HISTORIQUE 14/18 DU

173e REGIMENT D'INFANTERIE

Merci à Véronique, Gérald, Michel et Dominique

 

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CHEFS DE CORPS successifs   du 173e R. I.

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CHATILLON, lieutenant-colonel (2 août 1914 - 28 août 1914)

BOURG, chef de bataillon (29 août 1914 - octobre 1914).

CHATILLON, colonel (octobre 1914 - juin 1915).

DESTHIEUX, colonel (juin 1915 - juillet 1915).

STEINMETZ, colonel (juillet 1915 - mars 1916).

DEMARET, colonel (mars 1916 - septembre 1916).

BIZARD, colonel (septembre 1916 - septembre 1917).

PRIMAT, lieutenant-colonel (sept. 1917 - décembre 1917).

HOUSSAIS, lieutenant-colonel (décembre 1917 - octob. 1918).

PLAN, lieutenant-colonel (octobre 1918).

 

1914

Le 1er août 1914, à 17 h. 15, le lieutenant-colonel Chatillon, commandant provisoirement le 173e régiment d'infanterie, recevait, à Bastia, le télégramme ordonnant la mobilisation générale, et fixant comme premier jour le 2 août. L'ordre était transmis immédiatement dans les différents détachements du régiment en Corse.

 

Dès le 2 août, les réservistes affluent de toutes parts.

Les opérations prévues pour la mobilisation des différentes unités s'effectuent rapidement. Les différents bataillons et compagnies détachés sont dirigés par voie ferrée ou par voie de terre, à partir du 5 août, sur Ajaccio, d'où, par transports escortés, le régiment s'est acheminé sur Marseille, où s'achèvera la mobilisation et où il stationnera jusqu'au 12 août.

 

Le 14 août à 1 heure, le régiment s'embarque en chemin de fer, à la gare de Marseille et, par Lyon, Dijon, Is-sur-Tille, Neufchâteau, vient débarquer en gare de Jarville, le 15 août.

 

Le régiment est informé à ce moment-là qu'il est mis à la disposition de la IIe armée (général de Castelnau) comme réserve d'armée, et opérera prochainement en Lorraine. Embarqué en gare de Jarville le 17 août, il débarque à Emberménil et vient cantonner à Xousse.

Par voie de terre, le régiment suit la progression de la IIe armée derrière le 15e  corps d'armée.

 

Le 18 août, il passe la frontière, près de La Garde et vient cantonner à Ommerey.

 

Le 19 août, il continue son mouvement en avant et entre dans Dieuze.

 

Vers la description de la bataille de Dieuze

 

Le 4e bataillon est détaché pour organiser des positions entre Lindre-Basse et Dieuze. Le 2e bataillon est envoyé par Kaerprich dans la forêt de Kœking, où il prend les avant-postes.

 

Le 20 août au matin, vers 9 heures, le 3e bataillon du régiment est porté en réserve sur les hauteurs du moulin de Kaerprich, puis avec le 1e bataillon, est engagé dans la bataille qui prit le nom de bataille de Dieuze.

Les diverses unités du régiment progressaient normalement en combattant, lorsque, vers midi, une estafette de la 30e D. I. apporta l'ordre de rompre le combat, de se replier et de venir organiser défensivement les villages de Blanche-Eglise et de Mulcey, puis peu après de se reporter sur Marsal.

Vers 19 heures, un nouvel ordre prescrit au régiment de se porter, par Moyenvic, sur Serres où il arrive le 21 août.

Dans la soirée, le régiment vient cantonner à Dombasle-sur-Meurthe.

 

Le 22 et le 23 août, des éléments du régiment défendent Crévic, Dombasle et enfin Flainval, où des régiments du 20e corps viennent les relever sur leurs emplacements.

 

Le 23 et le 24 août, le régiment stationne à Velle-sur- Moselle et Crévéchamps.

 

Le 25 août, reprenant la marche en avant par Haussonville, le régiment occupe Damelevières et Blainville-sur-l'Eau, bousculant les Allemands qui y ont installé de fortes arrière-gardes. Celles-ci incendient ce dernier village lorsqu'elles se voient contraintes de l'abandonner.

 

Le 26 août, engagé à cheval sur la route Blainville - Mont-sur-Meurthe, après un rude combat qui dure de 12 à 17 heures, le 173e enlève à la baïonnette le village de Mont-sur-Meurthe fortement tenu et organisé par les Allemands, rejette ceux-ci au delà de la Mortagne et s'empare d'un pont de bateaux, de mitrailleuses et de la caisse d'un régiment de pontonniers.

 

Les 27 et 28 août, il stationne à Mont et le 29 août, il enlève le village de Rehainvillers, exécutant sous un barrage inouï d'artillerie de campagne et d'artillerie lourde allemande une magnifique progression.

 

Les 29, 30, 31 août, 1er et 2 septembre, le régiment exécute différentes opérations de détail qui l'amènent dans le village de Chaufontaine, aux abords de Lunéville.

 

Relevé par des régiments de réserve, il vient stationner les 3 et 4 septembre à Velle-sur-Moselle et Crévéchamps.

 

PARTICIPATION à la BATAILLE DE LA MARNE

Vers la description de la bataille de la Marne

 

 

Le 5 septembre, le régiment quitte ses cantonnements et, par Vézelise, Favières, Creux, Vouthon-Bas, vient s'embarquer le 8 septembre à Gondrecourt. Débarquant à Ligny-en-Barrois, il prend part à la bataille de la Marne.

Le 9 septembre, il occupe Couvonges, entre le 10 à Mogneville et le 11 à Revigny. Ces villages sont en feu.

Pendant les journées des 9 et 10, le régiment livre deux combats très violents pour s'emparer de Mogneville d'abord, et du bois de Faux-Miroir ensuite, position dominant la plaine de Saulx et le nœud des voies ferrées de Revigny.

Poursuivant les Allemands, il atteint Brabant-le-Roi, d'où il se met en route à destination de la IIIe armée, qu'il rejoint du côté de Dombasle-en-Argonne.

Du 14 septembre au 23 novembre 1914, le 173e opère dans la région Monzéville, Esnes, Haucourt, Malancourt et Béthincourt.

Pendant cette période, il livre, le 20 septembre, un combat à l'ouest de Cuigy, défend Malancourt le 25 septembre, résiste à une violente attaque allemande.

 

Le 29 octobre, il attaque la cote 281 à l'ouest du bois de Forges. Pendant cette période, le régiment organise défensivement le terrain reconquis sur l'ennemi.

Ces combats, menés contre des tranchées solidement établies, surplombant le ruisseau de Forges, sont très violents et très durs.

 

Le 23 novembre, le régiment quitte cette région et passant par Verdun, vient cantonner à Haudainville. Le lendemain, 24 novembre, il stationne à Ranzières et le 25, relève, entre Vaux-les-Palameix et Mouilly, dans les bois de Ranzières et du Loclont, les 10e et 27e d'infanterie.

Le régiment, à dater de ce jour, est rattaché au 6e corps d'armée, 12e division.

 

 

1915

 

Pendant cette période qui va s'étendre du 25 novembre 1914 aux premiers jours de mai 1915, le 173e créera les organisations défensives du bois de Ranzières, et, par des actions de détail, portera les lignes au contact des organisations allemandes.

Ce sera la lutte journalière à la grenade, grenades de fortune de 1914. Il subira des bombardements d'artillerie allemande, résistera à de nombreuses attaques, parfois très violentes, lancées par les Allemands. Ce sera pour le régiment la période d'instruction à la guerre de tranchée.

Le 29 décembre 1914, il participe à une attaque générale du 6e corps, qui a pour but de chasser les Allemands de la tranchée de Calonne.

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LES ÉPARGES (Février-Mai 1915)

Vers la description générale des batailles

 

Du 21 au 26 février 1915, à côté des 106e, 132e d'infanterie et 25e B. C. P., il prend part à la fameuse attaque des Éparges. Plus tard, appelé à l'occuper, il conservera cette position malgré de furieux bombardements et les violentes contre-attaques ennemies.

Du 23 au 26 avril 1915, le régiment fait tête, avec le 67e d'infanterie, à l'attaque de trois divisions allemandes, attaque précédée de trois jours de bombardement. Mais notre 3e bataillon contre-attaque avec énergie, bouscule les éléments allemands qui avaient réussi à pénétrer dans une partie de notre première ligne de tranchées et dans la deuxième ligne de notre voisin de gauche (le 67e); il coupe ainsi à l'ennemi la route de Verdun.

Les 3, 4 et 5 mai 1915, malgré une préparation d'artillerie d'une extrême violence, il repousse l'aile gauche d'une division allemande qui, attaquant en direction de Mouilly, cherche à faire tomber la hauteur des Éparges.

Le 8 juin 1915, le régiment relevé, va tenir, pendant quelques jours seulement, un secteur entre Dompcevrin et le Malin-Bois, faisant face au village de Chauvoncourt et à Saint-Mihiel.

 

LA GRURIE (Mai-Août 1915)

Vers la description des batailles de Wöevre

 

Après ce court séjour, le régiment transporté en camions automobiles par Chaumont-sur-Aire, Rembercourt, Sommeille, Givry-en-Argonne, vient cantonner à Vieil-Dampierre, d'où il est acheminé par Sainte-Menehould dans le secteur Saint-Thomas, Vienne-le-Château, qu'il occupe jusqu'au 18 août.

 

Pendant l'occupation de ce secteur, le régiment tient tète aux violentes attaques lancées par les Allemands dans et à l'ouest du bois de la Grurie au cours des mois de juin et de juillet.

 

Il participe le 20 juin à une contre-attaque, rejetant les Allemands des positions françaises dans lesquelles ils avaient pris pied au nord de Vienne-le-Château.

 

Le 14 juillet, il participe, avec une brigade coloniale, à une attaque française qui a pour objectif les positions allemandes entre Servon et la route de Binarville. Malgré la fatigue et les bombardements journaliers par torpilles et projectiles d'artillerie lourde allemande, le régiment conserve intactes les positions qui ont été confiées à sa garde.

 

Relevé le 13 août du bois de la Gruerie, le régiment est transporté, en chemin de fer, à Largny, dans la région de Villers-Cotterets, puis, par voie de terre, il vient s'installer dans les bois de Beaumais (sud-est de Craonne) où il travaille à la construction des parallèles de départ qu'il occupera lors du déclenchement de l'offensive de l'armée française en septembre 1915. Des événements imprévus l'ont empêché de prendre une part active aux combats qui se sont livrés à sa droite.

 

Relevé du secteur de Beaumarais et mis au repos dans la région de Jonchery, le régiment est alerté le 21 octobre et transporté en camions pour remplacer dans les tranchées, au sud-est de la Pompelle, un régiment territorial (118e) fortement éprouvé par une attaque par gaz.

Il occupe ce secteur jusqu'au 21 novembre, date à laquelle il est relevé et envoyé au repos dans la région Nanteuil-la-Fosse, Fleury-la-Rivière et Damery.

 

1916

 

CHAMPAGNE (2 Décembre 1915-Mai 1916)

Après un repos de quelques jours, embarqué en gare d'Épernay, il débarque à Saint-Hilaire-au-Temple et vient occuper, à partir du 2 décembre (relève célèbre par un temps affreux) le secteur dit de « La Courtine », situé entre la Butte du Mesnil à l'est et le ravin de la Goutte à l'ouest. Jusqu'au 2 mai 1916, le régiment ne participera à aucune attaque et n'en subira aucune de la part de l'ennemi.

II n'aura à supporter que des bombardements journaliers, parfois assez violents, d'artillerie lourde ou de torpilles. Il s'emploiera surtout au renforcement des organisations défensives de cette partie du front sur laquelle échouera l'attaque allemande du 15 juillet 1918.

Le 2 mai 1916, il est relevé et, par voie de terre, vient stationner en cantonnement de repos, dans la région de Vitry-le-François, Saint-Armand-sur-Fion, Aulnay-l'Aitre. Il y canton­nera jusqu'au 16 mai inclus.

 

VERDUN (Mai 1916 - Octobre 1917)

Vers la description de la bataille de Verdun

 

Le 15 mai, le général Pétain, venu au 15e corps d'armée, fait connaître que le régiment va être appelé à opérer sur la rive gauche de la Meuse, sur la cote 304, où se continue la bataille de Verdun engagée depuis le 21 février 1916.

 

Le 16 mai, par voie de terre, le régiment se transporte à Villers-Daucourt où il s'embarquera en chemin de fer; débarquant à Récicourt, il vient cantonner à Ville-sur-Cousances.

 

Le 19 mai 1916, dans la nuit, le régiment monte en ligne sur la cote 304 (nord du village d'Esnes).

Sur cette position convoitée par les Allemands, où depuis des mois se déroule une lutte acharnée précédée de bombardements d'une violence inouïe, point de tranchées, point de boyaux; des trous d'obus jointifs sans cesse bouchés, puis recouverts par de nouveaux projectiles.

Ravitaillement très difficile, rendu même impossible certains jours, par une chaleur étouffante; pas d'eau; c'est là que, jusqu'à la fin d'août 1916, le régiment, par périodes de huit à dix jours, s'opposera, par une héroïque résistance, à la percée boche dans la direction d'Esnes.

C'est au cours de cette lutte sans merci que s'écriront les plus belles pages, douloureuses souvent, mais combien glorieuses de l'histoire du régiment.

Seuls, les faits principaux vont être relatés. Mais on peut dire que, sur le front étroit occupé par les bataillons, les combats ont été journaliers, menés de part et d'autre avec une violence, une énergie, et une bravoure admirables.

 

Malgré les attaques avec lance-flammes, malgré les bombardements où le 77 était inconnu, où les 150 et les 210 pilonnaient le terrain, réduisant tout en poussière, le régiment peut dire avec fierté qu'il a conservé intactes les lignes qui ont été confiées à sa défense, et qu'il a rempli la mission qui lui avait été imposée : « Tenir à tout prix ».

 

COTE 304 (29 Mai 1916)

Le 29 mai au matin, après un bombardement qui, de jour et de nuit dure depuis le 25, les Allemands lancent deux violentes attaques à quelques heures d'intervalle l'une de l'autre.

Ces attaques sont précédées en avant d'un feu roulant d'artillerie lourde d'une violence inouïe. Au déclenchement de l'attaque, dont l'effort se porte principalement sur le 2e bataillon, les officiers et les hommes montent sur les lèvres des entonnoirs et avec un adjudant qui brandit un drapeau tricolore, reçoivent les Allemands à la grenade, au chant de la « Marseillaise » et au cri de : « Les Boches, on les aura! ».

 

L'ennemi surpris, hésite un instant; puis pris sous nos feux de mitrailleuses et un barrage de grenades, reflue en désordre dans ses tranchées d'où il ne sortira plus. Les bataillons sont alors soumis à un bombardement d'une violence inouïe.

 

A la suite de cette magnifique résistance, le général de Maud'huy, commandant le 15e corps d'armée, adresse au bataillon la lettre suivante :

Je suis heureux de vous transmettre les félicitations des généraux Pétain et Nivelle pour votre conduite. J'y joins les miennes, affectueuses et sincères. Dites à votre bataillon que je le félicite de sa belle tenue; après ce qu'il a fait, on peut avoir en lui une entière confiance à l'avenir.

 

 

En outre, le colonel Demaret, commandant le régiment, reçoit du colonel Steinmetz, commandant la 252e brigade, la lettre suivante :

Au moment où le dernier bataillon du 173e R. I. (4e bataillon) va être relevé en première ligne, je tiens à vous adresser les félicitations du général commandant la 123e division, commandant le secteur de combat, et du général commandant la 126e division, pour sa belle tenue et la conduite au feu de votre régiment. Les 2e et 4e bataillons surtout se sont trouvés dans des circonstances très difficiles et m'ont confirmé dans la confiance que je pouvais avoir en ma brigade.

Je suis fier de mes deux anciens régiments (173e et 255e) qui ont enfin pu donner ensemble la mesure de leur moral et de leur entrain.

En accordant un souvenir ému à ceux qui sont tombés glorieusement dans nos rangs, il faut songer à ceux qui se sont particulièrement distingués, et je vous prie de bien vouloir m'adresser des propositions de récompenses.

Les chefs de bataillon Collomb et Appert ont été l’âme de la belle résistance du 173e sur la cote 304 contre la violente attaque allemande du 29 mai 1916, consécutive à un long et intense bombardement de son artillerie lourde.

Signé : STEINMETZ.

 

Le 2e bataillon et la 3e compagnie de mitrailleuses sont cités à l'Ordre de l'armée à la suite de ces opérations :

 

ORDRE GÉNÉRAL Ne 250 DE LA IIe ARMÉE

 

Le général commandant la IIe armée cite à l'Ordre de l'armée :

Le 2e bataillon du 173e régiment d'infanterie, sous les ordres du commandant Appert :

Soumis pendant plusieurs heures à un bombardement de gros calibre et d'une violence inouïe, dans des tranchées ébauchées et sans abri, a repoussé victorieusement, à deux reprises différentes, les attaques de tout un bataillon ennemi, en s'élançant sur lui à la baïonnette en criant: « Les Boches, on les aura » et en chantant la « Marseillaise ».

La 3e compagnie de mitrailleuses du 173e régiment d'infanterie, sous les ordres du capitaine Armingaud :

Soumise à un bombardement des plus violents, dans une tranchée de première ligne, sans abris, est restée stoïquement auprès de ses pièces, malgré les lourdes pertes qu'elle a subies et au moment des attaques allemandes, a pris par ses feux le flanc de l'adversaire et a puissamment contribué à repousser l'ennemi et conserver intactes ses premières lignes. A perdu ses trois officiers.

Au Q. G. A., le 28 juin 1916.

Le général commandant la IIe armée,

Signé : NIVELLE.

 

 

À la suite de ces attaques, le régiment est transporté en camions automobiles dans la région Robert-Espagne, Beurey, où il stationnera jusqu'au 11 juin 1916 en cantonnement de repos.

Réembarqué à partir du 13 juin, il vient, en cantonnement d'alerte, dans les bois aux environs de Montzéville, travaillant à l'organisation des positions, puis remonte à la cote 304, à partir du 25 juin.

Mêmes bombardements violents, mêmes attaques partielles journalières.

 

Le 29 juin, vers 16 heures, après un pilonnage de plusieurs heures avec des obus de 210, une attaque allemande précédée de flammenwerfer, se déclenche. Repoussée, elle se répète à 17 heures, on en arrive au corps à corps. Finalement le régiment rétablit l'intégralité de ses positions.

 

Le 30 juin, nouvelle violente attaque; l'ennemi entre dans nos tranchées de première ligne. Une contre-attaque de notre part nous remet en possession de nos positions moins 150 mètres environ que l'ennemi abandonnera quelques jours après sous une pression permanente de notre part.

Dans la soirée, les Allemands essayent sur notre gauche de renouveler l'attaque de la matinée.

Reçus à coups de fusil et de grenades, surpris par nos tirs de barrage, ils rentrent dans leurs lignes.

 

Les 1er, 2 et 3 juillet, bombardement continu et violent, allant en augmentant d'intensité.

 

Le 4 juillet, à 18 heures, une colonne allemande précédée de flammenwerfer, évaluée à près de deux bataillons, attaque avec violence : le tir de nos mitrailleuses et de nos fusiliers, l'attitude crâne de nos grenadiers, brisent net l'élan de l'ennemi; il tournoie, se débande et rentre dans ses tranchées. Cette affaire coûte cher à l'ennemi, de nombreux cadavres restent sur le terrain entre les lignes.

Épuisé par neuf jours de combats incessants, soumis à des bombardements ininterrompus, le régiment conserve un moral parfait.

Il est relevé les 5 et 6 juillet par le 55e régiment d'infanterie, et, transporté en camions automobiles à Ville-sur-Saulx et Lisle-en-Rigault, où il stationnera jusqu'au 3 août.

 

Le 5 août, le régiment est transporté en camions auto-mobiles et vient se grouper entre Récicourt, Brocourt et Ville-sur-Cousances ; puis le 12 remonte en secteur.

 

Du 12 août au 12 novembre, il occupera successivement la cote 304 et les positions du Réduit et du bois d'Avocourt. La bataille de Verdun, pendant cette période, a perdu de sa violence. L'effort allemand a été brisé; le secteur conserve néanmoins une activité assez grande d'artillerie. En dehors d'une attaque locale sur le Réduit d'Avocourt, aisément repoussée par nos grenadiers, aucun fait saillant ne se produira.

 

Le 12 novembre, le régiment est relevé, s'embarque en camions et vient occuper la zone Seigneulles et Condé; il est placé à l'instruction dans le camp de Rembercourt-aux-Pots, en vue de l'attaque qu'il va avoir à mener le 15 décembre 1916.

 

Le 11 décembre, les bataillons quittent leurs cantonnements et sont transportés dans les bois de Nixéville, où ils cantonneront jusqu'au 14 décembre.

 

Le 14, à 16 heures, ils se mettent en marche et viennent occuper les parallèles de départ sur les pentes sud de la cote du Poivre. C'est de là que partira l'attaque qui a valu au régiment sa première citation à l'Ordre de l'armée.

 

LA COTE DU POIVRE (15 Décembre 1916)

(Première Citation)

 

Le 15 décembre, la pluie et la neige tombent en abondance; un vent glacial souffle en tempête; les tranchées sont transformées en ruisseaux de boue dans lesquelles les hommes, lourdement chargés, sont obligés de se tenir droits. Le sol, pétri par les obus, est transformé en une boue innommable.

De 6 heures à 10 heures, après une nuit complète de marche, les hommes très calmes ont attendu avec confiance la minute où ils se porteront à l'attaque du sommet de la côte du Poivre, observatoire merveilleux, d'où l'ennemi depuis des mois épie tous nos mouvements autour et dans Verdun.

A 10 heures précises, les bataillons s'ébranlent et, luttant de vitesse avec le régiment colonial du Maroc, opérant à notre droite, enfoncent la ligne ennemie. En moins d'une heure, ils atteignent tous leurs objectifs. Poursuivant leur marche, ils se portent jusqu'aux batteries ennemies dont ils détruisent les positions et les pièces, ramenant en outre 600 prisonniers.

 

A la suite de cette attaque, le régiment est cité à l'Ordre de la IIe armée (n° 573) dans les termes suivants :

Sous le commandement du colonel Bizard, a atteint d'un seul élan le sommet de la côte du Poivre (cote 342), fortement organisé et tenu par l'ennemi. Son objectif atteint a poursuivi sa marche en avant, nettoyant les abris, détruisant onze canons, ramenant plus de 600 prisonniers et plusieurs mitrailleuses.

 

Le 21 décembre, le régiment est relevé sur la côte du Poivre par le 12e régiment d'infanterie. Embarqué en camions, il est transporté dans la région Erize-Saint-Dizier et Rozières-devant-Bar où il stationnera jusqu'au 15 janvier inclus. A cette date, il est de nouveau transporté à Verdun.

 

 

1917

 

Du 17 janvier au 31 mars 1917, le régiment occupera les secteurs suivants :

Secteur de la ferme des Chambrettes, du 17 janvier au 4 février.

Secteur du bois des Caurières, du 5 février au 31 mars.

Le séjour sur ces positions est marqué par des bombardements d'une extrême violence par obus de gros calibre et par torpilles.

Des tentatives journalières sont faites par l'ennemi à la suite de ces bombardements en vue d'entamer nos lignes. Malgré les pertes subies, malgré la violence du tir d'artillerie, le régiment les repousse et maintient intacte notre position.

A partir du 31 mars, le régiment, par périodes successives de quinze jours, occupe le quartier de Louvemont. Dans ce secteur, les hommes organisent la position.

Il n'y a aucune action particulière à signaler en dehors de patrouilles d'embuscades et de tentatives de coups de main. Cette situation dure jusqu'au 28 juin, date à laquelle le régiment relevé est transporté dans la région de Thonnange-les-Moulins, Noncourt, Sailly, Maconcourt. Il reste dans cette situation jusqu'au 7 août 1917, se préparant à l'attaque qu'il doit mener le 20 août sur la cote 344.

 

Le régiment, transporté en camions autos, débarque : deux bataillons dans les bois de Nixéville; deux bataillons à Verdun. Il y reste jusqu'au 12 août.

A partir du 13 août, les bataillons viennent prendre position sur les pentes nord de la côte du Poivre en attendant que l'ordre d'attaque et l'indication du jour parviennent.

 

 

COTE 344 (20 Août 1917)

(Deuxième Citation)

Vers la description de la bataille de Verdun en août 1917 (avec carte)

 

 

Le 20 août, après une préparation d'artillerie d'une intensité que nos hommes n'avaient jamais connue et malgré la riposte violente des Allemands, les trois bataillons du régiment, à 4 h. 40, sans aucun signal, au simple geste de leurs officiers, bondissent hors des tranchées qui bordent le ravin de Vacherauville et, avec un entrain merveilleux, gravissent les pentes sud-ouest de la cote 344.

Le tir de l'artillerie a une violence telle que les chefs de section dirigent leur troupe uniquement à la boussole : on ne voit pas à dix pas devant soi.

Malgré le poids du sac, malgré la quantité de munitions transportée dans la musette, malgré les ouvrages, les tranchées et les réseaux de fil de fer, les hommes, bousculant tout devant eux, arrivent à 7 heures au delà de l'objectif qui leur a été assigné et, dépassant le barrage de notre artillerie, s'installent dans la tranchée du Tacul.

En deux heures, le régiment a progressé de 3 kilomètres en profondeur, pris 5 officiers, 150 hommes de troupe, 5 mitrailleuses et de nombreux engins de tranchée.

 

Du 21 au 24 août, la réaction de l'ennemi est violente; ses bombardements sont furieux, les obus pleuvent sur nos nouvelles positions; il tente cinq contre-attaques; elles sont dispersées par le tir de notre artillerie et de nos mitrailleuses avant d'avoir pu aborder nos lignes.

 

Le régiment reste sur ces positions jusqu'au 29 août au soir, date à laquelle il est relevé et transporté dans la région de Bar-sur-Aube.

 

Pendant cette période de repos, le 23 septembre, le général Pétain passe le régiment en revue et lui annonce que, cité à l'ordre de la IIe armée (n° 900, du 22 septembre 1918) pour la deuxième fois, il lui confère la Fourragère.

 

La citation du régiment est ainsi conçue :

Régiment magnifique de bravoure et d'entrain. Les 20, 21 et 22 août 1917, sous l'énergique impulsion du colonel Bizard, chef de corps d'une haute valeur morale, a enlevé des positions successives fortement organisées, sans se laisser arrêter par un feu nourri de mitrailleuses, ni par des réseaux de fil de fer incomplètement démolis, brisant la résistance désespérée de l'ennemi, résistant avec une vigueur sans exemple à toutes les contre-attaques. A capturé de nombreux prisonniers et un important matériel.

 

 

LORRAINE (Octobre 1917 - Juin 1918)

Le 1er octobre I917, le régiment quitte l'armée de Verdun à laquelle il a eu l'honneur d'appartenir depuis le 19 mai 1916 et part pour la Lorraine.

Le régiment à la Fourragère verte entre dans cette région, voisine de celle de Dieuze où, une première fois en 1914, il fut jeté dans la bataille et où il reçut le baptême du feu.

 

1918

 

Du 1er octobre 1917 au 3 juin 1918, il occupe les divers secteurs des bords de la Seille, au bas des pentes est et nord-est du Grand-Couronné de Nancy où le Boche, sous les yeux de son empereur, livra en septembre I914 de furieux combats, combats qui, croyait-il, devaient lui ouvrir les portes de Nancy.

Tour à tour, il occupe les avant-postes de Brin, Bey, Lanfroicourt, Haut-Nomeny.

Ce ne sont plus les secteurs aux violentes attaques; aux bombardements déprimants qu'il a connus et victorieusement supportés à la cote 304, au Poivre ou aux Caurières.

 

Verdun est loin déjà. Ici, c'est le guet, la surveillance active, pendant les longues nuits d'hiver sous la bise froide.

Ce sont les embuscades tendues en avant de nos lignes; les incursions rapides dans les tranchées d'en face à la recherche du Boche qui, le plus souvent, fuit dès qu'il nous entend.

 

Ce sont les travaux, si fastidieux pour le poilu et pourtant si nécessaires pour le renforcement de nos défenses ou même destinés, — chuchote-t-on, — à la prochaine offensive.

De ces hauteurs, lorsque les yeux parcourent l'horizon, le soldat voit dans le lointain le clocher de Metz, ses forts, la plaine de Lorraine, soumise à la botte teutonne, la terre qu'il doit délivrer au cours de sa croisade.

 

Mais si le secteur est calme, selon l'expression consacrée, on n'y est pas inactif. Les patrouilles et les coups de main sont nombreux. Les bords de la Seille n'ont plus de secret pour nous. Combien de fois a-t-on passé cette barrière sur une modeste planche servant de pont de fortune. Les villages d'en face : Rouvres, Létricourt ont eu notre visite; témoin cette lettre élogieuse que le général commandant la VIIIe armée écrit au général commandant le 15e corps d'armée :

 

E. M. – 8e ARMÉE - 3e BUREAU

SECRET.

N° 4876

 

Le 13 mai 1918, un détachement du 173e R. I. a effectué un coup de main sur le village de Rouvres et les ouvrages de Clémery - Stellang et de Perrache.

Cette opération nous a rapporté 19 prisonniers sans qu'un seul coup de canon ait été tiré de notre côté.

Ces brillants résultats s'ajoutent à ceux obtenus jusqu'à ce jour par les opérations analogues effectuées par les corps de la 126e division (55e, 112e, 173e).

Ils sont dus à une préparation minutieuse à laquelle le lieutenant-colonel Houssais, commandant le 173e et le capitaine Boussely ont apporté tous leurs soins ainsi qu'au bel entrain avec lequel, malgré les difficultés, l'opération a été exécutée.

 

Le général commandant la VIIIe armée est heureux de le constater, il prie le général commandant le 15e corps d'armée d'adresser aux troupes qui ont exécuté l'opération l'expression de son entière satisfaction.

Signé : Général GÉRARD.

 

Pendant ce temps, les échos de la formidable bataille engagée par le Boche en direction de Paris arrivent aux tranchées. Les cœurs se serrent. Les coups frappés sont formidables, dit-on. L'ennemi aurait progressé. Des bruits lancés par les alarmistes circulent dans les secteurs..

Enfin, on est prévenu qu'à son tour, le 173e va opposer les poitrines de ses poilus à Fourragère à la tentative de percée. Le 2 juin il traverse Nancy; le 3 juin, il est aux environs de Pont-Saint-Vincent.

DEVANT COMPIÈGNE (4 Juin - 6 Juillet 1918)

Vers la description de la bataille de Compiègne

 

 

Embarquant en chemin de fer le 4 juin à Pont-Saint-Vincent et à Ludres, il débarque le 5 à Pont-Sainte-Maxence, puis, enlevé en camions le 6, il est le 7 à Villers-sous-Coudun à la disposition de la IIIe armée. Il stationne le 8 dans cette localité.

Le 9 juin, la IIIe armée est violemment attaquée; le Boche cherche à s'ouvrir la route de Compiègne. Toute la région est soumise au tir des pièces à longue portée.

C'est au milieu de la poussière, de la fumée, des rafales de gaz, que le régiment alerté se porte en avant de Matz au secours des unités de la 125e division, dominées, écrasées par la violence de l'attaque.

Le Matz est franchi; le régiment, comme sur la place d'exercice, se déploie au milieu des blés sur le plateau de Margny-sur-Matz et marche vers Bourmont et Bayencourt.

L'ennemi a déjà occupé ces villages en forces. L'arrivée du régiment sur ce plateau découvert est tôt signalée par l'aviation ennemie et l'artillerie allemande l'arrose en tous sens. De notre côté, on voit à l'œil nu l'infiltration de groupes allemands avec mitraillettes et mitrailleuses.

A 11 heures, un combat d'infanterie d'une violence inouïe s'engage; les mitrailleuses font rage des deux côtés. La poussée devient de plus en plus forte. Le feu d'artillerie augmente d'intensité.

Notre ligne demeure inébranlable. Couchés, nos mitrailleurs et nos fusiliers font de la bonne besogne. Cette résistance paraît surprendre le Boche qui hésite puis se terre.

Jusqu'à 19 heures, les bataillons tiendront là où ils ont reçu mission de tenir. Sur un ordre du colonel commandant l'infanterie de la 125e division, le combat est rompu. La défense est reportée sur la hauteur au sud de Matz et de Marquéglise, dite « bois de la Montagne et de Marquéglise ».

L'ennemi paraît essoufflé; il ne poursuit pas; le mouvement des unités du I73e s'opère dans le plus grand calme.

 

Au matin, le 10 juin, les Allemands tentent de déboucher de Marquéglise. Mais, pris sous le feu de nos mitrailleuses, ils refluent en désordre. Cinq fois ils renouvellent, mais en vain, leur tentative. Leur effort se porte alors sur les corps qui tiennent les positions à notre droite et à notre gauche.

A 15 heures, débordé aux ailes, presque encerclé, le 173e rompt le combat, se reporte à un kilomètre en arrière et vient s'établir le long de la voie ferrée : Antheuil - Villers-sous-Coudun, sa gauche au village d'Antheuil, sa droite à proximité du lieu dit « Le Zoel ».

C'est sur cette position que va se jouer la dernière partie de cette offensive. C'est là que le 6e grenadiers de la Garde viendra se heurter à ceux qui ont reçu pour mission de barrer la route de Compiègne. Mais les joyeux « feldgrau », dans les poches desquels sera trouvé l'ordre que leur avait donné leur empereur de coucher à Compiègne le 9 juin au soir, ne passeront pas. Les pertes subies par le régiment sont importantes : il est renforcé par un bataillon du 6e régiment d'infanterie.

A la faveur des haies, des blés hauts et nombreux dans cette région, protégé par le bois de la Montagne, l'ennemi tente, par infiltration, de déboucher de la lisière sud du village de Vignemont; mais il ne peut atteindre son but.

 

Le 11, à 14 heures, il essaye, protégé par un tir extrêmement violent d'artillerie lourde et de mines, d'occuper la voie ferrée. Cette attaque en forces n'a aucun succès. Les unités lancées à l'assaut se replient sous notre barrage, décimées et poursuivies par nos tirs d'infanterie.

 

Les 12 et 13 juin, l'ennemi ne se livre à aucune attaque d'infanterie. Dans la nuit du 13 au 14, à partir de 22 heures, le tir d'artillerie devient de plus en plus nourri. Les obus à gaz tombent partout dans la région; les routes sont soumises à un tir d'interdiction très serré. Ce tir sera ininterrompu jusqu'à 3 heures, le 14.

A 3 heures précises, les minnens tombent en abondance; des obus éclairants et des obus fumigènes sont lancés par l'ennemi dont l'attaque se déclenche.

Les grenadiers du 6e régiment, protégés par un barrage roulant intense qu'accompagne un tir très nourri de 150 et de 210, tentent d'aborder nos avant-postes. Mais ils ne peuvent y parvenir. Les soldats du I73e, debout ou à genoux sur la voie ferrée, couchent à terre les assaillants qui ont eu l'imprudence de croire que toute force de résistance était épuisée chez nous.

Ce fut la dernière des attaques menées sur ce front.

Ce fut l'arrêt de la marche « nach Compiègne ».

 

Jusqu'au 5 juillet, le I73e R. I. tiendra sur ces positions qu'il créera, organisera et renforcera; aucune action ne sera menée de part ni d'autre. L'ordre est de tenir coûte que coûte ce couloir de l'Arronde. Le 6 juillet, relevé par le 5e régiment de tirailleurs, le 173e va au repos dans la région de Sarron - Pont-Sainte-Maxence - Sarron - Haudaucourt - Bazincourt, en réserve du G. A. R.; il y stationnera jusqu'au I2 juillet inclus.

Le 13, il part pour Sacy-le-Grand et Catenoy où il stationne le 15. Dans la nuit du 15 au 16, il vient occuper Montigny-en-Chaussée et se former aux environs; il y cantonne jusqu'au 4 août 1918.

 

Le 4 août, à 19 heures, remplacé par le 7e régiment de tirailleurs, il se dirige sur Breteuil-Caply et Troussencourt où il arrive le 5 à 3 heures.

Il ne stationnera dans ces localités que jusqu'au 6 à 21 heures ; embarqué en camions, il bivouaque les 6 et 7 dans les bois dits de Junel (est d'Ailly-sur-Noye).

 

Alerté le 8, il va prendre position vers Dommartin, d'ou il part pour l'offensive qui, sans arrêt, va se poursuivre, jusqu'au 11 novembre 1918.

GRANDE OFFENSIVE DE 1918

 

Rattaché à la 1ere armée (Debeney) et au 31e C. A. (Toulorge), le régiment va prendre part, en liaison intime avec les unités de la IVe armée anglaise, à ces opérations heureuses qui amenèrent militairement les Allemands à demander la paix.

L’attaque se déclenche le 8 août 1918 à 4 h. 20; le régiment, accroché aux pentes ouest des hauteurs qui, vers Hailles, Foucucanps, Dommartin, séparent la vallée de la Luce de la vallée de la Noye, suit la progression rapide des unités de première ligne.

Le 8 au soir, il est dans les bois à l'est de Villers-aux-Erables; le 9, à Fresnoy-en-Chaussée; et le 10, entre Erches et le Bouchoir.

Dans cette plaine immense, à peine ondulée, il suit à la vue le développement heureux de la bataille. Ce n'est plus la lutte dans le boyau ou la tranchée; c'est le combat au grand air, à la lumière, sous un brûlant, mais si gai soleil d'août.

Le 11 août, à 4 heures, le 173e entre à son tour dans la bataille dont l'intensité s'est accrue. Il enlève les bois dits « de la cote 98 », vrais nids de mitrailleuses, entre Andechy et Le Quesnoy-en-Santerre, et vient se heurter aux puissantes défenses établies par les Allemands entre Damery et Villers-lès-Roye, au lieu dit « bois en Z » (S. T. cote 98). A trois reprises, il se lance à l'attaque de cette redoute, mais en vain car les mitrailleuses ennemies, protégées par d'épais blockhaus, interdisent tout mouvement dans la plaine que domine ce solide point d'appui.

Ces héroïques tentatives ont coûté de fortes pertes.

Le régiment est relevé sur ses emplacements par la 47e division: il va stationner à Arvillers, en réserve de corps d'armée.

Du 12 au 17, il cantonne dans la région Auvillers, Erches - Villers-les-Roye, soumise pendant la nuit aux bombardements par avions.

Là, lui sont communiqués :

 

1e L'ordre général ne 88, du général Debeney, commandant la Iere armée, ainsi conçu :

 

1ere Armée

E. M.

Q. G., le 20 août 1918.

3e bureau

ORDRE Ne 88

 

SOLDATS DE LA IRE ARMÉE !

 

La bataille est gagnée!

A côté de nos alliés britanniques, vous avez rompu le front ennemi et dégagé Amiens; vous avez encerclé et pris Montdidier; enlevé de haute lutte les positions fortifiées qui couvrent Roye et libéré, sur une profondeur de 25 kilomètres, la terre sacrée de la chère France.

Seize divisions allemandes battues ont laissé entre nos mains plus de dix mille prisonniers, deux cent vingt canons et un matériel énorme.

En quittant les rives de l'Avre pour marcher en avant, saluons avec une pieuse émotion nos braves camarades tombés depuis cinq mois sur la ligne Hangard - Grivesnes.

Là, ils ont brisé l'invasion; là, ils ont préparé l'offensive vengeresse; là, ils ont, de leur sang, inscrit le mot d'ordre auquel vous vous êtes montrés fidèles et qui restera le nôtre :

« Nous voulons vaincre ! »,

Signé : Général DEBENEY.

 

2e La lettre de félicitations du général commandant la 96e brigade britannique, qui a assisté à l'attaque de la position du bois en Z, le 11 août 1918, conçue en ces termes élogieux :

 

126e DIVISION                       S. P. 170, le 22 août 1918.

Etat-Major

Le général Matthieu, commandant la 126e D. I.,

à M. le lieutenant-colonel commandant le 173e régiment d'infanterie :

Le général commandant la 96e brigade britannique m'écrit ce qui suit :

96e Brigade d'Infanterie, 12 août 1918.

 

MON GÉNÉRAL,

J'ai l'honneur de commander la 96e brigade d'infanterie qui a attaqué les lignes ennemies au nord de la route Amiens-Roye, du Bouchoir au bois en Z, pendant les journées des 10 et 11 août.

J'étais présent sur le champ de bataille pendant toute l'action et en contact intime avec vos braves troupes. J'ai vu une grande partie des combats en de nombreux points de la ligne; mais jamais de ma vie, je n'ai vu un plus beau spectacle de bravoure, d'ardeur, de devoir et de connaissance militaire qu'à l'attaque du bois en Z, faite par votre division, le 11 août, à 17 h. 30.

Veuillez accepter mes cordiales félicitations pour vos officiers et vos soldats. Je considérerai toujours comme le plus grand honneur d'avoir combattu à côté de tels hommes.

Veuillez, s'il vous plaît, faire connaître mon admiration et mes félicitations au colonel commandant l'infanterie de votre division.

Très fidèlement à vous.

Austin O Girdwood, Brig. General.

96e Brigade d'Infanterie.

 

 

 

 

Ce repos sera de courte durée; en réserve de corps d'armée (32e), le 173e doit être prêt à reprendre le combat à tout instant. La bataille fait rage devant les positions que défendent Roye.

Le 16 août, le 173e est alerté et reçoit pour mission d'appuyer au centre les attaques des 46e et 47e divisions.

Il stationne du 16 au 19 dans les ruines de Villers-les-Roye et de Erches et dans les blockhaus du bois en Z.

Le 20, il relève la 3e brigade d'infanterie canadienne devant Fresnoy-les-Roye, village que le 173e aura à enlever.

 

ATTAQUE DE FRESNOY-LES-ROYE

(Troisième Citation)

 

Jusqu'au 25 août, ce sont des reconnaissances hardies poussées jusqu'aux lisières du village pour en situer les travaux défensifs, sous des violents bombardements par obus de tous calibres et surtout par des obus spéciaux. Aucun abri ne protège les hommes qui conservent malgré tout un esprit merveilleux.

 

Le 26, à 4 h. 30, l'attaque projetée se déclenche.

 

Le 173e a devant lui des troupes décidées à une résistance désespérée. L'artillerie ennemie est encore dense. Le barrage allemand se déclenche violent et serré ; les mitrailleuses, nombreuses et abritées, arrosent furieusement la plaine.

Malgré cet ouragan de fer, la progression de nos groupes quoique prudente, est tenace et permanente. De nombreux officiers sont tués ou blessés; les pertes sont sensibles.

Qu'importe! toutes les énergies sont tendues vers un même but : l'enlèvement de ce village transformé en solide et formidable point d'appui par l'ennemi. Près de trois bataillons de régiments différents (7e, 67e, 252e R. I.) défendaient cette position. Le combat a lieu dans les ruines des maisons, dans les caves, autour de blockhaus de mitrailleuses.

Malgré leur ténacité, les Allemands doivent céder le terrain et devant un suprême bond de nos hommes, ils se rendent ou s'enfuient abandonnant tout, armes, équipements, matériel.

A 15 heures, le village est définitivement occupé; la liaison est établie avec le 112e R. I. qui, à notre gauche, a mené une attaque violente et longue.

A 1.500 mètres sud-est de Fresnoy, l'ennemi s'est solidement organisé dans un bois que défendent de nombreux groupes de mitrailleuses et de grenadiers : le bois Croisette. L'attaque est dévolue à la 46e division qui demande l'appui du 173; la 5e compagnie (capitaine Puvieux) est désignée.

Progressant à la grenade, par bonds de trous d'obus en trous d'obus, suivant aussi bien que possible le barrage roulant, s'infiltrant par le nord, passant sous les rafales de mitrailleuses, d'obus et de minnens, la 5e compagnie atteint son but. A 18 heures, les défenseurs du « bois Croisette », encerclés, mitraillés, traqués à la grenade, lancent dans l'air leur cri de « kamarad ! ».

Deux officiers, 60 hommes du 262e R. I., 8 mitrailleuses, un minnen, restent entre nos mains.

 

 

Ces opérations brillamment menées valent au régiment l'ordre élogieux n° 138 ci-dessous du général commandant la 126e division :

126e DIVISION

État-major        

S. P. 170, Q. G., le 26 août 1918.

 1er Bureau

 

ORDRE GENERAL N° 138

 

OFFICIERS ET SOLDATS DE LA 126e DIVISION,

 

Vous avez pleinement répondu aujourd'hui à l'appel que je vous ai adressé pour exécuter les plans du commandement et crânement vous coucher à Fresnoy ce soir.

Je n'avais jamais douté de vous, mais je tiens à vous dire toute ma satisfaction et ma fierté d'être à la tête de pareilles troupes, en qui je puis avoir pleine et entière confiance.

Vous m'avez expédié, aujourd'hui, 450 prisonniers et 16 officiers boches. Nous pourrons dénombrer un nombreux matériel de mitrailleuses et d'engins divers tombés entre vos mains.

C'est un beau coup de filet, dû à votre élan irrésistible et à votre énergique volonté.

A tous, mes amis, mes compliments, et de tout cœur ! Nous tenons le bon bout. On en verra la fin.

Le général commandant la 126e D. I.,

Signé : MATHIEU.

 

 

L'ennemi ne réagit plus. Seuls, dans la plaine, des groupes fuient sur Gruny, protégés par un violent barrage et un tir nourri de mitrailleuses installées le long de la voie ferrée de Roye.

L'enlèvement de Fresnoy porte un coup décisif à la résistance de l'ennemi. Nos reconnaissances envoyées dans la nuit signalent sa retraite. La poursuite commence aussitôt en direc­tion de Gruny. Le 173e dépasse successivement Tilloy, Rethonvillers, Billancourt, Longevoisin.

Le 29 août, dans la soirée, il enlève le village de Breuil et de Mayencourt, malgré les difficultés du terrain, descendant en pente douce vers l'ennemi qui, installé sur le canal, dominant le secteur d'attaque, l'arrose avec précision par des tirs de mitrailleuses et par concentrations à vue d'artillerie de tous calibres.

A notre droite et à notre gauche, les attaques du 112e et des divisions de chasseurs n'ont pu déboucher.

 

Le 30, le régiment es remplacé par le 55e R.I., il va stationner en réserver de D.I. autour de Billancourt.

 

Le 1er septembre, relevé par le 5e groupe de B.C.P., il va s’embarquer à Rozières-en-Santerre le 7 septembre et vient au repos dans la région de Flers-sur-Noye et Essertaux, où il stationnera jusqu’au 19 septembre 1918.

Lee opérations de cette période, du 9 au 30 août, ont été particulièrement dures en raison de la chaleur torride, du manque d'eau et d'abris ; elles ont été exécutées par tous avec une endurance, un entrain et un moral qui fit l'admiration de nos alliés britanniques et de nos chefs.

 

 

Le 173e s'y couvrit de gloire; il fut cité pour la troisième fois à l’ordre de l’armée dans les termes suivants :

 

O. G. n° 137 – 1ere armée  - 30 Septembre 1918

Le général comandant la 1e armée cite à l'Ordre de l'armée le 173e régiment d'infanterie :

 

Sous l'habile et énergique impulsion du lieutenant-colonel Houssais, chef de corps d'une inlassable activité et d'un admirable esprit de sacrifice, a fourni du 8 au 31 août 1918 un effort soutenu et prolongé, exigeant les qualités morales, l'esprit d'abnégation et de sacrifice, le mépris du danger, et la résistance à toutes les fatigues dont ce magnifique régiment n'a cessé de faire preuve et dont il vient de donner un nouvel et admirable exemple. A attaqué et enlevé un village particulièrement fortifié et qui servait de pilier à la résistance ennemie, provoquant ainsi un recul de tout le front allemand; puis a bousculé et poursuivi l'ennemi sans répit, l'empêchant, malgré plusieurs tentatives, de s'arrêter sur de nouvelles positions et réalisant en trois jours de combat incessant, malgré des pertes douloureuses, une progression de plus de 15 kilomètres. A capturé 8 officiers dont un chef de bataillon et 250 hommes, 2 canons, 2 minenwerfers et un grand nombre de mitrailleuses.

Q. G. A., le 30 septembre 1918.

Le général commandant la Ire armée,

Signé : DEBENEY.

 

Au repos, le régiment se prépare aux nouveaux combats auxquels il va être appelé bientôt à participer.

Il veut par son héroïsme conquérir sa quatrième citation et cravater son drapeau de la Fourragère jaune.

L'ordre d'alerte parvient le 20 septembre. Par étapes, à travers des villages ruinés, demi-détruits, une campagne désertique, par Folleville, Coullemelle, Lignières, le 173e vient stationner, du 22 au 29 septembre, dans les ruines de Tilloloy et de Lecessier qu'il quitte le 30 pour Nesles.

Les 1er et 2 octobre. il stationne à Villers-Saint-Christophe et Aubegny; les 3, 4 et 5, dans les décombres informes qui indiquent à peine les emplacements des villages du Fayet, de Selency, de Fraucilly-Selency, du Frauquoy et de Thorigny.

ATTAQUES des FERMES BELLECOURT et FORTE

(Quatrième Citation)

 

Le 6 octobre, le 173e entre dans la bataille. Il va relever les bataillons de chasseurs de la 47e division, arrêtés devant les défenses de la ferme de Bellecourt (54e B. C. P.).

L'ordre est donné au 173e d'enlever ce point d'appui avec les 1e et 3e bataillons. L'attaque se déclenche à 5 heures.

Une forte garnison ennemie — 1 bataillon, 18 mitrailleuses, plusieurs minenwerfer, — solidement retranchée, ayant des abris profonds, attend l'attaque.

Dès que notre mouvement se dessine, un barrage très violent, parfaitement réglé, se déclenche; les mitrailleuses installées sur les hauteurs qui dominent la ferme et le terrain d'attaque, arrosent furieusement tout le secteur, rendant le mouvement particulièrement pénible et lent. Néanmoins la progression des 1e et 2e bataillons continue en profitant de la moindre accalmie dans le tir ennemi. Avec une ténacité admirable, les éléments engagés resserrent leur étreinte et réussiront à encercler la ferme à 15 h 30. Un détachement d'une dizaine d'hommes du 1er bataillon aborde les entrées d'abris et somme l'ennemi de se rendre : 1 commandant, 12 officiers, 10 aspirants, 410 soldats mettent bas les armes.

Ce succès oblige l'ennemi à battre en retraite. Les reconnaissances lancées dans la nuit et le 9 octobre au petit jour ne trouvent qu'une faible résistance. Suivant le mouvement, le 173e atteint la voie ferrée Bolsain - Saint-Quentin à hauteur de la Croix Fonsomme.

 

Le 10, il atteint Seboncourt qu'il dépasse pour s'établir entre le village et la ferme de Forte (1500 mètres est du village) où l'ennemi s'est solidement établi.

Une nombreuse garnison, appuyée par des détachements de mitrailleuses lourdes et légères, occupe ce point d’appui situé au sommet d’un mamelon, protégé par un épais réseau de fil de der et défendu par deux lignes de tranchées.

Une artillerie lourde et légère nombreuse soutient la garnison. L’attaque est décidée pour le 11 octobre à 5 heures. Elle sera appuyée à gauche par une attaque du 55e, à droite par une attaque du 12e R.I. (123e division) : le 2e bataillon en est chargé.

À l’heure dite, deux compagnies se précipitent en avant, collant derrière le barrage roulant qui précède l’attaque.

Ces deux compagnies franchissent les réseaux de fil de fer qui n’ont pas été détruits et atteignent la Ferme et capturent une partie des défenseurs (60 hommes). Les attaques du 55e et du 12e n’ayant pas pu déboucher, ces deux compagnies violemment contre-attaquées, menacées d’encerclement, doivent revenir à leur point de départ.

Une nouvelle attaque prescrite pour midi ne peut déboucher, l’ennemi aux aguets déclenchant un barrage très dense sur notre base de départ.

Deux nouvelles attaques sont menées le 12 octobre par le 3e bataillon, mais non soutenues à droite et à gauche, elles sont infructueuses malgré l’arrivée de certains de nos éléments dans la ferme.

Les 13 et 14 octobre, le régiment se prépare en vue d’une nouvelle attaque.

Le lieutenant-colonel Houssais, commandant le régiment, est tué par un obus au cours d’une reconnaissance en vue de cette opération.

Le commandant Patacchini prend le commandement du régiment.

Le 15 octobre, à midi, une nouvelle attaque a lieu.

Elle est menée par le 3e bataillon renforcé par des mitrailleuses du 1er bataillon. Pour la deuxième fois, nous pénétrons dans la ferme et la dépassons, bousculant les défenseurs. Un combat d’une extrême violence s’engage dans la cour, dans les vergers, dans les divers bâtiments. Les hommes luttent corps à corps avec l’ennemi ; les mitrailleuses et les F.M. tirent à bout portant. L’artillerie ennemie sans souci de ses troupes, écrase la ferme sous les obus.

De la droite où le 12e R.I. n’a pu se maintenir, partent deux violentes contre-attaques ; elles viennent échouer sur nos nouvelles positions. Trois autres lancées de l’est sont fauchées par nos mitrailleuses et nos grenadiers. A 16 heures, nous sommes maîtres de la position en liaison à gauche avec le 55e R.I. qui a pu atteindre son objectif.

Une nuit calme succède à ce combat.

 

Le 16, à 5 H. 30, l’ennemi tente de nous enlever notre gain de la veille. Appuyée et protégée par un intense bombardement, une attaque en force débouche des ravins de l’est de la ferme où des renforts ont été amenés à la faveur de la nuit.

A deux reprises, les vagues d’assaut se lancent à l’attaque ; par deux fois, nos mitrailleurs et nos F.M. les couchent à terre ; les survivants hésitent puis refluent en désordre.

La ferme Forte est définitivement à nous. Ce succès a des conséquences graves pour l’ennemi : toute la ligne se replie vers l’est, poursuivie par les reconnaissances que le 55e et le 112e R.I., dépassant le 173e, envoient avant le lever du jour, le 17 octobre.

Suivant le mouvement en avant, le 173e arrive le 18 octobre à Mennevret et à la forêt d’Andigny.

 

Le 20 octobre, le régiment est retiré de la bataille et dirigé sur Fontaine-Uterte, la Ferme Bellecourt et Croix-Fonsomme. Il ne participera plus à aucun combat.

Les combats de la Ferme Forte seront pour lui les derniers de ses glorieux épisodes de la guerre 1914-1919.

 

Le 23 octobre, le lieutenant-colonel Plan vient prendre le commandement du régiment.

 

 

Ces dernières opérations valent au régiment la quatrième citation à l’Ordre de l’armée :

Ire ARMEE – ORDRE N° 171 DU 15 NOVEMBRE 1918

 

Le général commandant la Ire armée cite à l’ordre de l’armée les unités désignées ci-après :

 

173e RÉGIMENT D’INFANTERIE (15e corps d’armée) :

 

Admirable unité de combat, sous l’impulsion généreuse du lieutenant-colonel Houssais, magnifique soldat tombé au champ d’honneur pendant la préparation d’une attaque, puis du commandant Patacchini, a soutenu du 7 au 18 octobre 1918, des combats presque journaliers pendant lesquels il a donné les preuves des plus belles vertus militaires. Forçant le succès par l’opiniâtreté de ses attaques, a enlevé à l’ennemi un important point d’appui très fortement organisé, défendu par une garnison nombreuse et résolue, et dont la chute a provoqué le repli de l’ennemi. A poursuivi et bousculé pendant 15 km, puis attaqué l’adversaire qui se retranchait sur une nouvelle position, l’en a chassé après quatre jours de lutte acharnée et a conservé, malgré les plus violentes contres-attaques, un solide point d’appui chaudement disputé et qui devait servir de base à une importante opération ultérieure. A capturé pendant cette période un chef de bataillon, 12 officiers, 10 aspirants, 600 hommes de troupe, 6 minenwerfer, et plus de 40 mitrailleuses.

Le général de division commandant la Ire armée

Signé : DEBENEY.

 

Par ordre 134 « F » en date du 13 novembre 1918, le  maréchal de France, commandant en chef, confère au 173e régiment d’infanterie la Fourragère aux couleurs du ruban de la Médaille militaire.

 

A la suite de ces événements, le régiment stationne dans les conditions suivantes :

Du 20 octobre au 30 octobre, à Fontaine-Utertre et Croix-Fonsomme ;

 

Du 6 au 10 novembre, à Tupigny, où il apprend la signature de l’armistice ;

 

Du 11 novembre au 4 décembre, à Etreux et La Neuville-les-Dorengt ;

Un bataillon (2e) sera détaché à partir du 11 novembre à Saint-Quentin.

Le régiment participe aux premiers travaux pour la remise en état des régions dévastées.

 

Le 5 décembre, le 173e se met en route pour l’Alsace.

Les déplacements auront lieu par un temps épouvantable, mais il supportera ces intempéries avec sa bonne humeur habituelle. Parti d'Etreux, il traverse Guise, Pleine-Selve, Assis-sur-Serre, Laon, Montaigu, Reims, Mailly-Champagne, Châ­lons, Vitry-le-François, Saint-Dizier, Bar-le-Duc, Void, Toul, No­meny (il traverse l'ancienne frontière le 10 janvier 1919, à 11 heures), Delme, Morhange, Phalsbourg (15 janvier), région de Hochfelden (du 17 au 23 janvier).

 

Le 20 janvier, remise de la Fourragère jaune par le général Gouraud.

La 126e D. I. à laquelle appartenait le 173e depuis si longtemps est dissoute. Le 173e est affecté à la 167e D. I. et vient stationner à Seltz et Rastadt où il cantonne, gardant le Rhin du 26 janvier au 10 avril 1919.

 

Embarquant en chemin de fer à Seltz le 4 mai, il débarque dans la région Furfeld-Siefersheim, où il stationne jusqu’au 5 mai 1919. dirigé sur la rive droite du Rhin, il traverse Mayence le 6 mai, et vient cantonner à Nordenstadt, Wallau, Diedenbergen, jusqu’au 16 juin.

 

Alerté le 17 juin, il vient dans la région Hornau-Munster, y stationne jusqu’au 23, jour où, embarqué en camions, il est transporté entre Kœnigstein et Ober-Ussel, prêt à reprendre les opérations en cas de refus de la part de l’Allemagne de signer le traité de Paix.

 

Les opérations arrêtées, le 173e vient stationner à Wiesbaden, où il demeure jusqu’au 14 août 1919, jour de son embar­que­ment pour la France.

 

 

NOTA.

On trouvera, aux Annexes à cet Historique, quelques faits individuels et récits particuliers transmis au commandement et insérés dans les journaux locaux.

 

 

 

FORMATIONS

Auxquelles a appartenu le 173e Régiment d'Infanterie pendant les opérations

 

15e corps, 30e division, 59e brigade (août 1914 - novembre 1914.)

6e corps, 12e division (novembre 1914 - mai 1915).

15e corps, 126e division. 252e brigade (juin 1915 - avril 1916).

Armée de Verdun, 126e division (avril 1916 - septembre 1917).

15e corps, 126e division (octobre 1917 - juillet 1918).

31e corps, 126e division (août 1918 - octobre 1918).

167e division (octobre 1918 - août 1919).

 

 

RAPPORT

Relatant les exploits individuels des militaires appartenant

au 173e Régiment d'Infanterie

au cours de l'attaque du 15 Décembre 1916.

 

Le caporal CUNAC (Noël), de la 13e compagnie :

 

Au cours de la reconnaissance du 15 décembre, le caporal grenadier Cunac (Noël) trouve une section de mitrailleurs allemands (8 hommes dont un caporal et deux pièces) dans une sape.

Quoi qu'il n'ait qu'un homme avec lui, il entre, revolver au poing, dans l'abri, force les huit Allemands à se rendre et à transporter eux-mêmes leurs deux mitrailleuses intactes dans notre tranchée de départ.

Il retourne alors rejoindre le gros de la compagnie en avant des lignes. Au moment du repli de la reconnaissance, il est, avec deux hommes, contre-attaqué et à demi cerné par un fort groupement ennemi qui essaie de les faire prisonniers.

« C'est le coup de manquer le voyage de Berlin. » s'écrie Cunac, et, avec ses deux camarades, il fonce sur ses adversaires, les disperse à coups de grenades et regagne tranquillement nos lignes.

 

 

 

Le soldat BERTRAND (Sylvain), de la 14e compagnie :

 

Au cours de l'attaque du 15 décembre, le soldat Bertrand (Sylvain), grenadier, ayant été blessé à la main droite, resta à son poste de combat, et, sa provision de grenades étant épuisée, en réclama de nouvelles en s'écriant : « Passez-moi des grenades et je ferai voir aux Boches que j'ai encore ma main gauche ! ».

 

 

 

L'adjudant GIAFFERI (Jean), le sergent VIROT (Charles) et le soldat GROSSI (Toussaint), de la 14e compagnie :

 

Le 15 décembre 1916, au cours de la reconnaissance poussée, après l'attaque de la côte du Poivre dans le ravin du Cul-brûlé, la progression se trouvant arrêtée par les feux d'écharpe d'une mitrailleuse, le soldat Grossi, fusilier-mitrailleur de la 14e compagnie, se portait droit sur cette mitrailleuse, et, épaulant son arme en marchant, réduisait la mitrailleuse ennemie au silence, pendant que l'adjudant Giafferi et le sergent Virot, tous deux de la même compagnie, se portaient à hauteur de la mitrailleuse et sur ses flancs, et s'en emparaient, faisant prisonniers les servants.

L'adjudant Giafferi retournait immédiatement cette mitrailleuse et faisait feu sur les ennemis qui fuyaient dans le ravin.

Aux armées, le 3 janvier 1917.

Le colonel commandant le 173e R. I.,

Signé : BIZARD.


 

 

ACTES INDIVIDUELS DE COURAGE

et FAITS D'HÉROISME

Accomplis par des Militaires du 173e Régiment d'Infanterie

au cours des offensives du 8 au 17 Octobre 1918.

 

 

Prise de la ferme Bellecourt, par le 1er bataillon du 173e régiment d'infanterie :

 

Le 8 octobre 1918, les dernières positions de la ligne Hindenburg tenaient encore dans la région de X... L'ennemi s'y cramponnait avec l'énergie du désespoir. Plusieurs attaques avaient déjà été menées sans résultat par des troupes d'élite sur la ferme Bellecourt, point particulièrement organisé, farci de mitrailleuses, et dont les abris bétonnés, au dire des prisonniers, étaient occupés par tout un bataillon de contre-attaque, quand le 1er bataillon du 173e reçut l'ordre de s'emparer coûte que coûte de cette importante position.

La marche d'approche pour se rendre à la base de départ fut particulièrement rude : les éléments du 1er bataillon traversèrent sans hésitation des ravins balayés par des mitrailleuses ennemies et battus par les tirs de barrage. Le Boche n'avait pas épargné les obus toxiques; chacun dut mettre son masque; toutefois le moral restait inébranlable, l'esprit d'assaut intact.

A l'heure H, le bataillon protégé par sa compagnie de mitrailleuses s'élança vers l'objectif : les fusées partirent aussitôt de tous les points de la position ennemie et un violent tir de barrage s'abattit sur le bataillon, tandis que les mitrailleuses boches crépitant avec la dernière énergie, balayaient le terrain d'attaque.

Deux sections, d'un seul élan, purent parvenir à la ferme; l'une commandée par le sous-lieutenant Barazetti, l'autre par l'adjudant Banes, avec qui marchait le capitaine Lezerat, commandant une des compagnies d'attaque.

Pendant que l'une des sections, à coups de grenades et de fusils-mitrailleurs, forçait les défenseurs de la position à se rendre, l'autre section avait bondi aux abris de la troupe de contre-attaque, ne laissant pas le temps aux hommes de garde ennemis de faire fonctionner les mitrailleuses qui étaient placées à chaque entrée d'abri. L'affaire avait été menée avec rapidité et décision; le succès fut complet : toute la garnison fut capturée.

Cinq cents prisonniers environ furent faits dont 23 officiers ou assimilés et plusieurs feldwebel. Le matériel dénombré dans la position conquise comprenait une trentaine de mitrailleuses et plusieurs minenwerfer.

 

 


Prise du pont 130 et garde de la position par le 1er bataillon du 173e régiment d'infanterie :

 

L'ennemi occupait la position du pont 130 dont la prise était pour nous d'une importance capitale pour une progression ultérieure.

Le 1er bataillon du 173e R. I. reçut la mission, dans la nuit du 14 au 15, de s'emparer de ce point d'appui que l'on savait fortement tenu par des mitrailleuses. L'affaire fut soigneuse-ment et habilement organisée et trois groupes, à 0 H. 45, s'élancèrent dans la nuit. Chacun était pénétré de sa mission, savait sa place et le rôle qu'il devait jouer. Le Boche était en éveil; dès le départ, il éventa le coup de main et mit ses mitrailleuses en action. Un des chefs de groupe et plusieurs de ses hommes furent blessés. Une minute de flottement, et, entraînés par l'adjudant Banes, les hommes reprirent leur marche rapide. Lui-même est blessé; craignant que l'attaque ne soit arrêtée, le sous-lieutenant Montoya qui se trouvait sur la base de départ du coup de main sans faire partie de l'opération, très crâne, s'élança à la tête des fractions. Suivant son exemple et voulant venger leurs camarades tombés, tous n'eurent qu'un cri : « En avant ». En quelques minutes, l'affaire était réglée : les groupes occupaient le pont, ayant mis le Boche en fuite et s'emparant d'une mitraillette. Mais les Allemands sentant l'importance de la position n'en restèrent pas là et ce fut une série de violentes contre-attaques venant de toutes les directions.

La garnison était affaiblie par ses pertes; on organisa la résistance, et. successivement, tous les assauts vinrent se briser sous le feu des défenseurs.

Le soldat Pons, véritable exemple de bravoure et d'abnégation, se portant avec la mitraillette qu'il avait prise aux points les plus menacés, arrêta chaque fois les assaillants.

Une dernière attaque précédée d'un violent bombardement à obus toxiques n'eut pour résultat que de laisser quatre prisonniers entre nos mains. Des renforts arrivèrent; cette poignée de braves avait rempli sa mission : pris et gardé le pont 130.

 

 

 

 

Prise de la ferme forte.

 

 La 1e compagnie de mitrailleuses à la prise de la ferme Forte :

La journée du 15 a été dure, mais glorieuse pour le régiment : un solide point d'appui, une ferme, a été enlevée par nos poilus dont le moral, malgré huit jours d'une lutte âpre était toujours aussi élevé.

Dans la soirée, plusieurs contre-attaques boches se sont heurtées à une défense implacable. Le lendemain matin, voulant profiler de la brume, les Allemands essayent, une fois de plus, de nous ravir ces ruines qui nous ont coûté tant d'efforts. On voit se dessiner leur attaque, chacun d'eux connaissait son rôle : un à un, ils s'infiltrent, essayent de surprendre la vigilance de la faible garnison.

Des mitrailleurs boches s'avançant, se sont établis à une quarantaine de mètres de notre position. Mais en face d'eux, sont aussi nos mitrailleurs. Leur chef, l'adjudant Bayard, suit les mouvements de l'ennemi. Calme, sûr de lui et de ses hommes, il conçoit son plan : il passe un mot d'ordre : « Que personne ne tire avant mon signal »; et les mitrailleurs, confiants, attendent. Au moment où les mitrailleuses boches, en face engageaient la bande, un commandement! Notre mitrailleuse crépite; les Boches s'écroulent sur leurs pièces; un bond en avant, et la mitrailleuse ennemie était nôtre. La retourner fut l'affaire d'une seconde et nos poilus, fiers de leurs exploits, attendent, plus fermes que jamais, une nouvelle tentative ennemie.

 

 

 

Le 2e bataillon du 173e régiment d'infanterie à la ferme Forte :

 

Le 11 octobre, le chef de bataillon veut à tout prix faire parvenir un renseignement important au chef de corps. Il désigne le cycliste Salicetti. Le terrain à parcourir est long, absolument découvert, battu de toutes parts par de nombreuses mitrailleuses. C'est la mort presque certaine pour qui s'y aventure. Salicetti part cependant. II est touché d'une première balle : puis, successivement de trois autres. Malgré la perte de son sang et son épuisement extrême, il continue sa marche. Son itinéraire croise un poste de secours : le médecin veut l'y retenir. « Non ! répond Salicetti, je dois avant tout porter au colonel le pli qui m'a été confié. » Le poste du colonel étant à un kilomètre de là, Salicetti y parvient, accomplit sa mission, et c'est alors seulement qu'il consent à être pansé.

Le 11 octobre, le sergent Vincent et le soldat Enguerrand marchent avec la première vague à l'assaut d'une ferme forte-ment occupée et défendue par de nombreuses mitrailleuses. Un réseau de fil de fer épais et haut barre le chemin; les mitrailleuses ennemies tirent de toute part. Ne pouvant espérer couper ou franchir la trame du réseau, le sergent Vincent et le soldat Enguerrand se glissent sous lui, rampent jusqu'au bord opposé et bondissent sur les mitrailleurs ennemis. Ils en tuent deux et capturent 10 prisonniers.

Le 11 octobre, le soldat brancardier Braconi, déjà assez sérieusement blessé, entend en avant de la ligne les appels d'un de ses camarades touché d'une balle. Malgré le feu extrêmement violent des mitrailleuses qui balayaient le plateau, Braconi se porte en avant au secours du blessé. Une deuxième balle reçue immédiatement ne l'arrête pas; il continue jusqu'au moment où il tombe mortellement frappé de plusieurs balles. Cet homme seul, sans arme, portait à son bras le brassard de la Croix-Rouge. Le Boche, à courte distance, pouvait le distinguer. Il l'a ignoré comme toujours.

 

 

Le 3e bataillon du 173e régiment d'infanterie à la ferme Forte :

 

Le 15 octobre, à l'attaque de la ferme Forte, la 10e compagnie attaquait prenant une partie de la tranchée à revers. Marchant en tète, la baïonnette haute, l'agent de liaison Demange, Alsacien, venu comme volontaire sur le front français, fit preuve d'une telle ardeur qu'il allait plus vite que le barrage roulant, si bien qu'il arriva avant les obus de 75 sur un groupe de quinze Allemands qui attendaient le moment propice pour faire entrer leurs mitrailleuses en action. Telle fut leur surprise que devant la seule menace de cet homme résolu, ils levèrent les bras, abandonnant leurs armes.

A la ferme Forte, le 3e bataillon du 173e R. I. repousse victorieusement cinq contre-attaques. La plus dure fut celle du 16 octobre, lancée au petit jour après une formidable préparation d'artillerie.

Dans un trou d'obus avancé, une pièce de la 3e compagnie de mitrailleuses était en position, et attendait l'ennemi qui avançait de toute part. Sur quatre servants, trois sont mis hors de combat tant par le feu de l'artillerie que par les balles de mitrailleuses qui appuient l'attaque allemande. Resté seul à son poste, au milieu d'une fumée épaisse, le mitrailleur Felce, avec un sang-froid extraordinaire, continue à servir la pièce, chargeant, visant, tirant, empêchant ainsi les vagues d'assaut de déboucher du petit ravin où elles sont massées.

Une hardie patrouille de tête a cependant réussi à s'infiltrer à courte distance, sautant de trou en trou. Croyant le moment propice, le sergent allemand se précipite avec ses quatre hommes sur cet homme resté seul qui ose résister. En quelques balles bien ajustées, le soldat Felce les étendit raides morts, l'un après l'autre. Le dernier était tombé à quelques mètres à peine de sa pièce.

Aux armées, le 22 octobre 1918.

Le chef de bataillon

Commandant provisoirement le 173e R.I.,

Signé : PATACCHINI.

 

 

 

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