André DURAND est menuisier dans le civil, il est né à Bar-sur-Aube (Aube) en mars 1891 ; donc 23 ans en 1914.
André est musicien et toute la musique d’un régiment (au début de la guerre) fait partie de la CHR (compagnie hors rang), elle-même partie de l’état-major du régiment.
Étant musicien, il ne fait pas parti de la partie « combattante » du régiment. Ses séjours en tranchées ne seront pas systématiques. Sa fiche matriculaire indiquera aussi qu’il est (en 1918) brancardier-auxiliaire.
Il a aussi écrit son carnet de guerre (à lire ici).
Merci à Yann pour ce
carnet.
Merci à Philippe pour la
recopie des pages du carnet et toutes les recherches effectués pour mieux
suivre et comprendre ce parcours.
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Quand le jour fait place à la nuit
Sur le boulevard tout s’éclaire
A mesure que s’éteind le bruit
On allume les réverbères.
Il est toujours intéressant
De noter d’une façon précise
La physionomie des passants.
A cette lumière indécise
Catins, Barbeaux
Trottins vieux beaux
Apaches, agents, hommes d’affaire
Banquiers véreux riches ou vieux
Passent sous les mêmes réverbères.
Mais le cafard au tein blafard
Coudoie l’homme franc sans manière
Honnêtes voleurs
Ont même valeur
A la lueur des réverbères.
2
Le p’tit trottin d’un pas pressé
Rentre au logis mais derrière elle.
Un vieux monsieur très empressé
Envois des mots fadas à la belle.
Elle marche plus vite mais tout à coup
A ses yeux brille étranges choses
Une vitrine ça lui donne un coup
Des bijoux elle devient toute rose
Alors le vieux
Très malicieux
Lui dit si tout ça peut vous plaire
V’nez avec moi ma belle enfant.
Loin d’la lueur des réverbères
Hôtel garni
Vertu finie
C’est une catin de plus sur terre
Qu’une maman cherche en pleurant
A la lueur des réverbères
3e Ct
Vingt ans après sur le trottoir
Vieille avant l’âge elle cherche fortune
Car il faut manger et chaque soir
Monsieur Alphonse attend sa tune
Ce soir c’est triste il fait sale temps
L’amour est triste quand il se mouille
Alphonse ne sera pas content
Car il aime bien qu’on se débrouille
Mais dans la nuit
Marchant sans bruit
Elle l’aperçois que va-t-il faire
Lui subitement l’amène vivement
Près d’la lumière d’un réverbère
T’as du pognon
Mon bon mignon
J’en ai plein l’dos de ces manières
Et son couteau
Lui crève la peau
Loin d’la lueur d’un réverbère
4e Ct
Le lendemain sur le trottoir
Un groupe d’ouvriers qui s’ramassent
En voyant la pauvre catin
Se disent une de moins puis ils passent
Et le bec de gaz clignotant
Semble veille la pauvre fille
Qui vendit son corps à vingt ans
Pour un bijou de pacotille.
Vous tous Messieurs
Jeunes ou vieux
Qui cherchés pour vous satisfaire
Les p ‘tits trottins au minois fins
A la lueur des réverbères
Songez aux pleurs
A la douleur
Qui doit crever le cœur des mères
Quand leur enfant git dans le sang
A la lueur des réverbères
Fin
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Connaissez-vous quelque chose sur terre
De plus varié que ceci le mouchoir
En parcourir la série toute entière
C’est un poème et vous allez le voir.
D’abord l’mouchoir que les marquis de France
Devant Louis Quinzième du nom
Du bout des doigts balancent en cadence
Dans la gavotte au bal du trianon.
Il y a aussi le mouchoir de dentelle
Les fin tissus tout brodés parfumé
Que laisse choir une main nonchalante
Car il contient un billet pour l’aimé.
Puis le mouchoir que jette de son trône
Le fier sultan aux sultanes d’un soir
Devant le grand Eunuque qui rit jaune
N’pouvant plus faire de nœud à son mouchoir.
Refrain
Car tous ces mouchoirs
Mouchoirs de dentelle
Sont plus claquants que de longs discours
Et nous écoutant leurs chansons si belles.
Chansons d’autrefois où chanson d’amour.
2e Ct
Il y a l’mouchoir à carreaux du grand père
Si familier des prises de tabac
Il essuyra les lunettes les verres
Avant d’ouvrir la lettre du p’tit gars.
Le p’tit gas lui qui fait son tour de France
Dans un mouchoir à mis son baluchon
Et sur son dos en chantant le balance
Sur son épaule au bout d’un long bâton.
Il y a aussi le mouchoir de l’apache
Mouchoirs cravate rouge couleur de sang
Parfois d’son coup M’sieur Julot le détache
Pour le serrer sur le coup d’un passant.
Mais plus souvent l’dimanche les militaires
De leur mouchoir tirent vingt sous pour voir
Dans les gourbis de joyeuses moukères
Faire devant eux la danse des mouchoirs.
Refrain
Mais tous ces mouchoirs, quel linge inutile
Pour le vagabon qui va sur le ch’min
Le sien d’un tissus simple mais peu fragile
S’compose simplement des deux doigts d’la main.
3e Ct
Au doux pays de Provence les belles filles
Qui chantent Digué, Ligué, Vengué, mon bon
D’une main preste et coquette entortille
Un long mouchoir autour de leur chignon.
Quand un bateau part des rives Bretonnes
Plus d’un mouchoir fait le geste d’adieu
Et quand revient le vent glacé d’automne
Plus d’un mouchoirs cachent alors de beaux yeux.
Mais bien souvent dans l’Afrique si dure
Un p’tit soldat tombe une balle au front
C’est un mouchoir qui couvre sa blessure
Par où le sang et l’ame s’en iront.
Mais sa maman qui l’attend plein d’alarme
Reçoit un jour n’en pouvant croire ses yeux
Dans un mouchoir qu’elle arrose de larmes
Quelques objets souvenirs de son fieu.
Refrain
Car tous les mouchoirs lorsque l’âme est triste
Saignant sous le coup de noire douleurs
Qu’il soit d’hymble toile ou de fine baptiste
Tous les mouchoirs doivent essuyer nos pleurs.
Fin
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1er Ct
La bas la bas dans la vallée
C’est le moulin de Maître Jean
Caché sous la verte feuillée
Que dans le soleil bienfaisant
La meunière en est si jolie
Qu’elle fait le bonheur du meunier
Et tous deux la tâche finie
Sur la passerelle s’en vont rêvés.
Refrain
Ecoutez le tic-tac du moulin
Chanter toujours son gai refrain
Chanson charmante
Qui y les enchante.
Mais l’eau qui coule lentement
Est bleu comme le firmament
Tourne, tourne pour les amoureux
Moulin joyeux.
2e Ct
Avec le châtelain du village
Maître Jean du partir un jour
Pour chasser dans le voisinage
Se disant je serai bientot de retour.
Aussi revint-il à la brume
Mais soudain spectacle effrayant
Il aperçut au clair de lune
Sa femme dans les bras d’un amant
Refrain
Ecoutez le tic-tac du moulin
Chantez son perfide refrain
Chanson traitresse et de détresse.
Mais l’eau qui coule lentement
Reflete l’image des amants.
Tourne, tourne au vent du malheur
Moulin trompeur.
3e Ct
Maître Jean palissant de haine
Comme un fou saisit son fusil
Et l’on entendit dans la plaine
Un coup de feu se perdre dans la nuit
Comme écho deux cris de souffrance
Et dans une étreinte d’amour
Les amants, suprême vengeance,
Dans l’eau s’engloutir pour toujours.
Refrain
Ecoutez le tic-tac du moulin
Chanter son cruel refrain
Chanson cruelle aux infidèles
Mais l’eau qui coule lentement
Coule toute rouge de sang.
Tourne, tourne pour les cœurs meurtris
Moulin maudit.
Séville est à peine endormie
Et déjà comme un vrai troubadour
Don Juan pour Nita la jolie
Va chanter sa chanson d’amour.
Je vous aime a répondu la Dame
Mais je veux il faut me pardonner
Avant de couronner votre flamme
Eprouver votre sincérité.
Et Don Juan amoureux
De sa belle aux grands yeux
Dans un baiser brulant
Lui fit ce doux serment.
Refrain
O ma brune Espagnole
Au masque de velours
Vous êtes mon idole
Et le serez toujours.
Pour moi dans cette vie
Il n’est pas de bonheur
Et Don Juan ma jolie
Vous donnera son cœur.
2e Ct
Mais il fallu quitter sa belle
Car minuit c’est l’heure de carnaval.
Don Juan que la musique appelle
Va finir sa soirée au bal.
Quelle est donc cette belle inconnue
Sa beauté brille sous le loup noir
On l’admire, on s’arrête à sa vue
Dédaigneuse elle va sans rien voir.
Et Don Juan oublieux
De sa belle aux grands yeux
S’approchant à son tour
Murmure avec amour
Refrain
O ma belle Espagnole
Au masque de velours
Vous êtes mon idole
Et le serez toujours.
Pour moi dans cette vie
Vous êtes le bonheur
Et Don Juan ma jolie
Vous gardera son cœur.
3e Ct
Merci répondu l’étrangère
En levant son masque de velours
C’est moi Nita et je préfère
Cent fois la mort à votre amour.
Vous pourrez avoir toutes les femmes
Jamais vous ne serez mon vainqueur.
En disant ces mots la noble dame
Se plongea un poignard en plein cœur.
Et Don Juan de ce jour
Fut d’amour en amour
Plus rien ne le charmait
Car toujours il songeait.
Refrain
C’était une Espagnole
Aux grands yeux de velours
Elle était mon idole
Et le serait toujours.
Pour moi dans cette vie
Il n’est plus de bonheur
Car Don Juan ma jolie
Vous à gardé son cœur.
Fin
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Le jour où j’épousai ma femme
Elle avait de son premier lit
Une fille à l’œil plein de flamme
De laquelle mon père s’éprit.
Mon père qu’était veuf mais très tendre
Avec ma fille il se maria
Si bien que mon père devint mon gendre
Et que j’fut l’beau-père de papa.
Refrain
Je n’sais pas si je me fais comprendre
C’est bien simple mais ! cependant
En tous les cas vous pouvez me reprendre
Si c’la vous semble embarrassant.
2e Ct
Ma belle-fille devint donc ma mère
Ma belle-mère cela s’entend.
Or moi je devins bientôt père
C’est ici qu’ça s’cor légèrement.
De ma fille mon fils fut l’frère
Mais là ne s’arrête pas tout
Car étant l’beau-frère de mon père
Il devint mon oncle du même coup.
(au refrain)
3e Ct
La jeune femme de mon père
Ma première fille par conséquent
A son tour devint bientôt mère
D’un gros garçon très bien portant.
Ce garçon fut la chose est claire
Mon petit-fils mais avec ça
Il était également mon frère
Puisqu’il était l’fils de papa.
(au refrain)
4e Ct
Suivant les règles de la famille
Et les usages établis
Il est claire que l’fils de ma fille
De ma femme devint l’petit-fils.
Or comme il s’trouvait être mon frère
Alors il arriva ma foi
Que ma femme devint ma grand-mère
Tout ayant quatorze ans d’moins que moi.
(au refrain)
5e Ct
Or par ce bizarre amalgame
Alors il arriva ceci
Que j’fus l’petit-fils de ma femme
Dont j’étais également l’mari.
Voilà comment chose singulière
Par les suites d’un premier lit
Je devins mon propre grand-père
Et je l’suis encore aujourd’hui.
Refrain
Je ne sais pas si je m’suis fait comprendre
C’est bien simple mais cependant
Je suis tout près à la reprendre
En reprenant au commencement.
Fin
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C’était par une nuit sans voile
Un soir d’un amoureux espoir
Sur la route de Florence
Au clair de la lune
Je l’ai vue, je l’ai bien vue.
C’était une femme je le proclame
Elle me regardait en souriant
Je l’aborde et lui dit galamment
Vous êtes jolie ; Quel âge avez-vous
Dix-huit ans à peine ; Votre petit nom,
Mon nom : Caroline, Caroline,
J’suis l’beau blond ; j’suis l’beau blond
Ecoutez-moi donc.
Je n’écoute jamais les hommes c’est folie
J’te donnerai, un louis pour faire
Coucou, la conaqui, qui, qui, la conacou
La conaqui.
Vas-y donc mon p’tit chien, chien
Puisque tu casques, tu m’appartient
Bras dessus, bras dessous,
Nous partîmes gaiement
Jusqu’au seuil de ta porte
L’amour est un gamin des plus volage
Et si tu veux qu’on s’aime mon loulou,
Viens avec moi jusqu’au 6e étage.
Ah, c’qu’on est bien mademoiselle,
Ah, c’qu’on est bien chez vous.
Sous son jupon rose,
Je glissai ma main et je lui dit d’un air malin
Je sens qu’il vous manque quelque chose.
Oui quelque chose qui vous ferait bien plaisir
Fait dodo mon p’tit gosse
J’veux pas qu’tu m’embrasse sur la bouche.
Mais plus bas, où ça n’se doit pas.
Je cherche fortune, autour du chat noir
Na mi-mi, ma petite Miette
Tes lèvres sont jolies.
J’suis en l’air, j’suis en l’air
Ah viens ! Ah viens ! Viens dans mon aéroplane
Pousse de ton côté moi j’pousserai du mien.
Qu’est-ce que tu fais là.
Qu’est-ce que tu fais là.
Lorsque tout est fini
C’est la toilette, c’est la serviette.
Petits enfants, perdus dans les flots bleus
Le cœur content, j’quittais la belle enfant
Mais huit jours après, j’allais chez l’médecin
Ça me pique, pique, pique, pique, pique à la mécanique
Petit joujou tu m’as fait faire des bêtises.
J’ai souffert nul ne sais combien.
Si j’avais su j’aurais pas fait tout cela
Ça m’apprendra, ça m’apprendra
Dieu que les femmes sont cruelles
Quand elles sont trop belles.
Ayant dans ce régiment un ami
brancardier du nom de Bateau (voir listes de noms en fin de carnet), ce poème
doit probablement être de ce dernier.
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1. Couplet
Sous le doux rayon de l’étoile qui luit
Le petit soldat qui rêve dans la nuit
En montant la garde
Sent qu’on le regarde
Et son jeune cœur, bat bien fort la chamade
Ce sont les beaux yeux, qui là-bas dans Paris,
Pleurèrent pour lui alors qu’il est parti
Et la silhouette
Jolie et coquette
A tous petits pas, trotte dans sa tête.
Refrain
C’est la plus blonde qu’il soit au monde
Exquis bijou d’amour ; qui rode ce soir
Lui murmurant « Espoir
Tu me reviendras un jour ! »
Et l’âme émue
Notre recrue
Songe au printemps derniers
Ou dans un soupir
Il la sentit frémir
Sous le premier baiser.
2. Couplet
Or voici l’aurore et le rêve s’en va
C’est dans un instant que l’on attaquera
Une sainte flamme
Lui passe dans l’âme
Il sait qu’il peut disparaître dans ce drame.
Mais il est encore sous le charme des yeux
S’il revient vainqueur, comme ils seront joyeux.
Que rien ne l’arrête
A la baïonnette.
En avant toujours, pour la blondinette.
Refrain
Mais cette blonde : Unique au monde
Objet de tant d’amour
Qui souffle l’ardeur
Au rythme de son cœur
Et le soutiendra toujours
C’est la patrie
Mère chérie
Voici qu’il est grisé
C’est la gloire enfin
Qui trouble le gamin
Sous le premier baiser.
3. Couplet
On court, on avance, on chasse l’ennemi
C’est l’élan superbe au milieu de grands cris
La mitraille tombe
Et creuse la tombe
Des adolescents qui dans l’herbe succombent,
Baïonnette au clair : on reprend peu à peu
La terre chérie, ou dorment nos aïeux
Et les balles frappent
Le couchant par grappes
A son tour le bleu sent la mort qui le frappe
Refrain
Mais elle est blonde : en la seconde
Où lui tendant les bras
D’un geste éperdu
Ce Héros inconnu
Se couche dans le trépas
Lorsqu’il chancelle
Il sent une aile
Qui semble le froler
La victoire à lui
Le prenant aujourd’hui
Sous le dernier baiser.
1. Couplet
C’est quatre-vingt treize à Paris
On tire le canon d’alarme
Et pour délivrer le pays
Le peuple entier se rue aux armes.
Mais Lison, s’en moque vraiment
Elle est toute à sa jalousie
Car le chevalier son amant
Avec une autre se marie
Pourtant bravant la mort
Le chevalier proscrit
Pour lui dire au revoir, est venu cette nuit
Et dans un baiser il lui dit
Refrain
Je t’aimerai toujours Lison
Tu vois je suis venue quand-même
Mon cœur demeure en ta maison
Puisque c’est toi celle que j’aime
Pourquoi me tourmenter Lison
Embrassons-nous ma blondinette.
Un mariage de raison
Ne peut me faire perdre la tête.
2. Couplet
Mais on frappe à la porte « ouvrez »
La police ! Cache-toi vite.
C’est minuit j’allais me coucher
Je m’habille, et j’ouvre de suite
C’est en vain qu’ils ont tout fouillé
Excusez donc ma charmante
Le bel oiseau c’est envolé
Sa promise sera contente.
Folle de jalousie : Lison a répondu
Le voici prenez le, car perdu pour perdu
Elle ne l’aura pas non plus.
Refrain
Pourquoi m’as-tu livré Lison
Je ne puis te haïr quand-même
Tu vois malgré ta trahison
C’est toujours toi celle que j’aime
Je nargue le bourreau Samson.
Sa besogne est à moitié faite
Car mon amour pour toi Lison
M’a déjà fait perdre la tête
3. Couplet
Lison, depuis déjà trois nuits
N’a pas quitté la guillotine
On attend on chante, on rit
On danse autour de la machine
On amène le chevalier
Lison, supplie la populace
Grâce pour lui mon bien aimé
Qu’on me guillotine à sa place
Il monte à l’échafaud
D’un pas majestueux.
Et son regard s’en va
Comme un baiser d’adieu
Vers Lison qui le suit des yeux.
Refrain
Il monte lentement. Puis un cri dans la foule
Seul le tambour qui roule « Ah ! »
Et Lison chante maintenant.
Il va revenir. Elle le guette
Car Lison comme son amant
Pour toujours à perdu la tête.
Rebecca joli p’tit trottin
Jeune ouvrière
Allait travailler chaque matin
Rue Poissonnière
Et voilà comme
Certain jeune homme
La trouvant bien, lui demanda sa main « Hein ? »
Mais elle sans s’épater de rien
Lui dit sévère
Mon vieux ne compte pas sur ma main
Y a rien à faire
Et si ça t’gène
Emploie la tienne
Je t’assure mon vieux que tu s’ras mieux servi
Refrain
Rebecca, Rebecca, Ah ! qu’elle a du culot c’te gosse.
A c’t’âge là, faut voir ça
C’est déjà une drôle de p’tite rosse
Rebecca, Rebecca,
Faut qu’elle réponde ou qu’elle rouspette
Ah vraiment la sacré p’tit’ arpète
C’est épa-tant-le-cu-lot qu’elle a.
2. Couplet
Elle a bien soin d’vant les cancans
D’faire sa toilette
Sans jamais tirer les ridaux
La p’tite coquette
Les passants guettent
Ses deux noisettes
Et son papa s’écri qu’est ce que c’est qu’ça. Ah !
Veux tu t’cacher, ici non de nom
C’est un scandale
Mais tranquillement la gosse répond
Ce n’est pas sale
Y a rien qui blesse
C’est pas mes f…. jambes
Que dirais-tu
Si j’leur montrait mon nu.
au refrain
Rebecca, Rebeca, etc…
3. Couplet
Par les grandes chaleurs sans façon
Elle se promène
Mais elle n’met jamais d’pantalon
Ca ça la gène
Quand elle s’installe
Aux impériales
Le conducteur
S’écri d’un air moqueur « Ah ».
« Ah ! mam’zelle qu’elle joli tableau
C’est magnifique »
« Tant mieux pour toi mon vieux poteau »
Qu’elle lui réplique
Comme dans une glace
Fait pas d’grimace
Tu verras qu’c’est
Tout à fait ton portrait.
4. Couplet
Enfin comme elle devait s’marier
La s’maine prochaine
Et qu’elle n’a plus d’fleur d’oranger
Elle dit sans gène
Celui que j’adore
Il l’a encore
De cette façon
Ça fait compensation « ah ! »
S’il rouspète eh bien lui dirai
Mais au contraire
Voyons mon cher c’est tout à fait
Une bonne affaire
Song’s donc grosse bête
Qu’la place est faite
Pour toi mon chien
C’est du travail de moins
Refrain
Rebecca, Rebecca, jamais on n’pourra la faire taire
Un monsieur, vieux grincheux
S’écria si j’étais ton père
Tu verrais, j’te r’dresserais
Mais la p’tite lui dit sans manière
Ah mon vieux va r’dresser ton p’tit frère
Et tu viendra m’voir quand il s’ra prêt
Pas vrai !
Hein ! de quoi un homme à la mer
Tant pis je n’suis pas de service
Comment, un paquebot se perd
Tous vont périr, Dieu les bénisses.
Vous dites que je suis un lache vraiment
Eh bien écoutez mon histoire
Elle est triste c’est à n’y pas croire
Chaque fois que j’y pense
Je pleure comme un enfant
1. Couplet
J’étais pêcheur bien misérable
Et j’aimais car elle m’était tout
Ma Jeanne une femme adorable
Dont les caresses me rendait fou
Un soir un copain, m’dit Jean-Pierre
Tu sais qu’ta femme a un galant
Ils se voient près de la croix de pierre
Quand sur la mer tu vas d’l’avant
Moi qui m’croyait sûr de ma femme
J’bondis sur le dénonciateur
En lui criant « Canaille infâme
Tu veux donc faire mon malheur »
Refrain
Ma femme est un ange du bon Dieu
Y a du ciel dans ses yeux bleus
Et je suis sûr que la pauvrette
Avec nul ne fait la coquette
Elle est toute ma vie on l’sait bien
Et j’étranglerais le vaurien
Qui voudrait briser mon bonheur
En me prenant son cœur.
Il y a eu ensuite une inversion de page dans les photos car la suite du poême le loup de mer (page de gauche de photo 27) est page de droite de photo 28
2. Couplet
Un soir que j’fuyais d’vant l’orage
Au loin j’vois passer un canot.
Vers lui j’vais en criant courage
Et j’aperçois un homme dans l’eau
Je le cueillis sur une lame.
Quand une seconde tête aparaît
Et je r’connais alors ma femme
Dont le regard me suppliait
Comprenant tout j’lui criais gueuse
Je vais te rendre ton amant.
Et pris d’une folie furieuse
Je r’jetai l’homme dans l’ocean.
Refrain
Je ne sais pas si le Bon Dieu
Me pardonnera se crime odieu
Mais j’pouvais pas faire la folie
D’sauver ceux qui brisait ma vie
Voilà pourquoi quand y a gros temps
Je regarde la mer en pleurant
Car c’est en faisant le sauveteur
Que j’ai brisé mon cœur.
Dans l’faubourg St Martin
L’aut’jour j’vis un pied fin
Je l’accost’ c’était une bacchante
Epatante, Ravissante
Elle avait des nichons
Gros comm’ des p’tits ballons
Une chute de reins magnifique
Et des yeux folichons.
Je l’accoste et lui pince la taille
J’lui tendrons voulez-vous faire ripaille
Je suis très gai lorsque j’ai pris la taille
Sur l’boulvard nous f’rons un balthazard.
Elle me répond d’une voix grave
Tu as raison mon trognon
J’suis pas une poire une betterave
C’qui m’faut c’est du pognon
C’qui m’faut c’est la galette
Ça m’fait boire du Cliquot
Mais vous avez une bonne tête
Allons dans vot’ gargot.
2. Couplet
Au deuxième chez l’traiteur
Nous soupons oh bonheur
Après l’desert suivant l’usage, de son corsage
Elle se soulage.
J’aperçois des rondeurs, des trésors des splendeurs,
Aussitôt j’dis à ma compagne.
Les petits vadrouilleurs
Je vous adore ô ma tendre poulette
Pardonnez-moi je m’sens devenir pompette
Mais subito m’répond la Gigolette
Vieux fourneaux. C’est pas rare d’être poivrot.
Je lui réponds d’une voix grave
Tu as raison mon trognon
J’suis pas une poire une betterave
Mais faut régler l’addition.
Nous montons dans une roulante
Visite son logis
Le cocher, l’bouffeur et l’amante
C’la f’sait déjà trois Louis.
3. Couplet
Le lendemain au réveil
Je m’arrache au sommeil
Et je cherche la maîtresse, mais tristesse.
La diablesse,
Désertant le lit blanc, elle était fichu l’camps
En emportant toute ma galette
Et jusqu’a mon grimpant.
Je cours aussitôt chez Mr le Commissaire
Qui m’dis c’est bien j’vais classer votre affaire
Maintenant mon p’tit allez vous faire lonlaire
C’est tout voilà mon secrétaire vous écrira.
Et je m’en reviens d’un air grave
En m’disant mon garçon
T’as su faire la poire la betterave
Et même le cornichon
Si tu vois une Gigolette
Méfis-toi du pied fin
Songe alors à ta conquête
Du faubourg St Martin.
Avec les femmes qu’ou l’on parl’ d’amour
On us’rait bien sa langue tous les jours.
Avec les cocott’s encor c’n’est rien
On discut’un peu l’prix c’est certain
Mais les femme’s honnêtes c’est différent.
Faut leur faire tout un tas d’boniments
Ell’s répondent de telle façon
Qu’on n’sais jamais nom de nom
Si c’est du Lard ou bien du cochon.
Refrain
Pourquoi rougiss’nt-elles sans cesse ? J’sais pas.
Sitôt qu’on leur pince les f….. ? J’sais pas.
Pourquoi donc qu’elles font un tas d’chichis.
Dès seulement qu’on parle de s’mettre au lit.
Pourquoi qu’elles font tant d’manières ? J’sais pas
Pour une chose si simple à faire ? J’sais pas
Pourquoi donc qu’elles disent non
Puisqu’une fois, qu’elles y sont
Elles murmur’nt chéri ! Ah ! comme c’est bon
3. Couplet
Tout l’monde se plaint qu’on n’fait plus d’enfants
Mais la vie coute si cher à présent
Et la loi laisse encor aujourd’hui
Les filles mère, sans secours sans appui
Dès qu’une balonn’ attrape un’fluxion
On lui colle, ses huit jours allez donc
Et v’la du jour au lendemain
Des pauvr’s fill’s qui rerst’nt sans pain
Mais c’est d’leur faute aussi non d’un chien,
Refrain
Pourquoi donc qu’elles ont la bosse ? j’sais pas.
Sitôt qu’elles s’font fair’un gosse ? j’sais pas
Car enfin si leur ventre restait plat
Y a pas d’erreur ça n’se verrait pas.
Alors pourquoi cette bedaine ? J’sais pas.
Qu’elles trimbal’nt pendant des s’maines ? J’sais pas.
Les hommes sont plus prudents
Quand ils font un enfant
Ils grossissent….mais ça dur ‘moins longtemps
3. Couplet (4e ?)
Y a des gens qui posent pour la pudeur
Et qui tap’nt sur l’concert de bon cœur.
Ils y vont mais pour dire en sortant
Ce spectacle est vraiment ecoeurant
Et tout ça souvent parc’qu’ils ont vu
Un’douzain’ de p’tites femm’s en tutu.
Mais ils conduis’nt leurs enfants
Au Louvre ou c’est dégoutant
Les statues n’en n’ont même pas autant .
Refrain
Est-ce plus moral, et plus digne ? J’sais pas.
Parce qu’il y a des feuilles de vigne ? J’sais pas.
Alors pourquoi donc quand il fait chaud
Qu’on met des culott’s et des pal’tos.
Est-ce que ce n’s’rait pas plus chouette ? J’sais pas.
D’avoir une p’tite bavette ? J’sais pas.
Au moins nos braves agents.
Lorsqu’il f’rait un peu vent
N’aurait plus besoin, d’leur baton blanc.
4. couplet (5e ?)
Aujourd’hui not’commerce est fichu
D’puis quequ’temps les affaires ne vont plus
A la bourse les valeurs ont baissés
C’est à vous dégouter d’être rentier.
L’Agriculture aussi manque de bras
Je n’sais pas comment ça finira
Et tout ça pour qu’elle raison
Parbleu parce que nous achetons
A l’étranger toutes nos provisions
Refrain
Pourquoi qu’on s’sert du bleu d’Prusse ? J’sais pas
Et qu’on porte des chaussettes Russes ? J’sais pas.
Pourquoi donc qu’il y a tant de Français
Qui boulott’nt des p’tits pois ecossais.
Pourquoi donc y a tant d’Française ? J’sais pas.
Qui s’serve’nt de …Cam’lotte Anglaise ? J’sais pas.
Heureusement nom de d’la
Qu’lorsqu’on veut voir le chat
Y a pas b’soin d’aller en Perse pour ça !!!
5. Couplet (6e ?)
Nos deputés sont vraiment de braves gens
Qui prononc’nt des discours epatant.
Y n’sont p’t’etre pas tous du meme avis
Ça n’fait rien c’est pour l’bien du pays
Mais en attendant que l’age d’or soit v’nu
Nous aurons l’impot sur le rev’nu
La reforme de l’enseignement
Deux ou trois bricolles avant
Vous pensez si l’peupl’va etre content
Refrain
Quand est-ce qu’il y aura plus d’guerre ? J’sais pas
Et les retraites ouvrieres ? j’sais pas
Comme y n’reste pas un sou dans l’trésor
Faudra voter les impots d’abord.
Quand est-ce qu’la vie s’ra moins chère ? J’sais pas
Et qu’on s’ra tous millionnaire ? J’sais pas
Mais je sais qu’dans quatre ans
On changera d’parlement
Et ce sera la meme foutais’ qu’avant
Fin
C’était un p’tit gas arrieré, mal fait
Qui l’soir pour deux sous vendait des bouquets
Une belle dame, un jour l’voyant si novice
De l’emmener chez elle s’offrit le caprice
L’innocent grisé crut mourir d’emoi
Car son cœur battait pour la première fois
Il battait si fort devant la mutine
Qu’il dut a deux mains s’tenir la poitrine
Et tandis qu’elle riait, riait.
Le pauvre gas lui soupirait.
Refrain
J’ai dans l’cœur
Un’ petite horloge
J’entends lorsque je l’interroge
Qu’ell’bat, qu’ell’bat, tant j’ai d’bonheur
Moi qui n’suis qu’un gamin d’Paris
Je n’en sais trop rien, mais j’vous l’dis.
Ell’ doit marquer l’heure du Paradis.
2. Couplet
Etant ça s’comprends eperdu d’amour
Le p’tit gas croyait qu’ca dur’rait toujours .
Mais la demi mondaine le mis à la porte
Non tu n’voudrais pas, mon p’tit faut qu’tu sorte.
N’saisissant pas bien, trop simple d’esprit
Il faillit tomber le pauvre petit
Et tout grimaçant d’un air ridicule
Sentit s’disloquer la petite pendule
Puis ayant un instant songé
Il entra chez un horloger.
Refrain
J’ai dans l’cœur
Un’ petite horloge
J’entends lorsque je l’interroge
Qu’ell’ est cassée, j’en ai bien peur
Elle marchait trop vite en une fois
Et dam’ ça vous fait je n’sais quoi
Quand ça s’arrêt’ ça fait mal, ça fait froid
3. Couplet
Le brave horloger crut qu’il se moquait
Mais le regardant il vit qu’il pleurait
Et dam’ quand on voit couler de vraies larmes
Même ayant le cœur dur, cela vous désarme
Il prit dans sa main celle du petit.
Et tout attendri, doucement lui dit
Tu sens s’detraqué les r’ssorts de ton âme
Va je le comprends c’est l’œuvre d’une femme
Tu n’es pas l’seul mon pauvre gas
Faudra tacher d’oublier ça
Refrain
T’as dans l’cœur
Un’ petite horloge
Pas besoin que je l’interroge
Ça n’marche pas, c’est un malheur
Mais on n’peut rien faire dans ce cas
Car pour tout l’monde ces horloges là
Quand c’est cassé ça n’se raccomode pas.
Fin
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