Mise à jour : novembre
2019
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Début décembre 1914, la 5e division d’infanterie se positionnait limite Aisne et Marne, au nord de Reims.
La 5e DI faisait partie du 3e corps d’armée (CA) avec la 6e division d’infanterie (6e DI). Composition théorique du 3e CA : 5e et 6e DI plus les 239e et 274e régiments d’infanterie. La 5e DI comprenait la 9e brigade (39e et 74e régiments d’infanterie) et 10e brigade (36e et 129e RI) et une partie du 7e chasseurs à cheval.
À partir 10 décembre 1914, une nouvelle division est créée, la « division provisoire TASSIN ». Cette division est composée par la 185e brigade d’infanterie territoriale (75e et 78e RIT) et la 9e brigade d’infanterie (39e et 74e régiments d’infanterie). La 5e division a donc une nouvelle composition : 10e brigade d’infanterie, 148e régiment d’infanterie, 35e régiment d’infanterie territoriale, et 3 bataillons des 201e et 204e régiments d’infanterie. Elle porte aussi un nouveau nom : « division provisoire MANGIN ».
Les 239e RI et 274e régiments d’infanterie étaient dans le secteur (rattaché au 3e CA).
D’autres unités composaient le 3 CA, mais ils n’étaient pas en premières ligne : Les compagnies 3/3, 3/4, 3/16, 3/21 du 3e régiment du génie, 4 groupes d’artillerie du 11 RAC.
J’ai donc « fouillé » dans tous les JMO (Journaux de Marches et Opérations) de ces unités et les témoignages des soldats au travers de leurs carnets de guerre ; Voici ce que j’y ai déniché :
Dans les :
JMO de la division MANGIN (ex 5e division
d’infanterie) :
JMO de la 10e brigade d’infanterie (36e et 129e régiments d’infanterie)
JMO du 36e régiment d’infanterie
JMO du 129e régiment d’infanterie
JMO du 148e régiment d’infanterie
JMO du 35e régiment d’infanterie territoriale
JMO du 201e régiment d’infanterie
JMO du 204e régiment d’infanterie
JMO du 7e régiment des chasseurs à cheval
JMO de la 9e brigade d’infanterie (39e et 74e régiments d’infanterie)
JMO du 39e régiment d’infanterie
JMO du 74e régiment d’infanterie
JMO du 74e régiment d’infanterie
JMO des 239e et 274e régiments d’infanterie
JMO de la 185e brigade d’infanterie territoriale (75e et 78e RIT)
JMO du 75e régiment territorial
JMO du 78e régiment territorial
Du 9 décembre 1914
au 13 avril 1915, la 9e brigade d’infanterie est détachée à la division
d’infanterie TASSIN et la 5e DI porte pendant cette période le nom de division
provisoire MANGIN, qui a la composition suivante :
- 10e brigade
d’infanterie - 148e régiment d’infanterie - 35e régiment d’infanterie
territoriale - 3 bataillons des 201e et 204e régiments d’infanterie - Un
escadron divisionnaire du 7e chasseurs. (JMO)
25 décembre :
« (…) Une
patrouille (1 adjudant, 1 sergent, 1 caporal et 10 hommes) a été dirigée sur
Craonne dont elle s’est approchée à courte distance. Elle a perçu des chants
accompagnés de musique, provenant de la lisière est de Craonne (…) »
26 décembre :
« Nuit calme sur
tout le front (…) »
25 décembre
« Pendant la nuit
du 24 au 25, les territoriaux* ayant appris que pendant la nuit de Noël, les
Allemands déclencheraient probablement une attaque, se livrent vers 19h30, à
une tiraillerie incompréhensible et brûlent 10.500 cartouches dans l’espace de
20 minutes. L’énervement gagne le 129e (9e compagnie, capitaine LÖY) qui envoie
des renseignements alarmistes à son chef de bataillon (Commandant PAUSEL). Cet
officier supérieur demande un tir de barrage (…), 24 obus sont tirés (…)
Toute cette canonnade
et cette fusillade n’étaient motivées par rien. (...). »
*(2 compagnies du 1e bataillon du 35e régiment d’infanterie territoriale)
Les faits de fraternisations ne sont pas relatés dans le journal du 36e RI, mais au 31 décembre, on peut y lire :
31 décembre
« (…). D’après un
renseignement, les Anglais du 7e étrangers seraient
sortis de leurs tranchées en chantant leur hymne national. Les Allemands ont
ouvert le feu et répondu par l’hymne allemand. (…) »
Les faits de fraternisations ne sont pas relatés dans le journal du 129e RI.
Le régiment est placé dans le secteur de la ferme du Choléra, pont de la Miette. Les faits de fraternisations ne sont pas relatés dans le journal du 148e régiment d’infanterie.
Les faits de fraternisations ne sont pas relatés dans le journal du 35e RIT.
Le régiment se trouve secteur bois de la Mine, bois Franco-allemand, bois Clausade. Les faits de fraternisations ne sont pas relatés dans le journal du 201e régiment d’infanterie.
Les faits de fraternisations ne sont pas relatés dans le journal du 204e régiment d’infanterie.
100 hommes du 7e RCC (25 par escadron) occupent ce même secteur durant la période de Noël et nouvel an.
Rien n’est signalé dans son JMO.
Cette nouvelle division est composée par la 9e brigade d’infanterie (39e et 74e régiments d’infanterie) et la 185e brigade d’infanterie territoriale (75e et 78e RIT).
Les secteurs tenus au nord de Reims sont (JMO 5e DI) :
Sous-secteur de droite : 274e RI et 1 bataillon du 102e RI : des Cavaliers de Courcy, La Verrerie, la Cabane et le bastion du Cantonnier.
Sous-secteur du Centre : 74e RI et 2 bataillons du 102e RI : 2e RI : De la cabane du Cantonnier au bastion et bois du Chauffour.
Sous-secteur de gauche : 39e RI et 2 bataillon du 104e RI : Bois et ferme du Luxembourg et Villers-Franqueux.
Le Bastion du Cantonnier désigne l’ensemble des tranchées établies sur les pentes qui descendent à l’est de Saint-Thierry vers le moulin de Courcy.
Les Cavaliers de Courcy sont les hauts remblais qui bordent à l’est entre Courcy et La Neuvillette les rives du canal de l’Aisne. Ils sont formés avec les terres et marnes extraites du canal lorsqu’il a été creusé. Ils sont couverts par une plantation de sapins.
Le bastion des Carrières désigne l’ensemble des tranchées établies sur les dernières pentes de la croupe qui descend à l’est de Thil, vers Courcy.
Le bastion de Chauffour désigne l’ensemble des tranchées établies dans le bois et en avant du bois de ce nom sur la croupe qui descend vers la seconde écluse du canal de l’Asine à la Marne, en amont de Loivre. Il s’étend jusqu’à la limite ouest du sous-secteur du centre.
23 décembre 1914
« (...) secteur
(?) Chauffour : une reconnaissance composée de 13 hommes du 74e et de 9 hommes
du 78e territorial, commandée par un sous-lieutenant, parvient à proximité d’un
poste allemand, près d’une meule de paille en bordure de la route
Loivre-Villers-Franqueux.
Reçue par des coups de
fusils au moment où elle l’attaquait à la baïonnette, 8 hommes sur les 9
territoriaux se replièrent, abandonnant leurs camarades. Au même moment une
fusillade partait du bois Chauffour.
La reconnaissance se
replia sous le feu croisé des Allemands et des Français ; un homme disparut au
cours de ce repli et un sergent fut légèrement blessé d’une balle à l’épaule.
Le lieutenant-colonel
commandant le sous-secteur a infligé 15 jours de prison aux hommes du 78e
territorial qui ont lâché pied.
Cette punition sera
lue à trois rassemblements au 78e territorial. »
24 décembre :
« Sous-secteur du
Chauffour : (…) Une reconnaissance de nuit dit avoir entendu des chants
religieux à Loivres (…)
Sous-secteur du
Luxembourg : (…)
À 21 h, le 274e
(Verrerie) signale que les Allemands ont chanté des cantiques toute la journée,
fait un arbre de Noël sur les Cavaliers de Courcy et illumine le moulin de
Courcy. »
Carte du secteur de la 10e brigade
d’infanterie du mois d’octobre 1914
On peut y situer la verrerie et le
moulin et les cavaliers de Courcy. Attention : Les positions des unités
sont celles d’octobre.
25 décembre :
« Pas d’ordre
d’opérations. Événements principaux de la journée : »
Nuit du 24 au 25
« -calme- Pendant
la soirée démonstration allemande, chants et musique.
Une reconnaissance de
12 zouaves, commandée par un sergent, s’est approchée jusqu’à 600 mètres de nos
lignes sur
le chemin de Thil à Courcy. Elle s’est heurtée à une ligne de sentinelles
très renforcée, en arrière de laquelle se faisait entendre des cris et des
chants, durée 2h1/2 à 3 h. »
Journée du 25
« Vers 9 h00,
quelques groupes d’Allemands sont sortis sans armes de leurs tranchées, en
levant les bras et se sont avancés entre leurs lignes et celles du 74e et 274e,
dont plusieurs hommes
partent à leur rencontre et fraternisent quelques instant avec eux. Dès
qu’il fut averti de ces incidents regrettables, le commandant du sous-secteur,
donna l’ordre de faire rentrer les hommes et d’ouvrir le feu sur les Allemands.
Des feux de salves furent exécutés par la 7e compagnie du 75e territorial, et
les hommes rentrent dans leurs tranchées
Sur l’ordre du général
commandant de la division, une enquête fût ouverte qui établira les
responsabilités et donnera des renseignements détaillés sur cet incident. (…)
Le résultat de cette
enquête n’est pas encore parvenu à la division (23 heures). (…)
Vers 21h, le secteur
du Chauffour a signalé qu’on percevait un bruit de défilé au pas de parade et
de défilé dans le village de Loivre. Le feu de l’artillerie lourde a été activé
sur cet objectif immédiatement. »
Journée du 26 décembre 1914
Curieusement, la journée du 26 décembre n’existe pas sur le JMO. L’espace est resté blanc !
Carte du secteur des fraternisations des
74e et 274e régiments d’infanterie.
Les faits ne sont pas relatés dans le journal du 39e RI. Certaines compagnies sont pourtant en première lignes face à Loivre.
Heureusement, un soldat René MORIN, agent de liaison du 39e régiment d’infanterie, a écrit sur son carnet de guerre (publié sur mon site ici) :
« Décembre »
« Arrivée de
PAPOIN en décembre.
La Noël faite dans le
Redan. LUDGER chante sur la tranchée le « Minuit Chrétien ». Noce. »
Note : L’adjudant LUDGER Fernand a été nommé sous-lieutenant le 20 septembre 1914. Il sera blessé, puis fait prisonnier le 16 février 1915. Il survivra à la guerre.
Et René MORIN a pris près de 150 photos de la guerre dont celle-ci :
Scène de fraternisation de noël -
Les Allemands sortent des tranchées du Redan.
Cliché très certainement pris le 25 décembre 1914 (collection MORIN)
René MORIN parle du « Redan »
Position du
Redan
Carte actuelle
et position de la fraternisation sur la commune de Loivre
Soldats du 74e régiment
d’infanterie. L’un d’eux a-t-il été témoin des fraternisations de noël
1914 ?
Le 74e régiment d’infanterie avait des compagnies face au bois de Chauffour et au sous-secteur dit « du Cantonnier. »
24 décembre :
« Nuit calme sur
tout le front du secteur du centre. (…) »
25 décembre :
« (…). La nuit a
été calme sur tout le front du secteur. (…) Pendant toute la soirée, les
Allemands ont chantés et joués de la musique dans les tranchées que nous font
face. (…). »
« Dans la
matinée, un certain nombre
d’Allemands sont sortis de leurs tranchées sans armes et en levant les bras
; Quelques-uns d’entre eux portaient
des petits sapins comme arbre de Noël, quelques-uns de nos hommes voyant
cela, sont également sortis de leurs tranchées. Dès que ces faits regrettables
ont été rapportés au colonel, il a donné ordre de faire rentrer ces hommes et
d’ouvrir immédiatement le feu sur les Allemands. (…)
26 décembre :
« Nuit calme sur
tout le front du secteur du centre. Dans la soirée du 25, les Allemands ont
chanté et joué de la musique dans les tranchées qui nous font face. »
Ce régiment n’est pas endivisionné à cette date. Depuis le début de la guerre il est rattaché au 3e corps d’armée.
Les faits ne sont pas relatés dans le journal du 239e RI.
Soldats du 274e régiment
d’infanterie en février 1915. L’un d’eux a-t-il été témoin des fraternisations
de noël 1914 ?
Ce régiment n’est pas endivisionné à cette date. Depuis le début de la guerre il est rattaché au 3e corps d’armée et à la disposition de la 5e DI.
Des éléments du 274e régiment d’infanterie étaient en tranchées aux Cavaliers de Courcy, Moulin de Courcy toute la fin de l’année 1914.
Les faits ne sont pas relatés dans le journal du 274e RI, pourtant le JMO de la 185e BIT citent nommément les 74e et 274e RI :
Journée du 25 décembre
« Vers 9 h00, quelques groupes d’Allemands sont sortis sans armes de leurs tranchées, en levant les bras et se sont avancés entre leurs lignes et celles du 74e et 274e, dont plusieurs hommes partent à leur rencontre et fraternisent quelques instant avec eux(…) »
La 185e brigade d’infanterie territoriale fait partie de la toute nouvelle « division TASSIN ».
Division temporaire créée le 12 décembre 1914, commandée par le général TASSIN et comprenant cette 185e BIT et la 9e brigade d’infanterie.
Le 23 décembre au matin la répartition de la brigade est la suivante (JMO) :
2 compagnies du 75e RIT en 1ère ligne au bastion du Cantonnier (avec 2 compagnies du 74e régiment d’infanterie).
2 compagnies du 75e RIT en 2ème ligne aux tranchées devant St Thierry.
2 compagnies du 75e RIT à Chenay (repos).
4 compagnies du 78e RIT dans les tranchées.
1 compagnie du 78e RIT à Pouillon.
1 compagnie du 78e RIT à St Thierry.
1 compagnie du 78e RIT au fort de St Thierry.
1 compagnie du 78e RIT à la redoute de Chenay.
25 décembre
« (…). Vers 8
heures et demi, des Allemands se sont avancés hors de leurs tranchées, sans
armes, ni équipement, pour fraterniser avec les Français, quelques groupes du
74e et 274e se rendirent devant eux.
Dès que le commandant
du sous-secteur du centre eut connaissance de cet incident, il ordonna la
rentrée immédiate des hommes et l’ouverture du feu sur les Allemands ; les
feux de salves furent exécutés par la 7e compagnie du 75e territorial. Aucun
territorial n’est sorti des tranchées. Tout le monde était rentré à 10 heures.
(…) »
JMO du 25 décembre 1914 de la 185e brigade d’infanterie territoriale – Fraternisation noël 1914.
Le 23 décembre au matin la répartition du régiment est la suivante :
2 compagnies (6e et 7e) en 1ère ligne au bastion du Cantonnier (avec 2 compagnies du 74e régiment d’infanterie). Ceci pour 4 jours. (JMO 75e RIT) - 2 compagnies (5e et 8e) en 2ème ligne aux tranchées au nord-est St Thierry - 2 compagnies (1e et 3e) à Chenay - 2 compagnies (2e et 4e) en tranchées à Villers-Franqueux (JMO 26/12). - Les autres compagnies sont au repos ou affectées à l’entretien des routes à l’arrière.
C’est donc les 6e et 7e compagnies qui seront donc en première ligne la nuit de Noël. Le commandant du 75e RIT est le lieutenant-colonel DE CORAL.
25 décembre :
« Réception et distribution,
aux 1e et 2e bataillons de braseros, sacs de couchage, peaux de moutons, gants,
cache-nez, molletières, pipes etc…(…)
Vers 8h30, on a pu
remarquer, en avant de nos tranchées de 1ère ligne, des groupes d’hommes tant Allemands que Français fraternisent ensemble.
Sur l’ordre du
lieutenant-colonel commandant le sous-secteur, le capitaine BAROCHE commandant
la 7e compagnie du 75e fit exécuter des feux de salves en l’air comme
avertissement.
Les hommes rentrèrent
alors dans leurs tranchées respectives. Aucun homme du 75e RIT ne faisait
partie de ces groupes. »
JMO 25 décembre 1914 du 75e régiment d’infanterie territoriale – Fraternisation noël 1914.
26 décembre :
« Division
provisoire ; état-major
Ordre N°2
Aujourd’hui 25
( ?) décembre des Allemands sont sortis de leurs tranchées en grand
nombre, sans armes, les mains levées, invitant nos soldats à en faire autant et à venir fraterniser avec eux
à l’occasion de noël.
Il s’est trouvé des
hommes, dans nos rangs, pour méconnaître leur devoir au point de répondre à cet
appel, quitter leurs tranchées pour causer avec l’ennemi et en accepter des
cigares ou des journaux.
Un pareil fait est un
manquement des plus graves à la discipline et à la dignité. Il constitue une
désobéissance à des ordres formels. Les Allemands doivent être reçus que comme
le mérite un ennemi déloyal, capable de toutes les infamies, c’est à dire à
coups de fusil ou à la baïonnette.
L’autorité des chefs,
à défaut du bon sens des hommes, aurait dû suffire à prévenir une telle faute.
Cette autorité s’exerce avec une énergie qui n’hésite pas, au besoin, à forcer
l’obéissance. Si jamais semblable fait se reproduit, l’ordre du général
commandant la division provisoire est de tirer sur les Allemands, même si des
Français se trouvent au milieu d’eux.
Le 25 décembre 1914
Le général commandant
la division provisoire.
Signé TASSIN
(…) »
JMO 26 décembre 1914 du 75e régiment d’infanterie territoriale
27 décembre :
« Des consignes
générales et spéciales ont été données aux diverses sentinelles. (…) »
Le 23 décembre au matin la répartition du régiment est la suivante :
4 compagnies dans les tranchées - 1 compagnie à Pouillon - 1 compagnie à St Thierry - 1 compagnie au fort de St Thierry - 1 compagnie à la redoute de Chenay.
Les faits ne sont pas relatés dans le journal du 78e RI
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