Mise à jour : Mars 2022
Henri ROCHEREAU au 135e régiment d’infanterie.
On distingue les insignes de sapeur (les haches), de bon tireur
(le cor de chasse) et de grenadier (la grenade)
Josette nous
dit :
« J'ai eu 2 grands-pères qui, chacun
à leur façon, ont laissé des commentaires sur cette déplorable guerre. Le
premier (Henri ROCHEREAU) a noté minutieusement le déroulement de la guerre
jour par jour dans ses trois carnets et le second a envoyé tous les jours une
ou plusieurs cartes postales à ses parents (plus de 1800 cartes !).
J'ai tout retranscrit pour mes enfants et
petits-enfants parce que ce sont deux visions très différentes de la
guerre (l'une anti-militariste au bout d'un an de
guerre et l'autre patriotique à l'extrême et ce pratiquement jusqu'au bout). Je
pense que ces souffrances de jeunes gens de cette époque pourront peut-être
faire réfléchir certains sur leur vie. »
Henri ROCHEREAU
est né à Issé (44) en mars 1891. Il est incorporé pour son service militaire,
pour trois ans, en 1912 au 135e régiment d’infanterie. Déclaré à cette date
« manœuvre aux chemin de fer », il devient logiquement
« sapeur » dans ce régiment. Les sapeurs font partie de la compagnie
hors rang (CHR). La CHR intègre des hommes non-combattants (en théorie) et qui
assurent des postes tel que cuisiniers, bouchers, conducteurs, cyclistes,
artificiers, téléphonistes, télégraphistes, secrétaires, bourreliers, maréchaux-ferrants,
vétérinaires, brancardiers, musique du régiment, garde du drapeau, pionniers et
bien sûr les sapeurs.
Le 135e
régiment d’infanterie est le régiment d’Angers. Il fait partie de la 18e
division d’infanterie qui comprend la 35e brigade d’infanterie (32e et 66e
régiments d’infanterie), la 36e brigade d’infanterie (77e et 135e régiments
d’infanterie) et le 33e régiment d’artillerie de campagne. Ces régiments seront
souvent cités dans les écrits d’Henri.
En janvier
1917, le 135e régiment d’infanterie fera partie de la 152e division
d’infanterie.
Merci à Josette
pour les carnets de son grand-père et à Philippe S. pour la vérification du
récit et le temps passé sur certaines recherches pour retrouver efficacement
des soldats nommés dans le texte.
Nota :
Ce récit peut
être mis en relation avec deux autres témoignages de soldats du même
régiment :
Marcel JAILLET,
sergent au 135e régiment d’infanterie : Ici.
Lieutenant-colonel Georges GRAUX
des 135e et 60e régiments d’infanterie : Ici.
Extrait du carnet de guerre d’Henri ROCHEREAU au 135e régiment
d’infanterie.
Décembre 1918
Ajouté
volontairement pour une meilleure recherche
1915 : Artois –
Belgique – Artois - Somme
1916 : Artois – Verdun
- Somme
1918 : Oise –
Aisne - Allemagne
En cas de mort, prière de remettre ce
carnet à Monsieur Rochereau à La Briandais, Issé, Loire Inférieure)
Commencé le 2 août 1914, 1er jour de
la mobilisation
(Erreur
de jour, le 2 août était un dimanche)
Nous nous mettons en tenue de
campagne pour être prêts à partir. Nous quittons la caserne pour aller au
collège St-Julien à 6 heures.
De là je me rends chez M. Bridel porter mes effets personnels.
Nous sommes toujours au collège. Je
vais recevoir les réservistes à la caserne. Je bois un bon coup avec les
copains d’Issé. J'ai la visite de Bridel
qui me remet 20 francs.
L’erreur
de date a été corrigée.
Nous finissons nos préparatifs pour
partir le soir.
Nous avons la présentation du drapeau
au régiment sur la place Saint-Serge. C'est touchant, il y a là beaucoup de
monde et surtout beaucoup de pleurs.
Nous prenons le train à la gare
Saint-Lô à 7 heures sans savoir pour quelle destination.
Nous passons à Saumur et Orléans
croyant se diriger sur Paris. Nous passons par Montargis et Toul pour descendre
à Sexey-aux-Forges pas trop fatigués.
Nous sommes assez bien reçus. Les
habitants ne s'en font pas de trop, il y a eu 48 heures de chemin de fer.
Saint-Nicolas-de-Port, beau petit
pays, très bien reçus.
Départ à 5 heures par un beau temps.
Nous allons coucher à
Saint-Nicolas-de-Port, beau petit pays, très bien reçus.
Nous sommes en cantonnement d'alerte
toute la journée. On entend très bien le canon.
La journée se passe sans changement.
La nuit a été calme.
Nous recevons l'ordre de partir à la
gauche de l'armée de l'Est. On va coucher à Fléville-devant-Nancy,
mauvais pays. Nous couchons chez l'adjoint qui nous dit que c'est notre métier
de se faire tuer.
Nous partons de Fléville
à 5 heures du matin.
On passe à Nancy. Là on nous donne de
tout à boire, cigarettes et même de l'argent. On nous donne des médailles
aussi. Il fait une grande chaleur.
Aussi, il reste beaucoup de monde sur
la route, au moins 4 à 500 qui tombent par la chaleur. Nous arrivons à Millery
à 15 km de Nancy, à 5 heures exténués.
On part le matin.
On fait environ 3 km et on prend la
position de combat dans une plaine. On entend la fusillade et nous faisons un
abri pour le colonel.
Nous passons la nuit à la belle
étoile. C’est la première fois que nous couchons dehors.
La nuit a été calme. Nous n'avons pas
eu trop froid pendant la nuit.
Nous sommes en réserve et continuons
notre abri.
Toujours la même chose en réserve de
l’armée.
Pas de changement.
Nous entendons le canon toute la
journée. Sur la droite d’après nos officiers il y a une grande bataille.
Nous voyons 4 prisonniers. Un
bataillon tire un cheval prussien, mais le cavalier réussit à se sauver.
C’était un officier.
On fait la manille à la santé des
boches.
Le soir on revient coucher à Millery.
Nous retournons au même endroit que
la veille. Il n'y a rien de changé.
Si cela continue, la guerre ne sera
pas dure pour nous, le 135.
Le matin nous pensions retourner au
même endroit que la veille, mais comme il pleut, nous restons à Millery, sauf
une compagnie qui va prendre les avant-postes.
Nous retournons dans le même endroit.
Comme il est tombé de la flotte, il
faut recommencer l'abri au colonel.
A 10 heures on reçoit l'ordre de se
porter en avant. Nous passons à Moivrons et, à Sivry,
à 5 km de la frontière, on reçoit l'ordre de faire demi-tour.
On vient coucher à Belleau. Le bruit
court que nous partons pour la Belgique.
Réveil à 5 heures, départ à 6 heures
pour Nancy, 16 km environ.
Nous prenons le train à 6 heures du
soir pour la frontière belge.
Dans la nuit, nous passons à Toul,
Commercy, Saint-Mihiel et nous débarquons à Sedan. Nous nous dirigeons sur la
frontière. Nous passons à Floing et nous allons
coucher à St-Menges.
La bière est bonne et le tabac pas
cher.
Réveil à 4 heures, départ à 6 h.
Nous arrivons à la frontière belge à
8 heures. Nous sommes reçus à bras ouverts par les Belges. C’est là que l’on
voit la culture du tabac et les allumettes ne sont pas chères non plus. On en a
12 fois autant qu'en France pour le même prix.
Nous passons à Alle
et allons coucher à Chairière, beau petit pays.
Le 65ème est devant nous.
Réveil à 4 heures. Nous ne partons
qu’à 8 heures. Le canon tonne toute la journée. On fait environ 15 kilomètres
et nous couchons à Bièvre, petit pays.
Je crois que ça va mal, la terreur
des boches règne dans le pays. Tout le monde déménage.
La nuit a été assez calme.
Les Prussiens ont mis le feu dans
deux villages. Le canon tonne au loin. Aussi les civils font vite à déménager.
Je crois qu’il y a eu une grande bataille hier et aujourd’hui cela commence
bien.
Pour cela, à 6 heures, on fait une
manille, mais il faut bientôt laisser les cartes pour aller danser une danse
nouvelle avec les boches. Nous allons le long d’une petite maison dans une
ancienne carrière et là, les balles et les obus commencent à rappliquer dans
une demi-heure.
Ce n’est plus qu’une pluie de
mitraille.
Nous tenons les Prussiens en échec
pendant 4 heures, mais n’étant pas en force, nous battons en retraite et c’est
le commencement de la débâcle. Ça tombe comme des mouches sous les balles et
les obus. Aussi, quand on fait un rassemblement à 5 km en arrière, il manque la
moitié du régiment, Bièvre est en plein feu. C’est épouvantable !
Nous sommes tous sains et saufs dans
les sapeurs. C’est une veine, car ça sifflait de tous côtés. Sur les 15 que
nous étions d’Issé, nous ne sommes plus que 7 de reste. Il manque Bridel, Bredin, Rousseau,
Chailleux, Morel et Richard, Bachelier
lui est blessé. (*)
Nous battons en retraite jusqu’au 77
et là, nous retournons chercher le colonel qui est blessé. (**)
Nous ramassons trois voitures, le
colonel s'en revient sur son cheval. Il y a 2 commandants de blessés, dont un
gravement. La moitié des officiers sont tués ou blessés. A l’appel il manque
1250 hommes aussi. (***)
C’est se faire massacrer sur place.
Dans la retraite nous passons par
Bellefontaine où nous ramassons les blessés qui ont pu venir jusque-là. On les
emmène jusqu’à Monceau, mais pendant ce temps, le régiment marche. Nous partons
à la suite après avoir retrouvé nos sacs et nos fusils.
On fait la grande halte à Monceau.
Nous ne restons que 8 sur 12 des
sapeurs. Les autres n'en peuvent plus. Nous demandons tout le long du chemin
par où est passé le régiment. Nous passons à Orchimont
et le rejoignons à Vresse et Laforêt,
mais sitôt nous recevons l’ordre d’aller à Sugny pour coucher.
Nous y arrivons à 11 heures exténués
de fatigue.
(*) :
- Hyacinthe Marie BRIDEL a été fait prisonnier ce jour
selon sa fiche
matriculaire.
- Pierre BREDIN, soldat de 24 ans, mort pour la
France le 23 août 1914 à Bièvre (Belgique). Son corps n’a pas été retrouvé. Voir
sa fiche.
- Joseph Marie Émile ROUSSEAU est natif de Moisdon (même
canton qu’Issé) annoncé disparu ce jour et en fait prisonnier selon sa fiche
matriculaire.
- CHAILLEUX : Il doit s’agir de Jean Marie
Mathurin CHAILLEUX d’Issé classe 1910 au 135e, selon sa fiche
matriculaire, mort de suites de blessures le 24 septembre 1914 à
l’hôpital de Meiningen (Allemagne, donc blessé probablement ce 23 août et fait
prisonnier):
- Pierre Marie MOREL d’Issé au 135e RI a été fait
prisonnier ce jour selon sa fiche
matriculaire.
- Alphonse RICHARD, soldat de 21 ans, mort pour la France
le 23 août 1914 à Bièvre (Belgique). Son corps n’a pas été retrouvé. .Voir
sa fiche.
- Henri Jean Marie Louis François
BACHELIER, le
seul d’Issé au 135e RI. Sa fiche
matriculaire indique sa blessure mais le 9 septembre 1914 à
Fère-Champenoise Le plus probable est que ce soldat n’a été que légèrement
blessé par balle à la main le 23 août et, étant en pleine retraite, est juste
passé se faire panser au Poste de Secours (ce qui n’apparait pas dans les
fiches matriculaires) puis, la blessure ne s’arrangeant pas, est allé à
l’ambulance/hôpital le 9 septembre à la fin de la retraite.
(**) : Le colonel DE BAZELAIRE est blessé à la tête par
éclat d’obus. Il sera remplacé par le lieutenant-colonel GRAUX le 29 août. Lire
ici ses lettres
envoyées à sa femme.
(***) : Le régiment perd environ 1500 hommes tués,
blessés et disparus au cours de la bataille de Bièvre (hist.), dont 326 tués.
On repart le matin à 4 heures.
Nous marchons toujours en arrière.
Nous passons à Pussemange, Gernelle,
St-Laurent et nous arrivons à Mézières. Tout le long de la route, nous trouvons
les troupes noires. Ils ont l'air méchants, gare aux boches s’ils les
rencontrent.
Nous allons coucher à Charleville.
Il est 11 heures du soir, nous sommes
vannés, mais très bien reçus et couchés aussi.
Réveil à 4 heures.
On fait 2 kilomètres et on prend la
position de combat. Nous sommes en réserve
de l’armée pour nous reformer.
Le champ d’aviation est tout près.
Nous assistons au départ de plus de 30 avions en 3 heures.
A midi, nous repartons en arrière et
nous allons coucher à Bogny, à 15 kilomètres de Charleville. Les Noirs sont
avec nous, ils ne sont plus guère nombreux.
Réveil à 4 heures.
Nous tournons un peu vers l’Ouest à
environ 4 km de Bogny. Nous avons comme
général Dumas en place de Lefèvre qui est de reste dans l'Est.
Nous allons coucher à Bolmont.
Réveil à 4 heures, départ à 4h20.
Nous marchons sous une pluie
torrentielle jusque dans un bois, à Hardoncelle. Nous tournons vers la droite.
Le canon tonne
pas loin de nous. Les boches reçoivent des marrons chauds.
Nous nous arrêtons après avoir passé Thin-le-Moutier. Le 77ème passe le 25ème Dragons, le 8ème
et le 5ème Cuirassiers, le 33ème et le 20ème d'artillerie et la section des
infirmiers qui s’établissent près de nous.
Nous allons coucher à La
Fosse-à-l'Eau.
Réveil en sursaut par le clairon. Il
y a alerte.
Nous partons directement sur l’ennemi
qui se trouve devant Mezières. Nous prenons la position de combat après avoir
passé par Raillicourt et Guignicourt.
Là, nous assistons au bombardement de
Mézières à environ 10 kilomètres.
A 8 heures le bombardement n’a pas
cessé. On vient coucher à Guignicourt.
Réveil à 2 heures. Alerte.
L’ennemi cherche à nous tourner vers
le nord. On est obligé de le devancer.
On fait au moins 40 kilomètres à
travers champs et nous arrivons à Faux. On y couche.
Nous sommes à la gauche de l'armée et
l’ennemi est tout près, peut-être à 5 kilomètres.
Réveil à 3 heures, c'est assez calme.
On va prendre position de combat tout
près du bourg et là, nous attendons les boches.
A 7 heures la bataille commence.
C’est terrible de part et d’autre surtout pour l'artillerie. L’ennemi est forcé
de se replier, mais les renforts lui viennent et pas à nous.
Il est midi, le colonel fait déployer
le drapeau pour aller à la charge et nous dit :
« Mes
enfants, êtes-vous prêts à mourir pour la patrie ? »
Tout le monde répond :
« Oui,
mon Colonel »
« Alors,
celui qui en reviendra pourra se
souvenir du 30 août : à midi, le drapeau a été déployé face à
l'ennemi »
Mais n’étant pas assez, le colonel
nous commande de battre en retraite.
Nous rentrons, à peu près 200 hommes
faisant face à l'ennemi. Il fait une chaleur qui étouffe aussi.
Dans la retraite, nous perdons
beaucoup d'hommes par la chaleur et les balles. Tout le monde jette sacs et
fusils pour mieux se sauver.
Nous rencontrons une section de
Zouaves avec un lieutenant qui, aussi eux, battent en retraite à notre droite.
Ils nous donnent la main pour emporter notre drapeau. Notre lieutenant n’en
peut plus. Une partie reste avec lui derrière et nous sommes 3 volontaires pour suivre le drapeau avec les Zouaves. Nous
avons gardé nos sacs tous les trois, mais nous sommes les seuls.
La journée est terrible.
Nous nous replions toujours.
Nous arrivons à Givry et on va
coucher à Seuil. Nous y arrivons à 10 heures du soir.
C’est un dimanche. On ne se bat que
le dimanche.
(*) : Le régiment perd environ 1100 hommes tués,
blessés et disparus au cours de la bataille de Faux (hist.).
Réveil à 5 heures.
On fait environ 25 km vers le sud.
Nous arrêtons dans un grand bois et attendons l’ennemi. Le combat commence vers
4 heures du soir. On fait un abri dans le bois pour le colonel et nous y
passons la nuit qui est assez calme.
Les boches font la bombe dans le pays
pas loin. Nous les entendons très bien chanter.
On se lève vers 5 heures. Tout est
calme.
A 6 heures le combat reprend de plus
belle. Je crois que nous allons encore être obligés de déménager car les chefs
et les hommes sont peu nombreux. Nous sommes pas très
loin de Reims.
Toute la journée, le combat continue
sans changement, mais les boches n’avancent pas.
Vers 5 heures l'artillerie ennemie
tonne de plus belle et nous oblige à nous replier sur Epoye.
Nous y arrivons à 2 heures le
lendemain matin. Tout le long de la route on aperçoit les pays des environs qui
sont en plein feu. C’est navrant.
Je fais le jus en arrivant et me
couche à trois heures.
Réveil à 5 heures.
Entre 6 et 7, le 93 de la
Roche-sur-Yon et le 137 de Fontenay passent. Je vois plusieurs gars d'Issé,
dont Devy et deux gars Blais qui me disent que Grimeau est blessé du 137 et je parle
aussi à Delaunay du 93. C'est le
seul que je vois au 93.
(*)
Nous partons à 7 heures.
Nous passons à Berru et
Nogent-l’Abbesse, deux forts qui gardent Reims. C’est environ à dix kilomètres
de la ville.
Nous allons coucher à Sillery.
(*) :
- DEVY doit être Marcel Emile Henri DEVY
du 137e RI. Voir sa fiche
matriculaire.
- BLAIS : il n’y en avait pas d’Issé
étant aux armées au 137e ou au 93e (d’ailleurs, les appelant « 2
gars », Henri ne devait pas les connaître). Par contre, il y en avait 2 de
Loire Atlantique au 137e, tous 2 du canton de Bouaye (Louis Pierre BLAIS classe
1909 (voir sa fiche
matriculaire) et Edmond François Henri BLAIS classe 1910 (voir sa fiche
matriculaire).
- GRIMEAU : il s’agit très probablement
de Jean Baptiste Marie Clément GRIMAUD,
classe 1911, habitant Issé et blessé à la jambe le 27 août 1914 (il sera tué devant
Tahure le 7 octobre 1915). Voir sa fiche
matriculaire.
Un autre soldat GRIMAUD d’Issé a été tué au 137e RI mais
étant de la classe 1915, il n’avait été incorporé que le 15 décembre 1914.
- DELAUNAY : il pourrait s’agir de Louis
Marie DELAUNAY du 93e RI, habitant Issé (il sera porté disparu le 25 septembre
1915). Voir sa fiche
matriculaire.
Réveil à deux heures, départ au
quart. Nous passons à Verzy et nous arrêtons à Ambonnay.
En route le 77ème a descendu un avion
boche. Il y a eu un tué et l’autre prisonnier.
Le soir, nous recevons 1700 hommes
pour combler les vides.
Réveil à 3 heures.
On fait 8 kilomètres sans pause et
après on s’en enfile 18 autres sans s’arrêter. Nous arrivons à Villeneuve.
C’était pour que le Génie fasse sauter les ponts avant que les boches arrivent.
Il est 10 heures, on couche à
Villeneuve.
Réveil à 3 heures et départ sitôt. On
fait 18 km et on prend la position de combat dans un champ.
Le soir, on va pour coucher à Morains. Mais les boches étant trop près, on va jusqu'à Ecury-le-Repos et après à Vert-la-Gravelle.
En arrivant il y a une patrouille
boche. Nous la chassons et y couchons.
A 3 heures nous partons prendre
position à 1 kilomètre.
A 5 heures la bataille est engagée.
A 10 heures, les boches nous forcent
à battre en retraite. Nous nous replions sur la ligne du 77ème à Bannes. Nous y
arrivons en bon ordre. On nous fait faire une halte, mais sitôt arrêtés, les
obus pleuvent sur nous, c'est encore un dimanche. Nous sommes forcés de
continuer à battre en retraite plus loin.
Arrivés dans un bois, nous recevons
l’ordre de reprendre l’offensive. Nous prenons position près du Mont-Août (1km au sud de Broussy-le-Grand) et nous assistons à la débâcle du
77ème.
Nous passons la nuit dans les bois.
On se réveille à moitié gelés. Le canon tonne pas loin. La journée se passe sans incidents
pour nous.
Nous couchons au même endroit.
Le canon a tonné toute la nuit. Il
n'y a pas de changement.
Le matin, à 7 heures, nous recevons
l’ordre d'aller renforcer les régiments qui sont en ligne. On fait à peine un
kilomètre et là, on nous dit de revenir en arrière. Nous reprenons nos places
et nous assitons au bombardement.
Dans la soirée nous partons en avant,
soutenus par une formidable artillerie. On couche dans les bois, on y gèle car
il est tombé de l'eau.
Nous mangeons nos biscuits. C'est le
3ème jour que nous n'avons rien touché à manger.
On se réveille à moitié gelés.
On fait environ 3 kilomètres. Arrivés
sur une petite crête à la lisière du bois, les boches nous reçoivent à bras
ouverts avec leurs canons et leurs mitrailleuses. C'est pire qu'une faucheuse.
Nous nous replions par les bois.
C'est épouvantable, tellement nous perdons de
bonshommes, tous nos officiers sont tués ou blessés. Il ne reste plus qu’un
capitaine pour commander le régiment. Nous avons eu notre capitaine tué, le
colonel blessé et le dernier commandant qui restait est tué aussi. (*)
Lui, Pierre Blandin, a été blessé dans une fesse par une balle, mais sa
blessure n’est pas dangereuse. Il ne veut pas se faire évacuer. (**)
Nous nous replions à 6 kilomètres en
arrière. La faim se fait sentir. Nous arrachons des pommes de terre dans les
champs pour les manger. C’est tout ce que nous avons.
A 6 heures du soir, nous recevons
l'ordre de repartir en avant. Personne ne peut marcher. Nous marchons toute la
nuit. On fait environ 20 km dans la direction de l’ennemi, mais cette fois, les
boches, on ne les voit pas.
(*) : Le 9
septembre au matin, violente canonnade ; le régiment est engagé
côte 166 (nord de Fère-Champenoise) et bientôt le combat devient très
meurtrier. L’artillerie se démasque subitement, prenant les mitrailleuses
d’enfilade. Le lieutenant-colonel GRAUX et son adjoint le capitaine PONS sont
blessés et fait prisonniers. Tous les chefs de bataillons sont morts ou
blessés. C’est le capitaine SANCERET qui commande le régiment.
Le colonel GRAUX parvient à regagner les lignes
françaises la nuit suivante (D’après les notes de Marcelle, sa fille, il a la
plèvre transpercée et 3 côtes cassées. Son père aurait revêtu un uniforme allemand
pour s’enfuir de la zone allemande puis l’a abandonné avant de regagner les
lignes françaises. Le port d’un uniforme ennemi est considéré comme un acte de
traîtrise à l’époque.).
Le colonel GRAUX est soigné et prendra le tête du 60e régiment d’infanterie en décembre 1914. Le 12 janvier 1915, le Colonel GRAUX est mort
à Crouy (02), lors de l’éboulement de la grotte où
était installé le PC du régiment, provoqué par un obus de 210 allemand.
Le capitaine PONS est mort quelques heures après sa
blessure.
Le commandant tué est le
commandant NOBLET.
(**) : Pierre BLANDIN
sera de nouveau blessé le 28 septembre.
Le matin, au jour, nous arrivons
devant Morin-Le-Grand (*)
où nous retrouvons l'arrière-garde boche.
Le terrain est rempli de cadavres,
boches et Français. Les boches qui restent ne résistent pas longtemps.
Le
soir, nous couchons à Morin. Il ne reste pas une maison. Tout
est détruit. Il ne reste que les murs des maisons. Le bourg est jonché de
cadavres et de blessés. Ça infecte, tellement il y en a, et pourtant il y a
déjà bien des fosses de pleines que les boches ont remplies.
Aussi, nous couchons à la belle
étoile. Nous touchons tout de même du pain. Il est temps, c'est le 5ème jour
que nous n'avons rien à manger. L'odeur n'est pas bien bonne car il reste
beaucoup de morts qui ne sont pas enterrés.
(*) : Morains-le-Grand n’existe pas. Le JMO indique Morains-le-Petit,
nom qui apparait sur certaines cartes EM mais pas sur d’autres qui ne mentionnent que Morains tout court. Cependant, il y avait à proximité 2
fermes l’une appelée La Petite Ferme et l’autre La Grosse Ferme ;
peut-être s’agit-il de cette dernière
Au petit jour, nous partons en avant.
Nous marchons à travers champs pendant longtemps. C’est très fatigant.
Nous passons à Villeneuve, puis nous
traversons un bois pour aller coucher à Jalons. La troupe n'a pas souffert de
trop par l'ennemi.
Réveil à 4 heures.
Nous allons faire cuire notre viande
dans un champ près du bourg, car nous n’avons pas pu le faire depuis 5 jours.
Pendant ce temps, le génie fait un
pont sur la Marne, car les boches ont fait sauter l’autre. Nous partons et
passons sur la Marne à Condé-sur-Marne.
On va jusqu’aux Grandes-Loges sous
une pluie battante. Nous sommes très fatigués.
Le matin au petit jour, nous nous
réveillons assez dispos et nous reprenons la marche en avant sans rien trouver
sur la route que les morts ou leur trace. L’ennemi fuit toujours.
Nous passons à Mourmelon près du camp
de Chalons, mais à peine avons nous fait 4 kilomètres que nous rencontrons les
boches. Comme il fait noir, nous restons sur place.
Un bataillon prend les avant-postes
et nous allons coucher à Sept-Saulx, à environ 2 kms.
Réveil à 5 heures.
Nous reprenons la marche par un fort
brouillard. Nous marchons jusqu’à Prosnes, mais arrivés là, le brouillard se
dissipe et les boches qui sont retranchés nous reçoivent par une pluie de
mitraille. Nous sommes forcés de rester dans les bois, sous les obus.
On se replie un peu en arrière,
l'artillerie ennemie fait du ravage chez nous et le régiment bat en retraite en
partie et vient se reformer sous les bois, entre Prosnes et Mourmelon.
Nous marchons un peu dans les bois,
mais l'artillerie ennemie nous aperçoit et nous force à nous replier. Nous
sommes à peu près 300 avec un capitaine. Il nous emmène pour coucher à Sept
Saulx, mais sitôt arrivés, on nous donne l'ordre de retourner en soutien
d'artillerie dans les bois à l'entrée de Prosnes.
On s'égare et finalement nous arrivons au but. Tout le
monde se couche au premier endroit venu, tout le monde est éreinté.
Le reste du régiment tient dans un
ravin à Prosnes. (*)
(*) : La CHR (dont les sapeurs) et l’état-major du
régiment sont à Prosnes, tous les autres soldats sont dans les tranchées au
nord de Prosnes.
On se réveille à moitié gelés.
Nous partons pour rejoindre le régiment
à Prosnes, mais à la sortie du bois qui se trouve sur une hauteur, l'artillerie
ennemie nous aperçoit et nous envoie une pluie d'obus qui met tout le monde en
fuite vers le bois.
Nous restons avec le drapeau, tapis
comme des lapins près des tas de gerbes et on réussit en se faufilant un par un
à rejoindre le régiment qui se trouve dans le ravin qui est à 500 mètres plus
loin.
L'artillerie tire toujours mais ne
nous fait pas de mal. Nous y restons jusqu'au soir. Nous allons pour coucher au
patelin. On fait la soupe, mais les boches ne nous donnent pas le temps de la
manger. Nous recevons une pluie d'obus, suivie par une attaque d'infanterie.
De tous côtés, on reçoit l'ordre de
se replier avec le drapeau.
Nous allons jusqu'aux lignes du 291.
La pluie tombe toujours et nous sommes obligés de coucher dans le bois, le long
d'un sapin
Au petit jour nous retournons dans le
ravin de la veille.
Toute la journée le canon tonne, mais
rien ne bouge.
La nuit a été assez calme.
Au jour, la bataille recommence de
plus belle. On cherche à avancer, mais l’ennemi est tellement bien retranché
qu'il nous force à nous retirer. Aussi, avons-nous beaucoup souffert dans
l'attaque. Nous restons dans le ravin et y couchons.
Il y a beaucoup de malades par la
diarrhée. C’est surtout le mauvais temps qui en est cause. Moi-même, je
l'attrape. J'en souffre beaucoup. J'ai la fièvre avec.
C’est toujours la même chose. Le
canon tonne, mais les boches sont si bien placés que c’est impossible de les
déloger d'où ils ont fait des abris avec des branches et de la paille. Nous y
couchons.
Rien de changé.
Le canon tonne mais nous sommes
tous terrés et il ne fait pas grand mal.
Ils tirent tous mal.
Toute la nuit la fusillade n'a cessé,
mais rien ne bouge. Au contraire, tout le monde se terre. Ce n’est que
mitraille de part et d’autre.
Toujours la même chose.
Le canon tonne du matin au soir et
nous sommes comme des renards dans leur terrier. Personne n'ose bouger. C’est
la vraie vie de sauvage.
A la tombée de la nuit, nous allons
en corvée déblayer la route et boucher les trous d’obus. La bourgade est
démolie, les maisons sont toutes en ruine, l’église est démolie et les gens qui
restent, sont dans les caves et n’osent pas en sortir, tellement ça tombe, la
mitraille.
Dans la nuit, nous avons une fausse
alerte.
Nous sommes restés dans notre terrier
et la journée se passe comme les autres.
C’est toujours le même refrain sauf
que le canon tonne un peu moins que les autres jours.
Dans la nuit on se fait canarder,
mais sans résultat. La journée est assez calme.
La journée se passe comme les autres
sans trop souffrir de l'artillerie.
Dans la journée nous attaquons et
nous avons beaucoup de pertes surtout en tués.
Les boches font une contre-attaque le
matin. La journée est dure.
Le soir nous recevons l’ordre de nous
replier sur Sept-Saulx avec le drapeau. Le manque de cartouches nous force à en
venir à la baïonnette.
(*)
Dans la nuit c’est une mêlée
épouvantable. On va dans une ferme un peu en arrière et là nous faisons le
ravitaillement en cartouches pour les 1ères lignes.
(*) : Rappelons ici qu’Henri ROCHEREAU est à la
compagnie hors rang (la CHR à la garde le drapeau), donc « moins »
exposé que les soldats des bataillons. Quand il dit « nous force à en
venir à la baïonnette » le « nous » c’est le régiment.
La bataille continue toujours.
Vers midi, il y a un peu plus de calme. Le combat a duré 43
heures sans rien avoir de gagné d'un côté ni de l'autre. C’est là que Pierre Blandin est grièvement blessé ainsi que
Lepage, et Papion est tué. (*)
Il y a au moins 200 tués du 135 et
les boches en ont encore davantage. (**)
Nous avons reçu le choc de 5
régiments prussiens. Sans bouger nous avons fait 4 prisonniers.
(*) :
- Pierre BLANDIN : 1 seul soldat du 135e RI du
nom de Pierre BLANDIN est mort en 1914, à l’hôpital de Moulins le 2 octobre de
suites de blessure de guerre ; il s’agit très probablement de lui (sa fiche
matriculaire ne donne pas la date de sa blessure)
- LEPAGE : Le seul soldat sur toute la
guerre du nom de LEPAGE tué au 135e RI l’a été le 30 août 1914, ce n’est donc
pas lui.
- Louis PAPION, 22 ans, mort
pour la France à Prosnes (51) le 27 septembre 1914. Voir
sa fiche.
(**) : 247 tués du 135e régiment d’infanterie sont
listés sur mémoire de hommes en 48 heures.
Dans la journée, nous portons des
cartouches. Il vient une marmite boche sur la ferme qui blesse un des
secrétaires.
Le soir, nous retournons dans le
ravin car nous sommes repérés. Dans la ferme, on fait une corvée à chercher du
fil de fer et des outils pour les premières lignes et nous couchons dans le
ravin.
Ce matin, rien de changé. Nous allons
en corvée chercher des outils et des cartouches pour les hommes qui sont aux
tranchées.
Le canon tonne toujours.
Toujours la même chose.
On va ramasser les armes et les
équipements qui sont dans les tranchées et sur le terrain. Les boches nous
tirent dessus sans nous faire de mal.
Dans la journée, nous recevons 800
hommes du dépôt qui viennent combler les vides. On est forcé de leur céder
notre place pour aller coucher dans les caves de Prosnes.
Nous y sommes très bien.
La journée se passe à peu près bien.
Le soir nous sommes relevés par le
68ème et on va au repos à Sept-Saulx. Il est temps. Nous avons passé trois
semaines dans les tranchées.
La journée de repos si bien méritée
se passe très bien, mais je crois que nous n'y serons pas longtemps.
Deuxième journée de repos.
J’apprends par Pichot qui est passé aux mitrailleurs
que nous ne restons plus que trois d'Issé.
(*) : PICHOT : Le seul de ce nom au 135e RI et
habitant Issé est Donatien Rogatien
PICHOT classe 1911 ; Voir sa fiche
matriculaire. Il survivra à la guerre.
Troisième journée de repos. Nous
passons une revue par notre nouveau capitaine et colonel.
Le soir, nous allons relever le 90 qui
est devant Thuizy. On couche dans les tranchées. Elles
sont assez bien.
La journée est assez calme.
Le soir nous recevons une trentaine
d’obus sans faire de mal.
Je prends le planton à la brigade.
La journée est assez tranquille.
Dans l’après-midi nous avons des
canons du 90 pour démolir les tranchées. Ils tirent une vingtaine de coups qui
nous en amènent au moins 100 des Prussiens.
Mais la moitié n’éclate pas. Aussi,
ils ne font rien.
La journée se passe assez bien. Nous
ne recevons pas trop d’obus.
Le soir, on va relever le 114, un peu
à gauche.
Le matin on se réveille dans un bois.
Les tranchées sont très bien faites,
mais les balles et les obus tombent à foison.
C’est toujours la même chose. On
creuse un trou pour mettre les cartouches à l’abri.
Dans la journée on se met à faire un
puits. Faut croire que la guerre n’est pas finie.
Le soir on est relevés par le 77ème
et on va au repos à Thuizy.
La journée de repos se passe assez
bien. Je vois Louis Aubin et GuinnÉ qui sont au 77ème. (*)
Ils me disent qu’il en manque
beaucoup d’Issé chez eux aussi.
(*)
(*) :
- AUBIN : Il s’agit de Louis François
Jean Marie AUBIN classe 1910 d’Issé, le seul de ce nom au 77e RI. Il survivra à
la guerre. Voir sa fiche
matriculaire.
- GUINNÉ : Il n’y a pas de GUINNÉ au
recrutement de Loire Atlantique. Le seul nom approchant au 77e RI est Eugène
Marie Joseph GUINÉ mais il était de Savenay et non d’Issé (Voir sa fiche
matriculaire). Aucun GuinÉ ou
GuinnÉ n’est listé sur le
monument aux morts d’Issé.
Le monument
aux morts d’Issé listera après la guerre près d’une centaine de nom de
morts pour la France de ce « petit » village.
Toujours au repos.
Rien à signaler.
Rien à signaler.
Toujours au repos.
Rien à signaler.
Dans la journée, le bruit court que
nous allons partir dans le Nord.
(*)
Toujours à Thuizy.
(*) : Ils vont partir pour la Belgique.
Pas de changement. Le bruit court
toujours.
Le soir, on apprend que l’on va aller
demain à Villers-Marmery.
Départ à 5 heures du matin. On va à
Villers-Marmery.
Le bruit court toujours que nous
allons embarquer pour le Nord.
Dans la journée nous passons en revue
par le colonel et le soir on va prendre le train à Mourmelon-le-Petit.
On embarque à minuit.
Nous sommes mal à l'aise dans le
train. On se dirige sur Paris. Nous passons à Amiens et par la ligne de
ceinture à Paris d’où on reprend la ligne du Nord.
Nous arrivons à Hazebrouck à 3 heures
de l’après-midi.
Nous descendons et aussitôt on monte
en autobus. On va jusqu’à Ypres en Belgique et nous y couchons.
La ville est très belle. C’est un peu
plus grand que Chateaubriand (*),
mais bien plus riche.
: Chateaubriand est la « grande » ville à côté
d’Issé, village natal d’Henri.
Réveil à 5 heures.
Nous nous dirigeons sur l’ennemi qui
ne doit pas être loin, car le canon tonne. On fait la grande halte à la sortie
de la ville et vers midi on repart en avant. Nous trouvons l’ennemi à 3 heures.
La fusillade et le canon font rage.
Le soir, nous couchons près d’une
motte de paille, en plein champ.
Toute la nuit le combat n’a pas cessé
de part et d’autre. La journée se prépare bien. La même chose.
Nous avançons de 1 kilomètre à peu
près. Nous prenons une crête. C’est vraiment admirable de voir les soldats
monter à l’assaut de cette crête. Mais aussi c’est terrible à voir par le
ravage aussi. (*)
Nous couchons dans une maison à
Zonnebeke. La journée a été terrible.
(*) : Les pertes sont d’environ 800 hommes tués, blessé
et pour la plupart disparus. (Hist.)
La nuit a été assez calme. Le colonel
nous envoie ramasser les outils de restés en arrière. Dans les tranchées, le
feu recommence de plus belle si bien que nous ne pouvons rejoindre notre
lieutenant. On arrête dans une maison et on attend le soir pour rejoindre les
autres. Les balles sifflent de tous côtés.
On couche dans les tranchées.
Toute la nuit, la fusillade n'a pas
cessé sur notre gauche. Nous avons entendu une charge à la baïonnette. Ce
matin, ça tonne de plus belle. Notre colonel est tué et le général de brigade a
été blessé. C'est épouvantable, il ne va pas en rester.
(*) : Lieutenant-colonel Pierre Marie Louis Anne MAURY,
46 ans, mort pour la France le 26 octobre 1914 à Zonnebeck.
Voir
sa fiche.
Il est remplacé par le commandant MARIANI du 77e
régiment d’infanterie, remplacé lui-même par le commandant COLLIARD, venant du
dépôt du 135e régiment d’infanterie et tué quelques jours plus tard. Remplacé à
nouveau par le commandant MARIANI.
Curieusement la
seule page illisible du journal de la 18e division d’infanterie est ce
jour-là !!! On nous cache des choses ? Et le JMO de la brigade :
mots raturés ???
Selon le JMO de la 36e brigade, la 36e BI était commandée
par le colonel Eon jusqu’au 26 octobre au matin lorsqu’il fut blessé par un
obus ainsi que 2 officiers de son EM (dont le capitaine de la Tailles qui
reviendra le 14 novembre). La brigade est après commandée par le colonel Lestoquoi qui commandait le 77e RI. Le colonel Maury
commandant du 135e RI a été tué le même jour mais dans la soirée.
C'est toujours la même chose.
C'est une véritable boucherie.
Aucun changement, au contraire.
L'ennemi redouble de fureur, mais ne
peut avancer et nous non plus.
Le combat ne cesse pas de la journée.
Il n'y a que la nuit qu'il cesse un peu, mais au réveil, il reprend, tous les jours de plus en plus violent.
Triste commencement de mois et triste
jour de la Toussaint car le combat n'arrête pas un instant de la journée.
(*) : Le 1er novembre 1914 est un dimanche (31 jours en
octobre) : décalage du jour de la semaine sur tout novembre et sur tout
décembre.
Je crois que les boches profitent de
ce triste jour car ils préparent une attaque qui ne réussit pas, mais qui nous
coûte beaucoup de monde. Ils nous font une compagnie prisonnière.
Le renfort nous vient. On lui cède
notre place et l'on s'en va avec le drapeau dans un château à Zonnebeke. Les
maisons sont en ruines ainsi que l'église.
C'est toujours aussi terrible. C'est
même intenable.
Notre gauche a avancé un peu.
C'est toujours la même chose. Je
crois qu'ils ne vont pas laisser une maison debout dans le patelin.
Tout le monde travaille sous la
mitraille à faire des tranchées. Nous avons perdu 7 à 800 morts ou blessés.
Les retranchements continuent
toujours. La fusillade et le canon ont cessé un peu.
Rien de changé dans la situation.
Nous sommes assez bien au château et on est encore un peu à l'abri et surtout
bien couchés.
Rien de changé.
Il arrive un détachement d'étrangers
avec un commandant qui vient pour commander le régiment. (*)
(*) : Il s’agit du commandant-major COLLIARD qui prends
effectivement le commandement du 135e régiment d’infanterie.
Rien à signaler.
Rien à signaler.
Rien de nouveau.
Rien de nouveau.
On est toujours au château.
Dans la soirée, les boches préparent
une attaque qui leur réussit. Ils font un tiers du régiment prisonnier.
Heureusement qu'il vient du renfort,
mais nous avons perdu une tranchée. (*)
(*) : La 36e brigade d’infanterie (77e et 135e
régiments) reçoit en renfort 2 bataillons du 92e régiment d’infanterie qui se
lancent aussitôt à l’assaut. Ces 2 bataillons enregistrent de très nombreuses
pertes dont leur colonel (Charles KNOLL) et une dizaine d’officiers. (JMO 36e
BI)
La journée se passe comme les autres,
sans attaque.
Le matin, à 5 heures, il vient 3
marmites sur le château, elles démolissent une aile et blessent le cuisinier du
colonel au cou. (*)
(*) : Il s’agit très certainement du colonel commandant
la 36e brigade, car le 135e régiment d’infanterie (qui compte en cette date
environ 850 hommes au lieu de plus de 3000) est commandé par le Commandant
COLLIARD
Rien à signaler.
Cette nuit, il est tombé une marmite
sur une maison près du château. Il y a eu 9 morts et 12 blessés. J'étais de
garde. (*)
Aussi, je me suis ramassé en vitesse
dans la maison.
(*) : La nuit du 17 au 18 : le JMO 36e BI annonce
18 tués et 9 blessés le 18 novembre à 0h10.
Rien de nouveau aujourd'hui.
Les obus tombent toujours aux
environs du château. Il y en a un qui m'est passé bien près du cou. J'en suis
tombé par le déplacement d'air.
On s'en va en 2ème ligne avec repos
pour 48 heures.
Le matin, nous partons au repos
complet à Vlamertinge pour 48 heures, c'est à 12
kilomètres de Zonnebeke.
Le repos est bien gagné et nous en
profitons avec plaisir.
(*) : Du 24 octobre au 21 novembre 1914, le régiment a perdu 2308 hommes (dont 44
officiers) tués, blessés et disparus (source hist. du 135e RI). Il reçoit le 22
novembre 685 hommes, dont 415 jeunes soldats.
Le matin, rien de nouveau.
A 9 heures, alerte. Nous passons en
revue par notre nouveau colonel (*)
et nous partons pour les 1ères lignes.
Nous couchons avec le drapeau tout
près d'Ypres, dans une ferme.
(*) : Lieutenant-colonel AUDIAT-THIRY, il vient de la 4e
division de cavalerie.
Nous partons par le brouillard dans
un château à 2 kilomètres avec le colonel. Le château est très bien. Il n'a pas
trop souffert encore. Il s'appelle Hooge et le propriétaire est un marquis.
Rien de nouveau.
On couche dans la cave car il vient
quelques sifflants et comme il y a beaucoup d'ouvertures, ils ne demandent pas
la permission pour rentrer.
La fusillade n'est pas si forte. Ça
va à peu près.
Rien à signaler.
Rien d'anormal.
Rien de changé sur les positions. On
doit être relevés ce soir ou dans la nuit.
Nous partons au repos à Vlamertinge pour 48 heures.
Nous sommes assez bien au repos.
Nous partons aux tranchées à 9
heures. Je vois Jean Cadorel qui
est au 6ème génie. (*)
On ne va qu'à Ypres dans une école et
on y couche.
(*) : Jean Louis
CADOREL : Est-ce lui ? Il n’était pas au 6e génie, mais
originaire du même village d’Henri. Étant classé au service auxiliaire, peut-être
a-t-il été employé dans le 6e génie (Philippe a
parcouru tous ceux recrutés en Loire Atlantique sans trouver mieux…)
Le matin, on s'en va à la brigade
raccommoder le blocos du général et le soir on
revient à l'école de la Bienfaisance.
Le matin, nous partons pour les 1ères
lignes.
On va près du château d'Hooge dans
les maisons.
Nous sommes toujours assez bien
logés. Les obus ne viennent pas de trop, mais les balles ne manquent pas.
Rien à signaler.
Nous devons être relevés par le 77
cette nuit.
Nous partons à 4 heures pour aller au
repos à Vlamertinge.
Repos.
On s'en retourne à Ypres dans un
couvent de sœurs. Elles sont encore 4 à 5 dedans.
On repart pour Hooge prendre les
1ères lignes.
Rien à signaler.
Il y a une petite attaque sur notre
droite, mais elle ne dure pas longtemps. Le 75 les met bien vite au repos.
Rien à signaler.
Les boches sont réveillés au son du
canon. Pendant 45 minutes, sur 2 kilomètres de long, on a envoyé 5000 obus. Je
crois que les boches trouvent cela plutôt fade dans leur café, mais l'attaque
ne réussit pas très bien.
Nous recommençons ce matin encore,
mais les boches s'en méfient. Ils ont prévu notre attaque qui ne réussit pas. Les
pertes sont égales.
Rien à signaler.
Rien à signaler.
Rien à signaler.
Rien à signaler.
Nous sommes relevés et on va au repos
à Vlamertinge.
Repos.
Je vois le gars Rousseau le jeune. (*)
Il suit le peloton des sous-officiers
au 77ème à Vlamertinge.
(*) : . Il pourrait s’agir de Ferdinand Marcel ROUSSEAU,
classe 1914 (d’où « le jeune »), le seul du 77e RI habitant Moisdon
(même canton qu’Issé). Il était passé caporal le 5 novembre 1914 (d’où son
suivit fin décembre au peloton des sous-off)
Retour aux tranchées. Tout est calme.
Rien à signaler.
Cette nuit, j'ai été à la messe de
minuit au château et aussi, on fait réveillon pour de bon car j'attrape une
bonne cuite.
Dans la journée, on travaille à faire
un abri au colonel et j'ai un de mes camarades blessé, RÉthorÉ. (*)
C'est le premier sapeur de blessé
depuis le début de la guerre. Je l'ai échappé belle moi aussi.
(*) : Théodore
Anatole Émile RÉTHORÉ sera nommé très souvent par Henri ROCHEREAU.
Maçon à ses 20 ans, affecté
donc logiquement comme sapeur au 135e régiment d’infanterie, né et habitant à
Cholet, il est effectivement blessé le 25 décembre 1914, blessure à la joue et
au nez par éclat d’obus.
Il sera soigné dans un hôpital et reviendra combattre
d’ici quelques mois. Plusieurs fois cité pour bravoure, nous en reparlerons
plus loin dans le texte.
Rien à signaler.
Rien à signaler.
Rien de neuf. Je monte des pétards
pour les lancer aux boches dans les tranchées de 1ères lignes.
Rien à signaler. Tout est tranquille.
Rien à signaler.
(*) : Dernier jour du décalage du jour de la semaine (le
30 est bien un mercredi). Le décalage est uniquement les 2 et 3 août ainsi que
tout novembre et tout décembre jusqu’au 29 inclus
Rien à signaler.
Durant le premier semestre de la guerre, le régiment a
changé 10 fois de chef de corps et perdu près de 6.000 hommes et 90 officiers
Le matin, nous partons au repos à
Ypres.
Repos. On est assez bien en ville.
Repos.
Nous retournons au même emplacement.
Il n'y a rien de changé pendant notre absence.
Rien à signaler.
Rien de changé dans la situation.
Les civils ayant reçu l'ordre de s'en
aller, on est obligés d'user de la force et de les charger en voiture avec leur
mobilier.
Rien de neuf.
Le matin, on est obligés de laisser
notre maison au 32ème. On trouve des réservoirs à eau. On s'y installe dans le
milieu d'un champ. On fait une cheminée qui nous tombe sur les pieds. On la
recommence, mais nous sommes obligés d'y mettre des appuis.
On finit de s'installer dans nos
nouveaux appartements.
Rien à signaler.
Rien à signaler.
Rien de nouveau, sauf que les boches
ne nous laissent pas si tranquilles depuis que les civils sont partis du
village.
Nous recevons toujours quelques sifflants
et aussi des marmites.
Toujours la même chose. Dans la nuit,
les boches ont flanqué une maison par terre. Il y a eu un blessé. Ça ne devient
pas franc à Hooge.
Nous partons au repos à Ypres. C'est
assez calme ce matin. Nous devons y passer 4 jours.
Nous recevons deux sapeurs nouveaux
en remplacement des deux évacués.
Repos.
Les boches canardent toujours la
ville qui s'en va en ruines.
Repos toujours. Rien de nouveau pour
aujourd'hui.
Lundi, 18 janvier 1915
Repos complet. Nous devons partir
dans la nuit pour les 1ères lignes.
Nous partons pour Hooge à 5 heures.
La journée se passe assez bien. Nous ne sommes pas beaucoup canardés.
Journée très calme. Nous sommes assez
tranquilles.
Le matin, les boches se mettent en
devoir de canarder la route d'Ypres à Menen. Ils y réussissent et envoient un
obus sur la brigade qui tue le général et 4 hommes et en blesse 4 autres. (*)
A part cela, la journée est assez
calme.
(*) : Il s’agit du colonel Joseph Marie CHAULET, commandant de la 35e brigade d’infanterie. Voir
sa fiche.
- Sergent Edmond
GIRAULT. Voir
sa fiche.
- Auguste Louis
LELION. Voir
sa fiche.
- Émile Olivier
MASSON. Voir
sa fiche.
Rien à signaler. Quelques obus qui
viennent pas loin mais ne font pas de mal, heureusement.
La journée a été terrible, surtout
l'après-midi. Nous avons reçu plusieurs obus sur Hooge et les environs.
Dans la soirée, ils ont envoyé une
rafale sur les maisons. Il y a eu 5 blessés, dont nos deux nouveaux sapeurs et
deux du 77ème. Moi, j'ai mangé un tas de betteraves, pas loin avec la tremblotte.
Toute la nuit, ils nous ont canardé,
mais sans nous faire de mal.
Le matin, on reçoit l'ordre d'évacuer
Hooge. On va dans une ferme, à un kilomètre, qui n'est pas encore trop
bombardée. La journée se passe assez bien.
Le soir, je vais aux distributions et
je me trouve avec un gars AliX (*) de La Beaubressais et un gars Blais
de La Brosse. (**)
On parle un peu du pays, mais on ne
connaît tous que de mauvaises nouvelles.
(*) : Clément
ALIX. Le prénom sera cité plus loin dans le récit.
(**) : La Beaubressais et
La Brosse : 2 fermes à côté d’Issé (44).
Recherches de Philippe pour retrouver le « gars
BLAIS » :
Au recensement d’Issé de 1911 :
- il n’y avait pas à La Brosse de famille Blais mais 2
familles : Ménard et Leblais (dont le fils Alfred
Théophile Marie était né en 1885, mais étant incorporé au 64e RI selon sa FM il
était à cette date dans la Somme et non en Belgique).
- par contre, il y avait un Alexis BLAIS habitant Coëtreux
(500m de La Brosse) classe 1911 mais bien qu’indiqué né à Issé au recensement,
je ne l’ai pas retrouvé ni dans l’état civil ni au recrutement de Loire
Atlantique. Comme il était domestique et que je n’ai pas non plus retrouvé sa
FM dans le 44 ni dans les départements limitrophes 35, 49 et 85, il devait venir
d’un autre département (j’ai bien retrouvé un Alexis BLAIS classe 1911 n° 726
au recrutement de Rennes, né dans le 44 pas très loin d’Issé mais mort le 4
mars 1915 alors qu’Henri le rencontrera encore le 1er avril.)
La seule possibilité selon moi est Pierre Marie BLAIS classe 1911 qui
était de Tréffieux (~5km de La Brosse) : après
être passé au 135e RI, il était au 9e ETEM, ce qui aurait permis à Henri de
déjà le connaître puis de le retrouver en allant à la distribution. Voir
sa fiche matriculaire.
Nous restons toujours à la ferme en
demi-repos.
La journée est assez calme.
Nous passons la journée à la ferme.
Nous devions retourner à Hooge le soir mais le village est tellement bombardé
qu'on nous envoie au train de combat en arrière à Potyze.
C'est une chance car le gourbi où
nous couchions dans la prairie est démoli. Il ne reste plus rien du village.
Nous sommes très bien à La Potyze.
On couche dans une buvette. Il y a
encore des civils, même de jolies femmes.
La journée se passe très bien à La
Potyze. Je monte des pétards pour les tranchées.
(Baptiste)
Charrier est malade. Il a 39
de fièvre. Il rentre à l'infirmerie.
Rien de neuf ce matin.
Charrier
ne va pas mieux. Je crois qu'il va être évacué. (*)
(*) : Baptiste
CHARRIER part à l’hôpital de Rosendaël (59).
Peintre en bâtiment dans le civil, il a déjà été réformé temporaire pour
« faiblesse générale » en 1911.
Rien de bien nouveau ce matin. (Baptiste) Charrier
est évacué.
Les bruits courent que les Anglais
vont bientôt nous relever. Il est temps que le régiment prenne un peu de repos.
Rien de nouveau, sauf que le régiment devait venir au repos à Ypres cette nuit et il est
resté en 1ère ligne.
Ce matin, nous partons au repos avec
le régiment à Ypres.
Nous allons toujours au même endroit
qu'à l'habitude.
La journée se passe assez bien.
Le soir, il arrive un détachement
d'Anglais qui relève les régiments de notre droite. Ce sont de nouvelles
recrues.
Rien à signaler de neuf, sauf que les
Anglais arrivent en masse. Je crois qu'il se prépare un grand coup dans le
Nord.
Toujours la même chose. Nous passons
une revue sur la place d'Ypres avec la musique qui a reçu des instruments car
les siens sont chez les boches.
A part cela, tout est tranquille. Il
y a beaucoup d'Anglais à Ypres.
Le soir, il y a un concert près de
l'église Saint-Thomas.
Le matin, à 6 heures, nous retournons
au même endroit à La Potyze où nous étions.
Le régiment est en 1ère ligne. Les
boches ont mis le feu au château d'Hooge cette nuit. Il ne reste que les murs.
C'est là que devait être le poste du commandement du régiment.
Il n'y a rien de changé ce matin. Il
y a eu une échauffourée avec les Anglais et les boches à droite du régiment
cette nuit, mais pas bien longtemps.
Les résultats ne sont pas connus. Je
crois qu'il n'y a pas grand-chose.
Rien de nouveau.
Le soir, la ville reçoit plusieurs
obus.
C'est toujours la même chose. Les
boches réussissent à mettre le feu à un magasin de munitions anglais.
La journée est calme, à part cela.
Le matin, nous partons pour aller
rejoindre le colonel. Il est à la ferme de Bellewarde.
Nous y passons la journée.
Le colonel étant malade, il vient à
l'infirmerie. Nous revenons à La Potyze par de beaux chemins. On y va jusqu'à
mi-jambe dans la vase.
Nous reprenons notre ancien travail
par une belle journée. Il fait un temps superbe.
Rien de nouveau.
Le colonel est toujours à
l'infirmerie et nous à La Potyze.
Rien à signaler. C'est assez calme.
Les boches nous ont envoyé quelques obus
pas loin et il tombe beaucoup d'eau.
Journée calme.
La pluie a tombé toute la nuit et ne
cesse pas de la journée avec un grand vent.
Le soir, le canon tonne. Il y a une
grande fusillade à notre droite chez les Anglais. Chez nous, c'est calme.
Rien de nouveau ce matin.
On dit que les Anglais ont marché 5
fois à la baïonnette et qu'ils auraient gagné une tranchée.
Chez nous, il n'y a rien de neuf.
Tout est calme aujourd'hui.
J'ai pris le planton chez le colonel
qui est à l'infirmerie. Il va un peu mieux. A part cela, rien de neuf. Les
tantes reçoivent la pilule par nos 75.
La journée est assez calme.
Le régiment a été relevé par le 77ème
ce matin. Il est au repos à Ypres, mais nous restons à Potyze.
Rien de nouveau ce matin.
A midi, on reçoit l'ordre de s'en
aller avec le colonel à Ypres au repos. Tout se passe bien.
On n'entend pas beaucoup le canon
aujourd'hui.
Ce matin, le réveil a été à 5 heures,
mais nous avons eu une triste sortie. Nous avons été assister à la dégradation
de 3 hommes du régiment qui ont eu 10 ans de détention et un autre qui a été
fusillé devant tout le régiment. (*)
C'est épouvantable : Tué par une
balle ennemie, oui, mais jamais par ses frères d'armes.
(*) :
Il s’agit de Gaston Léon CHEMINEAU, 32 ans, du 135e régiment d’infanterie,
accusé de refus d’obéissance devant l’ennemi et exécuté le 19 février. Voir
sa fiche.
Extrait du JMO du
135e régiment d’infanterie du 18/02/1915
Le
conseil de guerre à lieu à partir de 9 heures le 18 février.
Les
soldats qui seront dégradés, n’ont pas de grade. Il s’agira donc d’une parade
d’exécution. 4 soldats sont accusés de désertion devant l’ennemi. BOUT, BIGARRÉ
prennent 20 ans de détention, DENIAU 5 ans. Il manque un quatrième soldat
déserteur (soldat TAUDON) au 135e régiment d’infanterie.
Il est
nommé le 1e février sur le JMO
de la prévôté de la 18e division d’infanterie et le 16 février les 4 noms
sont cités.
Le 19
février a donc lieu la dégradation des soldats BOUT, BIGARRÉ, DENIAU et
l’exécution de Gaston Léon CHEMINEAU, à Potyze, confirmé par le JMO.
Le
soldat TAUDON, malade, n’a pu subir la dégradation militaire a été évacué
d’urgence sur un hôpital. (JMO
le 19 février).
La journée se passe au repos. Nous
devions relever le 77ème cette nuit, mais nous avons craint une nouvelle
attaque, les boches ayant fait sauter une tranchée devant nos lignes.
A part cela, rien de nouveau.
La journée se passe très bien.
L'attaque n'a pas eu lieu.
Le régiment est reparti hier soir.
Nous avons repris les mêmes emplacements à
La Potyze.
Rien à signaler. Les Anglais arrivent
encore en masse à Ypres. C'est assez calme sur le front.
J'ai vu Rousseau et Philippot. (*)
(*) : Il s’agit sûrement de : Elie Victor Jean Marie Joseph PHILIPPOT habitant Issé et au 9e
ETEM. Voir
sa fiche matriculaire.
ROUSSEAU est probablement « le jeune » déjà rencontré le
22/12 : Ferdinand Marcel ROUSSEAU.
Rien de neuf. Le régiment va au
demi-repos. Nous restons à La Potyze.
Rien de nouveau. Il tombe de la
neige, elle fond à mesure.
Rien à signaler. Beau temps.
Rien à signaler.
Je fais la connaissance de deux gars
du pays, un de Saint-Vincent (-des-Landes) et l'autre de Louisfert.
Ils sont au 66ème.
Le soir, le régiment part en 1ère
ligne.
Rien à signaler.
Il fait un temps superbe aujourd'hui.
Il y a beaucoup d'avions, mais ils se font canarder par les 75.
La journée est très calme. Il fait
une tempête épouvantable.
L'après-midi, il tombe de la neige.
Dans la nuit, les boches canardent Ypres et la Bienfaisance.
Journée très calme. Le temps est
revenu au beau. Rien à signaler sur le front.
Réveil à 4 heures. Nous allons dans
le bois, au-dessus de Hooge faire un gourbi pour le colonel. Les balles et les
obus sifflent. Nous sommes dans l'eau.
Nous repartons le matin de la ferme
de Bellewarde à 5 heures. Nous sommes bombardés toute
la journée. Principalement Hooge reçoit sa part. Nous ne recevons pas trop
d'obus dans notre bois.
Le soir, on vient coucher à Potyze.
Le régiment étant relevé ce matin,
nous abandonnons le travail pour venir à Ypres au repos avec le régiment. La
ville reçoit toujours quelques obus de gros calibre.
La journée est assez calme.
Le soir, j'apprends par une lettre de
(Théodore) RÉthorÉ que notre pauvre camarade Charrier est mort le 8 février à
Dunkerque de la fièvre.
(*)
C'était bien un de mes meilleurs
camarades. (*)
(*) : Baptiste CHARRIER, mort pour la France le 8
février 1915 à Rosendaël (59) de la fièvre thyphoïde. Voir
sa fiche.
Sa sépulture se trouve à la nécropole nationale de
Dunkerque, tombe n° 1562. Si un internaute passe dans ce secteur, une photo
serait bienvenue. Voir sa fiche
matriculaire.
Théodore RÉTHORÉ est, lui, toujours en rétablissement à
l’hôpital.
Rien de nouveau. Le bruit court que
nous allons aller au grand repos 20 jours le 19 du mois.
J'envoie mes condoléances aux parents
de Charrier.
Le matin, nous passons une revue par
le colonel sur la place d'Ypres avec la musique. Il y a une décoration de la
médaille de la légion d'honneur.
Tassin
est rentré à l'infirmerie hier soir. Il a de la fièvre. C'est le 4ème sapeur
depuis Noël. (*)
(*) : Le sapeur Charles
René TASSIN fera toute la guerre au sein du 135e régiment d’infanterie.
Blessé grièvement en septembre, puis en novembre 1916, il sera tué à quelques
jours de l’armistice en octobre 1918 à Essigny-le-Grand (02). Voir
sa fiche matriculaire.
Le matin, nous retournons à Potyze.
Le régiment est parti aux tranchées, en première ligne, dans la nuit. Deux
sapeurs vont travailler à Hooge pour le colonel. Je prends le planton pour
garder le drapeau à l'infirmerie.
Rien à signaler sur le front.
Rien de neuf aujourd'hui sur tout le
front d'Ypres. (Charles) Tassin est évacué aujourd'hui. Il a de
la fièvre.
Rien de nouveau à signaler pour
aujourd'hui. Nous sommes toujours à La Potyze.
Rien à signaler. Le régiment vient en
deuxième ligne au demi-repos.
Le soir, nous restons à Potyze.
Rien de nouveau aujourd'hui.
Le soir, nous recevons deux nouveaux
sapeurs, dont Éverno qui avait
été évacué à Zonnebeke pour la fièvre et un de la classe 8. Il en manque 2
encore.
Rien de nouveau pour aujourd'hui.
Assez beau temps.
Nous recevons un troisième sapeur.
Rien à signaler.
Le régiment retourne aux tranchées ce
soir. Il y a une tranchée que les boches ont fait sauter.
Il y a eu 2 morts.
(*) : Le JMO de la 36e BI relate bien une explosion de
mine mais le 14 septembre matin (5h45). C’est le 77e RI qui était alors en
ligne mais aucune mention de cette mine à son JMO (juste un camouflet). 2 tués
à l’ennemi au 77e à Hooge (qui était l’épicentre des mines) le 14 mars plus 1
au 32e RI (l’inverse le 15 mars).
Rien à signaler. Dubois, le caporal-clairon est évacué
par la fièvre.
Rien à signaler. Le régiment est aux
premières lignes.
Cette nuit, la fusillade était très
forte à notre droite. Les résultats ne sont pas encore connus.
Rien de nouveau pour le moment. Le
bruit court que nous sommes relevés et que nous allons au repos, mais il n'y a
rien de précis encore. Il fait une grande tempête de neige. Il fait très froid.
La journée est calme. Il fait assez
beau temps. Nous devons être relevés ce soir.
Le régiment est relevé.
Nous devions partir ce matin au repos
en arrière, mais nous restons à Ypres pour on ne sait combien de temps. Il fait
très beau. Un beau commencement de printemps.
Rien de changé.
Nous sommes toujours à Ypres. Il fait
très beau temps.
Rien de neuf.
Nous devions partir pour le grand
repos. Il y a contre-ordre. On reste à Ypres pour le moment.
Départ à 9 heures du matin pour le
grand repos. Nous allons jusqu'à Vlamertinge à pied
et nous montons en taxi-autos. Nous passons à Poperinge et à Elverdinge et nous venons débarquer et coucher à Dunkerque.
Nous sommes en France.
Repos sur toute la ligne. Le pays est
tout petit et n'a rien d'attrait.
Repos.
Repos.
Repos. Messe à 8 heures. Nous montons
un hangar pour les peintres pour peindre les voitures du régiment. Quartier
libre à 3 heures jusqu'à 8 heures.
Le matin, nous recevons l'ordre de
partir pour faire de la place à la 17ème division qui est relevée et qui vient
au repos. Nous passons par Wormhout et nous venons coucher à Zegerscappel. On fait environ 15 kilomètres.
Le pays est assez bien quoique tout
petit.
Repos.
Nous recommençons nos hangars et
continuons à peindre.
Toujours le même travail.
Nous avons la musique tous les soirs.
On se croirait plus en guerre, mais plutôt en manœuvre.
Repos le matin.
Nous assistons au passage du 77ème
qui s'en va plus en arrière encore que nous.
Je vois Louis Aubin, Blais de
La Brosse, Durand et Pierre Roul (*) de Sion. Les autres sont évacués.
On est encore 6 au 135ème d'Issé : Pichot, Jean Roul, Marion, AliX, Ploteau
qui est venu du 66ème et moi. On est heureux de pouvoir se retrouver pour
trinquer ensemble et parler un peu du pays.
(*) :
- Louis AUBIN.
Déjà cité, classe 1910 d’Issé. Il survivra à la guerre. Voir sa fiche
matriculaire.
- Pierre Marie
BLAIS, déjà cité le 24 janvier 1915.
- Joseph Marie
DURAND, cultivateur, du 77e RI. Blessé trois fois durant le conflit.
Réformé en octobre 1917 pour « réduction non définitive de l’acuité
visuelle », il survivra au conflit. Voir
sa fiche matriculaire
- Pierre ROUL,
du 77e régiment d’infanterie est natif d’Issé et réside à Sion (44). Il sera
tué en mai 1916 au nord de Verdun. Voir
sa fiche matriculaire.
- Donatien
Rogatien PICHOT classe 1911, déjà cité le 5 octobre 1914.
- Jean ROUL (ROUX ?):
Philippe n’a pas trouvé de Jean ROUL au 135e à cette date ni au recrutement du
44 (et des départements limitrophes 49 et 85) ni au recensement d’Issé en 1911.
Cependant, on apprend le 7 mai 1915 qu’il a été blessé
le 26 avril 1915. Il est alors très fortement probable qu’il s’agisse de Jean Marie ROUX, effectivement d’Issé
(la Doubleraie) au 135e à cette date et blessé le 26
avril 1915. (Lire orthographe sur le carnet original).
Henri en parle d’ailleurs le 16 septembre 1917. Voir
sa fiche matriculaire.
- Jules Marie
MARION, cultivateur d’Issé, classe 1908. Il sera tué le 27 avril 1916 à la
cote 304. Voir
sa fiche matriculaire.
- Clément ALIX,
20 ans, il sera blessé le 28 avril 1915 à Lizernes,
déclaré disparu puis déclaré mort. Voir
sa fiche matriculaire.
- Joseph
Jean-Marie Alexis PLOTEAU habitant Issé classe 1914 arrivé du 66e
RI la semaine précédente (le 25 mars 1915). Il sera blessé le 2 juin 1915
(Henri en parle le 15 juin 1915) mais survivra à la guerre. Voir
sa fiche matriculaire.
Repos sur toute la ligne. Rien de
nouveau pour nous.
Rien de neuf pour aujourd'hui. Repos.
Nous avons la musique tous les soirs.
Le matin, messe à 9 heures et nous
travaillons pour la fête du régiment.
L'après-midi, courses de chevaux et
de mulets et jeux divers.
Le soir, retraite avec la musique.
Nous sommes toujours au repos.
Le soir, nous apprenons que nous
devons partir demain. On se sait où, au juste.
Départ à 6 heures.
Nous faisons environ 24 kilomètres.
On va coucher à Houlle, tout petit pays, mal
construit.
Départ à 8 heures.
Nous passons à 6 kilomètres de
Saint-Omer et on va coucher à Cléty. On fait 26
kilomètres. L'étape est très dure et nous sommes mal couchés.
Nous sommes dans le département du
Pas-de-Calais.
Départ à 6 heures.
Nous passons à Fruges. Nous couchons
à Ruisseauville. Nous avons 26 kilomètres environ.
C'est assez dur.
Départ à 7 heures.
Nous passons par Wail
et nous couchons à Fillièvres, petit pays assez bien.
On couche chez le maçon du pays qui a
une jolie fille.
Nous passons la journée à Fillièvres
au repos. Nous sommes très bien comme cantonnement. Ce sont de braves gens. Le
patron est à la guerre. La journée est superbe. Le pays est assez gai, mais pas
très grand.
Le soir, concert et retraite en
musique. Le bruit court que nous embarquons pour une destination inconnue.
Départ à 6 heures.
On fait environ 18 kilomètres pour
venir coucher à Bouquemaison. C'est assez bien comme patelin.
Repos.
On nous dit que nous sommes en
réserve de la 10ème armée. La 8ème, dont nous faisions partie, n'existe plus.
Il y a déjà 4 jours que nous n'avons pas reçu de
lettres.
Le soir, nous touchons nos lettres et
colis.
(*) : La 8e armée a été supprimée le 4 avril (le général
d’Urbal qui la commandait prendra le commandement de
la 10e armée) et le « détachement d’armée de Belgique » est reconstitué sous le commandement du général Putz.
Nous restons à Bouquemaison. Nous y
sommes très bien pour le moment.
On va à l'exercice pour la première
fois depuis le début de la guerre. Aussi, tout le monde s'en fiche, c'est du
beau.
A l'exercice, toute la journée.
Rien de nouveau pour le moment.
Nous sommes assez heureux.
Malheureusement, cela ne continuera pas longtemps.
Rien de neuf pour aujourd'hui.
Il y a une marche, mais nous n'y
assistons pas. On va voir les jeunes filles.
Messe le matin, à 9 heures en plein
air. Il fait beau temps. Nous avons la visite d'un avion pendant la messe.
L'après-midi, il y a une fête au
77ème à 5 kilomètres, mais comme il faut une perme, je n'en demande pas pour y aller.
Rien de changé.
Nous allons à l'exercice le matin et
le soir, tout près du cantonnement. Nous
avons concert et retraite tous les soirs à 7 heures et l'appel à 8. C'est
vraiment bien doux à côté d'il y a un mois.
Rien de changé.
Le bruit court que nous allons aller
dans les environs d'Arras car la 17ème division y est soi-disant, mais on n'est
pas certain encore. Ce matin, je me fais un effort dans les jambes, en courant,
qui me fait bien souffrir. C'est le commencement des douleurs occasionnées par
la guerre qui se fait sentir.
Gare à 40 ans, ce sera autre chose.
Rien de nouveau pour aujourd'hui.
Nous sommes toujours à Bouquemaison.
Il fait assez beau temps.
Nous sommes en cantonnement d'alerte.
Aussi, ça sent mauvais. On doit se diriger sur Arras, mais ce n'est pas encore
bien certain. Le soir, nous partons à 7 heures. On fait environ 20 kilomètres et on va coucher à Avesnes-le-Comte,
à 15 kilomètres d'Arras.
Nous y arrivons à 11 heures du soir.
Nous restons à Avesnes-le-Comte. Le
pays est assez grand et assez chic, c'est un chef-lieu de canton. Je m'en vais
chez le capitaine Roux (*) le garder car il est
malade et il lui faut un homme pour être en liaison avec lui.
(*) : Le capitaine ROUX commandait la CHR (JMO au 5
avril).
Nous avons la division avec nous
ainsi que la brigade.
Le soir, retraite en musique et le
matin réveil en campagne.
Ce matin, nous devions faire un autel
en plein air pour la messe, mais contrordre. On reçoit l'ordre de se tenir
prêts à embarquer à midi pour aller, je crois en Belgique à la rescousse des
Anglais qui auraient reculé, soi-disant. Toujours est-il que nous embarquons à
midi en autobus.
Nous passons à Hazebrouck et nous
allons un peu en arrière de Dixmude. Ce sont de chez nous qui ont reçu la pile,
mais les boches l'ont payé cher. Je crois qu'il y a eu 30 000 hommes hors de
combat et nous 7 000. (*)
Nous couchons sur la terre en plein
air. Il n'y fait pas chaud.
(*) : Il s’agit de la première attaque au gaz des
Allemands. Elle a eu lieu le 22 avril 1915. Voir
ici.
Le matin, on se réveille à moitié
gelés, mais la troupe ne manque pas. Aussi, je crois que ça va chauffer encore
par ici.
A midi, nous sommes encore au lieu de
débarquement. On part au quart pour la ligne qui n'est pas loin. On arrive à 2
heures et demie en arrière du 418ème et, à 3 heures, l'attaque commence. C'est
une véritable boucherie. Les boches reçoivent une bonne purge et reculent au
moins de 2 kilomètres.
On fait plusieurs prisonniers et nous
n'avons pas trop de pertes dans le 135 : 128 hommes, dont le capitaine MadAULE, tué, aux mitrailleuses. (*)
Le soir, on reçoit l'ordre de se
porter en arrière avec le drapeau au poste de secours à Watten,
petit pays.
Nous y passons la nuit.
(*) : Le JMO comptabilise : 17 tués, 130 blessés et
9 disparus soit 156 au total.
Capitaine Henri MADAULE. Voir
sa fiche.
Carte de situation secteur d’Ypres
du 26 avril au 5 mai
Avec situation du 135e régiment
d’infanterie (JMO 18e DI)
Toute la nuit, le canon a tonné de part
et d'autre, mais il n'y a pas eu de changement dans la situation. Le combat
recommence à midi.
Notre colonel est tué au début d'une
balle explosive en pleine figure. (*)
Le capitaine BalÉdent est tué après presque au même moment. (**)
Tromas,
le capitaine et le capitaine-adjoint au
colonel sont blessés tous les deux aussi. (***)
L'attaque ne réussit pas très bien.
Nous sommes avec le poste de secours dans une ferme. La nuit est calme.
(*) : Lieutenant-colonel Charles AUDIAT-THIRY. Voir
sa fiche. Il est remplacé par le commandant NACQUART qui vient du 32e
régiment d’infanterie, qui sera blessé à son tour le lendemain. Le régiment
sera commandé alors par un capitaine : Capitaine RICHET (de la 9e
compagnie) qui sera remplacé par le commandant POTTIER détaché provisoire du
32e régiment d’infanterie jusqu’à l’arrivée d’un nouveau chef de corps.
(**) : Capitaine Adrien BALÉDENT. Voir
sa fiche.
(***)
- Le capitaine TROMAS qui commandait la 4e Cie a lui été
blessé la veille 26.
- Le capitaine-adjoint au colonel est très certainement
le capitaine DE HILLERIN (selon le JMO, c’était jusqu’à la veille (26 avril) le
capitaine ABBADIE mais ce dernier ayant alors pris le commandement du 1er
bataillon, le capitaine De HILLERIN était peut-être devenu l’adjoint du
colonel.)
L’historique précise : 106 hommes tués, 226
blesses, 12 disparus.
La matinée est assez calme. Nous
allons chercher des outils au train de combat pour faire un abri au
médecin-major.
A midi, le combat recommence de plus
belle aussi. C'est épouvantable, on est presque fous par les obus et nous
avançons très difficilement.
Mais enfin, on avance. Il y a
beaucoup de pertes. Le terrain est couvert de morts et de blessés. C'est
vraiment épouvantable, cette guerre. Aussi, vivement la fin.
Il y avait tellement de blessés hier
soir que nous avons été les ramasser. Les brancardiers ne suffisaient pas à eux
tous seuls.
C'est la première fois qu'il y en a
tant en si peu de temps.
Aussi, la nuit n'est pas bien bonne.
Les balles et les obus tombent un peu partout. C'est même étonnant qu'il n'y
ait pas de blessés de chez nous. Il y a eu deux brancardiers de touchés.
Le matin, on reçoit l'ordre d'aller à
la brigade faire un abri au général de brigade. Nous y allons et il n'y fait
pas trop bon.
Le soir, il y a encore une attaque
qui rejette les boches de l'autre côté de l'Yser, mais elle coûte bien cher.
Le matin, nous retournons au travail,
à la brigade. La journée est un peu plus calme que les autres.
Nous finissons l'abri le soir et nous
touchons dix francs.
Nous revenons porter de la paille au
général. A ce moment, les boches attaquent. Les balles sifflent de tous les
côtés, enfin il n'y a pas de mal.
La journée est comme les autres.
Nous sommes au poste de secours. On y
fait même un gourbi. C'est un peu plus calme vers le soir.
La nuit a été très calme.
Le major du 418 nous envoie chercher
pour lui faire un poste de secours à côté du général de brigade. Nous y passons
la journée et, l'après-midi, nous assistons à un bombardement sur nos premières
lignes. Ce sont des grosses marmites et c'est effrayant.
Dans les combats qu'il y a eus
pendant les 4 jours, nous avons perdu tous nos officiers et une grande quantité
d'hommes. (*)
Dans ce combat, nous avons changé 4
fois de commandant de régiment, dont un capitaine qui est blessé et 2
commandants du 32ème. Un a été blessé et l'autre est retourné à son ancien
régiment car il est sans chef lui aussi.
Nous avons maintenant un colonel qui
avait été blessé au début de la guerre. Il est de Marseille. Il s'appelle GaLon. (**)
(*) : Entre le 25 et le 30 avril, l’effectif du 135e
passera de 48 officiers et 2849 hommes à 25 officiers et 2148 hommes soit une
perte de quasiment la moitié des officiers et de 701 hommes
(**) : Exact (même 5 en comptant le Cl Galon) car dans la journée du 27, en
attendant l’arrivée du commandant Naquard,
c’est le capitaine TOURLET du 2e bataillon qui avait assuré le commandement (et
qui fut blessé le 28 en même temps que le Cdt Naquart
qui le remplaçait).
Nous retournons au gourbi le matin.
C'est assez calme.
Dans l'après-midi, les boches
recommencent le bombardement, mais plus en arrière, sans trop de résultats.
Le soir, nous apprenons que l'on doit
être relevé dans la nuit.
Nous sommes réveillés à minuit par le 4ème chasseurs à pied qui nous relèvent. Nous lui
laissons la place et nous partons à 2 kilomètres sur une route où nous y
passons le reste de la nuit. Il tombe de l'eau. Aussi, il ne fait pas chaud.
Au jour, nous partons en arrière et
nous allons cantonner à Steenbecque.
Nous passons la journée à Steenbecque. Le pays est tout petit comme tous les patelins
de Belgique, mais assez chic. C'est très propre. Le bruit court que nous
retournons rejoindre la 17ème division qui est dans les environs d'Arras.
On part à 8 heures du soir en
taxis-autos. Nous passons à Zegerscappel et à
Béthune.
Nous arrivons au jour à Houdain.
Nous recevons des ordres pour aller
jusqu'à Caucourt, petit pays à environ 5 kilomètres de Houdain. Tout le monde
est fatigué, surtout de la nuit passée à la blanche. On est assez bien
cantonnés.
Il n'y a rien de changé ce matin.
Soi-disant, nous sommes en réserve de
la 10ème armée qui se trouve dans les environs d'Arras. Dans les derniers
combats que nous venons d'avoir, nous avons perdu 2 camarades d'Issé, dont Jean
Roul (*) qui a été blessé le premier
jour par une balle le 26 avril et Clément AliX
(**) qui a été tué comme
il montait sur la tranchée avec sa section pour aller à la charge le 28 avril
vers midi.
Nous ne restons plus que 4 : Marion, (Joseph) Ploteau, Pichot et moi.
Pichot a
fait toute la campagne sans être touché. Il est veinard. (***)
C'est le seul sur 15 que nous étions,
sauf moi qu'il ne faut pas compter car nous sommes toujours avec la compagnie
de réserve, mais les obus y tombent bien
tout de même.
Seulement les balles sont plus
terribles.
(*) : Très certainement Jean Marie ROUX car la date
de la blessure concorde avec sa fiche
matriculaire.
(**) : Clément ALIX, 20 ans, mort pour la France à Lizernes le 28 avril 1915. Son corps n’a pas été retrouvé. Voir
sa fiche.
(***) : Si Pichot
est celui identifié le 5/10/14, il sera blessé plus tard par éclat d’obus le 2
mai 1916.
Carte de situation secteur d’Arras
du 10 mai au 4 juillet 1915
Avec situation du 135e régiment
d’infanterie (JMO 18e DI)
La journée est assez calme. Nous
sommes toujours en réserve
Le soir, le canon tonne sans arrêt.
Toute la nuit, le canon a tonné et ce
matin, il n'a encore pas cessé. Au contraire, le bombardement est de plus en
plus fort. Je crois que c'est la fameuse attaque (*) dont nous avions tant parlé depuis un
moment, mais c'est vraiment épouvantable. Nous sommes à environ 10 kilomètres
des lignes. Aussi, il ne faut pas demander ce que ce doit être sur la ligne de
feu. Il va y avoir encore quelque chose encore comme bonshommes de démolis, si
c'était seulement la fin. Celui qui demande la guerre ou qui travaille pour
l'avoir devrait être considéré comme le plus grand criminel, car il n'y a rien
de plus terrible que la guerre et tout homme qui la demande devrait être
fusillé.
Le soir, à 3 heures, nous avons
alerte et nous partons. On fait environ 4 kilomètres. Nous couchons à Cambligneul.
(*) : C’est le début de la bataille d’Artois de mai
1915.
Nous ne bougeons pas pour le moment.
Les bruits courent que nous avons fait beaucoup de prisonniers et que nous
aurions avancé de 3 kilomètres.
A 10 heures, nous repartons. On fait 7
kilomètres environ. Nous sommes en réserve du 33ème corps d'armée. Nous allons
prendre position dans un bois, près du Mont-Saint-Eloi. Nous y passons la
journée. Nous recevons quelques obus, sans mal heureusement. C'est la vraie vie
des bois. Nous y passons la nuit.
Nous avons bien dormi dans le bois.
Il n'y a pas fait trop froid.
Le matin, nous n'avons pas d'ordre.
Aussi, nous restons au même emplacement.
A midi, il n'y a pas de changement.
A 4 heures, nous recevons l'ordre de
se porter en avant sur le Mont-Saint-Eloi. Nous passons par les boyaux pour
aller aux tranchées. Ce sont de vraies forteresses où étaient les boches.
Nous avons passé la nuit près d'une
ferme qui est démolie et où le combat a eu lieu de part et d'autre pendant 6
mois, mais les boches n'y sont plus, heureusement. Mais c'était dur. C'est une
école d'agriculture qui est très grande. Aussi, les boches envoient beaucoup de
marmites pour flanquer le reste des murs qui tiennent encore, mais il y a de
bonnes caves pour se mettre à l'abri quand ça crache.
Aujourd'hui, il y a eu plusieurs tués
et blessés dans la cour.
Le soir, nous allons réapprovisionner
un bataillon en vivres de réserves. Les boches sont au moins à 4 kilomètres
d'où ils étaient il y a 8 jours.
Le matin, il n'y a rien de nouveau.
On fait un boyau pour aller dans une
cave pour passer les blessés. Les boches ont voulu attaquer, mais ils n'ont pas
eu de veine. On les a forcés à reculer. Aussi, il y a eu beaucoup de pertes
chez eux.
Le soir, nous retournons porter des
vivres aux bataillons qui sont en première ligne. C'est une sale corvée. C'est
la première fois que ça nous arrive de le faire et c'est très dangereux. Aussi,
il va bien s'en faire descendre avant peu.
C'est le nouveau colon qui le veut.
Je crois aussi qu'il va s'appeler mal vu.
Le matin, c'est assez calme.
L'après-midi est plus mauvais. Il y a
une attaque sur la gauche aux environs de Souchez, mais les résultats ne sont
pas connus.
Le soir, nous retournons aux
tranchées porter la soupe, mais, arrivés là,
nous apprenons que nous sommes relevés.
Dans la nuit, en arrivant de corvée,
nous partons de la ferme de Berthonval où nous étions pour aller au
Mont-Saint-Eloi, à 2 kilomètres en arrière.
La nuit a été assez calme.
Le matin, les boches envoient
plusieurs grosses marmites un peu en arrière du patelin sur notre artillerie
lourde, sans résultats. La journée est assez calme, à part quelques coups de
canons de part et d'autre.
Le soir, il y a une attaque à notre
droite pour prendre Neuville. Aussi, nous retournons aux tranchées et nous,
avec le drapeau, à la ferme de Berthonval où nous y passons la nuit.
Le matin, on se réveille un peu tard.
C'est assez calme, sinon quelques marmites sur le devant de la ferme. A part
cela, la journée est calme.
Rien de nouveau, sauf que 4 sapeurs
vont en première ligne avec le colon. Je crois qu'il a envie de nous faire tuer
celui-là. Nous restons à la ferme.
Nous sommes canardés toute la
journée. Il tombe peut-être plus de 200 obus de 150 dans les environs de la
ferme. Il y a plusieurs blessés et tués.
La journée est mauvaise.
Toute la journée, il tombe des
marmites sur la ferme et toute la plaine est battue. Aussi, il ne fait pas bon
aller porter à manger aux camarades qui sont avec le colon.
Le soir, nous devons aller les
relever. Ils sont en première ligne à faire un abri à un commandant. Il n'y
fait pas bien bon avec les balles et les obus qui y tombent.
Nous partons à 6 heures les relever
sur la route de Béthune, à Arras. Les boches l'arrosent du matin au soir.
Aussi, il ne faut pas se montrer.
Le matin, à 4 heures, nous partons en
1ère ligne faire le gourbi. Nous sommes à 150 mètres des boches. Il ne fait pas
trop mauvais, quelques balles. Aussi, nous assistons au bombardement de leurs
tranchées par le 75. C'est terrible à côté de leur 77.
Nous finissons à midi et l'on revient
faire un poste de secours sur le bord de la route, mais nous ne pouvons
travailler que le soir.
Le matin, à 3 heures et demie, nous
retournons au travail et nous finissons à 7 heures, juste au moment où les
boches commencent l'arrosage de la route. Aussi, nous restons dans notre abri
jusqu'au soir.
Ça ne cesse qu'à minuit. C'est
terrible, la terre est toute labourée.
Nous sommes relevés dans la nuit. On
s'en va à 4 heures du matin jusqu'à Acq, petit pays à environ 5 kilomètres en
arrière. Nous avons une prise d'armes à 3 heures pour 3 décorations, dont 2
médaillés militaires et notre capitaine de la légion d'Honneur. Le bruit court
que nous retournons en ligne ce soir.
Nous partons à 2 heures du matin pour
la ferme de Berthonval. Le régiment est en soutien du 32ème en réserve en cas
d'attaque. Le matin est assez calme.
Vers une heure, le bombardement
commence. C'est épouvantable. Il y a un moment d'arrêt entre 3 et 5 heures.
Alors le bombardement redouble de fureur. On ne peut se douter de ce qu'il est
envoyé d'obus des deux côtés. C'est un des plus forts bombardements que j'aie
jamais vus et entendus.
A 8 heures, il n'y a pas encore de
changement. Je crois qu'il y a de la charcuterie encore ce soir. Nous nous
couchons au son du canon.
Ce soir, il n'y a pas d'arrêt.
Toute la nuit, le feu n'a pas cessé.
Ce sont les boches qui ont attaqué et je crois qu'ils ont reçu la pâtée. Nous
avons même fait des prisonniers. Aussi, ce matin les marmites tombent. Le canon
tonne sans arrêt toute la journée.
Le soir, il y a deux petites attaques
boches sans trop de mal.
Toute la nuit, le canon n'a pas cessé
et le matin il continue à bombarder notre ferme. Heureusement que les caves
sont bonnes, mais les marmites sont grosses et si jamais il en tombait une
dessus, il pourrait bien y avoir des accidents.
Le soir, nous pensions prendre les
premières lignes et nous recevons l'ordre d'aller au repos à Acq
.
Nous sommes au même endroit que la
dernière fois. Le cantonnement est assez bon.
J'ai vu les gars Maillet (*) hier soir qui revenait de la soupe et
(Élie Victor) Philippot
ce matin. Il est à Acq lui aussi.
Il n'est pas trop malheureux pour
l'instant.
(*) : Louis Marie
MAILLET, soldat au 135e régiment d’infanterie, est, lui aussi, d’Issé.
Nous sommes toujours à Acq. On
travaille à faire des signaux pour l'artillerie. Le régiment reprend les lignes
ce soir et nous à la ferme de Berthonval.
Dans la nuit, les boches attaquent
vers 3 heures, mais ils ne réussissent pas.
Le midi, je vais porter la soupe aux
copains qui sont avec le colon sur la route de Béthune.
Il n'y a pas beaucoup de changement.
C'est assez calme. La route de Béthune est canardée un peu.
Le soir, nous y allons relever les
camarades.
Nous avons passé la nuit en 1ère
ligne à faire un abri et nous revenons à la route au petit jour.
Nous retournons au même endroit, la
nuit en 1ère ligne. Le jour, on peut y travailler. Notre abri est presque fini
au matin.
Dans la journée, nous recevons
quelques obus sur la route.
Le soir, nous sommes relevés par le
276 et nous passons la nuit en marche.
Nous arrivons au grand jour à
Caucourt. Nous le passons et allons cantonner à 3 kilomètres plus loin, à Hermin. Nous y passons la journée au repos.
Pas de changement, ce matin. Nous
apprenons que nous devons partir le soir. Je pars faire le cantonnement à 2
heures de l'après-midi. On fait environ 12 kilomètres et nous couchons à
Tincques, tout petit pays assez gentil.
Nous passons la journée au repos à
Tincques. Nous sommes assez bien couchés. On peut se ravitailler, surtout en
vin. Il y a un champ d'aviation tout près aussi.
Le soir, nous assistons au départ et
à l'arrivée des aviateurs. Ils sont 8.
Il n'y a pas de nouveau pour le
moment. Le bruit court que nous allons partir bientôt. Il doit y avoir une
grande attaque sur tout le front ces jours, vers Arras.
Il n'y a rien de neuf aujourd'hui, ni
ce matin, ni dans la journée.
Nous apprenons le matin notre départ.
A 2 heures, je pars pour le
cantonnement. Nous passons à Aubigny et allons coucher à Acq. Nous prenons la
place au 32ème qui va aux tranchées.
Nous restons au repos à Acq. Il n'y a
pas beaucoup eu de changements depuis la dernière fois que nous en sommes
partis.
Le soir, nous allons pour faire le
cantonnement à 1500 mètres plus en arrière, mais sitôt rendus, nous recevons
l'ordre de revenir à Acq.
Il n'y a pas de changement. Le bruit
court que nous devons faire une grande attaque du 9 au 10. Il y aurait 6 corps
d'armée de massés dans les environs.
Rien de changé pour nous aujourd'hui.
Nous restons toujours en repos à Acq.
Nous passons la journée à Acq, mais
le soir nous partons relever le 77ème. Nous (*), nous retournons à la ferme de Bethonval.
Elle n'a pas trop souffert pendant
notre absence par le bombardement.
(*) : « Nous » = La compagnie hors rang (CHR).
Le 2e et 3e bataillon (environ 2000 h) partent en tranchées de 1ères lignes.
La journée est assez calme. Il fait
un temps orageux.
Le soir, je vais aux distributions.
En revenant, il fait un temps épouvantable. L'eau tombe à torrent. Aussi, les
boyaux sont propres.
La nuit a été très mauvaise avec
l'orage qu'il a fait. Ce matin, le temps est brumeux, mais calme.
Le soir, nous allons relever les
camarades à la route de Béthune.
La nuit n'a pas été très bonne.
Aussi, ce matin il y a plusieurs tués et blessés.
Le temps est un peu brumeux.
Journée assez calme. Nous devions
être relevés ce soir.
Nous allons jusqu'à Acq avec le
drapeau et nous recevons l'ordre de faire demi-tour. Le régiment reste un jour
de plus aux tranchées.
Dans la journée, les boches arrosent
la ferme de Berthonval sans faire trop de mal. Il y a deux chevaux de tués et
un artilleur a les deux jambes coupées par le même
obus. Aussi, il en est mort presque aussitôt.
Nous avons été relevés cette nuit
sans trop de mal. Nous sommes au repos à Acq, toujours au même endroit.
Les bruits courent toujours qu'il va
y avoir une grande attaque. On dit même que les Généraux Joffre et Pau sont au Mont-Saint-Eloi pour diriger l'attaque.
Le soir, nous retournons aux
tranchées en réserve du 77ème qui doit faire l'attaque.
J'apprends que (Joseph) Ploteau
et Maillet sont blessés, dont Maillet gravement. Je crois même qu'il
est mort à la suite de sa blessure.
(*) : Louis
MAILLET, 20 ans, mort pour la France le 11 juin 1915 à Neuville-St-Vaast
(62). Voir
sa fiche.
Il est inhumé à nécropole nationale
'Notre-Dame-de-Lorette', carré 74, rang 5, sépulture 14881. Si un internaute
passe dans ce secteur, une photo serait bienvenue.
Il n'y a rien de nouveau ce matin. Le
canon tonne toujours de plus en plus.
Dans l'après-midi, le 77ème attaque,
mais ne réussit pas.
L'attaque d'hier n'ayant pas réussi,
le 135 recommence aujourd'hui, mais c'est la même
chose. Personne ne peut sortir des tranchées. Il y a 40 morts et plus de
blessés encore. (*)
(*) : Le 135e régiment d’infanterie perd environ 80
hommes.
Le matin est assez calme. Nous sommes
à la ferme de Berthonval. Ils nous envoient quelques obus, sans faire de mal à
la ferme, ni aux hommes. Toutes les attaques et contre-attaques ne réussissent
pas.
Il n'y a rien de nouveau.
Ce matin, c'est un peu plus calme que
les autres jours.
Le soir, les boches essaient une
attaque qui ne réussit pas. Nous sommes relevés dans la nuit. Nous allons au
bivouac, à Acq, dans une prairie.
La nuit a été un peu froide et le lit
était dur. La journée est très belle. Nous restons jusqu'au soir au bivouac.
Le soir, nous allons coucher à Acq,
au même endroit dans le bourg.
Rien de nouveau. Repos.
Le canon tonne toute la nuit. Les
boches attaquent.
Aussi, à 4 heures, alerte, mais à 5
heures l'ordre vient de rester au cantonnement. A midi, le 3ème bataillon va
renforcer les zouaves qui nous ont remplacés. Nous restons à Acq avec le
drapeau.
Carte de situation du 135e régiment
d’infanterie (JMO 18eDI)
Rien à signaler. Je fais un tour au
77ème pour voir (Théodore)
RÉthorÉ. Il n'y est pas. Il
est versé au 66ème. (*)
Nous le voyons le soir. Son régiment
part en première ligne. C'est fâcheux qu'il ne soit pas venu au 135ème.
(*) : Après sa blessure Théodore RÉTHORÉ passe par le
dépôt de la 18e division d’infanterie et devrait rejoindre un régiment de cette
division. Sa fiche
matriculaire indique bien qu’il est passé au 66e régiment d’infanterie. Les
77e et 66e RI sont des régiments de cette division.
Rien de nouveau. Repos.
Rien de nouveau. Repos.
Rien de nouveau. Repos.
Rien de neuf. (Théodore) RÉthorÉ vient nous voir du 66ème. On va faire
notre possible pour le faire venir avec nous au 135ème.
Repos et décorations de la croix de
guerre par le général de division Lefèvre.
Rien de neuf dans la journée.
Le soir, nous allons relever le 77ème
un peu à gauche d'où nous étions avant. Nous allons 4 sapeurs avec le colonel
et les autres restent à Acq avec le drapeau.
Dans la nuit, il y a eu une attaque
boche qui n'a pas réussi.
Dans la journée, ils nous canardent
et en envoient un juste sur notre abri. Aussi, nous l'évacuons. Nous sommes
tous couverts de terre. Ils arrêtent presque aussitôt de tirer.
Journée assez calme. Nous travaillons
toute la journée. Ils arrosent toujours la route. Nous sommes relevés le soir
par le 66ème. Nous allons à Acq dans la prairie. Il n'y fait pas grand chaud
dormir.
Le matin, à 7 heures, nous prenons
les autobus. Nous passons à Saint-Pol et nous allons au repos à Lisbourg, tout petit pays.
Repos.
Repos.
Exercice et repos.
Exercice et repos.
Nous avons la visite du Président de
la République et repos.
(*)
(*) : Le président visite les cantonnements de la 18e
division d’infanterie de 9 à 11 heures.
Repos sur toute la ligne, le
capitaine étant en perme de 5 jours ainsi que tous les gradés de la compagnie.
Repos.
Repos.
Repos. (Théodore) RÉthorÉ
est venu au 135. (*)
(*) : Sa fiche
matriculaire indique bien qu’il revient au 135e régiment d’infanterie
Repos.
Repos.
Le matin, revue.
Après, champagne, vins fins, cigares
et gâteaux à discrétion. Une vraie bringue.
Toute la journée, très bien nourris.
Départ à 5 heures.
Nous passons par Blangy
et couchons à Oeuf, à environ 22 kilomètres. Le pays
est tout petit. Comme le caporal est en perme, c'est moi qui le remplace.
Aussi, ce n'est pas le filon.
Départ à 5 heures.
Nous passons à Fortel
et couchons à Villers-l'Hôpital, petit pays.
Repos à Villers-l'Hôpital.
Départ à 5 heures: Nous passons à Bernaville et couchons à Berneuil.
Départ à 5 heures.
Nous passons à Saint-Ouen et couchons à La Chaussée-Tirancourt.
Départ à 3 heures. Nous passons à
Bovelles et couchons à Prouzel.
Repos à Prouzel.
Nous sommes dans un château. Le
propriétaire est un ancien commandant de chasseurs à pied. On y est très bien.
Départ à 5 heures.
On fait une vingtaine de kilomètres
et nous venons coucher à Bonneuil-les-Eaux.
Départ à 5 heures.
Nous passons à Breteuil et couchons à
Hardivillers.
Départ à 5 heures.
Nous passons à Saint-Just-en-Chaussée
et couchons à Saint-Rémy-en-l'Eau, petit pays.
Repos à Saint-Rémy.
Repos à Saint-Rémy.
Nous passons une revue de décorations
de croix de guerre.
Départ à 6 heures en permission.
C'est le plus beau jour depuis la déclaration de guerre.
Nous allons prendre le train à
Estrées-Saint-Denis. Nous passons à Canly, Grandfresnoy.
Dans la nuit, nous passons les
faubourgs de Paris par la grande ceinture et arrivons au petit jour à
Versailles.
Nous continuons notre route. Nous
passons à Chartres, Le Mans, Sablé et arrivons à Angers à midi.
Je reprends le train pour Nantes à 2
heures et y arrive à 4.
Je vois la future (*) et reprend le train à
6 heures 15 pour arriver à Issé à 8 heures.
(*) : Il prévoit de se marier, Cela sera chose faite en
1918.
Au vieux pays natal.
Au pays.
Je passe le matin avec mes frères et
sœur et l'après-midi avec la future qui est venue en perme parce que je suis au
pays.
Aussi, la journée est vite passée.
Enfin, c'est autant de pris.
Au pays.
Je m'en vais voir les anciennes
connaissances tous les jours. Aussi, le temps passe vite.
Aujourd'hui, je passe la journée avec
la belle-sœur.
Toujours en balade ou avec les jeunes
filles qui sont gentilles.
Je vais couper le blé chez mon oncle
un peu.
La journée se passe à dire au revoir
à toutes les petites filles. C'est malheureux, il faut encore laisser là le
plaisir et repartir sur le front.
Je repars à 6 heures 15 pour aller à
Nantes. J'y passe la journée avec la future et celle de M. RÉthorÉ qui est très gentille à
croquer.
Aussi, le soir, quand il faut se
quitter, c'est dur.
Je prends le train à 9 heures pour
Angers et j'y arrive à minuit.
Le train part à une heure du matin à
Angers, passe à Sablé, Le Mans, Chartres, Versailles et descend au Bourget à 3
heures de l'après-midi. Nous y passons le reste de la journée et une partie de
la nuit.
Départ du Bourget à une heure par
train spécial, je passe par Estrées-Saint-Denis pour descendre à
Villers-Bretonneux, près d'Amiens et rejoins le régiment à Fouilloy,
à 4 kilomètres de Villers- Bretonneux et à 1 de Corbie. C'est un beau pays.
En arrivant, j'apprends que (Théodore) RÉthorÉ est passé aux sapeurs en
remplacement de Léon qui a eu chicane avec le caporal et a demandé à rentrer à
la 10ème compagnie.
J'ai un peu le cafard, mais, étant au
repos, ça marche quand même.
Le matin, marche d'environ 15
kilomètres.
Nous revenons au cantonnement et
passons une revue de décorations de croix de guerre.
Nous sommes toujours à Fouilloy. On va à l'exercice tous les jours.
Nous passons une revue de décorations
et assistons à la dégradation militaire d'un simple soldat qui a volé et
attrapé 5 ans de réclusion.
(*)
(*) : Il s’agit du soldat JAURÉGUY de la 11e compagnie
condamné à 5 ans de prison et 10 ans d’interdiction de séjour et à la
dégradation militaire à Fouilloy (80) pour vol
militaire par le conseil de guerre de la 18e division d’infanterie. (sources JMO et prévôté
18e DI)
On va à l'exercice.
Revue, le matin par le général de
brigade et, l'après-midi, repos complet.
On fait une balade à Corbie, c'est
assez bien.
Comme le caporal est parti travailler
à Amiens pour les cuisines roulantes, je fais le fonctionnaire caporal.
J'en profite pour faire la pause.
Rien de nouveau.
Le bruit court que nous allons passer
en revue par le Roi des Belges et qu'on irait en tranchée peu après.
Rien de nouveau ce matin, ni dans la
journée.
Rien de changé ce matin dans la
situation d'hier. Je reste tous les jours au cantonnement où je fais des tournées
avec les camarades qui sont à travailler.
Le matin, nous allons assister au
défilé du régiment par le colonel et aux adieux du général de brigade qui est
nommé par intérim au commandement d'une division d'infanterie.
L'après-midi, repos pour moi.
(*) : Le général LESTOQUOI part pour commander la 36e
division d’infanterie. IL est remplacé par le général ÉON.
A l'exercice et repos pour moi. Il
n'y a pas de nouveau pour aujourd'hui.
Le matin, revue d'armes et
l'après-midi, on va préparer un champ pour une revue qui doit avoir lieu
demain.
Le matin, exercice de revue tout près
de Fouilloy.
Départ à 11 heures pour aller à
Villers-Bretonneux passer en revue. Nous y arrivons à une heure. Nous attendons
dans un champ jusqu'à 4 heures et nous défilons devant le président de la
république, devant le ministre de la guerre, devant Joffre, devant le général anglais et devant le roi des
Belges.
Nous revenons à Fouilloy
le soir. Il est 6 heures.
Repos pour ce matin.
L'après-midi, bains douches et repos.
Exercice et repos toute la journée.
Le bruit court que nous devons embarquer ces jours pour une destination
inconnue. Il y a déjà longtemps aussi que nous sommes au repos, presque 2 mois.
Toujours la même chose.
Ce matin, on apprend qu'il y a déjà
quelques régiments de partis pour un autre secteur, le 33ème d'artillerie et le
66ème d'infanterie. Pour nous, nous n'avons encore rien reçu, ce midi.
Le soir, nous apprenons le départ
demain matin, en autobus.
Réveil à 3 heures.
Départ à 4 heures. Nous passons en
autobus à Amiens et Doullens et descendons à Souilly pour y coucher un
bataillon. Frangeul doit être à 7
à 8 kilomètres.
Aussi, je vais faire mon possible
pour le voir pendant mon séjour par ici.
Départ à 4 heures pour aller
cantonner à Simencourt à 2 kilomètres de Jean Frangeul. (*)
Il est en ligne, sans cela, j'irai le
voir.
(*) : Auguste Jean FRANGEUL vient d’avoir 20 ans et est
aussi un soldat originaire d’Issé. Il fait partie de la classe 1916, arrivé en
avril 1915 pour sa formation, il est
incorporé au 62e régiment d’artillerie le 23 août 1915. Henri ROCHEREAU le prénommera
« Jean » et de temps en temps « Auguste ».
Repos à Simencourt.
Le régiment part en 1ère ligne, un
bataillon seulement et les deux autres vont faire des tranchées et des boyaux.
Il doit encore y avoir du nouveau par-là d'ici peu.
Nous restons avec le colonel à
Simencourt.
Rien de nouveau.
Rien à signaler.
Le matin, je demande une permission
au capitaine pour aller voir Jean (Auguste) Frangeul
à Beaumetz-lès-Loges. Je passe deux heures avec lui, mais je suis obligé
d'aller jusqu'en ligne. Il est aux tranchées, de repos, à 6 kilomètres d'ici.
Enfin, nous passons un petit moment heureux
et les boches sont assez gentils par ici.
Ils ne tuent même pas avec le fusil.
A part cela, tout est bien.
Rien de nouveau.
Rien de neuf. Je crois que tout le
bon temps est passé pour nous, car il y a 4 escouades de sapeurs-mineurs qui
viennent à la C.H.R. et je crois que nous allons aller avec eux aux tranchées.
Enfin, ce qui est pris comme bon temps, est pris.
Rien de nouveau.
Rien de nouveau.
Départ à 4 heures.
Nous prenons les autobus, nous
passons à Doullens pour venir au repos à Neuvillette,
près de Bouquemaison.
Repos à Neuvillette.
Rien à signaler.
Rien à signaler.
Le matin, repos.
Le soir, nous allons faire un pont à
Bouquemaison, sur un ruisseau avec les sapeurs-pionniers qui sont venus à la
compagnie C.H.R.
Repos le matin.
Nous devons aller faire la relève du
77 ce soir. Nous partons avec lesp. Nous y arrivons à
2 heures du matin.
Repos le matin.
Le soir, nous creusons un gourbi sous
terre. Nous y travaillons jusqu'à minuit.
Le matin, nous retournons au chantier
de la veille et à midi, nous allons faire des abris et consolider une maison
pour l'infirmerie. Il n'y fait pas très mauvais, à Agny.
Nous passons la journée à
l'infirmerie.
Nous continuons les travaux à
l'infirmerie et une équipe part faire des abris en 1ère ligne.
Le soir, nous sommes relevés par le
77 et nous arrivons au jour à Simencourt.
Nous prenons les autobus qui nous
amènent à Neuvillette. Il est midi, nous sommes
fatigués.
Repos.
Repos.
Le matin, exercice, revues et
décorations. Nous devions aller relever le 77 ce soir, mais comme nous devons
faire une grande attaque ces jours, nous rentrons à Neuvillettte.
Nous marchons avec les pionniers et bombardiers pour l'attaque.
Aussi, ça ne va pas être le filon.
Départ à 8 heures.
Nous prenons les autobus à
Bouquemaison et nous descendons à Simencourt à midi.
Le soir, nous partons relever le 77.
Nous restons avec le drapeau et le Colon à Agny.
Nous travaillons à Agny à consolider une cave pour le capitaine.
Nous sommes toujours à Agny. Nous couchons dans une cave, sous la mairie.
Toujours à Agny.
Le canon tonne surtout chez nous,
comme jamais il ne l'avait fait encore. Depuis hier matin, il n'y a pas eu
d'arrêt. Nous allons faire un abri pour le colonel devant les 1ères lignes pour
l'attaque qui doit avoir lieu demain. Je crois que ce sera la plus terrible que
nous n'avons jamais vue encore, d'après tous les préparatifs. (*)
(*) : C’est la troisième attaque en Artois avec une
grande attaque le même jour en Champagne.
Le matin, le canon tonne toujours de
plus en plus.
A 11 heures 45, l'attaque se
déclenche. C'est épouvantable.
Le régiment avance avec beaucoup de
pertes, mais les régiments de droite et de gauche ne peuvent pas sortir de
leurs tranchées et l'ennemi gagne du terrain. Aussi, il faut se replier et il
en reste beaucoup de prisonniers et les autres se font tuer en revenant. Les
boches nous prennent deux mitrailleuses.
Nous avons un sapeur de tué dans
l'attaque. Il était en liaison avec les bombardiers et les pionniers. Il en
reste la moitié parmi eux.
Aussi, c'est épouvantable, nous
sommes obligés de laisser tout le terrain gagné, ne pouvant y tenir. Le
Lieutenant est blessé. C'est épouvantable, il y a là la moitié du régiment en
pertes et presque tous les officiers. Le régiment est encore en bel état. (*)
Il fait très mauvais temps. Il tombe
de l'eau presque tous les jours.
(*) : Près de 1300 hommes du 135e régiment d’infanterie
tomberont ce jour-là…Tués, blessés et disparus.
Le matin est assez calme.
Le régiment a été relevé par le 77
qui doit attaquer aussi lui aujourd'hui. Le 135 reste en soutien au Chemin Creux. Quelle boucherie,
ça va encore faire tantôt.
A une heure, le 77 fait un simulacre
d'attaque et c'est tout. Le bombardement diminue vers le soir. Nous sommes
relevés et venons en arrière pour nous reformer à Berneville.
Nous y arrivons dans la nuit. La
division et le corps d'armée sont à Berneville.
Nous passons la journée à Berneville.
Nous recevons un nouveau sapeur, Tassin,
qui arrive du dépôt.
(*)
Le soir, nous partons avec le drapeau
à Simencourt, à 2 kilomètres. Il y a eu un grand bombardement dans
l'après-midi, vers Arras.
(*) : Charles TASSIN qui avait quitté le régiment en
mars 1915 pour maladie
Nous passons la journée à Simencourt.
Nous apprenons que le régiment va être cité à l'ordre du jour et qu'il va être
décoré de la légion d'honneur au drapeau. Aussi, il le mérite bien.
C'est le drapeau qui recevra la
médaille de la Légion d'Honneur.
Repos à Simencourt.
Le bruit court que nous allons
déménager bientôt pour une destination inconnue. Le 33ème d'artillerie serait
déjà parti. On reçoit l'ordre de se tenir prêts à partir pour 7 heures du soir.
Départ le matin.
Nous allons embarquer à
Saulty-l'Arbret en wagons à voyageurs. Il y a un avion boche qui envoie des
bombes sur la gare, mais elles tombent dans un champ à côté. Nous passons à
Doullens et à Saint-Pol, Béthune pour descendre à Nœux-les-Mines, petit pays minier. Nous
allons cantonner à Hersin-Coupigny.
Il doit y faire bon par ici encore.
Nous sommes en cantonnement d'alerte
à Hersin. Aussi, nous n'allons pas être longtemps
tranquilles ici. Nous partons à 2 heures pour aller à Barlin, à 4 kilomètres en
arrière, assez beau pays, petit et ouvriers mineurs.
Nous sommes au repos à Barlin, mais
probablement pas pour bien longtemps. Revue le tantôt par le capitaine.
Repos, rien de nouveau.
Repos, rien de nouveau.
Repos et exercice.
Un sapeur reçoit l'ordre de se tenir prêt
à partir demain pour aller travailler à Paris dans une fabrique d'obus. C'est
un nouveau garçon. Il est venu à Pontoise l'hiver dernier. Il était employé aux
chemins de fer de l'état avant la guerre.
Exercice et repos.
Rien de nouveau encore aujourd'hui.
Exercice et repos.
Exercice et repos.
Exercice et repos.
Repos.
Nous devons aller en deuxième ligne cette
nuit en face de Loos. Nous partons à 2 heures et allons cantonner aux Brebis,
petit pays minier qui n'a pas beaucoup souffert. (*)
(*) : « Les Brebis » : lieu-dit de
Mazingarbe à la limite de Bully et Grenay où se situe
maintenant une cité portant ce nom
Repos.
Nous sommes en réserve entre les
Anglais et la 10ème armée française. Les lignes sont à environ 5 kilomètres.
Dans la journée, il vient un obus
boche tout près d'où nous sommes cantonnés, sans faire de mal.
Repos, rien de nouveau pour
aujourd'hui.
Hier, le feu était à Loos.
Repos.
Nous devons prendre les lignes ce
soir avec le 77. Je crois que nous allons suivre les pionniers ce soir encore.
Nous arrivons au matin à Loos. Le
pays est complètement démoli. C'est épouvantable à voir. Il y a encore des
cadavres dans les rues et les ruines des maisons. Le pays est pas mal bombardé.
Nous sommes dans une cave et nous travaillons avec les pionniers.
Le matin, nous allons travailler à la
brigade faire un boyau et consolider la cave du Général.
Continuation des travaux. Le midi,
nous recevons plusieurs marmites boches, des 210 qui me fichent la frousse.
Nous sommes toujours à la brigade.
Nous ne sommes pas si tranquilles.
Les boches nous arrosent à une heure de l'après-midi. Ils envoient des
marmites. Il en vient une sur la maison du général qui flanque les murs par
terre. Elle tombe à 4 mètres de (Théodore)
RÉthorÉ et de moi. Nous
sommes couverts de poussière et les briques tombent sur nous. Je croyais bien
la dernière minute arrivée, mais nous nous en tirons avec quelques
égratignures, faites par les débris.
Nous retournons au travail. Nous
sommes un peu moins arrosés le matin.
L'après-midi, en allant chercher la
soupe au Maroc (*),
en arrière, ils nous arrosent pendant tout le parcours.
Dans le boyau, le soir, c'est calme.
(*) : « Maroc » est un quartier à la sortie de
Grenay sur le route de Loos-en-Gohelle
Le travail étant fini à la Brigade,
nous restons avec les Pionniers au poste du Colonel à faire une sape. Toute la
journée, les boches nous canardent, sans faire de mal. Nous sommes pris en
photo par les représentants de journaux au travail d'une barricade à l'entrée
de Loos. Nous devons être relevés ce soir par le 68 qui arrive à minuit.
Nous partons à une heure et nous
arrivons aux Brebis (Mazingarbe) à 3.
Repos toute la journée. Nous sommes
dévorés par les poux boches que nous avons attrapés à Loos.
Départ à 5 heures.
Nous allons prendre les autos à
Nœux-les-Mines pour aller au repos à Heuchin, petit
pays près de Lisbourg et Fruges.
Repos à Heuchin.
Rien de neuf.
Repos, rien à signaler.
Repos. Rien de neuf.
Repos. Rien de neuf.
Revue du général des cantonnements.
L'après-midi, nous allons à 3
remplacer un carreau sur une maison dans le patelin, chez une vieille dame qui
nous reçoit très bien et nous paye un verre de bon vin.
Repos.
Nous travaillons à faire une salle de
douche pour le régiment.
Je remplace le caporal qui est à
Saint-Pol à réparer les cuisines du régiment. Continuation du travail. Nous
recevons un sapeur nouveau, le frère de Brottas,
le secrétaire au colonel.
Continuation du travail aux douches.
Le matin, nous allons passer une
revue à 4 kilomètres, près de Fiefs par le général d'Urbal qui commande notre armée. Nous défilons avec les
sapeurs du 77.
Le soir, repos.
Repos. Rien de nouveau.
Repos. Rien de nouveau.
Continuation des travaux.
Départ en autobus le matin.
Nous descendons à midi à
Nœux-les-Mines et nous allons à pied jusqu'aux Brebis en cantonnement d'alerte.
Nous sommes en réserve de la 35ème brigade.
Repos et revue de propreté par les
officiers de la compagnie.
Repos.
Retour du caporal de Saint-Pol, mais
il s'attend à avoir une permission pour se marier ces jours.
Repos. Rien de nouveau.
Repos. Le caporal part en permission
ce soir pour Angers, pour se faire marier.
Repos et préparatifs pour partir en
ligne demain.
Le matin, nous recevons l'ordre
d'aller faire un hangar pour les chevaux de la brigade, près de l'église des
Brebis. Aussi, cela nous évite d'aller en ligne.
Ce soir, nous restons 4 au drapeau et
il ne monte que 2 sapeurs en ligne : (Charles) TaSSin et ÉvenO.
Continuation des travaux. Je suis de
garde au drapeau.
Rien de changé.
Rien de changé.
Rien de changé.
Rien de neuf.
Rien de nouveau.
Le bruit court que nous n'allons
rester aux Brebis au repos que pour 7 jours, mais ce n'est pas certain encore.
Rien de nouveau.
Le régiment est relevé ce soir par le
68ème. Il vient aux Brebis et de là nous devons partir demain pour Heuchin.
Je pars à midi.
Nous prenons les autobus à
Nœux-les-Mines et nous arrivons à 6 heures à Heuchin.
Repos à Heuchin.
Repos, rien de neuf.
Repos
Le caporal arrive de permission. Rien
de nouveau.
Repos.
Repos.
Rien de nouveau.
Rien de nouveau.
Rien de nouveau.
Rien de nouveau.
Repos.
Repos.
Il fait très froid. Il gèle très dur
la nuit.
Hier soir, deux des sapeurs ayant
fait des blagues avec le caporal, dont un, Germain
lui ayant donné une gifle, ils sont cassés et versés dans une compagnie, l'un à
la 10ème et Germain à la 7ème.
Rien de nouveau.
Les deux sapeurs ne sont pas partis
encore. Ils ne rentrent dans leurs compagnies que le soir.
Départ à 6 heures. Nous prenons les
autobus pour descendre au même endroit qu'à l'habitude. Nous retournons aux
Brebis, dans notre ancien cantonnement.
Repos.
Les boches ont bombardé un parc et
deux usines à Nœux-les-Mines. A part cela, pas de changement.
Rien de nouveau.
Rien de nouveau, sauf que nous allons
faire un hangar au train de combat pour les chevaux.
Rien de changé.
Rien de changé.
Rien de nouveau.
Le régiment est parti en ligne à
Loos. Nous, nous restons à finir notre travail.
Rien de nouveau.
Rien de nouveau.
Rien de nouveau.
Repos forcé par le manque de bois.
Rien de neuf au travail.
Rien de nouveau.
Le régiment est relevé
Ce soir, nous allons au repos à Ruitz, à 12 kilomètres,
petit pays. En route, dans la nuit, nous nous perdons, faute de notre caporal
qui n'en fait que de comme celles-là. Aussi, qu'est-ce qu'on en prend dans les
chemins, en pleine nuit.
Nous arrivons tout de même à 3 heures
du matin, vannés.
Repos. On installe les douches.
Continuation du travail et fin. (Théodore) RÉthorÉ part en permission.
Repos. Rien de nouveau.
Repos. Rien de nouveau.
Repos. Rien de nouveau.
Repos. Rien de nouveau.
Repos. Rien de nouveau.
Rien de nouveau.
Veille de Noël. On fait une petite
bringue. A côté de l'an dernier pourtant, nous avons tout ce qu'il nous faut.
Pour l'an dernier, nous étions près des boches, ne trouvant rien
Et cette année, nous en sommes au moins à 12
kilomètres, ayant tout sous la main et on en a rien fait. Tout le monde dort à
10 heures. Je me couche à 2 heures du matin.
Repos.
Nous touchons gâteaux et vin. Bien
nourris pour cette journée de Noël.
Nous touchons d'autre vin
aujourd'hui, mais pas de quoi se brouiller la vue, un verre par homme.
Rien de bien nouveau.
Revue de décorations le matin et
revue d'armes. Nous devons partir pour Loos demain matin. Cette fois, nous
allons directement en ligne.
Aussi, c'est probable que cette fois,
nous n'y couperons pas.
Départ à 8 heures.
Nous passons à Nœux-les-Mines et nous
arrivons aux Brebis à 1 heure. Nous passons un jour avant de monter à Loos. Le
travail n'étant pas fini au train de combat, nous allons le continuer.
Au travail au hangar. Je suis enrhumé
et avec cela j'ai de la fièvre. Aussi, comme je remplace le caporal, je reste
couché au cantonnement.
Il y a 6 compagnies à Loos et 6 aux
Brebis. Nous continuons les travaux et ma maladie ne va pas mieux, au
contraire.
Vendredi, 31 décembre 1915
Toujours la même chose. La fièvre ne
me quitte pas. Aussi, si cela continue, je vais être forcé d'aller à la visite.
La santé est un peu meilleure
aujourd'hui. A part cela, rien de neuf.
Nous recevons l'ordre d'arrêter tous
les travaux. Nous devons être relevés par les Anglais.
Nous recevons l'ordre de partir à 10
heures. Nous allons prendre les autos à Nœux et elles nous emmènent jusqu'à Vieil-Hesdin, mais les
compagnies qui étaient en ligne ne sont pas encore relevées.
Nous sommes au repos au Vieil-Hesdin,
tout petit pays à environ 50 kilomètres du front.
Le reste du régiment arrive le soir.
Repos. Rien de neuf.
Rien de neuf.
Les permissions recommencent ce soir.
Repos.
Repos. Rien de neuf.
Rien de nouveau. Le bruit court que
nous allons aller du côté d'Abbeville dans un camp. Brossard part ce soir.
Rien de nouveau. Exercice.
Rien de nouveau. Exercice.
Rien de nouveau. Exercice.
Rien de nouveau. Exercice.
Rien de nouveau. Exercice.
Rien de nouveau. Exercice. Le bruit
court que nous partons lundi pour Abbeville.
Repos. Rien de nouveau.
Rien de changé.
Départ le matin, à 6 heures.
Nous allons jusqu'à Yvrench, petit pays, avec 28 kilomètres dans les pattes et
beaucoup de fatigue.
Repos. Rien de neuf.
Nous sommes venus ici pour faire des
manœuvres dans un camp.
J'apprends le matin que je pars dans
la nuit en perme.
Départ à 3 heures du matin. Nous
prenons le train à Saint-Riquier pour passer à Clermont, Orléans et arriver à
Nantes à 3 heures du matin, le samedi.
La journée à Nantes.
Toute la journée à Nantes.
Toute la journée à Nantes.
Je prends le train le soir, à 6
heures pour arriver à Issé à 8 heures.
La journée au pays.
La journée au pays.
La journée en voyage.
En voyage à Moisdon.
Départ pour le front à 5 heures et
demie. Je passe la nuit et la journée de dimanche dans le train.
Passe la ceinture dans l'après-midi
et arrive à Frévent le soir.
Débarque à Saint-Riquier le matin à 6
heures, monte en auto avec un Anglais qui nous emmène jusqu'à Yvrench où est le régiment.
Départ le matin par le train. Nous
arrivons le soir à Houdain et allons coucher à Divion.
Repos à Divion.
Repos et revue d'armes.
Exercice et repos.
Exercice et repos.
Repos.
Repos.
Départ à 12 heures pour aller à
Ruitz.
Repos.
Repos.
Repos.
Repos.
Repos. Nous allons en balade à
Barlin.
Repos.
Repos.
Départ à 8 heures pour aller à la
fosse 10 de Sains-en-Gohelle.
Repos.
Repos.
Nous allons faire des hangars au train
de combat pour les Nœux-les-Mines.
Le régiment prend les lignes ce soir.
Pas de changement.
Pas de changement.
Pas de changement.
Le soir, nous sommes relevés par les
Anglais. Nous venons à Bracquencourt, petit pays près
de
Hersin-Coupigny.
Repos, rien de nouveau.
Repos, nous avons de la neige. Jour
de relève.
Rien de neuf.
Repos
Repos.
Repos.
Départ pour Gouy-Servins,
5 kilomètres.
Rien de neuf.
Une partie des sapeurs monte en ligne
avec les pionniers, en face de Souchez.
Nous montons tous en ligne au 1er
bataillon. Dans les tranchées, nous avons de la vase jusqu'à la ceinture.
Ce soir, n'ayant pas à manger, nous
revenons à Gouy pour retourner demain.
Nous retournons en ligne. Il y fait
mauvais.
Le soir, nous couchons en tranchées.
Le soir, nous revenons à Gouy, mais le bataillon reste en ligne, un jour de plus que
nous.
Nous allons jusqu'à Maisnil-Bouché. Nous y passons la journée.
Départ à 10 heures. On fait la marche
sans sac. Nous venons à Valhuon, 25 kilomètres. Les
hommes sont vannés. Il y a le 2ème b. et le colon qui y sont déjà arrivés.
Repos à Valhuon.
Départ à 6 heures. Nous couchons au Parcq.
Départ à 6 heures. Nous couchons à
Raye-sur-Authie.
Départ à 6 heures. Nous couchons à Roussent.
Départ à 6 heures pour arriver à
Berck-Plage à midi, beau pays. Nous couchons dans un lit.
Repos à la plage.
Repos à la plage.
Rien de changé.
Rien de changé.
Rien de changé.
Rien de changé.
Nous restons à Berck-Plage jusqu'au
31.
Départ le 31 pour aller à Vercourt le vendredi, 18 kilomètres.
Départ. Nous allons à Sailly-le-Sec, 16 kilomètres. (*)
(*) : Sailly-le-Sec s’appelle
maintenant Sailly-Flibeaucourt, au nord d’Abbeville
(à ne pas confondre avec Sailly–le-Sec également dans
la Somme mais 10 km à l’est d’Amiens).
Départ. Nous allons à Citerne, 30
kilomètres.
Repos à Citerne, petit pays.
Nous allons à Caulières.
Nous allons à Croissy-sur-Celle.
Nous allons à Farivillers.
Nous y restons jusqu'au samedi 8.
Nous allons à Caply, petit pays, à 6 kilomètres.
Nous y restons jusqu'au 13 avril.
Départ le matin à 1 heure.
Nous allons prendre le train à Gannes. Nous passons par Paris, gare du Nord, à Mauves (Meaux ?) et Epernay pour descendre à Daucourt, le vendredi matin, à 3 heures.
Meaux ?
Nous allons à la Neuville-sous-Bois,
petit pays pas loin de Verdun. Aussi, il faut s'attendre à aller par-là, ces
jours.
Repos à la Neuville-sous-Bois.
Nous allons à Braux-Saint-Rémy,
à 8 kilomètres.
Nous allons à Passavant-en-Argonne, à
8 kilomètres.
Nous avons repos.
Nous approchons toujours un peu de
Verdun. Nous sommes à environ 5 kilomètres.
Départ à midi.
Nous allons à Jubécourt,
à 15 kilomètres, à gauche de Verdun et des lignes.
Là, je vois mon ancien commandant Ecochard (*) et le général De bazelaiRe qui était notre colonel au début de la guerre.
Ils commandent notre armée.
(*) : Ecochard
devait être son commandant entre son incorporation en 1912 et la déclaration de
guerre car il n’apparait pas dans l’organisation du 135e au 5 août 1914 :
la CHR n’est pas nommément mentionnée mais le porte-drapeau était déjà le lieutenant
Roux
Nous partons à midi pour les
tranchées. Nous allons à 5 kilomètres des lignes, dans un bois et en repartons
à 10 heures du soir et allons à Montzéville au P.C. du colonel. Le pays est
assez bombardé.
Tout le jour, nous allons travailler
au poste de secours du régiment qui est dans le patelin avec nous. Nous avons
relevé les zouaves et le secteur n'est pas bien fameux d'après eux.
Nous travaillons toute la journée.
Les boches ont voulu attaquer, mais ils sont tombés sur un gros bec.
Pas de changement.
Pas de changement.
Pas de changement, sauf fort bombardement.
Tous les jours, le régiment prend les 1ères lignes.
Cette nuit, nous allons à 8
kilomètres dans un pays qui est beaucoup bombardé, à Esnes.
Tous les jours, il y a des morts et des blessés.
Aussi, nous allons être heureux pendant
5 jours que nous devons y être.
Nous arrivons à Esnes-en-Argonne
le matin.
Le pays est complètement démoli. Nous
allons faire des abris au poste de secours qui est dans un château. Les boches
bombardent du matin au soir avec des 155 et des 210.
Pas de changement.
Pas de changement.
Pas de changement.
Nous sommes relevés dans la nuit et
nous venons à Montzéville aux mêmes emplacements.
Nous y passons la journée. Le
régiment n'a pas encore trop souffert.
Nous partons le matin pour Jubécourt, à 15 kilomètres. Au repos.
Alerte à midi. Nous reprenons le
chemin des lignes. Nous allons dans le bois de Béthelainville
en réserve.
Le soir, nous allons à Montzéville.
Le 6 mai le 135e régiment d’infanterie prends position
en tranchée secteur du bois Camard (Verdun)
Nous passons la journée à
Montzéville. (*)
Le 7 mai, le 135e régiment d’infanterie perd plus de 500
hommes parmi les bataillons en premières lignes.
Nous recevons l'ordre d'aller aux
blessés.
Nous allons à Esnes.
Le patelin est tellement bombardé que nous ne pouvons monter en ligne.
Nous revenons au jour à Montzéville.
Nous y passons la journée et nous sommes relevés dans la nuit.
Nous allons dans un bois à côté de
Dombasle. Nous y passons la journée à attendre les débris du régiment. (*)
Le soir, nous allons prendre le train
à Blercourt.
(*) : Au 10 mai, un état très précis des pertes subit
par le du 135e régiment d’infanterie de la période du 20 avril au 10 mai 1916,
est établi dans son JMO : Plus de mille hommes ont été tués, blessés et
disparus (majorité).
Nous débarquons le matin à
Baudonvillers et y cantonnons.
Repos. Il arrive encore quelques
trainards avec plusieurs compagnies qui n'avaient pu être relevées.
Nous partons le soir pour
Villers-en-Lieu, à 11 kilomètres. Arrivée de la classe 16. (*)
(*) : Le renfort est d’environ 340 hommes dont la
plupart sont des jeunes de la classe 1916, 19 et 20 ans.
Il provient du 9e bataillon de Marche du dépôt du 135e régiment d’infanterie.
Repos.
Je trouve quelques pays de la classe
16.
Repos. Rien de neuf.
Repos.
Il y a eu 27 officiers et 1000 hommes
hors de combat pendant les 20 jours.
Repos.
Je peins les voitures. Deux sapeurs
sont à l'infirmerie, Legoff et le
caporal. (*)
(*) : Jean Marie LEGOFF est menuisier de formation, donc
logiquement sapeur. Malade et hospitalisé entre août 1914 et juin 1915, il n’a
pas participé aux premiers mois de la guerre. Il a rejoint le 135e régiment
d’infanterie en juin 1915. Il a survécu à la guerre. Voir
sa fiche matriculaire.
Jean-Marie LEGOFF a un frère, Stanislas, qui lui aussi
est menuisier. Ce frère rejoint le 135e régiment d’infanterie en février 1917. Henri
ROCHEREAU fera la différence entre les 2 frères qui sont tous les deux sapeurs
en nommant le premier simplement « LEGOFF » et le second
« Stanislas LEGOFF ».
Rien de changé. Le bruit court du
départ.
Départ le matin à 5 heures. Nous
allons à Lisle-en-Rigault, 16 kilomètres.
Au repos toujours.
Repos. Le bruit court que nous allons
embarquer pour la Somme ou l'Oise.
Repos à Lisle-en-Rigault.
Départ à midi. Nous allons prendre le
train à Mussey, à 12 kilomètres et nous débarquons à
9 heures à Vitry-la-Ville.
Dans la nuit, nous allons à Vésigneul, à 3 kilomètres sur le bord de la Marne.
Repos à Vésigueul.
Rien de changé.
Rien de neuf.
Repos à la pêche dans la Marne.
Départ en autos à midi. Nous passons
à Chalons et descendons à Suippes pour aller dans des baraques dans le bois de Souain. Une partie du régiment prend les lignes.
C'est tranquille.
Nous sommes assez bien ici, mais on
ne voit pas un chien. Toujours les bois. Le secteur est assez tranquille et les
abris ne manquent pas. Ce n'est plus Verdun.
Il y a une différence ici, c'est la
vie de bohême auprès de là-bas en enfer.
Rien de nouveau.
Nous prenons la garde au drapeau jour
et nuit.
Rien de nouveau.
Rien de nouveau.
Rien de nouveau.
Ce soir, nous montons en ligne pour
travailler.
Nous travaillons dans les boyaux.
C'est assez calme ici.
Rien de changé.
Rien de changé.
Nous allons au 3ème bataillon et les
autres en ligne faire des abris.
Rien de nouveau.
Rien de nouveau.
Rien de nouveau.
Rien de nouveau.
La journée est comme les autres,
calme.
Le soir, nous allons en corvée à la
petite gare de Cherville. Aussi, on se fait saluer
par les 77. Il y a deux blessés, un du régiment d'infanterie et l'autre de chez
nous.
Nous sommes relevés le soir et nous
allons au camp 4. 5 au repos pour 10 jours.
Rien de nouveau.
Rien de nouveau.
Rien de nouveau.
Rien de nouveau.
Rien de nouveau.
Départ à midi pour les tranchées du
1er bataillon faire une sape au poste de secours.
C'est assez calme. Toujours, nous
sommes près de Souain en tranchées.
Travail toute la journée.
Travail toute la journée.
Rien de nouveau.
Rien de nouveau.
Rien de nouveau.
Rien de nouveau.
Rien de nouveau.
Rien de nouveau.
Toujours au travail au P.I. (Théodore) RÉthorÉ est parti en permission. Le bruit
court d'une attaque des nôtres par ici, mais ce n'est pas certain.
Rien de nouveau.
Rien de nouveau.
Repos, le travail étant fini.
Repos.
Rien de nouveau, sauf que les boches
arrosent les premières lignes avec des torpilles. Le soir, elles sont nivelées.
Heureusement que les abris sont bons. Il y a peu de pertes.
Rien de nouveau.
Repos mais en deuxième ligne et non
au camp.
Nous retournons au travail.
Toujours la même chose.
Rien de changé.
Il y a peu de blessés en ce secteur.
Un ou deux par jour sur 2000. C'est le petit nombre.
Rien de nouveau.
Nous travaillons toute la journée. Nous
sommes un peu mieux nourris et nous avons un litre de vin et un quart de
champagne.
Rien de changé.
e
n'est plus la fête pour la nourriture et la boisson. J'ai rencontré Chailleux ce soir dans le boyau d'Erain.
Rien de nouveau.
Rien de neuf.
Rien de neuf.
Rien de neuf.
Nous venons au camp 4/8. Au repos
pour 10 jours.
J'arrive de permission à la gare de
Suippes avec un cafard épouvantable et viens au camp 45 où j'ai laissé les
copains avant mon départ. Il n'y a pas eu de changement. Nous y restons à
travailler pour l'infirmerie.
Rien de nouveau.
J'ai vu plusieurs camarades du pays.
Rien de nouveau.
Le soir, je vais voir Jutet à la Cherville,
mais ne peux être longtemps avec lui car il y a alerte pour les gaz et il monte
en ligne ce soir.
L'attaque n'a pas eu lieu, cause du
peu de vent. Elle est retardée.
Rien de changé pour aujourd'hui.
Rien de neuf.
Louis Bouchet vient me voir. (*)
Nous allons rendre visite à tous les
copains des environs du pays.
(*) : Il pourrait s’agir de Louis Pierre Marie Joseph
BOUCHET d’Issé classe 1905, qui était alors au 6e génie dont la Cie 9/2 (et
d’autres ?) était dans le secteur (s/s Lt LAMY
tué le 23/08 à la ferme de Navarin). Voir
sa fiche matriculaire.
Rien de neuf. Je vais voir Jean RouX.
J'apprends que nous n'allons pas être
longtemps dans le secteur.
Rien de nouveau.
J'apprends la mort de Jules GaUtier. (*)
(*) : Jules Jean Marie GAUTIER, menuisier d’Issé, tué le
14 août 1916. Voir
sa fiche matriculaire.
Rien de nouveau.
Rien de nouveau.
Rien de neuf.
L'attaque au gaz qui avait fait tant
de bruit ne réussit pas, mais il n'y a pas de cause.
Rien de neuf, toujours au camp.
Repos. Rien de neuf.
Rien de neuf.
Les bruits courent que nous devons être
relevés pour aller au repos une quinzaine.
Rien de neuf.
Nous partons le matin prendre les
autos à Suippes pour aller au repos à Rhèges. Ce sont
des coloniaux qui nous remplacent. Ils arrivent de la Somme.
Repos à Rhèges,
petit pays.
Rien de nouveau.
Repos. Rien de neuf.
Départ le matin à 2 heures, trente
kilomètres. Nous allons à Dampierre, petit pays.
Nous passons à Arcis-sur-Aube.
Repos à Dampierre, petit pays de 200
habitants. Nous ne trouvons rien.
Nous allons faire des tranchées pour
faire des manœuvres.
Toujours la même chose.
Nous allons ramasser de l'avoine chez
notre paysan.
Repos.
Repos.
Exercice matin. Repos l'après-midi.
Rien de nouveau.
Il y a manœuvre au camp de Mailly, mais nous ne marchons pas nous autres ainsi que les
pionniers.
Nous avons repos pour aujourd'hui.
Exercice le matin.
L'après-midi, je vais travailler au
château à la brigade.
Fête du régiment et repos.
Toute la journée au château à
travailler. J'y finirais bien la guerre, malgré que le rapport est la ceinture.
Toute la journée au château.
Le régiment sort travailler au camp
de Mailly faire des manœuvres. Nous devons partir
mardi.
Repos, nous partons demain.
Départ à 8 heures.
Nous allons à Margerie, petit pays à
12 kilomètres. Nous approchons d'une gare.
Repos le matin. Le soir, embarquement
à la gare de Gigny.
Nous passons à Versailles et Pontoise
pour venir débarquer dans l'Oise à Grandvilliers. Nous allons à Sarcus, à 6 kilomètres, petit pays. Nous arrivons le
vendredi à 2 heures du matin.
Repos à Sarcus.
Repos. Rien de nouveau.
Repos. Les bruits courent que nous
partons demain, par étapes.
Départ à 7 heures. Nous allons à
Poix, assez beau pays. Nous approchons d'Amiens, nous en sommes à 20
kilomètres....
Départ à 6 heures. Nous allons à
Moyencourt, petit pays à 5 kilomètres de Poix sur la route d'Amiens.
Repos à Moyencourt.
Les bruits courent que nous allons
aux environs de Bouchavesnes, très mauvais secteur en ce moment.
Repos à Moyencourt.
Rien de nouveau.
Rien de nouveau.
Rien de nouveau.
Le colonel est évacué pour une
entorse.
Autrement, nous sommes sur le
qui-vive pour aller dans la Somme en tranchées.
Rien de nouveau.
Nous apprenons le soir que nous
partons demain en autos.
Départ à 6 heures en autos.
Nous passons à Amiens,
Villers-Bretonneux et débarquons à 2 kilomètres de Bray-sur-Somme. Nous allons
dans les baraquements.
Rien de nouveau.
Le
77 approche des lignes.
Ce soir, nous en sommes encore à 15
kilomètres, mais comme canon, c'est un vrai feu roulant. Il y a auprès de nous
une pièce de 400. C'est effrayant de voir un moment pareil. Nous devons aller
en tranchées ces jours pour faire une attaque, ce sera du propre, je pense
encore.
Au matin, rien de nouveau.
Nous allons visiter des obus de 400.
C'est vraiment effrayant ce qu'il y a comme grosse artillerie dans ce secteur.
La canonnade ne cesse ni jour, ni nuit.
Aussi, c'est très dur pour les
tranchées, paraît-il. D'après les camarades qui en viennent, il n'y a que trous
d'obus partout, ce qui sert de tranchée.
Le matin, nous allons voir les
machines infernales ou tanks anglais. C'est très bien, comparés, mieux que les
nôtres.
A 1 heure, départ.
Nous passons à Maricourt, Hardecourt,
Maurepas et allons à Combles. De tous ces patelins, il ne reste plus rien, que
des briques calcinées. Le terrain est complètement bouleversé. Il n'y a même
pas d'abris.
Le bombardement ne cesse pas du matin
au soir. C'est effrayant ce que les boches reçoivent comme marmites, mais ils
en envoient eux aussi. Nous sommes dans un abri à moitié démoli. Ce n'est pas
le secteur de Champagne, il s'en faut de beaucoup.
Le soir, nous allons à la brigade
chercher des outils pour aller travailler au P.C. du 1er bataillon qui est en
ligne. Nous y travaillons 8 heures, de 6 à 2 heures du matin.
Toute la nuit, le canon tonne. Nous
sommes à 1 kilomètre des premières lignes.
Il n'y a pas de changement ce matin.
Nous devons attaquer ces jours pour
prendre le patelin de Saillisel. Ça va faire du beau travail. Le moral est bien
bas dans le régiment. Aussi, je m'en effraye à l'avance car c'est probable que
nous marchons, aussi nous, à l'attaque.
Le soir, le régiment avance de deux
cent mètres. Il y a 2 capitaines tués et environ 200 hommes hors de combat. (*)
(*) : 170 hommes environ selon le JMO.
Capitaine Victor Gustave CLOMBOURGER. Sa
fiche.
Capitaine Louis GOËNVIC. Sa
fiche.
Le soir, nous allons faire un abri pour
un commandant en 1ère ligne.
Les boches nous passent quelque
chose. C'est terrible pendant deux heures. Jamais je n'avais vu un bombardement
pareil. Il y a où devenir fou par le bruit du canon. Nous avons toutes les
peines à revenir le matin sous un tas de barrages.
En arrivant le matin, nous allons
dans l'abri du colonel à la garde du matériel. Lui s'en va à 1500 mètres plus
loin pour l'attaque qui doit avoir lieu aujourd'hui. Le canon tonne de plus en
plus.
A midi, il redouble de violence et à
2 heures, l'attaque commence. C'est effrayant comme bombardement. Jamais
personne ne pourra se figurer que ce que c'est terrible, que ceux qui y sont et
en reviendront. Le régiment prend les positions qui lui étaient assignées, mais
les régiments de gauche et de droite ne peuvent avancer.
Aussi, chez nous, la nuit venue, il
faut revenir aux emplacements de départ.
Le régiment est toujours en 1ère
ligne. Il a beaucoup souffert dans l'attaque d'hier. Il y a beaucoup de perte,
mais heureusement peu de tués en proportion des autres attaques.
L'après-midi, je vais porter un
pigeon voyageur trouvé à Combles à la brigade, de là à la division et au corps
d'armée. Finalement, au corps, on me dit de le manger. C'est bien la bêtise
militaire. Aussi, je m'enfile comme 30 kilomètres, mais j'ai le plaisir de voir
Louis BouchEt.
Rien de changé ce matin.
Dans la soirée d'hier l'adjudant
pionnier (*) a
été tué par un obus. Il y a deux blessés, dont Rochereau du Grand-Auverné. (**)
La journée est un peu plus calme
aujourd'hui. Le régiment est en 2ème ligne et le 77ème en 1ère. Leur colonel a
été blessé hier. Aussi, c'est le nôtre qui commande les deux régiments.
Nous sommes toujours à la gauche du
matériel du régiment.
(*) : Marcel René GARNAVAULT, adjudant au 135e régiment
d’infanterie, mort pour la France à Combles (80) le 13 octobre 1916. Voir
sa fiche.
(**) : Pierre Marie ROCHEREAU est bien de Grand-Auverné. Voir
sa fiche.
Rien de changé ce matin. Les boches
tuent beaucoup plus qu'à l'habitude sur Combles et surtout sur la station où
nous sommes, ils blessent quelques hommes.
Rien de changé ce matin.
A midi, nous recevons l'ordre d'aller
au P.C. du colonel chercher les colis pour aller en réserve au bois d'Angle.
Nous y arrivons le soir.
Nous sommes relevés par le 77.
Rien de neuf.
Je vais pour voir (Jean)
Auguste Frangeul au bois de Vaux
et arrivé là, il est à travailler près de Combles, entre Combles et Maurepas, à
environ 2 kilomètres d'où nous sommes. Aussi, j'ai fait un voyage inutile de 15
kilomètres.
Rien de neuf.
Je ne peux aller jusqu'à Auguste.
Nous sommes en cantonnement d'alerte depuis hier soir.
Rien de changé. Nous sommes toujours
en réserve du 77.
Nous sommes relevés par le 296 de la
152ème division. Nous prenons les autos à Maricourt. Nous passons à Suzanne et
Bray pour descendre à Fouilloy, à côté de Corbie.
Nous sommes couchés dans des
baraquements presque dans l'eau.
Repos.
Nous sommes très mal pour coucher. Il
fait froid.
Dimanche, 22 octobre 1916
Repos.
C'est défendu d'aller à Corbie qui
est occupé par les Anglais. Nous apprenons que le général de division est mis
en disponibilité. (*)
(*) : Le général LEFEVRE est remplacé par le général
DILLEMANN
Rien de nouveau.
Rien de nouveau.
Rien de nouveau.
Rien de nouveau.
Rien de nouveau.
Rien de nouveau.
Rien de nouveau.
Rien de nouveau.
Les permissions sont arrêtées pour le
moment.
A part cela, rien de nouveau.
Rien de nouveau.
Le 66ème part à midi pour 15-16 et
les bruits courent que nous partons aussi nous demain pour aller en ligne, au
même endroit que la dernière fois.
Nous devons partir demain: C'est le
32 qui est parti aujourd'hui.
Nous partons le matin à 6 heures en
autos pour Morlancourt, un bataillon.
Les deux autres sont partis à 15-16.
Réveil à 4 heures, départ à 7 pour
15-16.
Nous y passons la journée. J'en
profite pour aller voir Auguste
(Jean) Frangeul.
Nous reprenons la route de Morlancourt. Toujours le même bataillon.
Dans la nuit, les boches sont venus
faire sauter un dépôt de munitions à 6 kilomètres. D'après les bruits, il y
aurait 3 pays de complètement démolis, beaucoup de tués et noyés et de blessés
et avec la perte de 2 millions d'obus, c'est un beau travail pour les boches. Jamais,
je n'avais encore entendu une détonation pareille.
La terre en tremblait et beaucoup de
vitres ont cassé ici à 6 kilomètres du lieu.
Repos à Morlancourt.
Rien de nouveau en ce moment.
Nous ne comprenons rien aux ordres.
Rien de nouveau.
Les bruits courent que nous allons en
ligne demain.
Départ à 9 heures.
Nous passons à Bray en autos pour
descendre à Suzanne. Je vois Francis Chauvin
(*) à l'ambulance.
De là, nous allons en tranchées près
de Morval. Je suis avec 5 sapeurs à la garde du
matériel.
(*) : Pas trouvé
C'est assez tranquille dans la
journée.
Dans la nuit, les boches nous ont
marmité avec des obus à gaz. Il y a beaucoup de malades.
Ce n'est pas si calme que les
premiers jours. A part cela rien de neuf.
C'est toujours de plus en plus
mauvais par ici comme bombardement.
Le bombardement commence à 9 heures.
A une heure, il tombe un obus en
plein sur la cabane qui blesse (Charles) Tassin grièvement. C'est un hasard que
nous n'y sommes pas passés tous les 4.
La journée est terrible. Aussi, nous
sommes obligés de descendre à la brigade.
Extrait de la fiche matriculaire de
Charles TASSIN
La journée est plus calme.
C'est vrai qu'ils en ont fait assez
hier. J'ai bien peur pour (Charles) Tassin qu'il en revienne.
La journée est assez calme, à part
quelques obus, ça va.
Ce matin, les boches nous ont
réveillés avec leurs marmites. Je crois qu'ils en veulent au matériel. La journée
n'est pas bonne, ni belle. Il tombe de l'eau et ce matin, il y avait de la
neige.
Rien de nouveau. Nous devons être
relevés cette nuit par le 125.
Rien de nouveau ce matin. La journée
se passe comme les autres.
Le soir, nous sommes relevés par le
125.
Départ le midi en autos à Suzanne.
Nous descendons à Fouilloy.
Repos. Rien de nouveau.
Repos.
Départ des permissionnaires.
Rien de nouveau.
Repos.
Nous partons au grand repos demain
dans la seine-inférieure.
Départ à 9 heures.
Nous passons par Amiens. Poix pour
descendre à Aumale, beau petit pays.
Repos. Il va partir beaucoup de
permissionnaires. Ici, au moins 40 pour cent en deux fois.
Rien de nouveau.
Rien de nouveau.
Rien de nouveau. Mon tour de départ
approche vite.
Rien de neuf.
Rien de neuf. Les permes sont
arrêtées jusqu'au retour des autres.
Rien de neuf.
Rien de neuf.
Le caporal rentre de permission.
Nous allons installer les douches au
premier bataillon, Job (*) et moi.
(*) : Pas trouvé
Rien de neuf.
Je vais avec les ouvriers travailler
aux cuisines roulantes.
Rien de changé.
J'apprends que demain je pars en
permission.
Départ à 8 heures.
Toute la journée, je voyage.
J'arrive à Issé à une heure par le
train de marchandises.
Jusqu'au mardi 19 décembre 1916 au
pays.
Toute la journée en voyage.
J'arrive le matin à
Villers-Bretonneux.
Toute la journée, je voyage à pied
pour trouver le régiment. J'arrive le soir à Cerisy.
Il est au demi-repos.
Repos à Cerisy.
Repos à Cerisy.
Rien de nouveau.
Repos. Rien de nouveau.
Départ en autos le matin pour
descendre près de Suzanne et de là nous allons à pied jusqu'à
Bouchavesnes-Bergen en tranchées.
Nous y arrivons à minuit, sales comme
des cochons.
Rien de nouveau. Le secteur est assez
tranquille, mais comme boue, c'est épouvantable. A peine pouvons-nous en
sortir.
Nous travaillons au P.C. du colonel.
Rien de nouveau.
Rien de nouveau.
Rien de nouveau.
Rien de nouveau.
Rien de nouveau.
En janvier
1917, le 135e régiment d’infanterie
passe de la 18e à la 152e division d’infanterie. Cette 152e DI est composée
des 114e, 125e et 135e régiments d’infanterie et du 249e régiment d’artillerie
de campagne
Les boches tirent un peu plus que
d'habitude. A part cela, c'est la même vie.
Rien de nouveau dans le secteur. Nous
sommes relevés par le 32.
Le soir, les boches font un tir de
barrage. Il y a plusieurs morts et blessés à la relève.
Nous prenons les autos à Suzanne pour
aller à Vaire-sous-Corbie, petit pays où nous
arrivons le soir.
Repos.
Sale pays. On ne trouve rien, même
pas de la bière.
Rien de nouveau. Repos.
Rien de nouveau.
Les bruits courent que le 135 va
quitter la 18ème division et ira à la 152ème.
Je vois Louis Aubin et Durand.
A part cela, rien. (*)
(*) : Louis AUBIN et Jean Marie DURAND, déjà cités.
Rien de nouveau.
Rien de nouveau.
Nous partons le matin à pied. On fait
2 kilomètres. Nous allons à Hamelet, petit pays.
Le
77 part pour les lignes. Pour nous, on ne connaît encore rien.
Rien de nouveau.
Rien de nouveau.
Rien de nouveau.
Rien de nouveau.
Rien de nouveau.
Nous apprenons que nous allons en
tranchées. Le 19 au 20, du côté de Biaches.
Rien de changé.
Départ à 9 heures à pied. Nous venons
coucher dans les baraquements à Eclusier-Vaux, petit pays à côté de Cappy, environ 20 kilomètres.
Le soir, nous partons avec la voiture
du colonel pour Biaches. Nous relevons le 78ème du
12ème corps. Nous sommes à la disposition du cuisinier du colonel pour les
corvées.
Le secteur est très calme. Depuis 15
jours, les boches ne tirent pas beaucoup.
Rien de neuf. C'est très calme.
Rien de nouveau, calme.
Rien de nouveau, calme.
Nous devons être relevés cette nuit
par le 125 pour aller au repos à Cappy. La journée
est calme comme les précédentes. Il fait un temps clair aussi.
Nous voyons Péronne comme si nous y
étions, mais ce sont les boches qui l'occupent et c'est même surprenant de voir
un calme pareil avec toutes les hauteurs qu'ils occupent, ils nous voient très
bien, mais ne disent rien et c'est la même chose chez nous.
Nous sommes au repos à Cappy. Dans les baraquements, il n'y fait pas chaud. Le
canal est complètement gelé.
Rien de nouveau. Même temps.
Rien de nouveau.
Nous allons au bourg de Cappy faire des auges pour les chevaux du régiment.
Rien de nouveau.
Le régiment prend les lignes.
Ce soir, il relève le 114. Nous, nous
restons à Cappy.
Rien de nouveau.
Rien de nouveau.
Rien de nouveau.
Le régiment est relevé cette nuit par
les Anglais.
Nous allons dans les baraquements au
camp 52 entre Chuignolles et Proyart.
Nous passons la journée au camp 52.
Rien de neuf, sauf que nous devons marcher demain.
Départ à 7 heures. Nous allons
coucher à Berteaucourt-lès-Thennes,
petit pays à environ 25 kilomètres.
Repos. Rien de nouveau.
Rien de nouveau.
Rien de nouveau.
Rien de nouveau. Nous en profitons
pour aller à Moreuil, Théo (*)
et moi.
C'est assez chic comme patelin.
(*) : Sûrement Théodore RÉTHORÉ.
Départ à midi. Nous allons prendre le
train à Boves, 6 kilomètres. Nous passons à Paris dans la nuit. Nous passons la
nuit en voyage.
Nous passons à Epernay, Chalons sur
Marne. Nous descendons à Vitry-la-Ville et nous allons coucher à Soulanges, 10 kilomètres de Vitry-le-François, petit pays.
Repos. Rien de nouveau.
Rien de nouveau.
Rien de nouveau.
Rien de nouveau.
Le bruit court que nous partons
demain pour une destination inconnue.
Le matin, nous avons alerte et en
place de partir à pied, nous embarquons à 3 heures de l'après-midi à
Vitry-la-Ville, nous passons à Vitry-le-François et descendons à
Sainte-Menehould.
A 8 heures, nous allons coucher à
Verrières, 4 kilomètres.
Nous passons la journée à Verrières. Les
boches ont fait une attaque aux gaz par ici, mais je crois qu'ils sont tombés
sur un bec. Nous sommes toujours sur le qui-vive.
Rien de changé, toujours en alerte.
Repos toute la journée.
Rien de changé. Les bruits courent
que nous allons aller au camp de Mailly, mais j'ai
bien peur que les boches nous empêchent d'y séjourner bien longtemps. Ils
doivent bien préparer quelque chose encore pour nous faire danser les pattes en
l'air.
Rien de nouveau.
Rien de nouveau.
Rien de nouveau.
Rien de nouveau.
Rien de nouveau.
Repos, rien de nouveau.
Repos. Nous devons partir demain.
Départ à 11 heures
Nous passons par Braux-Saint-Rémy
et allons coucher à Epense, petit pays, 17 kilomètres
environ.
Repos, rien de nouveau.
Repos, rien de nouveau.
Repos. Nous partons demain.
Départ à 7 heures.
Nous allons coucher à Bassuet, 27 kilomètres environ.
Départ à 6 heures. Nous passons à Vitry-le-François
et allons coucher à Blacy, à 11 kilomètres de Vitry,
environ 18 kilomètres de marche.
Départ à 7 heures.
Nous allons dans un camp près de
Saint-Ouen (Camp de Mailly,
Aube), environ 25 kilomètres, par un sale temps, neige et pluie.
Repos au camp. Nous devons y être un
bon moment.
Je suis affecté aux douches.
Rien de nouveau.
Rentrée des permissionnaires, caporal
et compagnie. Rien de nouveau.
Rien de nouveau.
Je pensais aller jusqu'à Francis Gautier à Chaudrey,
mais je n'ai pu avoir de perme pour la journée, avec une bande de vaches comme nous
avons à nous conduire. C'est honteux d'être conduits au 20ème siècle par des
brutes de la sorte.
Aussi, ce que j'en ai marre de la vie
militaire et de cette boucherie humaine. Bon Dieu, quand donc la fin de cette
vie de douleur et de malheur et quand que les comptes pourront enfin se régler.
Que les gens sont bêtes pour laisser continuer une boucherie pareille.
Vivement, vivement la fin.
Rien de nouveau.
Rien de nouveau.
Départ le matin à 6 heures. Nous
allons à la manœuvre dans le camp.
Elle dure de 6 heures du matin à 4
heures du soir. Nous avons marché toute la journée sans rien comprendre. Je
suis certain que le colonel n'a pas compris davantage que nous
Ça ne ressemble pas plus à la réalité que moi
à un moulin à vent. C'est honteux de faire marcher les hommes de la sorte
puisque ça ne sert à rien, mais c'est bien le truc militaire dans toute sa
grandeur et avec sa grande bêtise.
Rien de nouveau. Continuation aux
douches et repos.
Rien de nouveau.
Départ à 6 heures. Manœuvres toute la
journée et le soir, décoration du drapeau du 114 et 125.
Retour à 5 heures.
Rien de nouveau.
Les bruits de notre départ du camp
commencent à courir. Départ de RhÉtorÉ
en permission. Rien de nouveau. A part cela, aux douches.
Rien de nouveau.
Départ à 7 heures. Nous passons près
de Vitry-le-François et allons à Soulanges où nous
étions il y a déjà un mois, 33 kilomètres. Aussi, c'est un peu dur. Comme
fatigue, il y en a.
Repos. Rien de nouveau.
Repos. Rien de nouveau. Vaccin.
Repos forcé par le vaccin.
Repos. Rien de nouveau.
Repos. Rien de nouveau.
Départ à 6 heures.
Nous passons par Bussy-Lettrée pour
coucher à Vatry, petit pays, 33 kilomètres.
Départ à 6 heures. Nous passons à
Bergères-lès-Vertus et allons coucher à Loisy, petit pays, 30 à 32 kilomètres.
Aussi, tout le monde est fatigué.
Repos.
Nous sommes tout près de
Vert-la-Gravelle qui me rappelle de tristes souvenirs ainsi que le Mont Août,
tout près. Ça me rappelle 1914 à la bataille de la Marne où nous avons beaucoup
souffert à tous les points de vue, de la faim et beaucoup de pertes en hommes.
Quand donc en verrons-nous la fin. Ce
pays ne me sourit pas, car nous sommes à la veille d'en voir encore de bien
dures et de bien terribles.
Repos. Rien de nouveau.
Repos. Rien de nouveau.
Départ à 2 heures de l'après-midi.
Nous allons faire un stage au génie à
Bergères-lès-Vertus, à 12 kilomètres.
Nous allons avec le génie faire du
pontage.
Mêmes travaux.
Mêmes travaux.
Mêmes travaux.
Pas de changement. Ça commence à être
la barbe.
Rien de nouveau.
Départ à 6 heures avec le Génie. Nous
passons à Avize et allons à Brébant.
Le soir, nous repartons rejoindre le
régiment à Monthelon. Environ 25 kilomètres en tout.
Repos.
Les bruits du départ aux tranchées
circulent. On fait des paquets individuels. Mauvais signe, c'est encore la
boucherie qui nous attend.
Départ à 6 heures.
On fait 22 kilomètres. Nous couchons
à Port-à-Binson, près de la Marne et tout à côté de
Chatillon-sur-Marne.
Repos, rien de neuf. Nous devions
partir ce matin.
Départ à 7 heures.
Nous passons la Marne sur un pont
suspendu et on nous laisse poiroter 2 heures dans un champ. De là, nous allons
coucher à Baslieux, petit pays, environ 8 kilomètres.
Repos. Rien de nouveau.
Repos. Rien de nouveau.
Départ à 2 heures de l'après-midi. On
fait 8 kilomètres
Nous couchons dans un camp à
Ville-en-Tardenois.
Départ à 7 heures.
Nous passons à Romigny
et allons camper dans un bois, environ 16 kilomètres, mais le soir, nous
repartons.
A 5 heures, on fait une marche très
fatigante, environ 16 kilomètres. Nous couchons dans un patelin. Nous y
arrivons à 3 heures du matin.
Départ à 9 heures. Nous approchons
des lignes. On s'aperçoit déjà de l'effet des marmites. On fait 6 kilomètres et
nous campons dans les bois. La danse ne va pas tarder pour nous non plus,
peut-être demain. Quelle boucherie humaine. Quand donc la fin.
Départ à 4 heures, nous allons à Cauroy, petit pays à côté. Nous y restons une heure et nous
repartons en suivant le front. Nous allons à Saint-Thierry, à côté de Thil. Nous y passons la nuit.
Le matin, rien de nouveau.
Nous sommes tout près des lignes. Les
boches ont tiré sur le patelin toute la nuit.
Le midi, nous apprenons que
l'offensive (*) est
ratée et que nous prenons les lignes ce soir. Encore une boucherie inutile.
Quand donc verrons-nous la fin de ce carnage. Les capitalistes n'auront donc jamais
pitié du peuple. Quelle conscience ces gens doivent avoir, quels remords et
combien le bas peuple leur en voudra sans pouvoir rien faire que de s'abaisser.
Mais gare le jour où la classe ouvrière aura le dessus. Ils pourront payer le
tout en gros.
Le jour où l'homme comprendra quelle
est cette bande d'assassins, il n'y aura plus à revenir en arrière.
Le soir, nous prenons les lignes.
Nous allons au P.C. du colonel, à environ 3 kilomètres sur la route de
Berry-au-Bac.
A Reims, nous relevons les Russes.
(*) : L’offensive sanglante du Chemin des Dames a débuté
le 16 avril.
Le matin, nous allons (Charles) Tassin
et moi chercher les distributions au colonel à Saint-Thierry. Les Russes ont
attaqué hier, mais ils ont eu beaucoup de pertes.
Dans la soirée, il arrive 3 boches
prisonniers que nous emmenons à la division. Nous couchons à Saint-Thierry.
Nous repartons avec les distributions
au colonel. Il n'y a pas grand nouveau dans la journée.
Le soir, nous venons coucher à
Saint-Thierry.
Nous déménageons un peu plus loin à
droite.
A part cela, rien de nouveau, sauf
que les boches tuent davantage.
Les boches tuent toute la journée
avec des 210, tout près du P.C. du colonel. Ça ne devient pas bien fameux par
ici.
La journée est plus calme. A part
cela, rien de neuf.
Rien de changé, sauf que nous allons
chercher les distributions à 1500 mètres plus loin à Merfy.
Dans la nuit, nous y couchons.
Toute la nuit, les boches ont tiré
sur le patelin. Aussi, nous n'avons pu dormir.
Rien de neuf.
Rien de changé.
Rien de neuf, sauf qu'il doit y avoir
attaque ces jours pour nous. Aussi, nous allons prendre quelque chose encore
dans cet endroit avec le fort de Brimont, juste
devant nous à 500 mètres.
Dans la journée, le bombardement est
plus fort de notre côté.
Le soir, 2 compagnies du régiment
attaquent. Elles ont pour mission de passer le canal et d'aller à la voie
ferrée. Ça va être dans la nuit.
Nous n'avons pas encore de nouvelles,
sauf qu'une compagnie a passé le canal. (*)
(*) : L’attaque a coûté 40 hommes
Le matin, nous apprenons que le
travail qui nous était assigné est fait, mais pas sans pertes.
Au génie, il y a une compagnie qui
reste avec un sous-lieutenant. Deux ont été tués ainsi que leur capitaine, un à
l'attaque et les deux autres ensembles.
Ici, d'après les bruits nous serions
relevés ce soir par les chasseurs à pied. Le bombardement continue sans arrêt
sur le fort de Brimont.
Aussi, ces jours les Chasseurs vont s'appuyer quelque chose pour le prendre.
Il va encore y avoir une belle boucherie, je pense. C'est un petit morceau pas
facile à avaler.
Je ne pars qu'à 5 heures du matin.
Aussi, avons-nous passé une mauvaise nuit. Les boches n'ont pas cessé d'envoyer
des obus à gaz, enfin une tournée de tranchées de passée.
Je vais rejoindre le régiment qui est
cantonné dans le fort de Saint-Thierry, à environ 5 kilomètres. La journée
n'est pas mauvaise. Le fort a été bombardé par des grosses pièces du 380.
Repos au fort.
Nous partons le soir et nous allons
cantonner à Chenay, à 3 kilomètres plus loin. Nous
sommes avec le papa De Bazelaire.
(*) : Henri parle certainement du général Georges de Bazelaire
(7e CA) effectivement sur le secteur et qui était le père du lieutenant
Pierre-André de Bazelaire du 135e
RI tué le 6 septembre 1914.
Repos, rien de neuf.
Repos. Le soir, nous apprenons que
nous allons en ligne cette nuit pour soutenir une attaque.
Nous arrivons aux lignes le matin à 5
heures en face de Loivre. L'attaque commence à 7
heures.
Au début, le 226 avance, mais les
boches contre-attaquent. Aussi, il faut revenir aux tranchées de départ. La
journée est très mauvaise comme bombardement.
Dans la soirée, on nous averti de la
relève. Nous partons à 8 heures et nous venons coucher à Pouillon.
Rien de nouveau. La journée est un
peu plus calme.
Rien de neuf le matin.
Le soir, nous partons pour Châlons-sur-Vesle, plus à l'arrière, petit pays.
Aujourd'hui, les boches y ont envoyé du 305.
Nous couchons dans une grande ferme.
Il y a encore des civils.
Repos. Rien de nouveau.
Cette nuit, les boches ont tiré sur
le patelin et l'ambulance avec des 130. Ils n'ont pas fait trop de mal car nous
avons évacué le cantonnement à minuit pour aller dans la plaine. Ils ont tiré
sur un petit pays Trigny et ont tué une femme, deux
enfants et un capitaine des braves Pandores.
Le matin, c'est calme, rien de
nouveau, à part cela.
(*) : Justin Alfred Albert TONNELLIER capitaine à la 14e
Légion de Gendarmerie. Voir
sa fiche.
Rien de nouveau, le matin.
Le soir, nous apprenons qu'il y a un
départ de permissionnaires à 15 /100 et j'en suis du nombre.
Départ pour le pays natal.
Arrivée au pays. Permission jusqu'au
20.
Départ à 4 heures et demie pour
Nantes.
Voyage toute la journée et arrivée à Muizon. A 8 heures et demie le soir, trouve le train de
combat au même emplacement au bois de Mars.
Passe la journée au T.C.
Le régiment est relevé cette nuit. Je
vais faire le cantonnement à Thillois, petit pays à 6
kilomètres de Reims.
Repos à Thillois.
Les boches tirent sur le pays un obus qui blesse trois civils et tue un soldat
du 134. A part cela, rien de nouveau.
Repos. Rien de nouveau.
Rien de nouveau.
Nous devons partir demain pour Cumières, près d'Epernay, au repos.
Départ à 3 heures.
On fait environ 20 kilomètres. Nous
couchons à Pourcy.
Départ à 4 heures.
Environ 15 kilomètres. Nous couchons
à Cumières, près d'Epernay. Nous devons y rester au
repos.
Repos.
Le pays est assez joli. Il y a de
beaux champs de vignes, mais le vin est cher, 2 F,50 le litre. Cinéma le soir.
Repos. Rien de neuf.
Repos. Rien de nouveau.
Repos. Rien de nouveau.
Rien de nouveau. Théâtre.
Rien de nouveau.
Rien de nouveau.
Rien de nouveau.
Rien de nouveau.
Rien de nouveau.
Nous allons Théo et moi à Hautvillers
peindre les voitures du régiment. Le pays est assez joli.
Rien de nouveau.
Rien de nouveau.
Rien de nouveau.
Rien de nouveau.
Rien de nouveau.
Rien de nouveau.
Rien de nouveau.
Rien de nouveau.
Rien de nouveau.
Rien de nouveau, sauf les bruits du
prochain départ.
Rien de nouveau.
Le soir, nous apprenons que nous
partons demain.
Départ à 4 heures. Nous allons à
Fleury-la-Rivière, petit pays.
Départ à 2 heures. Nous passons à
Ville-en-Tardenois et couchons dans les baraquements à côté de Lhéry jusqu'à 11 heures du soir.
Départ à la demie.
Nous marchons toute la nuit pour
arriver à Prouilly à 5 heures. Nous y restons avec
les voitures, mais le régiment s'en va jusqu'à Hermonville,
encore 6 kilomètres plus loin.
Rien de nouveau.
Rien de changé.
Rien de nouveau.
Rien de nouveau pour ici, mais le
régiment prend les lignes ce soir.
Nous déménageons un peu plus loin,
entre Prouilly et Pévy dans
un parc.
A part cela, rien de neuf.
Rien de nouveau.
Rien de nouveau.
Rien de nouveau.
Rien de nouveau.
Nous allons en train de combat à
Chalons-le-Vergeur.
Rien de nouveau. Cinéma à 8 heures.
Rien de nouveau.
Rien de nouveau.
Rien de nouveau. Théo part en
permission ce soir.
Rien de nouveau.
Rien de nouveau.
Rien de nouveau.
Rien de nouveau. Je vais à T.R..
Rien de nouveau.
Rien de nouveau.
Rien de nouveau. On revient au T.C..
Rien de nouveau.
Rien de nouveau.
Rien de nouveau, sauf un quart de
champagne et un cigare en plus de l'ordinaire et départ de Brouard. (*)
(*) : Pas trouvé de BROUARD dans le 44.
Rien de nouveau.
Rien de nouveau. Théo rentre ce soir
et un autre part.
Rien de nouveau.
Rien de nouveau.
Rien de nouveau.
Rien de nouveau.
Je pars à 9 heures du soir en
permission. Nous prenons le train à Jonchery à une
heure du matin.
Voyage toute la journée, passe 8 jours
au pays jusqu'au 1er août.
Départ à 5 heures et demie avec le
cafard.
Le régiment étant changé, il faut
voyager toute la journée et la nuit.
Je retrouve le régiment à Châtillon-sur-Marne à 11 heures.
Là, j'apprends que nous embarquons
pour l'est, ce soir, à 11 heures.
Nous voyageons toute la journée et
toute la nuit.
Nous débarquons à Bayon et nous
allons à Tonnoy, entre Saint-Nicolas-de-Port et
Nancy, petit pays. Au repos.
Rien de nouveau.
Rien de nouveau.
Rien de nouveau.
Rien de nouveau.
Rien de nouveau.
Rien de nouveau.
Rien de nouveau.
Rien de nouveau.
Rien de nouveau.
Rien de nouveau, sauf les bruits du
prochain départ pour les lignes.
Rien de nouveau.
Fête du régiment et encore du général
de corps qui fait ses adieux pour la Russie. (*)
(*) : le général Niessel partant, il sera remplacé par
le général Hirschauer après un intérim
de 10 jours par le général Lancrenon
qui commandant la 17e DI.
Le général est évacué. Il va falloir
un remplaçant.
A part cela, rien de neuf.
Rien de nouveau.
Rien de nouveau. Visite de CaSTELNEAU.
Rien de nouveau.
Rien de nouveau.
Rien de nouveau.
Départ à 4 heures.
Nous allons à Xermaménil,
petit pays, environ 24 kilomètres. Nous prenons la direction du front.
Repos à Xermaménil.
Repos.
Il y a une fête à Gerbéviller, à 6
kilomètres, mais je n'y vais pas.
Départ à 4 heures.
Nous passons à Lunéville et allons
cantonner à Marainviller en réserve de l’armée,
environ 20 kilomètres, petit pays encore habité. On voit très bien la frontière
boche.
Rien de nouveau.
Réparation des cantonnements dans le
pays. Rien de neuf.
Rien de nouveau.
Rien de nouveau.
Rien de nouveau.
Je m'en vais en balade à Bénaménil.
Je vois beaucoup de gars d'Issé au
82ème territorial, à part cela, rien de nouveau.
Rien de nouveau.
Mous prenons les lignes ce soir à Domjevin, nous passons à Bénaménil.
Je vois BaugÉ de Villatte.
Le secteur est très tranquille. Nous
sommes à la garde du matériel. Nous sommes très bien.
Tous les jours, je m'en vais au parc
du génie de Bénaménil.
Rien de nouveau. Hier, les boches ont
tiré quelques obus par ici.
Rien de nouveau.
Rien de nouveau. Nous allons, Jean RouX et moi, faire une visite aux gars
d'Issé à Benaménil.
Rien de nouveau.
Rien de nouveau.
Rien de nouveau.
Rien de neuf.
Je
passe caporal à partir d'aujourd'hui.
Rien de nouveau. Tous les jours, je
vais à Bénaménil chercher le matériel au parc Génie
pour le faire monter en ligne.
Rien de nouveau.
Nous allons, Jean Roux et moi, voir les camarades du
82ème.
(*) : Jean-Marie ROUX est aussi originaire d’Issé. A
cette date, il est sergent au 135e régiment d’infanterie, il sera blessé 2 fois
et survivra à la guerre. Voir
sa fiche matriculaire.
Rien de nouveau.
Nous sommes relevés ce soir par le
125 pour aller au repos à Marainviller, 5 jours.
Repos, rien de nouveau.
Repos, rien de nouveau.
Rien de nouveau.
Rien de nouveau.
Relève ce soir pour la forêt de Parroy, nous relevons le 114.
Y arrivons le matin à 6 heures.
Nous sommes assez bien ici, dans des
baraquements, en plein bois, c'est assez calme.
Rien de nouveau. Je suis toujours au
matériel.
Rien de nouveau.
Rien de nouveau.
Rien de nouveau.
Rien de nouveau.
Rien de nouveau.
Rien de nouveau.
Nous sommes relevés par le 114. Nous
allons au repos à Marainviller pour 5 jours.
Nous y arrivons à midi, toujours à la
gare.
Repos. Rien de nouveau.
Rien de nouveau.
Rien de nouveau.
Départ à 5 heures et demie. Nous
allons relever le 125 à Domjevin.
Toujours au matériel.
Rien de changé dans notre travail.
Rien de nouveau. Je vois plusieurs
gars d'Issé du 82ème.
Rien de neuf. Je vois Paris.
Rien de nouveau.
Rien de nouveau.
Rien de nouveau.
Rien de nouveau.
Nous sommes relevés le soir par le
125. Nous allons au repos à Marainviller.
Repos. Rien de nouveau.
Rien de nouveau.
Rien de nouveau.
Rien de nouveau.
Rien de nouveau.
Nous partons le matin. Nous allons à Croismare, environ 2 kilomètres. Le régiment prend les
lignes.
Rien de nouveau.
Nous allons, Albat et moi au matériel à Grande Taille avec le 114. Les
copains restent à Croismare et Théo va faire un stage
au Corps d'armée.
Rien de nouveau. Le travail n'a pas
l'air d'être trop dur et il n'y a rien de changé depuis la dernière fois.
Rien de nouveau.
Rien de nouveau.
Rien de nouveau.
Rien de nouveau.
Rien de nouveau.
Rien de nouveau.
Rien de nouveau.
Rien de nouveau.
Rien de nouveau.
Rien de nouveau.
Rien de nouveau.
Rien de nouveau.
Rien de nouveau.
Arrive de permission le matin à Croismare, près de Lunéville et va rejoindre les camarades
dans la forêt de Parroy. Il n'y a rien de changé
depuis mon départ de Grande Taille.
Rien de nouveau. Je reprends mon
poste au dépôt de matériel.
Notes en marge: indemnités de
tranchées du 25 novembre au 2 décembre
1918
Rien de nouveau.
Rien de nouveau.
Rien de nouveau.
Rien de nouveau.
Les sapeurs sont au repos à Croismare. Albert et moi, nous restons au dépôt de
matériel.
Rien de nouveau. C'est calme.
Rien de nouveau.
Rien de nouveau.
Je descends à Croismare
le matin et reviens par le déraillard le soir.
Rien de nouveau à part cela.
Je reçois l'ordre de descendre à Croismare pour la confection de fourneaux et le montage de poêles
dans les cantonnements. Je vois Pierre Terrien
(*) en descendant dans la
forêt de Parroy.
(*) : Non trouvé en Loire-Atlantique ; On apprend en janvier 18 qu’il est
au 68e RI
On travaille à Croismare.
Rien de nouveau.
Rien de nouveau.
Rien de nouveau.
Éveno (*) et (Charles) Tassin
s'en vont en permission.
(*) : Pas trouvé dans les archives du 44.
Pierre Terrien vient me voir à Croismare.
Nous buvons un bon coup tous les deux.
Le colonel monte à Grande Taille. Je
reste seul de sapeur ici.
Le sergent LÉon vient du dépôt d'Angers avec un prisonnier. Je vais avec
lui à Grande Taille.
(*) : Il doit s’agir du sergent Gaston François LÉON. Voir sa fiche matriculaire.
Rien de nouveau.
Rien de nouveau.
Rien de nouveau. Ribalet part en perme.
Rien de nouveau.
Rien de nouveau. (Jean-Marie) Legoff part en perme.
Rien de nouveau.
Rien de nouveau.
Rien de nouveau.
Rien de nouveau.
Rien de nouveau.
Rien de nouveau.
Rien de nouveau.
Rien de nouveau.
J'apprends
la mort de mon pauvre frère par dépêche. Je demande une permission pour
aller à l'enterrement.
(*) : Son frère Louis Marie Donatien ROCHEREAU, né en
1882, avait été affecté aux Chemins de Fer et maintenu à son service.
Conducteur de train, il est décédé le 22 décembre 1917 sur la voie ferrée en
gare de Vernon (état-civil de Vernon). Voir sa fiche matriculaire.
Nota : Henri avait 2 autres frères Aimé Jean Baptiste
décédé en 1910 et Jean Marie qui survivra à la guerre.
J'apprends le matin que ma permission
est refusée. Je suis dans une douleur navrante.
Jour où mon pauvre frère est enterré.
Mon chagrin est encore doublé par l'impossibilité d'y assister.
Rien de nouveau.
(Charles) Tassin et Éveno montent à Grande Taille.
Rien de nouveau. Ribalet rentre de permission ce matin.
Rien de nouveau.
Rien de nouveau.
Rien de nouveau. Les camarades
descendent des lignes ce soir.
Rien de nouveau. Je reçois la visite
de Pierre Terrien qui est au
68ème.
Rien de nouveau.
Rien de nouveau.
Rien de nouveau.
Rien de nouveau.
Les bruits de notre prochain départ commencent
à circuler. Nous perdons notre colonel aussi, qui s'en va comme chef
d'état-major à un corps d'armée, 8ème.
(*) : Le lieutenant-colonel Camors
est remplacé par le lieutenant-colonel Régnier-Vigouroux
Rien de nouveau.
Rien de nouveau.
Rien de nouveau.
Rien de nouveau.
Rien de nouveau.
Départ à 6 heures.
Nous allons à Lunéville, nous y
mangeons la soupe. Nous partons à 11 heures pour aller cantonner à Ferrières,
véritable trou. Nous sommes très mal et nous devons y passer 15 jours.
Repos. Rien de nouveau.
Rien de nouveau. Nous allons à Tonnoy, (Théodore)
RÉthorÉ et moi.
Rien de nouveau.
Rien de nouveau.
Rien de nouveau.
Rien de nouveau.
Rien de nouveau.
Rien de nouveau.
Le bruit de notre prochain départ
pour Nouveau Lieu se fait sentir.
Rien de nouveau.
Rien de nouveau.
Rien de nouveau.
Rien de nouveau.
Rien de nouveau.
Rien de nouveau.
Rien de nouveau.
Rien de nouveau.
Nous passons la revue par le général
de corps, le fameux Mangin. (*)
(*) : Surnommé « le boucher de Verdun »
Le bruit du départ se fait de plus en
plus sentir.
Départ à 7 heures.
Nous passons par Rosières, Dombasle
pour aller cantonner à 4 kilomètres des lignes, à Hoéville,
petit pays. Nous sommes ici pour faire des travaux et ne prendrions pas les
tranchées de suite.
Nous restons au patelin. Il y a
encore quelques civils. C'est tout à fait tranquille. Le pays n'est pas trop
démoli.
Legoff
et Philippe sont en perme d'hier.
Repos. Rien de nouveau.
Le régiment va faire des travaux dans
le secteur. Nous restons au pays à faire divers travaux.
Rien de nouveau.
Rien de nouveau.
Rien de nouveau.
Rien de nouveau.
Rien de nouveau.
Repos, rien de nouveau.
Je vais faire un petit voyage dans la
forêt de Bezanges pour reconnaître où abattre du bois
pour chauffage. Nous devons y aller demain. C'est à 2 kilomètres des 1ères
lignes.
Départ à 7 heures pour la forêt. Nous
rentrons pour la soupe du matin.
L'après-midi, repos.
Notes en marge: indemnités de tranchées du 12 au 19
février 1918
Rien de changé.
Rien de changé. Un sapeur nouveau
muté.
Rien de changé.
Rien de changé.
Rien de changé.
Rien de changé.
Rien de changé. Nous perdons notre
Lieutenant Simon qui est remplacé par le Lieutenant Allusses , mais je crois que
nous allons y perdre beaucoup.
Nous partons le matin à Réméréville, petit pays à 4 kilomètres pour être en réserve
pour un coup de main fait pour le 411. La journée se passe assez bien. Nous ne
bougeons pas.
Le coup de main a réussi. Il y a eu
525 prisonniers. Aussi, le soir nous revenons à Hoéville.
Théo part en perme.
Notes en marge: indemnités de tranchées du 22 février au 8 mars 1918
Rien de changé.
Rien de changé.
Rien de changé. Brossard part en perme.
Rien de changé.
Rien de changé.
Rien de changé.
Rien de changé.
Rien de changé.
Rien de changé.
Rien de changé.
Rien de changé.
Les boches ont tiré toute la journée
à l'entrée du pays. Il y a eu quelques blessés du 12ème. C'est des 150 au
moins.
Les boches ont encore tiré pendant la
nuit. Nous avons été obligés d'évacuer le patelin. Il y a eu une sentinelle de
tuée dans sa guérite, du 135.
Ce matin, le tir continue, mais nous avons
tout de même été au bois, et les obus tombent à l'entrée du pays, mais pas sur
les logements. Albat part en perme ce soir.
(*) : Le bombardement du camp est mentionné au JMO. La
sentinelle tué est le sergent Charles BESSET. Voir sa fiche matriculaire.
Les boches sont tranquilles
aujourd'hui.
Rien de nouveau. Loirat (*) part en perme et Théo est rentré de
ce matin.
(*) : Benjamin
LOIRAT est serrurier. Il survivra à la guerre. Voir
sa fiche matriculaire.
Rien de nouveau.
Je pars en permission aujourd'hui et Brossard rentre ce matin. Départ à midi
à pied pour Saint-Nicolas.
Voyage toute la journée.
Arrive au pays jusqu'au 19 mars.
Départ pour Lisieux et Nantes.
Départ de Nantes pour le front.
Arrive à Nancy et Lunéville, y
couche.
Départ de Lunéville le matin pour
rejoindre le régiment, je descends à Baccarat et le retrouve à Neufmaisons.
Repos à Neufmaisons.
Les bruits au départ pour la Somme circulent.
Rien de nouveau. (Jean) Loiseau rentre de permission.
(*) : Jean LOISEAU, charpentier de métier, soldat au
135e régiment d’infanterie a été déjà été blessé 2 fois en mai et juin 1915
durant la bataille d’Artois. Il était aussi à la CHR. Il sera gravement
intoxiqué au gaz en mai 1918. Il en subira des séquelles toutes sa vie comme
l’indique sa fiche matriculaire.
Départ à 10 heures. Nous allons
coucher à Ménil-sur-Belvitte, environ 22 kilomètres.
Départ à 6 heures. Nous allons
coucher à Damas-aux-bois, environ 22 kilomètres. D'après les bruits, nous
prendrions le train à Charmes pour aller au secours des Anglais dans la Somme.
Nous prenons le train à Charmes dans
la nuit pour la direction du Nord.
Nous voyageons toute la journée dans
le train.
Nous arrivons le soir à Breteuil.
Nous débarquons et allons coucher
auprès de Saint-Just-en-Chaussée à Quinquempoix. Les boches ne sont pas très
loin à environ 20 kilomètres. Aussi, un de ces jours, nous allons aller au
grand bal de la boucherie.
Nous restons au pays. Rien de nouveau
pour aujourd'hui.
Rien de nouveau.
Rien de nouveau le matin.
Le soir, nous sommes alertés et
partons à 5 heures. Nous allons à
Brunvillers-la-Motte, à 1800 mètres sur les lignes, remplacer le 125 qui
est parti plus loin.
La nuit se passe sans incident, mais
nous sommes toujours en cantonnement d'alerte.
Le matin, la journée se passe sans
bouger. Le soir, nous sommes encore alertés.
La nuit est passée sans rien de
nouveau et la journée commence la même chose et se termine la même chose.
Rien de nouveau.
Rien de nouveau.
Rien de nouveau.
Nous restons à Brunvillers-la-Motte.
Le matin, nous partons.
Nous allons cantonner à Chepoix. Je pense que d'ici quelques jours, il ne fera pas
bon par ici car le canon tonne beaucoup et il y a beaucoup de troupes dans les
parages.
Rien de nouveau. Ce matin, c'est
calme.
A midi, je reçois la visite de
Ferdinand Roux. (*)
(*) : Ferdinand
Louis Marie ROUX, 32 ans, est aussi natif d’Issé. Il est canonnier-conducteur
au 28e régiment d’artillerie de campagne. Il survivra à la guerre. Voir sa
fiche matriculaire.
Rien de nouveau.
Départ à 5 heures.
Nous allons cantonner à Breteuil,
nous prenons la direction du nord sans aucun doute, aussi gais encore à la fête
complète qui nous attend par là-bas. Nous sommes couchés dans l'école des
garçons. Le pays est bombardé.
De temps en temps, le G.Q.G. (Grand Quartier Général)
est ici.
Aussi, les embusqués ne manquent pas
du plus petit au plus gros.
Rien de nouveau ce matin. Les bruits
de départ pour le nord circulent. Le soir, le 1er bataillon s'en va prendre les
lignes à Grivesnes à gauche de Montdidier.
Nous partons le soir aussi, nous pour
Grivesnes. Nous restons à Ainval avec le colonel.
C'est assez mauvais.
Le soir, il y a 4 blessés aux
pionniers, dont Leray, le
caporal.
Notes en marge: indemnités de tranchées du 16 avril au 17 mai 1918
Rien de neuf. Nous travaillons à
faire des sapes.
Rien de nouveau.
Rien de nouveau.
Il y a une crise avec le Lieutenant Allusse et ça ne va pas tout seul.
C'est là que je m'aperçois qu'il est encore plus vache que je ne pensais.
Dans la crise, Albat est balancé au 3ème bataillon à
la 10ème compagnie et nous, on nous envoie travailler dans le patelin démolir
les maisons sous les obus.
Rien de nouveau.
Rien de nouveau.
Le matin, nous travaillons comme à
l'ordinaire.
A midi, nous nous trouvons gênés par
les gaz. Aussi, nous arrêtons les travaux, ne voyant plus du tout. Nous sommes
7 dans ce cas.
Pas de mieux, au contraire. Legoff Stanislas est évacué (*), mais on garde les
autres ici.
(*) : Stanislas
LEGOFF, menuisier, est passé par plusieurs régiments, (plusieurs blessures)
pour arriver au 135e régiment d’infanterie en février 1917. Il survivra à la
guerre. Voir sa
fiche matriculaire.
Pas beaucoup de changement.
Un tout petit peu de mieux.
Pas beaucoup de changement.
Pas de changement pour nous. Les
autres s'en vont à la ferme de Septoutre. Nous restons avec le 232ème.
Le soir, nous recevons l'ordre
d'aller au train de combat à Folleville pour être soignés à l'infirmerie.
Nous sommes beaucoup mieux qu'en
tranchées, surtout pour se soigner.
Rien de nouveau.
Rien de nouveau.
Rien de nouveau.
Rien de nouveau. La santé pour nous
est de meilleure en meilleure.
Rien de nouveau.
Rien de nouveau.
Le colonel doit être relevé cette
nuit et venir au repos à la Faloise, petit pays à côté. Le 2ème bataillon reste
en ligne et il doit y avoir un coup de main ces jours pour prendre le parc de
Grivesnes.
Encore une boucherie inutile.
Je reçois l'ordre d'envoyer deux
ouvriers sur trois au colonel. Ils ne sont même pas guéris, mais contre la
bêtise militaire, il n'y a qu'à s'abaisser et surtout après la dernière crise
que nous avons eue. Quel triste métier tout de même que ce métier militaire et
que j'en ai soupé de cette maudite guerre. Oh, quand la fin.
La relève est retardée, je ne sais
pas pourquoi. Je crois même que le coup de main annoncé ci-dessus n'aurait pas
lieu.
Nous apprenons que nous devons partir
ce soir pour aller à La Faloise.
Le soir, nous recevons l'ordre de ne
partir que le lendemain.
Nous partons à 6 heures et arrivons à
La Faloise à 7. Nous couchons dans un moulin. Le pays est pas grand et il y a
déjà pas mal de troupes, dont le C.A. (Corps d'armée) au château.
Rien de nouveau. Le 125 attaque ce soir.
Rien de nouveau. Il y a eu 250
prisonniers.
Rien de nouveau.
Rien de nouveau. Nous allons à la
pêche.
Rien de nouveau.
Le 1er bataillon est relevé par le
124.
Rien de nouveau.
Rien de nouveau.
Rien de nouveau.
Les bruits courent que nous
retournerions en ligne dimanche soir. A part cela, rien de nouveau.
Rien de changé.
Nous passons la journée à La Faloise.
Le soir, nous partons relever le 125
au bois de Coullemelle.
(*)
(*) : Bois entre Esclainvillers et Grivesnes.
En montant aux lignes, nous recevons
quelques pruneaux par un avion, mais il n'y a pas de mal heureusement pour
personne.
Rien de nouveau.
Rien de nouveau.
Il y a une quantité de bonshommes de
finis par les gaz, surtout le 2ème Bataillon qui était en réserve.
Jean Loiseau se trouve pris une 2ème fois par les gaz à la
brigade. Il est évacué à Folleville.
(*) : Jean LOISEAU, charpentier de métier,
soldat au 135e régiment d’infanterie a été déjà été blessé 2 fois en mai et
juin 1915 durant la bataille d’Artois. Il était aussi à la CHR. Il sera
gravement intoxiqué au gaz en mai 1918. Il en subira des séquelles toutes sa
vie comme l’indique sa fiche matriculaire.
Rien de nouveau.
Rien de nouveau.
Rien de nouveau.
Nous apprenons que (Jean) Loiseau est évacué.
Nous sommes relevés par le 125. Nous
allons à La Faloise.
Je rentre à l'infirmerie avec Jean Legoff
pour les yeux à Folleville.
Rien de nouveau.
Rien de nouveau, sauf que tout le
régiment est relevé.
Rien de changé pour nous.
Nous partons en autos pour aller à
Brunvillers-la-Motte au repos, environ 27 kilomètres. Je rentre à l'infirmerie
définitivement et les autres en sortent.
Rien de nouveau, repos.
Rien de nouveau.
Le régiment part en alerte. Le
colonel va à Maignelay à 5 kilomètres et je reste à l'infirmerie,
qui, elle, ne change pas.
Je passe la visite par un nouveau
major qui a le culot de me dire que j'ai fait exprès à passer dans les gaz.
Aussi avons-nous une prise de gueule tous les deux et je crois que nous
n'allons pas devenir grands camarades ensemble.
Rien de nouveau.
Le régiment est alerté ainsi que
toute la division, mais pour nous il n'y a pas de changement.
Rien de nouveau.
L'ordre arrive de faire évacuer
l'infirmerie et d'envoyer les malades au dépôt division. Je demande à rejoindre
ma compagnie à la ferme d'Ainval au T.C. Je suis
exempt de service 3 jours.
L'après-midi, le régiment attaque.
Le soir, nous recevons quelques nouvelles.
Il y aurait beaucoup de pertes au régiment en tués et blessés. C'est une vraie
boucherie encore. (*)
(*) : Du 11 au 13 juin, le régiment
perd 61 tués, 351 blessés, 65 disparus. L’attaque sur Tricot, puis sur le
chemin de terre Méry-Courcelles s’est effectuée avec
des chars, qui seront presque tous détruits.
La 152e division d’infanterie a
perdu 1636 hommes. (JMO).
La commune de Méry
se nomme actuellement « Méry-la-Bataille »
Les bruits se confirment toujours
pour les pertes et avec peu d'avance, nous attendons la relève pour ces jours.
Rien de bien nouveau.
Notre ancien Lieutenant Simon est blessé. Pour moi, je vais
monter demain soir.
Le régiment est relevé de cette nuit
et j'ai mes deux musettes. Un fauché avec une valeur de 20 francs au moins
dedans.
Nous sommes au repos à Montigny,
peut-être pas pour longtemps, enfin le pays n'est pas trop démoli encore, mais
le régiment lui, l'a été pas mal. De 7 à 800 hommes hors de combat. Aussi, il
faut un repos après cette tuerie-là.
Nous sommes partis hier soir en autos
et nous sommes arrivés dans la nuit à Bonvillers,
petit pays à environ 20 kilomètres, près de Breteuil. Nous sommes là au repos
pour quelques jours. Le pays m'est connu, y étant venu travailler en 1916 avant
Verdun.
Repos, rien de nouveau.
Nous assistons à un enterrement d'Américains.
C'est curieux, et ces gens respectent un peu plus leurs morts que chez nous.
Ils me donnent une bonne impression, meilleure que celle des Anglais.
Quoiqu'étant un peu de même race, leurs mœurs ne sont pas les mêmes.
Ceux-ci sont plus fiers et plus chic
que les Anglais.
Rien de nouveau. Bruits de prochain
départ.
Je vais voir un spécialiste pour mes
yeux, mais il ne me dit pas grand-chose. A part cela, rien de nouveau.
Rien de nouveau. Legoff Stanislas rentre aujourd'hui.
Rien de nouveau.
Rien de nouveau.
Rien de nouveau.
Rien de nouveau. Je vais à Chirmont et à Compiègne.
Chirmont ?
Rien de nouveau.
Rien de nouveau.
Rien de nouveau.
Rien de nouveau.
Je pars en voiture au 125ème à Breteuil chercher leur appareil à douches
pour le monter à Camprémy au 2ème Bataillon, signe
que nous ne sommes pas encore prêts à partir, mais qui sait avec les jours que
nous avons déjà vus.
Nous passons à Farivillers,
pays où nous avons passé quelques jours en 1916, à Troussencourt
et Hédencourt. Nous revenons à Breteuil en passant
par Caply où nous avons été en 16.
En sortant de Farivillers,
voyage d'une trentaine de kilomètres. Aussi quand l'appareil est en place, il
est 11 heures du soir.
Rien de nouveau.
Rien de nouveau.
La journée se passe sans rien, mais
le soir nous avons alerte.
Nous partons à 11 heures. Nous
passons à travers la plaine pour arriver au matin à Paillart.
Nous sommes éreintés, environ 14 kilomètres
et ceux de droite et de gauche, c'est comme 24 à peu près.
Nous passons la journée à Paillart.
Le soir, nous devons retourner à Bonvillers. Encore une nuit à la belle étoile et pour une méchante
manœuvre, pour faire plaisir à ces messieurs. Ah, quand donc en verrons-nous la
fin de cette vie de malheur. C'est un véritable martyre de vivre si longtemps
dans cette boucherie humaine.
Nous partons à 9 heures pour arriver
à Bonvillers à 2 heures du matin.
Repos. Rien de nouveau.
Nous apprenons que nous partons pour
les lignes ce soir. Nous prenons le secteur de Grivesnes, sale pays par là.
Ce soir, nous devons aller coucher à Paillart et demain nous irons à Quiry-le-Sec.
C'est dans ce patelin que resterait le colonel, mais je le trouve bien loin des
lignes, enfin nous verrons bien.
Le soir, nous apprenons que nous
montons demain soir et directement à Quiry-le-Sec.
Nous partons le soir pour Quiry-le-Sec, environ 12 kilomètres. Nous relevons les
Américains. Nous sommes assez bien et le pays n 'est
pas trop démoli.
Rien de bien nouveau. Nous allons
aller travailler dans les bataillons, une partie toujours.
Rien de nouveau.
Rien de nouveau. C'est toujours
calme, espérons que cela continue.
Rien de nouveau. Ribalet part en perme.
Il y a une crise encore avec les
prisonniers, mais je crois que celle-ci va être à notre avantage.
Nous sommes sans nouvelles de la
crise. A part cela, nous allons à Coullemelle arranger un tombereau pour servir
ici. Le pays est complètement démoli. Là-bas, c'est toujours calme.
Rien de nouveau.
Rien de nouveau.
Comme 14 juillet, c'est un peu maigre
cette année, mais il n'est pas trop tôt que la paix revienne. Aussi, à part
cela, c'est calme comme tous les jours.
Rien de nouveau ici.
Nous apprenons par la T.S.F. que la
grande offensive boche est déclanchée (*) entre Château-Thierry
et Reims.
(Charles) Tassin part en perme ce matin.
(*) : Pas d’erreur d’orthographe, à l’époque le verbe
déclencher » s’écrivait « déclancher »
Les permes sont arrêtées. Aussi, cela
fait bien des mécontents. A part cela rien de bien nouveau.
Rien de nouveau.
Rien de nouveau.
Rien de nouveau.
Le travail est suspendu. Il doit
encore y avoir un coup dur un de ces jours par ici.
Aussi, les boches tirent toutes les
nuits sur le patelin. Jusqu'ici il n'y a pas eu trop de mal, encore quelques
chevaux tués et un homme.
Le régiment est relevé par le 26,
Bataillon de Chasseurs à Pied, mais nous restons toujours à Quiry-le-Sec. Aussi
cela ne me dit rien de bien fameux. Pour le moment, c'est toujours très calme.
Notes en marge: indemnités de
tranchées du 22 au 26 juillet 1918
Le soir, nous recevons l'ordre
d'aller au bois de Mongival préparer le P.C. du
colonel entre Ainval et Aubvillers,
à 800 mètres des boches. C'est calme.
L'attaque commence à 5 heures du
matin.
Nous partons avec le colonel à 7
heures, dans la plaine. Aussi, ce n'est pas le filon, ça barde. Nous allons jusqu'à Aubvillers, ayant perdu le colon.
A la fin, nous apprenons qu'il se
trouve dans un ravin à un kilomètre en arrière. Nous le rejoignons pour faire
un P.C. immédiatement.
C'est très dur, mais sans casse chez
nous. (*)
(*) : Le 135e régiment d’infanterie a fait près de 400
prisonniers et capturés un nombre important d’armes, de munitions et de canons.
Le 135e régiment d’infanterie a perdu environ 300 hommes dans cette attaque.
La journée est calme. Nous continuons
les travaux et je prends matériel et munitions en consigne.
Rien de nouveau.
Rien de nouveau.
Le soir, nous sommes relevés par le
87.
Nous allons à Quiry-le-Sec,
à notre ancien cantonnement.
Rien de nouveau.
Rien de nouveau.
Je prends le matériel en consigne ce
matin pour tout le régiment, chose qui devrait toujours m'appartenir. A part
cela, rien de nouveau.
Rien de nouveau. (Charles) Tassin
et Éveno rentrent de permission.
Éveno,
pour être rentré en retard de 24 heures, attrape 8 jours de prison et est
cassé, passe à la 9ème compagnie (suite de la crise).
Rien de nouveau.
Rien de nouveau.
Le soir, nous apprenons que les
boches ont quitté leurs tranchées, mauvais présage encore, car il va falloir
suivre et gare la casse par endroit.
Le matin, nous sommes en alerte,
prêts à partir. Le soir, rien de nouveau. Nous apprenons que le régiment serait
relevé.
Tout le régiment est relevé, mais
pour le moment nous restons à Quiry au repos. Les
boches, d'après les bruits, auraient reculé de 4 kilomètres.
A part cela, rien de nouveau pour le
moment. Les bruits courent que nous irions au repos à l'arrière, mais cela me
paraît bien beau et je n'y compte pas beaucoup.
Rien de nouveau.
Je reçois l'ordre d'aller à
Coullemelle chercher des bidons à eau au 171ème qui refuse de me les donner.
Aussi, je reviens bredouille.
Notes en marge: indemnités de tranchées du 7 au 22 août 1918
Rien de nouveau. Nous passons le
matériel en consigne au 171ème. A part cela, rien pour le moment.
Le soir, nous recevons l'ordre
d'aller à Grivesnes au 125 chercher des pots à eau et en arrivant, les sapeurs
sont partis pour les lignes au bois Allongé, nous suivons et y arrivons à 10
heures du soir.
Il se prépare encore un coup par là.
Le matin, le bombardement commence.
Aussi, ça va encore faire une
véritable boucherie. L'attaque doit être pour midi. Elle se déclenche à 8
heures, mais à midi nous n'avons pas encore de bonnes nouvelles, sauf que les
Anglais à la gauche auraient fait une avance de 10 kilomètres, mais chez nous,
le régiment qui fait l'attaque aurait beaucoup de difficulté. Aussi, cela ne me
dit rien de bon.
Nous partons à 2 heures.
On fait plusieurs kilomètres et nous
allons à Braches. Les boches ne tirent pas trop avec
leurs canons. C'est plutôt les mitrailleuses qui font le mal. Nous passons la
nuit à Braches par ordre du général, car notre vieux
voulait aller plus loin encore.
Nous partons à 10 heures. Nous filons
directement en ligne. C'est la guerre de rase campagne tout à fait. Nous
passons devant les régiments qui ont fait l'attaque hier, le 2ème de chez
nous. En tête 1er et 2ème. Le 2ème fait
environ 3 kilomètres et trouve assez de résistance, mais les boches prennent
quelque chose comme bombardement. Nous passons la nuit dans un abri boche que
nous avons été nettoyés pour le colonel et qui ne vient pas l'occuper.
Le premier bataillon prend les lignes
au jour et continue l'attaque. Il trouve moins de résistance.
Aussi, à midi, nous sommes arrivés à
Davenescourt au château et l'attaque continue.
Nous partons à 2 heures pour filer
sur Armancourt, mais sommes arrêtés à 2 kilomètres de là et nous y passons la
nuit dans des abris français.
Le matin, l'attaque reprend mais les
boches font de la résistance et cela ne marche pas tout seul. Le régiment
réussit à prendre Armancourt à la grenade, mais l'avance se ralentit beaucoup.
A midi, nous sommes toujours au même
endroit dans les abris. Nous y passons la nuit et les boches ne veulent plus
s'en aller. Ils occupent leurs anciennes positions de 1915. Aussi, ce sera
difficile de les faire déménager à présent.
Nous sommes à Marquivillers. (*)
(*) : Durant ces jours d’avancée, le régiment a perdu
environ 200 hommes. Il a reçu en renfort une trentaine d’ancien soldats du 135e
RI ; Dont Maxime GUIBERT qui reçoit la médaille militaire à son retour
(volontaire ?) à son régiment. Il avait été blessé très gravement en 1914
en Belgique. Enucléation de l’œil gauche, réformé, et titulaire d’une pension
d’invalide depuis 1915, il n’était certainement pas obliger de revenir au
front ! (JMO du 135eRI). Voir
sa fiche matriculaire N° 519.
La situation est toujours la même ce
matin, mais on ne parle pas de relève encore.
La journée se passe comme hier au
même endroit et les boches se sont ressaisis. Aussi, il ne faut plus guère
compter avancer d'ici un moment par ici.
Rien de bien nouveau, sauf que cela devient plutôt mauvais à présent par ici.
Heureusement qu'il y a de bons abris.
On ne parle pas de nous relever, au contraire plutôt remettre cela encore un
coup. Aussi, je plains les pauvres diables qui sont aux lignes. Ils ne tiennent
plus debout.
Nous avons pris hier Armancourt et il
nous restait encore 3 kilomètres à faire. Nous sommes à 4 kilomètres de Roye.
Le matin, rien de nouveau. Dans la
nuit, les boches ont tiré avec obus à gaz.
A part cela, pas de changement.
Bombardement toute la journée par grosses prises de chez nous. Les boches ne
répondent pas trop.
Le matin, rien de nouveau. L'attaque
n'a pas lieu encore aujourd'hui. Ce sera pour demain probablement. Aussi, une
bonne journée qui se prépare encore.
Le soir, nous apprenons que l'attaque
n'aura pas lieu et que l'on resterait pour organiser le secteur.
Le matin, nous apprenons que les
boches se débinent. Aussi, il faut les suivre. Nous partons de Marquivillers à
une heure pour faire un kilomètre et là, nous y passons le reste de la journée,
près d’Armancourt.
Le soir, il arrive des tanks pour
faire une attaque demain matin. Il y a un dépôt de munitions, je le prends en
consigne et en envoie une partie sur les lignes. Le soir, nous avons la visite
d’ÉVENO, l'ancien sapeur.
Il a été blessé à la main droite par
une balle qui lui a traversé la main.
Dans la nuit, le colonel est parti en
avant, à 1500 mètres d'ici. Je reste avec Galichet
et Legoff à la garde du dépôt et
n'en suis pas fâché, au contraire. L'attaque a lieu le matin, mais ne réussit
pas beaucoup. Le régiment prend le pays de Laucourt, à 4 kilomètres de Roye,
mais les hommes n'en peuvent plus. Ils ont fait un effort incroyable pour
arriver à faire ce qu'ils ont fait. Aussi, vivement le retour pour eux et pour
nous car je suis complètement fourbu et pourtant je suis heureux, à côté d'eux.
Dans l'après-midi, je fais une lettre
à Frangeul au sujet de mon
prochain mariage. Il n'y a rien de nouveau. Les fameux tanks n'ont rien fait ce
matin, ils sont tous restés en panne avant d'arriver aux lignes.
Aussi, l'attaque n'a pas réussi du
tout, mais pas de bruit de relève encore. Aussi, c'est un jeu que si les boches
attaquaient, ils ramasseraient la suite du régiment qui n'aurait même pas le
courage de se défendre. Ils veulent nous faire avoir la fourragère, mais je
crois qu'il faut la payer cher.
Il n'y a pas de nouveau encore ce
matin. Il n'est jamais parlé de relève. Ça devient la barbe à la fin.
Le soir, nous sommes relevés sans que
nous nous y attendions par le 125. Nous allons à Lignières, petit pays à 5
kilomètres. Il est temps, car personne n'en peut plus.
Repos toute la journée à Lignières,
repos bien gagné. Le soir, je vais au train de combat et vois Jean Roux qui est au repos dans un bois et
lui, heureux d'être sorti de cette boucherie encore une fois.
Rien de nouveau, repos (reçois des
nouvelles du pays) mais plutôt mauvaises au sujet du mariage.
Rien de nouveau, mais je pense que
c'est les lignes en place du repos qui nous attendent. Le Lieutenant Albusse, parti hier en perme, ne
reviendra pas. Il s'en va après à Salonique. Bon débarras pour nous, lui qui ne
voulait pas nous voir.
Le matin, Legoff Jean rentre de perme et nous apprenons que nous partons
au repos tout de même, cette fois pour Marseille-le-Petit, dans la
Seine-Inférieure.
Nous partons à Lignières le 22, à 10
heures.
Nous voyageons toute la nuit et ne
sommes pas les seuls. Les avions boches voyagent beaucoup et lancent des bombes
sur un dépôt de munitions, ce qui nous oblige à faire 5 kilomètres de plus.
Nous arrivons à Bouillancourt-la-Bataille le matin, à
2 heures et, en arrivant, les boches marmitent par avions, mais ne font pas
trop de mal.
Départ à 2 heures du matin.
Nous passons par Grivesnes-la-Faloise
et allons cantonner à Flers-sur-Noye, environ 25
kilomètres par pas trop de fatigue pour aujourd'hui.
Départ à 5 heures et demie.
Nous allons à Croissy, environ 12
kilomètres. Repos, rien de nouveau.
Repos, rien de nouveau.
L'après-midi, nous avons une revue de
décorations. A part cela, rien de nouveau.
Le matin, nous allons avec le drapeau
à Monsures au 2ème bataillon pour une revue de
décorations. A part cela, rien de nouveau. Repos. Legoff part en perme demain.
Repos, rien de nouveau.
Repos, rien de nouveau.
Repos, rien de nouveau, sauf 2
pionniers qui rentrent aux sapeurs en remplacement d’ALBAT et Éveno. C'est Veille et Lafont.
Rien de bien nouveau. Philippe part en perme demain matin.
Rien de nouveau. Les bruits du
prochain départ pour les lignes circulent beaucoup aujourd'hui.
Le matin, nous apprenons que nous
prenons les autos à midi pour filer sur Roye et les lignes. Mauvais présage
encore un coup. Nous descendons à Marché-Allouarde et
y passons la nuit. Un bataillon prend
les lignes.
Notes en marge : indemnités de tranchées du 4 au 18
septembre 1918
Le matin, rien de nouveau.
Le soir, nous partons pour Languevoisin-Quiquery. Les boches se débinent encore une
fois. Nous y passons la nuit sur le bord du canal. Départ des premières lignes.
Nous partons le matin et allons à Hombleux.
De là, nous allons avec le 8ème
bataillon qui est en première ligne pour faire des passerelles sur le canal du
nord à l'Oise. Arrivés à la ligne de chemin de fer d’Ham, il y a un sapeur de
blessé à la main, un nouveau Laffond.
A midi, 4 sapeurs partent pour aller
faire les passerelles. Il y a encore un nouveau sapeur d'évacué Deillet, pris par les gaz. Mauvaise
journée pour nous aujourd'hui.
Le soir, nous redescendons au colonel
à Hombleux pour s'occuper des munitions.
Le régiment attaque à 5 heures, le
matin et avance sur la rive gauche du canal, prend Offoy
et se dirige sur Viefville.
L'après-midi, le Colonel s'en va sur Offoy et nous le suivons dans la soirée avec la voiture de
munitions. Nous passons la nuit près du canal en attendant que les ponts soient
terminés.
Nous passons à Offoy à 6 heures du matin. Nous apercevons Ham en
plein feu et nous allons à la Rue des Bois où nous fourrons notre dépôt.
Le colonel part dans l'après-midi
pour Aubigny et file sur Bray-Saint-Christophe. Il installe son P.C. à la sucrerie
d’Aubigny. Nous partons le rejoindre dans la nuit.
Nous arrivons à 1 heure du matin.
Toute la nuit, les boches ont envoyé des bombes sur les routes et passerelles.
La journée se passe à Aubigny. Le régiment devait attaquer ce matin, mais il n'a
rien fait. Les boches tiennent bon à présent. Aussi, ce sera dur pour les
déloger d'où ils sont à présent.
Rien de bien nouveau. Le régiment est
en ligne au Hamel et nous passons en réserve, relevés par le 124. Dans la
journée, on fait l'installation du P.C. Du Colonel dans la sucrerie d'Aubigny
ainsi que d'un dépôt de munitions, signe que les boches ne veulent plus s'en
aller.
Nous continuons l'installation du P.C. , à part cela, rien de nouveau.
Dans la journée, nous apprenons que
le Colonel s'en va à Tugny-et-Pont. Nous allons lui
faire un P.C. dans une carrière et nous ne partirons que demain matin.
L'après-midi, je vais au T.C. faire mes commandes pour mon mariage. A part cela,
rien de nouveau.
Le Colonel part le matin et nous,
nous attendons la voiture pour partir à Tugny-et-Pont,
environ 5 kilomètres sur le bord du canal de Ham, à
Saint-Quentin.
Rien de nouveau. Nous sommes en
réserve.
Je vois Jean Roux et un gars de Saint-Vincent. A part cela, rien de
nouveau.
Rien de nouveau encore aujourd'hui.
On ne parle jamais de relève, au contraire.
Le colonel s'en va relever le 114 à
Artemps. Aussi, nous allons suivre avec les munitions, environ 4 kilomètres. Le
régiment prendrait les lignes ce soir.
Dans la journée, il y a contre-ordre, il n'y aurait que le 3ème
bataillon qui prendrait les lignes et nous dans quelques jours. Le 114 ne pouvant ou ne voulant rien faire.
Le matin, les pionniers et 3 sapeurs
vont travailler au nouveau P.C. du colonel du côté d'Artemps. Nous attendons
les ordres de départ. Nous partons à 2 heures de l'après-midi pour faire notre
dépôt à Artemps et à 9 heures du soir nous partons pour Séraucourt-le-Grand.
Nous passons la nuit à faire un abri
par un temps épouvantable. Il y a un fort orage. Aussi, nous sommes frais.
Rien de bien nouveau.
Le colonel devait venir ici et pour
l'instant on ne sait pas s'il y viendra. Il doit encore y avoir un coup dur ces
jours par-là, je pense.
Je vais trouver le père Chauvin pour partir en perme et
aussitôt je m'en vais avec mon bardas à Estouilly et y
passe la nuit.
Le matin, Théo arrive et nous partons
à 1 heure par Ham où nous trouvons une auto qui nous mène à Nesle et de là une
autre à Roye.
Nous y couchons dans une cave.
Départ de Roye à 6 heures. Nous
passons à Grivillers et de là nous filons sur Nantes.
Nous arrivons à Nantes à 8 heures 20.
Plus de train pour moi.
Je reviens à Ancenis pour prendre le
petit train et arrive à Moisdon à 8 heures le soir et à Issé à 9 heures.
Nous partons, la mariée et moi à
Châteaubriant où nous y passons la journée entière.
Le matin, je vais au bourg avec la
mariée voir le père curé pour demain, grand jour.
Départ à 8 heures pour le bourg. La
mariée ne fait pas attendre. Nous avons une journée superbe et tout se passe
très bien.
Jusqu'au 6 octobre, journées
délicieuses près de la mariée.
Passe la journée du 6 avec la
famille.
Ne pars que le 7 par
Saint-Vincent-des-Landes à 5 heures et
demie.
Journée bien dure à côté des jours
passés si bons près de celle que l'on aime. Quelle vie que cette guerre.
Vivement la fin et le retour au pays. La séparation est dure pour les deux
après une si belle quinzaine passée dans la joie et le
vrai bonheur. Arrive au Mans à 11 heures, dans la nuit du 7 au 8.
Voyage le reste de la nuit et arrive
à Orry-la-Ville dans l'après-midi.
Nous en partons à 4 heures 30 pour
arriver à Ailly-sur-Noye à 8 heures. Nous allons coucher à la compagnie de
ralliement à Jumel.
Nous passons la journée à Jumel,
prenons le train le soir à Ailly-sur-Noye à 8 heures pour arriver à Ham à
minuit. Nous y passons la nuit.
Le matin, nous partons rejoindre le
régiment à Dury qui est au repos. J'apprends la mort
du pauvre (Charles) Tassin, tué par un obus le 3 octobre,
jour de la relève.
La journée se passe au pays. Le
travail ne manque pas, à part cela, rien de nouveau.
Rien de nouveau pour le moment.
Je vais dans l'après-midi reconnaître
la tombe de notre pauvre camarade (Charles) Tassin (*) à Séraucourt-le-Grand, à peu près à 8
kilomètres d'ici.
A part cela, rien de nouveau.
(*) : Voir
sa fiche matriculaire.
Rien de nouveau. Bruit de départ.
Le matin, nous apprenons que nous
partons pour les lignes ce midi. Nous allons cantonner à Grugies,
à 15 kilomètres.
Départ à 6 heures.
Nous passons par Saint-Quentin, Homblières et arrêtons à Fontaine-Notre-Dame pour repartir
ce soir à 5 heures. Il y a beaucoup de fatigue. Les routes sont très mauvaises
et il tombe de l'eau depuis ce matin.
Le soir, nous allons dans une
carrière, en avant de Montigny, relever un régiment.
Notes en marge: indemnités de tranchées du 17 octobre au
9 novembre 1918
Le matin, le régiment attaque, mais
ne va pas bien loin, fait 15 prisonniers. La journée se passe à peu près.
Le matin, l'attaque reprend. Il y a
une avance de 150 à 200 mètres à peu près, et avec beaucoup de pertes.
Le soir, la marche en avant reprend.
Toute la nuit, le régiment avance.
Le matin, nous allons à Grougis où nous trouvons encore quelques civils. Le pays
n'est pas trop démoli. Là, une division de chasseurs passe devant nous et
relève la division de gauche. Le 125 passe devant et
nous restons en réserve.
Le matin, rien de nouveau.
Nous sommes toujours à Grougis.
Dans la nuit, les boches envoient
quelques obus sur le pays, ce qui nous fait chercher une cave pour se mettre à
l'abri. Nous en trouvons une à peu près potable. Il y
a mieux, mais beaucoup sont occupées déjà et je crois qu'il va faire bon se
mettre en sûreté car le pays est appelé à se faire marmiter. Le matin, nous
recevons encore une petite distribution de 150. La journée se passe à peu près
bien.
Rien de bien nouveau, toujours
quelques obus, la nuit et le jour, nous touchons la fameuse fourragère, quelque
chose de propre encore.
Albat
rentre de perme et vient avec nous.
Rien de bien nouveau ce matin.
Rien de bien nouveau pour
aujourd'hui. Le 125 prend les lignes ce soir et relève le 114 pour 4 jours.
A midi, nous recevons l'ordre de se
mettre en tenue pour partir. Nous partons à une heure à travers la plaine. Nous
sommes pas mal canardés par les boches qui nous voient à peine à 800 mètres.
C'est encore du beau avec un officier qui ne sait même pas se conduire avec une
carte.
Nous passons la nuit dans une
carrière où nous y gelons de froid.
Le matin, nous commençons un abri
pour le poste de secours qui doit venir ici s'installer. Le colon est un peu
plus loin en avant.
Dans la nuit, les boches nous
marmitent pas mal.
Nous continuons les travaux. Les
boches tirent toujours un peu.
Le matin, il y a attaque sur la
droite, mais ne réussit pas. Les boches tirent toujours un peu.
Même travail.
A midi, nous recevons l'ordre de s'en
aller avec le colon à la nuit au pays à 1500 mètres d'ici. Les boches tirent
toujours un peu.
Pas de changement chez nous. Sur la
droite, il y a un fort bombardement et même jusqu'ici. Il doit y avoir avance à
droite et le canal de l'Oise doit être dépassé, d'après l'artillerie qui a
l'air d'avoir été déplacée grâce à nous autres ces jours, je pense.
A midi, nous recevons l'ordre de nous
tenir prêts à partir avec le colonel, mais devons recevoir d'autres ordres. A
part cela, rien de nouveau.
Le soir, nous partons au colonel et
de là au bataillon dans une carrière au pays de Hannappes, à 150 mètres des
boches et bien en vue, mais ce n'est pas bombardé pour le moment et les boches
ne tirent pas trop par ici.
Nous couchons dans une maison. Nous devions
coucher dans la carrière, mais les légumes ne veulent pas nous voir. Aussi, il
faut déménager pour que ces messieurs soient chez eux.
Vivement la fin de cette terrible vie
pour que nous puissions leur dire leurs vérités à ces vaches-là !
Le matin, nous avons repos et devons
travailler dans la carrière.
A midi, la journée se passe assez
bien et assez tranquille.
Rien de nouveau pour aujourd'hui.
Les bruits courent qu'il y aurait
attaque demain matin. Aussi, si les boches veulent tenir, il y aura encore de
la casse, car la position est difficile à avaler avec le canal à passer et la
crête qu'il y a juste en face. Quelle vie tout de même et que les pauvres
diables qui vont tomber les derniers sont à plaindre. On ne verra donc jamais
la fin de cette boucherie humaine et le retour à de meilleurs jours.
Qu'il y en a tout de même qui ont la
conscience élastique, s'ils en ont une, car ces gens ne doivent rien avoir des
êtres humains pour faire durer ce fléau si longtemps.
La journée se passe comme les autres.
Cette nuit, il est monté le premier bataillon et le 3ème doit monter ce soir.
Aussi, le grand coup doit être pour demain matin probablement.
L'attaque a lieu à 5 heures 45.
Le 2ème bataillon passe le canal et
réussit à prendre la crête. Après, ça devient un peu plus dur, mais la
progression se fait petit à petit. Il y a des pertes, mais pas trop fortes
encore à midi.
Toute la journée, l'attaque continue,
mais nous n'arrivons pas tout à fait aux objectifs dans la journée qui est le
pays de Iron.
Le matin, nous traversons le canal et
restons à l'est, au pays où les boches étaient hier.
L'avance continue et nous sommes en
réserve pour le moment. A part cela, pas grand nouveau. Les pertes ne sont pas
trop fortes, mais toujours trop. Le régiment a fait 200 prisonniers hier.
Le midi, départ. Nous allons à Esquéhéries, environ 12 kilomètres depuis le 1er jour et nous
sommes en réserve toujours. Les boches sont au moins à 15 kilomètres encore.
Il nous a fallu faire un pont sur la
rivière en pleine nuit.
Ce matin, il n'y a pas de nouveau
pour nous. Nous avons passé un sale moment pour faire notre pont avec la pluie
toujours. Aujourd'hui, il fait un peu plus beau temps. Nous partons dans la
soirée et allons au rond-point de Guise, à 8 kilomètres dans une forêt.
Là, nous apprenons qu'il y a des
parlementaires boches qui ont passé les lignes. Nous y passons la nuit.
Le matin, nous allons faire des
brancards à une voiture qui est restée en panne hier soir.
Nous revenons à midi pour repartir.
Nous allons au Bois-Là-Haut, petit pays. Nous y passons la nuit, 8 à 10 kilomètres
depuis hier matin.
Nous partons le matin, passons le 125
à Papleux et filons jusqu'à Larouillies.
Nous y passons la nuit et apprenons que la division est relevée. Aussi,
j'espère que la guerre est finie pour nous.
Rien de neuf, repos. Nous allons
chercher du bois en forêt pour les patrons, le soir à 8 heures. Nous apprenons
l'heureuse nouvelle que la guerre finit demain à 11 heures. Aussi, cela fait
des heureux.
Grande journée de joie pour tous et
de vrai bonheur en attendant le jour de la paix.
Je vais voir Jean Roux le matin.
L'après-midi, je vais à Etoeungt, à 2 kilomètres me balader. Rien de nouveau, sauf
que la division s'en irait comme troupe d'occupation.
Nous sommes toujours à Larouillies.
Repos, rien de nouveau.
Départ à 6 heures.
Nous passons par La Capelle et filons
jusqu'à Marly, environ 20 kilomètres.
En arrivant il faut se mettre au
travail à faire un pont qui ne sert à rien. C'est bien la bêtise militaire, ça ne changera jamais
que le jour où nous pourrons dire merde à toutes ces vaches d'officiers. Aussi,
vivement ce jour, celui où nous aurons enfin la liberté, liberté chérie.
Départ à 6 heures. Nous allons à
Guise. Pas de nouveau pour aujourd'hui. Je vais visiter le vieux château des
Ducs de Guise. La ville est assez bien et n'a pas trop souffert, à part le
pillage, tant par les boches que par la population.
Départ à 7 heures. Nous passons à Origny et allons coucher à Chatillon-sur-Oise qui est
détruit, 24 à 25 kilomètres.
Départ à 7 heures.
Nous allons coucher à la Fère. Nous
ne sommes pas mal, mais la ville a beaucoup souffert, 22 kilomètres à peu près.
Départ à 8 heures.
Nous passons à Chauny et allons
coucher à Babœuf, environ 25 à 30 kilomètres. Les
hommes sont bien fatigués. Chauny est à peu près détruit en entier.
Départ à 7 heures.
Nous passons à Noyon qui est détruit
et allons coucher à 8 kilomètres de Compiègne.
Départ à 7 heures.
Nous passons par Compiègne et allons
coucher à Rémy, environ 20 kilomètres.
Départ à 7 heures.
Nous allons coucher à Lieuvillers, 20 kilomètres.
Repos à Lieuvillers,
rien de neuf.
Repos, rien de nouveau.
Repos, rien de nouveau.
Repos, rien de nouveau.
Le matin, nous allons passer une
revue à Angenlieu, remise de décorations et en
arrivant, nous apprenons notre prochain départ pour demain matin, direction de
Beauvais.
Nous partons à 7 heures, passons à Bresles et allons coucher à Laversines,
environ 26 kilomètres.
Nous partons à 7 heures.
Nous allons à Allonnes, Bongenoult, à 4 kilomètres de Beauvais, environ 12
kilomètres. Nous devons y rester jusqu'au 10 décembre.
Repos, rien de nouveau.
Repos, rien de nouveau.
Repos, rien de nouveau.
Les bruits du départ circulent. Aussi,
c'est probable que nous ne resterons pas longtemps ici. (Jean) Loiseau est parti en perme hier soir pour 20
jours, Lafond pour 3 jours pour
cas de force majeure.
Nous allons au champ de tir de
Beauvais préparer des cibles pour le régiment.
L'après-midi, nous allons faire un
tour en ville. A part cela, rien de nouveau.
Rien de neuf, nous allons toujours au
stand.
Rien de nouveau. Galichet part en perme ce soir.
Passe la journée au stand avec (Théodore) RÉthorÉ. A part cela, rien de neuf.
Rien de nouveau.
Rien de nouveau.
Rien de nouveau, à part le bruit du
départ par le train demain, pour la direction de l'Est.
Nous prenons le train à minuit.
Nous partons de Saint-Paul pour
passer à Gisors, Saint-Denis, de là Coulommiers, Toul, Nancy.
Voyageons toute la journée.
Voyage toute la journée. Lunéville Avricourt où nous sommes pilotés par des boches et
descendons à Sarre-Union à minuit.
Nous allons cantonner à Mackwiller, petit pays de 400 habitants. Nous y sommes très
bien reçus.
Le pays est tout petit, mais assez
coquet. Nous y passons la journée.
Rien de neuf. Bruit de départ.
Départ à 7 heures, environ 16 kilomètres.
Nous allons à Rohrbach, en Lorraine, petit pays assez gentil.
Rien de nouveau. Nous resterions
assez longtemps ici d'après les bruits. Le régiment fait le service des Etapes.
Rien de nouveau pour le moment.
Rien de nouveau.
Rien de nouveau.
Départ à 7 heures.
Nous allons à Sarreguemines, à 18
kilomètres. La ville est assez gentille, 18 000 habitants. Nous couchons dans
une caserne.
Le matin, je suis embauché avec mon
équipe à faire l'aménagement d'une baraque pour permissionnaires à la gare.
Repos, rien de nouveau.
Rien de nouveau.
Nous allons à Bitche Théo et moi
chercher la caisse à outils par le train. La ville est assez gentille, mais
comme garnison, c'est plutôt moche.
Repos, rien de bien nouveau.
Continuation du travail à la gare, à
part cela, rien de nouveau.
Rien de nouveau.
Rien de nouveau.
Repos, rien de nouveau, sauf que le temps paraît rudement long en attendant la fuite de ce sale
métier de purée.
Le matin, nous avons une revue par le
général Pétain devant le palais
de justice. Il remet la fourragère au drapeau du régiment ainsi qu'à 2 autres
qui sont sous les ordres du Général Beschard,
ancien commandant du 3ème bataillon du 135 en 1914 et 13.
Rien de nouveau. Legoff part en perme.
Repos, rien de nouveau pour
aujourd'hui, vivement la fuite de ce métier de purée et le retour à la vie
civile.
Passe la journée au quartier sans
sortir en ville.
Rien de nouveau, sauf que (Théodore) RÉthorÉ part en perme.
Rien de nouveau. (Jean) Loiseau rentre de permission.
Rien de nouveau. BrossarD part en permission.
Repos, rien de nouveau.
Rien de nouveau.
Bruits de départ pour la 16ème
division d'infanterie. (Benjamin)
Loirat part en permission.
A part cela, rien de nouveau.
Rien de nouveau.
Rien de nouveau. Albat part aussi en permission.
Départ demain. Drillet part en permission, à part cela,
rien de nouveau.
Départ à 8 heures. Nous rentrons en
Prusse et allons coucher à Püttlingen, petit pays,
mais ça ne vaut pas la caserne.
Repos à Püttlingen.
Lafond part en permission.
Repos, rien de nouveau.
Départ en perme jusqu'au 14 février.
Retour à Sulzbach/Saar
Repos à Sulzbach/Saar, pas trop de
cafard. Albat est parti au chemin
de fer.
Rien de nouveau.
Rien de nouveau.
Le bruit de notre prochain départ
circule. Ce serait pour Koblenz.
A part cela, pas grand nouveau.
Rien de nouveau.
Nous prenons le train à 11 heures à
Dudweiler, petit pays à côté pour aller dans la région de Coblentz.
Voyageons toute la journée et
débarquons à Oberlahnstein pour aller coucher à Braubach, petit pays sur les bords du Rhin.
Rien de nouveau.
Le pays est assez gentil, mais c'est
tout petit. Enfin, nous ne sommes pas trop mal pour le moment. Je trouve une
chambre avec un bon lit chez le sous-chef de gare où sa femme parle très bien
le français. Aussi, je suis on ne peut mieux. Elle a été 7 ans bonne en France, près de Segré et Bayeux.
Rien de nouveau. Nous prenons la
garde au drapeau.
Le soir, nous relevons le 92ème
colonial au poste de police. Aussi, en place d'un bon lit, il faut faire le
Jacques et les relèves.
De garde jusqu'à 4 heures du soir et
nous allons cantonner à la mine de plomb.
Rien de nouveau. Je suis toujours
chez le même propriétaire et suis très bien.
Rien de changé. Nous allons changer
le drapeau de maison, le colonel étant parti en perme.
Rien de bien nouveau.
Je fais un voyage sur les coteaux.
C'est très joli comme pays. Aussi, au beau temps ce doit être merveilleux par
ici.
Pauvre France, que nous sommes en
retard à côté des Allemands, comme confortable en toutes choses. Et encore,
dire que ces jours j'entendais une brute
militaire nous dire que ces gens-là étaient sales et dégoûtants;
pourtant quelle différence à côté de chez nous comme habitations, propres,
aérées avec tout le confort.
Aussi, que nous nous débarrassons
bien vite de toutes ces vieilles badernes qu'il y a chez nous et que des jeunes
prennent la machine en main et nous conduisent vers le bien-être et le progrès,
car nous en sommes loin encore pour toutes choses.
Rien de nouveau.
Rien de nouveau.
Je suis seul aujourd'hui. Mes patrons
étant en voyage, aussi je suis le patron à la maison.
Rien de nouveau.
Rien de nouveau.
Rien de nouveau.
Rien de nouveau.
Revue par le général de division à 2 heures
sur les bords du Rhin, à part cela, rien de nouveau. Encore un qui ferait bien
mieux de rester tranquille que de venir nous embêter ici. Bandes de vaches,
vivement qu'on puisse les laisser tomber dans la merde
Rien de nouveau. Bruits de prochain
départ d'ici.
Rien de nouveau, sauf un travail fou
commandé par des brutes encore une fois. Aussi, vivement la fuite de ce métier
de purée.
Nous commençons le fameux travail,
mais qui ne sera pas fait à temps voulu, à part cela, rien de nouveau.
Nous recevons 3 jeunes, et Galichet est libéré, Ribalt est évacué et Loirat parti au chemin de fer (*).
A part cela, rien de nouveau.
(*) : Benjamin LOIRAT et effectivement affecté aux
chemins de fer français, c’est indiqué sur sa
fiche matriculaire.
Rien de nouveau.
Rien de nouveau.
Le soir, nous apprenons notre départ
pour Niederlahnstein demain.
Départ à 8 heures, environ 6
kilomètres. Je trouve un lit, mais moins bien qu'à Braubach.
Rien de nouveau, sauf que je retourne
à Braubach chercher du bois.
Repos, rien de nouveau.
Rien de nouveau.
Rien de nouveau.
Bruits de départ.
Nous irions relever le 77ème sur la rive
gauche du Rhin la semaine prochaine. A part cela, rien de nouveau.
Legoff
part à Mayenne pour y être opéré dans le nez. A part cela, rien de nouveau.
Rien de nouveau.
Il nous arrive 400 mètres de planches
et grande dissension politique avec le Lieutenant Grimaud.
Rien de nouveau.
Je vais faire une balade à Braubach. Rien de neuf.
Rien de nouveau, travail.
Rien de nouveau.
Rien de nouveau.
Rien de nouveau.
Rien de nouveau.
Le matin, nous allons à l'infirmerie
pour être vaccinés contre la fièvre.
Aussi, le soir qu'est-ce que nous
prenons avec cette saleté-là, bande de vaches, ils ne cesseront jamais de nous
embêter que le jour où nous pourrons leur dire merde.
Aussi, vivement ce jour tant désiré.
Ce matin, ça va un peu mieux qu'hier soir,
mais impossible de remuer le bras gauche encore.
Aussi, la semaine va en dépendre. Je
n'en fais pas une secousse et leur garde un petit chien de ma chienne à ces
buveurs de sang.
Rien de nouveau, sauf que nous sommes
toujours embêtés dans ce métier-là et que l'on veut
nous faire coucher dans les cantonnements et nous défendre de coucher chez les
civils.
Quelle bande de vaches quand même, la
jalousie de nous voir aussi bien qu'eux. Vivement que nous les fassions balayer
les rues comme font les Russes. Ils ne seront pas contents avant, ces brigands.
Si j'ai des enfants un jour, je
saurai leur faire l'école contre ces vaches et ces bandits-là.
Rien de nouveau.
Le matin, j'ai une crise avec Consienne et au moins, je lui dis la
vérité.
A la fin, il s'en va dans une colère
en me promettant 8 jours de prison et la cassation, ce qui me fait plaisir car
au moins je ne serai plus embêté par ces brutes, le seul nom que je peux leur
donner, c'est surtout celui-là.
La brute ne m'a porté que 8 jours de
consigne, huit jours plus vieux et un bon souvenir de lui pour la vie.
Aussi, qu'il passe un jour chez moi
et qu'il ait besoin de quelque chose, il sera servi tout de suite.
L'après-midi, Grimaud vient et veut me peloter un peu. Je lui fais une
engueulade aussi à lui, tout ce qu'il y a de bien et à la fin il s'en va disant
qu'il n'y a pas moyen de s'entendre.
Ils sont tous les mêmes et se valent
bien là-dedans.
Rien de nouveau pour aujourd'hui.
Rien de nouveau.
Repos, rien de nouveau.
Rien de nouveau.
Il y a une crise encore avec le commandant
et cette fois, tout le monde y passe, lieutenant, adjudant et moi. Aussi, je
n'ai pas l'occasion de me défendre. Sitôt que je veux dire un mot (Taisez-vous,
vous n'avez rien à dire), voilà la réflexion de ces vaches. Enfin, la crise n'a
pas de suites.
A part cela, rien de neuf.
Rien de nouveau.
Rien de nouveau. Philippe rentre pour
travailler ici, suite à la dernière crise.
Le matin, nous allons faire une
manœuvre à 8 kilomètres. Nous y passons la journée et ne rentrons que le soir à
7 heures. Encore une grande connerie de plus aujourd'hui, mais il en est fait
que de celles-là au régiment.
Legoff
rentre de perme et les hommes ne veulent pas travailler aujourd'hui. Aussi, ça
va très mal et j'ai bien peur d'une très grande crise pour ces jours encore.
Quel métier de purée. Aussi, quand donc en sortirons-nous de ce métier de
voleurs et d'assassins.
Toute la journée, il tombe de l'eau.
Aussi, je ne sors pas beaucoup de ma chambre.
A part cela, rien de nouveau pour
aujourd'hui. Beaucoup de tuyaux au sujet de la libération et pas beaucoup de
réel, je crois encore.
Le matin, les serruriers et le
charron retournent à Braubach travailler. La question
est liquidée cette fois et ils se sont aperçus de leur grande bêtise tout de
même. A part cela, rien de nouveau.
Rien de nouveau.
Rien de nouveau.
Je vais faire un tour à Braubach par le train. A part cela, rien de nouveau.
Rien de nouveau.
Les civils ne travaillent pas ici ce
jour-là et se reposent tous. C'est vrai que question religion, ils sont
beaucoup plus pratiquants qu'en France.
Rien de nouveau.
Rien de nouveau.
Rien de nouveau.
Rien de nouveau.
Rien de nouveau. Théo va travailler
avec Brossard à Braubach.
Rien de nouveau.
Rien de nouveau.
Rien de nouveau.
(Jean Marie) Legoff, (Théodore) RÉthorÉ
et Brossard partent en perme demain.
A part cela, rien de nouveau, sauf que nous allons quitter le pays du 3 au 7.
Rien de nouveau.
Rien de nouveau.
Rien de nouveau.
Rien de nouveau, sauf que les
ouvriers ne travaillent pas aujourd'hui ici et fêtent le 1er mai.
Rien de nouveau.
Le matin, nous prenons le train pour Osterspai pour travailler au génie faire un champ de
courses. Encore une belle blague de plus à l'actif de l'armée française. Les
civils sont défiants ici et à toute peine si nous pouvons trouver où coucher,
et le pays est assez moche.
Repos, rien de nouveau, sauf une
permission de Neuves qui passe la
matinée et s'en va faire 20 kilomètres retour par le Rhin en bateau ce soir.
Nous passons à la C. M. 3 pour la nourriture. (*)
Pas de travail aujourd'hui, le
matériel faisant défaut.
(*) : 3e compagnie de mitrailleuses.
J'ai trouvé une chambre pour moi seul
et j'espère bien y coucher plusieurs nuits tranquilles. Nous travaillons toute
la journée au champ de courses.
Rien de nouveau, sauf que nous
passons en subsistance au 77ème demain matin.
Rien de nouveau.
Je vais me balader l'après-midi à Boppard sur l'autre côté du Rhin, le pays est assez gentil.
Rien de nouveau.
Le travail n'étant pas fini, nous
travaillons demain matin et devons rejoindre le régiment lundi.
Nous travaillons le matin et
l'après-midi nous restons à la fête.
Nous prenons le train à Boppard pour arriver à Simmern à
5 heures du soir et j'ai toutes les peines du monde à trouver un lit. A la fin,
je trouve dans une maison bourgeoise. Je suis très bien, mais le fils de la
maison couche dans la même pièce.
Rien de neuf, le pays est assez
gentil. Repos.
Rien de nouveau, Lafond part en
permission demain matin.
Rien de nouveau. Prise d'armes pour
changer le drapeau.
Rien de nouveau. Drillet rentre de Boppard.
Rien de nouveau, passe
l'après-midi à la pêche.
Rien de nouveau, passe l'après-midi à
la pêche et mangeons la friture sur le bord de la rivière.
Rien de nouveau, pas de permission
pour le 20, c'est la purée.
Rien de nouveau.
Rien de nouveau.
Rien de nouveau.
Alerte.
Nous recevons l'ordre de nous tenir
prêts à partir pour demain pour aller à Sankt Goar en position, prêts en cas que les boches ne
signeraient pas les préliminaires de paix. Quelle vie que ce métier et quand
donc en verrons-nous la fin.
Aussi, il faut dire adieu à la perme,
du moins pour le moment.
Contre-ordre. Nous ne partons que
dans 3 jours à présent.
Je prends la garde à midi jusqu'à
demain, même heure.
Il devait y avoir des permissions
demain et elles sont encore arrêtées. A la fin il y a où devenir fou dans ce
voleur de métier. Demain, nous partons pour Sankt Goar à 5 heures.
Il y a contre-ordre et je pars en
perme.
Arrive au pays le 30 au soir jusqu'au
24 juin, départ et rejoins le régiment en Allemagne, débarque le 27 juin à Sankt Goar, couche à l'hôtel et
reprends le train le 27 au matin et rejoins le régiment à Lautert,
petit pays près de la zone neutre.
Rien de nouveau, grand cafard en
attendant la signature de la paix.
Nous apprenons la signature et nous
devons partir demain pour Saint Goar, à l'autre côté
du Rhin.
Départ à 3 heures.
Nous arrivons à Saint-Goar à 7 heures et y passons la journée, garde du drapeau.
Départ à 4 heures 20 pour Simmern.
Nous y arrivons à 11 heures. Marche sans
sacs de 20 kilomètres. Aussi, la fatigue est grande. Je reprends mon ancien
plumard en arrivant.
J'ai passé une bonne nuit. Nous
reprenons le travail. Réparation des voitures.
Rien de nouveau.
Rien de nouveau.
Rien de nouveau. Drillet arrive de perme et attrape 15
jours de prison.
L'après-midi à la pêche, 3 livres de
poisson. A part cela, rien de nouveau.
L'après-midi à la pêche, 3 livres. A
part cela, rien de nouveau.
Rien de nouveau.
Rien de nouveau.
Rien de nouveau.
Rien de nouveau.
Rien de nouveau.
Le soir, retraite, cinéma et bal,
mais il fait mauvais temps.
Rien de bien nouveau pour le 14
juillet, courses l'après-midi et le soir feu d'artifice. Brossard est parti pour la vie civile
ce matin. A part cela, rien de nouveau.
Le soir, il tombe de l'eau. Aussi, la
fête est à moitié perdue.
Rien de nouveau, sauf que Théo rentre à l'ambulance sans être malade beaucoup.
Rien de nouveau.
Rien de nouveau.
Fête en l'honneur de je ne sais trop
quoi. Aussi, j'en profite pour aller à la pêche et reviens avec 2 livres de
poisson. A part cela, rien de nouveau pour aujourd'hui.
Rien de nouveau. (Théodore) RÉthorÉ sort de l'ambulance ce matin.
Rien de nouveau.
Rien de nouveau, sauf que (Jean) Loiseau reçoit sa demande de sursis.
Rien de nouveau.
Rien de nouveau.
Rien de nouveau.
Rien de nouveau.
Rien de nouveau.
Rien de nouveau, à la pêche l'après-midi
et le soir au cinéma.
Legoff
rentre avec nous pour se faire soigner à l'infirmerie pour le nez. A part cela,
rien de neuf. La fuite approche heureusement, car plus ça va, plus j'en ai
marre de ce métier-là.
Rien de nouveau.
Rien de nouveau.
Rien de nouveau.
Rien de nouveau.
Rien de nouveau.
Rien de nouveau.
Rien de nouveau.
Rien de nouveau.
Rien de nouveau.
Rien de nouveau, à la pêche.
Rien de nouveau.
Rien de nouveau.
Rien de nouveau.
Fais un voyage à Boppard
avec Legoff faire les provisions
pour le prochain départ.
Rien de nouveau, à la pêche.
A la visite le matin, vu petit frère (*) pour le départ ce soir.
(*) : Josette nous précise :
« Durant cette guerre deux
évènements ont surtout marqué mon grand-père : voir un de ses camarades fusillé
devant ses yeux et le refus de permission pour aller enterrer son frère Louis,
mort d'une mort atroce: il a été écrasé entre les tampons du train en essayant
d'accrocher deux wagons. Il surveillait la maintenance des essieux et des
voies.
Louis était l'aîné. Le second frère
était Jean Rochereau, il est mort
en 1929 et était "visiteur du chemin de fer de l'état"
Le 3ème était Aimé et est mort en
1910 d'appendicite
Mon grand-père était donc le cadet
et quand il parle de son petit frère Jean, c'est peut-être un signe de
tendresse. C'était le seul qui lui restait. »
Henri ROCHEREAU est donc resté sous les armes presque 7 ans, d’octobre 1912 à août 1919. Il est décédé le 22/11/1975, à 84 ans.
Je désire
contacter le propriétaire des carnets de Charles ROCHEREAU
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