Mise à jour : novembre
2019
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En décembre 1914, la 70e division d’infanterie (70e DI) se positionnait dans l’Artois, au nord d’Arras, secteur Carency, Ablain-St-Nazaire bois de Berthonval, moulin Topart.
La 70e DI faisait partie du 33e corps d’armée en décembre 1914
La 70e DI comprenait les 139e brigade (226e et 269e régiments d’infanterie, 42e et 44e chasseurs) et 140e brigade (237e, 279e et 360e régiments d’infanterie) et deux escadrons du 23e dragons. Des mitrailleurs du 5e régiment de Cuirassiers étaient aussi momentanément rattachés au 269e régiment d’infanterie à cette période.
Les 100e et 102e régiments d’infanterie territoriale (186e brigade territoriale) sont aussi dans le secteur.
J’ai donc « fouillé » dans tous les JMO (Journaux de Marches et Opérations) de ces unités et les témoignages des soldats au travers de leurs carnets de guerre ; Voici ce que j’y ai déniché :
Dans les :
JMO de la 70e division d’infanterie
JMO de la 139e brigade d’infanterie
JMO du 226e régiment d’infanterie
JMO du 269e régiment d’infanterie
JMO du 42e bataillon de Chasseurs
JMO du 44e bataillon de Chasseurs
JMO de la 140e brigade d’infanterie
JMO du 237e régiment d’infanterie
JMO du 279e régiment d’infanterie
JMO du 360e régiment d’infanterie
186e brigade d’infanterie territoriale (100e et 102e RIT)
Les faits ne sont pas relatés dans le journal du 33e CA.
Les faits ne sont pas relatés dans le journal de la 70e DI. Mais :
24 et 25
décembre :
« La mauvais
temps continue, le brouillard persiste : le sol est complètement détrempé.
Les tranchées et boyaux sont encombres d’eau et de boue. La marche devient très
difficile, même en dehors des boyaux, quand le brouillard permet de marcher à
découvert »
Poilus pataugeant dans la boue, sous la pluie et dans le brouillard, cette météo ne favorise-t-il pas des fraternisations ?
Carte
de situation de la 70e division d’infanterie au 15 décembre (JMO 44e BCP)
Un brouillard intense est signalé pour les journées des 22 et 23 décembre.
25 décembre :
« Aucune activité
de la part de l’ennemi. Pendant la nuit et au cours de la journée du 25, des communications sévèrement
réprimés par le commandement, s’établissent entre Français et Bavarois,
de tranchées à tranchées (conversation, envoi par l’ennemi de billets flatteurs,
de cigarettes….Visites mêmes de quelques soldats aux tranchées
allemandes. »
Les 4 petits points après « cigarettes » veulent-ils dirent plus de choses ?
Le 25 décembre, seules les 18e, 19e, 21e et 23e compagnies sont aux tranchées. Les faits ne sont pas relatés dans le journal du 226e régiment d’infanterie.
Pour info : Trois compagnies (17e, 20e et 24e) du 226e régiment d’infanterie appuie une attaque à sa droite du 27e Chasseurs (77e DI qui attaque) des lignes allemandes le 27 décembre : 162 hommes du 226e RI seront tués, blesses ou disparus…(350 du 27e BCP)
Le régiment se trouve juste devant Carency. Les faits ne sont pas relatés dans le journal du 269e régiment d’infanterie. Pourtant……….
Soldats du 269e régiment
d’infanterie en 1914. L’un d’eux a-t-il été témoin des fraternisations de
décembre 1914 devant Carency ?
Le 13 décembre, la 1ère brigade de cuirassiers (5e et 8e régiment cuirassiers) reçoit l’ordre d’envoyer sa section de mitrailleuses à la disposition du 33e corps d’armée, à Aubigny. (JMO1eBC)
Wouithryde Henri VIDEAU, du 5e cuirassiers, raconte sur son carnet de guerre :
15 décembre :
« Arrivé à Aubigny à l’état-major. »
17 décembre :
« Dans les
tranchées, à
Pour y arriver il faut
passer par des boyaux dans la terre, et les balles y sifflent jour et nuit et
les fusées éclairantes toutes les 2 ou 3 minutes qui éclairaient comme en plein
jour.
Enfin l’on
s’installent et à ciel découvert l’on nous fait défendre une route à un
embranchement en haut et à droite de Carency mais l’on nous dis que les Boches
sont à 40 et
18 décembre :
« (…). A l’aube
nous apercevons les morts du combat 7 et 8 septembre ils sont là depuis 2 mois
et pas moyen de les enterrer ou d’aller chercher leurs plaques d’identité.
Il y a des nôtres et
des leurs.
Nous travaillons toute
la journée à creuser dans le milieu d’une route pavée, dans la boue et la
flotte jusqu’aux genoux, et même en des endroits, il nous faut évacuer, rapport
que l’eau augmente toujours avec des seaux et boites tout ce que l’on a sous la
main, nous enlevons eau et boue, sous les balles et obus personne ne murmure.
Nous sommes affectés au 269e de
ligne. (…) »
19 décembre :
« Même travail et
les balles et canonnade semblent plus terribles. (…) »
20 décembre :
« Le 20 au matin
l’on reçoit l’ordre d’attaquer à 2 h de l’après-midi, par un bataillon du 226e
et un du 269e.
Nous, nous devons les
protéger, et surveiller la route par où les Boches doivent passer.
A midi,
Pendant deux heures de
temps plus de 120 pièces de canons tirent sans interruption, plus de 20000 obus
sont tirés sur les tranchées boches et sur Carency, tout est bouleversé.
On voit par les
créneaux sauter des bras, des corps, des jambes en l’air, c’est affreux ils
viennent tomber dans nos tranchées, puis tout à coup le canon fait silence le
clairon sonne la charge et nos fantassins d’un seul bond, sont dans la 1ère
ligne boche.
Ils se battent à coups
de baïonnette et de grenades, l’autre bataillon s’élancent sur la 2ème ligne et
arrivent même jusqu’au cimetière, mais malheureusement, le fil téléphonique qui
servait de commandement à l’artillerie, et qui était installé dans notre
première ligne est coupé, et notre 75 tire toujours mais trop court et tue de
nos hommes.
Nous restons maître
des 2 lignes de tranchées.
Les Boches étaient
délogés, veulent passer par le talus devant nous, mais nous veillons, et la
mitrailleuse (Charlotte) les fauchent sans pardon.
Puis tout se retombe
dans le silence à part les cris des blessés et mourants qui sont toujours sur
le terrain entre les 2 lignes.
Nuit passée, vive
fusillade. »
21 décembre :
« Échange sur le
terrain de blessés. Journée tranquille, nous mangeons quelques biscuits et
singe, car pas de cuisine. »
22 décembre :
« Les Boches ne
tirent plus, que quelques coups de fusils. »
23 décembre :
« Journée qui
ressemble à la précédente. »
24 décembre :
« L’on apprend
que c’est les Bavarois qui sont devant nous et que les Prussiens sont sur notre
gauche en face les chasseurs à pied, sur la côte (125) et qui nous prennent
d’enfilade. »
25 décembre :
« Jour de Noël,
les Boches et les nôtres vont boire le café ensemble, et vont dans les
tranchées de chacun, sans armes, s’échangent des journaux, des cigares,
cigarettes, tout le monde
fraternisent et nous disent de se méfier des Prussiens sur notre gauche
et disent que si, ils se rendaient, que leurs camarades seraient
fusillés. »
Une phrase du 25 décembre presque laconique qui évoque la fraternisation dans son carnet de guerre. Il le portait sur lui, avait-il peur que quelqu’un d’autre le lit ?
Heureusement dans son courrier daté du 24 décembre à sa mère il dit :
Chers Parents,
« Nous sommes
encore de retour des tranchées, nous allons faire réveillon au cantonnement, ce
qui sera plus chouette.
Pour notre Noël, nous
avons reçu chacun un paquet. Dans chaque paquet, il y avait : une
savonnette, une orange, du fil, aiguille, une petite fiole de cognac, 2 bâtons
de chocolat, un petit peigne, une brosse à moustache, où une glace, (et comme
surprise, des calepins, des couteaux, une pipe, etc.) et 10 cigarettes chacun.
C’était envoyé par les
écoles de Tours, avec un petit mot dedans, de joyeux noël et bonne année, et
quelques mots d’encouragement.
C’était très bien, et
ça fait plaisir à tout le monde
J’ai reçu aussi le
petit paquet, contenant cache-nez, et chaussettes, la lettre aussi me
l’annonçant, et je m’empresse de vous répondre de suite. Quant au briquet,
c’est ça qui est utile
Peut-être que mon
oncle Ernest m’en enverra un.
J’ai reçu une lettre
de lui qui m’annonce aussi qu’Angeline et Henry sont avec lui. Et que Florence
a laissé son mari.
Pour le vin, l’on en
touche tous les jours, de l’eau-de-vie, du chocolat, du fromage. Ce qui
fait toujours défaut, c’est le tabac.
Car pour se chauffer dans la tranchée l’on fume une cigarette, et les
allumettes pas.
Enfin, bref. »
« Hier, dans la
tranchée, il s’est passé quelque chose qu’il faut vous dire.
En face de nous, à 30
mètres, il y avait des Bavarois, à notre gauche les Prussiens, et à droite les
Saxons.
Les Bavarois sont très chics, car
ils ont venu nous voir dans la tranchée ; ils nous ont dit :
« Vous Françouss, tirez pas, nous non plus »
Pendant 2 jours et 2
nuits, pas un coup de fusil.
Puis moi avec le
Lieutenant, nous avons été cherchés un journal Bavarois ; ils nous ont
offert des cigares, des cigarettes ; le Lieutenant leur a donné un paquet
de Maryland et moi 2 bâtons de chocolat que j’avais touché la veille ; il
a fallu leur serrer la main à tout prix, puis on a retourné dans notre local.
Le lendemain matin,
des fantassins des avant-postes ont pris le café ensemble avec l’avant-poste
Boche. Et ils disaient : « Se méfier, Prussiens dans le bois à
gauche, tiré dessus avec mitrailleuses » Je crois qu’ils vont faire
réveillon ensemble.
Ça, j’en suis sûr, car
je l’ai vu de mes propres yeux ; mais ça n’a pas été partout pareil et pas
toujours. » (…)
Extrait de la
lettre : fraternisations période noël 1914
Cavaliers du 5e cuirassiers à Tours (28/12/1913) - L’un d’eux a-t-il
été témoin des fraternisations de décembre 1914 devant Carency ?
On peut donc
voir ici, l’emplacement exact de cette fraternisation à Carency
Les faits ne sont pas relatés dans le journal du 42e BCP. Le 42e BCP est à l’arrière en réserve de la 70e division.
Les compagnies du 44e Chasseurs étaient en premières lignes devant Carency, entre Carency et le moulin Topart. Elles étaient relevées périodiquement en décembre par celles du 23e BCP (JMO 23/12), donc elles ont forcément assistées ou participées aux fraternisations indiquées sur le JMO de la 189e brigade. Le 23e BCP est au repos à Magnicourt à partir du 23 décembre pour plusieurs jours.
Le JMO du 44e BCP indique seulement :
24, 25
décembre :
« Reprise du
service ordinaire aux tranchées – Relève (entre les compagnies) toutes les 24 heures »
26 décembre :
« Les
compagnies ont mis à profit les journées et les nuits, fêtés par les Allemands,
pour pousser activement les travaux. »
En vue d’une attaque générale sur Carency (qui n’aura pas lieu) avant noël, 2 bataillons du 143e régiment d’infanterie territoriale sont rattachés à la 140e BI. (JMO 16/12)
Ils contribuent à l’assèchement des boyaux de communication du moulin Topart. La section de mitrailleuses remplace en premières lignes, le jour de noël, une section du 44e Chasseurs. Mais rien n’est indiqué sur le JMO au sujet des fraternisations.
25 décembre, le
journal indique qu’un brouillard intense est présent toute la journée, mais
rien sur les fraternisations.
Le 2 janvier, des déserteurs Allemands nous révèlent la composition des unités devant les français, unités qui ont, elles aussi, participées aux fraternisations
Les faits ne sont pas relatés dans le journal du 237e régiment d’infanterie.
Le JMO est manquant avant 1918.
Les faits ne sont pas relatés dans le journal du 360e régiment d’infanterie, pourtant en première ligne les 24 et 25 décembre 1914.
Soldats du 360e régiment
d’infanterie en 1913, pendant une période de rappel. L’un d’eux a-t-il été
témoin des fraternisations de décembre 1914 devant Carency ?
Jean Henry TEYNAT, le médaillé
est mort pour la France à Ablain-Saint-Nazaire (62) le 9 mai 1915.
Les faits ne sont pas relatés dans le journal du 23e régiment de Dragons.
Les faits ne sont pas relatés.
Le JMO n’existe pas.
Le JMO n’existe pas.
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