La course à la mer

(18 septembre - 19 octobre 1914)

 

 

La course à la mer !

Cette image pittoresquement évocatrice sera conservée par l'histoire pour désigner la série d'opérations qui fait suite à la bataille de la Marne et aboutit à la stabilisation du front, à l'enfouissement des armées adverses en 2 réseaux démesurés de tranchées, étranges citadelle sinueuses dont la menace réciproque va se prolonger près de quatre années.

L'état major allemand cherche à tourner notre gauche et nous cherchons à déborder la droite ennemie. Du développement de ces efforts rivaux va résulter une lutte de vitesse qui a la fin d'octobre, étirera jusqu'à la mer du Nord une ligne de feu ininterrompue.

Comme un incendie qui s'étend progressivement sur la campagne, la bataille monte ainsi des collines de Picardie aux plaines d'Artois et aux canaux de Flandres.

 

Contre les dix huit corps d'armée et les quatre corps de cavalerie de notre adversaire, il s'agit d'envoyer des forces toujours plus nombreuses et des armes toujours plus destructives. Pendant un mois et demi, le chemin de fer et l'automobile règnent en maîtres. Mais notre Commandement va montrer tant d'activité, de décision et de justesse de vue qu'il réduira à l'impuissance la diligence pourtant prodigieuse des masses germaniques..

 

Les combats dans la région de L’Aisne

 

Repoussée des bords de la Marne en assez grand désordre et fortement démoralisée, la vague des feldgrau refluait vers les collines de l'Aisne dès le 11 septembre au soir.

Derrière elle, nos 1e et 2ème armées se réinstallaient en Lorraine.

Mais Joffre savait bien que l'ennemi allait tenter de se cramponner à la forteresse naturelle qui, de la trouée de l'Oise à la trouée de l'Aisne, couvre la très redoutable position de Laon.

 

 Le 13, Von Klück repasse l'Aisne, de Compiègne à Berry au Bac.

Avec infiniment de clairvoyance, les vaincus de la Marne utilisent tous les accidents de ce terrain éminemment propice à la défensive, ces falaises abruptes, creusées de creutes, où ils se retranchent avec une rapidité extraordinaire.

La fatigue de notre cavalerie, l'épuisement de nos stocks de munitions, le manque d'artillerie lourde nous empêchent d'organiser contre eux des attaques décisives et de les forcer à poursuivre leur retraite vers la Meuse.

Cette ténacité allemande dans le massif de l'Aisne va changer, presque du jour au lendemain, la physionomie de la lutte, en prolonger la durée au delà  de toutes prévisions et l'amener à des conditions sans précédent dans le passé.

 

Au Quartier Général ennemi, de Moltke a repris d'autant plus d'assurance qu'il attend le très prochain renfort de l'armée von Heeringen, retirée depuis huit jours de Lorraine.

Au lieu de chercher à forcer de front cette résistance, Joffre va essayer de la déborder par l'ouest. En élargissant son action vers Ham et Saint Quentin, il espère, par un rabattement consécutif, envelopper la droite allemande.

 

C'est l'armée Maunoury qu'il charge de ce mouvement capital.

 

Mais, après avoir franchi l'Aisne avec le gros de ses forces, Maunoury se trouve pris sous des feux irrésistibles d'artillerie lourde, et son infanterie échoue dans ses attaques sur Carlepont. Le maréchal French et le général Franchet d'Esperey se voient également arrêtés sur l'Aisne. La cavalerie française, qui s'est engagée trop en pointe, ne peut continuer son mouvement au-delà de Sissonne.

Sans résultats bien appréciables, les deux armées se choquent dans une multitude de combats qui recommencent chaque jour, à Berry au Bac et à la côte 108 (127e régiment d’infanterie), dans la vallée de l’Ancre, sur la rive droite de l'Oise, à Quennevières (124e régiment d’infanterie), dans la région de Reims.

 L'ennemi éprouve de fortes pertes aux abords de la forêt de Laigue. A sa gauche, il parvient à prendre un solide point d'appui sur les Hauts de Meuse et à faire quelques progrès en direction de Saint Mihiel.

 

Dés le 17, la manœuvre d'enveloppement, que Joffre espérait réussir dans la vallée de l'Oise, pouvait être considérée comme vouée à l'échec.

En effet, les Allemands, se reprenant après le premier moment de désarroi, renforçaient leur droite et plaçaient entre l'armée Bülow et l'armée von Klück la VIIe armée de Von Heeringen, qui venait d'arriver en toute hâte de Lorraine.

 

Pourtant, notre manœuvre enveloppante restait possible par le nord ouest.

Décidé à la tenter sur ce nouveau terrain, le généralissime, voyant Maunoury retenu dans la région de Compiègne par de grosses difficultés, rappela de Lorraine, avec une partie de ses troupes, le général de Castelnau, et lui prescrivit de reconstituer sa 2e armée dans la région de Roye-Lassigny.

 

Renforcé par des divisions de réserve et quelques groupements territoriaux, Castelnau prononça, le 20 septembre une énergique offensive en direction de Péronne et de Noyon

De son côté, le Haut Commandement germanique allait tenter une contre manœuvre, destinée à envelopper notre gauche. Il chargea le colonel général Von Bülow de mener à bien cette tentative par une avance rapide sur Creil et Beauvais.

Comme de nouvelles forces ennemies surviennent sans cesse en Picardie, puis en Artois, l'armée française va être contrainte d'allonger sans cesse son front vers le nord, devant Albert, Arras, Béthune, puis bientôt en avant de Bergues et de Dunkerque.

 

C'est la course de vitesse qui prend son double essor et qui ne s'arrêtera qu'au bord de la mer. Alors, les deux manœuvres opposées venant se briser l'une contre l'autre, les deux armées se figeront face à face dans l'immobilité et l'attente, sentinelles vigilantes et farouches au seuil des régions dont elles s'interdiront mutuellement l'accès.

 

Déjà, sur le nouveau front qui venait de lui être assigné, Castelnau avait engagé la bataille.

Leur jonction opérée, les armées von Klück et van Heeringen détachaient vers la Somme de forts partis de cavalerie, avec l'ordre de dépasser nos forces à tout prix.

En même temps de Moltke renforçait sa droite et la prolongeait avec toutes les troupes qu'il pouvait retirer de son front entre Oise et Vosges. De son côté, Castelnau venait de grossir son armée des divisions territoriales du général Brugére, qui allaient faire preuve de beaucoup de fermeté et d'une mobilité inattendue, en couvrant le débarquement des renforts et en menaçant les communications allemandes.

 

Par un télégramme du 15 septembre, Joffre signale aux armées que l'ennemi accepte une nouvelle bataille entre l'Oise et la Meuse.

Il prescrit des mesures méthodiques d'attaque et une organisation progressive du terrain conquis. Cette nouvelle bataille se livre sur un front jalonné, de l'ouest à l'est, par les hauteurs au nord de l'Aisne (Soupir ) le canal de Berry au Bac (1e,127e régiment d’infanterie) (côte 108) à Courcy, les abords est de Reims, Cernay (291e régiment d’infanterie), la Vesle jusqu'à Sillery, Prunay, Suippes, Saint Hilaire, Souain, Vienne la Ville, Malancourt, Hautmont et Ornes.

 

A l'est de la Meuse, les Allemands tentent un vain effort pour rompre notre 3e armée qui protège Verdun.

Ils sont rapidement arrêtés.

 

Du 17 au 21 septembre ,autour du massif de l'Aisne, la résistance allemande prend une forme de plus en plus agressive. L'armée anglaise n'est parvenue à passer la rivière qu'au prix des pertes les plus lourdes.

 

Voir le JMO du 292e régiment d’infanterie qui combat dans l’Aisne à cette période

 

A l'armée Franchet d'Esperey, le 18e corps, sous les ordres du général de Maud'huy, enlève le Chemin des Dames; mais l'ennemi contre attaque en forces et, engage de furieux combats autour de Craonelle ,de la ferme d'Hurtebise et de Corbény (123e régiment d’infanterie)

 

 Le 21 septembre, Castelnau a fait son entrée dans Noyon, mais il n'a pu s'y maintenir et il va être obligé de montrer beaucoup de ténacité et de mordant autour de Roye (Plessier de Roye) et de Lassigny, gros bourgs assez importants comme nœuds de voies ferrées. Malgré leur déception de se voir arrêtés dans leurs succès et de ne pouvoir poursuivre jusqu'en Allemagne l'ennemi vaincu; nos soldats conservent dans leurs assauts autant de crânerie et d'entrain. Furieux d'être contenus, les Allemands commencent à bombarder la cathédrale de Reims.

Chassé de Roye, dans la journée du 20 septembre, l'ennemi reparaît, dés le lendemain. Ses batteries lourdes, installées à Solente, tonnent sans répit. La lutte déborde sur les villages de Carrepuis, Roiglise, Parvilliers, Chilly, Champien.

 

Le 21 septembre, le 13e corps d'armée s'empare de Ribécourt, mais échoue devant Lassigny qui protège le flanc droit de l'ennemi.

 

Le 22 septembre, nos troupes reprennent avec plus d'acharnement leur attaque. Mais Lassigny est une position difficile à aborder, autour de laquelle les Allemands ont construit en hâte une forte ligne de retranchements.

 

Violemment disputé, ce combat coûtera à nos soldats beaucoup d'efforts et de sang. Sous la conduite du colonel Savy, la 4e brigade du Maroc, récemment débarquée à. Compiègne, s'y fit tout particulièrement remarquer par sa vaillance contre un ennemi qui, bien couvert par des bois, restait peu prés invisible et que soutenait une puissante artillerie lourde, marsouins, tirailleurs algériens et sénégalais se lancèrent à la baïonnette à travers champs, avec un admirable mépris du danger.

 

La position fut enlevée au prix des plus lourds sacrifices, puis nous dûmes l'évacuer devant la violence des contre attaques.

Les troupes du 13e corps furent contraintes de se retrancher aux abords immédiats de Lassigny.

 

Les 21,  23 et 26 septembre des attaques successives des 350e et 361e régiments d’infanterie contre Moulin sous Touvent et la ferme du Touvent se révèlent infructueuses.

 

De l'Aisne à la Lys

Ces combats incessants et chaque jour plus acharnés ralentissaient la marche de Castelnau.

Et cependant Joffre ne cessait de lui répéter :

 « Rectifiez la marche de vos deux corps de gauche orientée trop à l'est, et redressez la franchement vers le nord.»

 

Ces deux corps, le 20ème et le 14ème, pouvaient, en effet, d'un jour à l'autre, être appelés à franchir la Somme dans la région de Corbie; et, en prévision d'un tel passage, les divisions territoriales de Brugére avaient reçu l'ordre de se mettre en marche vers Aubigny, pour continuer de couvrir nos débarquements et nos mouvements de concentration.

C'est vers le nord que convergent tous nos corps de cavalerie, c'est vers le nord qu'ils rivalisent de vitesse. Et c'est aussi vers le nord que se hâte la cavalerie allemande du général von Marwitz qui nous harcèle et nous accroche en de multiples combats. Von Marwitz n'en est pas moins obligé de reculer sur Ham, et notre 14e corps atteint Rosières en Santerre, tandis que le 20e arrive à Villers Bretonneux

.

Le 24 septembre, la bataille recommence entre Lassigny et la Somme. Les Allemands paraissent avoir amené à notre gauche presque toutes les forces qu'ils avaient laissées en Belgique.

Joffre écrit à Millerand que « le moment est venu pour l’armée belge d'agir sur les communications de l’ennemi.»

Afin de continuer leur rôle de couver­ture vis à vis de la 2e armée, les divisions terri­toriales de Brugére se portent en direction de Bapaume Arras; et, mêlées assez confusément au corps de cavalerie du général Conneau, elles doivent livrer, le 26, un rude combat.

 

La 82 division territoriale s'était, en effet, dirigée vers Longueval, où des coureurs ennemis lui avaient été signalés. Au débouché de ce vil­lage, elle fut accueillie par une pluie de balles bien dirigées, l'ennemi s'étant retranché dans la ferme Waterlot.

Le combat s'étendit vite et nos territoriaux eurent à supporter un feu d'infanterie des plus violents sur la lisière sud-est de Lon­gueval, ainsi que les abus des batteries allemandes installées derrière le bois des Bouleaux.

 

Mais ces régiments, incomplètement équipés et armés, à peine entraînés, composés presque exclusivement de pères de famille, firent preuve d'une tenue superbe. Bien que défendue par des grena­diers de la Garde prussienne, la ferme Waterlot fut enlevée à la baïonnette.

Malgré ses pertes, la division ne cède pas un pouce de terrain.

 

Au soir, les rues de Longueval regorgent de morts et de blessés.

 

Mais nos terri­toriaux organisent défensivement la lisière du bois Delville et celle du village. Ils ne s'en laisseraient pas déloger, si, dans la nuit, ils ne recevaient l’ordre de se porter plus à l'ouest, vers Bouzin­court. Leur mouvement s'opère sans éveiller l'at­tention de l'ennemi.

Notre front va se maintenir au sud de la Somme; Mais, au nord de cette rivière, les divi­sions territoriales se replient sur la rive ouest de l'Ancre où elles se retranchent.

Presque en même temps, notre 4e corps (général Boëlle) se heurte à des forces considérables et il est ramené en arrière de Roye.

Les Allemands ont tiré un pré­cieux avantage de la forme concentrique de leur front qui facilite leurs transports.

Ainsi se termine la première phase de la lutte dans la région de Roye. Si nous sommes accrochés au terrain, toutes les tentatives ennemies sont restées infructueuses, malgré leur violence.

 

Mais il va nous falloir transporter de nouvelles forces sur la Somme, et, bientôt, au-delà. Acheminés par voie de terre et par camions automobiles sur la région de Compiègne, les 10 et  11ème corps s'embarquent ensuite en chemin de fer pour gagner la région d'Amiens. Ces corps seront bientôt suivis par la division Barbot, la 70e division de réserve et deux divisions de cavalerie.

 

D'autres renforts, après le 1 octobre, vont affluer dans la même direction; et, comme ces troupes doivent se concentrer au nord de la Somme, il importe que Castelnau continue, au sud, de tenir solidement.

Castelnau fait tête partout, mais ne se maintient qu'avec peine, car le renforcement constant de  notre aile gauche exige de continuels prélèvements d'effectifs sur les différentes parties du front. L'arrêt de la droite allemande et son débordement devient de plus en plus le but suprême auquel concourent tous les mouvements.

En Picardie, nous conservons nos positions, mais ne pouvons arrêter les progrès de l'ennemi. Castelnau est partout, voit tout, mais il n'a pas assez de monde sous la main pour forcer la droite de Bülow qui monte sans cesse vers le nord, en direction du plateau de Thiepval.

Le général de Maud'huy lui est envoyé pour prendre spécialement le commandement des troupes à qui la manœuvre débordante est confiée.

Le général d'Urbal doit seconder de Maud'huy dans l'exécution de sa tâche. En même temps, Castelnau voit arriver à sa gauche un nouveau corps de cavalerie commandée par le général de Mitry, avec mission de gagner le nord de la Scarpe. De rivière en rivière, de kilomètre en kilomètre, d'heure en heure, la course à la mer se faisait plus disputée, plus âpre, plus avide de vitesse. De Picardie elle était passée en Artois et elle venait d'atteindre la Flandre.

 

C'était là l'inévitable champ clos où elle ne trouverait, en guise de but, qu'un formidable choc.

Les forces du général de Maud'huy étaient réparties au sud et au nord d'Arras, des environs d'Albert à l'est de Lens et de Béthune.

 

Le 2 octobre, leur situation s'aggrave. Alors que le 10ème corps attaque, au sud d'Arras à Mercatel : 25e, 47e et le 241e régiment d’infanterie  (voir le journal de marche) , avec une énergie suffisante, deux de nos divisions, qui viennent de débarquer, sont très violemment prises à partie par des colonnes allemandes débouchant de la région de Douai.

 

Par bonheur, ces divisions ont à leur tète des chefs intrépides : le général Barbot et le général Fayolle.

Dés le début de l'action, l'ennemi fonce si rudement que la division Barbot perd Monchy le Preux, mais se maintient sur le plateau à l'est d'Arras. La division Fayolle résiste avec peine au sud-est de Lens.

Le prince Rupture de Bavière, qui vient d'arriver de Lorraine, cherche par une marche rapide sur Arras et Amiens, à envelopper notre aile gauche.

Mais ce qu'il veut surtout, c'est nous retenir et empêcher notre avance jusqu'à l'arrivée des nouvelles armées allemandes qui, depuis le 26 septembre, bombardent Anvers, et dont il escompte la libération par une reddition très prochaine de cette place.

 

Dés le 4 octobre, Anvers semble, en effet, à bout de résistance. On avait songé à lui envoyer des renforts composés des deux divisions anglaises du général Rawlinson et de ces six mille fusiliers marins français que nous allons voir bientôt se couvrir, à Dixmude, d'une gloire impérissable. Mais ces renforts ne pourront arriver à temps ; ils ne serviront qu'à couvrir la retraite des défenseurs de la Place, quand, le 8 septembre, Anvers succombera.

A ce moment, les troupes allemandes, enfin libérées, se ruent entre la Lys et la mer, en direction de Dunkerque et de Calais.

Dans les premiers jours d'octobre, Maud'huy, fortement pressé, a été obligé de céder du terrain.

 

Le 3 et le 4, le 10ème corps a échoué devant les tranchées de Neuville-Vitasse ; et, malgré sa vigoureuse résistance, le corps de cavalerie du général de Mitry, attaqué dans Lens par une forte infanterie, n'a pu réussir à sauver la ville.

 

En présence de cette situation, Castelnau envisage la possibilité de reporter ses troupes en arrière.

Mais Joffre lui télégraphie aussitôt qu'il faut à tout prix se garder d'un recul, car celui-ci « donnerait l'impression d'une défaite et enlèverait toute faculté de manœuvres ultérieures. »

A cette heure critique et angoissante, Foch allait apparaître.

 

II était, le 5 octobre à Aubigny. IL voyait le général de Maud'huy et lui demandait de se maintenir à tout prix autour d'Arras en attaquant par sa gauche avec la cavalerie et le 21e corps nouvellement débarqué. Mais le lendemain, le 10 corps perdait Beaurains, et la division Barbot se repliait jusque dans les faubourgs d'Arras, qui allait subir les horreurs du bombardement.

 

D'autre part, nos troupes engagées entre l'Oise et les plateaux à l'est d'Arras, ne maintenaient leur front qu'au prix des plus grandes difficultés.

 

 Le 6 octobre, dans la région de Roye, elles perdaient Parvilliers, Villiers lés Roye, Andechy, Le Quesnoy en Santerre, une partie de Beuvraignes et de Saint Aurin. Plus au nord, elles étaient également forcées d'abandonner Gommécourt.

A gauche, l'armée de Maud'huy, qui devient la 10e armée, réussit à maintenir ses positions au sud et à l'est d'Arras et à repousser, à force de vigilance et de ténacité, les violentes tentatives allemandes pour la couper de la mer.

C'est en vain que Bülow a déchaîné l'attaque brusquée d'une masse de cavalerie, renforcée par des détachements d'infanterie transportés en automobiles.

Cette cavalerie pousse jusqu'à Hazebrouck, Bailleul et Cassel. Mais l'ennemi échoue devant Arras dont il peut détruire les monuments, mais non forcer l'enceinte vaillamment défendue par le corps mixte du général d'Urbal.

C'est tout juste si, au prix des plus grands sacrifices, les Allemands s'infiltrent dans les faubourgs de Saint Laurent et de Blangy.

Pour que notre manœuvre débordante puisse continuer à se poursuivre dans le nord, il faut, coûte que coûte, maintenir l'inviolabilité de notre front.

 

Joffre télégraphie aux commandants d'armée :

« Fortifiez vous le plus possible sur tout votre front. Agissez avec le maximum d'énergie. Nous étudions les moyens de vous amener des renforts ».

 

Les renforts ainsi annoncés vont être fournis, en grande partie, par l'armée anglaise, car une nouvelle phase d'opérations commence, dans laquelle les Français, répartis un peu partout, vont agir en liaison intime avec les Belges sortis d'Anvers et les Anglais rassemblés face aux Flandres.

 

Le roi Albert garde le commandement de ses troupes, tout en se déclarant prêt à recevoir les instructions du généralissime français. Le maréchal French a accepté, en fait, la même nécessaire subordination. Ce n'est ni sans lenteur ni sans obstacles que l'armée britannique a quitté la région de l'Aisne pour arriver par voie ferrée en Flandre et en Belgique, dans le plat pays qui s'étend de Béthune à Ypres.

La mission de cette armée, dans l'ensemble des opérations, sera de prolonger d'une manière incessante, au fur et à mesure de ses débarquements, le front du dispositif général, afin de déborder l'ennemi et d'entrer ainsi en liaison avec l'armée belge. Elle a trouvé à propos l'appui de nos corps de cavalerie parvenus au nord de la Lys. Le but de ses premières opérations va consister à aider les Belges à tenir sur l'Yser, et à empêcher toute offensive allemande sur Dunkerque et Calais, car la trouée s'ouvre toujours de Dunkerque à Lens.

 

Il est aussi urgent que les divisions anglaises et indiennes de French apportent leur secours à de Maud'Huy Sans doute celui-ci a t il progressé sur Ablain, Carency et la Targette.

 

Sans doute aussi le corps de cavalerie de Mitry a t il poussé une pointe audacieuse en Flandre ; Ypres se trouve couvert, le 15 octobre, par les 87e et 89e divisions territoriales, envoyées de Dunkerque.

En les y rejoignant, de Mitry va établir enfin la soudure. Mais celle-ci apparaît si frêle, si précaire, que la situation devient chaque jour plus critique.

C'est tout juste si la magnifique résistance devant Arras du 33e corps, de la division Barbot, empêche la rupture de la ligne française.

 

 Le 26 octobre, afin d'obliger l'étreinte ennemie à se desserrer, nous entamons une série de contre-attaques qui, à force d'opiniâtreté, nous conduisent à des gains précieux.

Dans le Santerre, le 4e corps finit par sortir vainqueur d'une lutte très vive.Il investit Le Quesnoy en Santerre

 

Le 29, l'ordre est donné d'enlever d'assaut le village. Les 117e,307e et 317e d'infanterie, ainsi que des éléments du 315e, franchissent crânement les tirs de barrage. Aucune mitrailleuse ne ralentit leur élan. Mais devant l'étendue des pertes, nous devons nous arrêter à la route d'Amiens.

Ce n'est que le surlendemain 1 novembre que nos troupes Les 308e,338e,130e,140e d'infanterie peuvent s'emparer du Quesnoy en Santerre, après des corps à corps effroyables.

Une attaque infructueuse est lancée sur Andechy le 4 novembre,par le 124e régiment d’infanterie, les pertes sont sérieuses.

 

 

A la fin d'octobre, la sécurité de l'armée française dans le Nord ne paraît plus douteuse, mais Foch n'est véritablement rassuré qu'à l'arrivée de la 42e division, puis du 9e corps d'armée. Ces forces montent au nord de la Lys, dernière étape de la course à la mer, et viennent étayer nos alliés belges et anglais.

 

Désormais, il n'y a plus de solution à attendre entre Somme et Scarpe.

 

C'est sur le saillant d'Ypres que les Allemands ont décidé d'asséner leur suprême coup de bélier

 

Avant que les événements prissent une telle face, les Anglais s'étaient efforcés de secourir Lille et de menacer les communications de l'ennemi. Dans ce but, ils avaient décidé de s'emparer de La Bassée, nœud très important de voies ferrées et de routes, unissant la région lilloise à l'intérieur de l'Artois.

Malheureusement, la chute de Lille et la violence des réactions allemandes arrêtèrent l'offensive du général Smith Dorien. Malgré l'important renfort des divisions indiennes de Lahore et de Meerut, celui ci dut se contenter de défendre les approches de Béthune par un solide système de tranchées.

 

 

 Quelques combats de cette « course » à la mer :

 

6 jours de combats au sud d'Arras : du 4 au 10 octobre

Le combat de nuit de Bécourt : 7 et 8 octobre

 

Haut page            Page précédente           Page d’accueil          Suite des opérations  :  La bataille des Flandres