René
BRISSARD en 1918
Alain nous dit :
« Je possède 5 des 7 carnets tenus par mon grand-père, René BRISSARD, pendant la guerre 14-18. Les deux premiers étaient en possession de mes cousines mais semblent avoir été perdus.
René BRISSARD, né en 1896 à Tours, matricule 1788, est selon sa fiche matriculaire (FM) (voir pages 555 à 558) « étudiant en philosophie » (en fait, il venait d'obtenir son baccalauréat en philosophie et voulait faire des études de médecine). Incorporé en avril 1915, aspirant le 1e septembre 1915, il passe au 66e régiment d’infanterie le 4 octobre 1915, puis au 409e RI le 18 juillet 1916.
Une première fois blessé le 11 octobre 1916 (date inexacte sur sa FM) à Soyécourt, Somme, (commotion par éclatement d’obus). Sous-lieutenant en novembre 1917. Blessé une seconde fois le 18 juillet 1918 (plaie annulaire gauche par éclat d’obus). Affecté artilleur d’assaut (les chars) en octobre 1918. Lieutenant à titre définitif en novembre 1919.
Il a été cité 2 fois :
A l’ordre du régiment, le 5 juillet 1918 :
« Lors de l’attaque du 18/06/1918, a brillamment entrainé sa section à l’assaut et atteint tous ses objectifs soumis a des feux violents de mitrailleuses, n’a pas hésité à retourner les mitrailleuses abandonnées et a fait taire l’ennemi. »
Ordre au 21e corps d’armée :
« Le 6 juin 1918 a entrainé sa section à l’attaque d’une position ennemi malgré un violent tir de mitrailleuses, a gagné d’un seul bond son objectif et le lendemain a continué la progression malgré des pertes sérieuses. »
Croix de guerre avec étoile de bronze et de vermeil.
Carnets 1 à 3 : Disparus
Je suis parti de Paris hier soir à 8h ; je n’ai pu dormir que vers 1h du matin car le train s’arrête tout le temps.
On met 1h1/2 pour aller jusqu’à Meaux.
Je me réveille à Gondrecourt ; une pluie mêlée de neige se met à tomber et il fait assez froid.
Le train arrive à Nancy à 8h1/4 et je trouve BOURCIER en descendant du wagon ; il a l’air de plus en plus jaune. Nous allons prendre un chocolat ensemble et nous reprenons le train.
Deux nouveaux aspirants montent avec nous. BOURCIER descend à Blainville (sur-L’Eau) et j’arrive à Bayon à 10h1/4.
Je vois SOUBISE et je vais manger. Je lui donne ses photos dont il a l’air content.
Après le déjeuner, je vais voir ma propriétaire et j’installe mes affaires : puis j’écris une bonne partie de l’après- midi. Le père DUBOIS me donne une bague qu’il a faite pendant mon absence.
On va au café de Lorraine boire un peu et je rentre me coucher à 8h1/2. Il pleut un peu.
Je vais au cours de mitrailleurs où je trouve l’adjudant SÉVERIN : il y a de nouvelles mitrailleuses et on fait de la théorie.
Cet après-midi, nous allons au tir et nous rentrons à 3h1/2.
Beau temps. BITON revient de convalescence.
Je me lève pour aller au cours mais SÉVERIN y va à ma place.
Cet après-midi, je vais faire des concours de mises en batteries et je fais jouer aux barres.
Nous rentrons à 3h1/2 pour assister à une conférence faite par Mr DUSSART sur la Maxim. (*)
Je reçois des lettres.
Après le diner, je vais avec BITON du côté de la gare. SOUCHAUD vient au bureau et on cause jusqu’à 9h1/2.
Temps froid.
(*) : La mitrailleuse Maxim.
Temps superbe mais très froid.
Je vais à la Gd Messe. Le curé enlève ses paroissiens.
J’écris et je vais me promener avec BELOT qui est rentré de l’hôpital. On s’ennuie, et je passe ma soirée à faire encore d’autres lettres.
Nous devons quitter Bayon demain et nous allons tout de même au cours le matin.
Il tombe de la neige.
Cet après-midi, préparatifs de départ.
Je ne fais qu’écrire toute l’après-midi. Je laisse les camarades boire suivant leur habitude et je vais me coucher de bonne heure.
Comme nous ne partons qu’à 10h1/2, je me lève à 7h1/2 et je fais ma toilette.
Nous déjeunons à 9h. Il fait un temps superbe, un peu chaud.
Nous passons, en sens inverse, par la route que nous avons suivie en allant à Chamagne.
Nous arrivons à Richardménil vers 3h. (*)
Nous sommes logés dans un bistrot et nous allons nous coucher de bonne heure. La chambre est assez bien mais un peu petite.
(*) : Richardménil se trouve au sud de Nancy.
Je me lève à 6h et le départ a lieu à 7h.
J’ai fortement mal aux pieds et j’avance avec peine.
Nous croisons le 212 (*). Boue innommable sur la route.
On contourne Nancy par le sud et nous arrivons aux casernes d’Essey à 11h.
Tout est infect, rien n’est nettoyé : il n’y a même pas de lavabos. On mange comme on peut.
A 1h, SOULISSE (**) me fait appeler et m’envoie à Nancy voir les heures des trains pour sa permission.
Je me promène un peu, j’achète du papier à lettres et, ne pouvant entrer dans les bistrots qui n’ouvrent qu’à 5h1/2, je rentre de bonne heure.
La popote est installée dans une baraque en planches à côté de la caserne. Rata : seul et unique plat.
J’écris ensuite pendant 1h1/2 et je vais me coucher sur un isolateur sans paillasse.
La chambre, en ciment, est glaciale.
(*) : Le 212e régiment d’infanterie avait quitté les casernes
d’Essey le 6 mars à 13 heures. Les soldats du 212e RI avaient
cantonné à Blanville la nuit du 6 au 7. C’est donc
certainement eux qui ont dû laisser les casernes dans cet état ! Ils y
étaient arrivés le 15 février.
(**) : le lieutenant
SOULISSE Jacques de la 3e compagnie.
Je me réveille à 5h1/2. Je suis gelé.
Il part des travailleurs au fort de Frouard et j’en profite pour barboter une paillasse et une peau de mouton. On installa un poêle dans la chambre et on fait du feu car il neige au dehors et le temps est froid.
Toute la matinée passe à cela.
Ce soir, j’écris et je me chauffe.
Le cours de mitrailleurs commence ce matin mais je n’y vais pas de la journée et je ne fais rien.
Beau temps.
C’est à mon tour d’aller (…….. ? ) où l’on ne fait rien.
Cet après-midi, je fais rompre à 2h1/2 et je vais faire signer au colonel une permission pour Nancy.
Je pars avec VERDIER à 11h.
Nous allons prendre un café et nous nous promenons jusqu’à 2h. Cinéma, puis apéritif.
Je rencontre BAYLE qui me dit que je pars demain en renfort.
Nous allons dîner et rentrons à 8h.
Je passe la matinée à me préparer car le renfort ne part qu’à 11 heures.
Je m’engueule avec HADEN qui ne veut pas payer le prêt. N( ?)OYER conduit le détachement qui passe par Ottignies-Louvain-la-Neuve et arrive à Champenoux à 2 heures.
On me met à la 9è mais je réclame et je peux aller à la 1ère CM (*) avec le fourrier DESCURIER et le sergent MARCHAIS : nous ne quittons Champenoux qu’à 4h1/2 et, pendant ce temps on a un mal de chien à empêcher les poilus d’aller boire.
Rencontré LUC.
Nous arrivons au camp de l’Arboretum où est la 1ère CM. Camarades charmants et très bon accueil. On dîne et on chante un peu.
Je me couche dans la paille à 8 heures.
(*) : CM : Compagnie de mitrailleuses
J’ai un peu froid cette nuit : je me lève de bonne heure et vais me laver dans un fossé.
Il y a repos aujourd’hui aussi j’en profite pour m’installer et envoyer ma nouvelle adresse. Boue épouvantable. On enfonce jusqu’à la cheville.
Le schlittage n’est pas très abondant aussi on est forcé de patauger.
Toute la matinée j’écris.
A 11h, nous partons au travail. Les poilus ayant oublié de prendre leurs mousquetons, retournent les chercher.
En chemin, on croise la 2è CM et je dis bonjour à GIRARD. Au chantier, on installe les poilus dans un boyau et je vais visiter une grande sape.
Je monte à un observatoire d’artillerie lourde et je viens surveiller les travailleurs.
Deux avions boches viennent au-dessus de nous et vers 3h1/2, les travailleurs du 3è bataillon commencent à recevoir des 150. Les boches en envoient 7 qui ne font pas e mal car les travailleurs se sont en allés.
Je reviens vers 5 heures avec la Cie. Je trouve 10 lettres en rentrant.
Ce matin, il fait froid et je suis gelé en allant me laver. Je passe la revue des caisses de cartouches.
La neige commence à tomber sérieusement et, vers 11 heures, tout en est couvert.
Je ne vais pas au travail et je passe la journée à écrire.
Aujourd’hui, il y a repos pour se préparer au départ de demain. (*)
L’adjudant GÉRIN revient de permission. On emballe tout.
Ce matin temps très froid qui s’adoucit pendant la journée.
(*) : Toute la 167e division d’infanterie (170e, 174e
et 409e régiments d’infanterie) va partir.
Pendant la nuit, j’ai froid. Les avions circulent et notre artillerie tape.
Je me lève à 5h et nous partons à 6h.
Nous sommes embêtés par les voitures du TC (*) qui ne peuvent pas monter les côtes ; aussi nous perdons 2h1/2. Nous passons par Buissoncourt et Varangéville.
Nous arrivons à St Nicolas-du-Port vers 22 heures. Je ne peux trouver une chambre avec GÉRIN qu’à 5 heures chez des gens très gentils. Je me change et nous dînons dans la même maison.
Je me couche aussitôt.
(*) : Train de Combat : ensemble des
moyens d’un régiment destinés à fournir ce qui est nécessaire aux unités pour
combattre. Commandé par l'officier de détail, il comprend une vingtaine de
voitures hippomobiles pour le TC de l’ensemble du régiment et une dizaine pour
chaque bataillon.
Après une excellente nuit, je me lève tard, je me rase et nous mangeons avant d’aller à la messe qui est à 11h 1/4. Très beau temps.
Le sergent GABORIAU rentre de permission.
Cet après-midi, il y a musique et, après le dîner, nous allons faire une vadrouille colossale qui nous revient à 3F30 chacun.
Aujourd’hui, il y a exercice : école de pièce et école de section. Je fais une théorie aux hommes arrivés en renfort.
Ce soir, la même chose de 1h à 4h.
Assez beau temps.
Mauvais temps. Il pleut un peu mais on va tout de même faire un exercice avec le sous-lieutenant MOINET. (*)
Ce soir, pointage, désignation d’objectif, manœuvre au geste.
Reçois une lettre adressée à la 1ère CM.
(*)
: Officier à la 1e compagnie de mitrailleuses (1e CM)
Il tombe un peu de neige mais nous allons tout de même à l’exercice.
En revenant, conférence par le médecin-chef sur les gaz.
SCHMIDT (*) s’amène et se met en furie parce qu’on ne l’a pas salué : il nous rase pendant une demi-heure.
La neige tombe de plus en plus.
Ce soir, comme il fait trop mauvais, on ne va pas à l’exercice. À la popote, nous chantons.
(*) : Le général SCHMIDT commande la 167e division
d’infanterie depuis le 5 décembre 1916.
Repos et préparation au départ qui doit avoir lieu demain.
J’écris et je me promène. Mes affaires sont vite rangées.
Il fait très beau.
Nous partons à 7 heures, musique en tête.
Au bout de 7 km, la neige se remet à tomber mais cesse bientôt.
Nous passons par Coyviller et nous arrivons à Velle-sur-Moselle à midi. On nous met dans des baraquements : je loge au bureau.
Il fait très froid : nous avons une popote assez bien dans le patelin.
Ce matin, exercice près des baraques ; vent glacial.
École de compagnie et école de section.
Ce soir, tir. Mes pièces ne veulent pas marcher et les munitions ne valent rien.
Ce soir, chant à la popote.
Revue à 10 heures. On prend la nouvelle heure.
Je n’ai pas le temps d’aller à la messe car nous mangeons. Cet après-midi, football : un aéro vient se poser près des baraques. Encore chants à la popote : il fait un peu moins froid.
Ce matin, tir à 7h aussi on doit se lever de bonne heure. On gèle.
Les pièces marchent mieux mais les cartouches ne valent rien.
Ce soir, nous allons jouer au ballon puis nous faisons la manœuvre.
Douches.
Les poilus ne se rassemblent pas, aussi DELEPLACE en boucle deux.
Il a tombé de la neige et cela se transforme en boue.
Ce soir, même chose qu’hier.
Nous retournons au même terrain d’exercice ; on se mouille les pieds passablement.
Ce soir, je vais manœuvrer avec la 3è Cie à la cote 343.
Après avoir fait beaucoup de chemin, nous rentrons à 5 heures. J’apprends que nous partons demain.
La popote je gagne 3F50 au 17 et je vais ranger mes affaires à 9h 1/4.
Je me lève à 5h1/2 car nous partons à 7 heures.
Temps froid. Le vent coupe la figure.
Nous passons par Saffais et Blainville-la-Grande et arrivons à deux fermes isolées où cantonne la Cie (*). Il y a une petite discussion pour la popote mais tout finit par s’arranger.
J’ai une chambre avec JACQUES dans une des deux fermes : armoire à glace, table de toilette, enfin quelque chose d’épatant.
Ce soir, installation.
Ma cantine qui est restée avec les ballots n’arrive pas.
(*) : Il
fait partie de la 9e compagnie du 409e RI
Aujourd’hui, repos.
Il pleut et fait beaucoup de vent.
Ma cantine n’arrive toujours pas. Rien d’intéressant.
Le travail commence aujourd’hui mais je n’y vais pas. J’apprends par H. la mort du Docteur DUBOIS.
Il fait un peu meilleur.
Ce soir, nous allons au café de la gare où il y a un piano et nous chantons.
Ma cantine est tout de même arrivée.
Je me lève à 9 heures et je me dépêche pour aller à la messe. Rameaux. Le curé engueule ses paroissiens.
Ce soir, il pleut aussi j'écris.
Nous retournons au piano et nous rentrons tard dans la nuit.
Je me lève tard car je suis fatigué.
Je ne vais pas encore au travail et je passe ma journée à écrire.
Ce soir, encore piano.
Extrait
du JMO du régiment : rien à signaler…
Je me lève encore tard et je vais prendre l'apéritif.
Ce soir, je vais voir les camarades qui pêchent et je rentre dîner. Au piano nous trouvons encore d'autres chanteurs.
Je me lève à 6h car je vais au travail. PEUGEOT y vient aussi. Il fait beau et l'on ne s'ennuie pas trop dans la forêt. Cet après-midi, je passe mon temps à écrire.
Nous chantons toujours au piano.
Je n'ai rien à faire aussi je me repose.
Dans l'après-midi, je vais à Rosières voir les camarades du DD. (*)
Assez beau temps. SOULISSE (**) est toujours le même. Je cause un peu avec HADEN et AUZANNEAU.
(*) : Dépôt divisionnaire.
(**) : Lieutenant SOULISSE commandant la 10e
compagnie
Ce matin, rien à faire.
Je passe à 11 heures à une manœuvre de cadres qui a lieu à mi-chemin de Lunéville.
Je suis avec la 5è et après avoir déambulé dans des terres labourées, on rentre. Heureusement qu'une voiture d'ambulance veut bien nous prendre avec elle.
Je retourne au travail avec PEUGEOT.
Cet après-midi, j'arrive en retard, ce qui me donne l'occasion de m'expliquer avec lui.
Enfin tout s'arrange.
En rentrant, il pleut assez fort.
Distribution d'effets. Les camarades pêchent.
Pâques, je vais à la messe et l'après-midi, je joue du piano continuellement. Temps couvert.
Ce matin, douches.
Ce soir, expérience sur les gaz asphyxiants.
Il pleut à torrent, aussi je reviens trempé. JACQUES est parti d'hier soir pour se marier.
Ce soir, je vais à Blainville acheter du papier à lettres.
Averses de neige.
Il paraît que nous allons embarquer. Je fais contre appel.
Je vais au travail car il est venu un contre-ordre et nous n'embarquons que demain soir.
Toute l'après-midi je retourne au piano.
Ce soir, nous sommes tranquilles car il n'y vient pas d'officiers.
Ce matin, je fais mes préparatifs de départ.
A midi, tout est terminé.
Je passe mon après-midi au café de la gare. Nous allons dire au revoir après le dîner. On voit que nous sommes regrettés. C'est bien ennuyeux de partir.
On rassemble à 7h1/2 et on nous laisse dans un champ jusqu'à 10h1/2. Il pleut et tous les Poilus se débinent.
Je retourne au café de la gare.
Enfin nous embarquons à 11 heures.
Nous partons à minuit.
Je reçois une lanterne en pleine figure pendant mon sommeil. Il ne fait pas trop froid.
Je me réveille avant d'arriver à Saint Dizier. Je prends quelques photos.
Nous passons par Châlons, Épernay et nous arrivons à Mézy à 3 heures. Le campement part et nous faisons une grande halte.
Nous arrivons à Fossey vers 7 heures et nous sommes dans le château. Je couche sur un canapé avec DELEPLACE.
On dîne et on ne va se coucher que tard.
Temps superbe.
Aujourd’hui il y a repos et revue à 10 h dans le parc. J'écris et je cueille les premières violettes.
Ce soir, préparation de la section en vue de l'offensive.
Ce matin, nous fait faire l'exercice.
Il est vraiment malheureux de faire les pantins comme nous le faisons, et de plus faire cela un dimanche.
Ce soir, la compagnie doit faire des jeux mais je vais me promener avec MAILLET le long de la Marne. Il se met à pleuvoir.
JACQUES rentre de permission.
Je me lève à 5h1/4 car nous partons à 6 heures.
Il ne pleut plus.
Nous passons par Mezy, où nous voyons le 21e d’inf. (*), et Épieds.
On arrive à 10h1/2 à Bézu-Saint-Germain, mais, suivant l'habitude, on nous colle à l'Hermitage (**). 3 maisons et un nombre considérable de tas de fumier.
Pas de chambres, que de la paille infecte. Tout le monde en est dégouté.
L'après-midi se passe à faire le nettoyage.
Je crois bien que j'ai attrapé des totos (***) dans cette saleté. Je trouve la paillasse rudement dure. J’en suis réduit à aller chercher du foin sur la ligne du chemin de fer.
(*) : Le 21e régiment d’infanterie avait été débarqué (en train)
dans cette région. Il venait d’Alsace. Il devait participer à la seconde phase
de l’attaque du Chemin des Dames. Finalement, suite à des mutineries en son
sein, il partira pour Condé-en-Brie au repos pour 1 mois.
(**) : La ferme de l’Hermitage existe toujours.
(***) : Des poux.
Ce matin, on enlève le fumier. PAILLISSON se débine.
On doit faire une manœuvre mais le contre-ordre arrive et on se prépare au départ.
Je fais une théorie aux types arrivés en renfort.
Ce soir, il n'y a pas d'autres ordres aussi je me couche de bonne heure. L'offensive est commencée (*) et on reçoit une proclamation idiote.
(*) :
C’est la désastreuse offensive du Chemin des Dames.
A 6h 1/2, ROY vient crier alerte ! Dans la chambre.
On charge tout en vitesse et l'on part à 8 heures par une pluie et une neige battante. On passe par Épieds–Château-Thierry et on arrive à Nesles à 12h1/2.
Je suis transpercé et je meurs de faim. On mange et je me sèche.
J'ai une chambre avec JACQUES. Je présente le cantonnement au lieutenant à 5 heures.
Exercice à 8h30.
On charge les bonshommes sous prétexte de les entraîner.
En rentrant, le prêt est touché. Il fait beau et on entend bien le canon.
Ce soir, marche de bataillon. Nous faisons un grand tour dans des chemins très mauvais et nous revenons par la route de Montmirail. Je suis fatigué et les bonshommes rouspètent de plus en plus.
La route est réparée par des Serbes et des Italiens, tous plus sales les uns que les autres. Ils n'ont pas l'air d'en faire lourd.
Les hommes vont à l'exercice jusqu'à 8h30 et je fais ensuite une théorie.
Ce soir, mises en batterie sur la route de Montmirail. Le sergt major CHARLES vient manger avec nous et la soirée se termine par les chants.
L'offensive est loupée car on entend plus le canon.
Des coloniaux passent en auto, ils sont relevés.
Ce soir, exercice de Bon. (bataillon).
Je fais mettre en batterie à la lisière d'un bois et c'est la pose (pause). Je cause un peu au fils DELPRAT. Nous rentrons de bonne heure. Temps superbe.
Distribution d'effets. Je ramasse un chic pantalon de cavalier.
Cet après-midi, nous allons à Étampes voir jouer l'équipe de football qui matche la 2e CM.
A la 1ère mi-temps on s'en fait rentrer 3 à 0, mais dans la 2e, nous en marquons 5.
J'entends la musique massacrer littéralement l'Ouverture du Calife de Bagdad.
Après le dîner, nous allons tirer au révolver dans un petit ravin délicieux.
PAILLISSON a attrapé une entorse.
Nous avons été alertés, le T.C et le T.R doivent partir aujourd'hui. (*)
Hier soir, j'ai fait ma cantine et BRIDIDI est parti en permission avec le Cdt GUERINEAU et SERREAU ; les veinards ! On passe une revue d'effets et on attend des ordres toute la matinée.
Le T.C part ce soir. Je vais à Château-Thierry et j'achète diverses choses.
Je me repose toute la soirée.
(*) :
TC : Train de combat.
TR :
Train régimentaire : ensemble des moyens d’un régiment destinés à fournir
ce qui est nécessaire aux unités pour subsister. Commandé par l’officier
d’approvisionnement, il est composé d’environ une quinzaine de voitures
hippomobiles.
DELPLACE vient me réveiller à 4h1/4 et nous partons à 5 heures.
On attend les autos sur la route de Dormans jusqu'à 8h.
Poussière épouvantable et cahots terribles.
A 1h1/2, on débarque à 10 km à l'ouest de Reims, on voit très bien la cathédrale qui est éventrée.
Devant nous, nous avons Gueux. Les boches, du fort de Brimont, peuvent très bien nous voir.
Ils commencent à envoyer des 133 dans le patelin. On traverse le village juste au moment où cela tombe le plus et où on s'arrête en plein milieu. Les obus tombent à 50 m de bataillon et on ne bouge toujours pas.
Quelle ineptie.
Au bout d'une demi-heure, on s'en va par sections et on nous fait repasser près de l'endroit ???. On aurait cherché à se faire zigouiller que l’on n’aurait pas mieux réussi.
Enfin, pas de mal chez nous. Il paraît qu'il y a eu des tués et des blessés. Une pauvre vieille de 70 ans s'enfuyait affolée. C'est tout de même une drôle d'arrivée.
En passant par les champs, nous arrivons à Rosnay où nous dépassons le 3e Bon (bataillon). Cantonnement infect, pire qu'à l'Hermitage. Pas de popote.
Je vais voir RAMBAUD et je me couche à 8h.
Je me lève à 7h1/2 et vais à l'église. Je me promène toute la matinée.
Ce soir, les camarades du DD viennent nous voir. Je cause avec BERQUEZ.
Ce matin, je me lève vers 8 heures et nous nous préparons à partir ce soir.
Après le déjeuner, je vais voir le bombardement de Reims avec une jumelle.
Nous partons à 5h1/2 avec de grandes distances entre les sections.
Nous passons par Muizon. On croise des ravitaillements qui nous font avaler pas mal de poussière.
Nous arrivons à Marzilly vers 9 heures et nous pénétrons dans une vaste carrière. Pas de paille ni de lits, la pierre nue. Un tas de choses traînent par terre, éclairage à l'électricité. Je casse la croûte et je me couche.
Après une mauvaise nuit et avoir eu les reins brisés, je sors de la cave pour écrire mais comme un avion boche se montre et que les culots de 75 tombent tout près, tout le monde rentre.
J'écris.
A midi, je pars reconnaître le secteur.
Je passe par Hermonville et Cauroy.
Là, nous prenons le boyau ; aux avancées on voit un Ct de Cie de Mses du 170. (*)
Nous prenons le boyau Vauchamps qui nous mène jusqu'à la route, quelques fusants. Nous longeons la route 44 jusqu'à la ferme Luxembourg et nous revenons par le boyau du même nom.
Des batteries sont installées sur le boyau.
Avant d'arriver au moulin, les boches bombardent avec des gros. Nous revenons par Hermonville qui commence à recevoir des obus. A peine en sommes-nous sortis qu'un dépôt de munitions saute.
Je suis assez fatigué et j'ai chaud.
(*) : Commandant de compagnie
de mitrailleuses du 170e régiment d’infanterie.
Je me repose toute la matinée et je repars à midi avec le St MERCIER.
A Hermonville, comme cela bombarde nous nous mettons dans une sape à côté de la station.
Nous y restons ¾ d'heure.
A la fin, comme c'est fini, nous repartons. Je rencontre GILBERT. Je vais jusqu'au canal par le boyau Beauséjour. Je reconnais l'église et les ponts sur le canal.
Je reviens avec ROUSSEAU et AUSSURE. Je prends une photo de l'écluse.
Rien à signaler pour le retour. Je suis éreinté et je perds mon couteau dans la paille.
Je vais à la messe au fond de la grotte et je vais manger. Il fait très chaud.
Je dors un peu et je passe l'après-midi à regarder tomber les obus sur le fort de Brimont. Je vais voir aussi la pièce de 293.
Après le dîner, cela tape sérieusement et vers 10h1/2, je me lève pour voir un tir de barrage.
Aujourd'hui, encore rien à faire.
Après le déjeuner, je vais voir le T.C.
J'écris pendant deux heures. Il fait très chaud, plus qu'hier.
Vers 2 heures, 2 avions boches s'amènent et, en moins de temps qu'il faut pour le dire mettent en flammes 5 saucisses. Les observateurs sautent en parachute mais deux sont pris dans les flammes et s'abattent.
Nos aviateurs se débinent.
Cela ne cogne pas trop fort ce soir. Il circule des bruits d'attaque.
Ce matin, je vais me laver au train de combat ; à peine ais-je fini que les boches bombardent aussi nous revenons par la route : on reçoit cela par rafales de 3.
L'après-midi, il faut rester dans la grotte mais on y étouffe et on emmène la Cie dans un ravin où nous restons jusqu'à la nuit. Deux avions boches s'amènent mais sont si bien salués qu'ils s'en retournent de suite.
Temps très chaud.
1e
mai 1917 dans les carrières de Marzilly (51), près d’Hermonville – Photo
envoyée par Christophe.
Son
GP a combattu aussi au 409eRI - René BRISSARD se trouve–t-il sur la
photo ?
Nous partons à 8 h. avec le matériel à bras pour le même ravin. Quelle stupidité ! On salit les pièces. Je me nettoie sérieusement au petit ruisseau et j'écris toute l'après-midi.
Il fait très chaud.
Les types nettoient leurs mousquetons. L'équipe de football se fait passer la pile.
Etant descendu dans le ravin, on me fait rappeler et je vais faire la reconnaissance des avancées de Cauroy.
Il fait très chaud. Je suis avec les agents de liaison et je passe par la gauche d'Hermonville.
En revenant il se produit un sérieux air de barrage. Nous voyons les chevaux d'un escadron de chasseurs tués aussi nous faisons vite. Nous allons manger à la cuisine et je vais un peu dormir dans le ravin.
J'apprends que nous partons ce soir vers les avancées. Je prends mes dispositions et vais au T.C pour changer de linge.
Je rentre avec l'Aspt LEMAIRE. Je me repose un peu.
Ensuite, je sors chercher de l'eau. La porte de la carrière menaçant de s'effondrer, on passe à côté.
Je dors jusque vers minuit ½.
A 1 heure, je m'équipe et à 1h1/4, nous partons.
On passe à gauche d’Hermonville par le chemin que j'ai reconnu hier matin.
Après s'être coincés dans la 5e Cie, nous prenons le boyau derrière les brancardiers.
La 2e Cie nous dépasse et nous arrivons aux avancées vers 4 heures.
JACQUES va chercher notre place et nous nous installons dans le boyau, près d'une batterie. La section n'a pas d'abri. Je casse un peu la croûte. Violent tir de barrage boche sur la droite.
En face, le 3e Bon reçoit des obus asphyxiants et tous les types se débinent.
Vers 6 heures, la préparation d'artillerie se déclenche. Le 75 qui est près de nous, déchire les oreilles.
A 6h50, les vagues partent.
Les boches font un feu de barrage très serré.
Au bout d'un quart d'heure, on ne voit plus rien tellement il y a de fumée et de poussière.
Il paraît que nous avançons de 1500 m mais que nous avons été obligés de reculer. Quel bec de gaz !
Il passe dans le boyau 43 prisonniers dont plusieurs blessés. La plupart ont l'air contents d'être tirés de la bagarre. Il y en a un qui paraît excessivement jeune.
Peu à peu la lutte d’artillerie s’apaise. La chaleur devient très lourde et on somnole tous dans les toiles de tente. Le 2è bataillon va en avant.
Il passe beaucoup de blessés du 170è. Il paraît que nous avons beaucoup de prisonniers car la préparation n’a pas été suffisante.
Si SCHMIDT pouvait seulement se faire balancer cela serait très bien fait. On devrait fusiller tous ces types-là : quelle bande d’assassins.
Le plus chic est d’être prisonnier comme les types de ce matin.
Vers 2 heures, nous allons occuper une sape laissée par le 2è bataillon. Je dors un peu mais je dois encore déménager et on s’installe dans une autre sape devant Cauroy.
JACQUES est toujours malade.
A 9 heures, les Boches attaquent sur le 3è bataillon aussi se produit-il un tir de barrage sérieux. ROY vient nous dire que nous devons rester encore, aussi je dors équipé.
Le 2è bataillon du 170è rentre près de nous. Ils sont revenus 125 sur 600.
A 4 h, la soupe arrive mais je me recouche et dors jusqu’à 8 heures. Il fait très chaud.
Toute la journée nous restons dans la tranchée.
Le lieutenant vient vers le soir.
J’écris au frais car dehors il fait très chaud. Je fais un échec avec JACQUES avant de me coucher.
Je pars à 6 heures reconnaître la 1ère ligne : il pleut un peu mais cela cesse bientôt.
Tous les chefs de section sont là. On poireaute 25 minutes au PC du colon du 170, puis à la carrière. Je prends des photos.
Ensuite, on va au boyau Sans Nom et on y reste presque une heure. Terrain bouleversé.
On revient à la carrière : quelques obus. Visite au PC du 3è bataillon et à la 3è CM.
On va ensuite dans la 1ère ligne où l’on voit ALAPHILIPPE, le lieutenant BRUNEAU, BOUILLY. Je reconnais mon emplacement et l’on revient par le boyau Gorizia où il y a 3 macchabées : boyau retourné.
JACQUES est un peu plus bas que moi. Nous retournons tout de même vers 11h40. Un fusant éclate juste comme nous traversons le canal.
Je suis rentré à 1 heure et je me repose toute l’après-midi.
Journée calme.
Après la soupe, je dors un peu jusque vers 11 heures et je fais équiper la section. Nous partons à 11h1/2.
Temps splendide, clair de lune et calme.
Après avoir fait des poses à la route et avant le canal, nous franchissons l'endroit dangereux en vitesse.
On se rencontre avec des Cies relevées et on tombe dans l'eau.
Enfin on arrive à la 1ère ligne à 2h mois le quart.
De suite je me place mais je m'attrape avec un sergent de la deuxième qui ne veut pas me céder le terrain. Les poilus sont fatigués. J'installe la pièce et on creuse tout de suite des trous.
L'aube vient sans qu'il y ait rien d'extraordinaire.
Vers 7 heures tir de barrage serré. Le trou ne protège guère. MICHELON et JAUSSENS se font enterrer.
Le reste de la matinée est assez calme.
L'artillerie doit faire un feu de destruction sur le champ du Seigneur et on fait évacuer la 1ère ligne. Je reste quand même.
Gros obus, naturellement, la riposte ne tarde pas à venir. Tir de barrage qui dure jusqu'à 5 heures.
Dans les moments calmes, je m'assoupis.
A 5h 1/2, cela recommence et les 88 tombent tout près. C'est tout de même terrible de rester comme cela. Notre artillerie tape n'importe comment entre les 2 lignes.
Le temps se brouille.
Toute la soirée, bombardement formidable ! Cela dure jusqu'à 11 heures : les 88, 105 et 150 tombent en plein au milieu de nous. JONCHERAIS est légèrement blessé à la joue.
Vers 11h ½, la soupe arrive avec les permissionnaires, GUERINEAU, CAULET, PERREAU. Mon bidon est percé de même que ma musette. GABORIAU est dans le même cas que moi.
À minuit, nous lançons des obus à gaz, et vers 2 heures le barrage recommence jusqu'à 5 heures.
Je suis tellement fatigué que je m'assoupis. Nous refaisons notre abri pendant la nuit.
À partir de 5h1/2 c'est très calme.
Il passe SCHMIDT dans la tranchée. Que vient-il
faire là ? C'est SCHMIDT. (*)
Ce n'est pas étonnant que les Boches ne tirent pas, puisque quand on les laisse tranquilles, ils ne nous disent rien.
Le Commandant et DE CAMPAGNE passent aussi. (**)
Vers 11 heures, je m'assoupis mais à midi je suis réveillé par la 2è Cie qui s'en va à cause du tir comme hier. Le lieutenant me fait savoir que je dois rester là. Le tir ne commence qu'à 2h1/2.
Mauvais temps. Les Boches ripostent vite et naturellement cela tombe en plein sur la tranchée.
Vers 4 heures ½, le lieutenant me fait appeler et nous parle de l'attaque.
C'est JACQUES qui doit la faire avec AUSSURE. Moi je me porte plus à droite.
En rentrant, je me fais sonner. Je vais reconnaître l'emplacement à la tombée de la nuit et j'envoie les types travailler.
Je range toutes mes affaires et je me dépêche : je m'assoupis un peu vers 11 heures mais à minuit se déclenche un tir de barrage, un dépôt de munitions ayant sauté vers le 3è bataillon, 88 et 105 tombent dans la tranchée, surtout un qui fait ébouler un peu la cagna et qui perce toutes mes affaires.
Aussi, quand les travailleurs reviennent, je fais évacuer l'endroit et nous nous dirigeons vers la nouvelle position. Après être resté un peu vers la 1ère section, je me mets à mon emplacement et j'installe tout.
Je suis installé au lever du jour.
(*) : Le général SCHMIDT commande la 167e division
d’infanterie depuis le 5 décembre 1916.
(**) : Le lieutenant LABORIE DE CAMPAGNE est le
commandant de la compagnie de mitrailleuses.
Tout est à peu près calme jusque vers 7 heures. Cela tape un peu mais tout rentre bientôt dans le calme.
À 10h30, on mange et je fais mettre en position.
A 11 h moins 3, on demande le tir de barrage qui se déclenche aussitôt et à 11 heures, la vague part. La 1ère Cie progresse dans le boyau. Au bout de 10 minutes, ils reviennent, n'ayant pu prendre l'autre barrage, mais ils repartent.
Je fais tirer à ce moment-là mais la 1ère pièce ne fonctionne plus ! On se dispose à tirer avec les mousquetons.
Finalement, après 1h1/2, nous sommes obligés de regagner les premières positions. Le 75 tire trop court. Le feu de barrage est d'une violence inouïe. Cela tombe toujours. On en est réduit à la défensive.
Les heures se passent, interminables sous le bombardement. BOURCIER n'a pas l'air d'avoir la frousse.
Enfin, vers 6 heures, cela se calme un peu, mais cela tape toujours. Je suis absolument abruti. J'apprends que MARCHAIS, DELEPLACE, le caporal LEZIN et plusieurs autres sont morts.
C'est vraiment terrible !
Vers 8 heures, cela a l'air de vouloir recommencer mais cela ne dure pas longtemps. Les poilus se mettent à travailler et nous approfondissons sérieusement le boyau.
Je reste de quart de 10 h à minuit.
J'attends la soupe et ensuite je vais me reposer.
Vers les 4 heures, les Boches bombardent beaucoup l'arrière.
Je me repose jusque vers 7 heures. Tout est assez calme.
Le brouillard se lève à 8h1/2.
Des avions rôdent. Tout de suite il fait très chaud aussi tout reste calme. La journée est accablante. De gros nuages d'orage montent dans le ciel.
Vers 5 et 6 heures, une nuée d'avions sillonne le ciel, la plupart boches.
Il commence à pleuvoir un peu. Je vais reconnaître une nouvelle position et, en revenant, un tir de barrage se déclenche mais ne dure pas très longtemps.
La section va travailler à cette nouvelle position.
Ce matin, je dors un petit peu après l'arrivée de la soupe mais je me réveille avec mal aux dents.
Une nuée d'avions boches sillonne le ciel et cela dure toute la matinée. On mange avant la grande chaleur.
Dès 11h on étouffe littéralement. J'ai des hallucinations. Je souffre beaucoup toute l'après-midi. On ne parle toujours pas de relève.
SCHMIDT voulait nous faire encore attaquer mais il paraît que personne n'a voulu marcher, c'est pourquoi nous allons encore rester là quelques jours.
J'ai envie d'écrire mais comme mon papier à lettres est perforé, je ne peux pas.
A 8h1/2, très petit feu de barrage qui cesse tout de suite. GABORIAU va mettre en batterie à la nouvelle position.
Comme c'est intelligent ! A 300 m à droite et à gauche, il n'y a rien et l'on pourrait se faire cueillir par quelques grenadiers.
Je vais remplacer GABORIAU à 1 heure et je reste jusqu'à 3h1/2. MOINET vient me voir.
Je dors jusque vers 7h1/2. Toujours temps très chaud. Aussi les cadavres empestent-ils.
Le calme continue. Toute la journée, nous souffrons encore de la chaleur.
Ce soir la section qui nous relève va se mettre à son emplacement vers 9 heures et MOULEY ne vient nous chercher qu'à minuit et demi.
Nous faisons vite pour aller jusqu'au canal et nous passons la passerelle en vitesse.
Depuis que nous sommes venus, le boyau a l'air d'avoir été retourné joliment. Nous arrivons au bastion Jemmapes et l'on s'installe dans une sape. BOURCIER vient nous retrouver.
Je dors jusqu'à 10 heures et ensuite je vais me laver, ce qui me cause bien du soulagement.
Je dors encore un peu après la soupe et j'écris.
Il paraît qu'hier soir aux carrières, il y a eu une sorte de révolte. SCHMIDT a failli se faire tuer et 2 bataillons du 174è ont refusé de monter en ligne. Le Génie voulait le tuer à coups de grenades et les types faisaient des patrouilles dans le bois.
Le Colonel a été obligé de supplier les types de monter et à la fin, ils s'y sont tout de même décidés. (*)
Mais il paraît que ce n'était pas drôle. Là-dessus SCHMIDT est parti à l'armée.
Nous devons changer d'emplacement et nous partons vers 8h1/2.
Jusqu'au canal cela va bien. On passe par l'écluse du Godat mais avant d'arriver au marécage, on croise 2 Cies du 174è. (**)
C’est intéressant.
Ensuite comme les Boches tirent sur le boyau, il nous faut marcher très vite de telle sorte qu'il y en a qui se perdent dont GABORIAU.
J'arrive à l'emplacement. C'est bien mou et nous ne sommes guère abrités.
Enfin, si on pouvait être tranquilles. Mais les Boches bombardent toute la nuit.
J'ai fini de m'installer à 23 heures.
(*) :
Le JMO du 174e RI ne précise pas cette affaire, mais en juin ce
régiment connaitra des actes d’indisciplines collectives. Curieusement les
comptes rendus journaliers de début juin n’existent pas dans le JMO du 174e
RI…Volontairement ?
(**) :
En fuite ?
Toute la nuit cela tape tout autour de l'abri. Les muletiers nous trouvent tout de même avec la soupe.
Vers 5h1/2, GABORIAU s'amène et retourne chercher ses types. Toute la matinée cela cogne régulièrement. Ce que cela est assommant !!!
Je dors un peu car je suis littéralement brisé de fatigue.
Il fait toujours un temps très lourd. Les poilus sont également très fatigués. Nous sommes dans un vraiment sale coin.
Après-midi, il fait de l'orage mais cela cesse bientôt. MOUSTEY vient et apporte les lettres. Toujours pas de nouvelle de relève. Cela tape continuellement.
Heureusement que j'ai juré de consacrer ma section au Sacré Cœur quand je serai sorti d'ici, il n'y arrivera sûrement rien.
Dans la soirée, l'artillerie pilonne toujours, cela ne se calme presque pas.
La soupe arrive vers minuit. Nous sommes mis en alerte et la section reste de piquet.
Le reste de la nuit a l'air assez calme, mais vers 5 heures cela recommence. Il paraît que les Boches ont attaqué et qu'ils ont cueilli une partie de la 6è Cie.
Toute la matinée, nous sommes en alerte.
LUC vient s'installer près de moi et nous passons la journée ensemble.
Vers 2 heures, je vais reconnaître mon emplacement de 1ère ligne et cela se met à cogner aussitôt.
Je me repose le reste de l'après-midi.
A 6 heures la danse devient sérieuse, il paraît que la division de gauche a fait un coup de main aussi les obus tombent ! On se tient prêts à intervenir au cas où les Boches contre-attaqueraient. Mais cela ne se produit pas et tout rentre bientôt dans le calme.
En attendant la relève que nous devons faire cette nuit, je me repose de même que toute la section.
Je pars à minuit avec la section et je passe par le boyau Gibet.
A 1h1/2, tout est terminé. Je relève le sergent LEMAIRE de la 2è CM.
Il paraît que DESGRANGES est blessé et CHARPENTIER évacué pour oreillons.
Toute la nuit qui est très calme, nous nous installons.
Il fait du vent et assez froid. Je veux dormir un peu mais je suis glacé. Le Lieutenant MOINET vient me voir. Nous ne sommes pas si bien que dans notre petit abri de crapouillot, mais le coin n'a pas l'air trop marmité.
La journée se passe d'une façon très monotone : chaque fois que je dors, je suis gelé. Il pleut. Je retourne au barrage voir MERLE et je reviens manger.
A 9 heures on lance des fusées pour l'artillerie et l'on découvre un boyau ignoré qui s'en allait droit chez les Boches.
A 20 h j'envoie une corvée chercher des sacs à terre : tous les types râlent et sont éreintés. Enfin, ils y vont tout de même.
Je prends le quart de 1h à 3h et je grelotte littéralement.
Pendant tout le temps que je suis de quart, il pleut.
Je vais ensuite me coucher jusqu'à 6h1/2 et je suis toujours glacé.
BRIDIDI me refait ma cagna qui commençait à s'emplir d'eau. La pluie cesse petit à petit.
Vers 10 heures et vers 4 heures le soir, cela tape un peu et, en dernier lieu, ces imbéciles de 75 qui vont sûrement nous faire prendre bientôt du 210.
Tout est calme jusque vers 8 heures ½ mais les Boches déclenchent un tir de barrage sans raison qui nous tient en éveil car ils pourraient très bien attaquer. Les 75 tirent trop court, aussi je lance des fusées. Comme dans la journée nous avons commencé une sape, on vide les sacs à terre mais on est ennuyé par les fusées.
De plus, on creuse le boyau mais comme on fait trop de bruit, on reçoit des obus. Je fais cesser le travail.
Je prends le quart à 2h1/2 et je me tiens sur mes gardes.
Les Boches ayant envoyé des obus sur le petit poste, je mets en alerte jusqu'à ce que le jour soit bien arrivé. Les avions boches s'amènent et ce qui fait le plus mal au cœur c'est que l’on n’en voit pas un seul des nôtres.
Pourtant ils arrivent mais vers 6h1/2, 21h1/2 après les autres.
C'est tout de même malheureux de voir cela. Étant fatigué, je me couche à 7h1/2. ALAPHILIPPE vient reconnaître mon emplacement pour me relever. Cela a l'air de l'embêter sérieusement.
Je dors jusqu'à 9h1/2. L'artillerie tape beaucoup.
Après le déjeuner, je dors encore jusqu'à 2h1/2 puis j'écris.
L'artillerie tape toujours. La relève se fera vers minuit et nous devons aller vers Cauroy. C'est rudement chic. Mais comme les lettres n'arrivent pas, je suis d'une sale humeur.
Le temps se couvre un petit peu et le vent, assez violent cet après-midi, se calme un peu. Les lettres arrivent à 8 heures.
Les avions boches en prennent à leur aise.
Vers 9 heures, tir de barrage habituel mais qui ne dure pas longtemps. Je m'assoupis en attendant la relève.
La 1ère Cie passe vers minuit ½. Les bonshommes rouspètent.
ALAPHILIPPE arrive vers 1 heure. On est coincé dans le boyau et on ne peut partir qu'un quart d'heure après. Dans la tranchée, il n'y a personne pendant 300 m.
Les Boches tirent peu.
Nous marchons rapidement dans le boyau Séchamp et le boyau du Serpent. La traversée du marécage se fait assez bien.
Après l'écluse nous faisons une longue pose et comme le boyau est terriblement sale, on monte sur le parapet. Nous arrivons à la cagna vers 4 heures et nous la trouvons occupée par GANNE et ses poilus.
DE CAMPAGNE les fait déménager et les types s'installent.
Je pars me nettoyer au TC avec SALLE et H…..
Tout est fleuri, les arbres sont feuillus, les oiseaux chantent, on se sent renaître, on croirait que c'est une nouvelle vie qui commence.
Je passe la journée à me nettoyer.
A 4 heures il fait un orage assez fort et il tombe beaucoup d'eau. Quelle gabouille. Cela va encore faire !
J'apprends que Jacques est à Tours, le veinard.
Je reviens avec DESCURIER à 6 heures ½ et suis rentré à 8 heures. Je ne me couche qu'à 9h 1/2.
Ce soir, pas de tir de barrage.
Je me lève à 8h 1/2 et je sors un peu. J’écris à JACQUES et après la soupe, je perds 4 F aux petits paquets.
Je passe le reste de la journée à écrire.
Il fait très chaud et je suis dans l'escalier de la soupe. Les Boches tapent sur les batteries de Cauroy et il y a beaucoup d'avions en l'air. Il y a un Boche qui est obligé d'atterrir.
Je perds encore 40 sous au 17, ce qui fait 6 F pour la journée, ce n'est pas mal.
Je me couche de bonne heure.
A 6 h, je suis réveillé par les types qui ont mis le feu dans la cagna mais c'est vite éteint.
J'écris toute la matinée. Le temps est couvert et lourd.
L'après-midi paraît interminable. J'écris encore mais il fait très chaud.
Après le dîner, je regagne un peu ce que j'ai perdu hier.
A 8h30 je pars avec une corvée de 60 hommes chercher des boîtes de singe à Solférino, de l'autre côté du canal. Il y a une vingtaine de boîtes qui représentent 115 kilos.
Je charge les bonshommes et je laisse GIRARD de la 2è CM se débrouiller avec le reste.
Il fait nuit noire et les boyaux sont infects. On porte les boîtes de singe route 44 dans des fourgons et on rentre par la pluie à [illisible].
Nous ne recevons pas un coup de canon, c'est heureux. Un avion boche pousse le culot jusqu'à venir descendre 2 saucisses de chez nous.
Je me réveille à 9h 1/2 et je me lève juste pour manger.
Toute la journée j'écris et de je dors un peu.
On me demande au bataillon pour la corvée d'hier soir.
A 8h 1/2, je repars avec une autre corvée de 30 hommes. Mais comme il y a encore beaucoup trop de matériel à emporter, j'en laisse un peu. Nous attendons les voitures du TC sur la route 44 et nous rentrons à minuit.
Je fais un rapport sur la corvée.
Je me lève à 9 heures et je vais parler au commandant.
Je reçois une nouvelle pièce qui a l'air très vieille. On l'essaye contre avions et elle a l'air de marcher. Je joue aux cartes. Temps assez chaud.
Ce soir même occupation.
Après le dîner, les Boches nous envoient quelques fusants. Je cause un peu avec le lieutenant et je vais voir la roulante qui amène la soupe.
Je me lève vers 8 heures.
La pièce est toujours installée contre avions. Je fais ma demande pour passer lieutenant à TP (*) et j'écris un peu.
Il fait très beau.
Dans l'après-midi, comme il fait très chaud, je dors un peu.
Après le dîner, je tire contre avions.
Le colonel LAVIGNE me demander sur quoi je tire car cette pétarade lui a fait dresser l'oreille. A la roulante je trouve ROUSSEAU et JOUAN.
(*) : Titre provisoire.
Je suis réveillé par MANGELIER qui vient me chercher pour tirer sur avions. On tiraille jusqu'à 8 heures et je m'habille car je me suis levé à moitié habillé. Je dors un peu et j'écris deux mots.
Il vient le campement du 3è régiment mixte pour reconnaître les emplacements.
PAILLISSON part pour Janvry faire le campement. Il fait très chaud.
Je reçois des nouvelles de JACQUES qui est toujours à Tours.
Nous partons à 10 heures du soir et nous chargeons les voiturettes sur la route. On poireaute à l'entrée du boyau Beauséjour dans le chemin creux venant de Cauroy. Enfin on s'en va.
DE CAMPAGNE a l'air bien tourné et il est [loquace].
On retrouve le train de combat et on monte la côte de Marzilly. Des autos emmènent les compagnies mais nous nous allons à pied.
Nous passons par Trigny, Châlons-sur-Vesle, la gare de Muizon. On a envie de dormir aussi la marche est-elle très pénible. Le jour paraît en arrivant à Gueux.
On traverse le patelin et on arrive à Janvry vers 4
heures. Les poilus sont fourbus. (*)
Après une toilette sommaire je me couche jusqu'à 10h1/2.
Après le déjeuner, même chose : il faut commander le service et tout le bataclan.
Je dors toute l'après-midi.
On se prépare à partir demain. Histoire des vestes.
(*) : 20 km, de nuit noire, avec tout le paquetage et à
pied…
Après avoir grimpé une côte formidable nous redescendons dans une petite vallée où l'on a installé une grande gare de ravitaillement. Nous passons dans le patelin où se trouve le DD (*) du 3è tirailleurs.
On arrive à Chaumuzy, pas de cantonnement.
DESCURIER se démène et trouve des emplacements aux 4 coins du patelin. Je boucle JANSSENS pour avoir rouspéter hier. Nous sommes très mal.
Je passe l'après-midi dans un pré à dormir et, le soir, on va se coucher sur la paille.
(*) : Dépôt divisionnaire
Nous ne partons qu'à 6 heures. Heureusement que le soleil se voile un peu.
On passe par La Neuville, Cuchery. Beaucoup de vignes et une grande côte à descendre.
On rencontre SCHMIDT qui apprend à BOURCIER sa nomination.
On voit le DD et on arrive à 10 heures à Binson-Orquigny où nous cantonnons. J'ai une chambre, mais DE CAMPAGNE n'est pas content qu'elle soit plus belle que celle à PEUGEOT et il engueule PAILLISSON. Il y a une petite discussion au sujet de la popote, mais tout finit par s'arranger.
Je me nettoie sérieusement et me promène avec GANNE et BITON.
La comédie de l'appel commence. On voit bien quand les obus ne tombent plus.
Il fait frais et je me promène un peu. Le plumard me paraît rudement bon.
Je me lève à 7h 1/2 et je me nettoie sérieusement. je me mets à mon aise.
Le temps est un peu frais et il y a des nuages.
Je conduis le commandant dans les cantonnements et, l'après-midi, j'écris. Le temps passe vite.
Avant le dîner, je vais au 3è bataillon où je vois SOULISSE. Ils en ont tous plein le dos. Je rencontre aussi ALAPHILIPPE.
Je rentre me coucher vers 10 heures mais BERQUEZ vient me réveiller et me dire un au revoir car il part en perm.
Nous causons un peu de l'attaque et je vois qu'il s'est passé des choses aussi dégoûtantes chez eux que chez nous.
DE CAMPAGNE passe la revue du matériel restant à 7 heures. Cela finit qu'à 9 heures et il se débine pour toute la journée.
Très beau temps, un peu chaud. Je ne fais rien.
Le soir BOURCIER arrose sa nomination et on lance 2 fusées éclairantes.
Je me couche tard.
L’aspirant
BOURCIER Gaston passe
sous-lieutenant, comme l’indique le JMO du 409e RI
DE CAMPAGNE fait le rappel de citations et moi je me brosse.
Ce qui m'ennuie le plus c'est que JANSSENS soit cité et que MOUSLEY n'ait rien. Quel sournois ce cochon-là, devant, il accorde tout et par derrière, il fait à sa tête. Il joue le même tour de cochon à ROY l'agent de liaison.
Je suis content que GABORIAU et GUÉRINEAU soient cités, moi, ce sera sans doute pour la... prochaine fois.
Je ne souhaite qu'une chose, revoir DE CAMPAGNE dans le civil pour lui flanquer 2 bonnes claques par sa sale gueule. On se retrouve toujours.
Je ne fais rien de toute la journée. Il y a une revue de cantonnement puis musique.
Je me couche également très tard.
Je me lève vers 8 heures et FINES FESSES (*) vient passer une revue de pièces. Temps très chaud et sans air.
Avant le dîner, je vais au DD où je vois HADEN.
Vers 9 heures nous montons à Villers où il y a cinéma ; je vois AGUILLON, AUZANNEA et d'autres. Le programme n'est pas trop mal. Nous rentrons nous coucher vers 11 heures.
(*) : Est-ce le nom d’un officier ou un surnom ?
A 1 heure, LORIN vient nous réveiller et DESCURIER part au bataillon.
A 3 heures, DE CAMPAGNE me réveille et comme DESCURIER revient je me lève. Tous les hommes de la compagnie (*) doivent partir à 4h45.
Je reste ici, il n'y a que MOINET qui part comme chef de section. Je fais tout de même ma cantine.
Tout le monde se rassemble.
SIGNÉ est rentré de permission. Il paraît qu'une division a refusé de marcher et qu'on envoie ces types-là pour prendre les lignes. Si toute l'armée pouvait en faire autant !
Quelle purée cette guerre !
Toute la journée les poilus attendent l'ordre de départ, mais comme rien n'arrive, ils rentrent à leur Cie.
(*) : De la compagnie de mitrailleuses.
Je vais à la messe de 9 heures à Villers et l'après-midi j'assiste à la séance donnée par le « Théâtre aux armées ».
Cette matinée est très réussie. Bons artistes, beau décor.
A la fin quand la chanteuse entonne la Marseillaise, tous les poilus se débinent et quand elle crie « tout le monde en chœur », seuls les officiers reprennent. Cela fait un effet déplorable.
On voit par là où en est rendu le moral.
Ce matin, SCHMIDT réunit tous les officiers et sous-officiers du 409 et du DD (*). C'est à cause du moral.
On voit qu'il compte surtout sur les sous-offs pour le remonter. Il dit que la guerre doit être poussée jusqu'à la victoire et exhorte tous les officiers à donner l'exemple.
Dans la tranchée, on n’en voit pas tant qu'ici.
Enfin, cette conférence donne l'impression que le gouvernement à une trouille épouvantable et craint un mouvement. Les grosses têtes ont peur de sauter. Je suis très content d'avoir assisté à cette réunion car elle montre la crainte que les supérieurs ont du soldat.
L'heure est très grave : peut-être sommes-nous arrivés à un instant décisif. Le tout est de savoir si ces craintes se réaliseront.
Cet après-midi, on ne fait encore rien.
Ce matin j'ai envoyé une de mes pièces au DD.
(*) : Le dépôt divisionnaire
FINES FESSES me flanque 4 jours d'arrêts sous prétexte que le matériel n'était pas arrivé à l'heure. J'en profite pour l'engueuler, je vois que cela ne va guère bien, aussi j'ai l'intention d'en jouer un air dès mon retour de permission.
Cet après-midi, repos.
Je vais causer à BRUNET.
Je fais un semblant de théorie car, pour faire du service maintenant, ceinture.
Cet après-midi je ne fiche rien.
Très beau temps.
Marche de 15 kilomètres. On passe par Châtillon où l'on remarque pas mal d'embusqués et l'on revient par Vandières. À voir cela, on comprend comment des divisions refusent de marcher.
Je dors une bonne partie de l'après-midi. BOURCIER vient me voir et boulotte des cerises avec moi.
Toujours rien pour les permissions.
Exercice près du champ de tir. J’ai 3 bonshommes. Je dors encore jusqu'au soir.
Il fait un orage assez fort où la flotte coule dans toutes les rues.
Tir.
On revient à 8h45 et je vais à Villers pour assister au service pour les morts du régiment.
J'attends toujours les permissions. Il pleut un peu.
Je vais à la messe et l'après-midi je dors.
On commence à dire que les permissionnaires partiront bientôt : ce n'est pas trop tôt.
Comme exercice nous allons faire un tour dans le bois de Rademot.
Marche militaire sous les ordres de BRUNET : une vingtaine de kilomètres.
Enfin, on part le 14.
Je peux avoir ma permission le matin pendant la vaccination.
Pas d’écrits entre le 13 et 25 juin…
Parti de Tours hier soir, je passe la nuit à Paris.
Je me lève à 7h et je vais à la gare de l’est où je vois DE CAMPAGNE qui part.
Comme je n’ai pas mes affaires je reste la matinée à Paris et je pars à midi.
A Dormans je trouve JONON et je prends un tortillard qui me débarque à Ville-en-Tardenois à 5h.
On mange et je retrouve la Cie à Chaumuzy. On assassine la bouteille de Cointreau et je vais me coucher dans la paille.
Je me lève à 8h et je range mes affaires.
PAILLISSOU à l’air mal tourné. On mange avec le petit état-major de bataillon qui est maintenant à la compagnie. Le bruit court que nous partons ce soir et, effectivement, à 8h l’ordre arrive de partir à 8h1/2.
Je reste pour le certificat de bien vivre et je rejoins en vélo.
Nous passons par Pargny et nous arrivons à Reims à 2h.
Après avoir attendu un moment près du pont de chemin de fer nous nous embarquons dans les rues et nous allons cantonner dans les caves. Hedsik c’est un peu comme la carrière de Marzilly.
Je me couche à 3h et à 8h je sors dehors.
Le quartier à l’air d’avoir sérieusement souffert. Je prends 2 photos malgré la lumière un peu faible (Place Bétheny) (R. de Bétheny. Eglise St André. Pl. Royale Cathédrale - 123 - Hôtel de ville. Intérieur église St André).
Cet après-midi, je vais visiter la ville. Je prends des photos de la cathédrale et des quartiers qui ont souffert.
Je fais divers achats et je rentre vers 4 heures.
Après diner, je vais me confesser avec RAMBAUT dans l’église St André où je prends des photos.
Temps assez tempéré.
Il n’est pas étonnant que les boches bombardent ; il y a des batteries dans la ville.
Ce quartier Cérès est absolument détruit, les maisons sont tombées par terre. Quelle fureur de démolition. Dans l’église St André les orgues sont hors service, le grand christ est criblé et une statue de la Vierge en tombant s’est appuyée contre un pilier. La chaire n’existe pour ainsi dire plus. C’est un monument perdu.
Les compagnies du bataillon montent ce soir en ligne, nous restons là.
Je pars à 7h 1/2 pour reconnaitre les emplacements. Le quartier des casernes à l’air d’avoir beaucoup souffert.
En arrivant au village nègre, il tombe des obus et je reçois un éclat sur mon bidon, sans cela, j’étais blessé.
Je vais reconnaitre ma section qui se trouve à droite du saillant. Cette position est bizarre car on accède aux pièces par un souterrain.
Je rentre vers 11 heures avec une suée sérieuse. Je mange et je vais dormir un peu.
Le Ct du 3e Bon empêche tout le monde de sortir mais ma section se débine en ville.
Le temps se couvre dans la soirée.
A 8h il fait de l’orage et l’eau se met à tomber à torrents.
Quand l’heure du départ arrive, cela se calme un peu, mes muletiers se perdent et les hommes sont obligés de s’envoyer le matériel à bras, cela nous retarde d’une heure.
Nous sommes en place vers 1h1/2. J’installe mes pièces et je fais un petit tour.
En rentrant vers 2h 1/4 un tir de barrage se déclenche, des grenades tombent.
Les boches font un coup de main sur les petits postes, ils ne réussissent qu’à enlever un fusil mitrailleur. J’ai une pièce qui tire un peu mais FINE FESSES n’a pas l’air content.
Tout est calmé vers 3h 1/2 mais, comme entrée dans le secteur, c’est plutôt moche !
Vers 6 heures, les boches bombardent la batterie de crapouillots derrière ma cagna. MANGELIER a un trépied démoli et les artilleurs se réfugient chez nous. Ils ont aussi une pièce d’abimée.
Le reste de la matinée est assez calme aussi nous mangeons dehors.
Dans l’après-midi, j’écris et je dors un peu. Le colon vient voir mon souterrain, il doit en avoir assez car il ne va pas jusqu’au petit poste. Les crapouillots s’en vont et démontent leur matériel.
Je prends le quart jusqu’à 1 heure. Je cause un peu avec le S. lieut. CHATAIGNER et nous nous couchons dans l’herbe près des pièces pendant que les hommes de la 2e Cie vont poser des fils de fer.
Je me couche à 1 heure et toute la nuit est calme.
Dans la matinée, le commandant vient me voir et visite le souterrain. Il pleut.
Les crapouillots achèvent de déménager.
Je passe mon après-midi à écrire. Ne prenant le quart que dans la deuxième partie de la nuit, je me couche de bonne heure.
1er GOUPIL me réveille à 1 heure, les boches envoient quelques rafales de mitrailleuses mais il n’y a rien d’anormal.
A 5 heures je dors un peu. Temps brumeux et il pleut un peu.
J’écris l’après-midi et je vais me promener avec Luc, je rends visite à l’aspirant BIRON.
Auparavant je commence à faire creuser le souterrain qui rejoint le boyau Bruno, mais n’ayant pas de lumière je ne peux continuer.
Ce soir arrivent AUBERT, REULIER.
Pendant la première partie de la nuit je m’occupe de poser des fils de fer et j’écris un peu, je vais voir ce qui se passe devant les pièces avec la patrouille de couverture.
Je me couche à 1 heure.
A 8 heures le Col LAVIGNE DELVILLE (*) passe examiner les positions mais il ne descend pas dans le souterrain.
Très beau temps un peu chaud.
Je me débarbouille et vais prendre quelques photos (N°1 batterie de crapouillots démolie) (2 entrée de l’abri, 3 PP1, 4 PP1 et fils de fer)
Le reste de la journée est calme. Je me couche de bonne heure.
(*) : Le colonel LAVIGNE-DELVILLE (ex-commandant de la 95e
brigade d’infanterie) est le commandant de l’infanterie de la 167e
division d’infanterie.
Je prends le quart à 1 heure, les boches envoient quelques rafales de mitrailleuse.
Vers 5 heures, le 75 tape un peu et je me couche. Journée encore très calme et très chaude.
Ce soir, quelques torpilles : GABORIAU rentre de perm. Et l’on cause un peu.
Je prends le quart jusqu’à minuit, beau clair de lune, pas mal de coups de fusil.
Je me lève à 8heures.
Pendant le quart de GABORIAU il fait de l’orage et l’eau tombe à seaux mais cela se calme et le soleil se montre.
Cet après-midi, les boches envoient des torpilles et le 75 tire. Au moment de la soupe la 2e reçoit quelques obus, je joue aux échecs.
Temps lourd.
Je ne peux pas dormir dans le commencement de la nuit aussi je ne me couche pas.
BAULU rentre de perm. Légèrement éméché.
La 6e Cie qui relève la 3e arrive vers minuit 40.
La classe 17 a l’air un peu désemparée, je veille tout le reste de la nuit car il faut s’attendre à tous ces jours de relève.
Le temps est couvert, je dors dans la matinée.
Les boches envoient des obus à notre droite et ont l’air de faire du repérage.
Pendant la soupe, un avion vient se promener au-dessus de nous et c’est la comédie pour faire rentrer les types.
Toute l’après-midi on tire des deux côtés, je vais faire un tour jusqu’à la 2e CM et vers la 5e.
Après la soupe les boches tapent sur la 7e et sur notre gauche. Je ne peux pas encore dormir, à droite et à gauche se produisent de sérieux tirs de barrage, il parait même que les boches ont envoyé les gaz.
Le sergent PELLERIN de la 7e succombe. (*)
(*) : PELLERIN Adolphe Pierre, sergent, mort pour la
France le 6 juillet 1917, aux avancées de Reims (Marne), tué à l’ennemi. Il
était né à Nantes le 13 janvier 1892. Sa fiche. Le JMO indique qu’il s’agit de « minen aux
gaz »
Je prends le quart de 3h à 6h.
Tout est calme et il fait très froid. Le caporal AULIER doit être emporté sur un brancard et il parait que TRIPEAU est malade, ce sont les suites des gaz.
Le soleil se montre et le temps se réchauffe.
Vers 2 heures de l’après-midi, le 37 tire et de suite arrive la riposte. D’abord grenades à ailettes puis torpilles. Le sergent GUINEAU de la 6e est très gravement blessé à la tête. (*)
MAUGELIER partant en perm, GABORIAU prend le commandement
de la 3e section. (**)
BARBARIN ayant eu 5 types d’évacués pour les gaz vient me voir et obtient d’être relevé par la 3e section.
Vers 9h 1/2, les boches lancent quelques grenades asphyxiantes mais le vent emporte les gaz plus à gauche. Tout se calme vers 11 heures et à 1 heure je me couche.
(*) : Il ne semble pas être mort suite de ses blessures.
(**) : 3e section de mitrailleuses.
Les boches bombardent Breslau vers la ligne du chemin de fer et vers Bruno, cela dure jusque vers 10 heures avec quelques torpilles.
Puis tout devient calme jusque vers 3 heures.
Je dors un peu et je fais travailler dans le boyau souterrain. Les torpilles et les obus recommencent à 4 heures. Toujours très beau temps et très chaud.
A 8h cela cesse et on peut sortir un peu, mais il tombe tout de même quelques grenades à ailettes.
Je me couche mais ne peux m’endormir que vers 11 heures.
Je prends le quart à 2 heures jusqu’à 6 heures.
Les grenades à ailettes et les grosses torpilles recommencent toute la matinée, plusieurs ne tombent pas loin de la cagna. Il pleut assez fort, un capitaine d’état-major vient voir le souterrain.
Une accalmie se produit vers 10 heures et dure jusque vers 15 heures. Quelques torpilles recommencent à tomber.
à la tombée de la nuit il fait de l’orage. Je prends le quart jusqu’à deux heures.
Vers minuit moins le quart étant dehors, j’entends des coups de départ
Et je vois des grenades en l’air, je rentre vivement, nous en recevons comme cela une dizaine qui soufflent la bougie et font tout trembler.
Vers 1 heure 45, la même comédie recommence mais sans doute que ce sont des torpilles plus fortes car tout le boyau est bouché. Cela tombe sur la cagna, une torpille tombe en plein dans les feuillées.
Dans le souterrain des pierres tombent. Après une salve d’une douzaine cela se calme. L’artillerie se décide à leur envoyer quelques obus.
Vers 8 heures, un capitaine d’état-major vient me réveiller pour me demander des renseignements sur mes mitrailleuses. Après m’avoir barbé pendant un quart d’heure il s’en va.
Je dors un peu.
Il pleut encore pendant la soupe mais le temps s’éclaircit. On m’apprend que Peugeot est blessé grièvement. Il a attrapé cela en se promenant dans le secteur. Quel idiot, lui qui pouvait rester bien tranquillement près du colon. Je me couche de bonne heure ; tout est très calme, pas un obus, le temps reste pluvieux.
Je prends le quart à 2 heures, tout est calme, je commence à écrire quand vers 3h 1/4, 3 torpilles éclatent.
Immédiatement les mitrailleuses crachent.
Ca y est c’est un coup de main, je sors de l’abri après avoir alerté la section et qu’est-ce que je vois, tous les types qui se débinent. Avec peine on les arrête au boyau Mackensen les torpilles s’écrasent tout autour de la tranchée.
A la fin, ils se décident à contre-attaquer et ils reprennent le barrage. Le tir de barrage de 75 se déclenche immédiatement. Les torpilles tombent toujours, peu à peu cela se calme et l’on peut juger des pertes, nous avons 7 ou 8 types de prisonniers.
Sur la gauche les boches ont assez fortement avancé car on trouve deux blessés dans un boyau.
La 6e a écopé salement, car elle a une douzaine de morts.
Chez nous le caporal CHUPIN est grièvement blessé, ma section avec sa veine habituelle n’a rien bien que les torpilles soient tombées pas loin des pièces.
Tout se calme et la journée est excessivement tranquille, mais cela m’a donné fortement le cafard. Je prends le quart jusqu’à 1h1/2, tout est calme.
A 3h je suis réveillé par un type de la classe 17 qui dégringole dans la cagna, il avait pris JOUCHERAIS et VIARD, sortis pour faire leur besoin, pour des boches. AUBERT le fait remonter en vitesse.
A 4 heures le Gal de corps d’armée SCHMIDT et une tapée d’officiers vient voir le saillant. Un capitaine d’état-major me donne des cigares pour la section. Je me recouche tranquillement.
A une heure on fait évacuer la 1ère ligne car il parait que l’artillerie va cogner sur les crapouillots boches. Ils ne foulent pas car on n’entend que quelques coups de canon. Les boches s’aperçoivent de cela car ils se mettent à danser sur le parapet de leur tranchée.
Tout de même vers 4 heures les 240 se mettent alors à tirer et sonnent la 2e ligne boche, il y tombe quelque chose ! Cela forme un nuage de fumée, bas, emporté par le vent. Les boches répondent peu ou presque pas. Tout se calme à la nuit.
La section du lt COLLIN est relevé vers 10h1/4 et BOURCIER qui reste avec la 5e Cie vient dans mon PC. Il y a des allées et venues.
Vers 11h30, 3 torpilles dégringolent encore.
Je m’endors vers 1 heure et AUBERT me réveille à 2. Tout est calme, je lis « Lucrèce Borgia » et « Le roi s’amuse », cela me fait passer le temps.
Les 155 commencent à tirer sur les crapouillots vers 7 heures et travaillent toute la matinée. Les boches envoient quelques obus.
Dans l’après-midi, un peu de calme revient. Je joue aux échecs avec BOURCIER.
Vers 6h ½, le 75 commence à détruire les réseaux de fil de fer boche.
A partir de 9 heures il tape de temps en temps pour empêcher l’ennemi de travailler.
Je prends le quart pendant la première partie de la nuit. Les boches envoient des grosses torpilles à partir de 11h 1/4 mais cela cesse bientôt.
Le reste de la nuit est calme, je dors jusqu’à 10 heures.
Dans l’après-midi, on fait évacuer les PP (*) pour le tir du 37 (!!!) on croirait entendre une balle passer et une grenade éclater.
Bruno qui a la haute direction de tout cela veut sans doute de l’avancement.
Je joue aux échecs.
(*) : Petit Poste
La journée est calme et il fait un très beau temps, on ne parle toujours pas de relève aussi les poilus commencent-ils à ronchonner sérieusement.
DE CAMPAGNE à l’air de se plaire ici mais ne se doute pas que nous ne pensons pas du tout la même chose. Le 37 tire encore.
L’après-midi se passe à faire évacuer les petits postes et à les réoccuper.
A 10h un tir de barrage se déclenche sur la gauche et le 75 en profite pour faire son tir de destruction. Quelques minen vers onze heures.
Je m’endors tout de même assez tard.
Je prends le quart à 2 heures et la fin de la nuit est calme.
Vers 5 heures un avion boche s’amène et lance des fusées tandis que leur artillerie se met à taper un peu partout comme pour faire un réglage. Très beau temps.
Je me couche un peu et je suis réveillé par le colon qui me dit ce que j’ai à faire pour le coup de main.
Toute l’après-midi des deux côtés on fait de la contre-batterie. SERREAU en travaillant dans le souterrain se trouve malade.
Le temps devient très lourd.
Ce soir vers 8 heures étant à une pièce, deux tirs de barrage se déclenchent sur la gauche. Je fais préparer la section mais bientôt tout se calme.
Je prends le quart jusqu’à 2 heures : rien d’intéressant.
Je ne me lève qu’à 10 heures.
Tout est calme, comme les jours qui précèdent les coups de torchon. J’essaye de dormir au commencement de l’après-midi.
Puis je fais nettoyer les cartouches et les pièces. Cela me prend jusqu’au soir.
Je ne dors pas toute la nuit, je vais faire tirer des cartouches au petit poste pour voir où les balles passent.
Le lieut CHATAIGNEAU arrive vers minuit, je casse la croute et j’attends un peu que l’heure s’avance.
Je laisse reposer les tireurs et chargeurs.
A 2 heures tout le monde est alerté. J’installe les types dans le boyau.
A 2h45 le barrage se déclenche et les pièces tirent.
Au bout de 5 minutes la 1ère ne marche plus et l’autre est enrayée. Puis elles repartent.
J’apprends que le coup de main est raté et que les types sont tombés sur un bec, les boches les attendaient sur leur tranchée. Le tir de barrage dure ¾ d’heure.
Les pièces continuent de tirer avec quelques enrayages. Un percuteur cassé à la 2e.
Tout se calme vers 3h 1/2.
Les boches continuent à bombarder avec des gros.
Je reste éveillé jusqu’à 7h et je me couche. Je dors toute la matinée et une bonne partie de l’après-midi.
Ce soir à 8h le 170 attaque.
Auparavant on envoie des gaz. Le tir de barrage revient sur nous, j’alerte la section ; mais il y a rien d’anormal et tout se calme vers 10 heures.
Le reste de la nuit est très tranquille. Il pleut un peu.
En secouant ma pipe sur mon genou je la casse, aussi cela me met en rogne.
Je dors jusqu’à 6 heures et j’écris pendant le reste de la matinée. Le caporal HERVÉ venant en renfort arrive à la section. Je vais reconnaitre au centre Privas l’endroit que je dois occuper.
En revenant j’apprends que je dois aller suivre un cours de tir contre avions du 20 au 23 à Jonchery
HOURTANÉ vient reconnaitre mon souterrain.
La relève se fait à 10 heures, auparavant les boches lancent un tas de fusées. HOURTANÉ s’amène à 9h50 et à l’air un peu pressé. Enfin nous partons et l’on arrive à 10h30.
Je prends les consignes, fais mettre les pièces en batterie et laisse le commandement de la section à AUBERT.
Je pars avec LALUE, MICHELON, CAULT et JONCHERAIS, à la cagna du lieutenant je trouve ROUSSEAU et JONON et j’attends jusqu’à minuit, personne ne vient.
Je me décide à partir.
Après en avoir bavé et attrapé plusieurs suées j’arrive au TC et le fourrier me montre mon lit.
Je roupille jusqu’à 7 heures puis je me nettoie et j’écris. On mange très bien.
J’attends les lettres et je vais dans Reims envoyer des cartes chez moi. Je rentre un peu fatigué, après diner je regarde passer le 3e Bon qui monte en ligne, je vais me coucher assez tard.
Il n’y a pas d’ordre pour partir, je me lève à 7h1/2 et je range mes affaires.
A 11h ¼, REULIER arrive et me prévient que j’embarque à midi, aussi je fais vite. Je trouve tous les stagiaires de la division.
Nous montons dans un camion qui nous débarque à la ferme Montazin près de Jonchery vers 2 heures.
Avec l’adjudant MASSON du 174 je m’installe dans la baraque des officiers et nous descendons à Savigny faire un tour. Nous mangeons à la popote des sous-offs de la CM de position avec un adjudant du 117 Tal. (*)
Je me couche de bonne heure.
(*) : 117e régiment territorial.
Le cours commence aujourd’hui, c’est plutôt peinard, on apprend le correcteur PB toute la journée, des aviateurs viennent nous rendre visite.
On redescend à Savigny le soir.
La matinée se passe au tir et dans l’après-midi nous voyons d’abord le correcteur Cazeau (*) puis le lieutenant des autos-canons alerte sa section et fait manœuvrer.
C’est assez intéressant.
Il se met à pleuvoir aussi j’écris.
(*) :
Toutes les mitrailleuses disposaient du correcteur de tir appelé
« correcteur Cazaux » permettant de tirer
sur les avions.
Ce matin et ce soir, tir, temps très chaud.
A 22h les avions boches viennent lancer des bombes et les autos-canons tirent. Les bombes tombent sur Jonchery.
Les avions reviennent mais je ne me dérange pas.
Nous allons au tir, le temps est très chaud.
A 2 heures nous partons visiter le camp d’aviation de Rosnay mais nous sommes obligés de faire un détour car les crapouillots tirent. Nous voyons quelques appareils et nous avons quelques renseignements.
Pour revenir nous attrapons la suée.
Le cours finit ce soir, on boit le champagne à la popote.
Il n’y a pas d’auto qui vient nous chercher, heureusement que les artilleurs nous emmènent.
J’arrive au TC à 11 heures.
Je mange et l’après-midi je me repose, chaleur accablante.
Je vais coucher dans un café où j’ai un lit semblable au mien. Je passe une nuit délicieuse malgré que des tirs de barrage se déclenchent au milieu de la nuit.
Je joue même du piano.
Je me lève à 7h1/2 et je prépare mes affaires. On va boire un petit coup et après le déjeuner, je vais prendre une bénédictine.
En revenant je trouve TRIPEAU qui fait le singe dans un bistrot, il nous fait rouler.
Je pars avec TRIPEAU et MARLLIER à 2h1/2 par une chaleur accablante. Nous suivons l’avenue de la gare qui est superbe.
Aux cuisines, nous faisons une petite pause, je casse la croute et je vais voir MOINET.
FINES FESSES est évacué pour se soigner aussi je bondis de joie. Je retrouve la section à la ferme Pierquin dans une sape sous la route. On ne peut pas être mieux.
Je me couche de bonne heure dans mon petit PG qui est épatant.
J’écris et je ne fais rien. Les poilus font des lits car il doit venir une autre section. Nous devons faire du tir indirect et je vais voir MOINET pour les chiffres.
A 8h1/2 on installe une plateforme et on tire par rafales. Quelques mitrailleuses boches répondent.
Je me couche à 10 heures.
Je me réveille à 8 heures et je monte un appareil Proust pour avions sur la pièce.
Temps très chaud.
Je dors un peu l’après-midi et le soir deuxième édition du tir indirect, à minuit la pièce ne marche plus aussi le tir s’arrête.
Je me lève à 8h et j’écris, temps épouvantablement lourd.
Dans l’après-midi je fais creuser une autre plateforme et je fais baisser la première pour pouvoir tirer de jour. Je peux repérer la ferme Madelin et je rectifie le pointage qui était faux.
Les deux pièces ne veulent plus marcher à 1 heure.
Je me réveille à 9 heures et quart, je passe mon temps à arranger la 2e pièce qui a son pignon manivelle faussé.
Dans l’après-midi il fait de l’orage, je vais reconnaitre à la voie ferrée une position pour tirer sur avions. Tout le monde m’engueule car je les empêche de dormir la nuit.
Il fait délicieusement bon. Je continue ma séance le soir.
Temps très chaud.
Toute la journée nous faisons du tir indirect. Pendant la matinée les boches tirent un peu partout sur la route avec du 105, après la soupe même jeu.
Pendant la nuit le verrou de fermeture de la 2e pièce casse.
Temps couvert.
J’envoie changer mon verrou et, dans l’après-midi je vais faire un tour au bureau et au lieutenant. En rentrant j’attrape la flotte. Comme je ne sais pas quoi faire, je nettoie les cartouches.
Il pleut.
GABORIAN rentre de Bézannes légèrement mûr et me rapporte un verrou. On commence à tirer avec la 2e pièce qui ne marche pas. Au bout de quelques cartouches le nouveau verrou de fermeture recasse.
Je vais le porter au lieutenant et je fais tirer avec la 1e pièce.
Il pleut toujours.
Je me lève par un beau temps.
Après la soupe je nettoie des cartouches et j’envoie 4 poilus travailler. On finit de nettoyer les pièces.
Après la soupe, les types font les idiots sur la route aussi les boches envoient quatre 105 qui font rentrer tout le monde dans la cagna.
Je me couche de bonne heure.
Beaucoup de vent, je me lève tard. CASTILLE vient me dire que nous devons changer d’emplacement ce soir et aller devant les hangars d’aviation
La pluie se met à tomber. J’achève de brûler mes cartouches. Je fais tout préparer pour la relève qui doit avoir lieu demain matin.
Je fais réveiller la section à 3 heures, mais comme RAY ne vient pas je me décide à partir à 5 heures quand TRIPEAUT arrive.
J’arrive à 6 heures au centre de l’aviation, il pleut.
Les abris sont peu solides et très sales. J’ai une chambre avec lit et sommiers mais pas solide du tout. Je dors dans la matinée et j’écris dans l’après-midi.
PAILLISSON me fait jouer au poker et je pars près de 3 francs.
L’après-midi parait bien longue.
Je pars me changer au TC (*) sous la flotte.
Quand j’arrive cela cesse. avec MAILLIER je me nettoie et on va prendre plusieurs bouteilles.
Dans l’après-midi je fais un petit tour en bécane.
Je rentre à 8 heures et je me couche. J’emporte comme souvenir des pierres de la cathédrale de Rémy.
(*) : Train de Combat
Je me lève à 8 heures, temps couvert.
J’assiste dans la cagna à la messe dite par un aumônier du 2e Bon, l’abbé BRILLAUD. Nous ne sommes que trois.
Dans la journée, j’écris.
Brouillard toute la matinée.
Il y a des enquêtes parce que des types sont allés piller le familistère. Je vais voir BIRON et GABORIAN et, en compagnie de ce dernier, je pousse jusqu’en 1ère ligne. J’attrape une suée.
Je vois DEMAN de la 2e CM et FRONTEAU.
Ce soir, arrivent le caporal HERVÉ, JAUSSENS, BAULU, BABAULT et MICHELON du TC.
(*) : Compagnie de Mitrailleuses.
Journée calme, rien d’intéressant, il fait assez beau.
Un avion vient faire une randonnée sur les lignes boches et tire sur les tranchées.
Une demi-heure après, un avion boche en fait autant sur nous.
Je suis réveillé par MOINET qui me dit d’aller reconnaitre la section de mitrailleuses de la tranchée Pégase.
Je vois GIRARD qui a l’air d’avoir une sérieuse GDB Delaunay n’a pas l’air plus en forme.
Je visite les emplacements et je prends une photo.
Puis je vais voir DEMAN qui me passe les consignes. Tout à l’air bien moche, je reviens vers chez GABORIAN.
Dans l’après-midi, je vais m’informer quel emplacement je dois occuper et en passant par les cuisines je prends deux vues.
En rentrant, les boches se mettent à bombarder sérieusement et ils envoient des obus pas loin. Ils ont l’air de faire des réglages.
Un orage s’amène à la tombée de la nuit.
Les types des premières lignes s’amusent à envoyer des grenades et bientôt il leur arrivent une ou deux torpilles, 3 spads se promènent et reçoivent pas mal d’obus, je me couche à 9 heures.
A 4 heures, je suis réveillé par un tir de barrage sur la gauche, les boches répondent à peine.
Je me rendors et à 6 heures ½ MARIET vient me parler pour les cartouches.
A 7h 1/2, nouveau réveil, déganté, je me lève et j’écris.
Le temps est très clair.
A 13 heures, les boches recommencent à bombarder, cela tombe un peu partout.
On doit avoir relevé la 2e CM à 9h1/2 et l’on part à 8h3/4.
En arrivant la pluie se met à tomber après avoir installé les pièces.
Toute la nuit l’artillerie bombarde le ravitaillement boche, ce sont de véritables feux de barrage. J’envoie à changer un canon et un pignon manivelle. L’abri est infect, toute la section est entassée dedans, on y étouffe.
Je me couche à minuit.
Après avoir été réveillé plusieurs fois pour diverses choses, je me lève vers 7 heures, je m’amuse à faire un carton dans les fils de fer. MOINET vient me dire de déménager dans l’après-midi et d’aller dans la tranchée de Bayonne. Je vais reconnaitre l’abri qui n’est guère mieux mais un peu plus solide.
On déménage à 3 heures et on s’installe tant bien que mal. Je dine avec l’aspirant BRION qui ne doit quitter l’abri que demain. Je me couche de bonne heure car il n’y a plus de quart à prendre.
L’artillerie tape toujours.
Je me lève à 6 heures pour écrire puis je passe la matinée à faire des consignes. Je vais les porter au lieutenant LAVANT. Je vois ANSURE que je prends en photo et en rentrant je cause avec le fils DELPRAT.
Après le diner, les boches prennent encore une distribution.
Je fais faire une plateforme.
Je trouve tout de même le temps de me laver.
Vers 10 heures, les boches nous envoient des obus dont plusieurs tombent pas loin.
Beau temps mais du vent.
Je reçois un nouveau canon et un nouveau pignon et j’apprends qu’ALAPHILIPPE est nommé sous-lieutenant.
Temps pluvieux, du côté du saillant cela cogne sérieusement toute la journée. Vers 10 heures nous recevons quelques obus. Le temps passe lentement.
Bombardement du côté du saillant, ici c’est calme. Il pleut. Le sergent Massé vient à ma section. Je fais installer une plateforme pour faire du tir indirect.
Mauvais temps, je m’ennuie. Il parait que le 174 a refusé de faire un coup de main au saillant.
Le moral ne vaut pas grand-chose.
On parle de relève pour demain, le temps redevient beau, je passe l’après-midi chez BIRON.
Calme général.
La relève est pour ce soir, un lieutenant du 120e Tal vient reconnaitre.
Vers 8 heures, les boches bombardent le centre de l’aviation. La journée parait longue, il fait très beau.
Je me couche un peu vers 10 heures pendant que les hommes jouent aux cartes.
La relève arrive à 2 heures, ce sont de pauvres territoriaux qui ont l’air très fatigués. Nous nous en allons et retrouvons les voiturettes aux cuisines.
Calme pendant la traversée de Rémy.
A la Haubette je ne dors pas et, vers 6h 1/2, je vais en bicyclette prendre des vues de la cathédrale.
Après le déjeuner, je vais jouer un peu de piano et je retourne à Rémy faire des achats. Je vois toute la section en ballade.
En arrivant, deux gendarmes viennent amener le Cal HERVÉ et SABOUREUX pris, parait-il, faisant du scandale en ville et HERVÉ est accusé d’avoir pris des faux cols.
Interrogatoire de ceux-là et de MICHELON, BAULU, SERREAU, JAUSSEUX, BAHAULT. Le lieutenant parait vexé.
A 9 heures, on rassemble et l’on se dirige vers les autos, mais il faut attendre dans un champ jusqu’à 11h1/2. Enfin on embarque et on part.
Au bout de deux heures, je suis gelé.
Nous débarquons près de Dormay vers 4h1/2.
Nous entrons dans Chavenay à 5h1/2, le cantonnement a l’air infect : pas de popote et l’on en est réduit à manger sur l’herbe. Je me trouve tout de même une chambre car MOINET s’en va.
PAILLISSON part aussi en perm’ exceptionnelle.
Les sergents RAYRÉ et GAILLARD couchent dans la même maison.
Repos : je me nettoie.
Cet après-midi, j’emmène la Cie aux douches à Dormans. J’achète du papier Lumière et des caches pour faire de la photo ; on entre dans un bistrot avec toutes les peines du monde.
Nous trouvons tout de même une popote.
Toujours repos. je passe ma journée à trier des photos et à les virer ; beau temps et chaleur.
Je suis proposé sous-lieutenant et je vais passer une visite par HOFFMANN et une contre visite par le médecin-chef à Courthésy. J’attrape une suée.
Je range mes affaires pour le départ de demain. On doit marcher en veste mais à 22 h ¼, un contre-ordre arrive de prendre la capote : quelle pagaille.
Le responsable de tout ce désordre devrait bien être bouclé.
Je me lève à 3 heures et je rassemble pour le départ qui doit avoir lieu à 4 h ½.
Près de Courthésy, le régiment est rassemblé pour la remise de la Légion d'honneur au lieutenant MERCIER. La compagnie est complètement en désordre : heureusement qu'il fait encore nuit.
La marche se passe bien et nous à arrivons à Mont St-Père à 9 heures. Je trouve une chambre épatante.
Après le déjeuner, je vais me promener avec SIGNÉ au bord de la Marne. Je prends une photo du barrage avec LEMARIE.
Après dîner, le proprio de la popote vient se plaindre qu'on lui a volé un briquet mais personne n'en a entendu parler.
Il y a musique et j'en profite pour voir quelques camarades.
Nous partons à 4 h ½ et nous traversons Château-Thierry. la marche est assez dure car il y a une grande côte à monter. Nous passons à Vaux et arrivons à Bouresches vers 9 h ½.
Je me trouve une chambre et, dans l'après-midi, je suis si fatigué que je dors 3 h ½.
Je me couche de bonne heure après avoir été faire un petit tour dans les champs avec BIRON.
3è étape qui se termine à Brumetz, par Bussiares et Gandelu. J'ai une chambre magnifique chez une vieille folle qui ne fait que regarder mes souliers.
Je fais la sieste sous un arbre et j'écris.
Au dîner, il tombe une averse épouvantable qui m'envoie me coucher de bonne heure.
Dernier [jour] au campement mais le bataillon ne s'en va qu'à 6 heures.
Nous passons par Crouy sur Ourcq où SCHMIDT nous regarde passer et où le 174è cantonne. Après une côte interminable, nous arrivons à May-en-Multien où la Cie est dans une grande ferme superbe.
Je suis logé à 1 km de là.
Avec ma proprio, il y a une histoire de popote que ROUSSEAU parvient à grand peine à arranger.
La pluie se met à tomber et le vent souffle en tempête.
La nouvelle popote est très bien : nappe, verres, enfin, cela change.
Je me couche de très bonne heure.
Je vais à la messe de 7 heures, puis je me nettoie sérieusement. Je fais un tour à la ferme et, après déjeuner, je tire des photos et j'écris. Le vent souffle toujours en tempête mais le temps s'est éclairci. Le colon passe une revue de cantonnements à 3 heures et nous fait attendre 1 heure.
Toujours du vent mais soleil, aussi je passe ma journée à tirer des photos. le pays a l'air triste.
Très beau temps.
La Cie nettoie les cantonnements et je m'occupe chez moi.
PAILLISSON vient coucher avec moi à la place de DERMIER.
Dernier jour de repos, je tire toujours mes photos.
Beau temps mais avec des Giboulées.
L’exercice commence de bonne heure. Les mêmes âneries que d’habitude commencent.
Ce soir, même chose ; il fait très beau.
Je vais à la messe de 9 heures puis je me rends à la Cie.
Ce soir, je tire mes photos et j’écris.
Exercice vers Le Plessis Sacy, dans un ravin. Nous faisons des mises en batteries.
Ce soir, théories dans un champ.
Le capitaine DE FRANCE prend le commandement de la compagnie. Nous faisons toujours les mêmes exercices et nous poussons jusqu’à Vincy.
Ce soir, douches.
Même exercice. Temps très beau et très chaud mais avec du brouillard le matin.
Vaccinations et théories en plein soleil dans un champ toute l’après-midi.
École de compagnie et le soir, toujours théorie, mais au cantonnement : il fait de l’orage.
Exercices de cadres vers Etavigny. Simulacre de la prise d’une creute. J’y vais en bicyclette et je peux revenir assez vite.
Ce soir, changement d’une bande souple et théories.
Réveil à 3h30.
Prise de la creute d’Etavigny mais avec les bataillons. La Cie fait l’ennemi. L’attaque est faite d’une façon stupide : personne n’y comprend rien. En réalité, tous les assaillants seraient fauchés.
Nous faisons une grand-halte et nous rentrons à 3 h par la pleine chaleur. Beaucoup de fatigue.
Ce matin revue et remise de décorations jusqu’ à 10 heures.
Brouillard.
Dans l’après-midi, je me repose.
A 4 h ½, on me donne ma permission que je croyais même pas partie à la signature.
A 9 h ½, je pars à pied pour Meaux : la route me paraît longue mais je me sens des ailes.
J’arrive à 1 h ½ à Meaux et je sommeille dans la gare en attendant le train qui est à 4 h 15.
A 6 h, je suis à Paris, vais faire une commission au Grand Hôtel, rue Scribe et passe par N. D. des Victoires pour me rendre à Orsay. J’arrive à Tours à midi ½.
Dans l’après-midi, je vais voir CHASTAU et je sors aussi après dîner.
Je vais ce matin à St Avertin et je vais voir Grand-Mère dans la soirée.
Puis je me couche de bonne heure.
Parti à 2 h de Tours, j’arrive à May à midi.
L’après-midi, triage de cartouches et nettoyage de pièces.
Il fait un temps couvert.
Nous allons lancer des grenades à Vernelles par du brouillard.
Ce soir, théorie à côté de la ferme dans le champ. On s’y barbe copieusement.
Le soleil est très chaud.
Il devait y avoir marche et je me lève à 4 h mais, comme il pleut, cette marche est suspendue.
Dans la matinée, le capitaine réunit les chefs de section au bureau pour leur parler du tir indirect. Le temps s’étant mis au beau, nous partons à 11h50.
On commence à manœuvrer dans les champs, puis après Vincy, Acy et Rosoy, on passe dans les champs cultivés.
Cela est dégoûtant de voir tout piétiné et écrasé.
Avant d’arriver, nous attrapons une bonne suée.
Comme il fait mauvais Mr MOINET fait une théorie sur le tir indirect et, ce soir, les officiers étant partis à Lizy voir le Général PÉTAIN, je fais nettoyer les cartouches.
Beau temps toute l’après-midi. Je tire des photos.
Beau temps.
Je vais à la messe de 9 heures et je reste toute l’après-midi chez moi à virer mes photos.
Il doit y avoir manœuvre ce matin, mais, à cause du mauvais temps, il y a contre ordre.
Aussi dans l’après-midi, pendant que le Général de CA [Corps d’Armée] vient voir les officiers, j’emmène la compagnie faire des exercices de tir indirect.
La manœuvre a lieu aujourd’hui.
Nous partons à 10 h et nous arrivons à l’emplacement de départ vers 11h1/2.
La manœuvre commence à travers les terres labourées et les champs de betteraves. Que de dégâts commis par les types qui piétinent les betteraves.
On traverse la Gergogne et l’on monte vers la crête, en faisant un face à gauche auquel personne ne comprend rien.
Beaucoup de tombes nous montrent qu’en 1914, la même manœuvre s’est accomplie avec de nombreuses pertes pour nous.
A 2h1/2 nous rentrons par Acy mais il faut aller jusqu’à l’endroit où se fait la critique qui ne finit qu’à 5 heures.
Quelle ânerie ! Cela nous rallonge de 3 heures.
Au retour, on présente les armes devant le cimetière d’Acy et l’on arrive à May à 7 heures, très fatigués.
Aujourd’hui, repos.
Le matin, je passe une revue d’armes et le soir une revue d’effets avant laquelle je tire et vire des photos.
Temps très beau et très chaud.
Il pleut.
La Cie passe dans une chambre chlorée avec les nouveaux masques.
Ce soir, théories et répétition pour le concours de tir dans la carrière près du cimetière.
Les pièces marchent bien.
On forme l’équipe pour le concours de ce soir à 2h1/2, cela commence sur la route de Rosoy.
Les fusils mitrailleurs commencent par tirer, puis les mitrailleuses viennent. Sur 6 pièces, 3 consentent à marcher. À la 2e CM des pièces ne veulent rien savoir. Il est malheureux qu’une pièce n’ait pas voulu marcher chez nous car les résultats auraient été bons.
Enfin, au pistolet automatique, on assiste à de beaux résultats.
Aujourd’hui, repos. Nettoyage des cantonnements. MASSÉ termine tout de même sa feuillée. On emmène les poilus jouer au ballon derrière la ferme.
Je vais à la messe de 9 heures, et l’après-midi je passe mon temps chez moi avec l’adjudant BIRON. On ne s’ennuie pas trop.
Après le dîner, petite promenade.
Le TC [train de combat] part ce matin et la Cie se prépare au départ.
Je ne rien de toute la journée et je vais voir les civilôs [les civils]. Je me couche de bonne heure car je suis fatigué.
Je me lève à 6 h et vais à la messe, puis je cours au rassemblement de la compagnie.
Nous embarquons dans les autos à 8 heures. Les civils ont l’air de nous regretter.
Nous passons par Mareuil-sur-Ourcq, la Ferté Milon, Longpont, Soissons, et nous arrivons à Villeneuve St-Germain à midi.
On mange et l’on se dirige vers les baraques qui doivent nous abriter.
Je couche sur des paillasses avec DEXMIER dans le bureau. Ce village n’étant pas très loin de l’ancien front, aussi est-il abîmé. Je me couche de bonne heure.
Je me nettoie toute la matinée et, l’après-midi, je vais à Soissons prendre des photos : la ville n’est pas épatante, c’est la petite sous-préfecture. Il n’y a que les églises qui ont souffert.
Temps chaud et beaucoup de poussière. Nous mangeons sous une charmille.
Les commandants de Cie vont faire la reconnaissance.
je me repose toute l’après-midi et le soir, je vais prendre en photo la fameuse boucle de l’Aisne qui a tant fait parler d’elle en 1915. Je dors bien sur mon vieux sommier.
Nous devons monter ce soir. Les 37 sont partis cette nuit.
Je me prépare toute l’après-midi.
A 5 heures, on rassemble à la section il y a pas mal de vent dans les voiles. BOULU passe à la 1ère section comme armurier.
Nous partons pour Vénizel, Bury où l’on rencontre des spahis, Ste Marguerite où s’installe notre TC, Condé-sur-Aisne, Celles. Il fait très chaud. Une voiturette nous tombe me passe sur le pied.
A Celles, nous buvons du café et nous prenons une piste qui monte à flanc de coteau.
Avant d’arriver à Sancy, les boches déclenchent tout à coup un tir qui tombe en plein sur nous. On se réfugie dans une grotte.
Quand c’est calmé, on repart.
Au bataillon, on poireaute ½ heure pour attendre les agents de liaison de la 3e CM. Ceux-ci nous font avancer et décharger les voiturettes en plein sur la piste.
Subitement le tir recommence, et cette fois les obus éclatent en plein milieu de la Cie ; tout le monde se met à plat ventre, j’utilise un petit boyau avec 4 types.
Enfin, au bout de 5 minutes, on repart et on arrive à la position, en soutien, à 11 heures.
Je relève le sergent CHARPENTIER de la 3e CM qui monte en 1ère ligne.
Je place mes hommes de garde et je me couche.
Toute la nuit, les boches tirent, mais le matin, c’est nous qui nous y mettons. Je vers voir le Lieutenant SOULISSE.
A 11 heures, les boches tapent sur la droite. Je dors et j’écris après la soupe.
A 3h ½, REULIER vient m’avertir que je pars en permission. Je passe voir le capitaine et je pars. Je me perds dans le ravin et j’attrape une belle suée.
A Celles, je trouve une fourragère qui m’emmène jusqu’ Missy. Je casse la croûte et je me couche avec DEXMIER. Je grelotte toute la nuit et à 6 heures, je pars pour Vauzel où je dois prendre le train.
Je n’arrive à Tours qu’à minuit.
Je n’arrive à Tours que le soir à minuit.
Je pars de Tours à 15h 33et je passe la nuit à Paris.
Je passe la journée avec CHASTAU.
Je quitte Paris à 8h avec CAILLAUN, l’adjudant du ravitaillement.
On passe par Compiègne et on arrive à Soissons à midi.
Je mange à Villeneuve-St-Germain et j'arrive au PC à 3 h.
Je me change et je repars avec la voiture de la Cie à 5 h.
JULOT, est comme fourrier à la Cie depuis huit jours.
Tout va bien jusqu'à Celles, mais bientôt les obus commencent à tomber et les voitures restent embouteillées pendant près de 2 h. Il fait nuit.
Je vais jusqu'à un poste de secours où je reste un peu. Puis on repart et on met la voiture au triple galop, je m'accroche derrière et c'est la chevauchée endiablée sur la route.
On arrive aux cuisines où je couche.
Je vais retrouver la section avec les hommes de jus ; il fait beau. Toute la matinée nous tirons et les boches ne répondent presque pas.
Dans l'après-midi, nous recevons quelques obus : j'écris – je joue un peu aux cartes puis je me couche.
Vers 8 h ½, nous nous faisons sonner aussi on se met dans la galerie de la sape. Le S/Lieutenant COLLIN de la 6eme est rétrogradé et quitte le régiment comme sergent.
Beaucoup de tir indirect des deux côtés.
Je prends le quart de 3 à 6.
J’écris un peu. Les boches envoient encore des obus pas loin. Il fait très froid.
Au jour, je vais à la première pièce et, en revenant, je me couche. Le capitaine me fait remarquer que le boyau est sale. Il fait beau aussi y a t-il beaucoup d'avions en l'air. L’artillerie règle son tir et tire beaucoup.
Dans notre coin, cela reste calme, mais sur l’arrière les boches tirent pas mal.
Je fais un somme jusque vers 2 heures. On creuse la feuillée.
La nuit vient vite et il fait assez froid. Je fais tirer un peu la 2eme pièce qui marche bien.
Pendant mon quart de 6 à 9 c'est assez calme
Je me lève à 7 heures et, comme c'est assez calme, je vais voir tirer le 37. Les crapouillots commencent à tirer.
Je prends plusieurs photos. Je rentre à la cagna et je commence à écrire.
Comme les obus tombent non loin je fais descendre les types.
Vers les 10 heures un obus de gros calibre tombe juste sur l'entrée de l'abri et le fait écrouler.
On se barre dans l'autre escalier pendant un moment et l'on constate les dégâts ; la tranchée est toute bouchée.
Je rends compte au capitaine après la soupe. Les boches envoient toujours leurs obus tout prés.
Vers 1 heure il en tombe encore un près des feuillées.
Plus l'après-midi s'avance et plus cela cogne, il tombe toujours des obus mais pas si près que ce matin.
Le capitaine me répond qu'il ne peut rien faire, à son PC cela dégringole aussi pas mal. La soupe de 1ere section prend de même que celle de la 2em.
Vers 8 heures, la comédie recommence car les territoriaux commencent leur tir indirect (*). Ils tirent toute la nuit aussi c'est une pétarade à ne pas s'entendre.
Je dors un peu jusqu'à 9 heures et je prends le quart ensuite, c'est un peu plus calme à minuit. Je me rendors jusque 4 heures.
(*) : Des mitrailleuses en tir indirect se développe
essentiellement pour interdire des itinéraires ou des zones particulières à
l'ennemi. Le tir est effectué jusqu'à 3500m. Dans ce cas, le tir est bien
entendu effectué au-dessus des troupes amies et
nécessite des marges de sécurité, il s'apparente, toute proportion gardée, à un
tir d'artillerie.
Les boches envoient encore des gros et quelques 88, jusque vers 5 heures.
Après le café c'est un peu plus calme, ou on en profite pour refaire un peu le boyau et déterrer la tringle et le canon qui sont torchés. Il pleut et en sortant par l'entrée éboulée je me mets plein de boue
JULOT vient payer le prêt et m'amène une note me disant de me déplacer demain à 6 heures pour relever l'aspirant RENARD de la 2eme CM du côté du PC Unité.
VISSANGE me rend visite et m'annonce qu'il doit y avoir une petite attaque ce soir à 4 heures. Il ne pleut plus mais le temps reste menaçant.
Le bombardement dure toute l'après-midi. Nous n'entendons pas grand-chose de l'attaque qui se passe à notre droite. Dans la soirée le tir de barrage se calme un peu.
La nuit est assez calme.
Je me réveille à 5 heures et je pars avec la section à 5 h45.
Il ne tombe pas d'obus. Nous prenons le boyau du Filan et nous prenons une piste à flanc de coteau.
Nous rencontrons les chasseurs qui reviennent de faire du tir indirect aux « Poururiey », on laisse les trépieds et on suit un decauville (*) qui a l'air sérieusement sonné.
Puis on quitte la piste pour descendre dans le ravin que l'on traverse vite. Nous montons la pente opposée aussi les types en bavent et, en arrivant en haut je relève l'aspirant RENARD.
HERVÉ se trouve malade et on est obligé de lui donner du réconfortant.
Pendant ce temps RENARD passe les consignes à Massé. Puis nous nous installons. Un avion boche vient survoler le ravin à faible hauteur. J'envoie chercher la soupe. Le bombardement recommence mais le temps se couvre ce qui fait qu'on ne voit plus grand-chose. Le ravin est plein de fumée. Je vais voir le capitaine, et avant d'entrée dans la carrière je me fais sonner pas mal.
En revenant, on joue aux cartes et on mange, puis j'écris.
A 4 heures, la 6eme compagnie fait un coup de main, mais ne peut aller jusque la tranchée boche. Une de mes pièces va tirer, naturellement, tir de barrage sérieux.
Après avoir mangé on se couche.
(*) :
Decauville : Train avec des voies de chemin de fer étroites, qui permet
d’aller au plus près du front pour le transport de ravitaillement.
Vers 6 heures, je suis réveillé par un tir de barrage. Des coureurs du 170 viennent nous dire que les boches sont dans la première ligne aussi j'alerte la section.
Au bout d'un moment, les boches sont repartis aussi tout le monde rentre. Après la soupe BRIDIBI s'en va au GC comme muletier.
Beaucoup de brouillard qui se lève vers 11 heures.
L'après-midi est marquée par un bombardement du ravin. Le 109 et le 149 commencent à monter.
Le 1er bataillon doit être relevé ce soir.
Vers 6 heures, le capitaine m'envoie chercher. Le boyau est bien sonné aussi nous faisons vite. Je ramasse deux ou trois bûches en chemin. On trouve les hommes de soupe qui sont terrés.
En arrivant à la carrière d'Ulm, on fait une course effrénée. A l'intérieur on trouve les types du 149 qui montent en ligne. le capitaine me donne des ordres pour faire du tir indirect cette nuit et pour aller faire une reconnaissance demain matin. En revenant je suis obligé d'aller chercher REULIER pour qu'il me montre le boyau et je rentre en vitesse.
Je me couche aussitôt.
Je me lève à 4 heures moins le quart et commence à tirer bandes par bandes.
Vers 5 heures moins le quart, la pièce commence à s'enrayer, on va chercher l'autre qui ne marche pas non plus. Je laisse les types et je vais casser la croûte avant de partir.
Je m'en vais à 6 heures avec JONCHEREY.
Je m’arrête au PC PIGEON où je demande des renseignements à un lieutenant de la classe 16 qui parait un vrai gosse. Brouillard.
Je passe près de la ferme Colombe et je suis sur la route. Sur la crête le brouillard est levé. Comme un avion boche passe on se planque dans un buisson.
Puis on repart et on arrive à l'autre ravin. On passe près des 75 et on descend sur l'autre pente. Beaucoup de boue.
On arrive en bas, mais personne ne sait où se trouve les carrières de Vausselles. On remonte le ravin à travers le bois et on trouve tout de même les carrières.
Je reviens par le boyau qui est impraticable. Je manque de m'enliser et j'ai de la boue jusqu'aux genoux. On monte sur le parapet et l'on rentre par la tranchée du Serin. Je vais voir le capitaine pour lui rendre compte.
C’est à peu près calme. Toute la journée nous bombardons mais les boches ne répondent pas. Beaucoup d'avions.
Vers 5 heures, Fritz envoie encore des obus près de la cagna, mais aucun ne tombe trop près.
Ensuite on se couche, mais comme j'ai bu du café je ne dors pas tout de suite. On est serré et on a chaud.
Je me réveille à 7 h 1/2 pour envoyer les hommes à la soupe : brouillard, temps couvert ; la pluie tombe même vers 10 heures. Après déjeuner je dors un peu, mais je suis réveillé par REULIER qui me dit d'envoyer un homme au P.C Merlin. Il parait qu'AUSSURE est allé cette nuit aux carrières de Vausselles et qu'il a été obligé de revenir. Toute la soirée cela cogne beaucoup : il n'y a pas d'ordre pour demain
C'est aujourd'hui le jour J.
A 4 heures j'envoie les types à la soupe car j'ignore l'heure de l'attaque.
A 5 h15, le feu devient roulant et les types partent.
Vers 6 heures, MOREAU trouve un boche sur la cagna et perdu. Puis des blessés passent. Enfin, des prisonniers rappliquent en nombre.
Quelques obus encore dans le ravin. L’artillerie avance et les taules retournent.
Tous les objectifs sont parait il atteint.
Vers 3 h, je vais au P.C Ulm et je trouve le capitaine qui me dit de me préparer à partir dans 20 minutes.
Je retourne à la section et je fais équiper tout le monde. On commence à attendre sur la carrière que le capitaine sorte.
Les avions volent et les boches envoient des fusants qui éclatent juste au-dessus de nous.
Enfin on part et on commence à trouver les taules qui reviennent. Terrain bouleversé et trous gigantesques.
On arrive route de Maubeuge que l'on suit pendant presque 2 kilomètres. Les boches tirent peu.
Enfin on arrive à une carrière près de la ferme de la Malmaison. On se tasse à l'intérieur avec des chasseurs. Je suis assez fatigué.
Le capitaine me donne les ordres pour le lendemain matin et je me couche sur un plumard en fil de fer.
J'ai froid vers la fin de la nuit.
A 5h 30, MASSE s'en va avec une corvée pour chercher des cartouches. Je me lève et bois un peu de café.
Puis je sors un peu. Il fait beau aussi beaucoup d'avions sont en l'air.
On a rien à manger aussi les poilus rouspètent. On est obligé d'envoyer d'autres hommes pour finir d'amener les cartouches.
Dans l'après-midi on déménage et on va dans une ancienne sape boche qui servait de poste de secours. On commence par tout débarrasser car c'est plein de saletés. Tout le monde se tasse la dedans les uns sur les autres.
Puis on fait faire des plates-formes pour tirer. Beaucoup d'avions en l'air. Boches et Français passent les uns à côté des autres sans rien se dire.
Il pleut un peu. Je pointe les pièces et je rentre me coucher. Au commencement du tir le capitaine me fait demander, mais me renvoie peu après.
Les hommes de soupe n'arrivent qu'à 8 h1/2, il est temps que le ravitaillement arrive car on a sérieusement faim.
Le tir est arrêté car l'infanterie demande d'alléger le tir. Mais toute la nuit il y a du remue-ménage pour la garde.
Je me lève à 7 heures et vais reconnaître les cagnas pour dégager notre sape. Je vais jusqu'au petit bois où je retrouve les anciennes positions de crapouillots on aperçoit Laon au loin.
Sur la gauche nous faisons un tir de barrage, mais, en face de nous, c'est calme. Je prends des photos puis je rentre écrire et me reposer.
L'après-midi je vais faire un tour dans la ferme de la Malmaison. On dit que nous partons demain à 4 heures aussi je me couche de bonne heure.
Je me lève à 3 h 1/2, mais au moment de partir un contre ordre arrive et il faut attendre. On ne sait pas si il va falloir monter en ligne aussi le moral est-il très bas.
Enfin, à 9 heures l'ordre de relève arrive et nous partons. Sur la route de Maubeuge il y a un tas de monde, des 75 s'installent à coté, et pas un obus.
A la ferme Colombe, on charge les voiturettes et on s'en va jusque Ste Marguerite par une boue innommable. On mange et après s'être reposé, on va se coucher.
Nous repartons à 7 heures : on passe par Venizel, Billy (sur-Aisne), Septmonts, et on arrive dans un camp près de Noyant (sur-Aconin). Je mange et vais conduire la Cie aux douches.
Puis je passe l'après-midi à me changer.
Je couche avec les aspirants du 2eme bataillon.
Je conduis la Cie aux douches à Soissons, j'en profite pour en prendre une qui me fait beaucoup de bien.
En revenant je suis assez fatigué car la route est longue.
Je fais un bridge et je me fais plumer.
Nous partons à 7 heures, et nous arrivons d'abord sur la route de Château-Thierry par Hartennes (et Taux) ; puis nous tournons par Billy-sur-Ourcq, St Rémy (-Blanzy), où nous faisons une grande halte, Chouy, et nous arrivons à Troësnes après une marche très fatigante d'une trentaine de kilomètres.
J'ai un lit et je me couche de bonne heure.
La popote se trouve chez des gens très accueillants.
A 6 h ½, on vient me réveiller pour aller conduire des permissionnaires à Corcy.
Je prends une bicyclette et j'emmène le détachement.
En arrivant on croise une partie du 21eme corps qui redescend en repos. Je casse la croute avec le 11eme, je distribue les permissions et je reviens avec RENARD. Je suis embêté par les autos une bonne partie du chemin.
De plus j'ai un sale rhume qui m'embête.
Toute l'après-midi il faut faire nettoyer, aussi je prends le parti d'aller voir BOIRON.
Le capitaine et le lieutenant MAINET partent en permission.
Je suis désigné pour garder les ballons, aussi je pars avec le bataillon. Je passe la matinée à arranger les affaires.
Les camions s’amènent à midi 30. Il n'y en a que deux pour le bataillon aussi je fais charger le plus précieux et je laisse le reste. Les camions du 2eme bataillon avec le lieutenant BEAUCENS viennent nous rejoindre et nous partons pour May-en-Multien.
A La Ferté Milon, on dépasse le 174eme. Beaucoup de cotes aussi le conducteur descend il souvent pour arranger un compresseur qui se dérègle.
J'arrive à May (-en-Multien) vers 4 heures et je fais ranger les bagages dans la cour de la ferme.
Puis je vais voir ma patronne qui me redonne la chambre. La patronne de la popote m'offre à dîner avec ROUSSEAU. On se met un chouette lapin par la figure.
Je vais ensuite me coucher.
Je vais aux bagages et je rends compte du matériel laissé à Troësnes.
Puis le bataillon arrive et s'installe : on finit de manger le lapin et, pendant l'après-midi, je descends à Lizy (-sur-Ourq) tout le monde a repris sa place mais la popote de la 3eme Cie est chez moi.
Je serai moins tranquille
Aujourd'hui il y a repos.
Nettoyage général. Nos habitudes sont reprises comme il y a un mois.
Je vais à la messe de 10 heures, et toute l'après-midi je reste chez moi.
Après le dîner la famille de la patronne vient la voir et chante jusqu'à 10 heures.
Le matin, je vais conduire les permissionnaires à la gare de Crouy (-sur-Ourq).
Je ne rentre que vers midi.
Ce soir, je retourne à Lizy.
En rentrant, je trouve ma patronne éplorée qui me raconte que la vieille guenon d'à côté aurait porté plainte pour la nuit hier et que la popote de la 3eme a été obligée de s'en aller.
C'est malheureux de voir la jalousie de cette sale vieille.
Ce matin revue d'armes et cet après-midi exercice avec 15 bonhommes !!. C'est toujours la même chose.
En rentrant de l’exercice, je vais à Lizy avec BIRON.
Le temps menace.
Après le dîner, je redescends à la gare de Crouy et quand je rentre, la pluie se met à tomber.
Il pleut, aussi n'y a-t-il pas d'exercice ; de plus la Cie est de garde et il ne reste personne.
Jusque 3 heures, je reste chez moi, sans aller à la compagnie.
Je m'occupe comme je peux. Puis, je vais sur la route de Lizy et je conduis la Cie aux douches.
Après le dîner j'écris et je me couche de bonne heure car je suis fatigué.
J'ai le cafard !
Il pleut aussi je ne sais que faire. J'écris et je fais la navette de la Cie à chez moi.
Temps couvert et pas mal de boue, rien à faire.
Je vais à la messe de 10 heures et je m'embête toute l'après-midi.
Au déjeuner, on me souhaite ma fête.
Mais l'après-midi il y a un exercice avec 6 poilus. On refait le coup de main que la 2eme avait exécuté aux tranchées. Je me contente de faire mettre en batterie et de regarder.
Le soir, j'arrose ma fête. GABORIAU rentre de permission, je lis au lit.
Temps brumeux.
ALAPHILIPPE est en permission et c'est moi qui reste comme commandant de compagnie, aussi il n'y a pas d’exercice. J'occupe les types au cantonnement.
Toujours la même chose, je ne fais pas aller la Cie à l’exercice. Comme le temps est clair, je tire des photos.
ALAPHILIPPE rentre aujourd'hui.
J’obtiens la permission de l'exercice de bataillon et je descends à Lizy.
Je pars en permission de 24 heures ce soir à Crouy.
J'arrive à Crouy à midi. VERAIN n’a pas donné de ses nouvelles depuis 16 jours.
Beau temps
Je passe la journée à Tours
Je pars de Tours à 2 h 1/2, le train a 3/4 d'heures de retard et j'attrape de justesse ma correspondance à la gare de l'Est
La vie recommence comme auparavant : temps triste à mourir.
Cet après-midi, je vais voir le dentiste, mais il me renvoie à demain.
Cela m’a fait couper à l'exercice. En sortant je rencontre le sergent major PLAÇAIS qui m'annonce que je suis nommé sous-lieutenant.
J’en reste baba et la bande du ravitaillement en profite pour me faire payer à boire.
Je rencontre le colonel qui me fait part de ma
nomination officieusement et qui
m'annonce que je suis nommé à T.D. (*)
Dans l'après-midi, je surveille le déchargement des bandes. MAINET et ALAPHILIPPE ne m'adressant pas la parole, je me tiens éloigné.
Le capitaine me prévient que j'irai tout de même à Fère-en-Tardenois avec lui. Il me parle même de ma nomination.
ALAPHILIPPE, qui est avec lui, écoute et ne dit rien. Quel mufle ! Il est jaloux de voir que je suis à T.D.
En voilà un qui a cassé du sucre sur mon dos et qui voit que cela n'a pas réussi.
(*) : TD : Titre définitif. Normalement les montées
en grade des officiers se font à TT (titre temporaire). Entre le TP et le TT,
il peut se passer 2 à 6 mois.
Nous partons à 8 heures.
En descendant la côte, un cheval s'emballe et entraîne la voiture qui vient s'échouer sur une haie près du canal. un peu de plus tout était dans la flotte.
Il pleut un peu.
Je pars devant avec un sergent de semaine de la C.M 2 et vais faire le cantonnement à Bonnesvalyn. Là je trouve des artilleurs et du 170. Impossible de loger.
Toujours par la pluie je vais à Sommelans qui est inoccupé et je loge tout le monde-là.
Je vais au-devant de la Cie et je ramène tout le monde. Je mange avec le capitaine et M.M. ANDRE et HAMELIN.
Je couche dans la même chambre qu'ANDRÉ.
Nous allons à Fère-en-Tardenois. Je pars devant et j'arrive au parc Officier d’Administration qui a l'air d'un as.
Après le déjeuner nous commençons l’échange des pièces. Cela va assez vite.
A 3 heures, la C.M 1 et C.M 3 repartent. Nous n'arrivons à Sommelans qu’à 8 heures
Dernière journée.
Je prends Java, la petite jument à FURES – fesses – Elle manque de me faire casser la figure, mais bientôt je fais raccourcir les étriers et je lui serre les flancs.
En rentrant je vois ma nomination à la décision et mon affectation à la 9eme Cie.
Les officiers du bataillon ont le savoir-vivre ( !) de ne pas m'inviter à dîner aussi j'en profite pour arroser mes galons une dernière fois avec les camarades.
Je vais à Rosoy (-en-Multien) où je suis reçu d'une façon charmante par le capitaine DELLUEIL qui m'invite à déjeuner et par le lieutenant DESCARPENTRIES qui me fait un accueil très cordial. J'en suis très heureux.
Il y a de la différence avec la conduite du 1er bataillon.
L'après-midi, je reviens à May et je déménage. Je suis logé chez le maire de Rosoy, Mr DUBELLOYE, dans une très jolie chambre.
Je demande une permission de 48 heures pour aller m’équiper.
Ma permission étant signée, je pars ce matin et j'arrive à Tours ce soir à 6 h 1/2
Je passe ma journée à m'habiller et m'équiper
Je pars de Tours à 2 h 32 et je passe la journée à Meaux.
Je rentre à Rosoy à 10 heures du soir avec une voiture de la 2eme C.M.
Je me lève tard car je suis fatigué.
Cet après-midi, je vais à l'exercice au sud de Rosoy.
Je fais une théorie aux F.M (*) et je rentre vers 4 heures.
(*) : Fusil-mitrailleur
J’emmène les types faire des jeux jusqu’à 9 heures pour la préparation à la marche.
Nous partons à 1 heure et passons par Rouvres, Etavigny et Acy.
Le commandant LANGIER rentre de permission et je me présente à lui.
N’étant pas de jour, je me repose.
Cet après-midi, revues diverses.
J’emmène la Cie passer la corde au-dessus de la rivière cela se fait assez péniblement.
Ce soir exercice de bataillon : manœuvre idiote où, étant en première vague, on nous fait faire un beau face à gauche. Personne n’y comprend rien et, après avoir traversé un ravin et pris une crête, on rentre.
Je passe une revue et je vais à la messe de 9 heures.
Dans l’après-midi, je passe à May dire au revoir à mes amis et je cherche inutilement les copains de la 1ere C.M, avec « RENNIER »
La matinée se passe en revue et, le soir je vais à Lizy.
Préparation au départ : nous quittons Rosoy à 6 heures et nous embarquons à 9 heures du soir.
Je m’enveloppe de couvertures et je m’endors.
La journée est belle, mais dans le compartiment, nous souffrons du froid.
Nous passons par Châlons (sur Marne / en Champagne), Vitry (-le-François), Blesme, Joinville, Neufchâteau, Épinal
Nous arrivons à Luxeuil (-les-Bains) à 3 h ½ et nous poireautons jusqu’à 5 heures.
Quand les voitures sont prêtes nous partons et nous arrivons à Froide (-Conche).
Couche à 7 heures.
Le cantonnement est très resserré car le 2eme bataillon y vient aussi. Je suis obligé de coucher avec ROBET dans une chambre pas épatante mais où il y a un poêle.
Il n’y a rien à faire aujourd’hui et, l’après-midi je me dispose à aller voir la C.M.I.
Un ancien sergent de la 9eme, BOUNEAU, actuellement aviateur, vient nous voir.
Je n’arrive à Breuchotte qu’à la nuit. Je dîne avec les camarades après avoir salué gravement le cap. DE FRANCE et ALAPHILIPPE (!!!). J’ai pour 30 jours de champagne. Je vais prendre l’apéritif avec « HODEN » qui se trouve à Raddon (-et- Chapendu).
Il parait que « Fuies fesses » y est aussi. Heureusement que je ne le vois pas.
Je rentre à 9 h ½.
Ce matin, jeux près du cimetière et, l’après-midi, petite marche promenade « pour respirer l’odeur des sapins » d’après la décision !!!
DESCARPENTRIES et CULAN montent en avion.
Temps froid et assez beau. Les aviateurs dînent avec nous et, le soir, nous allons au cinéma à Luxeuil. Difficultés pour rentrer, petit chahut avec les « Bectanceaux ».
On rentre à 1 heure du matin.
Je vais à la messe et, l’après-midi, je fais une délégation de solde de 120 francs. Il parait que le Lieutenant-colonel DARDOS nous quitte. On dit qu’il est hospitalisé à Paris mais il y a tout lieu de croire qu’il est balancé. (*)
Je vais à Luxeuil avec ROBET et nous écoutons la musique, puis avec quelques types du 1er bataillon nous prenons quelques mélanges.
(*) : Il est remplacé par le colonel TREILLARD.
ROBET part en permission et je prends le service à 11 heures.
Je n’ai qu’à me promener dans le patelin. Les aviateurs reviennent et l’on prend le champagne.
Je me couche à 9 h ½.
Je quitte le service à 11 heures et, l’après-midi, je vais à l’exercice dans un bois.
On prend la formation d’assaut et on finit par des jeux.
Au dîner, j’apprends que je dois aller à Besançon avec les poilus pour assurer le service de la gare. Je dois me tenir prêt à partir pour demain.
Je fais ma cantine.
Il y a contre-ordre et le départ est reculé à demain.
Je passe une revue du commandant à 11 heures.
L’après-midi, le commandant passe le bataillon en revue dans un champ et on rentre au patelin musique en tête !!!
Je pars aujourd’hui, je me représente devant le commandant qui m’agonise pour la mauvaise tenue du détachement.
Enfin nous partons, j’en fait pars à DESCARPENTRIES et nous allons prendre le déraillard à Luxeuil.
HOURTANÉ conduit également un détachement. Nous partons et passons par Vesoul.
J’arrive à 9 heures à Besançon et me présente au lieutenant De CHASSENY que je relève. Les hommes sont conduits dans des baraques et je vais à la popote ou je mange un peu.
Je vais ensuite me coucher.
Je me lève à 9 heures et je vais voir les hommes à la gare.
Je prends l’apéritif avec le chasseur et je rentre à la popote ou je fais la connaissance des capitaines FARONEL et BAUCHER et du lieutenant BILLET.
L’après-midi, je vais me promener avec le chasseur et sa propriétaire qui a l’air désolée de ne pas me loger.
Je visite Besançon, vieille ville aux maisons anciennes et je vais faire un tour jusqu’au-delà de la citadelle.
Je rentre me coucher après le train de Belfort
Je passe mon temps à discuter avec la bibliothécaire qui n’a pas l’air trop bête et je descends l’après-midi en ville
Je passe mon temps à la gare comme d’habitude et ce soir, comme il fait froid, une employée de Melle Marie MERVAN, m’invite à me chauffer dans son bureau – Celle-là non plus n’a pas l’air trop bête -et nous causons poésie toute la soirée.
Elle me présente Melle JEANDENANT.
Toujours même service, il fait froid.
Je vais sur les promenades de Besançon qui sont assez jolies.
Le soir, je m’attrape avec un sergent des Zouaves à qui je fais attraper 8 jours d’arrêts
C’est toujours la même chose et mon emploi du temps est réglé.
Rien de nouveau.
Ce soir, il fait un très fort brouillard et j’ai l’impression que je vais attraper du mal.
Je ne m’étais pas trompé, j’ai un rhume épouvantable et je tousse beaucoup.
Je vais me promener en face de la gare Mouillère.
Au départ de l’express, un poilu tire un coup de revolver. On télégraphie à Dôle où il est cueilli.
Temps très froid aussi je ne reste pas beaucoup sur le quai de la gare.
Je vais voir « Manon » en soirée.
C’est très moyen, mais cela m’a fait plaisir tout de même
Je me promène, c’est aujourd’hui que j’ai 21 ans. Maintenant on ne pourra plus m’embêter comme on voudra. (*)
Je vais prendre l’apéritif ce soir. Comme Melle MERVANT est de jour, je ne peux pas aller me chauffer ce soir aussi je me couche de bonne heure.
(*) : Il est majeur.
Journée habituelle.
Je vais visiter la fameuse horloge de la cathédrale qui ressemble à celle de Strasbourg.
Ce soir je vais au cinéma puis, rentre me coucher à minuit.
A la popote on mange d’une façon délicieuse.
Cet après-midi, on m’apprend que je quitte Besançon après demain matin aussi j’en profite pour bien me promener
Je passe ma journée à passer des consignes au camarade du 67e qui est venu me relever et je me promène.
Ce soir, je me couche à 8 h ½ et l’ordonnance fait la cantine. (*)
(*) : Maintenant qu’il est officier, il a une ordonnance (soldat
détaché à l’officier).
L’institution de l'ordonnance avait pour but d'affranchir
l’officier d'une troupe des tâches matérielles quotidiennes et de le rendre
ainsi plus disponible tant pour ses responsabilités de chef que vis à vis de
ses subordonnés.
Dans l'immense majorité des cas des liens amicaux, voire
affectifs, une certaine intimité, s'établissaient entre l'officier et
l'ordonnance. C'est une fonction très délicate, réclamant savoir-faire, doigté,
discrétion, intelligence, disponibilité, sens de l'anticipation, confiance
réciproque... bref beaucoup de qualités.
C'est loin d'être une fonction dégradante mais au
contraire une aide au commandement.
Je quitte Besançon à 10 h ½ ; cela m’ennuie un peu de partir car j’ai passé ici d’assez bons moments.
A Vesoul je trouve HOURTANÉ avec qui je me promène. Nous partons par un train de ravitaillement qui s’arrête à Épinal à 8 h ½ du soir.
Nous allons au cinéma et nous rentrons nous coucher dans notre wagon.
J’arrive Gérardmer à 7 heures.
Je trouve le chef de musique avec qui je vais prendre quelques choses, puis je pars pour Ban-sur-Meurthe, Clefcy ou se trouve le commandant De LAROQUETTE.
Après une marche assez pénible dans la neige, on arrive.
Je suis logé à 1 km du patelin, à flanc de montagne et je mange avec le 2eme bataillon. Je suis assez fatigué et je vais me coucher à 9 heures.
Aujourd’hui j’ai repos et je fais mes lettres de bonne année. De CAMPAGNE arrive en renfort et prend le commandement de la C.M 2. Je lui fais un accueil plutôt froid.
HOURTANÉ arrive également
Je pars avec le détachement à 7 heures ½ pour les lignes.
On grimpe la côte de Souche et l’on descend à la Truche. Je m’arrête à Xefosse pour faire une grande halte et voir le sergent major. Je vois aussi DESNIER.
Puis nous repartons et nous montons à Louchpach où j’attends le ravitaillement.
Je passe au calvaire, puis je descends près du lac Blanc et après une route interminable en lacets j’arrive à la cuisine où je trouve DESCARPENTRIES qui m’emmène dîner.
J’ai les pieds mouillés et, malgré cela, je vais faire un bridge chez CULAN jusqu’à 11 heures.
A 8 h ½, je vais reconnaître le creux d’Argent où je dois monter dans la journée. C’est un coin qui n’a pas l’air très franc. Comme il y a du brouillard, les types montent l’après-midi et je dîne avec ROBET à la ferme Dider.
Je fais une ronde vers les huit heures et je rentre me coucher.
Les rats viennent m’embêter toute la nuit
Encore une année de finie.
Janvier 1918
820
Mardi 1er
Je me lève à 7 heures ; j'écris quelques lettres
et vais faire ma ronde aux différents postes. Puis je vais souhaiter la bonne
année à DESCARPENTRIES. Mes sous-ordres ont été ordinaires.
On déjeune et on fait un « petit bridge » qui dure
jusqu’à 4 heures. La soirée est calme.
821
Mercredi 2
Même emploi du temps qu'hier pour la matinée.
Le capitaine ROCHER et VAROCLIER viennent dîner
avec nous : ce dernier nous fait encore rouler avec ses histoires de DERDOS.
Je ronde à 10 heures.
822
Jeudi 3
Ce matin,
il tombe de la neige toute la matinée ; puis le temps s'éclaircit. LECOMTE
déjeune avec nous. Les boches se mettent à bombarder et continuent toute l'après-midi.
Aussi, dans la possibilité d'un coup de main, on
se tient sur ses gardes. Je prends toutes mes dispositions...
Mais... rien n'arrive et la nuit est très calme.
823
Vendredi 4
Je vais reconnaître mon emplacement futur de la 3e
compagnie, à Noirmont.
Je vois le Capitaine ROCHER et je trouve MERCERON
en train de dormir. Son sergent me montre les postes et je rentre vers 11
heures.
CHIARI et SAILLANT, de la 6e, déjeunent
avec nous.
L'après-midi,
bridge qui se termine à 4h1/2.
Je reste pour passer les consignes aussi je montre
le secteur à SAILLANT par petits morceaux.
La relève arrive à 8 heures. C'est la pagaille et on
reconnaît bien la moche 6e. Je promène SAILLANT jusqu'à 11 heures et je me
couche. Lui fait du potin et remue tout le temps.
Je vais trouver le Lt
MONNET que je rencontre à la ferme Cyrille.
Un type de la 6e est tué au poste 5 par une balle
en pleine tête. (*)
Je vais déjeuner à Claudepierre
où c'est plutôt moche et je pars avec les gradés qui étaient restés là.
Nous grimpons par le bataillon, passons au lac
Blanc et Louchbach. Au Rudlin
on prend le tacot qui nous descend à Fraize à 4h1/2. GUÉDON et LÉGER sont avec moi.
J'arrive à Clefcy
pour dîner. Je vais me coucher de bonne heure.
(*) : Il
s’agit de BROU Georges de la 6e compagnie,
tué le 05/01/1918. Sa fiche
Je me lève tard et je passe ma journée à écrire
pendant que les autres vont se promener à Fraize.
Beau temps.
Temps atroce ; pluie et vent ; ce matin, je vois
les cantonnements et j'écris ; puis je vais voir le curé.
L'après-midi,
nous allons à Plainfaing entendre une conférence idiote sur les lignes
du Bonhomme, avec projections ; je déchire mon caoutchouc.
Je reviens en voiture.
Je me lève tard ; dans la journée, nous jouons au
bridge.
Temps bizarre, il y a 30 centimètre de neige.
Le nouveau colonel est arrivé. Il doit passer la
revue ce soir aussi toute la journée est employée à nettoyer. Je vais même
visiter les cantonnements avec le C.A.M. (*) DELBREIL.
Le colonel TREILLARD s'amène à 1 heure et il nous
demande quelques petits renseignements. Il nous donne rendez-vous à 3 heures à
son bureau. On s'y trouve, mais pendant deux heures on gèle sous la neige en
l'attendant.
Il s'amène à
5 heures ; il est malheureux de voir une chose pareille. Il nous parle de
choses et d'autres. En sortant de là, nous allons dîner avec les sous-officiers
qui ont fait très bien les choses.
Je rentre à
dix heures et, n'y voyant rien, je dégringole le talus. Je me relève
couvert de neige.
(*) : Capitaine Adjudant Major
Ce matin,
je me lève très tard.
Dans l'après-midi,
je m'occupe de l'instruction des F.M. Et je vais faire de la luge avec le
capitaine DELMAS, DESCARPENTRIES et CULAN.
Je rentre me coucher de bonne heure et le St.
Lieutenant SIMIAN de la 7e vient coucher dans ma chambre cette nuit.
Toujours instruction des F.M.
Le temps reste froid. Je retourne faire de la luge
avec DESCARPENTRIES et CULAN ; cela marche mieux qu'hier.
Je ne vais qu'assez tard aux F.M.
Cet après-midi, on se prépare à partir de Clefcy pour aller à Gerbépal.
Grande partie de bridge ; je me fais prendre en photo.
Il pleut toute la matinée.
CULAN est parti en permission hier soir et ROBET
reste pour le certificat de bien-vivre. Je m'appuie donc la garde de police.
Au moment du départ, la pluie se transforme en
neige et cela continue toute la soirée.
Nous passons par Anould
et, après une sérieuse côte, nous arrivons à Gerbépal.
Le patelin étant déjà plein, on nous colle dans des maisons isolées. Les hommes
sont très mal et, quand à nous, cela ne vaut pas grand-chose.
On mange chez DESCARPENTRIES.
Ce matin,
repos.
La neige ne tombe plus et a même gelé.
Dans l'après-midi,
on veut faire de la luge avec un traîneau mais on ne réussit qu'à le casser.
J’écris et je vais me chauffer car le vent est très froid au dehors.
A 6 heures,
LARDEUX vient me dire de faire ma cantine car le bataillon part aujourd'hui.
J'arrange mes affaires en vitesse.
Il fait un temps exécrable. Pluie et vent de
tempête.
Je reste pour le bien-vivre et je m'embête toute l'après-midi.
Je pars à 7 heures de Gerbépal,
par le même vent. En passant au col du Plafond, on est littéralement
déporté par la force du vent. Il pleut aussi la route n'est-elle pas trop
glissante.
A Fraize, je fais arrêter pour attendre le
tacot qui nous prend à 11h1/4.
Nous arrivons au Rudlin
à midi et nous y trouvons la
compagnie. DESCARPENTRIES et ROBET sont partis devant reconnaître et c'est
CULAN qui commande la compagnie ; je commence d'abord par le chercher et, ne
l'ayant pas trouvé, je mange à la roulante.
Puis nous partons par la pluie et le vent.
A Louchbach, nous
nous arrêtons un peu ; la tempête fait rage.
Avant d'arriver au calvaire, nous marchons en
pleine eau. Nous nous arrêtons au poste de réconfort où je perds mes gants.
Dans la descente du lac Blanc, la pluie
cesse et mon caoutchouc gèle. On passe par la route qui n'est pas encore
dégelée et on arrive à Noirmont vers 8 heures.
Je relève LUC. On place les sentinelles et je me
sèche les pieds jusqu'à 1 heure.
Je me lève à
7h1/2 et vais voir mon secteur avec le sergent PETICYGNE.
Puis, je vais déjeuner et, l'après-midi, après 1 heure de
bridge, je rentre à la section.
La pluie se remet à tomber et, en allant dîner, il
fait noir comme dans un four.
Je me lève à
8h1/2 et parcours le secteur.
Après le déjeuner, je vais visiter la section de
ROBET jusqu'au Noirupt. En rentrant, les
boches bombardent un peu les endroits où nous sommes passés.
J'écris et, après le dîner, je vais faire la liaison
avec la 11e Cie, non sans mal car je me perds.
Je me lève de très bonne heure et je m'occupe de
faire installer des dépôts de grenades. Puis je relève les plans de mes
tranchées.
L'après-midi,
petit bridge et, le soir je rentre de bonne heure. Le clair de lune recommence.
Je me rase et je fais mon petit tour habituel.
Dans l'après-midi,
je refais mes plans du secteur.
Puis, après dîner, je fais un bridge.
Je me promène un peu puis, dans l'après-midi je
fais un bridge.
Le soir,
je rentre de bonne heure et je fais une petite ronde.
Je passe en revue mes fils de fer. Il fait très
beau et très doux.
L’après-midi,
bridge et le soir, je vais au PP de la 1ère section avec ROBET.
Je me repromène et cet après-midi,
je vais me mettre en liaison avec la 11e.
Le commandant devant passer demain, je fais tout
nettoyer.
Après dîner, bridge. Il fait un clair de lune
superbe. Le secteur est très calme.
On attend le commandant depuis 6h1/2, mais il ne vient pas. Les poilus l'ont mauvaise
d'avoir tant nettoyé. Il paraît que CULAN est parti à la Cie Vosgienne. (*)
L'après-midi,
on attend encore le commandant.
Un avion boche est descendu.
(*) : Le
général, commandant le corps d’armée, prescrit la constitution, par division d’infanterie
du front des Vosges, d’un détachement spécial destiné à des opérations
offensives (coup de mains, reconnaissances…) et qui s’appelleront « compagnies
Vosgiennes ». À la date du 28 janvier 1918, la compagnie Vosgienne de la
167e DI est constituée. Elle comprend 234 hommes prélevés sur les 3 régiments
de la division.
Très beau temps.
Je travaille toujours à mes consignes et je passe
mon temps à parcourir la ligne.
Je vais voir SÉRÉGÉ à (*) son P.C. mais il n'y est pas.
On parle de l'installation des îlots de résistance
; quelle stupidité.
On voit bien que ceux qui commandent cela ne savent pas ce que c'est dans ce secteur-là. On s'en fera cueillir, des types !
(*) : Le
lieutenant SÉRÉGÉ Henri Alexandre sera blessé en juin 1918.
Il commence à partir des permissionnaires. On fait un petit
bridge et, ce soir, je termine définitivement mes consignes.
Je commence par emballer le cuisinier qui ne sait
pas varier son menu.
En arrivant au P.C. on m'annonce que je pars en
permission ; j'en suis baba. Je me pends au téléphone et CONTREPENTE me donne
l'ordre de partir.
J'emmène le fidèle POREAU jusqu'à Louchbach et je prends le train à 9 heures à Fraize
avec le capitaine DELMAS.
En permission.
Février 1918
En permission.
Je pars de Tours à 15h33.
Je passe la journée à Paris.
Je quitte Paris à 8 heures et je prends la ligne de Chaumont.
Je dors la plupart du temps.
A Port d'Atelier, je trouve HOURTANÉ qui
revient de Belfort et en montant dans le train, on se trouve avec BRUNOT
qui rentre de permission.
Nous dînons ensemble à Épinal et, après une
petite ballade, on s'en va à la gare.
On poireaute jusqu'à 1 heure puis on s'en va. On
arrive à Fraize à 7 heures.
Croyant le 3e bataillon à Clefcy, on s'y rend,
mais il n'y a personne et on revient à Fraize.
Je déjeune avec GUÉRIN et je retrouve la Cie qui va
au repos. On s'installe aux mêmes emplacements dans Clefcy
et je couche avec ROBET à la popote.
Je me lève à 9 heures
et je vais voir un peu ce qu'il y a de neuf à la Cie. Il pleut aussi je ne sors
guère. Je m'embête même pas mal.
Je vais me présenter à BAJUS avec le Capitaine
DELMAS.
On ne reste pas longtemps. Puis, je rentre. Il
fait froid et, après un bridge, je vais me promener sur la route d'Anould.
L'adjudant LECOMTE s'en va à Châtellerault
pour instruire la classe 19.
Il fait très froid mais un beau soleil.
DESCARPENTRIES s'en va à Gérardmer et je
reste avec ROBET. La matinée peut encore passer, mais l'après-midi paraît
interminable.
On se couche à 8
heures 1/2.
DESCARPENTRIES est rentré. On va d'abord voir le
Cap. MERLIN avec qui on boit une bouteille, puis je vais à la messe avec ROBET.
On arrive à l'Agnus !
L'après-midi
on s'embête autant qu'hier et on finit par aller faire un bridge chez le maire.
Temps très froid.
Je me lève pour passer une revue de cantonnement.
L'après-midi,
on arrose la rentrée de LARDEUX à la popote des sous-officiers. Puis je vais
faire une partie de cartes, coupée par une revue d'armes.
Après le dîner, bridge.
Très beau temps.
Ce matin, gymnastique au terrain aménagé. Je remarque
que je suis bien rouillé.
Cet après-midi,
séance de gymnastique, puis réunion chez COURTEPENTE où l'on parle des
nouvelles organisations.
Ce matin,
je reste au lit car c'est ROBET qui travaille.
L'après-midi
étant remplie par des théories sur le F.M. je ne fais rien et je prépare le
dîner que nous offrons à GUÉRIN ce soir. SÉRÉGÉ est également des nôtres.
Bon dîner ; soirée terminée très tôt.
Le temps est douteux.
Dans l'après-midi,
le colonel vient visiter les cantonnements et nous fait un petit laïus, toujours
sur les organisations.
Dîner chez GUÉRIN.
Nous allons au tir à Fraize dans un stand
très mal aménagé. Il tombe de la neige et l'on rentre trempés.
Le soir diverses théories.
Tout le monde est tranquille dans la journée, mais
BAJUS éprouve le besoin de nous raconter des histoires assez tard.
Nous ne dînons qu'à huit heures.
Cette fois-ci, nous allons à la messe au commencement et, dans l'après-midi, on se distrait comme
on peut avec LÉGER.
Repos complet en vue du départ qui aura lieu
demain. Le colonel revient nous voir et parle d'un tas de choses.
Giboulées.
Nous partons à midi de Clefcy,
par un très beau temps.
Des avions boches en l'air.
Nous arrivons à Habeaurupt vers 2 heures. Il fait bien plus froid.
Après un bridge on dîne et je vais me coucher avec
ROBET. Les types de la 1ère section faisant du bruit, celui-ci est obligé de se
lever pour les faire taire.
A 10 heures,
on m'annonce qu'il faut que je sois demain matin à 8h à Ancel.
Je me lève à 3h1/2
et je m'en vais avec quelques gradés ; nous ne nous pressons pas et nous
arrivons assez tard.
Avec DESCARPENTRIES, je mange avec le 1er bataillon
et comme mes sections sont au lac Blanc, j'y retourne.
La relève se fait vers 6h1/2. Il tombe de la neige et fait du vent. Le sergent MISANDEAU
de la 1ère Cie reste pour passer les consignes.
Beau petit P.C. S sur les rives du lac.
A 8h, je
pars pour Ancel.
Un nouvel aspirant est arrivé à la Cie. Il neige.
Ce matin on mange comme on peut ; puis je
surveille les travaux et vais voir AUSSURE et MASSÉ. La rentrée est pénible par
ce temps exécrable.
Je dîne au lac Blanc avec mes sous-officiers.
Mars 1918
879
Vendredi 1er
Ce matin,
il y a exercice d'alerte mais on oublie de me réveiller. Il commence à faire du
brouillard et bientôt, la neige tombe fortement.
Je téléphone à DESCARPENTRIES qui me dit de venir
tout de même.
A Ancel, on
installe une popote dans l'ancienne salle des douches.
HAMELIN déjeune avec nous et, dans l'après-midi,
je remonte au lac Blanc avec DESCARPENTRIES par le chemin de nuit. Il
tombe toujours de la neige et on manque de se perdre.
On arrive à 5
heures. Je dîne avec CIESSAN, LARDEUX et BAYLE.
Ce matin,
je me réveille tout de même. Ma section est équipée mais la 3e section est
encore couchée. Il faut un quart d'heure pour l'alerter.
Je leur promets du plaisir pour demain si cela se
renouvelle. Brouillard.
Je descends à Ancel
où l'on déjeune de bonne heure.
Puis, je vais voir les futurs abris de ma section
qui sont loin d'être terminés. Je rentre avec mes poilus.
DESCARPENTRIES dîne au lac Blanc.
L'alerte se passe bien.
Le temps est clair, aussi je pars de bonne heure.
On a touché à la compagnie l'adjudant BROSSET (*) qui a déjà dîné avec nous hier soir.
Comme on embête les boches, ceux-ci répondent sur
les batteries et envoient un obus en plein sur la route un peu plus haut que
mon P.C. DESCARPENTRIES étant parti dans le secteur, je déjeune seul avec
ROBET.
Mon déjeuner ne coule pas très bien. Je vais
revoir ces fameux abris et je remonte avec la corvée.
Le brouillard devient très épais. Le dégel commence.
(*) : L’adjudant
BROSSET Jules sera blessé en juin 1918.
Il tombe de la neige au moment de l'alerte aussi je
fais rentrer vite les poilus.
Je pars à Ancel
comme d'habitude malgré le mauvais temps.
Au déjeuner,
DESCARPENTRIES me demande d'aller avec une patrouille d'embuscade ce soir.
J'accepte et, dans l'après-midi nous surveillons les travaux.
En remontant au lac Blanc, nous voyons le
col du 170 et nous assistons à un bombardement de minen à la droite du Linge.
Nous dînons au lac Blanc avec les sous-officiers
et nous revenons par le chemin de nuit. J'ai une forte colique et la diarrhée.
A Ancel, je me
couche de 10h à minuit.
Nous partons à minuit
1/4 et nous enfilons nos chemises blanches.
On a l'air de capucins avec cela. Nous passons par
Scheffer PC où l'on dit bonjour à SÉRÉGÉ
et nous sortons par Scheffer ferme.
Nous avons du mal pour passer les réseaux, enfin
nous arrivons près du Surcenord. Rien
d'important ne se passe et, après une sérieuse attente, on rentre.
Les poilus filent comme des zèbres. Moi, j'ai
fortement la colique et je souffre en revenant.
A peine rentré, un tir de barrage se déclenche sur le Linge et dure une bonne heure. Puis tout rentre dans le calme.
Je dors jusqu'à 8h1/2. En me levant les coliques me reprennent. Je vais voir POIRÉ qui me fait avaler 30 gr de bicarbonate de soude, puis DESCARPENTRIES me fait faire des mouvements de jambes.
Enfin, vers
11 heures, cela ne va pas du tout. Je mange deux œufs à la coque et je rentre
au lac Blanc... péniblement.
Je me repose dans l'après-midi et le soir, je me
couche de bonne heure.
Très beau temps, je pars à 8 heures et je vais voir le toubib en arrivant. Il me donne de
l'élixir parégorique pour faire passer ma diarrhée ; cela va mieux.
Il paraît qu'un type de la 11e s'est fait barboter
aussi BAJUS est sens dessus dessous. On déjeune avec SÉRÉGÉ qui part en permission
et je remonte avec lui.
Il fait un soleil admirable et la neige commence à
fondre.
Il fait du brouillard.
Je monte à Ancel
tranquillement et je trouve le commandant de NANTEUIL du 170 qui mange avec
nous.
Après déjeuner, je vais voir le P.C. Scheffer que
j'occuperai après demain soir. Ce n'est pas organisé et tout est en pagaille.
Je reviens et je rentre, toujours par le brouillard.
DESCARPENTRIES vient manger au lac Blanc.
Toujours du brouillard.
Je passe la matinée à Scheffer avec VALENT.
Après le déjeuner, le soleil se montre.
DESCARPENTRIES coupe des fils de fer. Je reviens vers quatre heures.
Je fais mes paquets et je quitte mon P.C. à 8
heures.
Je m'arrête un peu à Ancel
et je ne monte à Scheffer que dans l'après-midi.
Je prends le reste des consignes ; c'est une
pagaille sans nom.
A 5 heures,
je dîne VALENT et les poilus s'amènent après. Puis, je vais poser quelques fils
de fer entre les deux mitrailleuses.
Je ne peux pas dormir car il y a des rats.
Alerte à 5
heures.
Nous prenons l'heure d'été. La nuit a été calme
aussi les poilus travaillent. Ils font des pelotes de fils de fer et posent un
peu de réseau Brun. (*)
Je vais manger à Weber où je vois que c'est
aussi moche que chez moi.
Beau temps ; je monte aussi à Tiercom.
A la fin du déjeuner la sonnette du poste Henry
Haut de met à tinter aussi tout le monde saute sur des grenades ; mais fausse
alerte ; c'étaient des types qui avaient simplement appuyé sur le bouton.
Je rentre. Les poilus travaillent toute
l'après-midi.
A la tombée
de la nuit, on pose encore du fil de fer. Je me couche à 8 heures, tout est
calme.
(*) : Rouleau
de fil de fer barbelé, prêt à l’emploi.
Ce matin, je ne vais pas à Tiercom.
Je fais des plans pour mon G.C.
Puis je vais déjeuner ; je trouve DESCARPENTRIES
sur une chaise avec une jambe amochée. Une pierre de 80 kilos lui est
dégringolée dessus hier soir. Les types travaillent ferme ; ils savent que
c'est pour eux.
Beau temps.
Je me lève toujours à 3 h 20 ; il fait froid et
noir.
Les boches ne font que balancer des grenades et
tirent des coups de fusil. Mais rien n'est signalé. Belle journée.
Les boches tapent sur le bois du centre où se
trouve SOULISSE. Je reviens avec ROBET ; comme il y a des avions, on reçoit des
éclats.
Vers les 4
heures, les boches envoient des minen sur la Tête des Faux. La
soirée est très calme, la nuit aussi.
Il fait encore très froid vers trois heures et demie.
Je monte à Tiercom
dans la matinée.
Puis, en rentrant, je trouve DESCARPENTRIES qui
est tout de même venu avec sa jambe abîmée. On rentre à la popote ensemble ;
arrive un sous-lieutenant de la Vosgienne qui étudie un coup de main sur un
poste de Neurgey Haut.
On remonte à Scheffer P.C. avec ses sous-officiers.
On observe, puis, ils s'en vont.
J'écris un peu et je m'occupe de faire boucher de
vieux abris. Je me couche comme d'habitude.
A 23h45,
le sergent mitrailleur NATHAN vient me réveiller car il paraît qu'il y a eu du
bruit dans les fils de fer. Je sors et j'alerte les poilus.
Le caporal DUPRAT se rendort debout et dégringole
par terre.
A 0h30,
somme rien d'anormal ne se passe, je fais terminer l'alerte.
La fin de la nuit est calme. Il fait très froid ce
matin. Je m'en vais déjeuner après avoir un peu dormi de 8h1/2 à 9h1/2.
Vers la fin du déjeuner, Henry Haut reçoit une
distribution, d'abord d'obus explosifs, ensuite d'obus à gaz.
Je remonte tout de suite, puis je vais à Tiercom faire une théorie aux hommes sur les gaz. Je
redescends à Scheffer Ferme pour en faire autant. Lorsque je suis remonté, les
boches s'en prennent à mon bois et sonnent comme des sourds l'espace compris
entre Scheffer Ferme et moi.
Pas d'obus à gaz. Le 75 répond
bien en face, puis tout se calme.
La soirée est paisible. Je me couche à 7h45.
Il fait excessivement froid et un peu de vent.
Tout craque dans le bois.
Les boches recommencent à tirailler.
Vers 10h1/2,
ils envoient une rafale extrêmement violente sur Ancel,
il y a 8 blessés dont CAGNÉ (*),
l'ancien caporal-fourrier de la 2e Cie cassé, avec le sergent BERNARD. Je
trouve à Weber un lieutenant d'artillerie qui fait exécuter des tirs de
représailles.
Nous déjeunons et les rafales passent de temps en
temps. Je monte à Tiercom avec lui et son
maréchal des logis ; nous cherchons des points vulnérables.
Puis nous redescendons.
L’après-midi
est assez calme, mais vers trois heures, cela recommence, juste pour la soupe.
Les rafales ne durent pas trop longtemps.
La soirée est calme. Il tombe un peu de neige.
(*) : Henri
Julien CAGNÉE sur le J.M.O.
Le temps s'est remis au beau.
Il fait même excessivement froid. La matinée est
assez calme sauf vers 10h1/2 où les boches sonnent un peu Ancel
et au-dessus de Geisshof. Je rentre de bonne
heure.
LARDEUX (*)
part en permission pour se marier.
Pendant l'après-midi,
rien d'intéressant.
Ce soir tout est calme. Incendie vers Tiercom.
(*) : Le
sergent LARDEUX Fernand Joseph, 27 ans, sera tué le 7 juin 1918.
Temps assez froid.
Vers dix heures les boches battent sérieusement le
boyau Weber. Les éclats reviennent en vitesse ; d'autre part, le bois
du Centre déguste à son tour.
La séance s'arrête vers midi.
L'après-midi est calme.
Vers 11 heures du soir, les boches bombardent le
ravitaillement à Vignal. Nous répondons vers Orbey.
Rien de neuf aujourd'hui.
En arrivant à Weber, DESCARPENTRIES m'emmène à Didier
Haut où je vois DURAND. Position très moche.
Je prends quelques photos. Je reviens alors que
Scheffer P.C. est bombardé. J'arrive à la fin. Puis je monte à Tiercom avec DESCARPENTRIES.
Un commandant de la division étant là, je descends
et vais lui montrer Scheffer Ferme. Ce soir, c'est le prêt aussi il y a
pas mal de types saouls.
Je boucle JOLY. Les autres travaillent.
Beau temps.
Le bois du centre encaisse. Pendant le déjeuner,
des obus tombent sur Weber.
JOLY reçoit la nouvelle qu'il a un gosse aussi je
lève la punition. Quelques obus sur Scheffer P.C.
DUGOURD est nommé sous-lieutenant et CASTILLE passe
à la CM3.
Le fidèle CIESSAN part en permission et c'est ROBET
qui va le remplacer à Tiercom. Nous revenons
ensemble et je vais le conduire là-haut.
Le fidèle MOREAU rentré hier, nous offre de la
gnôle. Il fait joliment chaud à monter. ROBET a reçu une sacoche d'état-major
et un équipement deux fois trop grand pour lui. Je le prends en photo.
De plus, il s'est rasé et a une vraie tête de curé.
Il dîne chez moi.
ROBET descend me prendre vers 9h1/2. Nous allons déjeuner. Comme les boches bombardent Ancel, nous revenons par le boyau Scheffer Weber
où nous pataugeons dans la boue jusqu'aux genoux.
Je change de chaussures et de chaussettes en
rentrant.
Puis je remonte à Tiercom.
On envoie des 155 sur Orbey en réponse au bombardement d'Ancel.
Temps brumeux. ROBET me téléphone, mais l'appareil
ne marche pas.
Après le déjeuner, nous faisons un petit bridge et
nous rentrons tranquillement.
Le colon vient me voir et raconte tout un tas
d'histoires ; toujours le matériel contre les gaz !
Avec ROBET, on téléphone à POIRÉ et on se gondole.
Toujours beau temps.
RENAULT vient déjeuner avec nous, on fait ensuite
un petit bridge.
Puis je rentre avec ROBET qui est malade et ne
descend pas dîner. Les boches envoient une trentaine de 77 sur le GC.
POIRÉ est cité.
Nous voilà aux Rameaux.
La journée est belle et calme. POIRÉ vient à Weber
et l'on joue au bridge jusqu'à 2h1/2. Je rentre seul et ROBET me rejoint après.
Le dîner fini, je m'occupe d'arranger les conduites
d'eau et je m'esquinte les mains et les vêtements. Il fait un clair de lune
superbe.
Très beau temps, mais brumeux.
En arrivant à Weber, DESCARPENTRIES m'annonce
qu'il déménage et qu'il va à Ancel ; le
bataillon va au Lac Blanc ; enfin c'est une pagaille désolante !
On se demande où tout va finir.
On ne peut pas suivre une idée, tout change chaque
jour. ROBET va à Weber et déménage. Il paraît que les Boches bombardent
Paris avec un canon qui porte à 120 kilomètres. L'offensive a l'air de marcher
dur.
Ce soir, la compagnie Vosgienne sort pour faire une
embuscade du côté de Neurgey Haut ; le
temps se couvre mais il fait clair tout de même.
Il fait très froid pendant le quart.
A 6h1/2,
je pars de Scheffer P.C. d'Ancel au Lac
Noir, je ne rencontre absolument personne ; il tombe un peu de neige.
Là-bas, personne n'est levé.
Vers les 8
heures, s'amène RABÉCHAULT qui me conduit voir les deux aviateurs boches
descendus hier ; ils sont très bien habillés et ont l'air distingués. (*)
Puis, je vais au bureau du Colonel donner mes
états de service. J'apprends que nous avons reculé jusqu'à Noyon et que
l'on se bat ferme. Je rentre.
Sur la piste, je trouve SOULISSE et à Ancel, je présente mes félicitations à DUGOURD (**) que je trouve avec le capitaine
MERLIN.
Après le déjeuner, je monte à Tiercom.
On m'enlève le téléphone aussi je rouspète dur.
Pas de journaux. Il fait froid. Mes poilus
travaillent un peu mais je ne veux pas les fatiguer. Je casse mon stylo avec un
VB signal aussi je suis furieux.
DESCARPENTRIES voit des boches qui travaillent
dans un champ et il fait tirer dessus. Les boches se débinent en vitesse.
(*) : Sur
le J.M.O. du 409, il est noté à la date du 25 mars : « Un avion ennemi est abattu par le tir de notre artillerie et tombe à
500 mètres du Lac Noir. Les deux aviateurs ont été tués dans la chute. »
(**) : J.M.O.
20 mars, l'aspirant Henri Auguste Léonard DUGOURD de la 3ième Cie est nommé au
grade de sous-lieutenant à titre provisoire à la date du 13 mars, il est
affecté à la 10e Cie (chef de section).
Le temps est très froid. Tout est calme.
Dans la matinée, le Capitaine MERLIN,
DESCARPENTRIES et DUGOURD montent à Tiercom ;
je vais avec eux à Weber.
Je passe l'après-midi à écrire. Ce soir il y a un peu de vent dans les voiles parmi les poilus.
La Vosgienne se ramène encore sans prévenir, je
les laisse se débrouiller.
Le temps se couvre un peu.
Il fait moins froid.
Le caporal DUPRAT (*) a des difficultés avec LHEUR que je boucle. Les
boches ne sont pas revenus à leur champ.
Beau temps mais pas mal de brume.
Cet après-midi,
je commence à faire tout mettre en ordre pour la relève. Je vais à Pierregottel avec DESCARPENTRIES et le médecin chef
nous apprend que nous allons bientôt aller au Violu.
Le toubib nous montre un petit moulin branché sur une conduite d'eau. Les officiers de la 6e arrivent ce soir mais je ne les vois pas.
(*) : Le
caporal
DUPRAT Alphonse Sylvain, 27
ans, sera tué le 7 juin 1918.
Il tombe de la pluie mêlée de neige.
L'offensive continue toujours ; ce doit être la
guerre en rase campagne qui reprend. Je vais à Ancel
où je trouve Mr MONNE et à Weber où SAILLANT a élu domicile.
Nous commençons par regarder l’îlot Weber,
puis nous allons à Weber gauche et enfin à Didier Haut.
On commence à déjeuner quand DESCARPENTRIES reçoit
un coup de téléphone disant que la relève n'aura pas lieu. Tête des types de la
6e qui doivent s'en aller retrouver le bataillon à Fraize !
Nous restons donc. Je monte à Tiercom
et, pendant plusieurs éclaircies, je regarde la plaine d'Alsace. On voit Colmar
merveilleusement.
En rentrant, je vois des officiers de la Vosgienne
et on boit une bouteille ensemble. Ce soir, les cuisines déménagent et s'en
vont à Ancel. C'est tout un fourbi. Le
ravitaillement ne sait pas où vider les tonneaux, enfin, je ne peux dormir
tranquille.
Drôle de vendredi saint.
Il neige et les boyaux sont infects.
Vers 9h1/2,
les boches bombardent avec du 105. Je fais rentrer tout le monde dans la sape ;
il tombe 16 obus.
Au déjeuner, SÉRÉGÉ vient nous voir et je lui
parle des photos que je lui avais confiées ; il me promet de s'en occuper.
Je rentre par Ancel.
Le début de
l'après-midi est assez calme ; par trois fois différentes, la Tête des
Faux encaisse des minen qui arrivent par quatre. La rafale la plus forte a
lieu vers 18 heures.
Il commence à pleuvoir et il y a de l'eau partout.
Je me couche vers 20 heures.
C'est aujourd’hui Pâques ; triste journée.
Il fait un vent formidable et des lambeaux de
nuages courent dans le ciel.
Dans la matinée, je dors. Puis, je vais déjeuner ;
il pleut.
Je rentre par Ancel
et je vais voir SOULISSE, MERLIN et compagnie jouer au bridge. Je rentre chez
moi, toujours par la pluie et j'écris.
Ce soir, cela tiraille beaucoup de part et
d'autre.
Avril 1918
Il pleut à torrents.
Je vais déjeuner et on passe l'après-midi à Ancel à jouer au bridge. Je ne rentre qu'assez tard.
Je vais d'abord toucher la solde, puis je vais
rendre visite au toubib.
DESCARPENTRIES est là pour faire un rapport sur la
blessure accidentelle d'un type. Il tombe de la neige. Je rentre directement
chez moi et j'écris.
Il paraît que les boches ont coupé les fils de fer
entre Scheffer Ferme et Henry Haut. la
Vosgienne vient faire une embuscade. Il y a un encombrement fou.
Ils s'en retournent à 11 heures, sans avoir rien vu.
Il fait un temps douteux.
Toute l'après-midi,
on attend nos successeurs qui ne viennent pas.
Enfin, après avoir dîné, je suis appelé par
DESCARPENTRIES à Weber où je trouve un vieux capitaine de la territoriale
qui a l'air bon vivant et qui a une bonne tête d'ivrogne !
Il est du 80. On chante et on remonte à Ancel dans la nuit. Je ramène la demi-section de Scheffer
qui est commandée par un s/l. Lieutenant GARNIER, type très rigolo.
En arrivant, les mitrailleurs m'annoncent qu'il y
a du bruit dans les fils de fer. Comme mes poilus ont tout emballé, je les
alerte pendant que la relève de Scheffer Ferme se passe. Toujours du
bruit dans les fils de fer et des coups de sifflet.
Enfin, à une heure, tout le monde part et les
territoriaux restent. Je vais me coucher. Le reste de la nuit est calme.
Je me lève à
5h1/2 et je passe les consignes à mon successeur.
Puis nous allons à Ancel
voir le capitaine qui ne tient pas du tout à visiter le secteur.
Nous mangeons vers
11 heures ; ces territoriaux sont de bons vivants.
Puis je pars avec les gradés restants. Il fait un
temps lourd aussi la montée du calvaire est-elle pénible. Mais cela va mieux
jusqu'à Habeaurupt.
Là, je n'ai pas de chambre et ce n'est qu'après le
dîner que je peux aller me reposer. Le Capitaine DELMAS et POIRÉ reviennent de Fraize
avec une sérieuse cuite.
Nous partons d'Habeaurupt vers 8 heures.
A Fraize, j'achète un stylo. La montée du col
des Journaux est très pénible ; pas mal de types restent en route.
Enfin, nous redescendons par La Croix-aux-Mines
où nous faisons la grand'halte. Nous arrivons à Ban de Laveline vers 2 heures.
Ce n'est pas brillant ; l'état-major et la C.H.R.
ont tout pris. Je loge dans un café à moitié démoli, la chambre est plus que
moche.
On va se promener un peu et BRUNOT vient dîner avec
nous. On termine la journée par un bridge qui dure jusqu'à minuit.
Je dors assez tard.
On commence à vider des bouteilles. On installe le
cantonnement. AIRAULT vient dîner avec nous ce soir, mais il s'en va de bonne
heure.
Je me lève tard.
On s'embête toute l'après-midi. On boit beaucoup. Le
temps est couvert.
Toujours du brouillard.
Cet
après-midi, je monte à cheval avec DESCARPENTRIES et nous allons vers Champfontaine reconnaître des emplacements. Nous
nous engageons sur la route de Wisembach, mais des bonnes femmes nous
disent que c'est dangereux.
On rentre.
Nous mangeons maintenant avec le nouveau chef de bataillon,
le capitaine KUNZMANN. Assurément la popote est plus nombreuse. Il y a un piano
dans la maison. La Vosgienne vient s'installer au camp Berniquet.
CULAN a un peu maigri. On boit pas mal de champagne
avec AIRAULT et VARICLIER.
On ne sait quoi faire toute la matinée.
Cet après-midi,
je fais tirer les fusils mitrailleurs. Re champagne
avec la 11e.
La compagnie passe dans la chambre à gaz. (*)
Ce soir, encore exercice des F.M. Il fait un temps
superbe et même assez chaud. Réunion chez le Colonel.
(*) : Pour
les exercices des masques
Tout le monde a l'air de craindre quelque chose.
Ce matin, nous allons reconnaître les 2e positions derrière Ban de Laveline.
En revenant, on gobe des œufs à Coinchimont. Il fait chaud.
Cet après-midi, je vais à Wisembach avec
DESCARPENTRIES. Nous prenons la route. DESCARPENTRIES a gardé son képi rouge.
On trouve CAGNAC dans son P.C., salle à manger, bureau, etc... Comme les civils
quittent le patelin, la propriétaire fait ses malles.
Nous montons jusqu'à un GC, puis nous revenons
prendre le champagne avec ALAPHILIPPE. On repart et on dîne à 5 heures.
A 6h1/2
la compagnie va cantonner à Coinches où on arrive vers 7h1/2.
En route, je vois PICARD. Ma chambre est à 1
kilomètre du cantonnement. Malgré que CULAN nous ait invités à faire la
bringue, je vais me coucher.
Je me lève à 8h et passe ma matinée à faire ma
toilette.
Dehors, je trouve SCHLEGEL qui vient reconnaître
pour le 1er bataillon. Je vais le conduire vers la cote 317, puis je pars à St
Dié en bicyclette. Je me promène et rencontre le commandant CARRÉ. Il fait
très lourd. Nous dînons avec les 11e et CM3 et, sur la fin, le cap. KUNZMANN
vient nous voir.
Nous restons à causer jusqu'à près de 11 heures. On parle de l'attaque à
laquelle tout le monde a l'air de croire fort.
Je me lève vers 7 heures et je goutte la fraîcheur délicieuse du matin. Puis le
temps devient lourd petit à petit.
Je vais à la messe à 10 heures et je me dirige vers la popote. Les commandants de Cie
sont partis reconnaître sauf le Cap. MERLIN.
La conversation roule sur le marmitage et
l'Ypérite et ce n'est qu'à grand peine que l'on peut changer la conversation.
L'après-midi
il fait très chaud. Je me fais couper les cheveux et je tire de nouvelles
photos en vitesse.
Puis, ma cantine terminée, je vais à la popote où,
pour faire couler des pets de nonne qui ne passent pas, je m'enfile une
bouteille de champagne avec SÉRÉGÉ et ROBET.
Nous dînons à
5h1/2 et on rassemble.
Nous partons derrière la 11e à 7h30. L'orage qui
menaçait se met à éclater. On marche constamment éclairés. Il tombe une pluie
torrentielle et tout le monde est trempé.
Au Giron, comme la 3e section qui était à Coinchimont n'arrive pas, on part tout de même. A Wisembach
commence la côte ; montée très dure et nuit très noire.
Nous arrivons au Chena
à 11h20.
Personne ne me réveille pour l'alerte et je ne m'en
aperçois qu'à 5h1/4.
Il fait un brouillard opaque et il pleut. Je fais
la visite de l'îlot qui est situé d'une façon merveilleuse sur le sommet de la
cote 732.
Mon prédécesseur ayant reçu un coup de main, on
n'a gardé que la contrepente. Les réseaux sont assez bons mais les abris
laissent à désirer. On s'installe.
Je ne descends pas déjeuner à Wisembach et
ce n'est que vers midi que je
descends. Je trouve les camarades qui m'engueulent parce que je suis resté
là-haut. Je joue du piano car la propriétaire n'est pas là.
Je reste à dîner et je remonte tout seul en ligne
par la grimpette. Il fait toujours du brouillard et je me dépêche.
J'arrive là-haut avec une belle suée. La pluie tombe
toujours un peu.
Il fait toujours du brouillard.
Cette fois, je descends déjeuner. On a des
invités, GUÉRIN, le sergent GERVAIS. On boit du kirsch délicieux et on s'en va
remonter le moral aux civils qui ne sont toujours pas partis. Je remonte avec
la corvée de soupe.
Le brouillard se lève un peu mais bientôt épaissit
encore.
Ce matin,
il fait beau temps aussi je descends avec la patrouille.
Je fais ma toilette et on déjeune.
L'après-midi
paraît un peu longue ; on va voir quelques civils. Les boches envoient des 150
vers le P.C. de DELMAS et des obus russes dans le ravin.
Le commencement de la soirée est assez calme mais la
11e Cie se met à lancer des grenades et continue une bonne partie de la nuit.
Il doit y avoir un coup de main fait par la
Vosgienne sur le Violu et l'artillerie commence à tirer. Cela dure
jusque vers 10 heures où le barrage se met en branle.
Tout est terminé à 11 heures. Il fait un temps légèrement couvert.
Dans la soirée, cela s'éclaircit un peu.
L'artillerie tape en diminuant. Je remonte avec la corvée de soupe.
Le temps est incertain jusqu'à 9 heures, tout est calme.
A 9h30,
se déclenche un tir de barrage ennemi sur le Violu ou la Grande
[onde?]. Cela dure presque une heure ; nous répondons.
Il paraît que l'opération que nous avons faite
hier a loupé, faute de préparation d'artillerie ; tant que l'on
aura pas salé quelques artilleurs, ces messieurs s'en moqueront. Je
remonte de bonne heure pour faire travailler mes types.
Il fait assez frais et on endure bien le feu.
Ce matin,
il y a de la neige et il fait très froid.
Il paraît qu'un groupe de combat tout entier a été
raflé au 174 ; cela s'est passé en douce hier matin.
Pendant l'après-midi,
comme on s'embête, on s'avance jusqu'aux premières maisons de Wisembach. Je
trouve du matériel et je ramène sur mon dos un rouleau de barbelé.
J’y attrape une suée et des écorchures…Je remonte
presque aussitôt après une petite visite aux civils.
Les civils sont partis cette nuit : il ne reste
plus personne dans le patelin.
Je descends à
8h1/2 et comme le lieutenant AIRAULT passe, je pars avec lui et ROBET.
Nous
passons par le GC Bantzen et, ensuite, nous montons
au bois de Beulay. On est tout à fait vu du
Versant de la Tête (*) et
des Yréaux.
Enfin on ne se fait pas sonner.
On visite les observateurs et le GC des
territoriaux. Comme on était montés sur la tranchée, il rapplique une rafale de
mitrailleuse qui nous fait faire un beau plat ventre.
Par bonheur, personne n'est touché.
En revenant, on trouve DESCARPENTRIES et BAYLE
qui, en montant, se sont fait sonner. Aussi, pour descendre, on est obligé de
faire un détour et de procéder par bonds. On arrive à Wisembach à midi.
Nous pouvons dire que nous avons eu chaud.
Après le déjeuner, on fait marcher un phonographe
trouvé je ne sais où, puis, je vais faire un tour dans les maisons.
Dans la soirée, tout est calme.
(*) :
De la Tête du Violu
931
Lundi 22
Il y a encore de la neige ce matin. Je dors jusqu'à 9 heures.
Puis, je descends ; il y a un peu de brouillard. DESCARPENTRIES ne vient pas déjeuner et je remonte avec la corvée de matériel. Il commence à pleuvoir.
Ma section doit monter demain en ligne. Ce n'est pas trop tôt car je commence à en avoir assez des autres.
La neige fond petit à petit et il y a une boue
phénoménale.
932
Mardi 23
La 4e section se prépare à descendre et, en bas, je trouve la 2e qui m'attend ; cela me fait plaisir de revoir mes braves poilus.
Je remonte avec eux sitôt après le déjeuner. Ils attrapent une petite suée à laquelle ils ne sont pas habitués. La 4e section s'en va. Lorsque les miens sont reposés, je leur montre leurs emplacements de combat et je leur explique le système de défense.
Il commence à pleuvoir. La nuit n'est pas trop noire, grâce à la lune.
Je prends un bain !
933
Mercredi 24
Nuit calme.
Ce matin, brouillard assez dense aussi j'augmente le service de jour. Le brouillard se lève dans la vallée et le temps devient à peu près clair, mais le soleil ne paraît pas.
L'après-midi
et la soirée sont calmes.
Je prends le quart à 2 heures, tout est tranquille mais à 2h30 une rafale de grenades éclate sur la gauche, dans la direction de 766.
Immédiatement, j'alerte tout le monde et je fais tirer la mitrailleuse. Les VB, coups de fusils et grenades continuent sans interruption jusque vers 3 heures ; une petite accalmie.
A 3h15, cela recommence jusque vers 3h45 et, enfin, un dernier engagement a lieu et se termine vers 4h15.
Au jour, j'envoie une patrouille à LÉGER, de la 10e et on me rapporte que l'ennemi a tenté un coup de main. Il y a trois types de disparus à 766 et des blessés, mais 762 n'a rien eu.
L'alerte a été chaude, mais mes poilus ont montré qu'ils pouvaient être rapidement à leurs emplacements de combat.
Le jour se lève. Il fait beau. Tout rentre dans le calme et je descends.
Je reste jusqu'à la corvée de soupe.
très belle nuit. Tout est
calme.
Je dors jusqu'à 9h. Très beau temps.
Le ravin de Beau Soleil reçoit quelques obus. Je remonte avec la corvée de matériel et les poilus travaillent à faire des portes.
Je prends le quart de 10h à minuit.
Il fait un temps splendide, c'est un plaisir de
veiller ainsi.
Le beau temps continue et il fait même du soleil. Je prends quelques photos à Wisembach. Puis, après déjeuner, je vais avec DESCARPENTRIES faire un petit tour dans nos anciennes premières lignes.
On n'y voit rien d'anormal. Nous revenons par Belfort et je remonte au Chêna pendant que des obus russes tombent dans le ravin de Beau Soleil.
C'est une séance bien menée !
Je suis un peu fatigué et, après mon quart, à 10 heures, je dors vite.
Le temps est un peu incertain.
AIRAULT vient nous voir ; je ne remonte qu'avec la corvée de soupe car il n'y a pas grand-chose à faire. Le temps se couvre petit à petit et un brouillard monte de la vallée.
Le début de la nuit est très noir mais, pendant mon
quart, de 4h à 6h, on y voit un peu.
Ce matin, brouillard.
Au déjeuner, AIRAULT nous amène deux officiers Américains qui doivent rester avec nous pendant huit jours pour s'instruire sur les organisations.
Ils ne savent pas un mot de français. Ce sont deux types petits et très laids, surtout sous leur casque anglais. On leur raconte ce que l'on peut en anglais et on parvient tout de même à se faire comprendre. Je ne remonte que le soir.
Avant la tombée de la nuit, la Croix le Prêtre
se fait sonner sérieusement.
Vers minuit, éclate un orage sérieux.
Lorsque je prends le quart, il pleut à torrents et c'est comme cela pendant deux heures ce qui n'est guère réjouissant. La lune éclaire un peu tout de même, mais il ne fait guère clair.
Je dors jusqu'à 8h1/2 ; il fait du brouillard. A Wisembach, la pluie commence et comme il tombe encore des obus russes, je remonte pour voir s'il n'y a rien de neuf, mais cela cesse.
Vers 3 heures, encore une petite séance.
Et enfin, à 6h et 6h1/2, même chose. Tout se calme, et la nuit vient vite.
De 10h à
minuit, il fait un noir épouvantable et la pluie a l'air de vouloir
recommencer.
Mai 1918
Ce matin, il fait un léger brouillard qui commence à se dissiper lorsque je descends. On attend DESCARPENTRIES et les Américains jusque vers midi.
L'artillerie se met à donner du côté du Violu ; c'est sans doute le coup de main.
Toute l'après-midi, la séance continue et ne se calme que vers 6h1/2.
Il continue à tomber des obus sur Croix-le-Prêtre.
J'hérite d'un homme/chien qui se met en position, mais dont l'animal a surtout
l'ai préoccupé de dormir.
Le temps est incertain. Il paraît que le coup de main de la Vosgienne n'a rien donné, comme d'habitude !
Dans l'après-midi,
je remonte de bonne heure.
Il paraît que je dois faire une patrouille ce soir aussi je m'apprête à rester à Wisembach.
Le temps est beau.
Nous partons à 8h1/2 par la route de Ste Marie et nous passons d'abord par le Labyrinthe. Ensuite nous bifurquons à gauche. La patrouille se borne à reconnaître la ferme d'Aubrygoutte.
Nous rentrons vers une heure.
Je couche dans la chambre des sous-officiers et je me lève d'assez bonne heure.
Dans l'après-midi, nous montons à Bantzen avec les Américains.
Ce soir, autre patrouille ; cette fois, nous allons plus loin et nous poussons jusqu'au premier réseau boche, composé de chevaux de frise et d'où l'on aperçoit une lumière sur la droite.
On fait une brèche, puis l'on revient.
En arrivant à Wisembach, vers 1h1/2, les
mitrailleurs de Belfort entendant du bruit, tirent sur nous jusque dans le
village même. Heureusement, personne n'est touché.
Les Américains nous quittent aujourd'hui.
Il pleut toute la journée. Je me fais monter un lit dans la chambre laissée libre.
A 8h1/2, je pars malgré la pluie. La nuit vient très vite et on n'y voit absolument rien. Je vais jusqu'aux deux fermes que je fouille sans rien trouver, de même qu'aux alentours et je rentre, toujours par la pluie.
Il fait noir à ne pas se diriger.
Le temps s'est remis au beau. Je me lève tard de mes draps et je me repose aussi l'après-midi.
On part à 8h1/2 pour tenter un coup de main. On arrive sans encombre jusqu'à la 1ère brèche ; on coupe tous les fils de fer et on parvient au ruisseau près de la ferme de Bellefosse.
Ensuite, on remonte et la dernière brèche est très dure à faire. DESCARPENTRIES part en avant avec 4 poilus et je reste dans les genêts avec BROSSET et deux hommes.
A un moment, les boches ont dû entendre du bruit car ils envoient deux fusées éclairantes qui tombent presque sur nous.
Vers 3h1/2, DESCARPENTRIES revient, n'ayant absolument rien trouvé.
Nous rentrons à Wisembach au petit jour.
Je dors jusqu'à dix heures.
J'ai une petite G.D.B. Dans la salle à manger, je trouve AIRAULT avec qui on boit un verre de vin rouge qui manque de me faire debecter.
Dans l'après-midi, un orage monte et éclate à 7 heures.
Vers 8 heures, au plus fort de la pluie, sur une note pour les mitrailleurs, DESCARPENTRIES me renvoie au Chêna ; moi qui comptais bien me reposer dans un lit, cela a pour effet de m'exaspérer singulièrement.
Je pars donc et j'arrive là-haut trempé et fatigué. Je me couche aussitôt.
Vivement la relève, je commence à en avoir plein le
dos d'en baver comme cela.
Je dors jusqu'à 9h et je descends juste pour le déjeuner.
ROBET essaye de me remonter un peu le moral, mais j'ai le cafard et je repars de suite pour le Chêna. La pluie a cessé et il y a une visibilité superbe.
Le secteur est calme.
ROBET vient me voir avec la patrouille du matin et je descends avec lui à Wissembach. Nos successeurs du 360 ne tardent pas à arriver. Le commandant de la compagnie à l'air très jeune, mais un peu bourreur de crâne.
Je remonte avec lui au Chena, après déjeuner ; il n'est pas habitué à ces hauteurs aussi souffle-t-il !
Je veille à la préparation de la relève.
Après la soupe, je me couche et je suis réveillé à 10 h 45 par la relève.
Vers 762, il y a des éclatements de grenades et les mitrailleuses tirent. Je passe les consignes à l'adjudant du 360 et j'emmène la section. Il fait très noir jusqu'à la sortie du bois.
Nous arrivons au camp Berniquet à 1 h 30.
Le cantonnement a été très mal fait aussi les poilus doivent déménager.
Je me couche à 2 h ½ et me lève à 6 h ½. Je casse la croûte et vais à Laveline.
Dans l'après-midi, je me rends à Gemaingoutte et au Repas. J'y retourne le soir.
Beaucoup de types saouls.
Nous partons à 2 h ½.
J’ai des difficultés avec LHEUR que je finis par boucler. Celui-ci est de plus en plus saoul.
Nous passons le col des Journaux à l'aube et après une longue pause, nous arrivons à Fraize. Je ne peux pas avoir ma chambre car ma propriétaire ne veut pas la donner et on est obligés d'aller chercher les cognes.
Enfin, je peux me nettoyer.
L'après-midi, je vais à Clefcy et je rentre avec l'orage.
Je me couche à 10 heures après avoir passé l'inspection des permissionnaires.
Comme je reste pour le bien vivre, je ne me lève qu'à 8 heures.
Je trouve des autos qui m'emmènent jusqu'à Corcieux. Nous sommes à Thiriville, sale patelin où les maisons sont éparses dans les champs.
Il pleut et c'est bien moche. J'ai un lit vosgien.
CULAN rentre à la compagnie. Je me couche de bonne heure, il fait très frais.
Ce matin, il pleut à seaux. De plus, une épidémie de fièvre se déclare.
Le Cap. MERLIN en est atteint et est amené en auto. La CM nous rejoint et mange avec nous.
Les hommes se nettoient.
Continuation du mauvais temps.
Toujours repos et les malades s'en vont à l'infirmerie. Le médecin-chef vient voir MERLIN. Je tire des photos.
Le temps est couvert mais il ne pleut pas.
Cet après-midi, une séance récréative est donnée par le bataillon dans une baraque. On encaisse pas mal de chansons et l'on se quitte en buvant de la bière.
Puis nous allons à Corcieux chez CAGNAC faire un « exercice de liaison ». Chants, bière, cris et stupidités.
Tous les officiers du régiment sont là. Nous rentrons à 7 h ½.
Demain, le bataillon doit aller à Bruyères assister à une revue aussi la journée se passe-t-elle en préparatifs.
Dans l'après-midi, on va faire un exercice de défilé.
Il fait très chaud. LEVRAULT et balancé de la cuisine et remplacé par Cent Kilos.
Nous partons à 8 heures.
Temps superbe et soleil. Nous défilons dans Yvoux où se trouve le Génie. Il commence à faire vraiment chaud.
Nous faisons la Grande Halte dans un bois avant Bruyères et vers 1 heure, nous allons prendre place. Nous avons le soleil en plein nez.
La revue se termine vers 3 h ½ par un petit discours de SCHMIDT. Nous repartons ; pas un souffle de vent, la marche est très pénible.
Pour ma part j'arrive très fatigué les poilus également. On croit que ces prises d'armes remontent le moral des hommes, mais cela ne fait que l'affaiblir de peiner ainsi.
Je me couche de très bonne heure.
Aujourd’hui, repos ; toujours temps très chaud qui tend vers l'orage. Je vais faire un tour à Corcieux.
Après le dîner, il y a une séance cinématographique à Vienville et nous y allons.
En rentrant, il fait un temps délicieux.
La Pentecôte. Il y a repos et je passe mon temps à tirer des photos.
Temps très chaud ; il y a repos.
Cet après-midi, je vais à Corcieux assister à un match de rugby qui a lieu sur le terrain d'aviation. Comme cela dure très tard, je rentre à la moitié.
Toujours beau temps ; je ne vais pas à l'exercice et dans l'après-midi je fais la sieste. Un aviateur se tue à Corcieux.
Cet après-midi, il y a une conférence à Corcieux par le commandant DANGER.
À la fin, DE LA ROQUETTE fait un petit laïus qui a un tout autre aspect que la conférence !
Je vais à l'exercice : étude d'infiltration par groupes que je regarde avec les fusils mitrailleurs.
Il pleut dans la soirée, mais je vais tout de même au cinéma.
Temps douteux.
Dans l'après-midi, exercices de cadres.
Ce matin, je me repose et, ce soir, tout le monde assiste à un exercice de cadres du Bataillon.
Il fait chaud et on rentre altérés.
Je vais à la messe à 9 h ½, puis dans l'après-midi, je me dirige vers Corcieux. On pousse jusqu'au terrain d'aviation où un match de football se dispute.
En rentrant, je reçois la pluie et je reviens avec DUGOURD en voiture.
Ce matin, exercice de réduction d'un îlot. Le chef de bataillon vient éplucher tout le monde.
DE FRANCE, ALAPHILIPPE et MOINET viennent déjeuner. J’aimerais mieux les voir ailleurs. Comme ils n'ont pas l'ai pressés de s'en aller, ils me font perdre mon après-midi.
Je ne suis libre qu'à 5 heures.
Exercice de bataillon. Liaisons et utilisation des défilés.
Nous faisons 4 kilomètres dans les bois jusqu'à Lanay et nous rentrons par Yvoux.
Il paraît que l'offensive est déclenchée et on doit se tenir prêts à partir. Nous allons voir LÉGER à Neune et, dans la soirée, on discute sur la popote.
L'ordre de départ n'est pas encore arrivé aussi attend-t-on toute la journée.
Nous sommes enfin fixés : nous embarquons ce soir.
Toute la journée on fait ses préparatifs. Je prends la tenue de campagne car, si on était lancés dans la bataille à l'improviste, je veux être prêt.
A dix heures, on est réuni à la mairie de Neune pour les derniers conseils.
L'après-midi, je monte à cheval avec DESCARPENTRIES et CULAN nous allons vers Bertrimont.
On rentre pour dîner. Comme je suis de garde de police, je pars à 9 heures pour la gare de La Chapelle où je trouve le 2e bataillon qui n'est pas encore parti.
Il y a pas mal de retard.
Le train n'arrive que vers 1 heure.
On embarque et à 3 heures, tout est terminé. Le wagon est très incommode et l'état-major du bataillon s'installe fort à son aise.
Je dors jusqu'à 7 heures, nous descendons d’Épinal vers Jussey, puis nous suivons la ligne Belfort-Paris jusqu'à Chaumont. Il fait très chaud dans ce wagon.
On passe ensuite à Joinville, Châlons. A Tours-sur-Marne, avant Épernay, le train s'arrête.
On débarque, non sans peine. Il est minuit.
Après avoir attendu longtemps on s'embarque en auto. Il fait froid.
On ne passe pas par Épernay et l'on descend assez fort vers sud. En revenant vers la Marne, on aperçoit les fusées éclairantes.
On débarque à 7 heures à [laissé en blanc, probablement Dormans] et nous nous dirigeons vers Clos Milon, une ferme située à 2 kilomètres où nous devons cantonner. Il y a déjà des artilleurs et on se case à grand peine.
On arrive à déjeuner, quand l'ordre de partir à Igny-les-Jard arrive. On part par les bois, il fait très chaud.
Nous n'arrivons qu'à 1 h ½. On trouve tout de même une popote, mais je n'ai une chambre que le soir vers six heures. On veut aller au bistrot mais COT tombe dans la boîte et on se débine en vitesse.
Nos pièces tirent beaucoup. On va un peu se coucher dans l'herbe et ensuite on dîne.
Après un tour d'après dîner sur la route, je vais me coucher.
MOREAU (Adolphe Lucien) me réveille à 5 heures car il paraît que l'on doit prendre les autos à partir de six heures.
Je suis vite prêt. Mais, comme toujours dans ces cas-là, les autos n'arrivent qu'à dix heures.
Nous avons un camion spécial en tête du convoi. Il fait beaucoup de poussière, heureusement un peu chassée par le vent. On casse la croûte dans le camion.
Nous passons par Orbais, Montmirail.
Vers 3 heures, nous débarquons à La Ferté-sous-Jouarre et on nous colle dans un chemin en plein soleil.
Nous y restons jusqu'à 6 heures, puis nous traversons la ville. Les civilos font la sale tête, ils n'ont pas l'air rassurés. Nous suivons le 1er bataillon qui marche en dépit du bon sang et qui s'arrête toutes les demi-heures.
Il fait énormément de poussière pour monter la côte qui mène au château de la Rue. Nous coupons ensuite à travers champs et nous arrivons à une agglomération de fermes qui s'appelle les Rougets. Tout d'abord on ne voit que des vaches qui crient.
Finalement, on trouve CULAN qui était parti devant.
Toute la compagnie est dans une ferme.je loge dans une espèce de bâtiment où il y a de très belles chambres. Il reste encore dans cette ferme deux vieux domestiques belges qui nous font voir tout ce qui reste. On trouve de tout et on dîne dans une assez jolie salle à manger.
Il est très tard, minuit passé, aussi nous allons nous coucher.
Je me lève
vers 7 h ½ et j'assiste à la chasse aux poules dans la cour de la ferme. De
nombreuses victimes gisent déjà sur le sol.
Puis je
vais boire du lait. Je termine la matinée en faisant ma toilette ; je vais
aussi reconnaître l'emplacement du travail pour tantôt ; il fait bien chaud.
Je pars au
travail à 1 h ½ et j'installe les
équipes. Je m’aperçois que DHOURY a été mis agent de liaison à la 4e section,
aussi, n'ayant pas été prévenu, je la trouve un peu mauvaise ; je le fais
rentrer à ma section ce qui ne plaît pas au patron qui m'en fait la remarque
d'une façon difficile à digérer. Là-dedans, il y a des tords des deux côtés.
En
rentrant, je trouve MOREAU en train de faire marcher un phonographe grand
modèle et dont les sons sont superbes de clarté. On dîne avec RENAULT qui est
arrivé dans l'après-midi, TAILLARDAT et BROSSET. Comme on doit fournir des
travailleurs, on se presse, mais, vlan, les ordres de départ arrivent.
A 8 heures tout le monde est prêt ; on fait encore marcher le phono pour se distraire, mais le ressort casse et on en est réduits à tourner les disques avec la main.
Nous ne partons qu'à dix heures et on se rassemble près de la grande route de Château-Thierry.
Après avoir marché deux bonnes heures, nous passons par Dhuisy et nous allons bivouaquer dans un bois où l'on n'y voit rien du tout ; au bout d'une demi-heure, on réussit à se placer.
Vers 5 h ½, on fait monter les sacs ; tout s'apprête et on part pour s'avancer dans un autre bois. On s'installe vers 8 h ½ et on mange. Puis tout le monde s'endort car la fatigue se fait sentir.
Je me réveille vers 1 h ½ et j'écris un peu ; vers la gauche, le canon tonne très fort.
A 4 h ½, je m'en vais voir si la soupe arrive.
Un avion de chez nous se fait descendre par six ennemis qui s'acharnent dessus.
Nous partons vers 5 h ½ et, en passant par des bois où se trouvent le 1er et le 31e chasseurs, nous arrivons aux Glandons. CULAN et BROSSET s'en vont dans un bois en avant.
Nous sommes dans des greniers. On se couche avec la nuit.
Je me lève à 5 heures après m'être bien reposé ; puis, avec ma section, je m'en vais creuser des tranchées dans le bois où se trouve CULAN. Quatre saucisses boches sont en l'air. Je vois RENAULT.
Les boches envoient quelques obus qui tombent assez loin.
Je rentre pour 10 heures. En rentrant, HAMELIN m'annonce que nous devons attaquer demain, aussi, cet après-midi, il n'y aura pas de travail. On nous expose le plan d'engagement. Il y a l'air d'avoir un front joliment grand pour le bataillon, presque 2 kilomètres.
J'écris un peu et je vais reconnaître les emplacements de départ. Nous devons partir du bois de Veuilly ; en arrivant au poste de secours, on rencontre les officiers du 2e bataillon qui vont reconnaître. Les premières lignes sont tenues par des Américains qui n'ont pas l'air de se faire de bile.
On inspecte le terrain qui, en effet, paraît joliment vaste. Je dois suivre un ravin sur la gauche avec ma section et trouver la liaison avec la 11e qui doit prendre Veuilly. Nous rentrons par une chaleur étouffante ; à Villers-le-Vaste, une brave femme qui reste encore là nous offre eu vin.
Nous dînons et après une petite réunion au bataillon, je vais me coucher.
Réveil à 0 h 30 ; la compagnie part à 1 heure.
La marche est très lente et très fatigante ; on fait de nombreuses poses. La grimpette du bois de Veuilly est assez dure. Je retrouve mon chemin et j'arrive à la lisière du bois à 3 h 15. Je mène ROBET à son emplacement. Je prends mes dernières dispositions.
Les Américains qui étaient dans le bois commencent à s'en aller et le 2e bataillon n'arrive pas.
A 3 h 45, je pars en ligne d'escouade par un. POUZET me suit avec son 37. Les sections de droite ne sortent que quelques minutes après nous. Je progresse à travers un champ de seigle et, ensuite, je me trouve dans une prairie.
A droite, le bois en S n'est pas pris facilement et on s'y bat ferme, je suis légèrement avancé. Comme les mitrailleuses crachent, j'utilise un petit fossé qui me mène à l'entrée du ravin que je dois suivre. Le barrage se fait devant nous. Le ravin est rempli de brouillard ce qui facilite la progression. Un petit bois est enlevé par nous et comme mes poilus avancent trop vite, je les fais replier ; nous recevons des coups de fusil.
A droite du ravin, les FM répondent. Mais, comme je suis un peu avancé, je m'arrête car, à droite, il y a énormément de résistance. J'envoie LARDEUX faire la liaison avec la 11e compagnie qui doit être à Veuilly accompagné de ROSSIGNOL ; il revient en m'annonçant que Veuilly n'a pu être pris et qu'il y a un trou énorme entre la 11e et moi ; n'ayant pas de liaison, je vais au bataillon prendre des ordres et j'y trouve le capitaine DELBREIL qui me dit de m'organiser.
Extrait du JMO
Je rentre et l'on travaille ferme. Les boches envoient des obus dans le bois et il est impossible d'en sortir. Le grenadier lanceur RAFFEGEAU et BOITEL, un nouveau, sont tués par balle. (*)
Le petit CHAMBOURG est blessé et doit rester toute la journée sur le terrain.
Il fait terriblement chaud.
A la brume, on va fouiller deux boches qui sont tués devant nous. L'ennemi essayant de remonter sur la crête, on lui tire dessus au fusil et à la mitrailleuse, mais il répond en lançant des sortes de grenades à ailettes.
On veille toute la nuit.
Durant cette journée le régiment a eu 40 tués et environ
150 blessés !
(*) : RAFFEGEAU
Alphonse Joseph, 22 ans, tué à l’ennemi, le 6 juin 1918. Il était né à
Villedieu (Maine-et-Loire). Sa fiche. Il venait du 32e d’infanterie.
BOITEL Vincent
Auguste, 28 ans, tué à l’ennemi, le 6 juin 1918. Il était né à
Soyécourt (Somme). Sa fiche.
A 2h30, violent barrage, je ne sais ce qu'il y a.
Vers 4 heures, TIGÉ vient me dire que je dois me porter en avant ; comme je reçois des coups de fusil et de mitrailleuse je reste accolé à un talus d'où je dois repartir vers 7 heures. On grimpe la crête à quatre pattes et on se dispose à s'installer mais nous sommes vus et nous commençons à recevoir des fusants. Comme la liaison avec la 11e est incertaine, je vais moi-même la faire à Veuilly qui est pris. Je vois le Capitaine DELMAS et MERCERON. Je retourne à la section et, tout à coup tombent des 150.
Au lieu de se terrer, les poilus de replient en partie dans le ravin ce qui fait que les obus suivent. Je vais en rendre compte au capitaine KÜNTZMANN qui me dit de ne pas insister pour avancer. JOLY est blessé à la tête et se sauve en vitesse. Les obus continuant à tomber, je veux faire rentrer tout le monde dans le bois de départ, mais il est trop tard et trois malheureux restent sur le terrain.
Le pauvre LARDEUX, le caporal DUPRAT (*) qui sont tués et le caporal BOURSAULT (*) qui est grièvement blessé ; j'y vais voir et je trouve le petit MOREAU (*), blessé également à la jambe. Les autres s'en sont tirés.
Je fais chercher les brancardiers et je vais rendre compte au capitaine KÜNTZMANN.
Cette mort de LARDEUX m'a bouleversé et j'en suis anéanti.
Mes hommes étant aussi très déprimés, je les fais reposer pendant deux heures, puis, je vais retrouver le capitaine DELMAS qui a pu arriver jusqu'au moulin d'Éloup. Je retrouve dans une espèce de carrière CRESSAN qui, avec sa demi-section n'a pas eu de mal. Nous n'avons pas de liaison avec la 9e.
On se repose jusque vers 2 heures et l'on se dirige vers le bois situé à l'ouest d'Éloup ; on le traverse en partie.
Au moment de déboucher, j'envoie CORMANDEL en patrouille pour me couvrir, mais comme il est salué, nous n'insistons pas. Le boche est encore là en force. On reste dans le bois jusque vers 4 heures.
Le 356 ayant donné des renseignements faux, on reçoit l'ordre de ne pas attaquer Éloup. Nous restons en place et, toute la soirée, on reçoit des balles. La 7e vient nous relever. J'ai très mal à ma jambe ; ce matin, je me suis fait une espèce de foulure aussi je marche très difficilement. On arrive au bois de Veuilly et j'installe mes types.
Je retrouve le reste de la compagnie qui se case tant bien que mal.
(*) : Sergent LARDEUX Fernand Joseph, 27 ans, mort pour la France le 7
juin 1918. Il était né à Angers. Voir sa fiche.
Caporal DUPRAT Alphonse Sylvain, 27 ans, mort pour la France le 7 juin 1918. Il était né à Lathus (Vienne). Voir sa fiche
MOREAU Adolphe Julien semble avoir survécu à ses
blessures.
Le Caporal BOURSEAU Jean est mort de ses
blessures le 7 juin à l’ambulance 5/21 au château de Dereux
(?).Voir sa fiche
Il fait très froid aussi je me lève vers 5 heures ; je vais voir DESCARPENTRIES qui me dit les nouvelles. CULAN passe à la 10e compagnie pour remplacer SOULISSE qui est blessé assez gravement.
SÉRÉGÉ a une blessure à la main. BROSSET deux
balles dans le bras ; le sergent LEROUX tué, RONDART et GEORGET blessés. Puis,
pas mal de pertes. (*)
On fait l'inventaire de tout ce qui manque et on va s'installer dans les trous.
CULAN vient nous voir le matin et, dans l'après-midi, nous sommes appelés au bataillon. Grande surprise, nous voyons que CULAN a tout de même la croix ; ce n'est pas trop tôt ; c'était vraiment dégoûtant de l'avoir fait attendre comme cela, depuis le temps qu'il la méritait.
On boit du champagne et on se quitte.
Ce soir, tir de barrage ; le 2e bataillon prend Éloup ; dans notre bois, nous écopons également, mais sans mal. Le lieutenant BERY de la 7e a été tué ce matin. On ne peut guère dormir car on reçoit des gaz.
(*) : Le lieutenant SOULISSE Jacques a été blessé le 6
juin. Il sera affecté au dépôt de l’intérieur à la date du 12/07/1918, à titre
définitif (JMO, p.44).
Le lieutenant SÉRÉGÉ Henri Alexandre a été blessé le 6
juin.
Le sergent BROSSET Jules a été blessé le 6 juin. Il
semble avoir survécu à ses blessures.
Le sergent RODART Dominique a été blessé le 6 juin. Il
semble avoir survécu à ses blessures.
Le sergent GEORGET Henri a été blessé le 6 juin. Il
semble avoir survécu à ses blessures.
Sergent LEROUX Auguste Jules, 24 ans, mort
pour la France le 6 juin 1918. Il était né à Montfaucon (Maine-et-Loire). Sa fiche.
Je couche dans le même trou que DESCARPENTRIES.
A l'aube nous sommes réveillés par un barrage serré et on voit que notre bois est repéré. Dans la matinée, on déguste aussi ; vers 11 heures, nous allons manger au bataillon ; chacun emporte ses affaires.
Il fait très chaud.
Je rentre vers deux heures ce qui procure encore l'occasion de déguster un peu. Nous devons être relevés ce soir aussi ROBET va reconnaître le bivouac, mais, sur le coup de 6 heures, contre ordre arrive, et nous restons là.
Toujours des obus. ROBET rentre vers les 9 heures, après un barrage soigné. Sans doute que les boches ont voulu sortir. Il fait froid et il commence à pleuvoir. Je me couche.
Il paraît que le 174 doit venir nous doubler. C'est vraiment dégoûtant de n'être pas relevés, c'est toujours comme cela.
Je me réveille souvent dans la nuit car je suis transi ; à part quelques obus il n'y a pas de barrage sérieux ce matin.
A 7 heures, je me lève et je sors pour me réchauffer un peu. Je vais voir RENAULT. Il fait un temps incertain, des averses.
Après déjeuner, on reçoit la visite de DELBREIL qui nous envoie des pionniers pour faire un P.C.
Je dors un peu et j'écris.
Il fait très froid.
Dans le P.C. Il fait un peu moins froid mais on n’est guère à son aise.
Ce matin, il y a un barrage qui nous fait lever mais, comme tout se calme bientôt, je me rendors jusqu'à huit heures.
Dans notre coin, toute la journée est calme ; je dors encore pendant l'après-midi.
Le 174 monte sur la droite.
RENAULT vient me réveiller, puis la matinée se passe à faire notre toilette. On reçoit l'ordre de relève pour ce soir. Dans l'après-midi DESCARPENTRIES s'en va ; vers 3 heures, les boches se mettent à sonner le bois. ROBET vient me rejoindre. Un des derniers obus blesse BALDY dans le dos. La blessure a l'air peu profonde. (*)
La fin de la journée paraît longue.
A la tombée de la nuit, l'artillerie passe une séance sérieuse au bois en croissant, la fumée en revient jusque vers nous.
(*) : BALDY Joseph Antoine semble avoir survécu à ses blessures.
Nous partons à 1 h 30, sans attendre le 1er bataillon qui nous relève ; il fait noir atrocement dans ce bois. A Villers-de-Vaste, on boit le jus et, par les Glandons et la ferme Heurtebise, on se dirige vers Chambardy où nous arrivons au jour. J'ai une petite chambre qui est plutôt moche.
Je dors toute la matinée et, cet après-midi, j'écris. On se refait. Je vais à Dhuisy avant le dîner.
M'étant installé un lit, je dors assez tard ; ROBET va à La Ferté-sous-Jouarre et je l'attends pour y partir également, mais, bernique, il ne revient qu'à 4 heures.
Je l'ai mauvaise car je suis obligé de rester là.
Je pars à 7 heures en bicyclette et je fais mes achats à La Ferté ; je me promène et je vais au bistrot avec CAILLAUX, puis je rentre en m'accrochant à un camion. ROBET monte une matinée récréative pour demain.
Le capitaine KÜNTZMANN est nommé commandant et il arrose ses galons après le dîner ; tard dans la nuit, cela ne va pas et je suis malade.
Je suis un peu fatigué, mais j'arrange mes affaires. Je vais à la messe qui est dite sur un autel improvisé, puis je vais déjeuner avec la 10e. J'assiste au début de la séance récréative mais comme je m'y rase je m'en vais.
La compagnie se rassemble à 8 heures. Nous recevons des renforts.
AUZANNEAU et BOURCIER reviennent au régiment et vont à la 7e. Nous partons par sections ; la nuit vient vers les Glandons.
La relève se passe bien et nous ne sommes pas sonnés jusqu'au bois Sandral.
Un agent de liaison de la 7e nous conduit ; nous longeons le bois en S et nous pénétrons dans le bois Sandral. Après avoir fait beaucoup de détours, l'agent de liaison s'aperçoit qu'il s'est perdu. Des mitrailleuses boches battent le bois ; nous nous couchons dans un chemin et nous attendons une bonne heure ; enfin, l'agent de liaison revient.
Il me conduit au sous-lieutenant GUÉRIN que je relève ; la section se case, les mitraillettes ne tirent heureusement pas pendant ce temps-là.
On veille jusqu'au matin.
Je vais visiter mes types en utilisant la lisière du bois car on reçoit des coups de fusil ; je me promène un peu vers ROBET. Je mange dans ma tranchée ; dans l'après-midi nous recevons quelques obus.
Nous devons faire une opération demain soir et je vais prendre les ordres.
Nous veillons encore toute la nuit ; ce matin, je dors, puis je vais un peu reconnaître mon terrain d'attaque, mais je n'y vois pas grand-chose.
Durant toute l'après-midi, il y a un sérieux remue-ménage dans le bois et il est étonnant que les boches ne s'en aperçoivent pas.
Vers 7 h 30, tout le monde est en place, on installe des batteries de V.B. et de F.M.
A 8 heures, la préparation commence à coups de mitrailleuses, stocks, etc...
A 8 h 45, nous partons et nous dévalons la pente très rapidement ; on trouve cinq Fritz qui font camarades et qui abandonnent leur mitraillette ; croyant la 1ère section plus avancée, je pousse en avant, mais ne voyant rien, je reviens à mon objectif.
Immédiatement tout le monde commence à creuser, je
me mets en liaison à droite et à gauche. RENAULT (Henri) est blessé au pied. (*)
La nuit est assez calme, il n'y a aucune réaction, on travaille dur.
(*) : Lieutenant RENAULT
Henri
Le jour venu, tout le monde se camoufle avec des fagots et on ne bouge pas de nos trous. Comme les trous sont très étroits, on est très mal à l'aise.
Il commence à pleuvoir et on en est réduits à mouiller ; la journée paraît longue.
A la nuit, il y a un tir de barrage. Il paraît que la 10e compagnie n'a pu atteindre son objectif aussi la ligne est-elle un peu avancée.
La 2e compagnie doit recommencer l'opération de la 10e mais il paraît qu'une section n'a pas voulu marcher aussi on reste au même point.
On fait une petite préparation à la mitrailleuse à 2 h ½, mais comme rien ne continue, la séance s'arrête. On a agrandi les trous pendant la nuit et on est un peu plus à l'aise, mais il pleut toujours, il fait très froid.
La journée se passe comme hier.
Le soir, le 170 qui a pris le bois en Croissant demande le barrage, les boches aussi, mais rien ne vient, ni d'un côté ni de l'autre ; c'est un véritable feu d'artifice !
Tout se calme.
Après une nuit où l'on mouille encore, il se passe une réaction sur la gauche ; on voit très bien une compagnie ennemie descendre vers le bois en croissant mais rien ne tire dessus.
Le réservoir de ma mitraillette commence à être plein à force de pisser dedans. Le capitaine MERCIER vient reconnaître ; la journée est assez calme. On prépare tout pour la relève ; je vois BOURCIER qui va voir son coin.
Vers 11 heures, AUZANNEAU vient pour me relever ; comme je dois rester jusqu'à demain matin, je lui explique tout alors que ma section s'en va. Je vais jusqu'à la route avec le capitaine MERCIER, je dis bonjour à GUÉRIN.
A la tombée de la nuit, voyant des boches descendre de la crête, je tire dessus avec ma mitraillette et je leur fait faire plat ventre pendant ¾ d'heure environ, jusqu'à la nuit. Je reviens avec AUZANNEAU.
Le ravin d'Éloup est très bombardé, mais à l'aube, tout se calme à moitié.
Je pars à 5 heures et je regagne la compagnie au bois en S ou bois Baron, après l'avoir cherchée un bon moment ; je me couche dans un petit trou assez confortable.
Puis, vers 10 heures, je vais voir DESCARPENTRIES qui se trouve à une baraque en paille.
On déjeune et on va faire un tour dans le ravin qui mène à Éloup ; mais tout est ramassé et il ne traîne plus rien. Il ne pleut plus et il fait même assez beau. Je rentre me coucher à la tombée de la nuit.
Il paraît que PAGNOUX est tué et que GUÉDON est blessé. (*)
(*) : Le sous-lieutenant PAGNOUX Marcel,
25 ans, mort pour la France le 21 juin 1918 à Bussiares (02). Il était né à
Moutiers (Savoie). Sa fiche.
Le sous-lieutenant GUÉDON
Léon Marie, 32 ans, sera tué le 27 septembre 1918 à
Somme-Py (51). Sa fiche.
Le commandant KÜNTZMANN passe ce matin ; il fait beau ; dans l'après-midi, je vais reconnaître les travaux qu'il y a à faire. A la fin du dîner, je vois BRILLAUD.
Puis je vais me coucher ; les boches tapent.
Au moment de m'endormir, j'entends DESCARPENTRIES qui s'apporte avec toute sa liaison car sa maison en paille se fait sérieusement sonner.
Je lui laisse mon P.C. Et vais me coucher dans un autre trou ; les types se casent comme ils peuvent.
Il fait assez frais.
La 10e compagnie vient travailler et je la place dans le bois. On installe une table près du P.C. AIRAULT (Victor) et VARICHER viennent déjeuner avec nous.
Dans l'après-midi, ROBET part en permission avec sa deuxième ficelle.
Je dors jusqu'à 4 h ½.
Après dîner, je vais jusqu'à la 3e section ; il pleut. Les boches envoient quelques obus dans notre ravin.
La 11e compagnie vient au travail et me réveille à 7 heures. Des avions boches se promènent en l'air et font des réglages ; comme les corvées sont probablement vues, il arrive des rafales de 88 un peu plus haut que nous, dans le bois.
Le début de l'après-midi est assez calme.
Je me couche un peu, mais je suis réveillé par DELBREIL, MERLIN et HAMELIN ; juste à ce moment-là, on reçoit des obus qui tombent assez loin.
Après le dîner, je vais avec DESCARPENTRIES à la 4e section et on cause un peu avec LEFÈVRE et DORÉ. Nous revenons et allons nous promener sur la crête en face de notre bois.
À ce moment-là, les boches envoient juste des 150 ; nous rentrons pendant un moment d'accalmie. Durant la nuit, il tombe encore des obus près de notre bois.
Il fait très beau temps ; les hommes travaillent un peu.
Avant le déjeuner, nous voulons aller au P.C. du 2e bataillon mais on rencontre AIRAULT (*) et nous rentrons ensemble.
Dans l'après-midi, nous retournons et nous les trouvons au bois triangulaire en train de jouer au bridge. On reste là jusque vers trois heures. Je rentre et l'état-major du 1er bataillon va reconnaître ; ils ont l'air de ne pas avoir grande envie d'attaquer.
La soirée est assez calme. Le 1er bataillon monte ; très mauvais moral parmi les hommes.
Je dors un petit peu et, à 11 heures, nous partons.
Vers minuit, nous sommes à Villers-le-Vaste.
(*) : Lieutenant AIRAULT Victor Gustave.
En arrivant à Chambardy, je me nettoie et j'écris.
Le jour vient.
Je prends une bicyclette et je vais jusqu'à May-en-Multien. La route est très mauvaise. Le patelin est bien changé : tout est plein de troupes ; naturellement, les maisons ont été pillées !
Je revois mes anciens propriétaires.
Puis, je reviens ; il fait très chaud et la bécane ne marche pas.
L'après-midi, je me repose car je suis fatigué. Je couche à la popote.
Ce matin, je me repose ; il y a nettoyage.
Cet après-midi, comme il fait beau, je vais jusqu'à la Ferté ; il fait très chaud sur la route.
Je passe par le T.R. (*) au Lunin et je descends à travers bois jusqu'à la ville. Je me promène un peu avec LÉGER qui s'en va à Paris. Je rentre pour dîner.
Ce matin, les boches envoient une dizaine d'obus sur le patelin ; il y a des travailleurs de tués.
(*) : T.R. : Train régimentaire.
Aujourd'hui, exercice ; il est malheureux de voir qu'en descendant des lignes, on soit embêtés de la sorte : c'est ce qui agit sur le moral et qui le rend si mauvais.
Cet après-midi, même chose par chaleur étouffante. Et puis, il paraît que l'on ne peut plus sortir du cantonnement. Ce n'est pas la peine de s'esquinter pour une bande de cochons qui nous empêchent d'avoir un peu d'agrément !
Le mieux, c'est de s'en aller sans rien ne dire à personne. Mais on peut toujours les laisser tomber, ces vaches-là ! J'en fais le moins possible.
Les autres jouent au bridge.
Il fait très beau temps. Le 3e bataillon du 170 descend au repos.
Je vais à la messe à 9 heures et je me fais payer ma solde.
L'après-midi, il fait très chaud et je dors un peu. Je me réveille vaseux. Avec LÉGER, je vais voir manœuvrer la saucisse.
La soirée est délicieuse.
Ce matin, je vais à Dhuisy.
Ensuite, j'écris un peu. DESCARPENTRIES rentre de la reconnaissance au bois triangulaire.
Nous déjeunons avec les sous-officiers.
Dans l'après-midi, je range mes affaires : BIRON, DELAUNAY et BERTHOLEAU, nommés sous-lieutenants arrivent. (*)
On dine à 5 h ½.
La compagnie part de Chambardy à 7 h ½.
La côte de la ferme Hurtebise est très dure à monter car le temps est très lourd. Nous passons par le bois de Vaurichard au lieu de Villers : On fait une pause.
Le génie, qui va travailler, nous dépasse.
J'arrive à mon emplacement vers 10 h ½. Je trouve PETITCYGNE qui me passe les consignes. Lorsque tout le monde est placé, je me couche : je suis trempé de sueur, aussi je ne tarde pas à avoir froid.
(*) : BIRON est affecté
à la 7e compagnie, DELAUNAY à la 11e et BERTHELEAU à la
2e.
J'ai très froid jusqu'au lever du jour et puis je suis empoisonné par les moustiques.
A 8 heures, je me lève et vais au P.C. Il se met à tomber des obus dans tout le bois : c'est un arrosage copieux, cela dure jusque vers dix heures. Je vais ensuite me promener jusqu'à la 3e section.
On se fait conduire une table.
Dans l'après-midi, je rentre à mon P.C. Il tombe encore quelques obus.
A la tombée de la nuit, j'installe mes poilus dans la tranchée située hors du bois. Sur la gauche, il y a barrage qui dure jusque vers 10 h ½.
En me réveillant, je trouve le colonel qui dit de tout faire ramasser.
Puis je vais au P.C. Plusieurs rafales de 88 arrivent dans le bois. LEFÈVRE (*) est blessé ainsi que trois poilus ; dans l'après-midi, COGNAC vient pour préparer un coup de main ; après une petite visite au bataillon, nous allons en ligne chez CULAN et nous revenons par chez DELMAS.
Il fait un temps assez chaud. La soirée est très calme.
(*) : LEFEBVRE Émile Jules, sergent.
Il circule des bruits d’offensive ; la nuit est assez calme.
Dans la matinée, toujours quelques obus.
A midi, la préparation du coup de main commence ; cela marche bien. Nous déjeunons pendant ce temps-là.
Au bout de vingt minutes arrivent les premiers
blessés. POUZET passe comme un fou car un de ses stocks a éclaté et a réduit en
bouillie trois malheureux types ; le petit JOUAN est blessé légèrement. Les
types de la 2e ramènent 6 prisonniers et une mitraillette ; ils ont l'air
d’avoir chaud. (*)
Il n'y a de réaction que vers deux heures ; les 105 tombent sur la gauche de DELMAS. Avec DESCARPENTRIES, nous allons à Vallent en compagnie de CULAN. On termine par un bridge.
Nous rentrons, tout est calme.
Pendant le diner, on annonce à DESCARPENTRIES qu'il part en permission aussi il s'en va en vitesse. Je me transporte au P.C.
A la tombée de la nuit, je vais voir les travailleurs et je pousse jusqu'au 174. Le commandant de compagnie est dans une maison pépère ; il m'offre le café.
Je rentre.
A 11 h, arrive un ordre d'alerte générale, on s'attend à une attaque. Je ne dors pas de la nuit.
(*) : Le coup de main a fait 4 tués et 8 blessés du côté
français.
Mon diner ne coule pas.
Vers 3 h 15 et pendant une heure, il tombe une quantité d'obus à gaz vers Éloup.
Même séance vers 5 heures. Je m’endors tout de même.
A 8 heures, l'agent de liaison du bataillon vient me réveiller. En qualité de commandant de la compagnie, je vais au bataillon où l'on s'explique sur un nouveau dispositif.
Puis je pars pour le bois de Veuilly avec le capitaine MERLIN.
Il fait très chaud. Nous déjeunons avec le 1er bataillon et nous causons des consignes.
Puis nous rentrons ; en passant dans le bois Baron, nous recevons des 77. J'arrive en nage.
Ensuite, je m'envoie une trentaine de signatures ! Je fais partir la compagnie à 5 heures. Tout se passe bien et nous arrivons sur le grand layon du bois de Veuilly sans incident ; je rencontre BIRON.
Je dîne avec la 1ère ; rien de très folichon ! Puis je regarde les types du 2e bataillon qui monte. Je me couche lorsqu'il fait nuit.
Toute la nuit, il tombe des obus.
Après avoir bien dormi que je prends possession du P.C. LAVAULT. Je fais ma toilette et je me rase. Je mange tout seul aussi je m'ennuie ; comme et il n'y a pas d'abris, je me fais construire une tonnelle.
A 9h, je vais à la Tuilerie pour reconnaître le travail ; le 3e génie nous emploie entre la route de Montigny et le Château ; les tâches sont lourdes et les hommes se fatiguent. Vers une heure, je les emmène.
Je me lève assez tard et je vais manger à la 10e car je m'ennuie tout seul ; l'après-midi j'essaye de dormir, mais je ne peux pas aussi je retourne à la 10e de bonne heure.
Je pars au travail un peu plus tôt et comme cela avance assez vite, je rentre avant la Compagnie.
Je me les lève encore tard ; il fait excessivement chaud ; nous devons travailler le jour, maintenant.
Cet après-midi, je lis "Diane de Turgy". Comme mon dîner n'est pas arrivé, j'envoie la compagnie devant et je la retrouve à 7 h aux emplacements habituels…
Pas de génie, j'envoie quelqu'un à la Tuilerie et on vient nous chercher pour nous conduire dans le bois de Vaurichard ; la compagnie travaille jusqu'à 9 h ½.
La nuit n'est pas très calme ; il tombe des obus un peu partout dans le bois.
Il y a du changement pour le travail ; je me fais construire un P.C.
Vers la route du Pont-à-Veuilly. Nous allons travailler ce soir de 6 h à 9 h 30 et je rentre coucher à mon nouvel emplacement ; j'y suis très bien et on n'y entend rien.
La compagnie va travailler à 6 heures et je vais la voir sur son chantier. C'est une tranchée creusée dans le bois de Vaurichard. ROBET rentre de permission et je lui passe la compagnie.
L'après-midi, nous nous promenons un peu dans le secteur. Au dîner, il y a quelques mots piquants échangés. Nous ne sommes pas relevés ce soir et j'emmène ROBET voir le travail.
Nous couchons ensemble dans le nouveau P.C.
Nous allons voir le travail et nous nous occupons des consignes.
Dans l'après-midi, AUZANNEAU vient reconnaitre ; il s'est fait bombarder pendant six jours et a le teint tout pâle. On l'installe et il vient manger avec nous.
Je me couche avant la relève et je ne dors guère.
Vers minuit ½, MERCIER s'amène.
1012 Samedi 13
Lorsque tout est expliqué, nous nous en allons.
Il a plu et les chemins sont très mauvais. L'allée du bois de Vaurichard parait longue.
Nous prenons ensuite la route des Glandons.
Nous arrivons à Chambardy à 4 heures ; chez nous, tout est enlevé aussi nous continuons à faire popote avec la 10e.
Je fais ma toilette et l'après-midi je m'installe.
POIRÉ est revenu au bataillon. (*)
(*) : Médecin-aide-Major du 3e bataillon
En rentrant de la messe, j'apprends une triste nouvelle : l'abbé RAMBAULT, du 1er bataillon a été tué cette nuit, parait-il ; c'est une grosse perte pour le régiment. (*)
Nous allons chercher des officiers américains qui viennent manger avec nous. La salle à manger a été remplie de feuillages par LEGER. On fait un excellent repas ; le petit américain est saoul.
Puis nous allons au concert où nous restons debout. Assez bon spectacle.
En sortant on boit encore du champagne. Il tombe des averses, aussi je ne vais pas voir les courses.
Après le diner, on fait un bridge jusqu'à minuit.
(*) : RAMBAULT Henri Célestin, soldat de 2e
classe, abbé, mort pour la France à Bussiares (02) le 14 juillet 1918. Il était
né à La Chapelle-Largeau (Deux-Sèvres), le 7 juin
1885.
Le repos continue ; je fais ma toilette ; il fait très chaud.
L'après-midi parait longue ; on reçoit le communiqué disant que l'offensive s'est déclenchée de Château-Thierry à la Main de Massiges ; nous n'avons presque pas reculé.
Ce soir, les poilus font du chahut et n'éteignent pas leurs lumières, bien qu’il y ait des avions en l'air.
Je me lève assez tard ; il parait que la gare de La Ferté a reçu une bombe en plein. Le communiqué n'est pas mauvais.
Dans l'après-midi, la compagnie va faire un petit tour ; on revient par Dhuisy où l'on passe dans la chambre à gaz. Toujours temps très chaud. Je me couche après avoir fait un petit tour ; les Américains partent en auto.
Tout à coup, j'entends des éclatements : c'est un avion qui vient de lâcher une demi-douzaine de bombes.
Rien dans le reste de la nuit.
Je me lève tôt et je vais à Dhuisy ; puis j'arrange mes affaires.
Avant le déjeuner, je fais un bridge ; après également.
ROBERT part reconnaitre et je reste à m'embêter pendant la fin de l'après-midi.
Nous partons à 7 heures et nous passons par le bois des Ablais. Le sergent DUPONT se trompe de route et nous fait faire du chemin en rabiot.
A la corne du bois de Vaurichard, DELBREIL m'annonce qu'il y a réunion des commandants de compagnies à la Tuilerie. J'y vais en l'absence de ROBERT.
Là, grand mystère, le colon nous montre un plan ordonnant une attaque pour demain. On fait laisser les sacs au pont et après un laïus insipide, on rejoint nos compagnies par un orage épouvantable.
Je vais avec RIVALIER jusqu'au bois triangulaire où je trouve ROBERT qui m'envoie à COGNAC.
La nuit est épouvantablement noire.
Après bien des tâtonnements, je trouve COGNAC qui ne sait pas trop de quoi il s'agit. Je lui explique, puis je vais retrouver ma section au bois B.
Ensuite, je la conduis à la halte, puis je vais voir DUGOURD. On place tout mais les poilus sont très fatigués. Les obus tombent dans le ravin : on met les masques plusieurs fois.
A 4 h 35, l'attaque de déclenche ; on traverse le pont tous en paquet, puis on se réunit pour monter la côte.
A peine parti, un obus tombe à côté de moi, mettant en bouillie mon voisin. Je suis blessé à la main, mais je continue. La droite avance beaucoup et ROBERT qui est à gauche, n'a pas avancé aussi vite.
Je suis obligé de partir avec CRESSAN, mon doigt me faisant trop mal.
Nous traversons le barrage dans le bois Saudral. Je vois le commandant, puis, au bois en S, PAVÉ m'envoie au médecin-chef.
La route est longue.
Au pont, je trouve d'abord des grosses pièces qui cassent les oreilles, ensuite MAHAUD qui m'évacue. Je monte en outre jusqu'à Cocherel à l'ambulance divisionnaire, puis on me conduit à Coulommiers.
A l'H.O.E., on me fait mettre à poil, puis on me conduit dans une salle où l'on me lave les pieds.
Ensuite, on me passe à la radio et le chirurgien dit qu'il ne peut pas m'opérer ici et qu'il va m'évacuer.
On me conduit alors dans un lit où je reste. Je suis à côté d'un type trépané.
Nota : C’est ce jour qu’il a dû croiser le brancardier
Auguste YVAIN qui écrit sur son
carnet publié aussi sur mon site :
« 18 juillet
: Nous prenons l'offensive sur un large front ici. Nous avançons de plus de 3
kms et prenons Hauterives et Bussiares. Nous avançons
notre poste et je vais en relai où était celui du bataillon de soutien. Il y a
une douzaine de blessés. »
A midi, je m'habille et à 2 heures, je pars par train sanitaire.
A Rosny-sous-Bois, on sort de la gare pour prendre l'apéro.
Je dors bien.
A 7 h on arrive à St Pierre des Corps. Je me fais descendre et suis conduit à Clocheville, où l'on me permet de loger chez moi. J'arrive à la maison à midi.
Je me promène un peu.
Opération.
A l'hôpital
A l'hôpital
Kermesse
Paris
En convalescence
En convalescence.
Après mûre réflexion, je ne pars de Tours qu'à 15 h 33. J'ai naturellement reçu des reproches pour n'avoir pas fait de visites ! A Paris, pas de soucis ; j'arrive à l'hôtel à 9 h 1/4.
Je pars à 8 h. Le train passe par Gretz et Sézanne.
A Châlons, je descends et je vais aux renseignements. Un secrétaire me dit d'aller à St Dizier, cela m'étonne, mais je prends tout de même le train.
A Vitry-le-François, je vais voir le commissaire de gare qui téléphone à St Dizier : on répond que je dois aller à Bussy-le-Château, j'ai donc été trompé par le type de Châlons.
Comment faire pour revenir, il n'y a pas de train. Il pleut. Heureusement qu'il passe un train militaire ; je monte dedans en compagnie d'un médecin auxiliaire des G.D.B.
Nous ratons le train de 4 heures à Châlons. Je casse la croûte et je pars à 6 heures.
Vers 8 heures, je descends à Bussy-le-Château ; mais le C.I.D. n'est pas là. Je dois revenir à pied au-delà de la Cheppe. Il fait nuit.
Après des tâtonnements, je trouve le 409. Il y a là un capitaine que je ne connais pas, le capitaine CARLO qui me reçoit d'une façon charmante. Tout le C.I.D. (*) est dans le camp de la Noblette. Je vais me coucher dans une baraque.
On entend fortement le canon.
(*) : CDI : Centre divisionnaire d’instruction
Je me lève à 8 heures et vais voir HADEN.
Je passe la journée à ranger mes affaires avec OLLIVIER que je prends comme ordonnance. Je retrouve GUÉDON. En regardant dans de vieilles décisions, je m'aperçois que je suis cité au C.A. J'aurais bien aimé connaître cela plus tôt.
On m'affecte comme instructeur au cours de mitrailleuses.
Il fait très mauvais, pluie et vent.
Je me lève de bonne heure et je prends le cheval pour aller à Suippes voir les camarades. Il pleut et l'aller est pénible. Je retrouve DESCARPENTRIES avec grand plaisir.
On m'invite à déjeuner ; le bataillon mange ensemble, il y a beaucoup de nouveaux qui fêtent leur croix de guerre aussi le repas est-il très animé. Ensuite on chante.
FRIDOLIN est de la fête et je vais le taper. Je reviens avec CULAN ; la pluie a cessé et le retour est assez agréable. Mais le soir il fait froid.
Ce matin, je me présente au cours de mitrailleurs, et l'après-midi, je fais de l'anglais.
Très mauvais temps, j'ai attrapé un bon rhume.
Je fais la grasse matinée mais cet après-midi, j'assiste à la théorie. C'est plutôt rasant.
VALLENT est rentré de convalescence.
Je vais à la théorie toute la journée. Temps toujours froid.
Rien à signaler.
Le temps à l'air de se remettre au beau : cet après-midi, je vais au tir avec des St Étienne. (*)
Tout va très bien.
(*) : Mitrailleuse Saint Étienne
Temps très chaud. Je fais de l'anglais pendant l'après-midi, mais je m'ennuie tout de même.
Je commence l'instruction d'une équipe d'artilleurs de tranchée.
Ils ne savent rien et je leur apprends la St Étienne. Temps très chaud.
Continuation de l'instruction ; au milieu de l'après-midi, je vais voir GUÉDON qui fait l’expérience de grenades fumigènes et incendiaires.
Il fait un vent qui a tendance à augmenter. DELMAS rentre.
Il pleur toute la matinée. Je passe l'après-midi au tir avec les artilleurs.
Je tire également au fusil-mitrailleur.
Averses intermittentes. Des escadrilles arrivent au camp d'aviation.
Je fais un bridge et j'écris.
Depuis cette nuit, il circule beaucoup de monde sur la route. De plus, on doit se tenir prêt à partir.
Je range mes affaires et je vais dans une petite bicoque près du major du camp. Mais comme personne ne vient, je rentre coucher à la baraque.
Pas d'ordres de départ. Les commandants de compagnie s'en vont. DELMAS retourne au régiment avec MOINET. Le soir, les artilleurs s'installent au bout de la baraque.
Une pièce à longue portée tire sur St Hilaire-au-Temple.
De plus en plus de mouvement ; on doit partir dans la nuit aussi je fais tout préparer. GUÉDON et VALLENT reçoivent l'ordre de rejoindre le régiment.
Je me couche de bonne heure pour dormir un peu. OLLIVIER (*) rentre saoul et ne fait rien de bon.
(*) : Son ordonnance.
On vient me réveiller à minuit ¼.
Le C.I.D. part à une heure ; nous passons par Cuperly, Dampierre-au-Temple.
Route infecte, boue très glissante. Nous redescendons vers la Marne que nous traversons et nous allons cantonner à St Gibrien.
On mange et je me couche.
L'après-midi, je dors encore. BIRON est rentré de convalescence.
Nous nous couchons encore de bonne heure.
Nous partons à 3 heures. Nous passons près de Châlons puis nous remontons la vallée de la Coole. Avant d'arriver, nous passons près d'un camp d'aviation.
A Coupetz, il y a des cuirassiers aussi devons-nous rester dans un champ toute l'après-midi.
A la tombée de la nuit on prend leur place, mais nous sommes obligés de coucher sur des paillasses dégoûtantes.
Pendant la matinée, je cherche une chambre ; je finis par en trouver une, mais elle est dégoûtante et on y sent l'odeur de fumier.
On trouve tout de même une popote où il y a un piano.
Continuation de l'installation. Il n'y a aucune ressource dans ce patelin ; je fais de l'anglais et le reste du temps, je joue au bridge.
Dans la matinée, DEREADT, du 174 vient me trouver pour me dire qu'il prend ma chambre. Je vais alors m'installer avec MARAIS.
Je me fais monter un lit avec deux paillasses et je prends des draps. On installe l'armurerie.
Il fait un temps pluvieux, peu favorable à l'offensive.
On joue au bridge et je fais du piano.
On ne sait quoi faire aussi on s'ennuie toute la soirée. Je vais faire un tour au camp d'aviation et en rentrant, je suis obligé de jouer du piano devant le patron de la popote.
On parle de reprendre l'exercice. Le colonel nous réunit et nous explique un tas de choses. Le capitaine GIRAUDON et de KÉRANION rentrent au C.I.D.
Il fait froid et mauvais temps.
Les cours recommencent aujourd'hui ; je vais aux mitrailleurs où je passe la journée. On apprend que la Bulgarie a signé la paix mais aussi la mort de pauvres camarades CULAN, LÉGER, DREUX, ANDRÉ, etc...
Temps très froid.
Ce matin, je me lève tard et je ne fais que jouer du piano.
Cet après-midi, DE KÉRANION part suivre un cours.
Le temps a l'air de se remettre au beau.
Cette nuit je ne dors pas et, au cours, je me sens mal à mon aise. Je vais à l'infirmerie. J'ai de la fièvre aussi je rentre me coucher.
Je ne mange pas et je reste sur mon lit toute la journée.
J'ai encore de la fièvre, mais je peux me lever et je me chauffe à la popote. Je mange un peu.
Cela à l'air de tourner en gros rhume.
C'est bien un rhume. J'ai le nez très pris et je mouche énormément.
Je suis mal à l'aise.
Je me sens mieux et je vais à la messe. Le curé fait un sermon infect, il aurait mieux fait de se taire.
CASSAGNE est rentré de l'intérieur.
Je suis toujours enrhumé.
Comme il fait très beau, je sors un peu, mais je ne me risque pas beaucoup.
Toujours très beau temps. Je vais jusqu'au camp d'aviation avec le toubib.
Je suis fermement décidé à ne pas travailler.
Rien à signaler de bien intéressant. Le temps me permet de sortir.
Je me mets pas mal de vaseline mentholée dans le nez.
On apprend que la division est relevée et qu'elle est à Somme-Vesle.
Je vais tout à fait mieux, mais je ne fiche rien.
BEHIER rentre de l'intérieur ; il a l'air toujours aussi rigolo.
Maintenant, dans notre installation, nous sommes pas mal, mais un peu trop.
Il arrive des artilleurs du 51e d'artillerie : ils prennent notre popote comme des dégoûtants.
On doit fournir un renfort et, une heure avant le départ, on m'annonce que j'en suis.
Je fais ma cantine en vitesse et je boucle tout. Le temps est à la pluie. Nous partons vers deux heures et passons par Vitry-la-Ville.
La nuit tombe et la marche devient très pénible.
Nous arrivons à 7 h à Marson. On a tout de même une popote et des chambres. Je suis très fatigué et je vais me coucher de bonne heure.
Nous partons à 7h½ et nous traversons un bois de sapins.
En arrivant à Somme-Vesle, le capitaine GIRAUDON m'annonce que je pars dans l'artillerie d'assaut. Je fais un bond de joie. Je déjeune avec le ravitaillement et je pars à 2 heures laissant tomber le régiment avec un bruit sec !
J'attends un peu à La Cheppe et j'emballe mes cantines. Je change à Saint-Hilaire-au-Temple et j'arrive à Châlons à la nuit.
Il me faut attendre deux heures dans la gare et je monte dans un train de messageries qui se dirige vers Paris.
C'est ma dernière journée de front.
Officier
mécanicien dans les chars après la guerre, « excellent » conférencier
sur le fonctionnement des unités techniques des chars de combats en 1938 (fiche
matriculaire).
Il finira sa carrière en 1954 avec le grade de
colonel.
René BRISSARD en 1950
Je
désire contacter le propriétaire du carnet de René BRISSARD
Vers un
autre témoignage du 409e : Celui d’Auguste YVAIN, brancardier au 409e
RI
Vers d’autres témoignages de guerre 14/18
Voir des photos sur mon site de groupe de soldats du 409e RI