(Retranscription fidèle de la
copie du compte-rendu manuscrit par Dupré Franck)
Le 8 septembre, le 77ième RI
qui avait été mis à disposition du Général HUMBERT, commandant la division du
Maroc, combattait à la crête du POIRIER, à ST PRIX, puis vers 13h30, recevait
l’ordre de se rajouter à ST LOUP, à la disposition du Général commandant le 9ième corps
d’armée ; en lisiérant par le bois de ST GOND, le
régiment réussissait à se dégager sans trop de pertes et vers 18h, arrivait à
ST LOUP, où il recevait l’ordre de cantonner.
Le 9 septembre à 8h30, le Colonel recevait
l’ordre de se remettre à la disposition du Général commandant la division du
Maroc, vivement engagée vers MONDEMENT, qu’elle avait perdu ainsi que le
château.
A 8h45, le Colonel commandant le 77ième recevait,
du Colonel EON, commandant la 36ième Brigade, l’ordre de se remettre le plus rapidement
possible avec deux bataillons à la disposition du Général HUMBERT, à BROYES. Le
3ième bataillon dirigé par le Colonel EON, était dirigé vers
ALLEMANT avec mission de contre-attaquer l’infanterie ennemie qui s’était
portée de REUVES sur MONDEMENT.
Les marmites sont renversées,
les bataillons prennent les armes, le 2ième bataillon (Commandant DE
BEAUFORT) pique droit sur ALLEMANT. Les 1er et 3ième bataillons
sous les ordres du Colonel se dirigent à travers champs sur BROYES.
Pendant que ses deux
bataillons gravissent l’à-pic de BROYES, le Colonel LESTOQUOI, Commandant le 77ième Régiment,
se rend près de du Général HUMBERT et lui promet que ses deux bataillons seront
à BROYES avant 11 heures, ce qui a lieu.
Le Colonel EON et un bataillon
du 77ième arrivent à la même heure à ALLEMANT, à la lisière ouest
des bois.
A 10h10, le Général HUMBERT donne au
Colonel du 77ième, l’ordre suivant :
« La lisière nord des bois de
MONDEMENT serait atteinte par l’ennemi, projetez un bataillon de ce coté, dans
l’axe chemin nord-sud du bois, arrivant à la cote 213.
Mission : Réoccupez la lisière
et s’y établir fortement »
A 10h30, l’ordre complémentaire
suivant est remis au Colonel LESTOQUOI :
« Portez le dernier bataillon
de votre régiment dans la partie nord-ouest des bois de MONDEMENT, au nord de
l’étang de
Mission : Réoccuper cette
lisière, si elle était abandonnée.
Agissez dans le flanc de
l’ennemi qui, paraît-il essaierait d’avancer par la clairière de MONTGIVROUX,
agissez en liaison avec l’artillerie qui se trouve dans cette région. Le
Colonel LESTOQUOI prendra le commandement de toutes les troupes agissant à
l’ouest de MONDEMENT et dans la clairière de MONTGIVROUX. Signé HUMBERT. »
A 11 heures, le Colonel LESTOQUOI
dirige le 1er bataillon ( Commandant DE MORLIS) sur la lisière Nord du
bois de Mondement, pendant que muni d’un guide, il
Pendant la progression, le
Colonel essaie, sans y parvenir, de rallier les éléments épars des zouaves, des
tirailleurs, qui ayant perdu tous leurs officiers, crient dans les bois, à
l’aventure, il rencontre le bataillon ERNAUX du
208ième et
lui donne l’ordre de rester à disposition.
A 11h40 le bataillon DE MERLIS est à
la lisière nord des bois de MONDEMENT suivi par le bataillon ERNAUX du 208ième.
Le bataillon DE COURSON du 77ième
atteint à la même heure le nord de l’étang
de
Un bataillon du 208ième est en arrière et à gauche
du bataillon BAUNARD.
Une batterie de la division
marocaine ( Capitaine DE BOURG DE LAVAGNE) qui n’a pas lâché la lisière des
bois, tire énergiquement sur le village de Mondement appuyé par une section de
mitrailleuses des zouaves.
A midi 40, le Colonel rend compte de
sa situation au Général HUMBERT et sous la protection des patrouilles, suivi
Capitaine DE COURSON, il fait sa reconnaissance et constate que :
1- le village de MONDEMENT et
le château situé en contrebas de la lisière des bois sont fortement occupés.
2- le château est organisé
défensivement et garni de mitrailleuse aux fenêtres, que le mur du parc est
garni de défenseurs.
3- l’artillerie n’obtient
aucun résultat sur le château ; deux zouaves accompagnant le Capitaine DE
COURSON sont tués par des éclats d’obus.
A 13h10, le Colonel reçoit l’ordre
suivant :
« BROYES 12h30, votre
mouvement me donne toute satisfaction. Maintenant il s’agit de reprendre
MONDEMENT, si ce point est occupé par l’ennemi, progressez dans cette direction
à couvert de la lisière.
La 51ième DIR
s’engage entre les bois de MONDEMENT et ceux de ST GOND, face à l’est. Dans le
cas où le château de MONDEMENT serait abandonné par l’ennemi, reprendre la
lisière du bois d’ALLEMANT, si l’ennemi s’y formait. Signé HUMBERT »
A 12h40, le Colonel commandant le 77ième sur
la foi des renseignements fournis par la division du MAROC, croyant MONDEMENT
tenu par les tirailleurs, avait avisé le Colonel EON, qu’il croyait le mouvement
en avant possible. Détrompé par sa reconnaissance, il envoie le Capitaine
BEZIERS LA FOSSE, son adjoint demander à l’artillerie d’amener une pièce face à
l’est, dans l’allée qui aboutit à la grille du château.
L’artillerie hésite et
continue son feu sur le village de MONDEMENT, mais ne peut atteindre le
château.
A 13h30, le Général HUMBERT donne
l’instruction suivante :
« Instruction pour le 77ième. S’emparer
de MONDEMENT, reconnaître ensuite la lisière nord-ouest des bois d’ALLEMANT,
l’attaquer si l’ennemi s’y trouve, l’occuper s’il a été abandonné par les
zouaves. Chercher la liaison avec ceux de l’intérieur des bois d’ALLEMANT, les
ramener en avant. »
Pendant ce temps, le
Commandant DE BEAUFORT avec le 2ième
bataillon du 77ième procédait à son installation
à la lisière des bois, ralliant quelques compagnies de zouaves et de
tirailleurs et faisait lui aussi sa reconnaissance.
A 14h30, le Colonel LESTOQUOI rend
compte au Colonel EON que son attaque est préparée et qu’il n’attend que
l’appui efficace de l’artillerie.
A ce moment, le Commandant De
BEAUFORT, après un tir d’artillerie, se lance à l’attaque du château de
MONDEMENT, son bataillon et de deux compagnies de zouaves.
Le Colonel du 77ième entendant
la charge, constatant l’attaque, appuie avec 5 compagnies l’assaut du
Commandant DE BEAUFORT.
Les Allemands laissent avancé
l’attaque jusqu’à la grille, puis ouvrant un feu violent, déciment le 2ième bataillon
qui perd en quelques minutes ; 6 officiers tués, le Commandant DE BEAUFORT, le Capitaine
DE MONTESQUIEU, les Lieutenants FLOQUET et, ROCHET, les Sous-lieutenants NOEL
et BOULIN, l’Adjudant-chef PARPAILLON et de nombreux sous-officiers et soldats
sont blessés, ainsi que le Capitaine HENRION, le Lieutenant mitrailleur
MARCHAND qui audacieusement avait poussé ses mitrailleuses en avant.
Les zouaves qui se trouvaient
entre le 2ième bataillon et le reste du 77ième se retirent à la
course entraînant dans leur recul, les compagnies du 1er bataillon
prises en flanc par les mitrailleuses du château.
Le 2ième bataillon
recule aux lisières des bois d’ALLEMANT où il est rallié par le Colonel EON.
Le Colonel LESTOQUOI arrête le
recul des deux autres bataillons à la lisière nord-est des bois de MONDEMENT, tout
le monde s’arrête, fait face en avant et recommence la préparation pour le feu.
A la gauche, une compagnie du 1er
bataillon reste un moment à la crête d’où
elle fusille violemment les défenseurs de la ferme au nord-ouest de MONDEMENT.
A 17h sur les instances du Colonel
commandant le 77ième, le Capitaine d’artillerie DE BONY, décide d’amener une
pièce à bras dans l’allée du château à
Le Capitaine DE BONY amène sa
pièce et lâche sur le château une série d’obus explosifs.
Au même moment le Colonel EON
qui avait fait avancer une section de
A 18h30, le Colonel LESTOQUOI lance
3 compagnies sur le château avec mission d’enlever, de fouiller le parc et de
gagner la lisière opposée ; 4 compagnies sur le sillage avec mission de balayer
tout ce qui s’y trouve et de gagner également les lisières.
Avec sa dernière compagnie
(9ième Capitaine CHAUSSE), le Colonel se lance sur la grille du
château. Le mouvement s’exécute avec entrain et une vitesse remarquable,
l’ennemi fuit de toute part, baïonnettes aux reins et vient tomber sous les
feux d’enfilade de 2 compagnies de la division marocaine que le Colonel EON a
placée à la lisière nord-est des bois d’ALLEMANT ; A gauche, sous le feu des
mitrailleuses des zouaves qui balayait le chemin de REUVES.
Le 2ième bataillon
sur ces entrefaites rejoint le régiment.
A 19 heures, le silence n’est plus
interrompu que par les plaintes des nombreux blessés allemands empilés dans les
fossés de la route, dans les bas fonds au nord-est du village. Le régiment
s’installe en avant poste de combat.
Les pertes de la garde qui
défendait MONDEMENT ont été graves plus ceux qui n’ont pu fuir, se sont fait
tuer ou blesser, ne voulant se rendre. A peine a-t-on pu prendre quelques
prisonniers.
Le lendemain, 10 septembre, après avoir
rendu les honneurs à ses chers morts, le régiment remettait au Général HUMBERT,
le château et le village de MONDEMENT, où la veille il était entré seul et de
haute lutte.
La coopération induite de
l’artillerie et de l’infanterie, la volonté inébranlable de celle-ci d’emporter
la position, a amené la décision, et à 19 heures le Colonel commandant le 77ième pourrait envoyer ce
compte rendu laconique :
« Je tiens le village et le
château de MONDEMENT, je m’y installe pour la nuit, le 208ième Régiment, les zouaves,
les tirailleurs restèrent à MONTGIVROUX et dans les bois en soutien du 77ième. »
Signé LESTOQUOI
Pour copie certifiée conforme
Le Capitaine adjoint au
Colonel LESTOQUOI PIERRE BEZIERS LA FOSSE
(Cachet du 77ième Regt
d’infanterie : Le colonel)
Site de
l'association "MONDEMENT 1914"
Quelques combats de la bataille
de la Marne
L’épisode des Taxis de la Marne
Les
combats de Puisieux du 8 septembre 1914
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