Journal de guerre du caporal Henri Rochereau

Sapeur au 135ème d’infanterie

Août 1914 – août 1919

 

Mise à jour : Mars 2022

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Henri ROCHEREAU au 135e régiment d’infanterie.

On distingue les insignes de sapeur (les haches), de bon tireur (le cor de chasse) et de grenadier (la grenade)

 

Josette nous dit :

« J'ai eu 2 grands-pères qui, chacun à leur façon, ont laissé des commentaires sur cette déplorable guerre. Le premier (Henri ROCHEREAU) a noté minutieusement le déroulement de la guerre jour par jour dans ses trois carnets et le second a envoyé tous les jours une ou plusieurs cartes postales à ses parents (plus de 1800 cartes !).

J'ai tout retranscrit pour mes enfants et petits-enfants parce que ce sont deux visions très différentes de la guerre (l'une anti-militariste au bout d'un an de guerre et l'autre patriotique à l'extrême et ce pratiquement jusqu'au bout). Je pense que ces souffrances de jeunes gens de cette époque pourront peut-être faire réfléchir certains sur leur vie. »

 

Henri ROCHEREAU est né à Issé (44) en mars 1891. Il est incorporé pour son service militaire, pour trois ans, en 1912 au 135e régiment d’infanterie. Déclaré à cette date « manœuvre aux chemin de fer », il devient logiquement « sapeur » dans ce régiment. Les sapeurs font partie de la compagnie hors rang (CHR). La CHR intègre des hommes non-combattants (en théorie) et qui assurent des postes tel que cuisiniers, bouchers, conducteurs, cyclistes, artificiers, téléphonistes, télégraphistes, secrétaires, bourreliers, maréchaux-ferrants, vétérinaires, brancardiers, musique du régiment, garde du drapeau, pionniers et bien sûr les sapeurs.

 

Le 135e régiment d’infanterie est le régiment d’Angers. Il fait partie de la 18e division d’infanterie qui comprend la 35e brigade d’infanterie (32e et 66e régiments d’infanterie), la 36e brigade d’infanterie (77e et 135e régiments d’infanterie) et le 33e régiment d’artillerie de campagne. Ces régiments seront souvent cités dans les écrits d’Henri.

En janvier 1917, le 135e régiment d’infanterie fera partie de la 152e division d’infanterie.

 

Merci à Josette pour les carnets de son grand-père et à Philippe S. pour la vérification du récit et le temps passé sur certaines recherches pour retrouver efficacement des soldats nommés dans le texte.

 

Nota :

Ce récit peut être mis en relation avec deux autres témoignages de soldats du même régiment :

Marcel JAILLET, sergent au 135e régiment d’infanterie : Ici.

Lieutenant-colonel Georges GRAUX des 135e et 60e régiments d’infanterie : Ici.

 

 

 

Extrait du carnet de guerre d’Henri ROCHEREAU au 135e régiment d’infanterie.

Décembre 1918

 

 

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Sommaire :

Ajouté volontairement pour une meilleure recherche

 

 

1914 : Belgique

1915 : Artois – Belgique – Artois - Somme

1916 : Artois – Verdun - Somme

1917 : Champagne - Lorraine

1918 : Oise – Aisne - Allemagne

1919 : Allemagne

 

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Premier carnet de route

 

En cas de mort, prière de remettre ce carnet à Monsieur Rochereau à La Briandais, Issé, Loire Inférieure)

Commencé le 2 août 1914, 1er jour de la mobilisation

 

1914 : Belgique

Lundi, 2 août 1914

(Erreur de jour, le 2 août était un dimanche)

Nous nous mettons en tenue de campagne pour être prêts à partir. Nous quittons la caserne pour aller au collège St-Julien à 6 heures.

De là je me rends chez M. Bridel porter mes effets personnels.

Mardi, 3 août 1914

Nous sommes toujours au collège. Je vais recevoir les réservistes à la caserne. Je bois un bon coup avec les copains d’Issé. J'ai la visite de Bridel qui me remet 20 francs.

Mercredi 5 août 1914

L’erreur de date a été corrigée.

Nous finissons nos préparatifs pour partir le soir.

Nous avons la présentation du drapeau au régiment sur la place Saint-Serge. C'est touchant, il y a là beaucoup de monde et surtout beaucoup de pleurs.

Jeudi 6 août 1914

Nous prenons le train à la gare Saint-Lô à 7 heures sans savoir pour quelle destination.

Nous passons à Saumur et Orléans croyant se diriger sur Paris. Nous passons par Montargis et Toul pour descendre à Sexey-aux-Forges pas trop fatigués.

Nous sommes assez bien reçus. Les habitants ne s'en font pas de trop, il y a eu 48 heures de chemin de fer.

Saint-Nicolas-de-Port, beau petit pays, très bien reçus.

Samedi 8 août 1914

Départ à 5 heures par un beau temps.

Nous allons coucher à Saint-Nicolas-de-Port, beau petit pays, très bien reçus.

Dimanche 9 août 1914

Nous sommes en cantonnement d'alerte toute la journée. On entend très bien le canon.

La journée se passe sans changement.

Lundi 10 août 1914

La nuit a été calme.

Nous recevons l'ordre de partir à la gauche de l'armée de l'Est. On va coucher à Fléville-devant-Nancy, mauvais pays. Nous couchons chez l'adjoint qui nous dit que c'est notre métier de se faire tuer.

Mardi, 11 août 1914

Nous partons de Fléville à 5 heures du matin.

On passe à Nancy. Là on nous donne de tout à boire, cigarettes et même de l'argent. On nous donne des médailles aussi. Il fait une grande chaleur.

Aussi, il reste beaucoup de monde sur la route, au moins 4 à 500 qui tombent par la chaleur. Nous arrivons à Millery à 15 km de Nancy, à 5 heures exténués.

Mercredi 12 août 1914

On part le matin.

On fait environ 3 km et on prend la position de combat dans une plaine. On entend la fusillade et nous faisons un abri pour le  colonel.

Nous passons la nuit à la belle étoile. C’est la première fois que nous couchons dehors.

Jeudi, 13 août 1914

La nuit a été calme. Nous n'avons pas eu trop froid pendant la nuit.

Nous sommes en réserve et continuons notre abri.

Vendredi, 14 août 1914

Toujours la même chose en réserve de l’armée.

Samedi, 15 août 1914

Pas de changement.

Nous entendons le canon toute la journée. Sur la droite d’après nos officiers il y a une grande bataille.

Nous voyons 4 prisonniers. Un bataillon tire un cheval prussien, mais le cavalier réussit à se sauver. C’était un officier.

On fait la manille à la santé des boches.

Le soir on revient coucher à Millery.

Dimanche, 16 août 1914

Nous retournons au même endroit que la veille. Il n'y a rien de changé.

Si cela continue, la guerre ne sera pas dure pour nous, le 135.

Lundi, 17 août 1914

Le matin nous pensions retourner au même endroit que la veille, mais comme il pleut, nous restons à Millery, sauf une compagnie qui va prendre les avant-postes.

Mardi, 18 août 1914

Nous retournons dans le même endroit.

Comme il est tombé de la flotte, il faut recommencer l'abri au colonel.

A 10 heures on reçoit l'ordre de se porter en avant. Nous passons à Moivrons et, à Sivry, à 5 km de la frontière, on reçoit l'ordre de faire demi-tour.

On vient coucher à Belleau. Le bruit court que nous partons pour la Belgique.

Mercredi, 19 août 1914

Réveil à 5 heures, départ à 6 heures pour Nancy, 16 km environ.

Nous prenons le train à 6 heures du soir pour la frontière belge.

Jeudi, 20 août 1914

Dans la nuit, nous passons à Toul, Commercy, Saint-Mihiel et nous débarquons à Sedan. Nous nous dirigeons sur la frontière. Nous passons à Floing et nous allons coucher à St-Menges.

La bière est bonne et le tabac pas cher.

Vendredi, 21 août

Réveil à 4 heures, départ à 6 h.

Nous arrivons à la frontière belge à 8 heures. Nous sommes reçus à bras ouverts par les Belges. C’est là que l’on voit la culture du tabac et les allumettes ne sont pas chères non plus. On en a 12 fois autant qu'en France pour le même prix.

Nous passons à Alle et allons coucher à Chairière, beau petit pays.

Le 65ème est devant nous.

Samedi 22 août 1914

Réveil à 4 heures. Nous ne partons qu’à 8 heures. Le canon tonne toute la journée. On fait environ 15 kilomètres et nous couchons à Bièvre, petit pays.

Je crois que ça va mal, la terreur des boches règne dans le pays. Tout le monde déménage.

Dimanche, 23 août 1914 Combat de Bièvre (Belgique).

La nuit a été assez calme.

Les Prussiens ont mis le feu dans deux villages. Le canon tonne au loin. Aussi les civils font vite à déménager. Je crois qu’il y a eu une grande bataille hier et aujourd’hui cela commence bien.

Pour cela, à 6 heures, on fait une manille, mais il faut bientôt laisser les cartes pour aller danser une danse nouvelle avec les boches. Nous allons le long d’une petite maison dans une ancienne carrière et là, les balles et les obus commencent à rappliquer dans une demi-heure.

Ce n’est plus qu’une pluie de mitraille.

 

Nous tenons les Prussiens en échec pendant 4 heures, mais n’étant pas en force, nous battons en retraite et c’est le commencement de la débâcle. Ça tombe comme des mouches sous les balles et les obus. Aussi, quand on fait un rassemblement à 5 km en arrière, il manque la moitié du régiment, Bièvre est en plein feu. C’est épouvantable !

Nous sommes tous sains et saufs dans les sapeurs. C’est une veine, car ça sifflait de tous côtés. Sur les 15 que nous étions d’Issé, nous ne sommes plus que 7 de reste. Il manque Bridel, Bredin, Rousseau, Chailleux, Morel et Richard, Bachelier lui est blessé. (*)

Nous battons en retraite jusqu’au 77 et là, nous retournons chercher le colonel qui est blessé. (**)

Nous ramassons trois voitures, le colonel s'en revient sur son cheval. Il y a 2 commandants de blessés, dont un gravement. La moitié des officiers sont tués ou blessés. A l’appel il manque 1250 hommes aussi. (***)

C’est se faire massacrer sur place.

 

Dans la retraite nous passons par Bellefontaine où nous ramassons les blessés qui ont pu venir jusque-là. On les emmène jusqu’à Monceau, mais pendant ce temps, le régiment marche. Nous partons à la suite après avoir retrouvé nos sacs et nos fusils.

On fait la grande halte à Monceau.

 

Nous ne restons que 8 sur 12 des sapeurs. Les autres n'en peuvent plus. Nous demandons tout le long du chemin par où est passé le régiment. Nous passons à Orchimont et le rejoignons à Vresse et Laforêt, mais sitôt nous recevons l’ordre d’aller à Sugny pour coucher.

Nous y arrivons à 11 heures exténués de fatigue.

 

(*) :

- Hyacinthe Marie BRIDEL a été fait prisonnier ce jour selon sa fiche matriculaire.

- Pierre BREDIN, soldat de 24 ans, mort pour la France le 23 août 1914 à Bièvre (Belgique). Son corps n’a pas été retrouvé. Voir sa fiche.

- Joseph Marie Émile ROUSSEAU est natif de Moisdon (même canton qu’Issé) annoncé disparu ce jour et en fait prisonnier selon sa fiche matriculaire.

- CHAILLEUX : Il doit s’agir de Jean Marie Mathurin CHAILLEUX d’Issé classe 1910 au 135e, selon sa fiche matriculaire, mort de suites de blessures le 24 septembre 1914 à l’hôpital de Meiningen (Allemagne, donc blessé probablement ce 23 août et fait prisonnier):

- Pierre Marie MOREL d’Issé au 135e RI a été fait prisonnier ce jour selon sa fiche matriculaire.

- Alphonse RICHARD, soldat de 21 ans, mort pour la France le 23 août 1914 à Bièvre (Belgique). Son corps n’a pas été retrouvé. .Voir sa fiche.

- Henri Jean Marie Louis François BACHELIER, le seul d’Issé au 135e RI. Sa fiche matriculaire indique sa blessure mais le 9 septembre 1914 à Fère-Champenoise Le plus probable est que ce soldat n’a été que légèrement blessé par balle à la main le 23 août et, étant en pleine retraite, est juste passé se faire panser au Poste de Secours (ce qui n’apparait pas dans les fiches matriculaires) puis, la blessure ne s’arrangeant pas, est allé à l’ambulance/hôpital le 9 septembre à la fin de la retraite.

 

(**) : Le colonel DE BAZELAIRE est blessé à la tête par éclat d’obus. Il sera remplacé par le lieutenant-colonel GRAUX le 29 août. Lire ici ses lettres envoyées à sa femme.

 

(***) : Le régiment perd environ 1500 hommes tués, blessés et disparus au cours de la bataille de Bièvre (hist.), dont 326 tués.

Lundi 24 août 1914

On repart le matin à 4 heures.

Nous marchons toujours en arrière. Nous passons à Pussemange, Gernelle, St-Laurent et nous arrivons à Mézières. Tout le long de la route, nous trouvons les troupes noires. Ils ont l'air méchants, gare aux boches s’ils les rencontrent.

Nous allons coucher à Charleville.

Il est 11 heures du soir, nous sommes vannés, mais très bien reçus et couchés aussi.

Mardi 25 août 1914

Réveil à 4 heures.

On fait 2 kilomètres et on prend la position de combat. Nous sommes en réserve  de l’armée pour nous reformer.

Le champ d’aviation est tout près. Nous assistons au départ de plus de 30 avions en 3 heures.

A midi, nous repartons en arrière et nous allons coucher à Bogny, à 15 kilomètres de Charleville. Les Noirs sont avec nous, ils ne sont plus guère nombreux.

Mercredi 26 août 1914

Réveil à 4 heures.

Nous tournons un peu vers l’Ouest à environ 4 km de Bogny. Nous avons comme  général Dumas en place de Lefèvre qui est de reste dans l'Est.

Nous allons coucher à Bolmont.

Jeudi, 27 août 1914

Réveil à 4 heures, départ à 4h20.

Nous marchons sous une pluie torrentielle jusque dans un bois, à Hardoncelle. Nous tournons vers la droite.

Le canon tonne pas loin de nous. Les boches reçoivent des marrons chauds.

Nous nous arrêtons après avoir passé Thin-le-Moutier. Le 77ème passe le 25ème Dragons, le 8ème et le 5ème Cuirassiers, le 33ème et le 20ème d'artillerie et la section des infirmiers qui s’établissent près de nous.

Nous allons coucher à La Fosse-à-l'Eau.

Vendredi, 28 août 1914

Réveil en sursaut par le clairon. Il y a alerte.

Nous partons directement sur l’ennemi qui se trouve devant Mezières. Nous prenons la position de combat après avoir passé par Raillicourt et Guignicourt.

Là, nous assistons au bombardement de Mézières à environ 10 kilomètres.

A 8 heures le bombardement n’a pas cessé. On vient coucher à Guignicourt.

Samedi, 29 août 1914

Réveil à 2 heures. Alerte.

L’ennemi cherche à nous tourner vers le nord. On est obligé de le devancer.

On fait au moins 40 kilomètres à travers champs et nous arrivons à Faux. On y couche.

Nous sommes à la gauche de l'armée et l’ennemi est tout près, peut-être à 5 kilomètres.

Dimanche, 30 août 1914 Combat de Faux (Ardennes).

Réveil à 3 heures, c'est assez calme.

On va prendre position de combat tout près du bourg et là, nous attendons les boches.

A 7 heures la bataille commence. C’est terrible de part et d’autre surtout pour l'artillerie. L’ennemi est forcé de se replier, mais les renforts lui viennent et pas à nous.

Il est midi, le colonel fait déployer le drapeau pour aller à la charge et nous dit :

« Mes enfants, êtes-vous prêts à mourir pour la patrie ? »

Tout le monde répond :

« Oui, mon Colonel »

« Alors, celui qui en reviendra  pourra se souvenir du 30 août : à midi, le drapeau a été déployé face à l'ennemi »

Mais n’étant pas assez, le colonel nous commande de battre en retraite.

 

Nous rentrons, à peu près 200 hommes faisant face à l'ennemi. Il fait une chaleur qui étouffe aussi.

Dans la retraite, nous perdons beaucoup d'hommes par la chaleur et les balles. Tout le monde jette sacs et fusils pour mieux se sauver.

Nous rencontrons une section de Zouaves avec un lieutenant qui, aussi eux, battent en retraite à notre droite. Ils nous donnent la main pour emporter notre drapeau. Notre lieutenant n’en peut plus. Une partie reste avec lui derrière et nous sommes 3 volontaires  pour suivre le drapeau avec les Zouaves. Nous avons gardé nos sacs tous les trois, mais nous sommes les seuls.

La journée est terrible.

 

Nous nous replions toujours.

Nous arrivons à Givry et on va coucher à Seuil. Nous y arrivons à 10 heures du soir.

C’est un dimanche. On ne se bat que le dimanche.

 

(*) : Le régiment perd environ 1100 hommes tués, blessés et disparus au cours de la bataille de Faux (hist.).

Lundi, 31 août 1914

Réveil à 5 heures.

On fait environ 25 km vers le sud. Nous arrêtons dans un grand bois et attendons l’ennemi. Le combat commence vers 4 heures du soir. On fait un abri dans le bois pour le colonel et nous y passons la nuit qui est assez calme.

Les boches font la bombe dans le pays pas loin. Nous les entendons très bien chanter.

Mardi, 1er septembre

On se lève vers 5 heures. Tout est calme.

A 6 heures le combat reprend de plus belle. Je crois que nous allons encore être obligés de déménager car les chefs et les hommes sont peu nombreux. Nous sommes pas très loin de Reims.

Toute la journée, le combat continue sans changement, mais les boches n’avancent pas.

 

Vers 5 heures l'artillerie ennemie tonne de plus belle et nous oblige à nous replier sur Epoye.

Nous y arrivons à 2 heures le lendemain matin. Tout le long de la route on aperçoit les pays des environs qui sont en plein feu. C’est navrant.

Je fais le jus en arrivant et me couche à trois heures.

Mercredi, 2 septembre 1914

Réveil à 5 heures.

Entre 6 et 7, le 93 de la Roche-sur-Yon et le 137 de Fontenay passent. Je vois plusieurs gars d'Issé, dont Devy et deux gars Blais qui me disent que Grimeau est blessé du 137 et je parle aussi à Delaunay du 93. C'est le seul que je vois au 93. (*)

Nous partons à 7 heures.

Nous passons à Berru et Nogent-l’Abbesse, deux forts qui gardent Reims. C’est environ à dix kilomètres de la ville.

Nous allons coucher à Sillery.

 

(*) :

- DEVY doit être Marcel Emile Henri DEVY du 137e RI. Voir sa fiche matriculaire.

- BLAIS : il n’y en avait pas d’Issé étant aux armées au 137e ou au 93e (d’ailleurs, les appelant « 2 gars », Henri ne devait pas les connaître). Par contre, il y en avait 2 de Loire Atlantique au 137e, tous 2 du canton de Bouaye (Louis Pierre BLAIS classe 1909 (voir sa fiche matriculaire) et Edmond François Henri BLAIS classe 1910 (voir sa fiche matriculaire).

- GRIMEAU : il s’agit très probablement de Jean Baptiste Marie Clément GRIMAUD, classe 1911, habitant Issé et blessé à la jambe le 27 août 1914 (il sera tué devant Tahure le 7 octobre 1915). Voir sa fiche matriculaire.

Un autre soldat GRIMAUD d’Issé a été tué au 137e RI mais étant de la classe 1915, il n’avait été incorporé que le 15 décembre 1914.

- DELAUNAY : il pourrait s’agir de Louis Marie DELAUNAY du 93e RI, habitant Issé (il sera porté disparu le 25 septembre 1915). Voir sa fiche matriculaire.

Jeudi, 3 septembre 1914

Réveil à deux heures, départ au quart. Nous passons à Verzy et nous arrêtons à Ambonnay.

En route le 77ème a descendu un avion boche. Il y a eu un tué et l’autre prisonnier.

Le soir, nous recevons 1700 hommes pour combler les vides.

 

 

Vendredi, 4 septembre 1914

Réveil à 3 heures.

On fait 8 kilomètres sans pause et après on s’en enfile 18 autres sans s’arrêter. Nous arrivons à Villeneuve. C’était pour que le Génie fasse sauter les ponts avant que les boches arrivent.

Il est 10 heures, on couche à Villeneuve.

Samedi, 5 septembre 1914

Réveil à 3 heures et départ sitôt. On fait 18 km et on prend la position de combat dans un champ.

Le soir, on va pour coucher à Morains. Mais les boches étant trop près, on va jusqu'à Ecury-le-Repos et après à Vert-la-Gravelle.

En arrivant il y a une patrouille boche. Nous la chassons et y couchons.

Dimanche 6 septembre 1914

A 3 heures nous partons prendre position à 1 kilomètre.

A 5 heures la bataille est engagée.

A 10 heures, les boches nous forcent à battre en retraite. Nous nous replions sur la ligne du 77ème à Bannes. Nous y arrivons en bon ordre. On nous fait faire une halte, mais sitôt arrêtés, les obus pleuvent sur nous, c'est encore un dimanche. Nous sommes forcés de continuer à battre en retraite plus loin.

Arrivés dans un bois, nous recevons l’ordre de reprendre l’offensive. Nous prenons position près du Mont-Août (1km au sud de Broussy-le-Grand) et nous assistons à la débâcle du 77ème.

Nous passons la nuit dans les bois.

Lundi, 7 septembre 1914

On se réveille à moitié gelés. Le canon tonne pas loin. La journée se passe sans incidents pour nous.

Nous couchons au même endroit.

Mardi, 8 septembre 1914

Le canon a tonné toute la nuit. Il n'y a pas de changement.

Le matin, à 7 heures, nous recevons l’ordre d'aller renforcer les régiments qui sont en ligne. On fait à peine un kilomètre et là, on nous dit de revenir en arrière. Nous reprenons nos places et nous assitons au bombardement.

Dans la soirée nous partons en avant, soutenus par une formidable artillerie. On couche dans les bois, on y gèle car il est tombé de l'eau.

Nous mangeons nos biscuits. C'est le 3ème jour que nous n'avons rien touché à manger.

Mercredi, 9 septembre 1914

On se réveille à moitié gelés.

On fait environ 3 kilomètres. Arrivés sur une petite crête à la lisière du bois, les boches nous reçoivent à bras ouverts avec leurs canons et leurs mitrailleuses. C'est pire qu'une faucheuse.

Nous nous replions par les bois. C'est épouvantable, tellement nous perdons de bonshommes, tous nos officiers sont tués ou blessés. Il ne reste plus qu’un capitaine pour commander le régiment. Nous avons eu notre capitaine tué, le colonel blessé et le dernier commandant qui restait est tué aussi. (*)

Lui, Pierre Blandin, a été blessé dans une fesse par une balle, mais sa blessure n’est pas dangereuse. Il ne veut pas se faire évacuer. (**)

Nous nous replions à 6 kilomètres en arrière. La faim se fait sentir. Nous arrachons des pommes de terre dans les champs pour les manger. C’est tout ce que nous avons.

 

A 6 heures du soir, nous recevons l'ordre de repartir en avant. Personne ne peut marcher. Nous marchons toute la nuit. On fait environ 20 km dans la direction de l’ennemi, mais cette fois, les boches, on ne les voit pas.

 

(*) : Le 9 septembre au matin, violente canonnade ; le régiment est engagé côte 166 (nord de Fère-Champenoise) et bientôt le combat devient très meurtrier. L’artillerie se démasque subitement, prenant les mitrailleuses d’enfilade. Le lieutenant-colonel GRAUX et son adjoint le capitaine PONS sont blessés et fait prisonniers. Tous les chefs de bataillons sont morts ou blessés. C’est le capitaine SANCERET qui commande le régiment.

Le colonel GRAUX parvient à regagner les lignes françaises la nuit suivante (D’après les notes de Marcelle, sa fille, il a la plèvre transpercée et 3 côtes cassées. Son père aurait revêtu un uniforme allemand pour s’enfuir de la zone allemande puis l’a abandonné avant de regagner les lignes françaises. Le port d’un uniforme ennemi est considéré comme un acte de traîtrise à l’époque.).

Le colonel GRAUX est soigné et prendra le tête du 60e régiment d’infanterie en décembre 1914. Le 12 janvier 1915, le Colonel GRAUX est mort à Crouy (02), lors de l’éboulement de la grotte où était installé le PC du régiment, provoqué par un obus de 210 allemand.

Le capitaine PONS est mort quelques heures après sa blessure.

Le commandant tué est le commandant NOBLET.

 

(**) : Pierre BLANDIN sera de nouveau blessé le 28 septembre.

 

Jeudi, 10 septembre 1914

Le matin, au jour, nous arrivons devant Morin-Le-Grand (*) où nous retrouvons l'arrière-garde boche.

Le terrain est rempli de cadavres, boches et Français. Les boches qui restent ne résistent pas longtemps.

 

Le soir, nous couchons à Morin. Il ne reste pas une maison. Tout est détruit. Il ne reste que les murs des maisons. Le bourg est jonché de cadavres et de blessés. Ça infecte, tellement il y en a, et pourtant il y a déjà bien des fosses de pleines que les boches ont remplies.

Aussi, nous couchons à la belle étoile. Nous touchons tout de même du pain. Il est temps, c'est le 5ème jour que nous n'avons rien à manger. L'odeur n'est pas bien bonne car il reste beaucoup de morts qui ne sont pas enterrés.

 

(*) : Morains-le-Grand n’existe pas. Le JMO indique Morains-le-Petit, nom qui apparait sur certaines cartes EM mais pas sur  d’autres qui ne mentionnent que Morains tout court. Cependant, il y avait à proximité 2 fermes l’une appelée La Petite Ferme et l’autre La Grosse Ferme ; peut-être s’agit-il de cette dernière

Vendredi, 11 septembre 1914

Au petit jour, nous partons en avant. Nous marchons à travers champs pendant longtemps. C’est très fatigant.

Nous passons à Villeneuve, puis nous traversons un bois pour aller coucher à Jalons. La troupe n'a pas souffert de trop par l'ennemi.

Samedi, 12 septembre 1914

Réveil à 4 heures.

Nous allons faire cuire notre viande dans un champ près du bourg, car nous n’avons pas pu le faire depuis 5 jours.

Pendant ce temps, le génie fait un pont sur la Marne, car les boches ont fait sauter l’autre. Nous partons et passons sur la Marne à Condé-sur-Marne.

On va jusqu’aux Grandes-Loges sous une pluie battante. Nous sommes très fatigués.

Dimanche 13 septembre 1914

Le matin au petit jour, nous nous réveillons assez dispos et nous reprenons la marche en avant sans rien trouver sur la route que les morts ou leur trace. L’ennemi fuit toujours.

Nous passons à Mourmelon près du camp de Chalons, mais à peine avons nous fait 4 kilomètres que nous rencontrons les boches. Comme il fait noir, nous restons sur place.

Un bataillon prend les avant-postes et nous allons coucher à Sept-Saulx, à environ 2 kms.

Lundi 14 septembre 1914

Réveil à 5 heures.

Nous reprenons la marche par un fort brouillard. Nous marchons jusqu’à Prosnes, mais arrivés là, le brouillard se dissipe et les boches qui sont retranchés nous reçoivent par une pluie de mitraille. Nous sommes forcés de rester dans les bois, sous les obus.

On se replie un peu en arrière, l'artillerie ennemie fait du ravage chez nous et le régiment bat en retraite en partie et vient se reformer sous les bois, entre Prosnes et Mourmelon.

Nous marchons un peu dans les bois, mais l'artillerie ennemie nous aperçoit et nous force à nous replier. Nous sommes à peu près 300 avec un capitaine. Il nous emmène pour coucher à Sept Saulx, mais sitôt arrivés, on nous donne l'ordre de retourner en soutien d'artillerie dans les bois à l'entrée de Prosnes.

On s'égare  et finalement nous arrivons au but. Tout le monde se couche au premier endroit venu, tout le monde est éreinté.

Le reste du régiment tient dans un ravin à Prosnes. (*)

 

(*) : La CHR (dont les sapeurs) et l’état-major du régiment sont à Prosnes, tous les autres soldats sont dans les tranchées au nord de Prosnes.

Mardi 15 septembre 1914

On se réveille à moitié gelés.

Nous partons pour rejoindre le régiment à Prosnes, mais à la sortie du bois qui se trouve sur une hauteur, l'artillerie ennemie nous aperçoit et nous envoie une pluie d'obus qui met tout le monde en fuite vers le bois.

Nous restons avec le drapeau, tapis comme des lapins près des tas de gerbes et on réussit en se faufilant un par un à rejoindre le régiment qui se trouve dans le ravin qui est à 500 mètres plus loin.

L'artillerie tire toujours mais ne nous fait pas de mal. Nous y restons jusqu'au soir. Nous allons pour coucher au patelin. On fait la soupe, mais les boches ne nous donnent pas le temps de la manger. Nous recevons une pluie d'obus, suivie par une attaque d'infanterie.

De tous côtés, on reçoit l'ordre de se replier avec le drapeau.

Nous allons jusqu'aux lignes du 291. La pluie tombe toujours et nous sommes obligés de coucher dans le bois, le long d'un sapin

Mercredi, 16  septembre 1914

Au petit jour nous retournons dans le ravin de la veille.

Toute la journée le canon tonne, mais rien ne bouge.

Jeudi, 17 septembre 1914

La nuit a été assez calme.

Au jour, la bataille recommence de plus belle. On cherche à avancer, mais l’ennemi est tellement bien retranché qu'il nous force à nous retirer. Aussi, avons-nous beaucoup souffert dans l'attaque. Nous restons dans le ravin et y couchons.

Il y a beaucoup de malades par la diarrhée. C’est surtout le mauvais temps qui en est cause. Moi-même, je l'attrape. J'en souffre beaucoup. J'ai la fièvre avec.

Vendredi, 18 septembre 1914

C’est toujours la même chose. Le canon tonne, mais les boches sont si bien placés que c’est impossible de les déloger d'où ils ont fait des abris avec des branches et de la paille. Nous y couchons.

Samedi, 19 septembre 1914

Rien de changé.

Le canon tonne mais nous sommes tous  terrés et il ne fait pas grand mal. Ils tirent tous mal.

Dimanche, 20 septembre 1914

Toute la nuit la fusillade n'a cessé, mais rien ne bouge. Au contraire, tout le monde se terre. Ce n’est que mitraille de part et d’autre.

Lundi, 21 septembre 1914

Toujours la même chose.

Le canon tonne du matin au soir et nous sommes comme des renards dans leur terrier. Personne n'ose bouger. C’est la vraie vie de sauvage.

A la tombée de la nuit, nous allons en corvée déblayer la route et boucher les trous d’obus. La bourgade est démolie, les maisons sont toutes en ruine, l’église est démolie et les gens qui restent, sont dans les caves et n’osent pas en sortir, tellement ça tombe, la mitraille.

Mardi, 22 septembre 1914

Dans la nuit, nous avons une fausse alerte.

Nous sommes restés dans notre terrier et la journée se passe comme les autres.

Mercredi 23 septembre 1914

C’est toujours le même refrain sauf que le canon tonne un peu moins que les autres jours.

Jeudi, 24 septembre 1914

Dans la nuit on se fait canarder, mais sans résultat. La journée est assez calme.

Vendredi, 26 septembre 1914

La journée se passe comme les autres sans trop souffrir de l'artillerie.

Samedi, 26 septembre 1914

Dans la journée nous attaquons et nous avons beaucoup de pertes surtout en tués.

Dimanche, 27 septembre 1914

Les boches font une contre-attaque le matin. La journée est dure.

Le soir nous recevons l’ordre de nous replier sur Sept-Saulx avec le drapeau. Le manque de cartouches nous force à en venir à la baïonnette. (*)

Dans la nuit c’est une mêlée épouvantable. On va dans une ferme un peu en arrière et là nous faisons le ravitaillement en cartouches pour les 1ères lignes.

 

(*) : Rappelons ici qu’Henri ROCHEREAU est à la compagnie hors rang (la CHR à la garde le drapeau), donc « moins » exposé que les soldats des bataillons. Quand il dit « nous force à en venir à la baïonnette » le « nous » c’est le régiment.

Lundi, 28 septembre 1914

La bataille continue toujours.

Vers midi, il y a  un peu plus de calme. Le combat a duré 43 heures sans rien avoir de gagné d'un côté ni de l'autre. C’est là que Pierre Blandin est grièvement blessé ainsi que Lepage, et Papion est tué. (*)

Il y a au moins 200 tués du 135 et les boches en ont encore davantage. (**)

Nous avons reçu le choc de 5 régiments prussiens. Sans bouger nous avons fait 4 prisonniers.

 

(*) :

- Pierre BLANDIN : 1 seul soldat du 135e RI du nom de Pierre BLANDIN est mort en 1914, à l’hôpital de Moulins le 2 octobre de suites de blessure de guerre ; il s’agit très probablement de lui (sa fiche matriculaire ne donne pas la date de sa blessure)

- LEPAGE : Le seul soldat sur toute la guerre du nom de LEPAGE tué au 135e RI l’a été le 30 août 1914, ce n’est donc pas lui.

- Louis PAPION, 22 ans, mort pour la France à Prosnes (51) le 27 septembre 1914. Voir sa fiche.

 

(**) : 247 tués du 135e régiment d’infanterie sont listés sur mémoire de hommes en 48 heures.

 

Mardi, 29 septembre 1914

Dans la journée, nous portons des cartouches. Il vient une marmite boche sur la ferme qui blesse un des secrétaires.

Le soir, nous retournons dans le ravin car nous sommes repérés. Dans la ferme, on fait une corvée à chercher du fil de fer et des outils pour les premières lignes et nous couchons dans le ravin.

Mercredi, 30 septembre 1914

Ce matin, rien de changé. Nous allons en corvée chercher des outils et des cartouches pour les hommes qui sont aux tranchées.

Le canon tonne toujours.

Jeudi, 1er octobre 1914

Toujours la même chose.

On va ramasser les armes et les équipements qui sont dans les tranchées et sur le terrain. Les boches nous tirent dessus sans nous faire de mal.

Vendredi, 2 octobre 1914

Dans la journée, nous recevons 800 hommes du dépôt qui viennent combler les vides. On est forcé de leur céder notre place pour aller coucher dans les caves de Prosnes.

Nous y sommes très bien.

Samedi, 3 octobre 1914

La journée se passe à peu près bien.

Le soir nous sommes relevés par le 68ème et on va au repos à Sept-Saulx. Il est temps. Nous avons passé trois semaines dans les tranchées.

Dimanche, 4 octobre 1914

La journée de repos si bien méritée se passe très bien, mais je crois que nous n'y serons pas longtemps.

Lundi, 5 octobre 1914

Deuxième journée de repos.

J’apprends par Pichot qui est passé aux mitrailleurs que nous ne restons plus que trois d'Issé.

 

(*) : PICHOT : Le seul de ce nom au 135e RI et habitant Issé est Donatien Rogatien PICHOT classe 1911 ; Voir sa fiche matriculaire. Il survivra à la guerre.

Mardi, 6 octobre 1914

Troisième journée de repos. Nous passons une revue par notre nouveau capitaine et colonel.

Le soir, nous allons relever le 90 qui est devant Thuizy. On couche dans les tranchées. Elles sont assez bien.

Mercredi, 7 octobre 1914

La journée est assez calme.

Le soir nous recevons une trentaine d’obus sans faire de mal.

Jeudi, 8 octobre 1914

Je prends le planton à la brigade.

La journée est assez tranquille.

Vendredi, 9 octobre 1914

Dans l’après-midi nous avons des canons du 90 pour démolir les tranchées. Ils tirent une vingtaine de coups qui nous en amènent au moins 100 des Prussiens.

Mais la moitié n’éclate pas. Aussi, ils ne font rien.

Samedi, 10 octobre 1914

La journée se passe assez bien. Nous ne recevons pas trop d’obus.

Le soir, on va relever le 114, un peu à gauche.

Dimanche, 11 octobre 1914

Le matin on se réveille dans un bois.

Les tranchées sont très bien faites, mais les balles et les obus tombent à foison.

Lundi, 12 octobre 1914

C’est toujours la même chose. On creuse un trou pour mettre les cartouches à l’abri.

Mardi, 13 octobre 1914

Dans la journée on se met à faire un puits. Faut croire que la guerre n’est pas finie.

Le soir on est relevés par le 77ème et on va au repos à Thuizy.

Mercredi, 14 octobre 1914

La journée de repos se passe assez bien. Je vois Louis Aubin et GuinnÉ qui sont au 77ème. (*)

Ils me disent qu’il en manque beaucoup d’Issé chez eux aussi. (*)

 

(*) :

- AUBIN : Il s’agit de Louis François Jean Marie AUBIN classe 1910 d’Issé, le seul de ce nom au 77e RI. Il survivra à la guerre. Voir sa fiche matriculaire.

- GUINNÉ : Il n’y a pas de GUINNÉ au recrutement de Loire Atlantique. Le seul nom approchant au 77e RI est Eugène Marie Joseph GUINÉ mais il était de Savenay et non d’Issé (Voir sa fiche matriculaire). Aucun GuinÉ ou GuinnÉ n’est listé sur le monument aux morts d’Issé.

Le monument aux morts d’Issé listera après la guerre près d’une centaine de nom de morts pour la France de ce « petit » village.

Jeudi, 15 octobre 1914

Toujours au repos.

Rien à signaler.

Vendredi, 16 octobre 1914

Rien à signaler.

Toujours au repos.

Samedi, 17 octobre 1914

Rien à signaler.

Dimanche, 18 octobre 1914

Dans la journée, le bruit court que nous allons partir dans le Nord. (*)

Toujours à Thuizy.

 

(*) : Ils vont partir pour la Belgique.

Lundi, 19 octobre 1914

Pas de changement. Le bruit court toujours.

Le soir, on apprend que l’on va aller demain à Villers-Marmery.

Mardi, 20 octobre 1914

Départ à 5 heures du matin. On va à Villers-Marmery.

Le bruit court toujours que nous allons embarquer pour le Nord.

Mercredi, 21 octobre 1914

Dans la journée nous passons en revue par le colonel et le soir on va prendre le train à Mourmelon-le-Petit.

On embarque à minuit.

Jeudi, 22 octobre 1914

Nous sommes mal à l'aise dans le train. On se dirige sur Paris. Nous passons à Amiens et par la ligne de ceinture à Paris d’où on reprend la ligne du Nord.

Vendredi, 23 octobre 1914

Nous arrivons à Hazebrouck à 3 heures de l’après-midi.

Nous descendons et aussitôt on monte en autobus. On va jusqu’à Ypres en Belgique et nous y couchons.

La ville est très belle. C’est un peu plus grand que Chateaubriand (*), mais bien plus riche.

 

: Chateaubriand est la « grande » ville à côté d’Issé, village natal d’Henri.

Samedi, 24 octobre 1914

Réveil à 5 heures.

Nous nous dirigeons sur l’ennemi qui ne doit pas être loin, car le canon tonne. On fait la grande halte à la sortie de la ville et vers midi on repart en avant. Nous trouvons l’ennemi à 3 heures. La fusillade et le canon font rage.

Le soir, nous couchons près d’une motte de paille, en plein champ.

Dimanche, 25 octobre 1914

Toute la nuit le combat n’a pas cessé de part et d’autre. La journée se prépare bien. La même chose.

Nous avançons de 1 kilomètre à peu près. Nous prenons une crête. C’est vraiment admirable de voir les soldats monter à l’assaut de cette crête. Mais aussi c’est terrible à voir par le ravage aussi. (*)

Nous couchons dans une maison à Zonnebeke. La journée a été terrible.

 

(*) : Les pertes sont d’environ 800 hommes tués, blessé et pour la plupart disparus. (Hist.)

Lundi, 26 octobre 1914

La nuit a été assez calme. Le colonel nous envoie ramasser les outils de restés en arrière. Dans les tranchées, le feu recommence de plus belle si bien que nous ne pouvons rejoindre notre lieutenant. On arrête dans une maison et on attend le soir pour rejoindre les autres. Les balles sifflent de tous côtés.

On couche dans les tranchées.

Mardi, 27 octobre 1914

Toute la nuit, la fusillade n'a pas cessé sur notre gauche. Nous avons entendu une charge à la baïonnette. Ce matin, ça tonne de plus belle. Notre colonel est tué et le général de brigade a été blessé. C'est épouvantable, il ne va pas en rester.

 

(*) : Lieutenant-colonel Pierre Marie Louis Anne MAURY, 46 ans, mort pour la France le 26 octobre 1914 à Zonnebeck. Voir sa fiche.

Il est remplacé par le commandant MARIANI du 77e régiment d’infanterie, remplacé lui-même par le commandant COLLIARD, venant du dépôt du 135e régiment d’infanterie et tué quelques jours plus tard. Remplacé à nouveau par le commandant MARIANI.

Curieusement la seule page illisible du journal de la 18e division d’infanterie est ce jour-là !!! On nous cache des choses ? Et le JMO de la brigade : mots raturés ???

Selon le JMO de la 36e brigade, la 36e BI était commandée par le colonel Eon jusqu’au 26 octobre au matin lorsqu’il fut blessé par un obus ainsi que 2 officiers de son EM (dont le capitaine de la Tailles qui reviendra le 14 novembre). La brigade est après commandée par le colonel Lestoquoi qui commandait le 77e RI. Le colonel Maury commandant du 135e RI a été tué le même jour mais dans la soirée.

Mercredi, 28 octobre 1914

C'est toujours la même chose.

C'est une véritable boucherie.

Jeudi, 29 octobre 1914

Aucun changement, au contraire.

L'ennemi redouble de fureur, mais ne peut avancer et nous non plus.

Vendredi, 30 octobre 1914

Le combat ne cesse pas de la journée. Il n'y a que la nuit qu'il cesse un peu, mais au réveil, il reprend, tous les jours de plus en plus violent.

Samedi, 1er novembre 1914 (*)

Triste commencement de mois et triste jour de la Toussaint car le combat n'arrête pas un instant de la journée.

 

(*) : Le 1er novembre 1914 est un dimanche (31 jours en octobre) : décalage du jour de la semaine sur tout novembre et sur tout décembre.

Dimanche, 2 novembre 1914

Je crois que les boches profitent de ce triste jour car ils préparent une attaque qui ne réussit pas, mais qui nous coûte beaucoup de monde. Ils nous font une compagnie prisonnière.

Le renfort nous vient. On lui cède notre place et l'on s'en va avec le drapeau dans un château à Zonnebeke. Les maisons sont en ruines ainsi que l'église.

Lundi, 3 novembre 1914

C'est toujours aussi terrible. C'est même intenable.

Notre gauche a avancé un peu.

Mardi, 4 novembre 1914

C'est toujours la même chose. Je crois qu'ils ne vont pas laisser une maison debout dans le patelin.

Mercredi, 5 novembre 1914

Tout le monde travaille sous la mitraille à faire des tranchées. Nous avons perdu 7 à 800 morts ou blessés.

Jeudi, 6 novembre 1914

Les retranchements continuent toujours. La fusillade et le canon ont cessé un peu.

Vendredi, 7 novembre 1914

Rien de changé dans la situation. Nous sommes assez bien au château et on est encore un peu à l'abri et surtout bien couchés.

Samedi, 8 novembre 1914

Rien de changé.

Il arrive un détachement d'étrangers avec un commandant qui vient pour commander le régiment. (*)

 

(*) : Il s’agit du commandant-major COLLIARD qui prends effectivement le commandement du 135e régiment d’infanterie.

Dimanche, 9 novembre 1914

Rien à signaler.

Lundi, 10 novembre 1914

Rien à signaler.

Mardi, 11 novembre 1914

Rien de nouveau.

Mercredi, 12 novembre 1914

Rien de nouveau.

Jeudi, 13 novembre 1914

On est toujours au château.

Dans la soirée, les boches préparent une attaque qui leur réussit. Ils font un tiers du régiment prisonnier.

Heureusement qu'il vient du renfort, mais nous avons perdu une tranchée. (*)

 

(*) : La 36e brigade d’infanterie (77e et 135e régiments) reçoit en renfort 2 bataillons du 92e régiment d’infanterie qui se lancent aussitôt à l’assaut. Ces 2 bataillons enregistrent de très nombreuses pertes dont leur colonel (Charles KNOLL) et une dizaine d’officiers. (JMO 36e BI)

Vendredi, 14 novembre 1914

La journée se passe comme les autres, sans attaque.

Samedi, 15 novembre 1914

Le matin, à 5 heures, il vient 3 marmites sur le château, elles démolissent une aile et blessent le cuisinier du colonel au cou. (*)

 

(*) : Il s’agit très certainement du colonel commandant la 36e brigade, car le 135e régiment d’infanterie (qui compte en cette date environ 850 hommes au lieu de plus de 3000) est commandé par le Commandant COLLIARD

Dimanche, 16 novembre 1914

Rien à signaler.

Lundi, 17 novembre 1914

Cette nuit, il est tombé une marmite sur une maison près du château. Il y a eu 9 morts et 12 blessés. J'étais de garde. (*)

Aussi, je me suis ramassé en vitesse dans la maison.

 

(*) : La nuit du 17 au 18 : le JMO 36e BI annonce 18 tués et 9 blessés le 18 novembre à 0h10.

Mardi, 18 novembre 1914

Rien de nouveau aujourd'hui.

Les obus tombent toujours aux environs du château. Il y en a un qui m'est passé bien près du cou. J'en suis tombé par le déplacement d'air.

Mercredi, 19 novembre 1914  (relève le 20 à 4h selon le JMO)

On s'en va en 2ème ligne avec repos pour 48 heures.

Jeudi, 20 novembre 1914   (le 22 à 8h selon le JMO, correspond aux 48h en 2e ligne)

Le matin, nous partons au repos complet à Vlamertinge pour 48 heures, c'est à 12 kilomètres de Zonnebeke.

Vendredi, 21 novembre 1914

Le repos est bien gagné et nous en profitons avec plaisir.

 

(*) : Du 24 octobre au 21 novembre 1914,  le régiment a perdu 2308 hommes (dont 44 officiers) tués, blessés et disparus (source hist. du 135e RI). Il reçoit le 22 novembre 685 hommes, dont 415 jeunes soldats.

Samedi, 22 novembre 1914  (le 24 selon le JMO)

Le matin, rien de nouveau.

A 9 heures, alerte. Nous passons en revue par notre nouveau colonel (*) et nous partons pour les 1ères lignes.

Nous couchons avec le drapeau tout près d'Ypres, dans une ferme.

 

(*) : Lieutenant-colonel AUDIAT-THIRY, il vient de la 4e division de cavalerie.

Dimanche, 23 novembre 1914  (le 25 selon le JMO)

Nous partons par le brouillard dans un château à 2 kilomètres avec le colonel. Le château est très bien. Il n'a pas trop souffert encore. Il s'appelle Hooge et le propriétaire est un marquis.

Lundi, 24 novembre 1914

Rien de nouveau.

On couche dans la cave car il vient quelques sifflants et comme il y a beaucoup d'ouvertures, ils ne demandent pas la permission pour rentrer.

Mardi, 25 novembre 1914

La fusillade n'est pas si forte. Ça va à peu près.

Mercredi, 26 novembre 1914

Rien à signaler.

Jeudi, 27 novembre 1914

Rien d'anormal.

Vendredi, 28 novembre 1914

Rien de changé sur les positions. On doit être relevés ce soir ou dans la nuit.

Samedi, 29 novembre 1914  (plus de décalage de date -relève le 29 matin de 1h30 à 5h- mais toujours du jour de la semaine)

Nous partons au repos à Vlamertinge pour 48 heures.

Dimanche, 30 novembre 1914

Nous sommes assez bien au repos.

Lundi, 1er décembre 1914

Nous partons aux tranchées à 9 heures. Je vois Jean Cadorel qui est au 6ème génie. (*)

On ne va qu'à Ypres dans une école et on y couche.

 

(*) : Jean Louis CADOREL :  Est-ce lui ? Il n’était pas au 6e génie, mais originaire du même village d’Henri. Étant classé au service auxiliaire, peut-être a-t-il été employé dans le 6e génie  (Philippe a parcouru tous ceux recrutés en Loire Atlantique sans trouver mieux…)

Mardi, 2 décembre 1914

Le matin, on s'en va à la brigade raccommoder le blocos du général et le soir on revient à l'école de la Bienfaisance.

Mercredi, 3 décembre 1914

Le matin, nous partons pour les 1ères lignes.

On va près du château d'Hooge dans les maisons.

Jeudi, 4 décembre 1914

Nous sommes toujours assez bien logés. Les obus ne viennent pas de trop, mais les balles ne manquent pas.

Vendredi, 5 décembre 1914

Rien à signaler.

Samedi, 6 décembre 1914

Nous devons être relevés par le 77 cette nuit.

Dimanche, 7 décembre 1914

Nous partons à 4 heures pour aller au repos à Vlamertinge.

Lundi, 8 décembre 1914

Repos.

Mardi, 9 décembre 1914

On s'en retourne à Ypres dans un couvent de sœurs. Elles sont encore 4 à 5 dedans.

Mercredi, 10 décembre 1914

On repart pour Hooge prendre les 1ères lignes.

Jeudi, 11 décembre 1914

Rien à signaler.

Vendredi, 12 décembre 1914

Il y a une petite attaque sur notre droite, mais elle ne dure pas longtemps. Le 75 les met bien vite au repos.

Samedi, 13 décembre 1914

Rien à signaler.

Dimanche, 14 décembre 1914

Les boches sont réveillés au son du canon. Pendant 45 minutes, sur 2 kilomètres de long, on a envoyé 5000 obus. Je crois que les boches trouvent cela plutôt fade dans leur café, mais l'attaque ne réussit pas très bien.

Lundi, 15 décembre 1914

Nous recommençons ce matin encore, mais les boches s'en méfient. Ils ont prévu notre attaque qui ne réussit pas. Les pertes sont égales.

Mardi, 16 décembre 1914

Rien à signaler.

Mercredi, 17 décembre 1914

Rien à signaler.

Jeudi, 18 décembre 1914

Rien à signaler.

Vendredi, 19 décembre 1914

Rien à signaler.

Samedi, 20 décembre 1914

Nous sommes relevés et on va au repos à Vlamertinge.

Dimanche, 21 décembre 1914

Repos.

Lundi, 22 décembre 1914

Je vois le gars Rousseau le jeune. (*)

Il suit le peloton des sous-officiers au 77ème à Vlamertinge.

 

(*) : . Il pourrait s’agir de Ferdinand Marcel ROUSSEAU, classe 1914 (d’où « le jeune »), le seul du 77e RI habitant Moisdon (même canton qu’Issé). Il était passé caporal le 5 novembre 1914 (d’où son suivit fin décembre au peloton des sous-off)

Mardi, 23 décembre 1914

Retour aux tranchées. Tout est calme.

Mercredi, 24 décembre 1914

Rien à signaler.

Jeudi, 25 décembre 1914

Cette nuit, j'ai été à la messe de minuit au château et aussi, on fait réveillon pour de bon car j'attrape une bonne cuite.

Dans la journée, on travaille à faire un abri au colonel et j'ai un de mes camarades blessé, RÉthorÉ. (*)

C'est le premier sapeur de blessé depuis le début de la guerre. Je l'ai échappé belle moi aussi.

 

(*) : Théodore Anatole Émile RÉTHORÉ sera nommé très souvent par Henri ROCHEREAU.

Maçon à ses 20 ans, affecté donc logiquement comme sapeur au 135e régiment d’infanterie, né et habitant à Cholet, il est effectivement blessé le 25 décembre 1914, blessure à la joue et au nez par éclat d’obus.

Il sera soigné dans un hôpital et reviendra combattre d’ici quelques mois. Plusieurs fois cité pour bravoure, nous en reparlerons plus loin dans le texte.

Vendredi, 26 décembre 1914

Rien à signaler.

Samedi, 27 décembre 1914

Rien à signaler.

Dimanche, 28 décembre 1914

Rien de neuf. Je monte des pétards pour les lancer aux boches dans les tranchées de 1ères lignes.

Lundi, 29 décembre 1914

Rien à signaler. Tout est tranquille.

Mercredi, 30 décembre 1914

Rien à signaler.

 

(*) : Dernier jour du décalage du jour de la semaine (le 30 est bien un mercredi). Le décalage est uniquement les 2 et 3 août ainsi que tout novembre et tout décembre jusqu’au 29 inclus

Jeudi, 31 décembre 1914

Rien à signaler.

1915 : Artois – Belgique – Artois - Somme

Durant le premier semestre de la guerre, le régiment a changé 10 fois de chef de corps et perdu près de 6.000 hommes et 90 officiers

Vendredi, 1er janvier 1915

Le matin, nous partons au repos à Ypres.

Samedi, 2 janvier 1915

Repos. On est assez bien en ville.

Dimanche, 3 janvier 1915

Repos.

Lundi, 4 janvier 1915

Nous retournons au même emplacement. Il n'y a rien de changé pendant notre absence.

Mardi, 5 janvier 1915

Rien à signaler.

Mercredi, 6 janvier 1915

Rien de changé dans la situation.

Les civils ayant reçu l'ordre de s'en aller, on est obligés d'user de la force et de les charger en voiture avec leur mobilier.

Jeudi, 7 janvier 1915

Rien de neuf.

Vendredi, 8 janvier 1915

Le matin, on est obligés de laisser notre maison au 32ème. On trouve des réservoirs à eau. On s'y installe dans le milieu d'un champ. On fait une cheminée qui nous tombe sur les pieds. On la recommence, mais nous sommes obligés d'y mettre des appuis.

Samedi, 9 janvier 1915

On finit de s'installer dans nos nouveaux appartements.

Dimanche, 10 janvier 1915

Rien à signaler.

Lundi, 11 janvier 1915

Rien à signaler.

Mardi, 12 janvier 1915

Rien de nouveau, sauf que les boches ne nous laissent pas si tranquilles depuis que les civils sont partis du village.

Mercredi, 13 janvier 1915

Nous recevons toujours quelques sifflants et aussi des marmites.

Jeudi, 14 janvier 1915

Toujours la même chose. Dans la nuit, les boches ont flanqué une maison par terre. Il y a eu un blessé. Ça ne devient pas franc à Hooge.

Vendredi, 15 janvier 1915

Nous partons au repos à Ypres. C'est assez calme ce matin. Nous devons y passer 4 jours.

Nous recevons deux sapeurs nouveaux en remplacement des deux évacués.

Samedi, 16 janvier 1915

Repos.

Les boches canardent toujours la ville qui s'en va en ruines.

Dimanche, 17 janvier 1915

Repos toujours. Rien de nouveau pour aujourd'hui.

Lundi, 18 janvier 1915

Repos complet. Nous devons partir dans la nuit pour les 1ères lignes.

Mardi, 19 janvier 1915

Nous partons pour Hooge à 5 heures. La journée se passe assez bien. Nous ne sommes pas beaucoup canardés.

Mercredi, 20 janvier 1915

Journée très calme. Nous sommes assez tranquilles.

Jeudi, 21 janvier 1915

Le matin, les boches se mettent en devoir de canarder la route d'Ypres à Menen. Ils y réussissent et envoient un obus sur la brigade qui tue le général et 4 hommes et en blesse 4 autres. (*)

A part cela, la journée est assez calme.

 

(*) : Il s’agit du colonel Joseph Marie CHAULET, commandant de la 35e brigade d’infanterie. Voir sa fiche.

- Sergent Edmond GIRAULT. Voir sa fiche.

- Auguste Louis LELION. Voir sa fiche.

- Émile Olivier MASSON. Voir sa fiche.

Vendredi, 22 janvier 1915

Rien à signaler. Quelques obus qui viennent pas loin mais ne font pas de mal, heureusement.

Samedi, 23 janvier 1915

La journée a été terrible, surtout l'après-midi. Nous avons reçu plusieurs obus sur Hooge et les environs.

Dans la soirée, ils ont envoyé une rafale sur les maisons. Il y a eu 5 blessés, dont nos deux nouveaux sapeurs et deux du 77ème. Moi, j'ai mangé un tas de betteraves, pas loin avec la tremblotte.

Dimanche, 24 janvier 1915

Toute la nuit, ils nous ont canardé, mais sans nous faire de mal.

Le matin, on reçoit l'ordre d'évacuer Hooge. On va dans une ferme, à un kilomètre, qui n'est pas encore trop bombardée. La journée se passe assez bien.

Le soir, je vais aux distributions et je me trouve avec un gars AliX (*) de La Beaubressais et un gars Blais de La Brosse. (**)

On parle un peu du pays, mais on ne connaît tous que de mauvaises nouvelles.

 

(*) : Clément ALIX. Le prénom sera cité plus loin dans le récit.

(**) : La Beaubressais et La Brosse : 2 fermes à côté d’Issé (44).

 

Recherches de Philippe pour retrouver le « gars BLAIS » :

Au recensement d’Issé de 1911 :

- il n’y avait pas à La Brosse de famille Blais mais 2 familles : Ménard et Leblais (dont le fils Alfred Théophile Marie était né en 1885, mais étant incorporé au 64e RI selon sa FM il était à cette date dans la Somme et non en Belgique).

- par contre, il y avait un Alexis  BLAIS habitant Coëtreux (500m de La Brosse) classe 1911 mais bien qu’indiqué né à Issé au recensement, je ne l’ai pas retrouvé ni dans l’état civil ni au recrutement de Loire Atlantique. Comme il était domestique et que je n’ai pas non plus retrouvé sa FM dans le 44 ni dans les départements limitrophes 35, 49 et 85, il devait venir d’un autre département (j’ai bien retrouvé un Alexis BLAIS classe 1911 n° 726 au recrutement de Rennes, né dans le 44 pas très loin d’Issé mais mort le 4 mars 1915 alors qu’Henri le rencontrera encore le 1er avril.)

La seule possibilité selon moi est Pierre Marie BLAIS classe 1911 qui était de Tréffieux (~5km de La Brosse) : après être passé au 135e RI, il était au 9e ETEM, ce qui aurait permis à Henri de déjà le connaître puis de le retrouver en allant à la distribution. Voir sa fiche matriculaire.

Lundi, 25 janvier 1915

Nous restons toujours à la ferme en demi-repos.

La journée est assez calme.

Mardi, 26 janvier 1915

Nous passons la journée à la ferme. Nous devions retourner à Hooge le soir mais le village est tellement bombardé qu'on nous envoie au train de combat en arrière à Potyze.

C'est une chance car le gourbi où nous couchions dans la prairie est démoli. Il ne reste plus rien du village.

Mercredi, 27 janvier 1915

Nous sommes très bien à La Potyze.

On couche dans une buvette. Il y a encore des civils, même de jolies femmes.

Jeudi, 28 janvier 1915

La journée se passe très bien à La Potyze. Je monte des pétards pour les tranchées.

(Baptiste) Charrier est malade. Il a 39 de fièvre. Il rentre à l'infirmerie.

Vendredi, 29 janvier 1915

Rien de neuf ce matin.

Charrier ne va pas mieux. Je crois qu'il va être évacué. (*)

 

(*) : Baptiste CHARRIER part à l’hôpital de Rosendaël (59). Peintre en bâtiment dans le civil, il a déjà été réformé temporaire pour « faiblesse générale » en 1911.

Samedi, 30 janvier 1915

Rien de bien nouveau ce matin. (Baptiste) Charrier est évacué.

Les bruits courent que les Anglais vont bientôt nous relever. Il est temps que le régiment prenne un peu de repos.

Dimanche, 31 janvier 1915

Rien de nouveau, sauf que le régiment devait venir au repos à Ypres cette nuit et il est resté en 1ère ligne.

Lundi, 1er février 1915

Ce matin, nous partons au repos avec le régiment à Ypres.

Nous allons toujours au même endroit qu'à l'habitude.

Mardi, 2 février 1915

La journée se passe assez bien.

Le soir, il arrive un détachement d'Anglais qui relève les régiments de notre droite. Ce sont de nouvelles recrues.

Mercredi, 3 février 1915

Rien à signaler de neuf, sauf que les Anglais arrivent en masse. Je crois qu'il se prépare un grand coup dans le Nord.

Jeudi, 4 février 1915

Toujours la même chose. Nous passons une revue sur la place d'Ypres avec la musique qui a reçu des instruments car les siens sont chez les boches.

A part cela, tout est tranquille. Il y a beaucoup d'Anglais à Ypres.

Le soir, il y a un concert près de l'église Saint-Thomas.

Vendredi, 5 février 1915

Le matin, à 6 heures, nous retournons au même endroit à La Potyze où nous étions.

Le régiment est en 1ère ligne. Les boches ont mis le feu au château d'Hooge cette nuit. Il ne reste que les murs. C'est là que devait être le poste du commandement du régiment.

Samedi, 6 février 1915

Il n'y a rien de changé ce matin. Il y a eu une échauffourée avec les Anglais et les boches à droite du régiment cette nuit, mais pas bien longtemps.

Les résultats ne sont pas connus. Je crois qu'il n'y a pas grand-chose.

Dimanche, 7 février 1915

Rien de nouveau.

Le soir, la ville reçoit plusieurs obus.

Lundi, 8 février 1915

C'est toujours la même chose. Les boches réussissent à mettre le feu à un magasin de munitions anglais.

La journée est calme, à part cela.

Mardi, 9 février 1915

Le matin, nous partons pour aller rejoindre le colonel. Il est à la ferme de Bellewarde. Nous y passons la journée.

Le colonel étant malade, il vient à l'infirmerie. Nous revenons à La Potyze par de beaux chemins. On y va jusqu'à mi-jambe dans la vase.

Mercredi, 10 février 1915

Nous reprenons notre ancien travail par une belle journée. Il fait un temps superbe.

Jeudi, 11 février 1915

Rien de nouveau.

Le colonel est toujours à l'infirmerie et nous à La Potyze.

Vendredi, 12 février 1915

Rien à signaler. C'est assez calme.

Samedi, 13 février 1915

Les boches nous ont envoyé quelques obus pas loin et il tombe beaucoup d'eau.

Journée calme.

Dimanche, 14 février 1915

La pluie a tombé toute la nuit et ne cesse pas de la journée avec un grand vent.

Le soir, le canon tonne. Il y a une grande fusillade à notre droite chez les Anglais. Chez nous, c'est calme.

Lundi, 15 février 1915

Rien de nouveau ce matin.

On dit que les Anglais ont marché 5 fois à la baïonnette et qu'ils auraient gagné une tranchée.

Chez nous, il n'y a rien de neuf.

Mardi, 16 février 1915

Tout est calme aujourd'hui.

J'ai pris le planton chez le colonel qui est à l'infirmerie. Il va un peu mieux. A part cela, rien de neuf. Les tantes reçoivent la pilule par nos 75.

Mercredi, 17 février 1915

La journée est assez calme.

Le régiment a été relevé par le 77ème ce matin. Il est au repos à Ypres, mais nous restons à Potyze.

Jeudi, 18 février 1915

Rien de nouveau ce matin.

A midi, on reçoit l'ordre de s'en aller avec le colonel à Ypres au repos. Tout se passe bien.

On n'entend pas beaucoup le canon aujourd'hui.

Vendredi, 19 février 1915

Ce matin, le réveil a été à 5 heures, mais nous avons eu une triste sortie. Nous avons été assister à la dégradation de 3 hommes du régiment qui ont eu 10 ans de détention et un autre qui a été fusillé devant tout le régiment. (*)

C'est épouvantable : Tué par une balle ennemie, oui, mais jamais par ses frères d'armes.

 

(*) : Il s’agit de Gaston Léon CHEMINEAU, 32 ans, du 135e régiment d’infanterie, accusé de refus d’obéissance devant l’ennemi et exécuté le 19 février. Voir sa fiche.

 

 

Extrait du JMO du 135e régiment d’infanterie du 18/02/1915

 

 

Le conseil de guerre à lieu à partir de 9 heures le 18 février.

Les soldats qui seront dégradés, n’ont pas de grade. Il s’agira donc d’une parade d’exécution. 4 soldats sont accusés de désertion devant l’ennemi. BOUT, BIGARRÉ prennent 20 ans de détention, DENIAU 5 ans. Il manque un quatrième soldat déserteur (soldat TAUDON) au 135e régiment d’infanterie.

Il est nommé le 1e février sur le JMO de la prévôté de la 18e division d’infanterie et le 16 février les 4 noms sont cités.

 

Le 19 février a donc lieu la dégradation des soldats BOUT, BIGARRÉ, DENIAU et l’exécution de Gaston Léon CHEMINEAU, à Potyze, confirmé par le JMO.

Le soldat TAUDON, malade, n’a pu subir la dégradation militaire a été évacué d’urgence sur un hôpital. (JMO le 19 février).

 

 

 

 

 

Samedi, 20 février 1915

La journée se passe au repos. Nous devions relever le 77ème cette nuit, mais nous avons craint une nouvelle attaque, les boches ayant fait sauter une tranchée devant nos lignes.

A part cela, rien de nouveau.

Dimanche, 21 février 1915

La journée se passe très bien. L'attaque n'a pas eu lieu.

Lundi, 22 février 1915

Le régiment est reparti hier soir. Nous avons repris les mêmes emplacements à  La Potyze.

Mardi, 23 février 1915

Rien à signaler. Les Anglais arrivent encore en masse à Ypres. C'est assez calme sur le front.

J'ai vu Rousseau et Philippot. (*)

 

(*) : Il s’agit sûrement de : Elie Victor Jean Marie Joseph PHILIPPOT habitant Issé et au 9e ETEM. Voir sa fiche matriculaire.

ROUSSEAU est probablement « le jeune » déjà rencontré le 22/12 : Ferdinand Marcel ROUSSEAU.

Mercredi, 24 février 1915

Rien de neuf. Le régiment va au demi-repos. Nous restons à La Potyze.

Jeudi, 25 février 1915

Rien de nouveau. Il tombe de la neige, elle fond à mesure.

Vendredi, 26 février 1915

Rien à signaler. Beau temps.

Samedi, 27 février 1915

Rien à signaler.

Je fais la connaissance de deux gars du pays, un de Saint-Vincent (-des-Landes) et l'autre de Louisfert. Ils sont au 66ème.

Le soir, le régiment part en 1ère ligne.

Dimanche, 28 février 1915

Rien à signaler.

Il fait un temps superbe aujourd'hui. Il y a beaucoup d'avions, mais ils se font canarder par les 75.

Lundi, 1er mars 1915

La journée est très calme. Il fait une tempête épouvantable.

L'après-midi, il tombe de la neige. Dans la nuit, les boches canardent Ypres et la Bienfaisance.

Mardi, 2 mars 1915

Journée très calme. Le temps est revenu au beau. Rien à signaler sur le front.

Mercredi, 3 mars 1915

Réveil à 4 heures. Nous allons dans le bois, au-dessus de Hooge faire un gourbi pour le colonel. Les balles et les obus sifflent. Nous sommes dans l'eau.

Jeudi, 4 mars 1915

Nous repartons le matin de la ferme de Bellewarde à 5 heures. Nous sommes bombardés toute la journée. Principalement Hooge reçoit sa part. Nous ne recevons pas trop d'obus dans notre bois.

Le soir, on vient coucher à Potyze.

Vendredi, 5 mars 1915

Le régiment étant relevé ce matin, nous abandonnons le travail pour venir à Ypres au repos avec le régiment. La ville reçoit toujours quelques obus de gros calibre.

Samedi, 6 mars 1915

La journée est assez calme.

Le soir, j'apprends par une lettre de (Théodore) RÉthorÉ que notre pauvre camarade Charrier est mort le 8 février à Dunkerque de la fièvre. (*)

C'était bien un de mes meilleurs camarades. (*)

 

(*) : Baptiste CHARRIER, mort pour la France le 8 février 1915 à Rosendaël (59) de la fièvre thyphoïde. Voir sa fiche.

Sa sépulture se trouve à la nécropole nationale de Dunkerque, tombe n° 1562. Si un internaute passe dans ce secteur, une photo serait bienvenue. Voir sa fiche matriculaire.

 

Théodore RÉTHORÉ est, lui, toujours en rétablissement à l’hôpital.

Dimanche, 7 mars 1915

Rien de nouveau. Le bruit court que nous allons aller au grand repos 20 jours le 19 du mois.

J'envoie mes condoléances aux parents de Charrier.

Lundi, 8 mars 1915

Le matin, nous passons une revue par le colonel sur la place d'Ypres avec la musique. Il y a une décoration de la médaille de la légion d'honneur.

Tassin est rentré à l'infirmerie hier soir. Il a de la fièvre. C'est le 4ème sapeur depuis Noël. (*)

 

(*) : Le sapeur Charles René TASSIN fera toute la guerre au sein du 135e régiment d’infanterie. Blessé grièvement en septembre, puis en novembre 1916, il sera tué à quelques jours de l’armistice en octobre 1918 à Essigny-le-Grand (02). Voir sa fiche matriculaire.

Mardi, 9 mars 1915

Le matin, nous retournons à Potyze. Le régiment est parti aux tranchées, en première ligne, dans la nuit. Deux sapeurs vont travailler à Hooge pour le colonel. Je prends le planton pour garder le drapeau à l'infirmerie.

Rien à signaler sur le front.

Mercredi, 10 mars 1915

Rien de neuf aujourd'hui sur tout le front d'Ypres. (Charles) Tassin est évacué aujourd'hui. Il a de la fièvre.

Jeudi, 11 mars 1915

Rien de nouveau à signaler pour aujourd'hui. Nous sommes toujours à La Potyze.

Vendredi 12 mars 1915

Rien à signaler. Le régiment vient en deuxième ligne au demi-repos.

Le soir, nous restons à Potyze.

Samedi, 13 mars 1915

Rien de nouveau aujourd'hui.

Le soir, nous recevons deux nouveaux sapeurs, dont Éverno qui avait été évacué à Zonnebeke pour la fièvre et un de la classe 8. Il en manque 2 encore.

Dimanche, 14 mars 1915

Rien de nouveau pour aujourd'hui. Assez beau temps.

Nous recevons un troisième sapeur.

Lundi, 15 mars 1915

Rien à signaler.

Le régiment retourne aux tranchées ce soir. Il y a une tranchée que les boches ont fait sauter.

Il y a eu 2 morts.

 

(*) : Le JMO de la 36e BI relate bien une explosion de mine mais le 14 septembre matin (5h45). C’est le 77e RI qui était alors en ligne mais aucune mention de cette mine à son JMO (juste un camouflet). 2 tués à l’ennemi au 77e à Hooge (qui était l’épicentre des mines) le 14 mars plus 1 au 32e RI (l’inverse le 15 mars).

Mardi, 16 mars 1915

Rien à signaler. Dubois, le caporal-clairon est évacué par la fièvre.

Mercredi, 17 mars 1915

Rien à signaler. Le régiment est aux premières lignes.

Jeudi, 18 mars 1915

Cette nuit, la fusillade était très forte à notre droite. Les résultats ne sont pas encore connus.

Vendredi, 19 mars 1915

Rien de nouveau pour le moment. Le bruit court que nous sommes relevés et que nous allons au repos, mais il n'y a rien de précis encore. Il fait une grande tempête de neige. Il fait très froid.

Samedi, 20 mars 1915

La journée est calme. Il fait assez beau temps. Nous devons être relevés ce soir.

Dimanche, 21 mars 1915

Le régiment est relevé.

Nous devions partir ce matin au repos en arrière, mais nous restons à Ypres pour on ne sait combien de temps. Il fait très beau. Un beau commencement de printemps.

Lundi, 22 mars 1915

Rien de changé.

Nous sommes toujours à Ypres. Il fait très beau temps.

Mardi, 23 mars 1915

Rien de neuf.

Nous devions partir pour le grand repos. Il y a contre-ordre. On reste à Ypres pour le moment.

Mercredi, 24 mars 1915

Départ à 9 heures du matin pour le grand repos. Nous allons jusqu'à Vlamertinge à pied et nous montons en taxi-autos. Nous passons à Poperinge et à Elverdinge et nous venons débarquer et coucher à Dunkerque.

Nous sommes en France.

Jeudi, 25 mars 1915

Repos sur toute la ligne. Le pays est tout petit et n'a rien d'attrait.

Vendredi, 26 mars 1915

Repos.

Samedi, 27 mars 1915

Repos.

Dimanche, 28 mars 1915

Repos. Messe à 8 heures. Nous montons un hangar pour les peintres pour peindre les voitures du régiment. Quartier libre à 3 heures jusqu'à 8 heures.

Lundi, 29 mars 1915

Le matin, nous recevons l'ordre de partir pour faire de la place à la 17ème division qui est relevée et qui vient au repos. Nous passons par Wormhout et nous venons coucher à Zegerscappel. On fait environ 15 kilomètres.

Le pays est assez bien quoique tout petit.

Mardi, 30 mars 1915

Repos.

Nous recommençons nos hangars et continuons à peindre.

Mercredi, 31 mars 1915

Toujours le même travail.

Nous avons la musique tous les soirs. On se croirait plus en guerre, mais plutôt en manœuvre.

Jeudi, 1er avril 1915

Repos le matin.

Nous assistons au passage du 77ème qui s'en va plus en arrière encore que nous.

Je vois Louis Aubin, Blais de La Brosse, Durand et Pierre Roul (*) de Sion. Les autres sont évacués.

On est encore 6 au 135ème d'Issé : Pichot, Jean Roul, Marion, AliX, Ploteau qui est venu du 66ème et moi. On est heureux de pouvoir se retrouver pour trinquer ensemble et parler un peu du pays.

 

(*) :

- Louis AUBIN. Déjà cité, classe 1910 d’Issé. Il survivra à la guerre. Voir sa fiche matriculaire.

- Pierre Marie BLAIS, déjà cité le 24 janvier 1915.

- Joseph Marie DURAND, cultivateur, du 77e RI. Blessé trois fois durant le conflit. Réformé en octobre 1917 pour « réduction non définitive de l’acuité visuelle », il survivra au conflit. Voir sa fiche matriculaire

- Pierre ROUL, du 77e régiment d’infanterie est natif d’Issé et réside à Sion (44). Il sera tué en mai 1916 au nord de Verdun. Voir sa  fiche matriculaire.

- Donatien Rogatien PICHOT classe 1911, déjà cité le 5 octobre 1914.

- Jean ROUL (ROUX ?): Philippe n’a pas trouvé de Jean ROUL au 135e à cette date ni au recrutement du 44 (et des départements limitrophes 49 et 85) ni au recensement d’Issé en 1911.

Cependant, on apprend le 7 mai 1915 qu’il a été blessé le 26 avril 1915. Il est alors très fortement probable qu’il s’agisse de Jean Marie ROUX, effectivement d’Issé (la Doubleraie) au 135e à cette date et blessé le 26 avril 1915. (Lire orthographe sur le carnet original). Henri en parle d’ailleurs le 16 septembre 1917. Voir sa fiche matriculaire.

- Jules Marie MARION, cultivateur d’Issé, classe 1908. Il sera tué le 27 avril 1916 à la cote 304. Voir sa fiche matriculaire.

- Clément ALIX, 20 ans, il sera blessé le 28 avril 1915 à Lizernes, déclaré disparu puis déclaré mort. Voir sa fiche matriculaire.

- Joseph Jean-Marie Alexis PLOTEAU habitant Issé classe 1914 arrivé du 66e RI la semaine précédente (le 25 mars 1915). Il sera blessé le 2 juin 1915 (Henri en parle le 15 juin 1915) mais survivra à la guerre.  Voir sa fiche matriculaire.

Vendredi, 2 avril 1915

Repos sur toute la ligne. Rien de nouveau pour nous.

Samedi, 3 avril 1915

Rien de neuf pour aujourd'hui. Repos.

Nous avons la musique tous les soirs.

Dimanche, 4 avril 1915

Le matin, messe à 9 heures et nous travaillons pour la fête du régiment.

L'après-midi, courses de chevaux et de mulets et jeux divers.

Le soir, retraite avec la musique.

Lundi, 5 avril 1915

Nous sommes toujours au repos.

Le soir, nous apprenons que nous devons partir demain. On se sait où, au juste.

Mardi, 6 avril 1915

Départ à 6 heures.

Nous faisons environ 24 kilomètres. On va coucher à Houlle, tout petit pays, mal construit.

Mercredi, 7 avril 1915

Départ à 8 heures.

Nous passons à 6 kilomètres de Saint-Omer et on va coucher à Cléty. On fait 26 kilomètres. L'étape est très dure et nous sommes mal couchés.

Nous sommes dans le département du Pas-de-Calais.

Jeudi, 8 avril 1915

Départ à 6 heures.

Nous passons à Fruges. Nous couchons à Ruisseauville. Nous avons 26 kilomètres environ. C'est assez dur.

Vendredi, 9 avril 1915

Départ à 7 heures.

Nous passons par Wail et nous couchons à Fillièvres, petit pays assez bien.

On couche chez le maçon du pays qui a une jolie fille.

Samedi, 10 avril 1915

Nous passons la journée à Fillièvres au repos. Nous sommes très bien comme cantonnement. Ce sont de braves gens. Le patron est à la guerre. La journée est superbe. Le pays est assez gai, mais pas très grand.

Le soir, concert et retraite en musique. Le bruit court que nous embarquons pour une destination inconnue.

Dimanche, 11 avril 1915

Départ à 6 heures.

On fait environ 18 kilomètres pour venir coucher à Bouquemaison. C'est assez bien comme patelin.

Lundi, 12 avril 1915

Repos.

On nous dit que nous sommes en réserve de la 10ème armée. La 8ème, dont nous faisions partie, n'existe plus. Il y a déjà 4 jours que nous n'avons pas reçu de lettres.

Le soir, nous touchons nos lettres et colis.

 

(*) : La 8e armée a été supprimée le 4 avril (le général d’Urbal qui la commandait prendra le commandement de la 10e armée) et le « détachement d’armée de Belgique » est  reconstitué sous le commandement du général Putz.

Mardi, 13 avril 1915

Nous restons à Bouquemaison. Nous y sommes très bien pour le moment.

Mercredi, 14 avril 1915

On va à l'exercice pour la première fois depuis le début de la guerre. Aussi, tout le monde s'en fiche, c'est du beau.

Jeudi, 15 avril 1915

A l'exercice, toute la journée.

Vendredi, 16 avril 1915

Rien de nouveau pour le moment.

Nous sommes assez heureux. Malheureusement, cela ne continuera pas longtemps.

Samedi, 17 avril 1915

Rien de neuf pour aujourd'hui.

Il y a une marche, mais nous n'y assistons pas. On va voir les jeunes filles.

Dimanche, 18 avril 1915

Messe le matin, à 9 heures en plein air. Il fait beau temps. Nous avons la visite d'un avion pendant la messe.

L'après-midi, il y a une fête au 77ème à 5 kilomètres, mais comme il faut une perme, je n'en demande pas pour y aller.

Lundi, 19 avril 1915

Rien de changé.

Nous allons à l'exercice le matin et le soir, tout près du cantonnement.  Nous avons concert et retraite tous les soirs à 7 heures et l'appel à 8. C'est vraiment bien doux à côté d'il y a un mois.

Mardi, 20 avril 1915

Rien de changé.

Le bruit court que nous allons aller dans les environs d'Arras car la 17ème division y est soi-disant, mais on n'est pas certain encore. Ce matin, je me fais un effort dans les jambes, en courant, qui me fait bien souffrir. C'est le commencement des douleurs occasionnées par la guerre qui se fait sentir.

Gare à 40 ans, ce sera autre chose.

Mercredi, 21 avril 1915

Rien de nouveau pour aujourd'hui.

Nous sommes toujours à Bouquemaison. Il fait assez beau temps.

Jeudi, 22 avril 1915

Nous sommes en cantonnement d'alerte. Aussi, ça sent mauvais. On doit se diriger sur Arras, mais ce n'est pas encore bien certain. Le soir, nous partons à 7 heures. On fait  environ 20 kilomètres et on va coucher à Avesnes-le-Comte, à 15 kilomètres d'Arras.

Nous y arrivons à 11 heures du soir.

Vendredi, 23 avril 1915

Nous restons à Avesnes-le-Comte. Le pays est assez grand et assez chic, c'est un chef-lieu de canton. Je m'en vais chez le capitaine Roux (*) le garder car il est malade et il lui faut un homme pour être en liaison avec lui.

 

(*) : Le capitaine ROUX commandait la CHR (JMO au 5 avril).

Samedi, 24 avril 1915

Nous avons la division avec nous ainsi que la brigade.

Le soir, retraite en musique et le matin réveil en campagne.

Dimanche, 25 avril 1915

Ce matin, nous devions faire un autel en plein air pour la messe, mais contrordre. On reçoit l'ordre de se tenir prêts à embarquer à midi pour aller, je crois en Belgique à la rescousse des Anglais qui auraient reculé, soi-disant. Toujours est-il que nous embarquons à midi en autobus.

Nous passons à Hazebrouck et nous allons un peu en arrière de Dixmude. Ce sont de chez nous qui ont reçu la pile, mais les boches l'ont payé cher. Je crois qu'il y a eu 30 000 hommes hors de combat et nous 7 000. (*)

Nous couchons sur la terre en plein air. Il n'y fait pas chaud.

 

(*) : Il s’agit de la première attaque au gaz des Allemands. Elle a eu lieu le 22 avril 1915. Voir ici.

Lundi, 26 avril 1915

Le matin, on se réveille à moitié gelés, mais la troupe ne manque pas. Aussi, je crois que ça va chauffer encore par ici.

A midi, nous sommes encore au lieu de débarquement. On part au quart pour la ligne qui n'est pas loin. On arrive à 2 heures et demie en arrière du 418ème et, à 3 heures, l'attaque commence. C'est une véritable boucherie. Les boches reçoivent une bonne purge et reculent au moins de 2 kilomètres.

On fait plusieurs prisonniers et nous n'avons pas trop de pertes dans le 135 : 128 hommes, dont le capitaine MadAULE, tué, aux mitrailleuses. (*)

Le soir, on reçoit l'ordre de se porter en arrière avec le drapeau au poste de secours à Watten, petit pays.

Nous y passons la nuit.

 

(*) : Le JMO comptabilise : 17 tués, 130 blessés et 9 disparus soit 156 au total.

Capitaine Henri MADAULE. Voir sa fiche.

 

 

 

 

Carte de situation secteur d’Ypres du 26 avril au 5 mai

Avec situation du 135e régiment d’infanterie (JMO 18e DI)

 

 

 

Mardi, 27 avril 1915

Toute la nuit, le canon a tonné de part et d'autre, mais il n'y a pas eu de changement dans la situation. Le combat recommence à midi.

Notre colonel est tué au début d'une balle explosive en pleine figure. (*)

Le capitaine BalÉdent est tué après presque au même moment. (**) 

Tromas, le capitaine  et le capitaine-adjoint au colonel sont blessés tous les deux aussi. (***) 

L'attaque ne réussit pas très bien. Nous sommes avec le poste de secours dans une ferme. La nuit est calme.

 

(*) : Lieutenant-colonel Charles AUDIAT-THIRY. Voir sa fiche. Il est remplacé par le commandant NACQUART qui vient du 32e régiment d’infanterie, qui sera blessé à son tour le lendemain. Le régiment sera commandé alors par un capitaine : Capitaine RICHET (de la 9e compagnie) qui sera remplacé par le commandant POTTIER détaché provisoire du 32e régiment d’infanterie jusqu’à l’arrivée d’un nouveau chef de corps.

(**) : Capitaine Adrien BALÉDENT. Voir sa fiche.

(***)

- Le capitaine TROMAS qui commandait la 4e Cie a lui été blessé la veille 26.

- Le capitaine-adjoint au colonel est très certainement le capitaine DE HILLERIN (selon le JMO, c’était jusqu’à la veille (26 avril) le capitaine ABBADIE mais ce dernier ayant alors pris le commandement du 1er bataillon, le capitaine De HILLERIN était peut-être devenu l’adjoint du colonel.)

 

L’historique précise : 106 hommes tués, 226 blesses, 12 disparus.

Mercredi, 28 avril 1915

La matinée est assez calme. Nous allons chercher des outils au train de combat pour faire un abri au médecin-major.

A midi, le combat recommence de plus belle aussi. C'est épouvantable, on est presque fous par les obus et nous avançons très difficilement.

Mais enfin, on avance. Il y a beaucoup de pertes. Le terrain est couvert de morts et de blessés. C'est vraiment épouvantable, cette guerre. Aussi, vivement la fin.

Jeudi, 29 avril 1915

Il y avait tellement de blessés hier soir que nous avons été les ramasser. Les brancardiers ne suffisaient pas à eux tous seuls.

C'est la première fois qu'il y en a tant en si peu de temps.

Aussi, la nuit n'est pas bien bonne. Les balles et les obus tombent un peu partout. C'est même étonnant qu'il n'y ait pas de blessés de chez nous. Il y a eu deux brancardiers de touchés.

Le matin, on reçoit l'ordre d'aller à la brigade faire un abri au général de brigade. Nous y allons et il n'y fait pas trop bon.

Le soir, il y a encore une attaque qui rejette les boches de l'autre côté de l'Yser, mais elle coûte bien cher.

Vendredi 30 avril 1915

Le matin, nous retournons au travail, à la brigade. La journée est un peu plus calme que les autres.

Nous finissons l'abri le soir et nous touchons dix francs.

Nous revenons porter de la paille au général. A ce moment, les boches attaquent. Les balles sifflent de tous les côtés, enfin il n'y a pas de mal.

Samedi, 1er mai 1915

La journée est comme les autres.

Nous sommes au poste de secours. On y fait même un gourbi. C'est un peu plus calme vers le soir.

Dimanche, 2 mai 1915

La nuit a été très calme.

Le major du 418 nous envoie chercher pour lui faire un poste de secours à côté du général de brigade. Nous y passons la journée et, l'après-midi, nous assistons à un bombardement sur nos premières lignes. Ce sont des grosses marmites et c'est effrayant.

Dans les combats qu'il y a eus pendant les 4 jours, nous avons perdu tous nos officiers et une grande quantité d'hommes. (*)

Dans ce combat, nous avons changé 4 fois de commandant de régiment, dont un capitaine qui est blessé et 2 commandants du 32ème. Un a été blessé et l'autre est retourné à son ancien régiment car il est sans chef lui aussi.

Nous avons maintenant un colonel qui avait été blessé au début de la guerre. Il est de Marseille. Il s'appelle GaLon. (**)

 

(*) : Entre le 25 et le 30 avril, l’effectif du 135e passera de 48 officiers et 2849 hommes à 25 officiers et 2148 hommes soit une perte de quasiment la moitié des officiers et de 701 hommes

(**) : Exact (même 5 en comptant le Cl Galon) car dans la journée du 27, en attendant l’arrivée du commandant Naquard, c’est le capitaine TOURLET du 2e bataillon qui avait assuré le commandement (et qui fut blessé le 28 en même temps que le Cdt Naquart qui le remplaçait).

 

Lundi, 3 mai 1915

Nous retournons au gourbi le matin. C'est assez calme.

Dans l'après-midi, les boches recommencent le bombardement, mais plus en arrière, sans trop de résultats.

Le soir, nous apprenons que l'on doit être relevé dans la nuit.

Mardi, 4 mai 1915

Nous sommes réveillés à minuit par le 4ème chasseurs à pied qui nous relèvent. Nous lui laissons la place et nous partons à 2 kilomètres sur une route où nous y passons le reste de la nuit. Il tombe de l'eau. Aussi, il ne fait pas chaud.

Au jour, nous partons en arrière et nous allons cantonner à Steenbecque.

Mercredi, 5 mai 1915

Nous passons la journée à Steenbecque. Le pays est tout petit comme tous les patelins de Belgique, mais assez chic. C'est très propre. Le bruit court que nous retournons rejoindre la 17ème division qui est dans les environs d'Arras.

On part à 8 heures du soir en taxis-autos. Nous passons à Zegerscappel et à Béthune.

Nous arrivons au jour à Houdain.

Jeudi, 6 mai 1915

Nous recevons des ordres pour aller jusqu'à Caucourt, petit pays à environ 5 kilomètres de Houdain. Tout le monde est fatigué, surtout de la nuit passée à la blanche. On est assez bien cantonnés.

Vendredi, 7 mai 1915

Il n'y a rien de changé ce matin.

Soi-disant, nous sommes en réserve de la 10ème armée qui se trouve dans les environs d'Arras. Dans les derniers combats que nous venons d'avoir, nous avons perdu 2 camarades d'Issé, dont Jean Roul (*) qui a été blessé le premier jour par une balle le 26 avril et Clément AliX (**) qui a été tué comme il montait sur la tranchée avec sa section pour aller à la charge le 28 avril vers midi.

Nous ne restons plus que 4 : Marion, (Joseph) Ploteau, Pichot et moi.

Pichot a fait toute la campagne sans être touché. Il est veinard. (***)

C'est le seul sur 15 que nous étions, sauf moi qu'il ne faut pas compter car nous sommes toujours avec la compagnie de réserve, mais les obus  y tombent bien tout de même.

Seulement les balles sont plus terribles.

 

(*) : Très certainement Jean Marie ROUX car la date de la blessure concorde avec sa fiche matriculaire.

(**) : Clément ALIX, 20 ans, mort pour la France à Lizernes le 28 avril 1915. Son corps n’a pas été retrouvé. Voir sa fiche.

(***) : Si Pichot est celui identifié le 5/10/14, il sera blessé plus tard par éclat d’obus le 2 mai 1916.

 

 

Carte de situation secteur d’Arras du 10 mai au 4 juillet 1915

Avec situation du 135e régiment d’infanterie (JMO 18e DI)

 

 

 

Samedi, 8 mai 1915

La journée est assez calme. Nous sommes toujours en réserve

 Le soir, le canon tonne sans arrêt.

Dimanche, 9 mai 1915

Toute la nuit, le canon a tonné et ce matin, il n'a encore pas cessé. Au contraire, le bombardement est de plus en plus fort. Je crois que c'est la fameuse attaque (*) dont nous avions tant parlé depuis un moment, mais c'est vraiment épouvantable. Nous sommes à environ 10 kilomètres des lignes. Aussi, il ne faut pas demander ce que ce doit être sur la ligne de feu. Il va y avoir encore quelque chose encore comme bonshommes de démolis, si c'était seulement la fin. Celui qui demande la guerre ou qui travaille pour l'avoir devrait être considéré comme le plus grand criminel, car il n'y a rien de plus terrible que la guerre et tout homme qui la demande devrait être fusillé.

Le soir, à 3 heures, nous avons alerte et nous partons. On fait environ 4 kilomètres. Nous couchons à Cambligneul.

 

(*) : C’est le début de la bataille d’Artois de mai 1915.

Lundi, 10 mai 1915

Nous ne bougeons pas pour le moment. Les bruits courent que nous avons fait beaucoup de prisonniers et que nous aurions avancé de 3 kilomètres.

A 10 heures, nous repartons. On fait 7 kilomètres environ. Nous sommes en réserve du 33ème corps d'armée. Nous allons prendre position dans un bois, près du Mont-Saint-Eloi. Nous y passons la journée. Nous recevons quelques obus, sans mal heureusement. C'est la vraie vie des bois. Nous y passons la nuit.

Mardi, 11 mai 1915

Nous avons bien dormi dans le bois. Il n'y a pas fait trop froid.

Le matin, nous n'avons pas d'ordre. Aussi, nous restons au même emplacement.

A midi, il n'y a pas de changement.

A 4 heures, nous recevons l'ordre de se porter en avant sur le Mont-Saint-Eloi. Nous passons par les boyaux pour aller aux tranchées. Ce sont de vraies forteresses où étaient les boches.

Mercredi, 12 mai 1915

Nous avons passé la nuit près d'une ferme qui est démolie et où le combat a eu lieu de part et d'autre pendant 6 mois, mais les boches n'y sont plus, heureusement. Mais c'était dur. C'est une école d'agriculture qui est très grande. Aussi, les boches envoient beaucoup de marmites pour flanquer le reste des murs qui tiennent encore, mais il y a de bonnes caves pour se mettre à l'abri quand ça crache.

Aujourd'hui, il y a eu plusieurs tués et blessés dans la cour.

Le soir, nous allons réapprovisionner un bataillon en vivres de réserves. Les boches sont au moins à 4 kilomètres d'où ils étaient il y a 8 jours.

Jeudi, 13 mai 1915

Le matin, il n'y a rien de nouveau.

On fait un boyau pour aller dans une cave pour passer les blessés. Les boches ont voulu attaquer, mais ils n'ont pas eu de veine. On les a forcés à reculer. Aussi, il y a eu beaucoup de pertes chez eux.

Le soir, nous retournons porter des vivres aux bataillons qui sont en première ligne. C'est une sale corvée. C'est la première fois que ça nous arrive de le faire et c'est très dangereux. Aussi, il va bien s'en faire descendre avant peu.

C'est le nouveau colon qui le veut. Je crois aussi qu'il va s'appeler mal vu.

Vendredi, 14 mai 1915

Le matin, c'est assez calme.

L'après-midi est plus mauvais. Il y a une attaque sur la gauche aux environs de Souchez, mais les résultats ne sont pas connus.

Le soir, nous retournons aux tranchées porter la soupe, mais, arrivés là,  nous apprenons que nous sommes relevés.

Dans la nuit, en arrivant de corvée, nous partons de la ferme de Berthonval où nous étions pour aller au Mont-Saint-Eloi, à 2 kilomètres en arrière.

Samedi, 15 mai 1915

La nuit a été assez calme.

Le matin, les boches envoient plusieurs grosses marmites un peu en arrière du patelin sur notre artillerie lourde, sans résultats. La journée est assez calme, à part quelques coups de canons de part et d'autre.

Le soir, il y a une attaque à notre droite pour prendre Neuville. Aussi, nous retournons aux tranchées et nous, avec le drapeau, à la ferme de Berthonval où nous y passons la nuit.

Dimanche, 16 mai 1915

Le matin, on se réveille un peu tard. C'est assez calme, sinon quelques marmites sur le devant de la ferme. A part cela, la journée est calme.

Lundi, 17 mai 1915

Rien de nouveau, sauf que 4 sapeurs vont en première ligne avec le colon. Je crois qu'il a envie de nous faire tuer celui-là. Nous restons à la ferme.

Nous sommes canardés toute la journée. Il tombe peut-être plus de 200 obus de 150 dans les environs de la ferme. Il y a plusieurs blessés et tués.

Mardi, 18 mai 1915

La journée est mauvaise.

Toute la journée, il tombe des marmites sur la ferme et toute la plaine est battue. Aussi, il ne fait pas bon aller porter à manger aux camarades qui sont avec le colon.

Le soir, nous devons aller les relever. Ils sont en première ligne à faire un abri à un commandant. Il n'y fait pas bien bon avec les balles et les obus qui y tombent.

Nous partons à 6 heures les relever sur la route de Béthune, à Arras. Les boches l'arrosent du matin au soir. Aussi, il ne faut pas se montrer.

Mercredi, 19 mai 1915

Le matin, à 4 heures, nous partons en 1ère ligne faire le gourbi. Nous sommes à 150 mètres des boches. Il ne fait pas trop mauvais, quelques balles. Aussi, nous assistons au bombardement de leurs tranchées par le 75. C'est terrible à côté de leur 77.

Nous finissons à midi et l'on revient faire un poste de secours sur le bord de la route, mais nous ne pouvons travailler que le soir.

Jeudi, 20 mai 1915

Le matin, à 3 heures et demie, nous retournons au travail et nous finissons à 7 heures, juste au moment où les boches commencent l'arrosage de la route. Aussi, nous restons dans notre abri jusqu'au soir.

Ça ne cesse qu'à minuit. C'est terrible, la terre est toute labourée.

Vendredi, 21 mai 1915

Nous sommes relevés dans la nuit. On s'en va à 4 heures du matin jusqu'à Acq, petit pays à environ 5 kilomètres en arrière. Nous avons une prise d'armes à 3 heures pour 3 décorations, dont 2 médaillés militaires et notre capitaine de la légion d'Honneur. Le bruit court que nous retournons en ligne ce soir.

Samedi, 22 mai 1915

Nous partons à 2 heures du matin pour la ferme de Berthonval. Le régiment est en soutien du 32ème en réserve en cas d'attaque. Le matin est assez calme.

Vers une heure, le bombardement commence. C'est épouvantable. Il y a un moment d'arrêt entre 3 et 5 heures. Alors le bombardement redouble de fureur. On ne peut se douter de ce qu'il est envoyé d'obus des deux côtés. C'est un des plus forts bombardements que j'aie jamais vus et entendus.

A 8 heures, il n'y a pas encore de changement. Je crois qu'il y a de la charcuterie encore ce soir. Nous nous couchons au son du canon.

Ce soir, il n'y a pas d'arrêt.

Dimanche, 23 mai 1915

Toute la nuit, le feu n'a pas cessé. Ce sont les boches qui ont attaqué et je crois qu'ils ont reçu la pâtée. Nous avons même fait des prisonniers. Aussi, ce matin les marmites tombent. Le canon tonne sans arrêt toute la journée.

Le soir, il y a deux petites attaques boches sans trop de mal.

Lundi, 24 mai 1915

Toute la nuit, le canon n'a pas cessé et le matin il continue à bombarder notre ferme. Heureusement que les caves sont bonnes, mais les marmites sont grosses et si jamais il en tombait une dessus, il pourrait bien y avoir des accidents.

Le soir, nous pensions prendre les premières lignes et nous recevons l'ordre d'aller au repos à Acq .

Mardi, 25 mai 1915

Nous sommes au même endroit que la dernière fois. Le cantonnement est assez bon.

J'ai vu les gars Maillet (*) hier soir qui revenait de la soupe et (Élie Victor) Philippot ce matin. Il est à Acq lui aussi.

Il n'est pas trop malheureux pour l'instant.

 

(*) : Louis Marie MAILLET, soldat au 135e régiment d’infanterie, est, lui aussi, d’Issé.

Mercredi, 26 mai 1915

Nous sommes toujours à Acq. On travaille à faire des signaux pour l'artillerie. Le régiment reprend les lignes ce soir et nous à la ferme de Berthonval.

Jeudi, 27 mai 1915

Dans la nuit, les boches attaquent vers 3 heures, mais ils ne réussissent pas.

Le midi, je vais porter la soupe aux copains qui sont avec le colon sur la route de Béthune.

Vendredi, 28 mai 1915

Il n'y a pas beaucoup de changement. C'est assez calme. La route de Béthune est canardée un peu.

Le soir, nous y allons relever les camarades.

Samedi, 29 mai 1915

Nous avons passé la nuit en 1ère ligne à faire un abri et nous revenons à la route au petit jour.

Dimanche, 30 mai 1915

Nous retournons au même endroit, la nuit en 1ère ligne. Le jour, on peut y travailler. Notre abri est presque fini au matin.

Dans la journée, nous recevons quelques obus sur la route.

Le soir, nous sommes relevés par le 276 et nous passons la nuit en marche.

Lundi, 31 mai 1915

Nous arrivons au grand jour à Caucourt. Nous le passons et allons cantonner à 3 kilomètres plus loin, à Hermin. Nous y passons la journée au repos.

Mardi, 1er juin 1915

Pas de changement, ce matin. Nous apprenons que nous devons partir le soir. Je pars faire le cantonnement à 2 heures de l'après-midi. On fait environ 12 kilomètres et nous couchons à Tincques,  tout petit pays assez gentil.

Mercredi, 2 juin 1915

Nous passons la journée au repos à Tincques. Nous sommes assez bien couchés. On peut se ravitailler, surtout en vin. Il y a un champ d'aviation tout près aussi.

Le soir, nous assistons au départ et à l'arrivée des aviateurs. Ils sont 8.

Jeudi, 3 juin 1915

Il n'y a pas de nouveau pour le moment. Le bruit court que nous allons partir bientôt. Il doit y avoir une grande attaque sur tout le front ces jours, vers Arras.

Vendredi, 4 juin 1915

Il n'y a rien de neuf aujourd'hui, ni ce matin, ni dans la journée.

Samedi, 5 juin 1915

Nous apprenons le matin notre départ.

A 2 heures, je pars pour le cantonnement. Nous passons à Aubigny et allons coucher à Acq. Nous prenons la place au 32ème qui va aux tranchées.

Dimanche, 6 juin 1915

Nous restons au repos à Acq. Il n'y a pas beaucoup eu de changements depuis la dernière fois que nous en sommes partis.

Le soir, nous allons pour faire le cantonnement à 1500 mètres plus en arrière, mais sitôt rendus, nous recevons l'ordre de revenir à Acq.

Lundi, 7 juin 1915

Il n'y a pas de changement. Le bruit court que nous devons faire une grande attaque du 9 au 10. Il y aurait 6 corps d'armée de massés dans les environs.

Mardi, 8 juin 1915

Rien de changé pour nous aujourd'hui. Nous restons toujours en repos à Acq.

Mercredi, 9 juin 1915

Nous passons la journée à Acq, mais le soir nous partons relever le 77ème. Nous (*), nous retournons à la ferme de Bethonval.

Elle n'a pas trop souffert pendant notre absence par le bombardement.

 

(*) : « Nous » = La compagnie hors rang (CHR). Le 2e et 3e bataillon (environ 2000 h) partent en tranchées de 1ères lignes.

Jeudi, 10 juin 1915

La journée est assez calme. Il fait un temps orageux.

Le soir, je vais aux distributions. En revenant, il fait un temps épouvantable. L'eau tombe à torrent. Aussi, les boyaux sont propres.

Vendredi, 11 juin 1915

La nuit a été très mauvaise avec l'orage qu'il a fait. Ce matin, le temps est brumeux, mais calme.

Le soir, nous allons relever les camarades à la route de Béthune.

Samedi, 12 juin 1915

La nuit n'a pas été très bonne. Aussi, ce matin il y a plusieurs tués et blessés.

Le temps est un peu brumeux.

Dimanche, 13 juin 1915

Journée assez calme. Nous devions être relevés ce soir.

Nous allons jusqu'à Acq avec le drapeau et nous recevons l'ordre de faire demi-tour. Le régiment reste un jour de plus aux tranchées.

Lundi, 14 juin 1915

Dans la journée, les boches arrosent la ferme de Berthonval sans faire trop de mal. Il y a deux chevaux de tués et un artilleur a les deux jambes coupées par le même obus. Aussi, il en est mort presque aussitôt.

Mardi, 15 juin 1915

Nous avons été relevés cette nuit sans trop de mal. Nous sommes au repos à Acq, toujours au même endroit.

Les bruits courent toujours qu'il va y avoir une grande attaque. On dit même que les Généraux Joffre et Pau sont au Mont-Saint-Eloi pour diriger l'attaque.

Le soir, nous retournons aux tranchées en réserve du 77ème qui doit faire l'attaque.

J'apprends que (Joseph) Ploteau et Maillet sont blessés, dont Maillet gravement. Je crois même qu'il est mort à la suite de sa blessure.

 

(*) : Louis MAILLET, 20 ans, mort pour la France le 11 juin 1915 à Neuville-St-Vaast (62). Voir sa fiche.

Il est inhumé à nécropole nationale 'Notre-Dame-de-Lorette', carré 74, rang 5, sépulture 14881. Si un internaute passe dans ce secteur, une photo serait bienvenue.

Mercredi, 16 juin 1915

Il n'y a rien de nouveau ce matin. Le canon tonne toujours de plus en plus.

Dans l'après-midi, le 77ème attaque, mais ne réussit pas.

Jeudi, 17 juin 1915

L'attaque d'hier n'ayant pas réussi, le 135 recommence aujourd'hui, mais c'est la même chose. Personne ne peut sortir des tranchées. Il y a 40 morts et plus de blessés encore. (*)

 

(*) : Le 135e régiment d’infanterie perd environ 80 hommes.

Vendredi, 18 juin 1915

Le matin est assez calme. Nous sommes à la ferme de Berthonval. Ils nous envoient quelques obus, sans faire de mal à la ferme, ni aux hommes. Toutes les attaques et contre-attaques ne réussissent pas.

Samedi, 19 juin 1915

Il n'y a rien de nouveau.

Ce matin, c'est un peu plus calme que les autres jours.

Le soir, les boches essaient une attaque qui ne réussit pas. Nous sommes relevés dans la nuit. Nous allons au bivouac, à Acq, dans une prairie.

Dimanche, 20 juin 1915

La nuit a été un peu froide et le lit était dur. La journée est très belle. Nous restons jusqu'au soir au bivouac.

Le soir, nous allons coucher à Acq, au même endroit dans le bourg.

Lundi, 21 juin 1915

Rien de nouveau. Repos.

Mardi, 22 juin 1915

Le canon tonne toute la nuit. Les boches attaquent.

Aussi, à 4 heures, alerte, mais à 5 heures l'ordre vient de rester au cantonnement. A midi, le 3ème bataillon va renforcer les zouaves qui nous ont remplacés. Nous restons à Acq avec le drapeau.

 

 

Carte de situation du 135e régiment d’infanterie (JMO 18eDI)

 

 

Mercredi, 23 juin 1915

Rien à signaler. Je fais un tour au 77ème pour voir (Théodore) RÉthorÉ. Il n'y est pas. Il est versé au 66ème. (*)

Nous le voyons le soir. Son régiment part en première ligne. C'est fâcheux qu'il ne soit pas venu au 135ème.

 

(*) : Après sa blessure Théodore RÉTHORÉ passe par le dépôt de la 18e division d’infanterie et devrait rejoindre un régiment de cette division. Sa fiche matriculaire indique bien qu’il est passé au 66e régiment d’infanterie. Les 77e et 66e RI sont des régiments de cette division.

Jeudi, 24 juin 1915

Rien de nouveau. Repos.

Vendredi, 25 juin 1915

Rien de nouveau. Repos.

Samedi, 26 juin 1915

Rien de nouveau. Repos.

Dimanche, 27 juin 1915

Rien de neuf. (Théodore) RÉthorÉ vient nous voir du 66ème. On va faire notre possible pour le faire venir avec nous au 135ème.

Lundi, 28 juin 1915

Repos et décorations de la croix de guerre par le général de division Lefèvre.

Mardi, 29 juin 1915

Rien de neuf dans la journée.

Le soir, nous allons relever le 77ème un peu à gauche d'où nous étions avant. Nous allons 4 sapeurs avec le colonel et les autres restent à Acq avec le drapeau.

Mercredi, 30 juin 1915

Dans la nuit, il y a eu une attaque boche qui n'a pas réussi.

Dans la journée, ils nous canardent et en envoient un juste sur notre abri. Aussi, nous l'évacuons. Nous sommes tous couverts de terre. Ils arrêtent presque aussitôt de tirer.

Jeudi, 1er juillet 1915

Journée assez calme. Nous travaillons toute la journée. Ils arrosent toujours la route. Nous sommes relevés le soir par le 66ème. Nous allons à Acq dans la prairie. Il n'y fait pas grand chaud dormir.

Vendredi, 2 juillet 1915

Le matin, à 7 heures, nous prenons les autobus. Nous passons à Saint-Pol et nous allons au repos à Lisbourg, tout petit pays.

Samedi, 3 juillet 1915

Repos.

Dimanche, 4 juillet 1915

Repos.

Lundi, 5 juillet 1915

Exercice et repos.

Mardi, 6 juillet 1915

Exercice et repos.

Mercredi, 7 juillet 1915

Nous avons la visite du Président de la République et repos. (*)

 

(*) : Le président visite les cantonnements de la 18e division d’infanterie de 9 à 11 heures.

Jeudi, 8 juillet 1915

Repos sur toute la ligne, le capitaine étant en perme de 5 jours ainsi que tous les gradés de la compagnie.

Vendredi, 9 juillet 1915

Repos.

Samedi, 10 juillet 1915

Repos.

Dimanche, 11 juillet 1915

Repos. (Théodore) RÉthorÉ est venu au 135. (*)

 

(*) : Sa fiche matriculaire indique bien qu’il revient au 135e régiment d’infanterie

Lundi, 12 juillet 1915

Repos.

Mardi, 13 juillet 1915

Repos.

Mercredi, 14 juillet 1915

Le matin, revue.

Après, champagne, vins fins, cigares et gâteaux à discrétion. Une vraie bringue.

Toute la journée, très bien nourris.

Jeudi, 15 juillet 1915

Départ à 5 heures.

Nous passons par Blangy et couchons à Oeuf, à environ 22 kilomètres. Le pays est tout petit. Comme le caporal est en perme, c'est moi qui le remplace. Aussi, ce n'est pas le filon.

Vendredi, 16 juillet 1915

Départ à 5 heures.

Nous passons à Fortel et couchons à Villers-l'Hôpital, petit pays.

Samedi, 17 juillet 1915

Repos à Villers-l'Hôpital.

Dimanche, 18 juillet 1915

Départ à 5 heures: Nous passons à Bernaville et couchons à Berneuil.

Lundi, 19 juillet 1915

Départ à 5 heures.

Nous passons à  Saint-Ouen et couchons à La Chaussée-Tirancourt.

Mardi, 20 juillet 1915

Départ à 3 heures. Nous passons à Bovelles et couchons à Prouzel.

Mercredi, 21 juillet 1915

Repos à Prouzel.

Nous sommes dans un château. Le propriétaire est un ancien commandant de chasseurs à pied. On y est très bien.

Jeudi, 22 juillet 1915

Départ à 5 heures.

On fait une vingtaine de kilomètres et nous venons coucher à Bonneuil-les-Eaux.

Vendredi, 23 juillet 1915

Départ à 5 heures.

Nous passons à Breteuil et couchons à Hardivillers.

Samedi, 24 juillet 1915

Départ à 5 heures.

Nous passons à Saint-Just-en-Chaussée et couchons à Saint-Rémy-en-l'Eau, petit pays.

Dimanche, 25 juillet 1915

Repos à Saint-Rémy.

Lundi, 26 juillet 1915

Repos à Saint-Rémy.

Mardi, 27 juillet 1915

Nous passons une revue de décorations de croix de guerre.

Mercredi, 28 juillet 1915

Départ à 6 heures en permission. C'est le plus beau jour depuis la déclaration de guerre.

Nous allons prendre le train à Estrées-Saint-Denis. Nous passons à Canly, Grandfresnoy.

Dans la nuit, nous passons les faubourgs de Paris par la grande ceinture et arrivons au petit jour à Versailles.

Jeudi, 29 juillet 1915

Nous continuons notre route. Nous passons à Chartres, Le Mans, Sablé et arrivons à Angers à midi.

Je reprends le train pour Nantes à 2 heures et y arrive à 4.

Je vois la future (*) et reprend le train à 6 heures 15 pour arriver à Issé à 8 heures.

 

(*) : Il prévoit de se marier, Cela sera chose faite en 1918.

Vendredi, 30 juillet 1915

Au vieux pays natal.

Samedi, 31 juillet 1915

Au pays.

Dimanche, 1er août 1915

Je passe le matin avec mes frères et sœur et l'après-midi avec la future qui est venue en perme parce que je suis au pays.

Aussi, la journée est vite passée. Enfin, c'est autant de pris.

Lundi, 2 août 1915

Au pays.

Mardi, 3 août 1915

Je m'en vais voir les anciennes connaissances tous les jours. Aussi, le temps passe vite.

Aujourd'hui, je passe la journée avec la belle-sœur.

Mercredi, 4 août 1915

Toujours en balade ou avec les jeunes filles qui sont gentilles.

Jeudi, 5 août 1915

Je vais couper le blé chez mon oncle un peu.

Vendredi, 6 août 1915

La journée se passe à dire au revoir à toutes les petites filles. C'est malheureux, il faut encore laisser là le plaisir et repartir sur le front.

Samedi, 7 août 1915

Je repars à 6 heures 15 pour aller à Nantes. J'y passe la journée avec la future et celle de M. RÉthorÉ qui est très gentille à croquer.

Aussi, le soir, quand il faut se quitter, c'est dur.

Je prends le train à 9 heures pour Angers et j'y arrive à minuit.

Dimanche, 8 août 1915

Le train part à une heure du matin à Angers, passe à Sablé, Le Mans, Chartres, Versailles et descend au Bourget à 3 heures de l'après-midi. Nous y passons le reste de la journée et une partie de la nuit.

Lundi, 9 août 1915

Départ du Bourget à une heure par train spécial, je passe par Estrées-Saint-Denis pour descendre à Villers-Bretonneux, près d'Amiens et rejoins le régiment à Fouilloy, à 4 kilomètres de Villers- Bretonneux et à 1 de Corbie. C'est un beau pays.

En arrivant, j'apprends que (Théodore) RÉthorÉ est passé aux sapeurs en remplacement de Léon qui a eu chicane avec le caporal et a demandé à rentrer à la 10ème compagnie.

Mardi, 10 août 1915

J'ai un peu le cafard, mais, étant au repos, ça marche quand même.

Mercredi, 11 août 1915

Le matin, marche d'environ 15 kilomètres.

Nous revenons au cantonnement et passons une revue de décorations de croix de guerre.

Jeudi, 12 août 1915

Nous sommes toujours à Fouilloy. On va à l'exercice tous les jours.

Vendredi, 13 août 1915

Nous passons une revue de décorations et assistons à la dégradation militaire d'un simple soldat qui a volé et attrapé 5 ans de réclusion. (*)

 

(*) : Il s’agit du soldat JAURÉGUY de la 11e compagnie condamné à 5 ans de prison et 10 ans d’interdiction de séjour et à la dégradation militaire à Fouilloy (80) pour vol militaire par le conseil de guerre de la 18e division d’infanterie. (sources JMO et prévôté 18e DI)

Samedi, 14 août 1915

On va à l'exercice.

Dimanche, 15 août 1915

Revue, le matin par le général de brigade et, l'après-midi, repos complet.

On fait une balade à Corbie, c'est assez bien.

Lundi, 16 août 1915

Comme le caporal est parti travailler à Amiens pour les cuisines roulantes, je fais le fonctionnaire caporal.

J'en profite pour faire la pause.

Mardi, 17 août 1915

Rien de nouveau.

Le bruit court que nous allons passer en revue par le Roi des Belges et qu'on irait en tranchée peu après.

Mercredi, 18 août 1915

Rien de nouveau ce matin, ni dans la journée.

Jeudi, 19 août 1915

Rien de changé ce matin dans la situation d'hier. Je reste tous les jours au cantonnement où je fais des tournées avec les camarades qui sont à travailler.

Vendredi, 20 août 1915

Le matin, nous allons assister au défilé du régiment par le colonel et aux adieux du général de brigade qui est nommé par intérim au commandement d'une division d'infanterie.

L'après-midi, repos pour moi.

 

(*) : Le général LESTOQUOI part pour commander la 36e division d’infanterie. IL est remplacé par le général ÉON.

Samedi, 21 août 1915

A l'exercice et repos pour moi. Il n'y a pas de nouveau pour aujourd'hui.

Dimanche, 22 août 1915

Le matin, revue d'armes et l'après-midi, on va préparer un champ pour une revue qui doit avoir lieu demain.

Lundi, 23 août 1915

Le matin, exercice de revue tout près de Fouilloy.

Départ à 11 heures pour aller à Villers-Bretonneux passer en revue. Nous y arrivons à une heure. Nous attendons dans un champ jusqu'à 4 heures et nous défilons devant le président de la république, devant le ministre de la guerre, devant Joffre, devant le général anglais et devant le roi des Belges.

Nous revenons à Fouilloy le soir. Il est 6 heures.

Mardi, 24 août 1915

Repos pour ce matin.

L'après-midi, bains douches et repos.

Mercredi, 25 août 1915

Exercice et repos toute la journée. Le bruit court que nous devons embarquer ces jours pour une destination inconnue. Il y a déjà longtemps aussi que nous sommes au repos, presque 2 mois.

Jeudi, 26 août 1915

Toujours la même chose.

Ce matin, on apprend qu'il y a déjà quelques régiments de partis pour un autre secteur, le 33ème d'artillerie et le 66ème d'infanterie. Pour nous, nous n'avons encore rien reçu, ce midi.

Le soir, nous apprenons le départ demain matin, en autobus.

Vendredi, 27 août 1915

Réveil à 3 heures.

Départ à 4 heures. Nous passons en autobus à Amiens et Doullens et descendons à Souilly pour y coucher un bataillon. Frangeul doit être à 7 à 8 kilomètres.

Aussi, je vais faire mon possible pour le voir pendant mon séjour par ici.

Samedi, 28 août 1915

Départ à 4 heures pour aller cantonner à Simencourt à 2 kilomètres de Jean Frangeul. (*)

Il est en ligne, sans cela, j'irai le voir.

 

(*) : Auguste Jean FRANGEUL vient d’avoir 20 ans et est aussi un soldat originaire d’Issé. Il fait partie de la classe 1916, arrivé en avril 1915 pour  sa formation, il est incorporé au 62e régiment d’artillerie le 23 août 1915. Henri ROCHEREAU le prénommera « Jean » et de temps en temps « Auguste ».

Dimanche, 29 août 1915

Repos à Simencourt.

Lundi, 30 août 1915

Le régiment part en 1ère ligne, un bataillon seulement et les deux autres vont faire des tranchées et des boyaux. Il doit encore y avoir du nouveau par-là d'ici peu.

Nous restons avec le colonel à Simencourt.

Mardi, 31 août 1915

Rien de nouveau.

Mercredi, 1er septembre 1915

Rien à signaler.

Jeudi, 2 septembre 1915

Le matin, je demande une permission au capitaine pour aller voir Jean (Auguste) Frangeul à Beaumetz-lès-Loges. Je passe deux heures avec lui, mais je suis obligé d'aller jusqu'en ligne. Il est aux tranchées, de repos, à 6 kilomètres d'ici.

Enfin, nous passons un petit moment heureux et les boches sont assez gentils par ici.

Ils ne tuent même pas avec le fusil. A part cela, tout est bien.

Vendredi, 3 septembre 1915

Rien de nouveau.

Samedi, 4 septembre 1915

Rien de neuf. Je crois que tout le bon temps est passé pour nous, car il y a 4 escouades de sapeurs-mineurs qui viennent à la C.H.R. et je crois que nous allons aller avec eux aux tranchées. Enfin, ce qui est pris comme bon temps, est pris.

Dimanche, 5 septembre 1915

Rien de nouveau.

Lundi, 6 septembre 1915

Rien de nouveau.

Mardi, 7 septembre 1915

Départ à 4 heures.

Nous prenons les autobus, nous passons à Doullens pour venir au repos à Neuvillette, près de Bouquemaison.

Mercredi, 8 septembre 1915

Repos à Neuvillette.

Jeudi, 9 septembre 1915

Rien à signaler.

Vendredi, 10 septembre 1915

Rien à signaler.

Samedi, 11 septembre 1915

Le matin, repos.

Le soir, nous allons faire un pont à Bouquemaison, sur un ruisseau avec les sapeurs-pionniers qui sont venus à la compagnie C.H.R.

Dimanche, 12 septembre 1915

Repos le matin.

Nous devons aller faire la relève du 77 ce soir. Nous partons avec lesp. Nous y arrivons à 2 heures du matin.

Lundi, 13 septembre 1915

Repos le matin.

Le soir, nous creusons un gourbi sous terre. Nous y travaillons jusqu'à minuit.

Mardi, 14 septembre 1915

Le matin, nous retournons au chantier de la veille et à midi, nous allons faire des abris et consolider une maison pour l'infirmerie. Il n'y fait pas très mauvais, à Agny.

Mercredi, 15 septembre 1915

Nous passons la journée à l'infirmerie.

Jeudi, 16 septembre 1915

Nous continuons les travaux à l'infirmerie et une équipe part faire des abris en 1ère ligne.

Le soir, nous sommes relevés par le 77 et nous arrivons au jour à Simencourt.

Vendredi, 17 septembre 1915

Nous prenons les autobus qui nous amènent à Neuvillette. Il est midi, nous sommes fatigués.

Samedi, 18 septembre 1915

Repos.

Dimanche, 19 septembre 1915

Repos.

Lundi, 20 septembre 1915

Le matin, exercice, revues et décorations. Nous devions aller relever le 77 ce soir, mais comme nous devons faire une grande attaque ces jours, nous rentrons à Neuvillettte. Nous marchons avec les pionniers et bombardiers pour l'attaque.

Aussi, ça ne va pas être le filon.

Mardi, 21 septembre 1915

Départ à 8 heures.

Nous prenons les autobus à Bouquemaison et nous descendons à Simencourt à midi.

Le soir, nous partons relever le 77. Nous restons avec le drapeau et le Colon à Agny.

Mercredi, 22 septembre 1915

Nous travaillons à Agny à consolider une cave pour le capitaine.

Jeudi, 23 septembre 1915

Nous sommes toujours à Agny. Nous couchons dans une cave, sous la mairie.

Vendredi, 24 septembre 1915

Toujours à Agny.

Le canon tonne surtout chez nous, comme jamais il ne l'avait fait encore. Depuis hier matin, il n'y a pas eu d'arrêt. Nous allons faire un abri pour le colonel devant les 1ères lignes pour l'attaque qui doit avoir lieu demain. Je crois que ce sera la plus terrible que nous n'avons jamais vue encore, d'après tous les préparatifs. (*)

 

(*) : C’est la troisième attaque en Artois avec une grande attaque le même jour en Champagne.

Samedi, 25 septembre 1915

Le matin, le canon tonne toujours de plus en plus.

A 11 heures 45, l'attaque se déclenche. C'est épouvantable.

Le régiment avance avec beaucoup de pertes, mais les régiments de droite et de gauche ne peuvent pas sortir de leurs tranchées et l'ennemi gagne du terrain. Aussi, il faut se replier et il en reste beaucoup de prisonniers et les autres se font tuer en revenant. Les boches nous prennent deux mitrailleuses.

Nous avons un sapeur de tué dans l'attaque. Il était en liaison avec les bombardiers et les pionniers. Il en reste la moitié parmi eux.

Aussi, c'est épouvantable, nous sommes obligés de laisser tout le terrain gagné, ne pouvant y tenir. Le Lieutenant est blessé. C'est épouvantable, il y a là la moitié du régiment en pertes et presque tous les officiers. Le régiment est encore en bel état. (*)

Il fait très mauvais temps. Il tombe de l'eau presque tous les jours.

 

(*) : Près de 1300 hommes du 135e régiment d’infanterie tomberont ce jour-là…Tués, blessés et disparus.

Dimanche, 26 septembre 1915

Le matin est assez calme.

Le régiment a été relevé par le 77 qui doit attaquer aussi lui aujourd'hui. Le 135 reste en soutien au Chemin Creux. Quelle boucherie, ça va encore faire tantôt.

A une heure, le 77 fait un simulacre d'attaque et c'est tout. Le bombardement diminue vers le soir. Nous sommes relevés et venons en arrière pour nous reformer à Berneville.

Nous y arrivons dans la nuit. La division et le corps d'armée sont à Berneville.

Lundi, 27 septembre 1915

Nous passons la journée à Berneville. Nous recevons un nouveau sapeur, Tassin, qui arrive du dépôt. (*)

Le soir, nous partons avec le drapeau à Simencourt, à 2 kilomètres. Il y a eu un grand bombardement dans l'après-midi, vers Arras.

 

(*) : Charles TASSIN qui avait quitté le régiment en mars 1915 pour maladie

Mardi, 28 septembre 1915

Nous passons la journée à Simencourt. Nous apprenons que le régiment va être cité à l'ordre du jour et qu'il va être décoré de la légion d'honneur au drapeau. Aussi, il le mérite bien.

C'est le drapeau qui recevra la médaille de la Légion d'Honneur.

Mercredi, 29 septembre 1915

Repos à Simencourt.

Le bruit court que nous allons déménager bientôt pour une destination inconnue. Le 33ème d'artillerie serait déjà parti. On reçoit l'ordre de se tenir prêts à partir pour 7 heures du soir.

Jeudi, 30 septembre 1915

Départ le matin.

Nous allons embarquer à Saulty-l'Arbret en wagons à voyageurs. Il y a un avion boche qui envoie des bombes sur la gare, mais elles tombent dans un champ à côté. Nous passons à Doullens et à Saint-Pol, Béthune pour descendre à  Nœux-les-Mines, petit pays minier. Nous allons cantonner à Hersin-Coupigny.

Il doit y faire bon par ici encore.

Vendredi, 1er octobre 1915

Nous sommes en cantonnement d'alerte à Hersin. Aussi, nous n'allons pas être longtemps tranquilles ici. Nous partons à 2 heures pour aller à Barlin, à 4 kilomètres en arrière, assez beau pays, petit et ouvriers mineurs.

Samedi, 2 octobre 1915

Nous sommes au repos à Barlin, mais probablement pas pour bien longtemps. Revue le tantôt par le capitaine.

Dimanche, 3 octobre 1915

Repos, rien de nouveau.

Lundi, 4 octobre 1915

Repos, rien de nouveau.

Mardi, 5 octobre 1915

Repos et exercice.

Un sapeur reçoit l'ordre de se tenir prêt à partir demain pour aller travailler à Paris dans une fabrique d'obus. C'est un nouveau garçon. Il est venu à Pontoise l'hiver dernier. Il était employé aux chemins de fer de l'état avant la guerre.

Mercredi, 6 octobre 1915

Exercice et repos.

Rien de nouveau encore aujourd'hui.

Jeudi, 7 octobre 1915

Exercice et repos.

Vendredi, 8 octobre 1915

Exercice et repos.

Samedi, 9 octobre 1915

Exercice et repos.

Dimanche, 10 octobre 1915

Repos.

Nous devons aller en deuxième ligne cette nuit en face de Loos. Nous partons à 2 heures et allons cantonner aux Brebis, petit pays minier qui n'a pas beaucoup souffert. (*)

 

(*) : « Les Brebis » : lieu-dit de Mazingarbe à la limite de Bully et Grenay où se situe maintenant une cité portant ce nom

Lundi, 11 octobre 1915

Repos.

Nous sommes en réserve entre les Anglais et la 10ème armée française. Les lignes sont à environ 5 kilomètres.

Dans la journée, il vient un obus boche tout près d'où nous sommes cantonnés, sans faire de mal.

Mardi, 12 octobre 1915

Repos, rien de nouveau pour aujourd'hui.

Hier, le feu était à Loos.

Mercredi, 13 octobre 1915

Repos.

Nous devons prendre les lignes ce soir avec le 77. Je crois que nous allons suivre les pionniers ce soir encore.

Jeudi, 14 octobre 1915

Nous arrivons au matin à Loos. Le pays est complètement démoli. C'est épouvantable à voir. Il y a encore des cadavres dans les rues et les ruines des maisons. Le pays est pas mal bombardé. Nous sommes dans une cave et nous travaillons avec les pionniers.

Vendredi, 15 octobre 1915

Le matin, nous allons travailler à la brigade faire un boyau et consolider la cave du Général.

Samedi, 16 octobre 1915

Continuation des travaux. Le midi, nous recevons plusieurs marmites boches, des 210 qui me fichent la frousse.

Dimanche, 17 octobre 1915

Nous sommes toujours à la brigade.

Nous ne sommes pas si tranquilles. Les boches nous arrosent à une heure de l'après-midi. Ils envoient des marmites. Il en vient une sur la maison du général qui flanque les murs par terre. Elle tombe à 4 mètres de (Théodore) RÉthorÉ et de moi. Nous sommes couverts de poussière et les briques tombent sur nous. Je croyais bien la dernière minute arrivée, mais nous nous en tirons avec quelques égratignures, faites par les débris.

Lundi, 18 octobre 1915

Nous retournons au travail. Nous sommes un peu moins arrosés le matin.

L'après-midi, en allant chercher la soupe au Maroc (*), en arrière, ils nous arrosent pendant tout le parcours.

Dans le boyau, le soir, c'est calme.

 

(*) : « Maroc » est un quartier à la sortie de Grenay sur le route de Loos-en-Gohelle

Mardi, 19 octobre 1915

Le travail étant fini à la Brigade, nous restons avec les Pionniers au poste du Colonel à faire une sape. Toute la journée, les boches nous canardent, sans faire de mal. Nous sommes pris en photo par les représentants de journaux au travail d'une barricade à l'entrée de Loos. Nous devons être relevés ce soir par le 68 qui arrive à minuit.

Mercredi, 20 octobre 1915

Nous partons à une heure et nous arrivons aux Brebis (Mazingarbe) à 3.

Repos toute la journée. Nous sommes dévorés par les poux boches que nous avons attrapés à Loos.

Jeudi, 21 octobre 1915

Départ à 5 heures.

Nous allons prendre les autos à Nœux-les-Mines pour aller au repos à Heuchin, petit pays près de Lisbourg et Fruges.

Vendredi, 22 octobre 1915

Repos à Heuchin. Rien de neuf.

Samedi, 23 octobre 1915

Repos, rien à signaler.

Dimanche, 24 octobre 1915

Repos. Rien de neuf.

Lundi, 25 octobre 1915

Repos. Rien de neuf.

Mardi, 26 octobre 1915

Revue du général des cantonnements.

L'après-midi, nous allons à 3 remplacer un carreau sur une maison dans le patelin, chez une vieille dame qui nous reçoit très bien et nous paye un verre de bon vin.

Mercredi, 27 octobre 1915

Repos.

Nous travaillons à faire une salle de douche pour le régiment.

Jeudi, 28 octobre 1915

Je remplace le caporal qui est à Saint-Pol à réparer les cuisines du régiment. Continuation du travail. Nous recevons un sapeur nouveau, le frère de Brottas, le secrétaire au colonel.

Vendredi, 29 octobre 1915

Continuation du travail aux douches.

Samedi, 30 octobre 1915

Le matin, nous allons passer une revue à 4 kilomètres, près de Fiefs par le général d'Urbal qui commande notre armée. Nous défilons avec les sapeurs du 77.

Le soir, repos.

Dimanche, 31 octobre 1915

Repos. Rien de nouveau.

Lundi, 1er novembre 1915

Repos. Rien de nouveau.

Mardi, 2 novembre 1915

Continuation des travaux.

Mercredi, 3 novembre 1915

Départ en autobus le matin.

Nous descendons à midi à Nœux-les-Mines et nous allons à pied jusqu'aux Brebis en cantonnement d'alerte. Nous sommes en réserve de la 35ème brigade.

Jeudi, 4 novembre 1915

Repos et revue de propreté par les officiers de la compagnie.

Vendredi, 5 novembre 1915

Repos.

Retour du caporal de Saint-Pol, mais il s'attend à avoir une permission pour se marier ces jours.

Samedi, 6 novembre 1915

Repos. Rien de nouveau.

Dimanche, 7 novembre 1915

Repos. Le caporal part en permission ce soir pour Angers, pour se faire marier.

Lundi, 8 novembre 1915

Repos et préparatifs pour partir en ligne demain.

Mardi, 9 novembre 1915

Le matin, nous recevons l'ordre d'aller faire un hangar pour les chevaux de la brigade, près de l'église des Brebis. Aussi, cela nous évite d'aller en ligne.

Ce soir, nous restons 4 au drapeau et il ne monte que 2 sapeurs en ligne : (Charles) TaSSin et ÉvenO.

Mercredi, 10 novembre 1915

Continuation des travaux. Je suis de garde au drapeau.

Jeudi, 11 novembre 1915

Rien de changé.

Vendredi, 12 novembre 1915

Rien de changé.

Samedi, 13 novembre 1915

Rien de changé.

Dimanche, 14 novembre 1915

Rien de neuf.

Lundi, 15 novembre 1915

Rien de nouveau.

Le bruit court que nous n'allons rester aux Brebis au repos que pour 7 jours, mais ce n'est pas certain encore.

Mardi, 16 novembre 1915

Rien de nouveau.

Le régiment est relevé ce soir par le 68ème. Il vient aux Brebis et de là nous devons partir demain pour Heuchin.

Mercredi, 17 novembre 1 915

Je pars à midi.

Nous prenons les autobus à Nœux-les-Mines et nous arrivons à 6 heures à Heuchin.

Jeudi, 18 novembre 1915

Repos à Heuchin.

Vendredi, 19 novembre 1915

Repos, rien de neuf.

Samedi, 20 novembre 1915

Repos

Le caporal arrive de permission. Rien de nouveau.

Dimanche, 21 novembre 1915

Repos.

Lundi, 22 novembre 1915

Repos.

Mardi, 23 novembre 1915

Rien de nouveau.

Mercredi, 24 novembre 1915

Rien de nouveau.

Jeudi, 25 novembre 1915

Rien de nouveau.

Vendredi, 26 novembre 1915

Rien de nouveau.

Samedi, 27 novembre 1915

Repos.

Dimanche, 28 novembre 1915

Repos.

Il fait très froid. Il gèle très dur la nuit.

Lundi, 29 novembre 1915

Hier soir, deux des sapeurs ayant fait des blagues avec le caporal, dont un, Germain lui ayant donné une gifle, ils sont cassés et versés dans une compagnie, l'un à la 10ème et Germain à la 7ème.

Mardi, 30 novembre 1915

Rien de nouveau.

Les deux sapeurs ne sont pas partis encore. Ils ne rentrent dans leurs compagnies que le soir.

Mercredi,1er décembre 1915

Départ à 6 heures. Nous prenons les autobus pour descendre au même endroit qu'à l'habitude. Nous retournons aux Brebis, dans notre ancien cantonnement.

Jeudi, 2 décembre 1915

Repos.

Les boches ont bombardé un parc et deux usines à Nœux-les-Mines. A part cela, pas de changement.

Vendredi, 3 décembre 1915

Rien de nouveau.

Samedi, 4 décembre 1915

Rien de nouveau, sauf que nous allons faire un hangar au train de combat pour les chevaux.

Dimanche, 5 décembre 1915

Rien de changé.

Lundi, 6 décembre 1915

Rien de changé.

Mardi, 7 décembre 1915

Rien de nouveau.

Mercredi, 8 décembre 1915

Le régiment est parti en ligne à Loos. Nous, nous restons à finir notre travail.

Jeudi, 9 décembre 1915

Rien de nouveau.

Vendredi, 10 décembre 1915

Rien de nouveau.

Samedi, 11 décembre 1915

Rien de nouveau.

Dimanche, 12 décembre 1915

Repos forcé par le manque de bois.

Lundi, 13 décembre 1915

Rien de neuf au travail.

Mardi, 14 décembre 1915

Rien de nouveau.

Mercredi, 15 décembre 1915

Le régiment est relevé

 Ce soir, nous allons au repos à Ruitz, à 12 kilomètres, petit pays. En route, dans la nuit, nous nous perdons, faute de notre caporal qui n'en fait que de comme celles-là. Aussi, qu'est-ce qu'on en prend dans les chemins, en pleine nuit.

Nous arrivons tout de même à 3 heures du matin, vannés.

Jeudi, 16 décembre 1915

Repos. On installe les douches.

Vendredi, 17 décembre 1915

Continuation du travail et fin. (Théodore) RÉthorÉ part en permission.

Samedi, 18 décembre 1915

Repos. Rien de nouveau.

Dimanche, 19 décembre 1915

Repos. Rien de nouveau.

Lundi, 20 décembre 1915

Repos. Rien de nouveau.

Mardi, 21 décembre 1915

Repos. Rien de nouveau.

Mercredi, 22 décembre 1915

Repos. Rien de nouveau.

Jeudi, 23 décembre 1915

Rien de nouveau.

Vendredi, 24 décembre 1915

Veille de Noël. On fait une petite bringue. A côté de l'an dernier pourtant, nous avons tout ce qu'il nous faut. Pour l'an dernier, nous étions près des boches, ne trouvant rien

 Et cette année, nous en sommes au moins à 12 kilomètres, ayant tout sous la main et on en a rien fait. Tout le monde dort à 10 heures. Je me couche à 2 heures du matin.

Samedi, 25 décembre 1915

Repos.

Nous touchons gâteaux et vin. Bien nourris pour cette journée de Noël.

Dimanche, 26 décembre 1915

Nous touchons d'autre vin aujourd'hui, mais pas de quoi se brouiller la vue, un verre par homme.

Lundi, 27 décembre 1915

Rien de bien nouveau.

Revue de décorations le matin et revue d'armes. Nous devons partir pour Loos demain matin. Cette fois, nous allons directement en ligne.

Aussi, c'est probable que cette fois, nous n'y couperons pas.

Mardi, 28 décembre 1915

Départ à 8 heures.

Nous passons à Nœux-les-Mines et nous arrivons aux Brebis à 1 heure. Nous passons un jour avant de monter à Loos. Le travail n'étant pas fini au train de combat, nous allons le continuer.

Mercredi, 29 décembre 1915

Au travail au hangar. Je suis enrhumé et avec cela j'ai de la fièvre. Aussi, comme je remplace le caporal, je reste couché au cantonnement.

Jeudi, 30 décembre 1915

Il y a 6 compagnies à Loos et 6 aux Brebis. Nous continuons les travaux et ma maladie ne va pas mieux, au contraire.

Vendredi, 31 décembre 1915

Toujours la même chose. La fièvre ne me quitte pas. Aussi, si cela continue, je vais être forcé d'aller à la visite.

1916 : Artois – Verdun - Somme

Samedi, 1er janvier 1916

La santé est un peu meilleure aujourd'hui. A part cela, rien de neuf.

Dimanche, 2  janvier 1916

Nous recevons l'ordre d'arrêter tous les travaux. Nous devons être relevés par les Anglais.

Lundi, 3  janvier 1916

Nous recevons l'ordre de partir à 10 heures. Nous allons prendre les autos à  Nœux et elles nous emmènent jusqu'à Vieil-Hesdin, mais les compagnies qui étaient en ligne ne sont pas encore relevées.

Mardi, 4  janvier 1916

Nous sommes au repos au Vieil-Hesdin, tout petit pays à environ 50 kilomètres du front.

Mercredi, 5 janvier 1916

Le reste du régiment arrive le soir.

Repos. Rien de neuf.

Jeudi, 6  janvier 1916

Rien de neuf.

Vendredi, 7  janvier 1916

Les permissions recommencent ce soir. Repos.

Samedi, 8  janvier 1916

Repos. Rien de neuf.

Dimanche, 9  janvier 1916

Rien de nouveau. Le bruit court que nous allons aller du côté d'Abbeville dans un camp. Brossard part ce soir.

Lundi, 10  janvier 1916

Rien de nouveau. Exercice.

Mardi, 11  janvier 1916

Rien de nouveau. Exercice.

Mercredi, 12  janvier 1916

Rien de nouveau. Exercice.

Jeudi, 13  janvier 1916

Rien de nouveau. Exercice.

Vendredi, 14  janvier 1916

Rien de nouveau. Exercice.

Samedi, 15  janvier 1916

Rien de nouveau. Exercice. Le bruit court que nous partons lundi pour Abbeville.

Dimanche, 16  janvier 1916

Repos. Rien de nouveau.

Lundi, 17  janvier 1916

Rien de changé.

Mardi, 18  janvier 1916

Départ le matin, à 6 heures.

Nous allons jusqu'à Yvrench, petit pays, avec 28 kilomètres dans les pattes et beaucoup de fatigue.

Mercredi, 19  janvier 1916

Repos. Rien de neuf.

Nous sommes venus ici pour faire des manœuvres dans un camp.

Jeudi, 20  janvier 1916

J'apprends le matin que je pars dans la nuit en perme.

Vendredi, 21  janvier 1916

Départ à 3 heures du matin. Nous prenons le train à Saint-Riquier pour passer à Clermont, Orléans et arriver à Nantes à 3 heures du matin, le samedi.

Samedi, 22  janvier 1916

La journée à Nantes.

Dimanche, 23  janvier 1916

Toute la journée à Nantes.

Lundi, 24  janvier 1916

Toute la journée à Nantes.

Je prends le train le soir, à 6 heures pour arriver à Issé à 8 heures.

Mardi, 25  janvier 1916

La journée au pays.

Mercredi, 26  janvier 1916

La journée au pays.

Jeudi, 27  janvier 1916

La journée en voyage.

Vendredi, 28  janvier 1916

En voyage à Moisdon.

Samedi, 29  janvier 1916

Départ pour le front à 5 heures et demie. Je passe la nuit et la journée de dimanche dans le train.

Dimanche, 30  janvier 1916

Passe la ceinture dans l'après-midi et arrive à Frévent le soir.

Lundi, 31  janvier 1916

Débarque à Saint-Riquier le matin à 6 heures, monte en auto avec un Anglais qui nous emmène jusqu'à Yvrench où est le régiment.

Mardi, 1er février 1916

Départ le matin par le train. Nous arrivons le soir à Houdain et allons coucher à Divion.

Mercredi, 2 février 1916

Repos à Divion.

Jeudi, 3 février 1916

Repos et revue d'armes.

Vendredi, 4 février 1916

Exercice et repos.

Samedi, 5 février 1916

Exercice et repos.

Dimanche, 6 février 1916

Repos.

Lundi, 7 février 1916

Repos.

Mardi, 8 février 1916

Départ à 12 heures pour aller à Ruitz.

Mercredi, 9 février 1916

Repos.

Jeudi, 10 février 1916

Repos.

Vendredi, 11 février 1916

Repos.

Samedi, 12 février 1916

Repos.

Dimanche, 13 février 1916

Repos. Nous allons en balade à Barlin.

Lundi, 14 février 1916

Repos.

Mardi, 15 février 1916

Repos.

Mercredi, 16 février 1916

Départ à 8 heures pour aller à la fosse 10 de Sains-en-Gohelle.

Jeudi, 17 février 1916

Repos.

Vendredi, 18 février 1916

Repos.

Samedi, 19 février 1916

Nous allons faire des hangars au train de combat pour les Nœux-les-Mines.

Le régiment prend les lignes ce soir.

Dimanche, 20 février 1916

Pas de changement.

Lundi, 21 février 1916

Pas de changement.

Mardi, 22 février 1916

Pas de changement.

Mercredi, 23 février 1916

Le soir, nous sommes relevés par les Anglais. Nous venons à Bracquencourt, petit pays près de

Hersin-Coupigny.

Jeudi, 24 février 1916

Repos, rien de nouveau.

Mercredi, 25 février 1916

Repos, nous avons de la neige. Jour de relève.

Jeudi, 26 février 1916

Rien de neuf.

Vendredi, 27 février 1916

Repos

Samedi, 28 février 1916

Repos.

Mardi, 29 février 1916

Repos.

Mercredi, 1er mars 1916

Départ pour Gouy-Servins, 5 kilomètres.

Jeudi, 2 mars 1916

Rien de neuf.

Vendredi, 3 mars 1916

Une partie des sapeurs monte en ligne avec les pionniers, en face de Souchez.

Samedi, 4 mars 1916

Nous montons tous en ligne au 1er bataillon. Dans les tranchées, nous avons de la vase jusqu'à la ceinture.

Ce soir, n'ayant pas à manger, nous revenons à Gouy pour retourner demain.

Dimanche, 5 mars 1916

Nous retournons en ligne. Il y fait mauvais.

Le soir, nous couchons en tranchées.

Lundi, 6 mars 1916

Le soir, nous revenons à Gouy, mais le bataillon reste en ligne, un jour de plus que nous.

Mardi, 7 mars 1916

Nous allons jusqu'à Maisnil-Bouché. Nous y passons la journée.

Mercredi, 8 mars 1916

Départ à 10 heures. On fait la marche sans sac. Nous venons à Valhuon, 25 kilomètres. Les hommes sont vannés. Il y a le 2ème b. et le colon qui y sont déjà arrivés.

Jeudi, 9 mars 1916

Repos à Valhuon.

Vendredi, 10 mars 1916

Départ à 6 heures. Nous couchons au Parcq.

Samedi, 11 mars 1916

Départ à 6 heures. Nous couchons à Raye-sur-Authie.

Dimanche, 12 mars 1916

Départ à 6 heures. Nous couchons à Roussent.

Lundi, 13 mars 1916

Départ à 6 heures pour arriver à Berck-Plage à midi, beau pays. Nous couchons dans un lit.

Mardi, 14 mars 1916

Repos à la plage.

Mercredi, 15 mars 1916

Repos à la plage.

Jeudi, 16 mars 1916

Rien de changé.

Vendredi, 17 mars 1916

Rien de changé.

Samedi, 18 mars 1916

Rien de changé.

Dimanche, 19 mars 1916

Rien de changé.

Nous restons à Berck-Plage jusqu'au 31.

Départ le 31 pour aller à Vercourt le vendredi, 18 kilomètres.

Samedi, 1er avril 1916

Départ. Nous allons à Sailly-le-Sec, 16 kilomètres. (*)

 

(*) : Sailly-le-Sec s’appelle maintenant Sailly-Flibeaucourt, au nord d’Abbeville (à ne pas confondre avec Sailly–le-Sec également dans la Somme mais 10 km à l’est d’Amiens).

Dimanche, 2 avril 1916

Départ. Nous allons à Citerne, 30 kilomètres.

Lundi, 3 avril 1916

Repos à Citerne, petit pays.

Mardi, 4 avril 1916

Nous allons à Caulières.

Mercredi, 5  avril 1916

Nous allons à Croissy-sur-Celle.

Jeudi, 6 avril 1916

Nous allons à Farivillers.

Nous y restons jusqu'au samedi 8. Nous allons à Caply, petit pays, à 6 kilomètres.

Nous y restons jusqu'au 13 avril.

Jeudi, 13 avril 1916

Départ le matin à 1 heure.

Nous allons prendre le train à Gannes. Nous passons par Paris, gare du Nord, à Mauves (Meaux ?) et Epernay pour descendre à Daucourt, le vendredi matin, à 3 heures.

Meaux ?

Vendredi, 14 avril 1916

Nous allons à la Neuville-sous-Bois, petit pays pas loin de Verdun. Aussi, il faut s'attendre à aller par-là, ces jours.

Samedi, 15 avril 1916 et Dimanche, 16 avril 1916

Repos à la Neuville-sous-Bois.

Lundi, 17 avril 1916

Nous allons à Braux-Saint-Rémy, à 8 kilomètres.

Mardi, 18 avril 1916

Nous allons à Passavant-en-Argonne, à 8 kilomètres.

Mercredi, 19 avril 1916

Nous avons repos.

Nous approchons toujours un peu de Verdun. Nous sommes à environ 5 kilomètres.

Jeudi, 20 avril 1916

Départ à midi.

Nous allons à Jubécourt, à 15 kilomètres, à gauche de Verdun et des lignes.

Là, je vois mon ancien commandant Ecochard (*) et le général De bazelaiRe qui était notre colonel au début de la guerre. Ils commandent notre armée.

 

(*) : Ecochard devait être son commandant entre son incorporation en 1912 et la déclaration de guerre car il n’apparait pas dans l’organisation du 135e au 5 août 1914 : la CHR n’est pas nommément mentionnée mais le porte-drapeau était déjà le lieutenant Roux

Vendredi, 21 avril 1916

Nous partons à midi pour les tranchées. Nous allons à 5 kilomètres des lignes, dans un bois et en repartons à 10 heures du soir et allons à Montzéville au P.C. du colonel. Le pays est assez bombardé.

Samedi, 22 avril 1916

Tout le jour, nous allons travailler au poste de secours du régiment qui est dans le patelin avec nous. Nous avons relevé les zouaves et le secteur n'est pas bien fameux d'après eux.

Dimanche, 23 avril 1916

Nous travaillons toute la journée. Les boches ont voulu attaquer, mais ils sont tombés sur un gros bec.

Lundi, 24 avril 1916

Pas de changement.

Mardi, 25 avril 1916

Pas de changement.

Mercredi, 26 avril 1916 et jeudi 27 avril 1916

Pas de changement, sauf fort bombardement. Tous les jours, le régiment prend les 1ères lignes.

Cette nuit, nous allons à 8 kilomètres dans un pays qui est beaucoup bombardé, à Esnes. Tous les jours, il y a des morts et des blessés.

Aussi, nous allons être heureux pendant 5 jours que nous devons y être.

Vendredi, 28 avril 1916

Nous arrivons à Esnes-en-Argonne le matin.

Le pays est complètement démoli. Nous allons faire des abris au poste de secours qui est dans un château. Les boches bombardent du matin au soir avec des 155 et des 210.

Samedi, 29 avril 1916

Pas de changement.

Dimanche, 30 avril 1916

Pas de changement.

Lundi, 1er mai 1916

Pas de changement.

Mardi, 2 mai 1916

Nous sommes relevés dans la nuit et nous venons à Montzéville aux mêmes emplacements.

Mercredi, 3 mai 1916

Nous y passons la journée. Le régiment n'a pas encore trop souffert.

Jeudi, 4 mai 1916

Nous partons le matin pour Jubécourt, à 15 kilomètres. Au repos.

Vendredi, 5 mai 1916

Alerte à midi. Nous reprenons le chemin des lignes. Nous allons dans le bois de Béthelainville en réserve.

Samedi, 6 mai 1916

Le soir, nous allons à Montzéville.

 

Le 6 mai le 135e régiment d’infanterie prends position en tranchée secteur du bois Camard (Verdun)

Dimanche, 7 mai 1916

Nous passons la journée à Montzéville. (*)

 

Le 7 mai, le 135e régiment d’infanterie perd plus de 500 hommes parmi les bataillons en premières lignes.

Lundi, 8 mai 1916

Nous recevons l'ordre d'aller aux blessés.

Nous allons à Esnes. Le patelin est tellement bombardé que nous ne pouvons monter en ligne.

Mardi, 9 mai 1916

Nous revenons au jour à Montzéville. Nous y passons la journée et nous sommes relevés dans la nuit.

Mercredi, 10 mai 1916

Nous allons dans un bois à côté de Dombasle. Nous y passons la journée à attendre les débris du régiment. (*)

Le soir, nous allons prendre le train à Blercourt.

 

(*) : Au 10 mai, un état très précis des pertes subit par le du 135e régiment d’infanterie de la période du 20 avril au 10 mai 1916, est établi dans son JMO : Plus de mille hommes ont été tués, blessés et disparus (majorité).

Jeudi, 11 mai 1916

Nous débarquons le matin à Baudonvillers et y cantonnons.

Vendredi, 12 mai 1916

Repos. Il arrive encore quelques trainards avec plusieurs compagnies qui n'avaient pu être relevées.

Samedi, 13 mai 1916

Nous partons le soir pour Villers-en-Lieu, à 11 kilomètres. Arrivée de la classe 16. (*)

 

(*) : Le renfort est d’environ 340 hommes dont la plupart sont des jeunes de la classe 1916, 19 et 20 ans. Il provient du 9e bataillon de Marche du dépôt du 135e régiment d’infanterie.

Dimanche, 14 mai 1916

Repos.

Je trouve quelques pays de la classe 16.

Lundi, 15 mai 1916

Repos. Rien de neuf.

Mardi, 16 mai 1916

Repos.

Il y a eu 27 officiers et 1000 hommes hors de combat pendant les 20 jours.

Mercredi, 17 mai 1916

Repos.

Je peins les voitures. Deux sapeurs sont à l'infirmerie, Legoff et le caporal. (*)

 

(*) : Jean Marie LEGOFF est menuisier de formation, donc logiquement sapeur. Malade et hospitalisé entre août 1914 et juin 1915, il n’a pas participé aux premiers mois de la guerre. Il a rejoint le 135e régiment d’infanterie en juin 1915. Il a survécu à la guerre. Voir sa  fiche matriculaire.

Jean-Marie LEGOFF a un frère, Stanislas, qui lui aussi est menuisier. Ce frère rejoint le 135e régiment d’infanterie en février 1917. Henri ROCHEREAU fera la différence entre les 2 frères qui sont tous les deux sapeurs en nommant le premier simplement « LEGOFF » et le second « Stanislas LEGOFF ».

Jeudi, 18 mai 1916

Rien de changé. Le bruit court du départ.

Vendredi, 19 mai 1916

Départ le matin à 5 heures. Nous allons à Lisle-en-Rigault, 16 kilomètres.

Au repos toujours.

Samedi, 20 mai 1916

Repos. Le bruit court que nous allons embarquer pour la Somme ou l'Oise.

Dimanche, 21 mai 1916 jusqu'à Jeudi, 25 mai 1916

Repos à Lisle-en-Rigault.

Vendredi, 26 mai 1916 et Samedi, 27 mai 1916

Dimanche, 28 mai 1916

Départ à midi. Nous allons prendre le train à Mussey, à 12 kilomètres et nous débarquons à 9 heures à Vitry-la-Ville.

Dans la nuit, nous allons à Vésigneul, à 3 kilomètres sur le bord de la Marne.

Lundi, 29 mai 1916

Repos à Vésigueul.

Mardi, 30 mai 1916

Rien de changé.

Mercredi, 31 mai 1916

Rien de neuf.

Jeudi, 1er juin 1916

Repos à la pêche dans la Marne.

Vendredi, 2 juin 1916

Départ en autos à midi. Nous passons à Chalons et descendons à Suippes pour aller dans des baraques dans le bois de Souain. Une partie du régiment prend les lignes.

C'est tranquille.

Samedi, 3 juin 1916

Nous sommes assez bien ici, mais on ne voit pas un chien. Toujours les bois. Le secteur est assez tranquille et les abris ne manquent pas. Ce n'est plus Verdun.

Il y a une différence ici, c'est la vie de bohême auprès de là-bas en enfer.

Dimanche, 4 juin 1916

Rien de nouveau.

Nous prenons la garde au drapeau jour et nuit.

Lundi, 5 juin 1916

Rien de nouveau.

Mardi, 6 juin 1916

Rien de nouveau.

Mercredi, 7 juin 1916

Rien de nouveau.

Jeudi, 8 juin 1916

Ce soir, nous montons en ligne pour travailler.

Vendredi, 9 juin 1916

Nous travaillons dans les boyaux. C'est assez calme ici.

Samedi, 10 juin 1916

Rien de changé.

Dimanche, 11 juin 1916

Rien de changé.

Lundi, 12 juin 1916

Nous allons au 3ème bataillon et les autres en ligne faire des abris.

Mardi, 13 juin 1916

Rien de nouveau.

Mercredi, 14 juin 1916

Rien de nouveau.

Jeudi, 15 juin 1916

Rien de nouveau.

Vendredi, 16 juin 1916

Rien de nouveau.

Samedi, 17 juin 1916

La journée est comme les autres, calme.

Le soir, nous allons en corvée à la petite gare de Cherville. Aussi, on se fait saluer par les 77. Il y a deux blessés, un du régiment d'infanterie et l'autre de chez nous.

Nous sommes relevés le soir et nous allons au camp 4. 5 au repos pour 10 jours.

Dimanche, 18 juin 1916

Rien de nouveau.

Lundi, 19 juin 1916, Mardi, 20 juin 1916 et Mercredi 21 juin 1916

Rien de nouveau.

Jeudi, 22 juin 1916

Rien de nouveau.

Vendredi, 23 juin 1916

Rien de nouveau.

Samedi, 24 juin 1916

Rien de nouveau.

Dimanche, 25 juin 1916

Départ à midi pour les tranchées du 1er bataillon faire une sape au poste de secours.

C'est assez calme. Toujours, nous sommes près de Souain en tranchées.

Lundi, 26 juin 1916

Travail toute la journée.

Mardi, 27 juin 1916

Travail toute la journée.

Mercredi, 28 juin 1916

Rien de nouveau.

Jeudi, 29 juin 1916

Rien de nouveau.

Vendredi, 30 juin 1916

Rien de nouveau.

Samedi, 1er juillet 1916

Rien de nouveau.

Dimanche, 2 juillet 1916

Rien de nouveau.

Lundi, 3 juillet 1916

Rien de nouveau.

Mardi, 4 juillet 1916

Toujours au travail au P.I. (Théodore) RÉthorÉ est parti en permission. Le bruit court d'une attaque des nôtres par ici, mais ce n'est pas certain.

Mercredi, 5 juillet 1916

Rien de nouveau.

Jeudi, 6 juillet 1916

Rien de nouveau.

Vendredi, 7 juillet 1916

Repos, le travail étant fini.

Samedi, 8 juillet 1916

Repos.

Rien de nouveau, sauf que les boches arrosent les premières lignes avec des torpilles. Le soir, elles sont nivelées. Heureusement que les abris sont bons. Il y a peu de pertes.

Dimanche, 9 juillet 1916

Rien de nouveau.

Repos mais en deuxième ligne et non au camp.

Lundi, 10 juillet 1916

Nous retournons au travail.

Mardi, 11 juillet 1916

Toujours la même chose.

Mercredi, 12 juillet 1916

Rien de changé.

Il y a peu de blessés en ce secteur. Un ou deux par jour sur 2000. C'est le petit nombre.

Jeudi, 13 juillet 1916

Rien de nouveau.

Vendredi, 14 juillet 1916

Nous travaillons toute la journée. Nous sommes un peu mieux nourris et nous avons un litre de vin et un quart de champagne.

Samedi, 15 juillet 1916

Rien de changé.

e n'est plus la fête pour la nourriture et la boisson. J'ai rencontré Chailleux ce soir dans le boyau d'Erain.

Dimanche, 16 juillet 1916

Rien de nouveau.

Lundi, 17 juillet 1916

Rien de neuf.

Mardi, 18 juillet 1916

Rien de neuf.

Mercredi, 19 juillet 1916, Jeudi, 20 juillet 1916, Vendredi, 21 juillet 1916 et Samedi, 22 juillet 1916

Rien de neuf.

Dimanche, 23 juillet 1916

Nous venons au camp 4/8. Au repos pour 10 jours.

 

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2ème carnet de route, commencé le 15-8-1916

Mardi, 15 août 1916- Assomption

J'arrive de permission à la gare de Suippes avec un cafard épouvantable et viens au camp 45 où j'ai laissé les copains avant mon départ. Il n'y a pas eu de changement. Nous y restons à travailler pour l'infirmerie.

Mercredi, 16 août 1916

Rien de nouveau.

J'ai vu plusieurs camarades du pays.

Jeudi, 17 août 1916

Rien de nouveau.

Le soir, je vais voir Jutet à la Cherville, mais ne peux être longtemps avec lui car il y a alerte pour les gaz et il monte en ligne ce soir.

Vendredi, 18 août 1916 - Ste Hélène

L'attaque n'a pas eu lieu, cause du peu de vent. Elle est retardée.

Samedi, 19 août 1916 – St Flavien

Rien de changé pour aujourd'hui.

Dimanche, 20 août 1916 – St Bernard

Rien de neuf.

Louis Bouchet vient me voir. (*)

Nous allons rendre visite à tous les copains des environs du pays.

 

(*) : Il pourrait s’agir de Louis Pierre Marie Joseph BOUCHET d’Issé classe 1905, qui était alors au 6e génie dont la Cie 9/2 (et d’autres ?) était dans le secteur (s/s Lt LAMY tué le 23/08 à la ferme de Navarin). Voir sa fiche matriculaire.

Lundi, 21 août 1916 – St Privat

Rien de neuf. Je vais voir Jean RouX.

J'apprends que nous n'allons pas être longtemps dans le secteur.

Mardi, 22 août 1916 – St Symphorien

Rien de nouveau.

J'apprends la mort de Jules GaUtier. (*)

 

(*) : Jules Jean Marie GAUTIER, menuisier d’Issé, tué le 14 août 1916. Voir sa fiche matriculaire.

Mercredi, 23 août 1916 – Ste Jeanne

Rien de nouveau.

Jeudi, 24 août 1916 – St Barthélemy

Rien de nouveau.

Vendredi, 25 août 1916 – St Louis

Rien de neuf.

L'attaque au gaz qui avait fait tant de bruit ne réussit pas, mais il n'y a pas de cause.

Samedi, 26 août 1916 – Ste Rose

Rien de neuf, toujours au camp.

Dimanche, 27 août 1916 – St Armand

Repos. Rien de neuf.

Lundi, 28 août 1916 – Ste Augustine

Rien de neuf.

Mardi, 29 août 1916

Les bruits courent que nous devons être relevés pour aller au repos une quinzaine.

Mercredi, 30 août 1916 – St Fiacre

Rien de neuf.

 Jeudi, 31 août 1916 – St Aristide

Nous partons le matin prendre les autos à Suippes pour aller au repos à Rhèges. Ce sont des coloniaux qui nous remplacent. Ils arrivent de la Somme.

Vendredi, 1er septembre 1916 – St Gilles

Repos à Rhèges, petit pays.

Samedi, 2 septembre 1916 – St Lazare

Rien de nouveau.

Dimanche, 3 septembre 1916 – Ste Euphémie

Repos. Rien de neuf.

Lundi, 4 septembre 1916 – Ste Rosalie

Départ le matin à 2 heures, trente kilomètres. Nous allons à Dampierre, petit pays.

Nous passons à Arcis-sur-Aube.

Mardi, 5 septembre 1916 – St Bertin

Repos à Dampierre, petit pays de 200 habitants. Nous ne trouvons rien.

Mercredi, 6 septembre 1916 – St Rémi

Nous allons faire des tranchées pour faire des manœuvres.

Jeudi, 7 septembre 1916 – St Cloud

Toujours la même chose.

Vendredi, 8 septembre 1916 – La Nativité

Nous allons ramasser de l'avoine chez notre paysan.

Samedi, 9 septembre 1916 – St Omer

Repos.

Dimanche, 10 septembre 1916 – Ste Pulchérie

Repos.

Lundi, 11 septembre 1916 – St Hyacinthe

Exercice matin. Repos l'après-midi.

Mardi, 12 septembre 1916 – Ste Léonie

Rien de nouveau.

Mercredi, 13 septembre 1916 – Ste Manille

Il y a manœuvre au camp de Mailly, mais nous ne marchons pas nous autres ainsi que les pionniers.

Nous avons repos pour aujourd'hui.

Jeudi, 14 septembre 1916 – Ste Croix

Exercice le matin.

L'après-midi, je vais travailler au château à la brigade.

Vendredi, 15 septembre 1916 -St Nicomède

Fête du régiment et repos.

Samedi, 16 septembre 1916 – Ste Camille

Toute la journée au château à travailler. J'y finirais bien la guerre, malgré que le rapport est la ceinture.

Dimanche, 17 septembre 1916 – St Lambert

Toute la journée au château.

Le régiment sort travailler au camp de Mailly faire des manœuvres. Nous devons partir mardi.

Lundi, 18 septembre 1916 – Ste Sophie

Repos, nous partons demain.

Mardi,  19 septembre 1916 – St Gustave

Départ à 8 heures.

Nous allons à Margerie, petit pays à 12 kilomètres. Nous approchons d'une gare.

Mercredi, 20 septembre 1916 – St Eustache

Repos le matin. Le soir, embarquement à la gare de Gigny.

Jeudi, 21 septembre 1916 – St Mathieu

Nous passons à Versailles et Pontoise pour venir débarquer dans l'Oise à Grandvilliers. Nous allons à Sarcus, à 6 kilomètres, petit pays. Nous arrivons le vendredi à 2 heures du matin.

Vendredi, 22 septembre 1916 – St Maurice

Repos à Sarcus.

Samedi, 23 septembre 1916 – Ste Gilberte

Repos. Rien de nouveau.

Dimanche, 24 septembre 1916

Repos. Les bruits courent que nous partons demain, par étapes.

Lundi, 25 septembre 1916

Départ à 7 heures. Nous allons à Poix, assez beau pays. Nous approchons d'Amiens, nous en sommes à 20 kilomètres....

Mardi, 26 septembre 1916

Départ à 6 heures. Nous allons à Moyencourt, petit pays à 5 kilomètres de Poix sur la route d'Amiens.

Mercredi, 27 septembre 1916

Repos à Moyencourt.

Les bruits courent que nous allons aux environs de Bouchavesnes, très mauvais secteur en ce moment.

Jeudi, 28 septembre 1916

Repos à Moyencourt.

Vendredi, 29 septembre 1916

Rien de nouveau.

Samedi, 30 septembre 1916

Rien de nouveau.

Dimanche, 1er octobre 1916

Rien de nouveau.

Lundi, 2 octobre 1916

Le colonel est évacué pour une entorse.

Autrement, nous sommes sur le qui-vive pour aller dans la Somme en tranchées.

Mardi, 3 octobre 1916

Rien de nouveau.

Mercredi, 4 octobre 1916

Nous apprenons le soir que nous partons demain en autos.

Jeudi, 5 octobre 1916

Départ à 6 heures en autos.

Nous passons à Amiens, Villers-Bretonneux et débarquons à 2 kilomètres de Bray-sur-Somme. Nous allons dans les baraquements.

Vendredi, 6 octobre 1916

Rien de nouveau.

Le 77 approche des lignes.

Ce soir, nous en sommes encore à 15 kilomètres, mais comme canon, c'est un vrai feu roulant. Il y a auprès de nous une pièce de 400. C'est effrayant de voir un moment pareil. Nous devons aller en tranchées ces jours pour faire une attaque, ce sera du propre, je pense encore.

Samedi, 7 octobre 1916

Au matin, rien de nouveau.

Nous allons visiter des obus de 400. C'est vraiment effrayant ce qu'il y a comme grosse artillerie dans ce secteur. La canonnade ne cesse ni jour, ni nuit.

Aussi, c'est très dur pour les tranchées, paraît-il. D'après les camarades qui en viennent, il n'y a que trous d'obus partout, ce qui sert de tranchée.

Dimanche, 8 octobre 1916

Le matin, nous allons voir les machines infernales ou tanks anglais. C'est très bien, comparés, mieux que les nôtres.

A 1 heure, départ.

Nous passons à Maricourt, Hardecourt, Maurepas et allons à Combles. De tous ces patelins, il ne reste plus rien, que des briques calcinées. Le terrain est complètement bouleversé. Il n'y a même pas d'abris.

Lundi, 9 octobre 1916

Le bombardement ne cesse pas du matin au soir. C'est effrayant ce que les boches reçoivent comme marmites, mais ils en envoient eux aussi. Nous sommes dans un abri à moitié démoli. Ce n'est pas le secteur de Champagne, il s'en faut de beaucoup.

Le soir, nous allons à la brigade chercher des outils pour aller travailler au P.C. du 1er bataillon qui est en ligne. Nous y travaillons 8 heures, de 6 à 2 heures du matin.

Toute la nuit, le canon tonne. Nous sommes à 1 kilomètre des premières lignes.

Mardi,  10  octobre 1916

Il n'y a pas de changement ce matin.

Nous devons attaquer ces jours pour prendre le patelin de Saillisel. Ça va faire du beau travail. Le moral est bien bas dans le régiment. Aussi, je m'en effraye à l'avance car c'est probable que nous marchons, aussi nous, à l'attaque.

Le soir, le régiment avance de deux cent mètres. Il y a 2 capitaines tués et environ 200 hommes hors de combat. (*)

 

(*) : 170 hommes environ selon le JMO.

Capitaine Victor Gustave CLOMBOURGER. Sa fiche.

Capitaine Louis GOËNVIC. Sa fiche.

Mercredi, 11 octobre 1916

Le soir, nous allons faire un abri pour un commandant en 1ère ligne.

Les boches nous passent quelque chose. C'est terrible pendant deux heures. Jamais je n'avais vu un bombardement pareil. Il y a où devenir fou par le bruit du canon. Nous avons toutes les peines à revenir le matin sous un tas de barrages.

Jeudi, 12 octobre 1916

En arrivant le matin, nous allons dans l'abri du colonel à la garde du matériel. Lui s'en va à 1500 mètres plus loin pour l'attaque qui doit avoir lieu aujourd'hui. Le canon tonne de plus en plus.

A midi, il redouble de violence et à 2 heures, l'attaque commence. C'est effrayant comme bombardement. Jamais personne ne pourra se figurer que ce que c'est terrible, que ceux qui y sont et en reviendront. Le régiment prend les positions qui lui étaient assignées, mais les régiments de gauche et de droite ne peuvent avancer.

Aussi, chez nous, la nuit venue, il faut revenir aux emplacements de départ.

Vendredi, 13 octobre 1916

Le régiment est toujours en 1ère ligne. Il a beaucoup souffert dans l'attaque d'hier. Il y a beaucoup de perte, mais heureusement peu de tués en proportion des autres attaques.

L'après-midi, je vais porter un pigeon voyageur trouvé à Combles à la brigade, de là à la division et au corps d'armée. Finalement, au corps, on me dit de le manger. C'est bien la bêtise militaire. Aussi, je m'enfile comme 30 kilomètres, mais j'ai le plaisir de voir Louis BouchEt.

Samedi, 14 octobre 1916

Rien de changé ce matin.

Dans la soirée d'hier l'adjudant pionnier (*) a été tué par un obus. Il y a deux blessés, dont Rochereau du Grand-Auverné. (**)

La journée est un peu plus calme aujourd'hui. Le régiment est en 2ème ligne et le 77ème en 1ère. Leur colonel a été blessé hier. Aussi, c'est le nôtre qui commande les deux régiments.

Nous sommes toujours à la gauche du matériel du régiment.

 

(*) : Marcel René GARNAVAULT, adjudant au 135e régiment d’infanterie, mort pour la France à Combles (80) le 13 octobre 1916. Voir sa fiche.

(**) : Pierre Marie ROCHEREAU est bien de Grand-Auverné. Voir sa fiche.

Dimanche, 15 octobre 1916

Rien de changé ce matin. Les boches tuent beaucoup plus qu'à l'habitude sur Combles et surtout sur la station où nous sommes, ils blessent quelques hommes.

Lundi, 16 octobre 1916

Rien de changé ce matin.

A midi, nous recevons l'ordre d'aller au P.C. du colonel chercher les colis pour aller en réserve au bois d'Angle. Nous y arrivons le soir.

Nous sommes relevés par le 77.

Mardi, 17 octobre 1916

Rien de neuf.

Je vais pour voir (Jean) Auguste Frangeul au bois de Vaux et arrivé là, il est à travailler près de Combles, entre Combles et Maurepas, à environ 2 kilomètres d'où nous sommes. Aussi, j'ai fait un voyage inutile de 15 kilomètres.

Mercredi, 18 octobre 1916

Rien de neuf.

Je ne peux aller jusqu'à Auguste. Nous sommes en cantonnement d'alerte depuis hier soir.

Jeudi, 19 octobre 1916

Rien de changé. Nous sommes toujours en réserve du 77.

Vendredi, 20 octobre 1916

Nous sommes relevés par le 296 de la 152ème division. Nous prenons les autos à Maricourt. Nous passons à Suzanne et Bray pour descendre à Fouilloy, à côté de Corbie.

Nous sommes couchés dans des baraquements presque dans l'eau.

Samedi, 21 octobre 1916

Repos.

Nous sommes très mal pour coucher. Il fait froid.

Dimanche, 22 octobre 1916

Repos.

C'est défendu d'aller à Corbie qui est occupé par les Anglais. Nous apprenons que le général de division est mis en disponibilité. (*)

 

(*) : Le général LEFEVRE est remplacé par le général DILLEMANN

Lundi, 23 octobre 1916

Rien de nouveau.

Mardi, 24 octobre 1916

Rien de nouveau.

Mercredi, 25 octobre 1916

Rien de nouveau.

Jeudi, 26 octobre 1916

Rien de nouveau.

Vendredi, 27 octobre 1916

Rien de nouveau.

Samedi, 28 octobre 1916

Rien de nouveau.

Dimanche, 29 octobre 1916

Rien de nouveau.

Lundi, 30 octobre 1916

Rien de nouveau.

Mardi, 31 octobre 1916

Les permissions sont arrêtées pour le moment.

A part cela, rien de nouveau.

Mercredi, 1er novembre 1916

Rien de nouveau.

Jeudi, 2 novembre 1916

Le 66ème part à midi pour 15-16 et les bruits courent que nous partons aussi nous demain pour aller en ligne, au même endroit que la dernière fois.

Vendredi, 3 novembre 1916

Nous devons partir demain: C'est le 32 qui est parti aujourd'hui.

Samedi, 4 novembre 1916

Nous partons le matin à 6 heures en autos pour Morlancourt, un bataillon.

Les deux autres sont partis à 15-16.

Dimanche, 5 novembre 1916

Réveil à 4 heures, départ à 7 pour 15-16.

Nous y passons la journée. J'en profite pour aller voir Auguste (Jean) Frangeul.

Lundi, 6 novembre 1916

Nous reprenons la route de Morlancourt. Toujours le même bataillon.

Mardi, 7 novembre 1916

Dans la nuit, les boches sont venus faire sauter un dépôt de munitions à 6 kilomètres. D'après les bruits, il y aurait 3 pays de complètement démolis, beaucoup de tués et noyés et de blessés et avec la perte de 2 millions d'obus, c'est un beau travail pour les boches. Jamais, je n'avais encore entendu une détonation pareille.

La terre en tremblait et beaucoup de vitres ont cassé ici à 6 kilomètres du lieu.

Mercredi, 8 novembre 1916

Repos à Morlancourt. Rien de nouveau en ce moment.

Nous ne comprenons rien aux ordres.

Jeudi, 9 novembre 1916

Rien de nouveau.

Les bruits courent que nous allons en ligne demain.

Vendredi, 10 novembre 1916

Départ à 9 heures.

Nous passons à Bray en autos pour descendre à Suzanne. Je vois Francis Chauvin (*) à l'ambulance.

De là, nous allons en tranchées près de Morval. Je suis avec 5 sapeurs à la garde du matériel.

 

(*) : Pas trouvé

Samedi, 11 novembre 1916

C'est assez tranquille dans la journée.

Dimanche, 12 novembre 1916

Dans la nuit, les boches nous ont marmité avec des obus à gaz. Il y a beaucoup de malades.

Lundi, 13 novembre 1916

Ce n'est pas si calme que les premiers jours. A part cela rien de neuf.

Mardi, 14 novembre 1916

C'est toujours de plus en plus mauvais par ici comme bombardement.

Mercredi, 15 novembre 1916

Le bombardement commence à 9 heures.

A une heure, il tombe un obus en plein sur la cabane qui blesse (Charles) Tassin grièvement. C'est un hasard que nous n'y sommes pas passés tous les 4.

La journée est terrible. Aussi, nous sommes obligés de descendre à la brigade.

 

 

Extrait de la fiche matriculaire de Charles TASSIN

 

Jeudi, 16 novembre 1916

La journée est plus calme.

C'est vrai qu'ils en ont fait assez hier. J'ai bien peur pour (Charles) Tassin qu'il en revienne.

Vendredi, 17 novembre 1916

La journée est assez calme, à part quelques obus, ça va.

Samedi, 18 novembre 1916

Ce matin, les boches nous ont réveillés avec leurs marmites. Je crois qu'ils en veulent au matériel. La journée n'est pas bonne, ni belle. Il tombe de l'eau et ce matin, il y avait de la neige.

Dimanche, 19 novembre 1916

Rien de nouveau. Nous devons être relevés cette nuit par le 125.

Lundi, 20 novembre 1916

Rien de nouveau ce matin. La journée se passe comme les autres.

Le soir, nous sommes relevés par le 125.

Mardi, 21 novembre 1916

Départ le midi en autos à Suzanne. Nous descendons à Fouilloy.

Mercredi, 22 novembre 1916

Repos. Rien de nouveau.

Jeudi, 23 novembre 1916

Repos.

Départ des permissionnaires.

Vendredi, 24 novembre 1916

Rien de nouveau.

Samedi, 25 novembre 1916

Repos.

Nous partons au grand repos demain dans la seine-inférieure.

Dimanche, 26 novembre 1916

Départ à 9 heures.

Nous passons par Amiens. Poix pour descendre à Aumale, beau petit pays.

Lundi, 27 novembre 1916

Repos. Il va partir beaucoup de permissionnaires. Ici, au moins 40 pour cent en deux fois.

Mardi, 28 novembre 1916

Rien de nouveau.

Mercredi, 29 novembre 1916

Rien de nouveau.

Jeudi, 30 novembre 1916

Rien de nouveau. Mon tour de départ approche vite.

Vendredi, 1er décembre 1916

Rien de neuf.

Samedi, 2 décembre 1916

Rien de neuf. Les permes sont arrêtées jusqu'au retour des autres.

Dimanche, 3 décembre 1916

Rien de neuf.

Lundi, 4 décembre 1916

Rien de neuf.

Mardi, 5 décembre 1916

Le caporal rentre de permission.

Nous allons installer les douches au premier bataillon, Job (*) et moi.

 

(*) : Pas trouvé

Mercredi, 6 décembre 1916

Rien de neuf.

Jeudi, 7 décembre 1916

Je vais avec les ouvriers travailler aux cuisines roulantes.

Vendredi, 8 décembre 1916

Rien de changé.

Samedi, 9 décembre 1916

J'apprends que demain je pars en permission.

Dimanche, 10 décembre 1916

Départ à 8 heures.

Toute la journée, je voyage.

Lundi, 11 décembre 1916

J'arrive à Issé à une heure par le train de marchandises.

Mardi, 12 décembre 1916

Jusqu'au mardi 19 décembre 1916 au pays.

Mercredi, 20 décembre 1916

Toute la journée en voyage.

Jeudi, 21 décembre 1916

J'arrive le matin à Villers-Bretonneux.

Toute la journée, je voyage à pied pour trouver le régiment. J'arrive le soir à Cerisy. Il est au demi-repos.

Vendredi, 22 décembre 1916

Repos à Cerisy.

Samedi, 23 décembre 1916

Repos à Cerisy. Rien de nouveau.

Dimanche, 24 décembre 1916

Repos. Rien de nouveau.

Lundi, 25 décembre 1916

Départ en autos le matin pour descendre près de Suzanne et de là nous allons à pied jusqu'à Bouchavesnes-Bergen en tranchées.

Nous y arrivons à minuit, sales comme des cochons.

Mardi, 26 décembre 1916

Rien de nouveau. Le secteur est assez tranquille, mais comme boue, c'est épouvantable. A peine pouvons-nous en sortir.

Nous travaillons au P.C. du colonel.

Mercredi, 27 décembre 1916

Rien de nouveau.

Jeudi, 28 décembre 1916

Rien de nouveau.

Vendredi, 29 décembre 1916

Rien de nouveau.

Samedi, 30 décembre 1916

Rien de nouveau.

Dimanche, 31 décembre 1916

Rien de nouveau.

1917 : Champagne - Lorraine

En janvier 1917, le 135e régiment d’infanterie  passe de la 18e à la 152e division d’infanterie. Cette 152e DI est composée des 114e, 125e et 135e régiments d’infanterie et du 249e régiment d’artillerie de campagne

Lundi, 1er janvier 1917

Les boches tirent un peu plus que d'habitude. A part cela, c'est la même vie.

Mardi, 2 janvier 1917

Rien de nouveau dans le secteur. Nous sommes relevés par le 32.

Le soir, les boches font un tir de barrage. Il y a plusieurs morts et blessés à la relève.

Mercredi, 3 janvier 1917

Nous prenons les autos à Suzanne pour aller à Vaire-sous-Corbie, petit pays où nous arrivons le soir.

Jeudi, 4 janvier 1917

Repos.

Sale pays. On ne trouve rien, même pas de la bière.

Vendredi, 5 janvier 1917

Rien de nouveau. Repos.

Samedi, 6 janvier 1917

Rien de nouveau.

Dimanche, 7 janvier 1917

Les bruits courent que le 135 va quitter la 18ème division et ira à la 152ème.

Je vois Louis Aubin et Durand. A part cela, rien. (*)

 

(*) : Louis AUBIN et Jean Marie DURAND, déjà cités.

Lundi, 8 janvier 1917

Rien de nouveau.

Mardi, 9 janvier 1917

Rien de nouveau.

Mercredi, 10 janvier 1917

Nous partons le matin à pied. On fait 2 kilomètres. Nous allons à Hamelet, petit pays.

Le 77 part pour les lignes. Pour nous, on ne connaît encore rien.

Jeudi, 11 janvier 1917

Rien de nouveau.

Vendredi, 12 janvier 1917

Rien de nouveau.

Samedi, 13 janvier 1917

Rien de nouveau.

Dimanche, 14 janvier 1917

Rien de nouveau.

Lundi, 15 janvier 1917

Rien de nouveau.

Mardi, 16 janvier 1917

Nous apprenons que nous allons en tranchées. Le 19 au 20, du côté de Biaches.

Mercredi, 17 janvier 1917

Rien de changé.

Jeudi, 18  janvier 1917

Départ à 9 heures à pied. Nous venons coucher dans les baraquements à Eclusier-Vaux, petit pays à côté de Cappy, environ 20 kilomètres.

Vendredi, 19 janvier 1917

Le soir, nous partons avec la voiture du colonel pour Biaches. Nous relevons le 78ème du 12ème corps. Nous sommes à la disposition du cuisinier du colonel pour les corvées.

Le secteur est très calme. Depuis 15 jours, les boches ne tirent pas beaucoup.

Samedi, 20 janvier 1917

Rien de neuf. C'est très calme.

Dimanche, 21 janvier 1917

Rien de nouveau, calme.

Lundi, 22 janvier 1917

Rien de nouveau, calme.

Mardi, 23 janvier 1917

Nous devons être relevés cette nuit par le 125 pour aller au repos à Cappy. La journée est calme comme les précédentes. Il fait un temps clair aussi.

Nous voyons Péronne comme si nous y étions, mais ce sont les boches qui l'occupent et c'est même surprenant de voir un calme pareil avec toutes les hauteurs qu'ils occupent, ils nous voient très bien, mais ne disent rien et c'est la même chose chez nous.

Mercredi, 24 janvier 1917

Nous sommes au repos à Cappy. Dans les baraquements, il n'y fait pas chaud. Le canal est complètement gelé.

Jeudi, 25 janvier 1917

Rien de nouveau. Même temps.

Vendredi, 26 janvier 1917

Rien de nouveau.

Samedi, 27 janvier 1917

Nous allons au bourg de Cappy faire des auges pour les chevaux du régiment.

Dimanche, 28 janvier 1917

Rien de nouveau.

Lundi, 29 janvier 1917

Le régiment prend les lignes.

Ce soir, il relève le 114. Nous, nous restons à Cappy.

Mardi, 30 janvier 1917

Rien de nouveau.

Mercredi, 31 janvier 1917

Rien de nouveau.

Jeudi, 1er février 1917

Rien de nouveau.

Vendredi, 2 février 1917

Le régiment est relevé cette nuit par les Anglais.

Nous allons dans les baraquements au camp 52 entre Chuignolles et Proyart.

Samedi, 3 février 1917

Nous passons la journée au camp 52. Rien de neuf, sauf que nous devons marcher demain.

Dimanche, 4 février 1917

Départ à 7 heures. Nous allons coucher à Berteaucourt-lès-Thennes, petit pays à environ 25 kilomètres.

Lundi, 5 février 1917

Repos. Rien de nouveau.

Mardi, 6 février 1917

Rien de nouveau.

Mercredi, 7 février 1917

Rien de nouveau.

Jeudi, 8 février 1917

Rien de nouveau. Nous en profitons pour aller à Moreuil, Théo (*) et moi.

C'est assez chic comme patelin.

 

(*) : Sûrement Théodore RÉTHORÉ.

Vendredi, 9 février 1917

Départ à midi. Nous allons prendre le train à Boves, 6 kilomètres. Nous passons à Paris dans la nuit. Nous passons la nuit en voyage.

Samedi, 10 février 1917

Nous passons à Epernay, Chalons sur Marne. Nous descendons à Vitry-la-Ville et nous allons coucher à Soulanges, 10 kilomètres de Vitry-le-François, petit pays.

Dimanche, 11 février 1917

Repos. Rien de nouveau.

Lundi, 12 février 1917

Rien de nouveau.

Mardi, 13 février 1917

Rien de nouveau.

Mercredi, 14 février 1917

Rien de nouveau.

Jeudi, 15 février 1917

Le bruit court que nous partons demain pour une destination inconnue.

Vendredi, 16 février 1917

Le matin, nous avons alerte et en place de partir à pied, nous embarquons à 3 heures de l'après-midi à Vitry-la-Ville, nous passons à Vitry-le-François et descendons à Sainte-Menehould.

A 8 heures, nous allons coucher à Verrières, 4 kilomètres.

Samedi, 17 février 1917

Nous passons la journée à Verrières. Les boches ont fait une attaque aux gaz par ici, mais je crois qu'ils sont tombés sur un bec. Nous sommes toujours sur le qui-vive.

Dimanche, 18 février 1917

Rien de changé, toujours en alerte. Repos toute la journée.

Lundi, 19 février 1917

Rien de changé. Les bruits courent que nous allons aller au camp de Mailly, mais j'ai bien peur que les boches nous empêchent d'y séjourner bien longtemps. Ils doivent bien préparer quelque chose encore pour nous faire danser les pattes en l'air.

Mardi, 20 février 1917

Rien de nouveau.

Mercredi, 21 février 1917

Rien de nouveau.

Jeudi, 22 février 1917

Rien de nouveau.

Vendredi, 23 février 1917

Rien de nouveau.

Samedi, 24 février 1917

Rien de nouveau.

Dimanche, 25 février 1917

Repos, rien de nouveau.

Lundi, 26 février 1917

Repos. Nous devons partir demain.

Mardi, 27 février 1917

Départ à 11 heures

 Nous passons par Braux-Saint-Rémy et allons coucher à Epense, petit pays, 17 kilomètres environ.

Mercredi, 28 février 1917

Repos, rien de nouveau.

Jeudi, 1er mars 1917

Repos, rien de nouveau.

Vendredi, 2 mars 1917

Repos. Nous partons demain.

Samedi, 3 mars 1917

Départ à 7 heures.

Nous allons coucher à Bassuet, 27 kilomètres environ.

Dimanche, 4 mars 1917

Départ à 6 heures. Nous passons à Vitry-le-François et allons coucher à Blacy, à 11 kilomètres de Vitry, environ 18 kilomètres de marche.

Lundi, 5 mars 1917

Départ à 7 heures.

Nous allons dans un camp près de Saint-Ouen (Camp de Mailly, Aube), environ 25 kilomètres, par un sale temps, neige et pluie.

Mardi, 6 mars 1917

Repos au camp. Nous devons y être un bon moment.

Mercredi, 7 mars 1917

Je suis affecté aux douches.

Jeudi, 8 mars 1917

Rien de nouveau.

Vendredi, 9 mars 1917

Rentrée des permissionnaires, caporal et compagnie. Rien de nouveau.

Samedi, 10 mars 1917

Rien de nouveau.

Dimanche, 11 mars 1917

Je pensais aller jusqu'à Francis Gautier à Chaudrey, mais je n'ai pu avoir de perme pour la journée, avec une bande de vaches comme nous avons à nous conduire. C'est honteux d'être conduits au 20ème siècle par des brutes de la sorte.

Aussi, ce que j'en ai marre de la vie militaire et de cette boucherie humaine. Bon Dieu, quand donc la fin de cette vie de douleur et de malheur et quand que les comptes pourront enfin se régler. Que les gens sont bêtes pour laisser continuer une boucherie pareille.

Vivement, vivement la fin.

Lundi, 12 mars 1917

Rien de nouveau.

Mardi, 13 mars 1917

Rien de nouveau.

Mercredi, 14 mars 1917

Départ le matin à 6 heures. Nous allons à la manœuvre dans le camp.

Elle dure de 6 heures du matin à 4 heures du soir. Nous avons marché toute la journée sans rien comprendre. Je suis certain que le colonel n'a pas compris davantage que nous

 Ça ne ressemble pas plus à la réalité que moi à un moulin à vent. C'est honteux de faire marcher les hommes de la sorte puisque ça ne sert à rien, mais c'est bien le truc militaire dans toute sa grandeur et avec sa grande bêtise.

Jeudi, 15 mars 1917

Rien de nouveau. Continuation aux douches et repos.

Vendredi, 16 mars 1917

Rien de nouveau.

Samedi, 17 mars 1917

Départ à 6 heures. Manœuvres toute la journée et le soir, décoration du drapeau du 114 et 125.

Retour à 5 heures.

Dimanche, 18 mars 1917

Rien de nouveau.

Lundi, 19 mars 1917

Les bruits de notre départ du camp commencent à courir. Départ de RhÉtorÉ en permission. Rien de nouveau. A part cela, aux douches.

Mardi, 20 mars 1917

Rien de nouveau.

Mercredi, 21 mars 1917

Départ à 7 heures. Nous passons près de Vitry-le-François et allons à Soulanges où nous étions il y a déjà un mois, 33 kilomètres. Aussi, c'est un peu dur. Comme fatigue, il y en a.

Jeudi, 22 mars 1917

Repos. Rien de nouveau.

Vendredi, 23 mars 1917

Repos. Rien de nouveau. Vaccin.

Samedi, 24 mars 1917

Repos forcé par le vaccin.

Dimanche, 25 mars 1917

Repos. Rien de nouveau.

Lundi, 26 mars 1917

Repos. Rien de nouveau.

Mardi, 27 mars 1917

Départ à 6 heures.

Nous passons par Bussy-Lettrée pour coucher à Vatry, petit pays, 33 kilomètres.

Mercredi, 28 mars 1917

Départ à 6 heures. Nous passons à Bergères-lès-Vertus et allons coucher à Loisy, petit pays, 30 à 32 kilomètres. Aussi, tout le monde est fatigué.

Jeudi, 29 mars 1917

Repos.

Nous sommes tout près de Vert-la-Gravelle qui me rappelle de tristes souvenirs ainsi que le Mont Août, tout près. Ça me rappelle 1914 à la bataille de la Marne où nous avons beaucoup souffert à tous les points de vue, de la faim et beaucoup de pertes en hommes.

Quand donc en verrons-nous la fin. Ce pays ne me sourit pas, car nous sommes à la veille d'en voir encore de bien dures et de bien terribles.

Vendredi, 30 mars 1917

Repos. Rien de nouveau.

Samedi, 31 mars 1917

Repos. Rien de nouveau.

Dimanche, 1er avril 1917

Départ à 2 heures de l'après-midi.

Nous allons faire un stage au génie à Bergères-lès-Vertus, à 12 kilomètres.

Lundi, 2 avril 1917

Nous allons avec le génie faire du pontage.

Mardi, 3 avril 1917

Mêmes travaux.

Mercredi, 4 avril 1917

Mêmes travaux.

Jeudi, 5 avril 1917

Mêmes travaux.

Vendredi, 6 avril 1917

Pas de changement. Ça commence à être la barbe.

Samedi, 7 avril 1917

Rien de nouveau.

Dimanche, 8 avril 1917

Départ à 6 heures avec le Génie. Nous passons à Avize et allons à Brébant.

Le soir, nous repartons rejoindre le régiment à Monthelon. Environ 25 kilomètres en tout.

Lundi, 9 avril 1917

Repos.

Les bruits du départ aux tranchées circulent. On fait des paquets individuels. Mauvais signe, c'est encore la boucherie qui nous attend.

Mardi, 10 avril 1917

Départ à 6 heures.

On fait 22 kilomètres. Nous couchons à Port-à-Binson, près de la Marne et tout à côté de Chatillon-sur-Marne.

Mercredi, 11 avril 1917

Repos, rien de neuf. Nous devions partir ce matin.

Jeudi, 12 avril 1917

Départ à 7 heures.

Nous passons la Marne sur un pont suspendu et on nous laisse poiroter 2 heures dans un champ. De là, nous allons coucher à Baslieux, petit pays, environ 8 kilomètres.

Vendredi, 13 avril 1917

Repos. Rien de nouveau.

Samedi, 14 avril 1917

Repos. Rien de nouveau.

Dimanche, 15 avril 1917

Départ à 2 heures de l'après-midi. On fait 8 kilomètres

 Nous couchons dans un camp à Ville-en-Tardenois.

Lundi, 16 avril 1917

Départ à 7 heures.

Nous passons à Romigny et allons camper dans un bois, environ 16 kilomètres, mais le soir, nous repartons.

A 5 heures, on fait une marche très fatigante, environ 16 kilomètres. Nous couchons dans un patelin. Nous y arrivons à 3 heures du matin.

Mardi, 17 avril 1917

Départ à 9 heures. Nous approchons des lignes. On s'aperçoit déjà de l'effet des marmites. On fait 6 kilomètres et nous campons dans les bois. La danse ne va pas tarder pour nous non plus, peut-être demain. Quelle boucherie humaine. Quand donc la fin.

Départ à 4 heures, nous allons à Cauroy, petit pays à côté. Nous y restons une heure et nous repartons en suivant le front. Nous allons à Saint-Thierry, à côté de Thil. Nous y passons la nuit.

Mercredi, 18 avril 1917

Le matin, rien de nouveau.

Nous sommes tout près des lignes. Les boches ont tiré sur le patelin toute la nuit.

 

Le midi, nous apprenons que l'offensive (*) est ratée et que nous prenons les lignes ce soir. Encore une boucherie inutile. Quand donc verrons-nous la fin de ce carnage. Les capitalistes n'auront donc jamais pitié du peuple. Quelle conscience ces gens doivent avoir, quels remords et combien le bas peuple leur en voudra sans pouvoir rien faire que de s'abaisser. Mais gare le jour où la classe ouvrière aura le dessus. Ils pourront payer le tout en gros.

Le jour où l'homme comprendra quelle est cette bande d'assassins, il n'y aura plus à revenir en arrière.

 

Le soir, nous prenons les lignes. Nous allons au P.C. du colonel, à environ 3 kilomètres sur la route de Berry-au-Bac.

A Reims, nous relevons les Russes.

 

(*) : L’offensive sanglante du Chemin des Dames a débuté le 16 avril.

Jeudi, 19 avril 1917

Le matin, nous allons (Charles) Tassin et moi chercher les distributions au colonel à Saint-Thierry. Les Russes ont attaqué hier, mais ils ont eu beaucoup de pertes.

Dans la soirée, il arrive 3 boches prisonniers que nous emmenons à la division. Nous couchons à Saint-Thierry.

Vendredi, 20 avril 1917

Nous repartons avec les distributions au colonel. Il n'y a pas grand nouveau dans la journée.

Le soir, nous venons coucher à Saint-Thierry.

Samedi, 21 avril 1917

Nous déménageons un peu plus loin à droite.

A part cela, rien de nouveau, sauf que les boches tuent davantage.

Dimanche, 22 avril 1917

Les boches tuent toute la journée avec des 210, tout près du P.C. du colonel. Ça ne devient pas bien fameux par ici.

Lundi, 23 avril 1917

La journée est plus calme. A part cela, rien de neuf.

Mardi, 24 avril 1917

Rien de changé, sauf que nous allons chercher les distributions à 1500 mètres plus loin à Merfy.

Dans la nuit, nous y couchons.

Mercredi, 25 avril 1917

Toute la nuit, les boches ont tiré sur le patelin. Aussi, nous n'avons pu dormir.

Rien de neuf.

Jeudi, 26 avril 1917

Rien de changé.

Vendredi, 27 avril 1917

Rien de neuf, sauf qu'il doit y avoir attaque ces jours pour nous. Aussi, nous allons prendre quelque chose encore dans cet endroit avec le fort de Brimont, juste devant nous à 500 mètres.

Samedi, 28 avril 1917

Dans la journée, le bombardement est plus fort de notre côté.

Le soir, 2 compagnies du régiment attaquent. Elles ont pour mission de passer le canal et d'aller à la voie ferrée. Ça va être dans la nuit.

Nous n'avons pas encore de nouvelles, sauf qu'une compagnie a passé le canal. (*)

 

(*) : L’attaque a coûté 40 hommes

Dimanche, 29 avril 1917

Le matin, nous apprenons que le travail qui nous était assigné est fait, mais pas sans pertes.

Au génie, il y a une compagnie qui reste avec un sous-lieutenant. Deux ont été tués ainsi que leur capitaine, un à l'attaque et les deux autres ensembles.

Ici, d'après les bruits nous serions relevés ce soir par les chasseurs à pied. Le bombardement continue sans arrêt sur le fort de Brimont.

Aussi, ces jours les Chasseurs  vont s'appuyer quelque chose pour le prendre. Il va encore y avoir une belle boucherie, je pense. C'est un petit morceau pas facile à avaler.

Lundi, 30 avril 1917

Je ne pars qu'à 5 heures du matin. Aussi, avons-nous passé une mauvaise nuit. Les boches n'ont pas cessé d'envoyer des obus à gaz, enfin une tournée de tranchées de passée.

Je vais rejoindre le régiment qui est cantonné dans le fort de Saint-Thierry, à environ 5 kilomètres. La journée n'est pas mauvaise. Le fort a été bombardé par des grosses pièces du 380.

Mardi, 1er mai 1917

Repos au fort.

Nous partons le soir et nous allons cantonner à Chenay, à 3 kilomètres plus loin. Nous sommes avec le papa De Bazelaire.

 

(*) : Henri parle certainement du général Georges de Bazelaire (7e CA) effectivement sur le secteur et qui était le père du lieutenant Pierre-André de Bazelaire du 135e RI tué le 6 septembre 1914.

Mercredi, 2 mai 1917

Repos, rien de neuf.

Jeudi, 3 mai 1917

Repos. Le soir, nous apprenons que nous allons en ligne cette nuit pour soutenir une attaque.

Vendredi, 4 mai 1917

Nous arrivons aux lignes le matin à 5 heures en face de Loivre. L'attaque commence à 7 heures.

Au début, le 226 avance, mais les boches contre-attaquent. Aussi, il faut revenir aux tranchées de départ. La journée est très mauvaise comme bombardement.

Dans la soirée, on nous averti de la relève. Nous partons à 8 heures et nous venons coucher à Pouillon.

Samedi, 5 mai 1917

Rien de nouveau. La journée est un peu plus calme.

Dimanche, 6 mai 1917

Rien de neuf le matin.

Le soir, nous partons pour Châlons-sur-Vesle, plus à l'arrière, petit pays. Aujourd'hui, les boches y ont envoyé du 305.

Nous couchons dans une grande ferme. Il y a encore des civils.

Lundi, 7 mai 1917

Repos. Rien de nouveau.

Mardi, 8 mai 1917

Cette nuit, les boches ont tiré sur le patelin et l'ambulance avec des 130. Ils n'ont pas fait trop de mal car nous avons évacué le cantonnement à minuit pour aller dans la plaine. Ils ont tiré sur un petit pays Trigny et ont tué une femme, deux enfants et un capitaine des braves Pandores.

Le matin, c'est calme, rien de nouveau, à part cela.

 

(*) : Justin Alfred Albert TONNELLIER capitaine à la 14e Légion de Gendarmerie. Voir sa fiche.

Mercredi, 9 mai 1917

Rien de nouveau, le matin.

Le soir, nous apprenons qu'il y a un départ de permissionnaires à 15 /100 et j'en suis du nombre.

Jeudi, 10 mai 1917

Départ pour le pays natal.

Vendredi, 11 mai 1917

Arrivée au pays. Permission jusqu'au 20.

Départ à 4 heures et demie pour Nantes.

Lundi, 21 mai 1917

Voyage toute la journée et arrivée à Muizon. A 8 heures et demie le soir, trouve le train de combat au même emplacement au bois de Mars.

Mardi, 22 mai 1917

Passe la journée au T.C.

Le régiment est relevé cette nuit. Je vais faire le cantonnement à Thillois, petit pays à 6 kilomètres de Reims.

Mercredi, 23 mai 1917

Repos à Thillois. Les boches tirent sur le pays un obus qui blesse trois civils et tue un soldat du 134. A part cela, rien de nouveau.

Jeudi, 24 mai 1917

Repos. Rien de nouveau.

Vendredi, 25 mai 1917

Rien de nouveau.

Nous devons partir demain pour Cumières, près d'Epernay, au repos.

Samedi, 26 mai 1917

Départ à 3 heures.

On fait environ 20 kilomètres. Nous couchons à Pourcy.

Dimanche, 27 mai 1917

Départ à 4 heures.

Environ 15 kilomètres. Nous couchons à Cumières, près d'Epernay. Nous devons y rester au repos.

Lundi, 28 mai 1917

Repos.

Le pays est assez joli. Il y a de beaux champs de vignes, mais le vin est cher, 2 F,50  le litre. Cinéma le soir.

Mardi, 29 mai 1917

Repos. Rien de neuf.

Mercredi, 30 mai 1917

Repos. Rien de nouveau.

Jeudi, 31 mai 1917

Repos. Rien de nouveau.

Vendredi, 1er juin 1917

Rien de nouveau. Théâtre.

Samedi, 2 juin 1917

Rien de nouveau.

Dimanche, 3 juin 1917

Rien de nouveau.

Lundi, 4 juin 1917

Rien de nouveau.

Mardi, 5 juin 1917

Rien de nouveau.

Mercredi, 6 juin 1917

Rien de nouveau.

Jeudi, 7 juin 1917

Nous allons Théo et moi à Hautvillers peindre les voitures du régiment. Le pays est assez joli.

Vendredi, 8 juin 1917

Rien de nouveau.

Samedi, 9 juin 1917

Rien de nouveau.

Dimanche, 10 juin 1917

Rien de nouveau.

Lundi, 11 juin 1917

Rien de nouveau.

Mardi, 12 juin 1917

Rien de nouveau.

Mercredi, 13 juin 1917

Rien de nouveau.

Jeudi, 14 juin 1917

Rien de nouveau.

Vendredi, 15 juin 1917

Rien de nouveau.

Samedi, 16 juin 1917

Rien de nouveau.

Dimanche, 17 juin 1917

Rien de nouveau, sauf les bruits du prochain départ.

Lundi, 18 juin 1917

Rien de nouveau.

Le soir, nous apprenons que nous partons demain.

Mardi, 19 juin 1917

Départ à 4 heures. Nous allons à Fleury-la-Rivière, petit pays.

Mercredi, 20 juin 1917

Départ à 2 heures. Nous passons à Ville-en-Tardenois et couchons dans les baraquements à côté de Lhéry jusqu'à 11 heures du soir.

Départ à la demie.

Jeudi, 21 juin 1917

Nous marchons toute la nuit pour arriver à Prouilly à 5 heures. Nous y restons avec les voitures, mais le régiment s'en va jusqu'à Hermonville, encore 6 kilomètres plus loin.

Vendredi, 22 juin 1917

Rien de nouveau.

Samedi, 23 juin 1917

Rien de changé.

Dimanche, 24 juin 1917

Rien de nouveau.

Lundi, 25 juin 1917

Rien de nouveau pour ici, mais le régiment prend les lignes ce soir.

Mardi, 26 juin 1917

Nous déménageons un peu plus loin, entre Prouilly et Pévy dans un parc.

A part cela, rien de neuf.

Mercredi, 27 juin 1917

Rien de nouveau.

Jeudi, 28 juin 1917

Rien de nouveau.

Vendredi, 29 juin 1917

Rien de nouveau.

Samedi, 30 juin 1917

Rien de nouveau.

Nous allons en train de combat à Chalons-le-Vergeur.

Dimanche, 1er juillet 1917

Rien de nouveau. Cinéma à 8 heures.

Lundi, 2 juillet 1917

Rien de nouveau.

Mardi, 3 juillet 1917

Rien de nouveau.

Mercredi, 4 juillet 1917

Rien de nouveau. Théo part en permission ce soir.

Jeudi, 5 juillet 1917

Rien de nouveau.

Vendredi, 6 juillet 1917

Rien de nouveau.

Samedi, 7 juillet 1917

Rien de nouveau.

Dimanche, 8 juillet 1917

Rien de nouveau. Je vais à T.R..

Lundi, 9 juillet 1917

Rien de nouveau.

Mardi, 10 juillet 1917

Rien de nouveau.

Mercredi, 11 juillet 1917

Rien de nouveau. On revient au T.C..

Jeudi, 12 juillet 1917

Rien de nouveau.

Vendredi, 13 juillet 1917

Rien de nouveau.

Samedi, 14 juillet 1917

Rien de nouveau, sauf un quart de champagne et un cigare en plus de l'ordinaire et départ de Brouard. (*)

 

(*) : Pas trouvé de BROUARD dans le 44.

Dimanche, 15 juillet 1917

Rien de nouveau.

Lundi, 16 juillet 1917

Rien de nouveau. Théo rentre ce soir et un autre part.

Mardi, 17 juillet 1917

Rien de nouveau.

Mercredi, 18 juillet 1917

Rien de nouveau.

Jeudi, 19 juillet 1917

Rien de nouveau.

Vendredi, 20 juillet 1917

Rien de nouveau.

Samedi, 21 juillet 1917

Je pars à 9 heures du soir en permission. Nous prenons le train à Jonchery à une heure du matin.

Dimanche, 22 juillet 1917

Voyage toute la journée, passe 8 jours au pays jusqu'au 1er août.

Mercredi, 1er août 1917

Départ à 5 heures et demie avec le cafard.

Jeudi, 2 août 1917

Le régiment étant changé, il faut voyager toute la journée et la nuit.

Vendredi, 3 août 1917

Je retrouve le régiment à Châtillon-sur-Marne à 11 heures.

Là, j'apprends que nous embarquons pour l'est, ce soir, à 11 heures.

Samedi, 4 août 1917

Nous voyageons toute la journée et toute la nuit.

Dimanche, 5 août 1917

Nous débarquons à Bayon et nous allons à Tonnoy, entre Saint-Nicolas-de-Port et Nancy, petit pays. Au repos.

Lundi, 6 août 1917

Rien de nouveau.

Mardi, 7 août 1917

Rien de nouveau.

Mercredi, 8 août 1917

Rien de nouveau.

Jeudi, 9 août 1917

Rien de nouveau.

Vendredi, 10 août 1917

Rien de nouveau.

Samedi, 11 août 1917

Rien de nouveau.

Dimanche, 12 août 1917

Rien de nouveau.

Lundi, 13 août 1917

Rien de nouveau.

Mardi, 14 août 1917

Rien de nouveau.

Mercredi, 15 août 1917

Rien de nouveau, sauf les bruits du prochain départ pour les lignes.

Jeudi, 16 août 1917

Rien de nouveau.

Vendredi, 17 août 1917

Fête du régiment et encore du général de corps qui fait ses adieux pour la Russie. (*)

 

(*) : le général Niessel partant, il sera remplacé par le général Hirschauer après un intérim de 10 jours par le général Lancrenon qui commandant la 17e DI.

Samedi, 18 août 1917

Le général est évacué. Il va falloir un remplaçant.

A part cela, rien de neuf.

Dimanche, 19 août 1917

Rien de nouveau.

Lundi, 20 août 1917

Rien de nouveau. Visite de CaSTELNEAU.

Mardi, 21 août 1917

Rien de nouveau.

Mercredi, 22 août 1917

Rien de nouveau.

Jeudi, 23 août 1917

Rien de nouveau.

Vendredi, 24 août 1917

Départ à 4 heures.

Nous allons à Xermaménil, petit pays, environ 24 kilomètres. Nous prenons la direction du front.

Samedi, 25 août 1917

Repos à Xermaménil.

Dimanche, 26 août 1917

Repos.

Il y a une fête à Gerbéviller, à 6 kilomètres, mais je n'y vais pas.

Lundi, 27 août 1917

Départ à 4 heures.

Nous passons à Lunéville et allons cantonner à Marainviller en réserve de l’armée, environ 20 kilomètres, petit pays encore habité. On voit très bien la frontière boche.

Mardi, 28 août 1917

Rien de nouveau.

Mercredi, 29 août 1917

Réparation des cantonnements dans le pays. Rien de neuf.

Jeudi, 30 août 1917

Rien de nouveau.

Vendredi, 31 août 1917

Rien de nouveau.

Samedi, 1er septembre 1917

Rien de nouveau.

Dimanche, 2 septembre 1917

Je m'en vais en balade à Bénaménil.

Je vois beaucoup de gars d'Issé au 82ème territorial, à part cela, rien de nouveau.

Lundi, 3 septembre 1917

Rien de nouveau.

Mardi, 4 septembre 1917

Mous prenons les lignes ce soir à Domjevin, nous passons à Bénaménil. Je vois BaugÉ de Villatte.

Mercredi, 5 septembre 1917

Le secteur est très tranquille. Nous sommes à la garde du matériel. Nous sommes très bien.

Jeudi, 6 septembre 1917

Tous les jours, je m'en vais au parc du génie de Bénaménil.

Vendredi, 7 septembre 1917

Rien de nouveau. Hier, les boches ont tiré quelques obus par ici.

Samedi, 8 septembre 1917

Rien de nouveau.

Dimanche, 9 septembre 1917

Rien de nouveau. Nous allons, Jean RouX et moi, faire une visite aux gars d'Issé à Benaménil.

Lundi, 10 septembre 1917

Rien de nouveau.

Mardi, 11 septembre 1917

Rien de nouveau.

Mercredi, 12 septembre 1917

Rien de nouveau.

Jeudi, 13 septembre 1917

Rien de neuf.

Je passe caporal à partir d'aujourd'hui.

Vendredi, 14 septembre 1917

Rien de nouveau. Tous les jours, je vais à Bénaménil chercher le matériel au parc Génie pour le faire monter en ligne.

Samedi, 15 septembre 1917

Rien de nouveau.

Dimanche, 16 septembre 1917

Nous allons, Jean Roux et moi, voir les camarades du 82ème.

 

(*) : Jean-Marie ROUX est aussi originaire d’Issé. A cette date, il est sergent au 135e régiment d’infanterie, il sera blessé 2 fois et survivra à la guerre. Voir sa fiche matriculaire.

Lundi, 17 septembre 1917

Rien de nouveau.

Mardi, 18 septembre 1917

Nous sommes relevés ce soir par le 125 pour aller au repos à Marainviller, 5 jours.

Mercredi, 19 septembre 1917

Repos, rien de nouveau.

Jeudi, 20 septembre 1917

Repos, rien de nouveau.

Vendredi, 21 septembre 1917

Rien de nouveau.

Samedi, 22 septembre 1917

Rien de nouveau.

Dimanche, 23 septembre 1917

Relève ce soir pour la forêt de Parroy, nous relevons le 114.

Y arrivons le matin à 6 heures.

Lundi, 24 septembre 1917

Nous sommes assez bien ici, dans des baraquements, en plein bois, c'est assez calme.

Mardi, 25 septembre 1917

Rien de nouveau. Je suis toujours au matériel.

Mercredi, 26 septembre 1917

Rien de nouveau.

Jeudi, 27 septembre 1917

Rien de nouveau.

Vendredi, 28 septembre 1917

Rien de nouveau.

Samedi, 29 septembre 1917

Rien de nouveau.

Dimanche, 30 septembre 1917

Rien de nouveau.

Lundi, 1er octobre 1917

Rien de nouveau.

Mardi, 2 octobre 1917

Nous sommes relevés par le 114. Nous allons au repos à Marainviller pour 5 jours.

Nous y arrivons à midi, toujours à la gare.

Mercredi, 3 octobre 1917

Repos. Rien de nouveau.

Jeudi, 4 octobre 1917

Rien de nouveau.

Vendredi, 5 octobre 1917

Rien de nouveau.

Samedi, 6 octobre 1917

Départ à 5 heures et demie. Nous allons relever le 125 à Domjevin.

Toujours au matériel.

Dimanche, 7 octobre 1917

Rien de changé dans notre travail.

Lundi, 8 octobre 1917

Rien de nouveau. Je vois plusieurs gars d'Issé du 82ème.

Mardi, 9 octobre 1917

Rien de neuf. Je vois Paris.

Mercredi, 10 octobre 1917

Rien de nouveau.

Jeudi, 11 octobre 1917

Rien de nouveau.

Vendredi, 12 octobre 1917

Rien de nouveau.

Samedi, 13 octobre 1917

Rien de nouveau.

Dimanche, 14 octobre 1917

Nous sommes relevés le soir par le 125. Nous allons au repos à Marainviller.

Lundi, 15 octobre 1917

Repos. Rien de nouveau.

Mardi, 16 octobre 1917

Rien de nouveau.

Mercredi, 17 octobre 1917

Rien de nouveau.

Jeudi, 18 octobre 1917

Rien de nouveau.

Vendredi, 19 octobre 1917

Rien de nouveau.

Samedi, 20 octobre 1917

Nous partons le matin. Nous allons à Croismare, environ 2 kilomètres. Le régiment prend les lignes.

Dimanche, 21 octobre 1917

Rien de nouveau.

Lundi, 22 octobre 1917

Nous allons, Albat et moi au matériel à Grande Taille avec le 114. Les copains restent à Croismare et Théo va faire un stage au Corps d'armée.

Mardi, 23 octobre 1917

Rien de nouveau. Le travail n'a pas l'air d'être trop dur et il n'y a rien de changé depuis la dernière fois.

Mercredi, 24 octobre 1917

Rien de nouveau.

Jeudi, 25 octobre 1917

Rien de nouveau.

Vendredi, 26 octobre 1917

Rien de nouveau.

Samedi, 27 octobre 1917

Rien de nouveau.

Dimanche, 28 octobre 1917

Rien de nouveau.

Lundi, 29 octobre 1917

Rien de nouveau.

Mardi, 30 octobre 1917

Rien de nouveau.

Mercredi, 31 octobre 1917

Rien de nouveau.

Jeudi, 1er novembre 1917

Rien de nouveau.

Vendredi, 2 novembre 1917

Rien de nouveau.

Samedi, 3 novembre 1917

Rien de nouveau.

Dimanche, 4 novembre 1917

Rien de nouveau.

Lundi, 5 novembre 1917

Rien de nouveau.

 

3ème et dernier carnet  de route, commencé le 23 novembre 1917 par le Caporal Sapeur Henri Rochereau. Secteur 166

 

Vendredi, 23 novembre 1917

Arrive de permission le matin à Croismare, près de Lunéville et va rejoindre les camarades dans la forêt de Parroy. Il n'y a rien de changé depuis mon départ de Grande Taille.

Samedi, 24 novembre 1917

Rien de nouveau. Je reprends mon poste au dépôt de matériel.

Notes en marge: indemnités de tranchées du 25  novembre au 2 décembre 1918

Dimanche, 25 novembre 1917

Rien de nouveau.

Lundi, 26 novembre 1917

Rien de nouveau.

Mardi, 27 novembre 1917

Rien de nouveau.

Mercredi, 28 novembre 1917

Rien de nouveau.

Les sapeurs sont au repos à Croismare. Albert et moi, nous restons au dépôt de matériel. 

Jeudi, 29 novembre 1917

Rien de nouveau. C'est calme.

Vendredi, 30 novembre 1917

Rien de nouveau.

Samedi, 1er décembre 1917

Rien de nouveau.

Dimanche, 2 décembre 1917

Je descends à Croismare le matin et reviens par le déraillard le soir.

Rien de nouveau à part cela.

Lundi, 3 décembre 1917

Je reçois l'ordre de descendre à Croismare pour la confection de fourneaux et le montage de poêles dans les cantonnements. Je vois Pierre Terrien (*) en descendant dans la forêt de Parroy.

 

(*) : Non trouvé en Loire-Atlantique ; On apprend en janvier 18 qu’il est au 68e RI

Mardi, 4 décembre 1917

On travaille à Croismare.

Mercredi, 5 décembre 1917

Rien de nouveau.

Jeudi, 6 décembre 1917

Rien de nouveau.

Vendredi, 7 décembre 1917

Rien de nouveau.

Samedi, 8 décembre 1917

Éveno (*) et (Charles) Tassin s'en vont en permission.

 

(*) : Pas trouvé dans les archives du 44.

Dimanche, 9 décembre 1917

Pierre Terrien vient me voir à Croismare. Nous buvons un bon coup tous les deux.

Le colonel monte à Grande Taille. Je reste seul de sapeur ici.

Lundi, 10 décembre 1917

Le sergent LÉon vient du dépôt d'Angers avec un prisonnier. Je vais avec lui à Grande Taille.

 

(*) : Il doit s’agir du sergent Gaston François LÉON. Voir sa fiche matriculaire.

Mardi, 11 décembre 1917

Rien de nouveau.

Mercredi, 12 décembre 1917

Rien de nouveau.

Jeudi, 13 décembre 1917

Rien de nouveau. Ribalet part en perme.

Vendredi, 14 décembre 1917

Rien de nouveau.

Samedi, 15 décembre 1917

Rien de nouveau. (Jean-Marie) Legoff part en perme.

Dimanche, 16 décembre 1917

Rien de nouveau.

Lundi, 17 décembre 1917

Rien de nouveau.

Mardi, 18 décembre 1917

Rien de nouveau.

Mercredi, 19 décembre 1917

Rien de nouveau.

Jeudi, 20 décembre 1917

Rien de nouveau.

Vendredi, 21 décembre 1917

Rien de nouveau.

Samedi, 22 décembre 1917

Rien de nouveau.

Dimanche, 23 décembre 1917

Rien de nouveau.

Lundi, 24 décembre 1917

J'apprends la mort de mon pauvre frère par dépêche. Je demande une permission pour aller à l'enterrement.

 

(*) : Son frère Louis Marie Donatien ROCHEREAU, né en 1882, avait été affecté aux Chemins de Fer et maintenu à son service. Conducteur de train, il est décédé le 22 décembre 1917 sur la voie ferrée en gare de Vernon (état-civil de Vernon). Voir sa fiche matriculaire.

Nota : Henri avait 2 autres frères Aimé Jean Baptiste décédé en 1910 et Jean Marie qui survivra à la guerre.

Mardi, 25 décembre 1917

J'apprends le matin que ma permission est refusée. Je suis dans une douleur navrante.

Mercredi, 26 décembre 1917

Jour où mon pauvre frère est enterré. Mon chagrin est encore doublé par l'impossibilité d'y assister.

Jeudi, 27 décembre 1917

Rien de nouveau.

(Charles) Tassin et Éveno montent à Grande Taille.

Vendredi, 28 décembre 1917

Rien de nouveau. Ribalet rentre de permission ce matin.

Samedi, 29 décembre 1917

Rien de nouveau.

Dimanche, 30 décembre 1917

Rien de nouveau.

Lundi, 31 décembre 1917

Rien de nouveau. Les camarades descendent des lignes ce soir.

1918 : Oise – Aisne - Allemagne

Mardi, 1er janvier 1918

Rien de nouveau. Je reçois la visite de Pierre Terrien qui est au 68ème.

Mercredi, 2 janvier 1918

Rien de nouveau.

Jeudi, 3 janvier 1918

Rien de nouveau.

Vendredi, 4 janvier 1918

Rien de nouveau.

Samedi, 5 janvier 1918

Rien de nouveau.

Dimanche, 6 janvier 1918

Les bruits de notre prochain départ commencent à circuler. Nous perdons notre colonel aussi, qui s'en va comme chef d'état-major à un corps d'armée, 8ème.

 

(*) : Le lieutenant-colonel Camors est remplacé par le lieutenant-colonel Régnier-Vigouroux

Lundi, 7 janvier 1918

Rien de nouveau.

Mardi, 8 janvier 1918

Rien de nouveau.

Mercredi, 9 janvier 1918

Rien de nouveau.

Jeudi, 10 janvier 1918

Rien de nouveau.

Vendredi, 11 janvier 1918

Rien de nouveau.

Samedi, 12 janvier 1918

Départ à 6 heures.

Nous allons à Lunéville, nous y mangeons la soupe. Nous partons à 11 heures pour aller cantonner à Ferrières, véritable trou. Nous sommes très mal et nous devons y passer 15 jours.

Dimanche, 13 janvier 1918

Repos. Rien de nouveau.

Lundi, 14 janvier 1918

Rien de nouveau. Nous allons à Tonnoy, (Théodore) RÉthorÉ et moi.

Mardi, 15 janvier 1918

Rien de nouveau.

Mercredi, 16 janvier 1918

Rien de nouveau.

Jeudi, 17 janvier 1918

Rien de nouveau.

Vendredi, 18 janvier 1918

Rien de nouveau.

Samedi, 19 janvier 1918

Rien de nouveau.

Dimanche, 20 janvier 1918

Rien de nouveau.

Lundi, 21 janvier 1918

Le bruit de notre prochain départ pour Nouveau Lieu se fait sentir.

Mardi, 22 janvier 1918

Rien de nouveau.

Mercredi, 23 janvier 1918

Rien de nouveau.

Jeudi, 24 janvier 1918

Rien de nouveau.

Vendredi, 25 janvier 1918

Rien de nouveau.

Samedi, 26 janvier 1918

Rien de nouveau.

Dimanche, 27 janvier 1918

Rien de nouveau.

Lundi, 28 janvier 1918

Rien de nouveau.

Mardi, 29 janvier 1918

Rien de nouveau.

Mercredi, 30 janvier 1918

Nous passons la revue par le général de corps, le fameux Mangin. (*)

 

(*) : Surnommé «  le boucher de Verdun »

Jeudi, 31 janvier 1918

Le bruit du départ se fait de plus en plus sentir.

Vendredi, 1er février 1918

Départ à 7 heures.

Nous passons par Rosières, Dombasle pour aller cantonner à 4 kilomètres des lignes, à Hoéville, petit pays. Nous sommes ici pour faire des travaux et ne prendrions pas les tranchées de suite.

Samedi, 2 février 1918

Nous restons au patelin. Il y a encore quelques civils. C'est tout à fait tranquille. Le pays n'est pas trop démoli.

Legoff et Philippe sont en perme d'hier.

Dimanche, 3 février 1918

Repos. Rien de nouveau.

Lundi, 4 février 1918

Le régiment va faire des travaux dans le secteur. Nous restons au pays à faire divers travaux.

Mardi, 5 février 1918

Rien de nouveau.

Mercredi, 6 février 1918

Rien de nouveau.

Jeudi, 7 février 1918

Rien de nouveau.

Vendredi, 8 février 1918

Rien de nouveau.

Samedi, 9 février 1918

Rien de nouveau.

Dimanche, 10 février 1918

Repos, rien de nouveau.

Lundi, 11 février 1918

Je vais faire un petit voyage dans la forêt de Bezanges pour reconnaître où abattre du bois pour chauffage. Nous devons y aller demain. C'est à 2 kilomètres des 1ères lignes.

Mardi, 12 février 1918

Départ à 7 heures pour la forêt. Nous rentrons pour la soupe du matin.

L'après-midi, repos.

 

Notes en marge: indemnités de tranchées du 12 au 19 février 1918

Mercredi, 13 février 1918

Rien de changé.

Jeudi, 14 février 1918

Rien de changé. Un sapeur nouveau muté.

Vendredi, 15 février 1918

Rien de changé.

Samedi, 16 février 1918

Rien de changé.

Dimanche, 17 février 1918

Rien de changé.

Lundi, 18 février 1918

Rien de changé.

Mardi, 19 février 1918

Rien de changé. Nous perdons notre Lieutenant Simon qui est remplacé par le Lieutenant Allusses , mais je crois que nous allons y perdre beaucoup.

Mercredi, 20 février 1918

Nous partons le matin à Réméréville, petit pays à 4 kilomètres pour être en réserve pour un coup de main fait pour le 411. La journée se passe assez bien. Nous ne bougeons pas.

Jeudi, 21 février 1918

Le coup de main a réussi. Il y a eu 525 prisonniers. Aussi, le soir nous revenons à Hoéville. Théo part en perme.

 

Notes en marge: indemnités de tranchées du 22  février au 8 mars 1918

Vendredi, 22 février 1918

Rien de changé.

Samedi, 23 février 1918

Rien de changé.

Dimanche, 24 février 1918

Rien de changé. Brossard part en perme.

Lundi, 25 février 1918

Rien de changé.

Mardi, 26 février 1918

Rien de changé.

Mercredi, 27 février 1918

Rien de changé.

Jeudi, 28 février 1918

Rien de changé.

Vendredi, 1er mars 1918

Rien de changé.

Samedi, 2 mars 1918

Rien de changé.

Dimanche, 3 mars 1918

Rien de changé.

Lundi, 4 mars 1918

Rien de changé.

Mardi, 5 mars 1918

Les boches ont tiré toute la journée à l'entrée du pays. Il y a eu quelques blessés du 12ème. C'est des 150 au moins.

Mercredi, 6 mars 1918

Les boches ont encore tiré pendant la nuit. Nous avons été obligés d'évacuer le patelin. Il y a eu une sentinelle de tuée dans sa guérite, du 135.

Ce matin, le tir continue, mais nous avons tout de même été au bois, et les obus tombent à l'entrée du pays, mais pas sur les logements. Albat  part en perme ce soir.

 

(*) : Le bombardement du camp est mentionné au JMO. La sentinelle tué est le sergent Charles BESSET. Voir sa fiche matriculaire.

Jeudi, 7 mars 1918

Les boches sont tranquilles aujourd'hui.

Vendredi, 8 mars 1918

Rien de nouveau. Loirat (*) part en perme et Théo est rentré de ce matin.

 

(*) : Benjamin LOIRAT est serrurier. Il survivra à la guerre. Voir sa fiche matriculaire.

Samedi, 9 mars 1918

Rien de nouveau.

Dimanche, 10 mars 1918

Je pars en permission aujourd'hui et Brossard rentre ce matin. Départ à midi à pied pour Saint-Nicolas.

Lundi, 11 mars 1918

Voyage toute la journée.

Mardi, 12 mars 1918

Arrive au pays jusqu'au 19 mars. Départ pour Lisieux et Nantes.

Samedi, 23 mars 1918

Départ de Nantes pour le front.

Dimanche, 24 mars 1918

Arrive à Nancy et Lunéville, y couche.

Lundi, 25 mars 1918

Départ de Lunéville le matin pour rejoindre le régiment, je descends à Baccarat et le retrouve à Neufmaisons.

Mardi, 26 mars 1918

Repos à Neufmaisons. Les bruits au départ pour la Somme circulent.

Mercredi, 27 mars 1918

Rien de nouveau. (Jean) Loiseau rentre de permission.

 

(*) : Jean LOISEAU, charpentier de métier, soldat au 135e régiment d’infanterie a été déjà été blessé 2 fois en mai et juin 1915 durant la bataille d’Artois. Il était aussi à la CHR. Il sera gravement intoxiqué au gaz en mai 1918. Il en subira des séquelles toutes sa vie comme l’indique sa fiche matriculaire.

Jeudi, 28 mars 1918

Départ à 10 heures. Nous allons coucher à Ménil-sur-Belvitte, environ 22 kilomètres.

Vendredi, 29 mars 1918

Départ à 6 heures. Nous allons coucher à Damas-aux-bois, environ 22 kilomètres. D'après les bruits, nous prendrions le train à Charmes pour aller au secours des Anglais dans la Somme.

Samedi, 30 mars 1918

Nous prenons le train à Charmes dans la nuit pour la direction du Nord.

Dimanche, 31 mars 1918

Nous voyageons toute la journée dans le train.

Lundi, 1er avril 1918

Nous arrivons le soir à Breteuil.

Nous débarquons et allons coucher auprès de Saint-Just-en-Chaussée à Quinquempoix. Les boches ne sont pas très loin à environ 20 kilomètres. Aussi, un de ces jours, nous allons aller au grand bal de la boucherie.

Mardi, 2 avril 1918

Nous restons au pays. Rien de nouveau pour aujourd'hui.

Mercredi, 3 avril 1918

Rien de nouveau.

Jeudi, 4 avril 1918

Rien de nouveau le matin.

Le soir, nous sommes alertés et partons à 5 heures. Nous allons à  Brunvillers-la-Motte, à 1800 mètres sur les lignes, remplacer le 125 qui est parti plus loin.

Vendredi, 5 avril 1918

La nuit se passe sans incident, mais nous sommes toujours en cantonnement d'alerte.

Le matin, la journée se passe sans bouger. Le soir, nous sommes encore alertés.

Samedi, 6 avril 1918

La nuit est passée sans rien de nouveau et la journée commence la même chose et se termine la même chose.

Dimanche, 7 avril 1918

Rien de nouveau.

Lundi, 8 avril 1918

Rien de nouveau.

Mardi, 9 avril 1918

Rien de nouveau.

Nous restons à Brunvillers-la-Motte.

Mercredi, 10 avril 1918

Le matin, nous partons.

Nous allons cantonner à Chepoix. Je pense que d'ici quelques jours, il ne fera pas bon par ici car le canon tonne beaucoup et il y a beaucoup de troupes dans les parages.

Jeudi, 11 avril 1918

Rien de nouveau. Ce matin, c'est calme.

A midi, je reçois la visite de Ferdinand Roux. (*)

 

(*) : Ferdinand Louis Marie ROUX, 32 ans, est aussi natif d’Issé. Il est canonnier-conducteur au 28e régiment d’artillerie de campagne. Il survivra à la guerre. Voir sa  fiche matriculaire.

Vendredi, 12 avril 1918

Rien de nouveau.

Samedi, 13 avril 1918

Départ à 5 heures.

Nous allons cantonner à Breteuil, nous prenons la direction du nord sans aucun doute, aussi gais encore à la fête complète qui nous attend par là-bas. Nous sommes couchés dans l'école des garçons. Le pays est bombardé.

De temps en temps, le G.Q.G. (Grand Quartier Général) est ici.

Aussi, les embusqués ne manquent pas du plus petit au plus gros.

Dimanche, 14 avril 1918

Rien de nouveau ce matin. Les bruits de départ pour le nord circulent. Le soir, le 1er bataillon s'en va prendre les lignes à Grivesnes à gauche de Montdidier.

Lundi, 15 avril 1918

Nous partons le soir aussi, nous pour Grivesnes. Nous restons à Ainval avec le colonel. C'est assez mauvais.

Le soir, il y a 4 blessés aux pionniers, dont Leray, le caporal.

 

Notes en marge: indemnités de tranchées du 16 avril  au 17 mai 1918

Mardi, 16 avril 1918

Rien de neuf. Nous travaillons à faire des sapes.

Mercredi, 17 avril 1918

Rien de nouveau.

Jeudi, 18 avril 1918

Rien de nouveau.

Vendredi, 19 avril 1918

Il y a une crise avec le Lieutenant Allusse et ça ne va pas tout seul. C'est là que je m'aperçois qu'il est encore plus vache que je ne pensais.

Dans la crise, Albat est balancé au 3ème bataillon à la 10ème compagnie et nous, on nous envoie travailler dans le patelin démolir les maisons sous les obus.

Samedi, 20 avril 1918

Rien de nouveau.

Dimanche, 21 avril 1918

Rien de nouveau.

Lundi, 22 avril 1918

Le matin, nous travaillons comme à l'ordinaire.

A midi, nous nous trouvons gênés par les gaz. Aussi, nous arrêtons les travaux, ne voyant plus du tout. Nous sommes 7 dans ce cas.

Mardi, 23 avril 1918

Pas de mieux, au contraire. Legoff Stanislas est évacué (*), mais on garde les autres ici.

 

(*) : Stanislas LEGOFF, menuisier, est passé par plusieurs régiments, (plusieurs blessures) pour arriver au 135e régiment d’infanterie en février 1917. Il survivra à la guerre. Voir sa  fiche matriculaire.

Mercredi, 24 avril 1918

Pas beaucoup de changement.

Jeudi, 25 avril 1918

Un tout petit peu de mieux.

Vendredi, 26 avril 1918

Pas beaucoup de changement.

Samedi, 27 avril 1918

Pas de changement pour nous. Les autres s'en vont à la ferme de Septoutre. Nous restons avec le 232ème.

Le soir, nous recevons l'ordre d'aller au train de combat à Folleville pour être soignés à l'infirmerie.

Dimanche, 28 avril 1918

Nous sommes beaucoup mieux qu'en tranchées, surtout pour se soigner.

Lundi, 29 avril 1918

Rien de nouveau.

Mardi, 30 avril 1918

Rien de nouveau.

Mercredi, 1er mai 1918

Rien de nouveau.

Jeudi, 2 mai 1918

Rien de nouveau. La santé pour nous est de meilleure en meilleure.

Vendredi, 3 mai 1918

Rien de nouveau.

Samedi, 4 mai 1918

Rien de nouveau.

Dimanche, 5 mai 1918

Le colonel doit être relevé cette nuit et venir au repos à la Faloise, petit pays à côté. Le 2ème bataillon reste en ligne et il doit y avoir un coup de main ces jours pour prendre le parc de Grivesnes.

Encore une boucherie inutile.

Lundi, 6 mai 1918

Je reçois l'ordre d'envoyer deux ouvriers sur trois au colonel. Ils ne sont même pas guéris, mais contre la bêtise militaire, il n'y a qu'à s'abaisser et surtout après la dernière crise que nous avons eue. Quel triste métier tout de même que ce métier militaire et que j'en ai soupé de cette maudite guerre. Oh, quand la fin.

La relève est retardée, je ne sais pas pourquoi. Je crois même que le coup de main annoncé ci-dessus n'aurait pas lieu.

Mardi, 7 mai 1918

Nous apprenons que nous devons partir ce soir pour aller à La Faloise.

Le soir, nous recevons l'ordre de ne partir que le lendemain.

Mercredi, 8 mai 1918

Nous partons à 6 heures et arrivons à La Faloise à 7. Nous couchons dans un moulin. Le pays est pas grand et il y a déjà pas mal de troupes, dont le C.A. (Corps d'armée) au château.

Jeudi, 9 mai 1918

Rien de nouveau. Le 125 attaque ce soir.

Vendredi, 10 mai 1918

Rien de nouveau. Il y a eu 250 prisonniers.

Samedi, 11 mai 1918

Rien de nouveau.

Dimanche, 12 mai 1918

Rien de nouveau. Nous allons à la pêche.

Lundi, 13 mai 1918

Rien de nouveau.

Le 1er bataillon est relevé par le 124.

Mardi, 14 mai 1918

Rien de nouveau.

Mercredi, 15 mai 1918

Rien de nouveau.

Jeudi, 16 mai 1918

Rien de nouveau.

Vendredi, 17 mai 1918

Les bruits courent que nous retournerions en ligne dimanche soir. A part cela, rien de nouveau.

Samedi, 18 mai 1918

Rien de changé.

Dimanche, 19 mai 1918

Nous passons la journée à La Faloise.

Le soir, nous partons relever le 125 au bois de Coullemelle. (*)

 

(*) : Bois entre Esclainvillers et Grivesnes.

Lundi, 20 mai 1918

En montant aux lignes, nous recevons quelques pruneaux par un avion, mais il n'y a pas de mal heureusement pour personne.

Mardi, 21 mai 1918

Rien de nouveau.

Mercredi, 22 mai 1918

Rien de nouveau.

Jeudi, 23 mai 1918

Il y a une quantité de bonshommes de finis par les gaz, surtout le 2ème Bataillon qui était en réserve.

Vendredi, 24 mai 1918

Jean Loiseau se trouve pris une 2ème fois par les gaz à la brigade. Il est évacué à Folleville.

 

 (*) : Jean LOISEAU, charpentier de métier, soldat au 135e régiment d’infanterie a été déjà été blessé 2 fois en mai et juin 1915 durant la bataille d’Artois. Il était aussi à la CHR. Il sera gravement intoxiqué au gaz en mai 1918. Il en subira des séquelles toutes sa vie comme l’indique sa fiche matriculaire.

Samedi, 25 mai 1918

Rien de nouveau.

Dimanche, 26 mai 1918

Rien de nouveau.

Lundi, 27 mai 1918

Rien de nouveau.

Mardi, 28 mai 1918

Nous apprenons que (Jean) Loiseau est évacué.

Mercredi, 29 mai 1918

Nous sommes relevés par le 125. Nous allons à La Faloise.

Jeudi, 30 mai 1918

Je rentre à l'infirmerie avec Jean Legoff  pour les yeux à Folleville.

Vendredi, 31 mai 1918

Rien de nouveau.

Samedi, 1er juin 1918

Rien de nouveau, sauf que tout le régiment est relevé.

Dimanche, 2 juin 1918

Rien de changé pour nous.

Lundi, 3 juin 1918

Nous partons en autos pour aller à Brunvillers-la-Motte au repos, environ 27 kilomètres. Je rentre à l'infirmerie définitivement et les autres en sortent.

Mardi, 4 juin 1918

Rien de nouveau, repos.

Mercredi, 5 juin 1918

Rien de nouveau.

Jeudi, 6 juin 1918

Le régiment part en alerte. Le colonel va à Maignelay à 5 kilomètres et je reste à l'infirmerie, qui, elle, ne change pas.

Vendredi, 7 juin 1918

Je passe la visite par un nouveau major qui a le culot de me dire que j'ai fait exprès à passer dans les gaz. Aussi avons-nous une prise de gueule tous les deux et je crois que nous n'allons pas devenir grands camarades ensemble.

Samedi, 8 juin 1918

Rien de nouveau.

Dimanche, 9 juin 1918

Le régiment est alerté ainsi que toute la division, mais pour nous il n'y a pas de changement.

Lundi, 10 juin 1918

Rien de nouveau.

Mardi, 11 juin 1918

L'ordre arrive de faire évacuer l'infirmerie et d'envoyer les malades au dépôt division. Je demande à rejoindre ma compagnie à la ferme d'Ainval au T.C. Je suis exempt de service 3 jours.

L'après-midi, le régiment attaque.

Le soir, nous recevons quelques nouvelles. Il y aurait beaucoup de pertes au régiment en tués et blessés. C'est une vraie boucherie encore. (*)

 

(*) : Du 11 au 13 juin, le régiment perd 61 tués, 351 blessés, 65 disparus. L’attaque sur Tricot, puis sur le chemin de terre Méry-Courcelles s’est effectuée avec des chars, qui seront presque tous détruits.

La 152e division d’infanterie a perdu 1636 hommes. (JMO).

La commune de Méry se nomme actuellement « Méry-la-Bataille »

Mercredi, 12 juin 1918

Les bruits se confirment toujours pour les pertes et avec peu d'avance, nous attendons la relève pour ces jours.

 

Jeudi, 13 juin 1918

Rien de bien nouveau.

Notre ancien Lieutenant Simon est blessé. Pour moi, je vais monter demain soir.

Vendredi, 14 juin 1918

Le régiment est relevé de cette nuit et j'ai mes deux musettes. Un fauché avec une valeur de 20 francs au moins dedans.

Nous sommes au repos à Montigny, peut-être pas pour longtemps, enfin le pays n'est pas trop démoli encore, mais le régiment lui, l'a été pas mal. De 7 à 800 hommes hors de combat. Aussi, il faut un repos après cette tuerie-là.

Samedi, 15 juin 1918

Nous sommes partis hier soir en autos et nous sommes arrivés dans la nuit à Bonvillers, petit pays à environ 20 kilomètres, près de Breteuil. Nous sommes là au repos pour quelques jours. Le pays m'est connu, y étant venu travailler en 1916 avant Verdun.

Dimanche, 16 juin 1918

Repos, rien de nouveau.

Nous assistons à un enterrement d'Américains. C'est curieux, et ces gens respectent un peu plus leurs morts que chez nous. Ils me donnent une bonne impression, meilleure que celle des Anglais. Quoiqu'étant un peu de même race, leurs mœurs ne sont pas les mêmes.

Ceux-ci sont plus fiers et plus chic que les Anglais.

Lundi, 17 juin 1918

Rien de nouveau. Bruits de prochain départ.

Mardi, 18 juin 1918

Je vais voir un spécialiste pour mes yeux, mais il ne me dit pas grand-chose. A part cela, rien de nouveau.

Mercredi, 19 juin 1918

Rien de nouveau. Legoff Stanislas rentre aujourd'hui.

Jeudi, 20 juin 1918

Rien de nouveau.

Vendredi, 21 juin 1918

Rien de nouveau.

Samedi, 22 juin 1918

Rien de nouveau.

Dimanche, 23 juin 1918

Rien de nouveau. Je vais à Chirmont et à Compiègne.

Chirmont ?

Lundi, 24 juin 1918

Rien de nouveau.

Mardi, 25 juin 1918

Rien de nouveau.

Mercredi, 26 juin 1918

Rien de nouveau.

Jeudi, 27 juin 1918

Rien de nouveau.

Vendredi, 28 juin 1918

Je pars en voiture au 125ème à  Breteuil chercher leur appareil à douches pour le monter à Camprémy au 2ème Bataillon, signe que nous ne sommes pas encore prêts à partir, mais qui sait avec les jours que nous avons déjà vus.

Nous passons à Farivillers, pays où nous avons passé quelques jours en 1916, à Troussencourt et Hédencourt. Nous revenons à Breteuil en passant par Caply où nous avons été en 16.

En sortant de Farivillers, voyage d'une trentaine de kilomètres. Aussi quand l'appareil est en place, il est 11 heures du soir.

Samedi, 29 juin 1918

Rien de nouveau.

Dimanche, 30 juin 1918

Rien de nouveau.

Lundi, 1er juillet 1918

La journée se passe sans rien, mais le soir nous avons alerte.

Nous partons à 11 heures. Nous passons à travers la plaine pour arriver au matin à Paillart. Nous sommes éreintés, environ 14 kilomètres  et ceux de droite et de gauche, c'est comme 24 à peu près.

Mardi, 2 juillet 1918

Nous passons la journée à Paillart.

Le soir, nous devons retourner à Bonvillers. Encore une nuit à la belle étoile et pour une méchante manœuvre, pour faire plaisir à ces messieurs. Ah, quand donc en verrons-nous la fin de cette vie de malheur. C'est un véritable martyre de vivre si longtemps dans cette boucherie humaine.

Nous partons à 9 heures pour arriver à Bonvillers à 2 heures du matin.

Mercredi, 3 juillet 1918

Repos. Rien de nouveau.

Jeudi, 4 juillet 1918

Nous apprenons que nous partons pour les lignes ce soir. Nous prenons le secteur de Grivesnes, sale pays par là.

Ce soir, nous devons aller coucher à Paillart et demain nous irons à Quiry-le-Sec. C'est dans ce patelin que resterait le colonel, mais je le trouve bien loin des lignes, enfin nous verrons bien.

Le soir, nous apprenons que nous montons demain soir et directement à Quiry-le-Sec.

Vendredi, 5 juillet 1918

Nous partons le soir pour Quiry-le-Sec, environ 12 kilomètres. Nous relevons les Américains. Nous sommes assez bien et le pays n 'est pas trop démoli.

Samedi, 6 juillet 1918

Rien de bien nouveau. Nous allons aller travailler dans les bataillons, une partie toujours.

Dimanche, 7 juillet 1918

Rien de nouveau.

Lundi, 8 juillet 1918

Rien de nouveau. C'est toujours calme, espérons que cela continue.

Mardi, 9 juillet 1918

Rien de nouveau. Ribalet part en perme.

Mercredi, 10 juillet 1918

Il y a une crise encore avec les prisonniers, mais je crois que celle-ci va être à notre avantage.

Jeudi, 11 juillet 1918

Nous sommes sans nouvelles de la crise. A part cela, nous allons à Coullemelle arranger un tombereau pour servir ici. Le pays est complètement démoli. Là-bas, c'est toujours calme.

Vendredi, 12 juillet 1918

Rien de nouveau.

Samedi, 13 juillet 1918

Rien de nouveau.

Dimanche, 14 juillet 1918

Comme 14 juillet, c'est un peu maigre cette année, mais il n'est pas trop tôt que la paix revienne. Aussi, à part cela, c'est calme comme tous les jours.

Lundi, 15 juillet 1918

Rien de nouveau ici.

Nous apprenons par la T.S.F. que la grande offensive boche est déclanchée (*) entre Château-Thierry et Reims.

(Charles) Tassin part en perme ce matin.

 

(*) : Pas d’erreur d’orthographe, à l’époque le verbe déclencher » s’écrivait « déclancher »

Mardi, 16 juillet 1918

Les permes sont arrêtées. Aussi, cela fait bien des mécontents. A part cela rien de bien nouveau.

Mercredi, 17 juillet 1918

Rien de nouveau.

Jeudi, 18 juillet 1918

Rien de nouveau.

Vendredi, 19 juillet 1918

Rien de nouveau.

Samedi, 20 juillet 1918

Le travail est suspendu. Il doit encore y avoir un coup dur un de ces jours par ici.

Aussi, les boches tirent toutes les nuits sur le patelin. Jusqu'ici il n'y a pas eu trop de mal, encore quelques chevaux tués et un homme.

Dimanche, 21 juillet 1918

Le régiment est relevé par le 26, Bataillon de Chasseurs à Pied, mais nous restons toujours à  Quiry-le-Sec. Aussi cela ne me dit rien de bien fameux. Pour le moment, c'est toujours très calme.

Notes en marge: indemnités de tranchées du 22  au 26 juillet 1918

Lundi, 22 juillet 1918

Le soir, nous recevons l'ordre d'aller au bois de Mongival préparer le P.C. du colonel entre Ainval et Aubvillers, à 800 mètres des boches. C'est calme.

Mardi, 23 juillet 1918

L'attaque commence à 5 heures du matin.

Nous partons avec le colonel à 7 heures, dans la plaine. Aussi, ce n'est pas le filon, ça  barde. Nous allons jusqu'à Aubvillers, ayant perdu le colon.

A la fin, nous apprenons qu'il se trouve dans un ravin à un kilomètre en arrière. Nous le rejoignons pour faire un P.C. immédiatement.

C'est très dur, mais sans casse chez nous. (*)

 

(*) : Le 135e régiment d’infanterie a fait près de 400 prisonniers et capturés un nombre important d’armes, de munitions et de canons. Le 135e régiment d’infanterie a perdu environ 300 hommes dans cette attaque.

Mercredi, 24 juillet 1918

La journée est calme. Nous continuons les travaux et je prends matériel et munitions en consigne.

Jeudi, 25 juillet 1918

Rien de nouveau.

Vendredi, 26 juillet 1918

Rien de nouveau.

Le soir, nous sommes relevés par le 87.

Nous allons à Quiry-le-Sec, à notre ancien cantonnement.

Samedi, 27 juillet 1918

Rien de nouveau.

Dimanche, 28 juillet 1918

Rien de nouveau.

Lundi, 29 juillet 1918

Je prends le matériel en consigne ce matin pour tout le régiment, chose qui devrait toujours m'appartenir. A part cela, rien de nouveau.

Mardi, 30 juillet 1918

Rien de nouveau. (Charles) Tassin et Éveno rentrent de permission.

Mercredi, 31 juillet 1918

Éveno, pour être rentré en retard de 24 heures, attrape 8 jours de prison et est cassé, passe à la 9ème compagnie (suite de la crise).

Jeudi, 1er août 1918

Rien de nouveau.

Vendredi, 2 août 1918

Rien de nouveau.

Samedi, 3 août 1918

Le soir, nous apprenons que les boches ont quitté leurs tranchées, mauvais présage encore, car il va falloir suivre et gare la casse par endroit.

Dimanche, 4 août 1918

Le matin, nous sommes en alerte, prêts à partir. Le soir, rien de nouveau. Nous apprenons que le régiment serait relevé.

Lundi, 5 août 1918

Tout le régiment est relevé, mais pour le moment nous restons à Quiry au repos. Les boches, d'après les bruits, auraient reculé de 4 kilomètres.

A part cela, rien de nouveau pour le moment. Les bruits courent que nous irions au repos à l'arrière, mais cela me paraît bien beau et je n'y compte pas beaucoup.

Mardi, 6 août 1918

Rien de nouveau.

Je reçois l'ordre d'aller à Coullemelle chercher des bidons à eau au 171ème qui refuse de me les donner. Aussi, je reviens bredouille.

 

Notes en marge: indemnités de tranchées du 7  au 22 août 1918

Mercredi, 7 août 1918

Rien de nouveau. Nous passons le matériel en consigne au 171ème. A part cela, rien pour le moment.

Le soir, nous recevons l'ordre d'aller à Grivesnes au 125 chercher des pots à eau et en arrivant, les sapeurs sont partis pour les lignes au bois Allongé, nous suivons et y arrivons à 10 heures du soir.

Il se prépare encore un coup par là.

Jeudi, 8 août 1918

Le matin, le bombardement commence.

Aussi, ça va encore faire une véritable boucherie. L'attaque doit être pour midi. Elle se déclenche à 8 heures, mais à midi nous n'avons pas encore de bonnes nouvelles, sauf que les Anglais à la gauche auraient fait une avance de 10 kilomètres, mais chez nous, le régiment qui fait l'attaque aurait beaucoup de difficulté. Aussi, cela ne me dit rien de bon.

Nous partons à 2 heures.

On fait plusieurs kilomètres et nous allons à Braches. Les boches ne tirent pas trop avec leurs canons. C'est plutôt les mitrailleuses qui font le mal. Nous passons la nuit à Braches par ordre du général, car notre vieux voulait aller plus loin encore.

Vendredi, 9 août 1918

Nous partons à 10 heures. Nous filons directement en ligne. C'est la guerre de rase campagne tout à fait. Nous passons devant les régiments qui ont fait l'attaque hier, le 2ème de chez nous.  En tête 1er et 2ème. Le 2ème fait environ 3 kilomètres et trouve assez de résistance, mais les boches prennent quelque chose comme bombardement. Nous passons la nuit dans un abri boche que nous avons été nettoyés pour le colonel et qui ne vient pas l'occuper.

Samedi, 10 août 1918

Le premier bataillon prend les lignes au jour et continue l'attaque. Il trouve moins de résistance.

Aussi, à midi, nous sommes arrivés à Davenescourt au château et l'attaque continue.

Nous partons à 2 heures pour filer sur Armancourt, mais sommes arrêtés à 2 kilomètres de là et nous y passons la nuit dans des abris français.

Dimanche, 11 août 1918

Le matin, l'attaque reprend mais les boches font de la résistance et cela ne marche pas tout seul. Le régiment réussit à prendre Armancourt à la grenade, mais l'avance se ralentit beaucoup.

A midi, nous sommes toujours au même endroit dans les abris. Nous y passons la nuit et les boches ne veulent plus s'en aller. Ils occupent leurs anciennes positions de 1915. Aussi, ce sera difficile de les faire déménager à présent.

Nous sommes à Marquivillers. (*)

 

(*) : Durant ces jours d’avancée, le régiment a perdu environ 200 hommes. Il a reçu en renfort une trentaine d’ancien soldats du 135e RI ; Dont Maxime GUIBERT qui reçoit la médaille militaire à son retour (volontaire ?) à son régiment. Il avait été blessé très gravement en 1914 en Belgique. Enucléation de l’œil gauche, réformé, et titulaire d’une pension d’invalide depuis 1915, il n’était certainement pas obliger de revenir au front ! (JMO du 135eRI). Voir sa  fiche matriculaire N° 519.

Lundi, 12 août 1918

La situation est toujours la même ce matin, mais on ne parle pas de relève encore.

La journée se passe comme hier au même endroit et les boches se sont ressaisis. Aussi, il ne faut plus guère compter avancer d'ici un moment par ici.

Mardi, 13 août 1918

Rien de bien nouveau, sauf que cela devient plutôt mauvais à présent par ici.

Heureusement qu'il y a de bons abris. On ne parle pas de nous relever, au contraire plutôt remettre cela encore un coup. Aussi, je plains les pauvres diables qui sont aux lignes. Ils ne tiennent plus debout.

Nous avons pris hier Armancourt et il nous restait encore 3 kilomètres à faire. Nous sommes à 4 kilomètres de Roye.

Mercredi, 14 août 1918

Le matin, rien de nouveau. Dans la nuit, les boches ont tiré avec obus à gaz.

A part cela, pas de changement. Bombardement toute la journée par grosses prises de chez nous. Les boches ne répondent pas trop.

Jeudi, 15 août 1918

Le matin, rien de nouveau. L'attaque n'a pas lieu encore aujourd'hui. Ce sera pour demain probablement. Aussi, une bonne journée qui se prépare encore.

Le soir, nous apprenons que l'attaque n'aura pas lieu et que l'on resterait pour organiser le secteur.

Vendredi, 16 août 1918

Le matin, nous apprenons que les boches se débinent. Aussi, il faut les suivre. Nous partons de Marquivillers à une heure pour faire un kilomètre et là, nous y passons le reste de la journée, près d’Armancourt.

Le soir, il arrive des tanks pour faire une attaque demain matin. Il y a un dépôt de munitions, je le prends en consigne et en envoie une partie sur les lignes. Le soir, nous avons la visite d’ÉVENO, l'ancien sapeur.

Il a été blessé à la main droite par une balle qui lui a traversé la main.

Samedi, 17 août 1918

Dans la nuit, le colonel est parti en avant, à 1500 mètres d'ici. Je reste avec Galichet et Legoff à la garde du dépôt et n'en suis pas fâché, au contraire. L'attaque a lieu le matin, mais ne réussit pas beaucoup. Le régiment prend le pays de Laucourt, à 4 kilomètres de Roye, mais les hommes n'en peuvent plus. Ils ont fait un effort incroyable pour arriver à faire ce qu'ils ont fait. Aussi, vivement le retour pour eux et pour nous car je suis complètement fourbu et pourtant je suis heureux, à côté d'eux.

Dans l'après-midi, je fais une lettre à Frangeul au sujet de mon prochain mariage. Il n'y a rien de nouveau. Les fameux tanks n'ont rien fait ce matin, ils sont tous restés en panne avant d'arriver aux lignes.

Aussi, l'attaque n'a pas réussi du tout, mais pas de bruit de relève encore. Aussi, c'est un jeu que si les boches attaquaient, ils ramasseraient la suite du régiment qui n'aurait même pas le courage de se défendre. Ils veulent nous faire avoir la fourragère, mais je crois qu'il faut la payer cher.

Dimanche, 18 août 1918

Il n'y a pas de nouveau encore ce matin. Il n'est jamais parlé de relève. Ça devient la barbe à la fin.

Le soir, nous sommes relevés sans que nous nous y attendions par le 125. Nous allons à Lignières, petit pays à 5 kilomètres. Il est temps, car personne n'en peut plus.

Lundi, 19 août 1918

Repos toute la journée à Lignières, repos bien gagné. Le soir, je vais au train de combat et vois Jean Roux qui est au repos dans un bois et lui, heureux d'être sorti de cette boucherie encore une fois.

Mardi, 20 août 1918

Rien de nouveau, repos (reçois des nouvelles du pays) mais plutôt mauvaises au sujet du mariage.

Mercredi, 21 août 1918

Rien de nouveau, mais je pense que c'est les lignes en place du repos qui nous attendent. Le Lieutenant Albusse, parti hier en perme, ne reviendra pas. Il s'en va après à Salonique. Bon débarras pour nous, lui qui ne voulait pas nous voir.

Jeudi, 22 août 1918

Le matin, Legoff Jean rentre de perme et nous apprenons que nous partons au repos tout de même, cette fois pour Marseille-le-Petit, dans la Seine-Inférieure.

Vendredi, 23 août 1918

Nous partons à Lignières le 22, à 10 heures.

Nous voyageons toute la nuit et ne sommes pas les seuls. Les avions boches voyagent beaucoup et lancent des bombes sur un dépôt de munitions, ce qui nous oblige à faire 5 kilomètres de plus. Nous arrivons à Bouillancourt-la-Bataille le matin, à 2 heures et, en arrivant, les boches marmitent par avions, mais ne font pas trop de mal.

Samedi, 24 août 1918

Départ à 2 heures du matin.

Nous passons par Grivesnes-la-Faloise et allons cantonner à Flers-sur-Noye, environ 25 kilomètres par pas trop de fatigue pour aujourd'hui.

Dimanche, 25 août 1918

Départ à 5 heures et demie.

Nous allons à Croissy, environ 12 kilomètres. Repos, rien de nouveau.

Lundi, 26 août 1918

Repos, rien de nouveau.

Mardi, 27 août 1918

L'après-midi, nous avons une revue de décorations. A part cela, rien de nouveau.

Mercredi, 28 août 1918

Le matin, nous allons avec le drapeau à Monsures au 2ème bataillon pour une revue de décorations. A part cela, rien de nouveau. Repos. Legoff part en perme demain.

Jeudi, 29 août 1918

Repos, rien de nouveau.

Vendredi, 30 août 1918

Repos, rien de nouveau.

Samedi, 31 août 1918

Repos, rien de nouveau, sauf 2 pionniers qui rentrent aux sapeurs en remplacement d’ALBAT et Éveno. C'est Veille et Lafont.

Dimanche, 1er septembre 1918

Rien de bien nouveau. Philippe part en perme demain matin.

Lundi, 2 septembre 1918

Rien de nouveau. Les bruits du prochain départ pour les lignes circulent beaucoup aujourd'hui.

Mardi, 3 septembre1918

Le matin, nous apprenons que nous prenons les autos à midi pour filer sur Roye et les lignes. Mauvais présage encore un coup. Nous descendons à Marché-Allouarde et y passons  la nuit. Un bataillon prend les lignes.

Notes en marge : indemnités de tranchées du 4 au 18 septembre 1918

Mercredi, 4 septembre 1918

Le matin, rien de nouveau.

Le soir, nous partons pour Languevoisin-Quiquery. Les boches se débinent encore une fois. Nous y passons la nuit sur le bord du canal. Départ des premières lignes.

Jeudi, 5 septembre 1918

Nous partons le matin et allons à Hombleux.

De là, nous allons avec le 8ème bataillon qui est en première ligne pour faire des passerelles sur le canal du nord à l'Oise. Arrivés à la ligne de chemin de fer d’Ham, il y a un sapeur de blessé à la main, un nouveau Laffond.

A midi, 4 sapeurs partent pour aller faire les passerelles. Il y a encore un nouveau sapeur d'évacué Deillet, pris par les gaz. Mauvaise journée pour nous aujourd'hui.

Le soir, nous redescendons au colonel à Hombleux pour s'occuper des munitions.

Vendredi, 6 septembre 1918

Le régiment attaque à 5 heures, le matin et avance sur la rive gauche du canal, prend Offoy et se dirige sur Viefville.

L'après-midi, le Colonel s'en va sur Offoy et nous le suivons dans la soirée avec la voiture de munitions. Nous passons la nuit près du canal en attendant que les ponts soient terminés.

Samedi, 7 septembre 1918

Nous passons à Offoy  à 6 heures du matin. Nous apercevons Ham en plein feu et nous allons à la Rue des Bois où nous fourrons notre dépôt.

Le colonel part dans l'après-midi pour Aubigny et file sur Bray-Saint-Christophe. Il installe son P.C.  à la sucrerie d’Aubigny. Nous partons le rejoindre dans la nuit.

Dimanche, 8 septembre 1918

Nous arrivons à 1 heure du matin. Toute la nuit, les boches ont envoyé des bombes sur les routes et passerelles. La journée se passe à Aubigny. Le régiment devait attaquer ce matin, mais il n'a rien fait. Les boches tiennent bon à présent. Aussi, ce sera dur pour les déloger d'où ils sont à présent.

Lundi, 9 septembre 1918

Rien de bien nouveau. Le régiment est en ligne au Hamel et nous passons en réserve, relevés par le 124. Dans la journée, on fait l'installation du P.C. Du Colonel dans la sucrerie d'Aubigny ainsi que d'un dépôt de munitions, signe que les boches ne veulent plus s'en aller.

Mardi, 10 septembre 1918

Nous continuons l'installation du P.C. , à part cela, rien de nouveau.

Mercredi, 11 septembre 1918

Dans la journée, nous apprenons que le Colonel s'en va à Tugny-et-Pont. Nous allons lui faire un P.C. dans une carrière et nous ne partirons que demain matin. L'après-midi, je vais au T.C. faire mes commandes pour mon mariage. A part cela, rien de nouveau.

Jeudi, 12 septembre 1918

Le Colonel part le matin et nous, nous attendons la voiture pour partir à Tugny-et-Pont, environ 5 kilomètres sur le bord du canal de Ham, à Saint-Quentin.

Vendredi, 13 septembre 1918

Rien de nouveau. Nous sommes en réserve.

Je vois Jean Roux et un gars de Saint-Vincent. A part cela, rien de nouveau.

Samedi, 14 septembre 1918

Rien de nouveau encore aujourd'hui. On ne parle jamais de relève, au contraire.

Dimanche, 15 septembre 1918

Le colonel s'en va relever le 114 à Artemps. Aussi, nous allons suivre avec les munitions, environ 4 kilomètres. Le régiment prendrait les lignes ce soir.

Dans la journée, il y a  contre-ordre, il n'y aurait que le 3ème bataillon qui prendrait les lignes et nous dans quelques jours. Le 114  ne pouvant ou ne voulant rien faire.

Lundi, 16 septembre 1918

Le matin, les pionniers et 3 sapeurs vont travailler au nouveau P.C. du colonel du côté d'Artemps. Nous attendons les ordres de départ. Nous partons à 2 heures de l'après-midi pour faire notre dépôt à Artemps et à 9 heures du soir nous partons pour Séraucourt-le-Grand.

Nous passons la nuit à faire un abri par un temps épouvantable. Il y a un fort orage. Aussi, nous sommes frais.

Mardi, 17 septembre 1918

Rien de bien nouveau.

Le colonel devait venir ici et pour l'instant on ne sait pas s'il y viendra. Il doit encore y avoir un coup dur ces jours par-là, je pense.

Mercredi, 18 septembre 1918

Je vais trouver le père Chauvin pour partir en perme et aussitôt je m'en vais avec mon bardas à Estouilly et y passe la nuit.

Jeudi, 19 septembre 1918

Le matin, Théo arrive et nous partons à 1 heure par Ham où nous trouvons une auto qui nous mène à Nesle et de là une autre à Roye.

Nous y couchons dans une cave.

Vendredi, 20 septembre 1918

Départ de Roye à 6 heures. Nous passons à Grivillers et de là nous filons sur Nantes.

Samedi, 21 septembre 1918

Nous arrivons à Nantes à 8 heures 20. Plus de train pour moi.

Je reviens à Ancenis pour prendre le petit train et arrive à Moisdon à 8 heures le soir et à Issé à 9 heures.

Dimanche, 22 septembre 1918

Nous partons, la mariée et moi à Châteaubriant où nous y passons la journée entière.

Lundi, 23 septembre 1918

Le matin, je vais au bourg avec la mariée voir le père curé pour demain, grand jour.

 

Mardi, 24 septembre 1918

Départ à 8 heures pour le bourg. La mariée ne fait pas attendre. Nous avons une journée superbe et tout se passe très bien.

Jusqu'au 6 octobre, journées délicieuses près de la mariée.

 

 

 

Dimanche, 6 octobre 1918

Passe la journée du 6 avec la famille.

Ne pars que le 7 par Saint-Vincent-des-Landes à  5 heures et demie.

Journée bien dure à côté des jours passés si bons près de celle que l'on aime. Quelle vie que cette guerre. Vivement la fin et le retour au pays. La séparation est dure pour les deux après une si belle quinzaine passée dans la joie et le vrai bonheur. Arrive au Mans à 11 heures, dans la nuit du 7 au 8.

Mardi, 8 octobre 1918

Voyage le reste de la nuit et arrive à Orry-la-Ville dans l'après-midi.

Nous en partons à 4 heures 30 pour arriver à Ailly-sur-Noye à 8 heures. Nous allons coucher à la compagnie de ralliement à Jumel.

Mercredi, 9 octobre 1918

Nous passons la journée à Jumel, prenons le train le soir à Ailly-sur-Noye à 8 heures pour arriver à Ham à minuit. Nous y passons la nuit.

Jeudi, 10 octobre 1918

Le matin, nous partons rejoindre le régiment à Dury qui est au repos. J'apprends la mort du pauvre (Charles) Tassin, tué par un obus le 3 octobre, jour de la relève.

Vendredi, 11 octobre 1918

La journée se passe au pays. Le travail ne manque pas, à part cela, rien de nouveau.

Samedi, 12 octobre 1918

Rien de nouveau pour le moment.

Dimanche, 13 octobre 1918

Je vais dans l'après-midi reconnaître la tombe de notre pauvre camarade (Charles) Tassin (*) à Séraucourt-le-Grand, à peu près à 8 kilomètres d'ici.

A part cela, rien de nouveau.

 

(*) : Voir sa fiche matriculaire.

Lundi, 14 octobre 1918

Rien de nouveau. Bruit de départ.

Mardi, 15 octobre 1918

Le matin, nous apprenons que nous partons pour les lignes ce midi. Nous allons cantonner à Grugies, à 15 kilomètres.

Mercredi, 16 octobre 1918

Départ à 6 heures.

Nous passons par Saint-Quentin, Homblières et arrêtons à Fontaine-Notre-Dame pour repartir ce soir à 5 heures. Il y a beaucoup de fatigue. Les routes sont très mauvaises et il tombe de l'eau depuis ce matin.

Le soir, nous allons dans une carrière, en avant de Montigny, relever un régiment.

 

Notes en marge: indemnités de tranchées du 17 octobre au 9 novembre 1918

Jeudi, 17 octobre 1918

Le matin, le régiment attaque, mais ne va pas bien loin, fait 15 prisonniers. La journée se passe à peu près.

Vendredi, 18 octobre 1918

Le matin, l'attaque reprend. Il y a une avance de 150 à 200 mètres à peu près, et avec beaucoup de pertes.

Le soir, la marche en avant reprend.

Samedi, 19 octobre 1918

Toute la nuit, le régiment avance.

Le matin, nous allons à Grougis où nous trouvons encore quelques civils. Le pays n'est pas trop démoli. Là, une division de chasseurs passe devant nous et relève la division de gauche. Le 125 passe devant et nous restons en réserve.

Dimanche, 20 octobre 1918

Le matin, rien de nouveau.

Nous sommes toujours à Grougis.

Lundi, 21 octobre 1918

Dans la nuit, les boches envoient quelques obus sur le pays, ce qui nous fait chercher une cave pour se mettre à l'abri. Nous en trouvons une à peu près potable. Il y a mieux, mais beaucoup sont occupées déjà et je crois qu'il va faire bon se mettre en sûreté car le pays est appelé à se faire marmiter. Le matin, nous recevons encore une petite distribution de 150. La journée se passe à peu près bien.

Mardi, 22 octobre 1918

Rien de bien nouveau, toujours quelques obus, la nuit et le jour, nous touchons la fameuse fourragère, quelque chose de propre encore.

Albat rentre de perme et vient avec nous.

Mercredi, 23 octobre 1918

Rien de bien nouveau ce matin.

Jeudi, 24 octobre 1918

Rien de bien nouveau pour aujourd'hui. Le 125 prend les lignes ce soir et relève le 114 pour 4 jours.

Vendredi, 25 octobre 1918

A midi, nous recevons l'ordre de se mettre en tenue pour partir. Nous partons à une heure à travers la plaine. Nous sommes pas mal canardés par les boches qui nous voient à peine à 800 mètres. C'est encore du beau avec un officier qui ne sait même pas se conduire avec une carte.

Nous passons la nuit dans une carrière où nous y gelons de froid.

Samedi, 26 octobre 1918

Le matin, nous commençons un abri pour le poste de secours qui doit venir ici s'installer. Le colon est un peu plus loin en avant.

Dans la nuit, les boches nous marmitent pas mal.

Dimanche, 27 octobre 1918

Nous continuons les travaux. Les boches tirent toujours un peu.

Lundi, 28 octobre 1918

Le matin, il y a attaque sur la droite, mais ne réussit pas. Les boches tirent toujours un peu.

Mardi, 29 octobre 1918

Même travail.

A midi, nous recevons l'ordre de s'en aller avec le colon à la nuit au pays à 1500 mètres d'ici. Les boches tirent toujours un peu.

Mercredi, 30 octobre 1918

Pas de changement chez nous. Sur la droite, il y a un fort bombardement et même jusqu'ici. Il doit y avoir avance à droite et le canal de l'Oise doit être dépassé, d'après l'artillerie qui a l'air d'avoir été déplacée grâce à nous autres ces jours, je pense.

Jeudi, 31 octobre 1918

A midi, nous recevons l'ordre de nous tenir prêts à partir avec le colonel, mais devons recevoir d'autres ordres. A part cela, rien de nouveau.

Le soir, nous partons au colonel et de là au bataillon dans une carrière au pays de Hannappes, à 150 mètres des boches et bien en vue, mais ce n'est pas bombardé pour le moment et les boches ne tirent pas trop par ici.

Nous couchons dans une maison. Nous devions coucher dans la carrière, mais les légumes ne veulent pas nous voir. Aussi, il faut déménager pour que ces messieurs soient chez eux.

Vivement la fin de cette terrible vie pour que nous puissions leur dire leurs vérités à ces vaches-là !

Vendredi, 1er novembre 1918

Le matin, nous avons repos et devons travailler dans la carrière.

A midi, la journée se passe assez bien et assez tranquille.

Samedi, 2 novembre 1918

Rien de nouveau pour aujourd'hui.

Les bruits courent qu'il y aurait attaque demain matin. Aussi, si les boches veulent tenir, il y aura encore de la casse, car la position est difficile à avaler avec le canal à passer et la crête qu'il y a juste en face. Quelle vie tout de même et que les pauvres diables qui vont tomber les derniers sont à plaindre. On ne verra donc jamais la fin de cette boucherie humaine et le retour à de meilleurs jours.

Qu'il y en a tout de même qui ont la conscience élastique, s'ils en ont une, car ces gens ne doivent rien avoir des êtres humains pour faire durer ce fléau si longtemps.

Dimanche, 3 novembre 1918

La journée se passe comme les autres. Cette nuit, il est monté le premier bataillon et le 3ème doit monter ce soir. Aussi, le grand coup doit être pour demain matin probablement.

Lundi, 4 novembre 1918

L'attaque a lieu à 5 heures 45.

Le 2ème bataillon passe le canal et réussit à prendre la crête. Après, ça devient un peu plus dur, mais la progression se fait petit à petit. Il y a des pertes, mais pas trop fortes encore à midi.

Toute la journée, l'attaque continue, mais nous n'arrivons pas tout à fait aux objectifs dans la journée qui est le pays de Iron.

Mardi, 5 novembre 1918

Le matin, nous traversons le canal et restons à l'est, au pays où les boches étaient hier.

L'avance continue et nous sommes en réserve pour le moment. A part cela, pas grand nouveau. Les pertes ne sont pas trop fortes, mais toujours trop. Le régiment a fait 200 prisonniers hier.

Mercredi, 6 novembre 1918

Le midi, départ. Nous allons à Esquéhéries, environ 12 kilomètres depuis le 1er jour et nous sommes en réserve toujours. Les boches sont au moins à 15 kilomètres encore.

Jeudi, 7 novembre 1918

Il nous a fallu faire un pont sur la rivière en pleine nuit.

Ce matin, il n'y a pas de nouveau pour nous. Nous avons passé un sale moment pour faire notre pont avec la pluie toujours. Aujourd'hui, il fait un peu plus beau temps. Nous partons dans la soirée et allons au rond-point de Guise, à 8 kilomètres dans une forêt.

Là, nous apprenons qu'il y a des parlementaires boches qui ont passé les lignes. Nous y passons la nuit.

Vendredi, 8 novembre 1918

Le matin, nous allons faire des brancards à une voiture qui est restée en panne hier soir.

Nous revenons à midi pour repartir. Nous allons au Bois-Là-Haut, petit pays. Nous y passons la nuit, 8 à 10 kilomètres depuis hier matin.

Samedi, 9 novembre 1918

Nous partons le matin, passons le 125 à Papleux et filons jusqu'à Larouillies. Nous y passons la nuit et apprenons que la division est relevée. Aussi, j'espère que la guerre est finie pour nous.

Dimanche, 10 novembre 1918

Rien de neuf, repos. Nous allons chercher du bois en forêt pour les patrons, le soir à 8 heures. Nous apprenons l'heureuse nouvelle que la guerre finit demain à 11 heures. Aussi, cela fait des heureux.

Lundi, 11 novembre 1918

Grande journée de joie pour tous et de vrai bonheur en attendant le jour de la paix.

Mardi, 12 novembre 1918

Je vais voir Jean Roux le matin.

L'après-midi, je vais à Etoeungt, à 2 kilomètres me balader. Rien de nouveau, sauf que la division s'en irait comme troupe d'occupation. Nous sommes toujours à Larouillies.

Mercredi, 13 novembre 1918

Repos, rien de nouveau.

Jeudi, 14 novembre 1918

Départ à 6 heures.

Nous passons par La Capelle et filons jusqu'à Marly, environ 20 kilomètres.

En arrivant il faut se mettre au travail à faire un pont qui ne sert à rien. C'est bien  la bêtise militaire, ça ne changera jamais que le jour où nous pourrons dire merde à toutes ces vaches d'officiers. Aussi, vivement ce jour, celui où nous aurons enfin la liberté, liberté chérie.

Vendredi, 15 novembre 1918

Départ à 6 heures. Nous allons à Guise. Pas de nouveau pour aujourd'hui. Je vais visiter le vieux château des Ducs de Guise. La ville est assez bien et n'a pas trop souffert, à part le pillage, tant par les boches que par la population.

Samedi, 16 novembre 1918

Départ à 7 heures. Nous passons à Origny et allons coucher à Chatillon-sur-Oise qui est détruit, 24 à 25 kilomètres.

Dimanche, 17 novembre 1918

Départ à 7 heures.

Nous allons coucher à la Fère. Nous ne sommes pas mal, mais la ville a beaucoup souffert, 22 kilomètres à peu près.

Lundi, 18 novembre 1918

Départ à 8 heures.

Nous passons à Chauny et allons coucher à Babœuf, environ 25 à 30 kilomètres. Les hommes sont bien fatigués. Chauny est à peu près détruit en entier.

Mardi, 19 novembre 1918

Départ à 7 heures.

Nous passons à Noyon qui est détruit et allons coucher à 8 kilomètres de Compiègne.

Mercredi, 20 novembre 1918

Départ à 7 heures.

Nous passons par Compiègne et allons coucher à Rémy, environ 20 kilomètres.

Jeudi, 21 novembre 1918

Départ à 7 heures.

Nous allons coucher à Lieuvillers, 20 kilomètres.

Vendredi, 22 novembre 1918

Repos à Lieuvillers, rien de neuf.

Samedi, 23 novembre 1918

Repos, rien de nouveau.

Dimanche, 24 novembre 1918

Repos, rien de nouveau.

Lundi, 25 novembre 1918

Repos, rien de nouveau.

Mardi,  26 novembre 1918

Le matin, nous allons passer une revue à Angenlieu, remise de décorations et en arrivant, nous apprenons notre prochain départ pour demain matin, direction de Beauvais.

Mercredi, 27 novembre 1918

Nous partons à 7 heures, passons à Bresles et allons coucher à Laversines, environ 26 kilomètres.

Jeudi, 28 novembre 1918

Nous partons à 7 heures.

Nous allons à Allonnes, Bongenoult, à 4 kilomètres de Beauvais, environ 12 kilomètres. Nous devons y rester jusqu'au 10 décembre.

Vendredi, 29 novembre 1918

Repos, rien de nouveau.

Samedi, 30 novembre 1918

Repos, rien de nouveau.

Dimanche, 1er décembre 1918

Repos, rien de nouveau.

Lundi, 2 décembre 1918

Les bruits du départ circulent. Aussi, c'est probable que nous ne resterons pas longtemps ici. (Jean) Loiseau est parti en perme hier soir pour 20 jours, Lafond pour 3 jours pour cas de force majeure.

Mardi, 3 décembre 1918

Nous allons au champ de tir de Beauvais préparer des cibles pour le régiment.

L'après-midi, nous allons faire un tour en ville. A part cela, rien de nouveau.

Mercredi, 4 décembre 1918

Rien de neuf, nous allons toujours au stand.

Jeudi, 5 décembre 1918

Rien de nouveau. Galichet part en perme ce soir.

Vendredi, 6 décembre 1918

Passe la journée au stand avec (Théodore) RÉthorÉ. A part cela, rien de neuf.

Samedi, 7 décembre 1918

Rien de nouveau.

Dimanche, 8 décembre 1918

Rien de nouveau.

Lundi, 9 décembre 1918

Rien de nouveau, à part le bruit du départ par le train demain, pour la direction de l'Est.

Mardi, 10 décembre 1918

Nous prenons le train à minuit.

Nous partons de Saint-Paul pour passer à Gisors, Saint-Denis, de là Coulommiers, Toul, Nancy.

Mercredi, 11 décembre 1918

Voyageons toute la journée.

Jeudi, 12 décembre 1918

Voyage toute la journée. Lunéville Avricourt où nous sommes pilotés par des boches et descendons à Sarre-Union à minuit.

Nous allons cantonner à Mackwiller, petit pays de 400 habitants. Nous y sommes très bien reçus.

Vendredi, 13 décembre 1918

Le pays est tout petit, mais assez coquet. Nous y passons la journée.

Samedi, 14 décembre 1918

Rien de neuf. Bruit de départ.

Dimanche, 15 décembre 1918

Départ à 7 heures, environ 16 kilomètres. Nous allons à Rohrbach, en Lorraine, petit pays assez gentil.

Lundi, 16 décembre 1918

Rien de nouveau. Nous resterions assez longtemps ici d'après les bruits. Le régiment fait le service des Etapes.

Mardi, 17 décembre 1918

Rien de nouveau pour le moment.

Mercredi, 18 décembre 1918

Rien de nouveau.

Jeudi, 19 décembre 1918

Rien de nouveau.

Vendredi, 20 décembre 1918

Départ à 7 heures.

Nous allons à Sarreguemines, à 18 kilomètres. La ville est assez gentille, 18 000 habitants. Nous couchons dans une caserne.

Samedi, 21 décembre 1918

Le matin, je suis embauché avec mon équipe à faire l'aménagement d'une baraque pour permissionnaires à la gare.

Dimanche, 22 décembre 1918

Repos, rien de nouveau.

Lundi, 23 décembre 1918

Rien de nouveau.

Mardi, 24 décembre 1918

Nous allons à Bitche Théo et moi chercher la caisse à outils par le train. La ville est assez gentille, mais comme garnison, c'est plutôt moche.

Mercredi, 25 décembre 1918

Repos, rien de bien nouveau.

Jeudi, 26 décembre 1918

Continuation du travail à la gare, à part cela, rien de nouveau.

Vendredi, 27 décembre 1918

Rien de nouveau.

Samedi, 28 décembre 1918

Rien de nouveau.

Dimanche, 29 décembre 1918

Repos, rien de nouveau, sauf que le temps paraît rudement long en attendant la fuite de ce sale métier de purée.

Lundi, 30 décembre 1918

Le matin, nous avons une revue par le général Pétain devant le palais de justice. Il remet la fourragère au drapeau du régiment ainsi qu'à 2 autres qui sont sous les ordres du Général Beschard, ancien commandant du 3ème bataillon du 135 en 1914 et 13.

Mardi, 31 décembre 1918

Rien de nouveau. Legoff part en perme.

1919 : Allemagne

Mercredi, 1er janvier 1919

Repos, rien de nouveau pour aujourd'hui, vivement la fuite de ce métier de purée et le retour à la vie civile.

Passe la journée au quartier sans sortir en ville.

Jeudi, 2 janvier 1919

Rien de nouveau, sauf que (Théodore) RÉthorÉ part en perme.

Vendredi, 3 janvier 1919

Rien de nouveau. (Jean) Loiseau rentre de permission.

Samedi, 4 janvier 1919

Rien de nouveau. BrossarD part en permission.

Dimanche, 5 janvier 1919

Repos, rien de nouveau.

Lundi, 6 janvier 1919

Rien de nouveau.

Mardi, 7 janvier 1919

Bruits de départ pour la 16ème division d'infanterie. (Benjamin) Loirat part en permission.

A part cela, rien de nouveau.

Mercredi, 8 janvier 1919

Rien de nouveau.

Jeudi, 9 janvier 1919

Rien de nouveau. Albat part aussi en permission.

Vendredi, 10 janvier 1919

Départ demain. Drillet part en permission, à part cela, rien de nouveau.

Samedi, 11 janvier 1919

Départ à 8 heures. Nous rentrons en Prusse et allons coucher à Püttlingen, petit pays, mais ça ne vaut pas la caserne.

Dimanche, 12 janvier 1919

Repos à Püttlingen. Lafond part en permission.

Lundi, 13 janvier 1919

Repos, rien de nouveau.

Mardi, 14 janvier 1919

Départ en perme jusqu'au 14 février.

Vendredi, 14 février 1919

Retour à Sulzbach/Saar

Samedi, 15 février 1919

Repos à Sulzbach/Saar, pas trop de cafard. Albat est parti au chemin de fer.

Dimanche, 16 février 1919

Rien de nouveau.

Lundi, 17 février 1919

Rien de nouveau.

Mardi, 18 février 1919

Le bruit de notre prochain départ circule. Ce serait pour Koblenz.

A part cela, pas grand nouveau.

Mercredi, 19 février 1919

Rien de nouveau.

Jeudi, 20 février 1919

Nous prenons le train à 11 heures à Dudweiler, petit pays à côté pour aller dans la région de Coblentz.

Vendredi, 21 février 1919

Voyageons toute la journée et débarquons à Oberlahnstein pour aller coucher à Braubach, petit pays sur les bords du Rhin.

Samedi, 22 février 1919

Rien de nouveau.

Le pays est assez gentil, mais c'est tout petit. Enfin, nous ne sommes pas trop mal pour le moment. Je trouve une chambre avec un bon lit chez le sous-chef de gare où sa femme parle très bien le français. Aussi, je suis on ne peut mieux. Elle a été 7 ans bonne en France, près de Segré et Bayeux.

Dimanche, 23 février 1919

Rien de nouveau. Nous prenons la garde au drapeau.

Le soir, nous relevons le 92ème colonial au poste de police. Aussi, en place d'un bon lit, il faut faire le Jacques et les relèves.

Lundi, 24 février 1919

De garde jusqu'à 4 heures du soir et nous allons cantonner à la mine de plomb.

Mardi, 25 février 1919

Rien de nouveau. Je suis toujours chez le même propriétaire et suis très bien.

Mercredi, 26 février 1919

Rien de changé. Nous allons changer le drapeau de maison, le colonel étant parti en perme.

Jeudi, 27 février 1919

Rien de bien nouveau.

Je fais un voyage sur les coteaux. C'est très joli comme pays. Aussi, au beau temps ce doit être merveilleux par ici.

Pauvre France, que nous sommes en retard à côté des Allemands, comme confortable en toutes choses. Et encore, dire que ces jours j'entendais une brute  militaire nous dire que ces gens-là étaient sales et dégoûtants; pourtant quelle différence à côté de chez nous comme habitations, propres, aérées avec tout le confort.

Aussi, que nous nous débarrassons bien vite de toutes ces vieilles badernes qu'il y a chez nous et que des jeunes prennent la machine en main et nous conduisent vers le bien-être et le progrès, car nous en sommes loin encore pour toutes choses.

Vendredi, 28 février 1919

Rien de nouveau.

Samedi, 1er mars 1919

Rien de nouveau.

Dimanche, 2 mars 1919

Je suis seul aujourd'hui. Mes patrons étant en voyage, aussi je suis le patron à la maison.

Lundi, 3 mars 1919

Rien de nouveau.

Mardi, 4 mars 1919

Rien de nouveau.

Mercredi, 5 mars 1919

Rien de nouveau.

Jeudi, 6 mars 1919

Rien de nouveau.

Vendredi, 7 mars 1919

Revue par le général de division à 2 heures sur les bords du Rhin, à part cela, rien de nouveau. Encore un qui ferait bien mieux de rester tranquille que de venir nous embêter ici. Bandes de vaches, vivement qu'on puisse les laisser tomber dans la merde

Samedi, 8 mars 1919

Rien de nouveau. Bruits de prochain départ d'ici.

Dimanche, 9 mars 1919

Rien de nouveau, sauf un travail fou commandé par des brutes encore une fois. Aussi, vivement la fuite de ce métier de purée.

Lundi, 10 mars 1919

Nous commençons le fameux travail, mais qui ne sera pas fait à temps voulu, à part cela, rien de nouveau.

Mardi, 11 mars 1919

Nous recevons 3 jeunes, et Galichet est libéré, Ribalt est évacué et Loirat parti au chemin de fer (*).

A part cela, rien de nouveau.

 

(*) : Benjamin LOIRAT et effectivement affecté aux chemins de fer français, c’est indiqué sur sa fiche matriculaire.

Mercredi, 12 mars 1919

Rien de nouveau.

Jeudi, 13 mars 1919

Rien de nouveau.

Le soir, nous apprenons notre départ pour Niederlahnstein demain.

Vendredi, 14 mars 1919

Départ à 8 heures, environ 6 kilomètres. Je trouve un lit, mais moins bien qu'à Braubach.

Samedi, 15 mars 1919

Rien de nouveau, sauf que je retourne à Braubach chercher du bois.

Dimanche, 16 mars 1919

Repos, rien de nouveau.

Lundi, 17 mars 1919

Rien de nouveau.

Mardi, 18 mars 1919

Rien de nouveau.

Mercredi, 19 mars 1919

Bruits de départ.

Nous irions relever le 77ème sur la rive gauche du Rhin la semaine prochaine. A part cela, rien de nouveau.

Jeudi, 20 mars 1919

Legoff part à Mayenne pour y être opéré dans le nez. A part cela, rien de nouveau.

Vendredi, 21 mars 1919

Rien de nouveau.

Il nous arrive 400 mètres de planches et grande dissension politique avec le Lieutenant Grimaud.

Samedi, 22 mars 1919

Rien de nouveau.

Dimanche, 23 mars 1919

Je vais faire une balade à Braubach. Rien de neuf.

Lundi, 24 mars 1919

Rien de nouveau, travail.

Mardi, 25 mars 1919

Rien de nouveau.

Mercredi, 26 mars 1919

Rien de nouveau.

Jeudi, 27 mars 1919

Rien de nouveau.

Vendredi, 28 mars 1919

Rien de nouveau.

Samedi, 29 mars 1919

Le matin, nous allons à l'infirmerie pour être vaccinés contre la fièvre.

Aussi, le soir qu'est-ce que nous prenons avec cette saleté-là, bande de vaches, ils ne cesseront jamais de nous embêter que le jour où nous pourrons leur dire merde.

Aussi, vivement ce jour tant désiré.

Dimanche, 30 mars 1919

Ce matin, ça va un peu mieux qu'hier soir, mais impossible de remuer le bras gauche encore.

Aussi, la semaine va en dépendre. Je n'en fais pas une secousse et leur garde un petit chien de ma chienne à ces buveurs de sang.

Lundi, 31 mars 1919

Rien de nouveau, sauf que nous sommes toujours embêtés dans ce métier-là et que l'on veut nous faire coucher dans les cantonnements et nous défendre de coucher chez les civils.

Quelle bande de vaches quand même, la jalousie de nous voir aussi bien qu'eux. Vivement que nous les fassions balayer les rues comme font les Russes. Ils ne seront pas contents avant, ces brigands.

Si j'ai des enfants un jour, je saurai leur faire l'école contre ces vaches et ces bandits-là.

Mardi, 1er avril 1919

Rien de nouveau.

Mercredi, 2 avril 1919

Le matin, j'ai une crise avec Consienne et au moins, je lui dis la vérité.

A la fin, il s'en va dans une colère en me promettant 8 jours de prison et la cassation, ce qui me fait plaisir car au moins je ne serai plus embêté par ces brutes, le seul nom que je peux leur donner, c'est surtout celui-là.

Jeudi, 3 avril 1919

La brute ne m'a porté que 8 jours de consigne, huit jours plus vieux et un bon souvenir de lui pour la vie.

Aussi, qu'il passe un jour chez moi et qu'il ait besoin de quelque chose, il sera servi tout de suite.

 

L'après-midi, Grimaud vient et veut me peloter un peu. Je lui fais une engueulade aussi à lui, tout ce qu'il y a de bien et à la fin il s'en va disant qu'il n'y a pas moyen de s'entendre.

Ils sont tous les mêmes et se valent bien là-dedans.

Vendredi, 4 avril 1919

Rien de nouveau pour aujourd'hui.

Samedi, 5 avril 1919

Rien de nouveau.

Dimanche, 6 avril 1919

Repos, rien de nouveau.

Lundi, 7 avril 1919

Rien de nouveau.

Mardi, 8 avril 1919

Il y a une crise encore avec le commandant et cette fois, tout le monde y passe, lieutenant, adjudant et moi. Aussi, je n'ai pas l'occasion de me défendre. Sitôt que je veux dire un mot (Taisez-vous, vous n'avez rien à dire), voilà la réflexion de ces vaches. Enfin, la crise n'a pas de suites.

A part cela, rien de neuf.

Mercredi, 9 avril 1919

Rien de nouveau.

Jeudi, 10 avril 1919

Rien de nouveau. Philippe rentre pour travailler ici, suite à la dernière crise.

Vendredi, 11 avril 1919

Le matin, nous allons faire une manœuvre à 8 kilomètres. Nous y passons la journée et ne rentrons que le soir à 7 heures. Encore une grande connerie de plus aujourd'hui, mais il en est fait que de celles-là au régiment.

Samedi, 12 avril 1919

Legoff rentre de perme et les hommes ne veulent pas travailler aujourd'hui. Aussi, ça va très mal et j'ai bien peur d'une très grande crise pour ces jours encore. Quel métier de purée. Aussi, quand donc en sortirons-nous de ce métier de voleurs et d'assassins.

Dimanche, 13 avril 1919

Toute la journée, il tombe de l'eau. Aussi, je ne sors pas beaucoup de ma chambre.

A part cela, rien de nouveau pour aujourd'hui. Beaucoup de tuyaux au sujet de la libération et pas beaucoup de réel, je crois encore.

Lundi, 14 avril 1919

Le matin, les serruriers et le charron retournent à Braubach travailler. La question est liquidée cette fois et ils se sont aperçus de leur grande bêtise tout de même. A part cela, rien de nouveau.

Mardi, 15 avril 1919

Rien de nouveau.

Mercredi, 16 avril 1919

Rien de nouveau.

Jeudi, 17 avril 1919

Je vais faire un tour à Braubach par le train. A part cela, rien de nouveau.

Vendredi, 18 avril 1919

Rien de nouveau.

Les civils ne travaillent pas ici ce jour-là et se reposent tous. C'est vrai que question religion, ils sont beaucoup plus pratiquants qu'en France.

Samedi, 19 avril 1919

Rien de nouveau.

Dimanche, 20 avril 1919 Pâques

Rien de nouveau.

Lundi, 21 avril 1919

Rien de nouveau.

Mardi, 22 avril 1919

Rien de nouveau.

Mercredi, 23 avril 1919

Rien de nouveau. Théo va travailler avec Brossard à Braubach.

Jeudi, 24 avril 1919

Rien de nouveau.

Vendredi, 25 avril 1919

Rien de nouveau.

Samedi, 26 avril 1919

Rien de nouveau.

Dimanche, 27 avril 1919

 (Jean Marie) Legoff, (Théodore) RÉthorÉ et Brossard partent en perme demain. A part cela, rien de nouveau, sauf que nous allons quitter le pays du 3 au 7.

Lundi, 28 avril 1919

Rien de nouveau.

Mardi, 29 avril 1919

Rien de nouveau.

Mercredi, 30 avril 1919

Rien de nouveau.

Jeudi,  1er mai 1919

Rien de nouveau, sauf que les ouvriers ne travaillent pas aujourd'hui ici et fêtent le 1er mai.

Vendredi, 2 mai 1919

Rien de nouveau.

Samedi,  3 mai 1919

Le matin, nous prenons le train pour Osterspai pour travailler au génie faire un champ de courses. Encore une belle blague de plus à l'actif de l'armée française. Les civils sont défiants ici et à toute peine si nous pouvons trouver où coucher, et le pays est assez moche.

Dimanche, 4 mai 1919

Repos, rien de nouveau, sauf une permission de Neuves qui passe la matinée et s'en va faire 20 kilomètres retour par le Rhin en bateau ce soir.

Lundi, 5 mai 1919

Nous passons à la C. M. 3  pour la nourriture. (*)

Pas de travail aujourd'hui, le matériel faisant défaut.

 

(*) : 3e compagnie de mitrailleuses.

Mardi, 6 mai 1919

J'ai trouvé une chambre pour moi seul et j'espère bien y coucher plusieurs nuits tranquilles. Nous travaillons toute la journée au champ de courses.

Mercredi, 7 mai 1919

Rien de nouveau, sauf que nous passons en subsistance au 77ème demain matin.

Jeudi, 8 mai 1919

Rien de nouveau.

Vendredi, 9 mai 1919

Je vais me balader l'après-midi à Boppard sur l'autre côté du Rhin, le pays est assez gentil.

Samedi, 10 mai 1919

Rien de nouveau.

Le travail n'étant pas fini, nous travaillons demain matin et devons rejoindre le régiment lundi.

Dimanche, 11 mai 1919

Nous travaillons le matin et l'après-midi nous restons à la fête.

Lundi, 12 mai 1919

Nous prenons le train à Boppard pour arriver à Simmern à 5 heures du soir et j'ai toutes les peines du monde à trouver un lit. A la fin, je trouve dans une maison bourgeoise. Je suis très bien, mais le fils de la maison couche dans la même pièce.

Mardi, 13 mai 1919

Rien de neuf, le pays est assez gentil. Repos.

Mercredi, 14 mai 1919

Rien de nouveau, Lafond part en permission demain matin.

Jeudi, 15 mai 1919

Rien de nouveau. Prise d'armes pour changer le drapeau.

Vendredi, 16 mai 1919

Rien de nouveau. Drillet rentre de Boppard.

Samedi, 17 mai 1919

Rien de nouveau, passe l'après-midi à la pêche.

Dimanche, 18 mai 1919

Rien de nouveau, passe l'après-midi à la pêche et mangeons la friture sur le bord de la rivière.

Lundi, 19 mai 1919

Rien de nouveau, pas de permission pour le 20, c'est la purée.

Mardi, 20 mai 1919

Rien de nouveau.

Mercredi, 21 mai 1919

Rien de nouveau.

Jeudi, 22 mai 1919

Rien de nouveau.

Vendredi, 23 mai 1919

Alerte.

Nous recevons l'ordre de nous tenir prêts à partir pour demain pour aller à Sankt Goar en position, prêts en cas que les boches ne signeraient pas les préliminaires de paix. Quelle vie que ce métier et quand donc en verrons-nous la fin.

Aussi, il faut dire adieu à la perme, du moins pour le moment.

Samedi, 24 mai 1919

Contre-ordre. Nous ne partons que dans 3 jours à présent.

Dimanche, 25 mai 1919

Je prends la garde à midi jusqu'à demain, même heure.

Lundi, 26 mai 1919

Il devait y avoir des permissions demain et elles sont encore arrêtées. A la fin il y a où devenir fou dans ce voleur de métier. Demain, nous partons pour Sankt Goar à 5 heures.

Mardi, 27 mai 1919

Il y a contre-ordre et je pars en perme.

Arrive au pays le 30 au soir jusqu'au 24 juin, départ et rejoins le régiment en Allemagne, débarque le 27 juin à Sankt Goar, couche à l'hôtel et reprends le train le 27 au matin et rejoins le régiment à Lautert, petit pays près de la zone neutre.

Samedi, 28 juin 1919

Rien de nouveau, grand cafard en attendant la signature de la paix.

Dimanche, 29 juin 1919

Nous apprenons la signature et nous devons partir demain pour Saint Goar, à l'autre côté du Rhin.

Lundi, 30 juin 1919

Départ à 3 heures.

Nous arrivons à Saint-Goar à 7 heures et y passons la journée, garde du drapeau.

Mardi, 1er juillet 1919

Départ à 4 heures 20 pour Simmern.

Nous y arrivons à 11 heures. Marche sans sacs de 20 kilomètres. Aussi, la fatigue est grande. Je reprends mon ancien plumard en arrivant.

Mercredi, 2 juillet 1919

J'ai passé une bonne nuit. Nous reprenons le travail. Réparation des voitures.

Jeudi, 3 juillet 1919

Rien de nouveau.

Vendredi, 4 juillet 1919

Rien de nouveau.

Samedi, 5 juillet 1919

Rien de nouveau. Drillet arrive de perme et attrape 15 jours de prison.

Dimanche, 6 juillet 1919

L'après-midi à la pêche, 3 livres de poisson. A part cela, rien de nouveau.

Lundi, 7 juillet 1919

L'après-midi à la pêche, 3 livres. A part cela, rien de nouveau.

Mardi, 8 juillet 1919

Rien de nouveau.

Mercredi, 9 juillet 1919

Rien de nouveau.

Jeudi, 10 juillet 1919

Rien de nouveau.

Vendredi, 11 juillet 1919

Rien de nouveau.

Samedi, 12 juillet 1919

Rien de nouveau.

Dimanche, 13 juillet 1919

Le soir, retraite, cinéma et bal, mais il fait mauvais temps.

Lundi, 14 juillet 1919

Rien de bien nouveau pour le 14 juillet, courses l'après-midi et le soir feu d'artifice. Brossard est parti pour la vie civile ce matin. A part cela, rien de nouveau.

Le soir, il tombe de l'eau. Aussi, la fête est à moitié perdue.

Mardi, 15 juillet 1919

Rien de nouveau, sauf que Théo rentre à l'ambulance sans être malade beaucoup.

Mercredi, 16 juillet 1919

Rien de nouveau.

Jeudi, 17 juillet 1919

Rien de nouveau.

Vendredi, 18 juillet 1919

Fête en l'honneur de je ne sais trop quoi. Aussi, j'en profite pour aller à la pêche et reviens avec 2 livres de poisson. A part cela, rien de nouveau pour aujourd'hui.

Samedi, 19 juillet 1919

Rien de nouveau. (Théodore) RÉthorÉ sort de l'ambulance ce matin.

Dimanche, 20 juillet 1919

Rien de nouveau.

Lundi, 21 juillet 1919

Rien de nouveau, sauf que (Jean) Loiseau reçoit sa demande de sursis.

Mardi, 22 juillet 1919

Rien de nouveau.

Mercredi, 23 juillet 1919

Rien de nouveau.

Jeudi, 24 juillet 1919

Rien de nouveau.

Vendredi, 25 juillet 1919

Rien de nouveau.

Samedi, 26 juillet 1919

Rien de nouveau.

Dimanche, 27 juillet 1919

Rien de nouveau, à la pêche l'après-midi et le soir au cinéma.

Lundi, 28 juillet 1919

Legoff rentre avec nous pour se faire soigner à l'infirmerie pour le nez. A part cela, rien de neuf. La fuite approche heureusement, car plus ça va, plus j'en ai marre de ce métier-là.

Mardi, 29 juillet 1919

Rien de nouveau.

Mercredi, 30 juillet 1919

Rien de nouveau.

Jeudi, 31 juillet 1919

Rien de nouveau.

Vendredi, 1er août 1919

Rien de nouveau.

Samedi, 2 août 1919

Rien de nouveau.

Dimanche, 3 août 1919

Rien de nouveau.

Lundi, 4 août 1919

Rien de nouveau.

Mardi, 5 août 1919

Rien de nouveau.

Mercredi, 6 août 1919

Rien de nouveau.

Jeudi, 7 août 1919

Rien de nouveau, à la pêche.

Vendredi, 8 août 1919

Rien de nouveau.

Samedi, 9 août 1919

Rien de nouveau.

Dimanche, 10 août 1919

Rien de nouveau.

Lundi, 11 août 1919

Fais un voyage à Boppard avec Legoff faire les provisions pour le prochain départ.

Mardi, 12 août 1919

Rien de nouveau, à la pêche.

Mercredi, 13 août 1919

A la visite le matin, vu petit frère (*) pour le départ ce soir.

 

(*) : Josette nous précise :

« Durant cette guerre deux évènements ont surtout marqué mon grand-père : voir un de ses camarades fusillé devant ses yeux et le refus de permission pour aller enterrer son frère Louis, mort d'une mort atroce: il a été écrasé entre les tampons du train en essayant d'accrocher deux wagons. Il surveillait la maintenance des essieux et des voies.

Louis était l'aîné. Le second frère était Jean Rochereau, il est mort en 1929 et était "visiteur du chemin de fer de l'état"

Le 3ème était Aimé et est mort en 1910 d'appendicite

Mon grand-père était donc le cadet et quand il parle de son petit frère Jean, c'est peut-être un signe de tendresse. C'était le seul qui lui restait. »

 

 

 

- Fin des écrits –

 

Henri ROCHEREAU est donc resté sous les armes presque 7 ans, d’octobre 1912 à août 1919. Il est décédé le 22/11/1975, à 84 ans.

 

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