilleurs français qui font le coup de feu et se font tuer sur place.

Il devient évident que l’intention des allemands est de museler très vite les batteries du 19ème RA puis d’assaillir Lagarde et de l'encercler. L’attaque pour la reconquête de Lagarde est déclenchée. Dans le même temps l'infanterie allemande est parvenue sur les hauteurs du « Haut des Vignes » à environ un kilomètre du village, à droite de la route de Bourdonnay, elle se déploie alors. Cette attaque est appuyée par l'artillerie. La progression allemande est rapide.

Les défenses avancées françaises encaissent les tirs des obusiers sans pouvoir riposter puisque l'artillerie française est désormais réduite au silence et la manœuvre de l’infanterie prussienne se poursuit. Les Français résistent. Une mitrailleuse, installée dans le clocher, cause de lourdes pertes aux fantassins allemands avant d’être détruite par un obus.

 

A 10 heures 30, l’ordre est donné aux combattants français de se replier sur le village. La 9ème Compagnie débordée par l’ennemi ne parvient pas à exécuter l’ordre de repli vers le cimetière. Les survivants sont faits prisonniers.

 

Vers 11 heures, l’ennemi se trouve à 300 mètres à peine du village qu’il domine. Les chasseurs bavarois parviennent cependant à déborder la position par la gauche. La fusillade partant des maisons n'enraye pas la manœuvre d’encerclement. Les troupes françaises fléchissent sous le feu de l’infanterie et de l’artillerie. La résistance faiblit de minute en minute.

 

A 11 heures 30 le commandement allemand donne alors l’ordre de l’assaut. Deux régiments de Uhlans, jusqu’à ce moment, tenus en réserve sur le domaine de Marimont, sont appelés en renfort. Ils lancent cinq charges successives, accueillis par un tir nourri de la 11ème Compagnie partant des maisons, des granges. 70 selles se vident. [15]. Ces charges ont ouvert la voie aux chasseurs. 

Le 2ème Bataillon de chasseurs bavarois du lieutenant Colonel Lettenmayer s’élance. Les lignes françaises craquent. Les survivants se replient.

Un carnet de route, saisi quinze jours plus tard à Hénaménil, sur un médecin-major allemand fait prisonnier le 27 août 1914, témoigne de l'acharnement des combats et de sa colère devant le massacre des soldats allemands envoyés à l'assaut sans ménagement[16].

Le Général Lescot en rend compte au Général Colle la 30ème DI à Dombasle à 11h30

 

 

 

Général commandant 2ème division de Cavalerie à Général commandant 30ème Division infanterie Dombasle.

La 59ème Brigade s'est emparée hier de La Garde mais ce matin devant attaque de l'ennemi en forces doit manœuvrer en retraite dans la direction générale Parroy-Valhey. Il serait évidemment utile d'être assuré d'un concours de vos forces ultérieurement si toutefois pareille décision n'allait pas à l'encontre des ordres reçus par vous de l'armée ou du 15ème corps. La situation n'a au demeurant que la gravité que comporte toute manœuvre en retraite.

 

Réponse du général Colle, de sa propre main:

J'ai sous la main la 60ème Brigade entière et deux Groupes AD 30. Je suis donc prêt à partir au premier appel. M'y autorisez-vous?

 

 

 

 

 

 

 


Le Capitaine Callies dira que l'infanterie s'est repliée dans une certaine panique“.

Lagarde reste aux mains des Allemands. Les troupes ont subi des pertes considérables. Le Lieutenant-Colonel Oddon, blessé, tente de limiter les dégâts, en ramenant vers Xures, comme le précisaient ses instructions, les derniers survivants, poursuivis par les canons allemands qui tirent de cinq cents mètres, à vue.

Il dira dans son rapport être passé, avec ses hommes, devant une mitrailleuse allemande qui, inexplicablement, n’ouvrit pas le feu.

Le Capitaine Bourrissol ainsi que 80 hommes de sa 9ème Compagnie rejoindront dans la soirée ce qui reste du 3ème bataillon du 58ème R.I d’Avignon.

 

 

 

Rapport du Lieutenant Colonel ODDON du 40ème Régiment d'Infanterie, sur le combat de LAGARDE le 11 août 1914 :

 

 

2ème Armée 15ème CA    30ème Division    59ème Brigade

Nancy le 14 août 1914

 

La journée du 10 août, marquée par l'enlèvement du village de Lagarde et l'incendie du Château de Martincourt, a fait l'objet d'un compte rendu spécial.[17]

Les dispositions prises pour la nuit, consistent en avant-postes en fin de combat, complétés par les travaux de défense exécutés par chaque compagnie dans son secteur particulier, et par des patrouilles vers la pointe du jour. Le 40ème est chargé de la défense des faces est et sud du village et, notamment de la surveillance des bois de la Garenne que le Lieutenant Colonel prescrit de fouiller jusqu'à la lisière sud.

Le 58ème tient le nord et l'ouest du village, une section de la 12ème compagnie en soutien d'artillerie la veille est aidée dans cette mission par une section de la 11ème et la section de mitrailleuses (sur les pentes de 283), une autre section de la 12ème est prête à occuper le cimetière (nord-ouest du village) mis en état de défense.

Les deux autres sections rassemblées derrière le mur ouest du cimetière restent à la disposition du Lieutenant-Colonel.


Dès le jour le café est pris, les travaux de défense sont poursuivis. Les patrouilles de cavalerie n'ont pu dépasser l'arête Bois Chanat-Lagarde. Compte rendu est envoyé au Colonel Marillier.

Peu après l'artillerie de la côte 283 prend pour objectif le Bois Chanat et le crible de projectiles, mais la cavalerie ennemie qui se trouvait au sud du Bois quelques instants auparavant avait dû s'échapper. L'artillerie et l'infanterie allemandes entraient en action. Nos tirailleurs ouvraient le feu sur toute la ligne.

Le tir de l'artillerie ennemie est d'abord dirigé vers notre artillerie de la côte 283, tir fusant puis Granaten. Il est long. Cette artillerie change d'objectif et paraît diriger ses coups sur le cimetière. Tous les coups sont longs. Le tir se prolonge, mais l'arrivée d'obus fusants éclatant au nord-est du village fait croire à l'entrée en action de la batterie de la côte 264. C'est au contraire de l'artillerie allemande qui a fait un détour par le Bois de la Garenne et qui vient s'établir vers la Tuilerie, prenant d’écharpe notre défense du canal.

Le Lieutenant-colonel reçoit en même temps: l'ordre de faire si possible une contre-attaque au Nord pour faciliter la retraite, le renseignement du commandant Bertrand du 40ème que tout allait bien de son côté, le renseignement que notre défense du secteur Ouest pliait.

Des hommes en désordre remontent dans la rue du cimetière. Estimant que la retraite est inévitable, le Lieutenant-Colonel envoie ses réserves à la briqueterie située à environ 400 m à l'ouest du village et se dirige lui-même vers ce point, n'étant pas suivi car il commence à tomber des obus tout près. Le Lieutenant-Colonel revient sur ses pas et emmène avec lui la plus grande partie de la réserve.

Les Allemands exécutent la poursuite avec des obus percutants tirés de 2 à 300 mètres de distance. Les quelques hommes qui suivent encore le Lieutenant-Colonel passent avec lui sur l'écluse, 2 km à l'ouest de Lagarde devant des mitrailleuses allemandes qui ne bougent pas.

La retraite s'effectue d'abord à travers les prairies, puis sur le chemin de halage du canal.

Le régiment est aiguillé sur Serres où il parvient vers 17 h. Cette position de Serres avait été indiquée au Lieutenant-Colonel par le Colonel Marillier au passage à Xures comme position de repli éventuel pour la 30ème Division.

La position du repli a été tentée dans le but raisonné d'éviter de laisser trop de prisonniers entre les mains de l’ennemi.

Quand au flottement qui s'est produit sur la face ouest, il est explicable par l'entrée en action des batteries du bois de la Garenne qui prenaient les défenseurs d'écharpe ou d'enfilade.

Des renseignements ultérieurs ont fait connaître que les 2 commandants et tous les officiers s'étaient efforcés, de tout leur pouvoir, de remettre de l'ordre dans la défense.

Il paraît indéniable que tous les officiers ont fait honneur à leur grade. Il ne saurait être question de défaillance individuelle.

Parmi les sous-officiers, sont à citer pour leur belle conduite: l'Adjudant-chef Thibon déjà proposé pour Sous-Lieutenant et le Sergent Piquet du 58ème qui ont fait preuve de beaucoup de courage pendant l'action et ont beaucoup aidé le Lieutenant-Colonel pendant la retraite.

L'Adjudant Chef Thibon légèrement blessé a tenu à revenir sur le front dès le lendemain de l'action.

En conséquence le Lieutenant-Colonel Oddon propose pour officier de la Légion d'Honneur, les Commandants Bertrand du 40ème et Cornillat du 58ème blessés et disparus, pour Sous-Lieutenant, l'Adjudant chef Thibon du 40ème, pour la médaille militaire, le Sergent Piquet du 58ème.

Au bivouac, N.O. de Juvelise, le 18 août 1914.

Lieutenant-Colonel Oddon

 

 


Avis du Colonel Jaguin Commandant le 58ème

J'ai l'honneur d'appuyer très favorablement la proposition pour Officier de la Légion d'Honneur du Chef de bataillon Cornillat du 58ème d'Infanterie et pour la médaille militaire, le Sergent Piquet déjà candidat à l'Ecole Militaire d'Infanterie, excellent sujet.

Le Capitaine Bourrissol m'a signalé la belle conduite du lieutenant Cenet chef de la section de mitrailleuses de son bataillon qui a servi lui-même seul jusqu'au bout ses pièces et celle du Sous-Lieutenant Léon élève de la dernière promotion de Saint-Cyr qui a commandé avec calme et énergie le feu de sa section jusqu'au dernier moment.

J'ignore ce que sont devenus ces deux officiers mais je les propose, l'un et l'autre pour Chevalier de la Légion d'Honneur.

Vu et transmis

Le Colonel Commandant la 59ème Brigade Marillier

 

 

 

Les événements qui concernent plus précisément l’artillerie sont racontés par le capitaine Callies dans un rapport transmis le 13 août.

 

2ème Armée 15ème CA       

Maixe, le 13 août 1914

30ème Bataillon d'Infanterie

19ème Régiment d'Artillerie

 

Rapport du capitaine Callies, Commandant le 1er Groupe

sur les affaires du 10 et 11 août 1914.

 

Le 10 août, à 16h30, le 1 er Groupe, sous le commandement du Cdt Adeler, chef d'escadron quitte son cantonnement à Parroy avec deux bataillons d'Infanterie, un du 40ème, un du 58ème pour une opération contre Lagarde.

Les batteries 1 et 3: Capitaine Setze et Bondaud, prennent position à la côte 276 à l'ouest de Xures et tirent vers 18 heures sur Lagarde dont on aperçoit le clocher et la côte 283 au nord-ouest de Lagarde où se trouvent des tranchées ennemies d'infanterie. La 2ème Batterie: Capitaine Callies, passe au sud du Canal, suit la progression du bataillon du 40ème à travers la forêt de Parroy. A 19h 15, la prise du bois de Tillot lui permet de s'établir à la lisière est de la forêt de Parroy (à 1500 m environ au nord de Xures). A la nuit, elle tire quelques salves sur le village de Lagarde pour aider l'infanterie qui aborde le village.

Le groupe rentre à 22 h.

Le 11 août, il en repart à 3 h 30 pour occuper ses positions de la veille. Cependant, le Commandant Adeler pousse en avant avec les 2ème et 3ème batteries et les établit à l'ouest de la côte 283. La 2ème Batterie reprend seule sa position à la lisière est de la forêt de Parroy.

1 ère et 3ème batteries:

Ces deux batteries sous le commandement direct du Commandant Adeler prennent une formation de rassemblement au sud-ouest de la côte 283. Vers 9 heures, les batteries s'installent un peu en arrière de la crête (côte 283), la 3ème à droite face à l'est, la 1 ère à gauche face au Château de Marimont où l'artillerie allemande avait été signalée.

La 3ème ouvre le feu sur l'infanterie ennemie dans le bois de Chanat et sur les abords, aussitôt les deux batteries sont prises par le feu d'une artillerie très supérieure en nombre, postée vers les côtes 273 et 274 (sud de Bourdonnay). Cette violente canonnade ne produit aucun effet sur les batteries de tir mais met en désordre les avant-trains qui placés en arrière et à droite de la batterie reçurent, de flanc, plusieurs salves.


Le Maréchal des Logis Chef Liech les emmenait tant bien que mal lorsque de nouvelles salves affolèrent les chevaux dont un grand nombre tomba. Les avant-trains durent être abandonnés. Ceux de la première batterie furent emmenés en ordre par le maréchal des Logis Chef Reboul, le Lieutenant Paris lui fixa un point de stationnement.

Vers 10 heures se produisit sur ces deux batteries une attaque d'infanterie. Les fantassins allemands, massés en avant dans l'angle mort surgirent à quelques deux cents mètres des pièces. D'autres prirent notre artillerie de flanc, venant de la direction nord. Sous les balles, le personnel de la 1 ère batterie commença le tir sur attaque rapprochée.

Un seul servant de cette batterie put s'échapper et rejoindre, après avoir conduit à l'ambulance un canonnier blessé. Ce canonnier, Bontemps, a vu le capitaine Setze frappé à la tête et tomber.

Il a vu également le Maréchal de Logis Boireau blessé d'une balle s'asseoir sur un canon qui affirme-t-il s'enflamma peu de temps après (je reviendrai plus loin sur ce point)

Arrivé à la position reconnue par le lieutenant Paris à la corne sud du Bois du Haut de la Croix il se rendit compte de l'impossibilité de s'établir sur ce point où les obus et les balles arrivaient déjà et constata la prise des batteries par l'infanterie allemande. Il décida aussitôt d'emmener la batterie en arrière et de chercher à occuper la côte 276 à l'ouest de Xures

Dès la mise en batterie vers 11 heures le feu de l'artillerie ennemie se dirigea sur ce point. Au même moment, le Sous-Lieutenant, arrivant au galop de Parroy cria au Capitaine

"Ordre du Général, retrait sur Parroy, au pas, quoi qu'il arrive, il y a assez de pagaille comme ça". Les avant-trains de la batterie ayant été entraînés trop loin mais en ordre par les isolés de la 3ème, le capitaine employa ceux de la première qui arrivaient sous la direction du Maréchal de Logis Chef Reboul.

Laissant alors la batterie faire retraite, il se porta au delà de Xures dans le double but de voir le Commandant des troupes qu'il supposait sur la ligne de feu et de tacher de sauver quelque chose des 1 ère et 3ème batterie. Il poussa jusqu'à 200 m environ au-delà de la frontière, remettant un peu d'ordre dans les équipages d'infanterie et les isolés qu'il rencontrait.

 

Il ne put aller plus loin se trouvant à peu de distance des tirailleurs ennemis. Comme il revenait, il trouva sur le bord du chemin, dans le fossé, le Sous-Lieutenant Falque mourant. Ce jeune officier avait deux blessures, une à la poitrine, l'autre à la jambe droite. Il respirait encore faiblement. Appelé ailleurs par un devoir impérieux et n'ayant aucun moyen de transport à sa disposition, le Capitaine Callies ne put, à son violent regret, le faire ramener vers l'arrière. Il rejoignit la batterie à Parroy et se mit à la disposition du Commandant Fondeur des batteries à cheval de la 29ème Division.

A la 3ème batterie, au moment de l'irruption de l'infanterie, le Capitaine Bondaut donna le commandement de la 2ème Section au Lieutenant Ficonnetti et continua à commander la 1 ère. En peu de temps les servants des pièces de gauche de la batterie furent à peu près tous hors de combats. Les survivants se réunirent autour de la pièce de droite. Le Capitaine Bondaut tomba frappé à la tête, l'Adjudant Chef Antonnaire reçut 2 balles dans le ventre (il le dit lui même au canonnier Thomas, un des rares survivants) Le Lieutenant Ficonnetti eut le cou traversé par une balle; le Commandant Adeler qui se trouvait à proximité vint à la pièce où le Lieutenant Ficonnetti blessé prit le poste de pointeur, lui-même prit les fonctions de chargeur et aidés du canonnier Thomas comme tireur, servirent la pièce quelques instants encore, tirant presque à bout portant sur les fantassins ennemis.


A ce moment se produisit le même incident relaté plus tôt un caisson parut s'enflammer, ce qui motiva cette réflexion du Commandant "les bandits, ils nous envoient des obus incendiaires". Le Lieutenant Ficonnetti fut renversé par une nouvelle balle. Alors le Commandant Adeler donna l'ordre au canonnier Thomas de claveter, lui-même la chargea et mit le feu. Puis il tira de sa poche quelques papiers qu'il déchira et jeta au vent et saisit son revolver: il dit à Thomas "sauve-toi, il n'y a plus rien à faire ici" depuis lors il n'a pas reparu. Seuls ont rejoint cinq servants de la batterie de tir.

2ème Batterie:

La deuxième batterie placée à la lisière est de la forêt de Parroy fut appelée avant d'avoir pu entrer en action vers 10 h 30 par le Lieutenant Paris orienteur du Chef de Groupe qui lui apporta l'ordre "les première et troisième batteries sont accrochées venez les secourir. Laissant le Lieutenant Bidet emmener la batterie, le Capitaine Callies partit avec le Lieutenant Paris.

Le Capitaine Callies signale particulièrement la fermeté dont a fait preuve le Maréchal de Logis Reboul dans la remise en ordre des avants trains de la première batterie. C'est grâce à ce sous-officier que la 2ème batterie a été sauvée en utilisant lors de son départ de la côte 276 les avants trains de la première batterie. ll signale aussi la conduite du 2ème canonnier réserviste Thomas de la 3ème. Il a chargé le lieutenant Paris commandant les première et troisième et séparé de lui, d'établir sur chacun de ces militaires un rapport particulier. L'enquête démontre que les faits se sont bien passés comme il a été relaté plus haut.

La troupe, malgré les fatigues extrêmes, s'est généralement bien comportée; il y a eu un peu d'émotion parmi les conducteurs des avant-trains, due surtout à la présence de nombreux chevaux de réquisition, peu maniables que les détonations éprouvaient. En revanche, le personnel de tir s'est tenu héroïquement, défendant les pièces jusqu'au dernier moment.

De tous les témoignages recueillis, il résulte que le tir de l'artillerie allemande a été fort mal réglé et n'a produit à peu près aucun effet sauf dans les attelages et là, plus par le bruit que par les blessures. C'est le feu de l'infanterie qui seul à détruit les batteries et encore de face, les boucliers ont constitué une excellente défense.

 

Pertes:

 

Chef d'Escadron Adeler                  disparu (probablement mort)

Capitaine Setz disparu                    (probablement mort)

Capitaine Bondaut                           tué

Lieutenant Ficonnetti                                disparu (grièvement blessé à deux reprises)

S/Lieutenant Falque                           (La mort de cet officier fut confirmée au Cdt Callies à Parroy par un infirmier qui l'avait vu peu après [18])

S/Lieutenant Brosselet                    disparu

Adj/ Chef Antonnaire                       tué

Adjudant Tourette                            disparu

M. de Logis Granier                         disparu


Pour les première et troisième batteries, la presque totalité du personnel de tir dont le détail est donné sur les états de ces unités.

Pour la 2ème batterie:

              Sergent Grivolan                            disparu

              M. de Logis Lavergne                     tué

              M. de Logis Ravel                          disparu

Matériel:

1 ère batterie:                                    4 canons, 6 caissons,

                                                   1 caisse observatoire du Commandant.

3ème batterie:                            Toute la batterie de tir, à part un avant-train.

 

 

 

Il existe une autre version des événements, rédigée en captivité par le Lieutenant Ficonnetti, que l’on croyait mort, mais qui, blessé, avait été soigné par les Allemands puis conduit, avec d’autres officiers, en captivité à Torgau.

Ce texte manuscrit donne des informations sur la mort du Commandant Adeler, vraisemblablement, selon le lieutenant, achevé par les Allemands, alors que lui-même était traité avec humanité. Il se trouve dans le dossier du 15ème Corps reprenant toute cette affaire.

Nous ajouterons que, postérieurement à la période où nous conduisions les recherches sur cette période, nous avons trouvé, égarée dans une liasse de documents n’ayant rien à voir avec cet épisode de la guerre, le manuscrit d’un brouillon du rapport du Capitaine Callies.[19]

Ce document accuse “l’infanterie en couverture d’artillerie” de ne pas avoir fait tout son devoir, tout en spécifiant qu’il ne ferait pas état de ce fait dans son rapport définitif [20].

En lisant les rapports, on s'étonne du peu d'informations concernant les pertes humaines. Ils précisent, certes, “que le détail en est donné sur les états des unités”, mais comme ces “états de pertes” n'ont pas été remplis séparément, et couvrent des périodes plus larges, nous n'avons pu établir de chiffres qu'en recoupant avec des renseignements provenant des “ambulances” et des postes de secours[21] et surtout des travaux de Maurice Mistre et Guilhem Laurent sur les morts du 15 ème CA en août 14 e

 

Tués

40 ème

138

58 ème

245

 

19 ème

  66

Blessés relevés

40 ème

410

58 ème

280

 

19 ème

   13

Disparus

40 ème

341

58 ème

587

 

19 ème

  76

 

Sur un seul point, 449 tués, 708 blessés, 1035 disparus et 2 batteries du 19 ème d'Artillerie perdues, alors même que les recommandations du général de Castelnau étaient d'éviter les engagements inutiles dans la période de mise en place des troupes et que la possession ou non de ce village, à ce moment de la guerre, ne revêtait absolument aucun intérêt stratégique.

 

Les sources allemandes donnent un état de leurs morts: 54 cavaliers du 1er Régiment et 49 du 2ème Régiment. Le 131ème Régiment d’infanterie perdra 63 fantassins alors que 21 hommes du 138ème Régiment et 30 hommes, sous-officiers ou officiers du 2ème Bataillon de Chasseurs bavarois d’Aschaffenburg [22]

 

Un jeune soldat du 3ème RI qui traversa Lagarde le 17 août a noté dans son carnet de route:

17 août.

Le matin, vers 4 heures, nous nous arrêtons et nous faisons du feu au bord de la route où nous faisons sécher la capote. Au jour nous repartons du côté de la frontière. A 7 heures nous la traversons et nous arrachons le poteau. A 8 heures nous arrivons à Lagarde (nous sommes en Lorraine). Là, au bord de la route, il y avait des fusils, des équipements, des sacs, des effets par paquets. Le veille, le 40ème et le 58ème avaient été surpris par les Allemands entrain de faire la soupe. Il y avait eu un massacre. Où il y en avait le plus, c'était devant la Mairie. D'un côté de la porte d'entrée on voyait les effets des Boches et de l'autre des Français. On nous loge dans une grange, c'était la maison du Docteur, elle était complètement pillée, les meubles, les matelas, tout avait été éventré, le linge éparpillé sur le parquet, avec d'autres objets, les glaces brisées, dans le bureau la bibliothèque était renversée, tous les livres déchirés, dans le salon il ne restait que le piano encore il lui manquait toutes les cordes.

En face se trouvait la maison du curé qui n'avait pas été épargné non plus, de plus un obus l'avait ébréchée. Bien entendu les caves étaient vides. Nous repartons vers les 12 heures, nous traversons un petit village, il pleuvait à torrent, nous nous arrêtons dans une grange et repartons une heure après. Nous arrivons au Château de Marimont vers les 4 heures. C'était une grande ferme d'un colonel Allemand…

 

 

Un état qui se trouve dans les Archives de la 30ème Division dresse

un état des pertes françaises en officiers à Lagarde connues à la date du 7 septembre 14[23]

 

1.      Setze

Cpt

19 RA

Tué

2.      Brossolet

Slt

19 RA

Tué

3.      Falque

Slt

19 RA

Tué

4.      Granier

Médecin

19 RA

Tué

5.      Boudaud

Cpt

19 RA

Tué

6.      Adeler

Cdt

19 RA

Tué

7.      Ficonnetti

Lieutenant

19 RA

Blessé. Prisonnier

8.      Cenet

Lieutenant

58 RA

Disparu

9.      Causse

Slt

58

Disparu

10. Carnoy

Cpt

58

Disparu

11. Candau

Cpt

58

Disparu

12. Asso

Lieutenant

58

Disparu

13. Beauchamp

Médecin

58

Disparu

14. Vassas

Lieutenant

58

Disparu

15. Cornilliat

Cdt

58

Tué

16. Ranchin

Lieutenant

58

Disparu

17. Dourlot

Lieutenant

58

Disparu

18. Leon

St-Cyrien

58

Disparu

19. Maure

Slt

58

Disparu

20. Mouret

Sous-Lt

58

Blessé

21. Bertrand

Cdt

40

Disparu

22. Razias

Slt

40

Disparu

23. Tuzet

Lieutenant

40

Disparu

24. Trives

Slt

40

Disparu

25. Sauzon

Slt

40

Disparu

26. Mace

Slt

40

Disparu

27. Roubineau

Cpt

40

Disparu

28. Parlier

Lieutenant

40

Disparu

29. Flory

Slt

40

Disparu

30. Roussel

Cpt

40

Disparu

31. De Girard de Mueller

Cpt

40

Disparu

32. Janson

Cpt

40

Disparu

33. Davet

Lieutenant

40

Disparu

34. Bosquier

Lieutenant

40

Blessé

35. Gazignaire

Lieutenant

112

Tué

 

 

On ne comprend pas encore aujourd'hui ce qui, en dehors d'une action destinée à alimenter sa gloire personnelle, a bien pu pousser le général Lescot à lancer une opération pareille ou à se laisser convaincre par le  Lieutenant Antoinat . Les seules informations que nous possédons viennent des rapports, des carnets du capitaine Callies, des notes rédigées à Torgau par le lieutenant Ficonnetti, d'un dossier existant dans le Fond Belleudy à Nice [24]

 

“Vers 21 heures, ordre de regagner le cantonnement de Parroy. […] Devant nous le château de Martincourt est en flammes. Cela me remet en mémoire ce que m'avait dit la veille à Haraucourt un des officiers de l'état-major de la division : qu'on ferait un opération de police consistant à brûler un château appartenant à un officier allemand, les habitants ayant tiré sur nos troupes. Serait-ce le but secret de cette opération? “ […]  “Sur le pont de Xures, le colonel Marillier m'arrête. Il est dans un état d'exaspération inexprimable. C'est pour brûler un château qu'ils font tuer mes soldats, ils me changent en incendiaire. Si on me l'avait dit, j'aurais refusé de marcher “ ( Callies)

 

“Pendant ce temps, nous assistons au magnifique spectacle de l'incendie des communs du château de Martincourt“  (Ficonnetti)

 


“Derrière le bataillon, brûle le château de Martincourt incendié par le lieutenant Antoinat de l'E.M de la 2 ème D.C.  Les flammes rougeoient le ciel et jettent une lueur faible mais impressionnante et sinistre sur cette marche silencieuse“ ( Fond Belleudy)

 

L'émotion fut grande. La perte de batteries complètes, en des temps où les 75 étaient rares, déclencha une enquête approfondie. C'est d'ailleurs dans la liasse de documents d'enquête ayant trait à cette question et dont les doubles sont demeurés dans les archives du 19 ème d'Artillerie que nous avons puisé une partie de nos informations.

 

Il existe à la Mairie de Lagarde un dossier historique sur cette affaire :

 

il donne quelques informations sur les suites de la prise du village. Nous en extrayons quelques pages

 

Quant à la population de Lagarde, elle s’était réfugiée dans les caves et n’eut point de morts à déplorer.

Madame MERCY née MEAUX Marie, alors âgée de huit ans raconte ;

« Je me souviens parfaitement de la veille de la bataille. Ce soir-là, c’était un lundi, nous avions assisté ma sœur Armance et moi, à la prière du soir. Mon père était venu nous chercher à la sortie de l’église pour nous ramener à la hâte à la maison. Au cours du trajet qui nous sembla long, une balle est passée à quelques mètres, peut-être quelques centimètres devant nous ».

Sans doute s’agissait-il d’une balle tirée par un Allemand se repliant sur Bourdonnay à l’approche des Français. Arrivés à la maison, nous nous sommes précipités dans notre cave.

Lorsque nous avons tenté de remonter, nous avons aperçu un pantalon rouge. Nous avons pris peur mais une voix nous a rassurés en disant : « Ne craignez rien ! Nous ne voulons pas vous faire de mal ! ».

Pendant la bataille du lendemain, continue Madame MERCY, “nous nous sommes à nouveau réfugiés dans notre cave. Mon frère Charles pleurait car il avait peur du bruit infernal que faisaient les mitrailleuses françaises en position dans la maison forestière, voisine de la nôtre » .


Un détail est resté gravé dans la mémoire de Madame MERCY :

« Un soldat français nommé SABI, je me souviens très bien de son nom dit-elle, avait demandé poliment à ma mère si elle voulait bien accepter de lui faire cuire une poule. Elle a répondu affirmativement avec plaisir. Malheureusement, lorsque le moment de manger la poule est arrivé,  l’attaque allemande a chassé les Français du village. C’est un Allemand qui, sans rien demander, a dévoré le repas de notre infortuné fantassin français, ne laissant que la carcasse « pour les enfants » avait-il dit en guise de remerciements ».

Malgré la violence des combats au cours desquels, affolés par la canonnade, la mitraille et les coups de fusils, les chevaux sans cavalier tentent vainement de pénétrer dans les couloirs des maisons pour y trouver refuge, Madame MERCY confirme qu’aucune victime civile n’a été à déplorer au cours de la bataille.

Monsieur Emile RIEGER, qui plus tard sera agriculteur au Moulin du Gué-de-Laxat, était artilleur et servait une batterie allemande sur les hauteurs de Marimont.

Eugène THIBEULT, originaire du village et qui avait été mobilisé comme soldat allemand, au 138ème Régiment d’Infanterie en garnison à Dieuze, fut tué selon certains à l’entrée du village, selon d’autres à la Tuilerie.

En outre, deux autres jeunes gens de Lagarde, Auguste LECLERE et Edmond DURAND, participèrent dans les rangs de l’armée allemande, à la bataille de leur village: le premier comme artilleur, le second comme fantassin (C’est lui qui, le premier, connaîtra le triste destin d’Eugène THIEBEULT).

D’autre part, Monsieur Albert HENRY, grand-père de Monsieur Marcel HENRY, a été blessé dans sa maison. Aux dires de certains, les Allemands auraient tiré à travers la porte alors qu’il les observait. Transporté à Dieuze, personne n’a jamais plus eu de nouvelles de lui.

 

L’odeur de la poudre et l’eau-de-vie accroissaient l’excitation des soldats allemands et le moindre petit incident pouvait avoir des conséquences dramatiques. Madame Maria BIER fut conduite puis internée à VIC-SUR-SEILLE tout simplement parce que ses pigeons étaient en liberté?  Que serait-il advenu à André CASTAGNET, âgé de 82 ans, s’il avait été surpris par les Allemands alors qu’il aidait à soigner les blessés français.

L’énervement des soldats allemands était tel qu’ils n’hésitaient pas à tirer par les soupiraux des maisons lorsqu’ils entendaient les personnes réfugiées dans les caves s’exprimer en français. C’est dans de telles circonstances qu’une jeune fille, Mademoiselle Henriette FALENTIN, eut deux doigts sectionnés par une balle alors qu’elle avait trouvé refuge dans la cave de Monsieur Henri MAIRE.

Le père d’Auguste LECLERC ainsi que son commis de culture Joseph MEAUX furent fusillés tous deux, à 3 heures de l’après-midi, au Moulin. Madame MERCY se remémore très bien cet évènement funeste, qui s’est déroulé à proximité de la maison paternelle : « Après leur repli sur le village, les Français s’abritaient derrière le mur du jardin de Monsieur Isidore ELMERICH, à l’endroit même où devait avoir lieu au cours de l’après-midi l’exécution de Monsieur Auguste LECLERE et de son ouvrier Monsieur Joseph MEAUX, mon oncle.  Leurs cadavres resteront plusieurs heures à même le sol avant d’être enlevés par leur famille respective ».


Ils avaient été accusés d’avoir favorisé l’ennemi, ce qui d’ailleurs n’a jamais été prouvé. Cependant, il est certain que des soldats français ont été trouvés dans la grange de la ferme. Est-ce Monsieur LECLERE qui les y avait cachés ?   Ou bien avaient-ils simplement trouvé refuge en ce lieu pour échapper à l’ennemi comme ce soldat qui se dissimulait sous la fenêtre d’une chambre et qui fut encouragé à reprendre le combat par Madame Marie PREUSSER, grand’mère de Monsieur Joseph BIER.

Le 31 août 1914, accusé d’avoir tiré sur les troupes allemandes, Charles LECLERE  fut conduit de Vaucourt à Lagarde pour y être sommairement exécuté.

 « Je me souviens encore de l’exécution de Monsieur Charles LECLERE de Vaucourt, dans les jardins de la Rue Basse“, nous dit encore Madame MERCY, Lui, fut obligé de creuser le trou qui devait être sa tombe, avant d’être froidement abattu»


 

Les cimetières:

 

Dans celui situé à l’ouest du village ont été rassemblés  les restes de 552 soldats français tombés dans la région entre le 10 août et 15 septembre 1914.

Parmi eux ceux tombés au cours de cette sanglante bataille dont les corps n'ont pas été réclamés par les familles. Seuls 232 corps de cette nécropole ont pu être identifiés : 204 reposent dans des tombes individuelles, 28 dans deux ossuaires situés de part et d’autre d’une stèle centrale rappelant le nom des diverses unités ayant participé aux combats. A gauche, ont été rassemblés les restes de 171 officiers, sous-officiers et soldats. Parmi eux figurent 159 inconnus. A droite reposent 181 officiers, sous-officiers et soldats dont 163 inconnus.

On ne réussira à mettre un nom que sur 100 fantassins du 58ème : 89 soldats, un 1 ère classe, 1 clairon, 7 caporaux, 3 sergents, 1 sergent fourrier, 1 adjudant, 1 sous-lieutenant, 1 lieutenant et un capitaine.

Du 40ème R.I, on identifiera 59 corps : 55 soldats, 1 sergent, 2 lieutenants et 1 capitaine.

Du 19ème R.A.C, 1 trompette, 10 soldats, 2 brigadiers, 6 maréchaux des logis, 1 chef-pointeur, 1 adjudant chef, 1 capitaine et un chef d’escadron.

 

 

 

Les victimes allemandes reposent dans un autre cimetière situé à l’est du village.

Parmi les 380 combattants qui y sont inhumés, 220 ont succombé au cours des combats du 11 août 1914.

 

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Claude CHANTELOUBE

 

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[1] Par le Général de Castelnau qui y travaillait depuis l’affaire d’Agadir en août 1911. Il avait alors proposé la variante n°1 au plan XVI.

[2] et des réservistes rappelés discrètement à partir du 26 août comme le confirment certains témoignages recueillis dans les Pays du Sânon.

[3] Un habitant de Réméréville rapporte, dans ses souvenirs, qu'un groupe du 14ème Hulans de Morange ayant attaqué, le 3 août, quelques dragons dans son village, un véritable combat singulier au sabre, qui se termina par la mort du lieutenant allemand Dickman, s'en suivit.

 

[4]  Les lieux aussi sont prévus, et avec un bel optimisme, puisque l’idée d’une offensive brusquée victorieuse des Allemands qui bousculerait le plan n’est pas envisagée.

[5] Les troupes françaises se retirent, respectant une “ zone de non agressivité ” comprise entre 6 et 10 km suivant les endroits.

[6] Les documents publiés, proviennent, à quelques exceptions prés, du Service Historique des Archives de l’Armée de Terre, conservées à Vincennes et de documents personnels.

[7] On verra le rôle qu’il jouera plus tard dans l’affaire du 15ème CA.

[8] Le Capitaine Callies note dans ses Carnets que seul le Capitaine Cornilliat et lui-même demandent quelques explications.

[9]     Dixit Ficonnetti

[10]   On n’en a pas encore pris l’habitude. Un ouvrage écrit à la gloire des officiers français “En suivant la flamme” avoue la surprise de ces officiers auxquels, fin août 14, on demanda de faire creuser des tranchées.

[11] C'est une fausse information. Il y avait deux bataillons complets à Lagarde pendant la nuit.

[12]Cette heure d'arrivée pose un problème, puisque l'information n'est censée être arrivée à la division qu'à 9 h 40, comme en témoignent les indications de réception du télégramme. Il faut croire que le Général de Castelnau, deux échelons plus haut avait été prévenu par un autre informateur. Lescot lui-même probablement.

 

[13]Il semble selon le témoignage de l'aumônier du 40ème qu'il se soit agit d'une méprise entre patrouilles françaises. Ce que ne confirment pas les sources du 40ème.

[14] Selon Ficonnetti

[15]   Selon des sources écrites allemandes.

[16]   Le Journal de marche du 58ème RI donne copie d’un extrait de ce texte.

[17]  Ce rapport n'a pas été retrouvé dans les liasses d'archives.

[18]   Le S/Lt Falque avait été vu vivant à midi à Xures par le Lt Favier Cet officier était le fils du Colonel Commandant le 19ème RAC. Le Capitaine Callies donne dans ses Carnets une version à peine différente mais insiste sur les rapports pas très simples qu’il aura plus tard avec le général Falque qui voulait tout savoir sur la mort de son fils.

[19] SHAT 19 N 316

[20]   Il est probable que le Capitaine, dont la carrière militaire s’arrêta le 1 er décembre 1919, avait oublié l’existence de ce document dont nous possédons une copie. Dans ses ” Carnets de guerre ” excellemment publiés par Eric Labayle, Alexis Callies parle seulement de la fatigue extrême des hommes du 58ème. Par ailleurs, il met très sérieusement en cause le Commandant Adeler qui a exposé, selon lui, inutilement deux batteries. ”Il buvait beaucoup et n’avait plus tous ses moyens”

[21]   Les ” Carnets de guerre ” donnent plus d’informations sur les pertes : 63 disparus (11 off et s/off et 42 brig et canonniers), 15 prisonniers (3 off et 12 brig et canonniers). Le Journal de marche du 58 ème RI avoue 969 hommes hors de combat.

 

 

[22] Les Allemands perdront en outre 304 chevaux. Quelques jours plus tard, le Capitaine Callies qui traverse Lagarde évacué par les Allemands, note qu'ils n'ont pas eu le temps de brûler les cadavres des chevaux.

[23] Le témoignage du Lieutenant Ficonnetti permet de penser qu'au moins deux officiers du 40ème avaient été vus vivants à Bourdonnay au soir du 11 août.

[24] Communiqué par Olivier Gaget..