Carnets de guerre de Gustave TIBERGHIEN

caporal au 3°régiment belge de Chasseurs à Pied.

Année 1915

 

Mise à jour janvier 2014

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       Avertissement : La diffusion de ce journal intime destiné, en cas de mort inopinée de son auteur, exclusivement à ses parents eût été inconvenante il y a quelque 50 ans.

Mais aujourd’hui que le rédacteur de ces lignes griffonnées sur le vif est décédé depuis plus d’un demi-siècle et qu’il est entré dans l’histoire avec un grand H, cette profanation de l’intimité d’un jeune homme à peine sorti de l’adolescence et précipité dans un conflit d’envergure mondiale d’une violence exceptionnelle pour ses malheureux acteurs ne peut être perçue par les lecteurs que comme une marque de respect et de profonde admiration de la part de son petit-fils. (Michel Tiberghien)

 

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Année 1915

 

Vendredi 1° janvier

Mes vœux de bonne année vont à mes chers parents, à mon frère et à toute la famille. Je leur souhaite toute sorte de bonheurs et désire surtout qu’ils ne souffrent pas trop de l’invasion.

Je vais à Alveringem durant la matinée.

 

À midi, nous recevons une bouteille de vin et quelques vêtements chauds car le temps est très mauvais.

 

Au soir, je ne sors pas.

Samedi 2 janvier

On fait l’inspection des armes.

 

Puis l’après-midi, exercice d’alerte.

 

Au soir, je vais au village.

Dimanche 3 janvier

Au matin, je vais à la messe de 10 heures 30.

Ensuite, appel. Il y a alerte.

 

L’après-midi, on nous offre des pipes et des cigarettes.

 

La soirée se passe dans la grange.

Lundi 4 janvier

Nous nous préparons pour partir aux tranchées. On nous donne des vivres de réserve. Le temps est très mauvais.

Le 1° peloton est de garde en avant des tranchées. Je me trouve dans la tranchée avec le lieutenant BourgY (?). À peine arrivés, nous sommes accueillis par des shrapnels qui éclatent autour de nous.

 

La nuit est assez bonne. Nous sommes au même emplacement que la dernière fois.

Mardi 5 janvier

Je souffre un peu du pied à cause de l’état de ma chaussure.

La journée est assez chaude : obus et balles presque toute la journée.

 

Au soir, nous allons dans les tranchées en arrière. Le second peloton nous remplace.

Mercredi 6 janvier

Au matin, nous nous retirons derrière l’Yser et il n’y a que le peloton de garde qui reste sur place. Je suis dans une maison avec les […] et les officiers. Le […] Rambourse commande notre compagnie. Les officiers Valcke et Berger sont malades.

Les Allemands bombardent avec des 15 les ponts construits par le Génie. On dénombre quatre hommes tués et dix blessés à la 4° compagnie.

 

Au soir, nous repassons l’Yser. Le 3° peloton est de garde.

Le temps est pluvieux. Nos abris sont mouillés.

Jeudi 7 janvier

Au matin, nous revenons derrière l’Yser. Je vais dans la même maison qu’hier.

Journée identique.

 

Au soir, nous sommes relevés par le 1° de Ligne. Il fait très noir et il y a un temps déplorable. J’ai pu continuer la marche sans attendre les rassemblements car je suis blessé au talon.

Nous sommes trempés jusqu’aux os.

Ma compagnie loge à Loo dans une grange. Nous sommes fatigués. J’ai les pieds mouillés car je possède de très mauvaises bottines.

Vendredi 8 janvier

Repos.

Il y a beaucoup d’hommes qui ont manqué aux tranchées. Trente-trois doivent passer au conseil de guerre comme déserteurs.

Le commandant leur fait un sermon peu ordinaire. Nous recevons un nouveau commandant (Steven) et … Kitelaere revient du dépôt avec un certain nombre d’hommes.

 

Au soir, nous faisons café-concert chez le charcutier.

Samedi 9 janvier

Repos.

Nettoyage des effets et des armes. Distribution de tabac allongé ( ?). Présentation du Commandant.

Hier, les Allemands ont bombardé Westvleteren vers 10 heures du soir. Il y a une personne qui est blessée. Même soirée qu’hier : café-concert.

Dimanche 10 janvier

Je vais à la messe à Pollinckhove où il y a des Français qui cantonnent.

 

Appel à 11 heures 30. L’après-midi, il y a inspection des armes. Le 3° bataillon est parti pour aller creuser des tranchées le long de l’Yser.

Lundi 11 janvier

Quelques instants après le déjeuner, nous trouvons un soldat du 1° de ligne pendu dans une remise à côté de notre grange. C’est le fils du directeur de la maison Van Gent ( ?), professeur de mathématiques à Hasselt. Je dois aller avertir le Commandant de la ligne.

Le malheureux revenait des tranchées.

 

Au soir, le 5° de Ligne arrive aux tranchées pour remplacer le 2° Chasseurs car la 5° division s’en va au repos. Toute la nuit, c’est un défilé de troupes et d’artillerie.

Mardi 12 janvier

À 7 heures, dans les rangs. On nous donne du chocolat.

Puis on part par Leisele pour Houthem. La compagnie est logée dans une grange au Lan…. Nous sommes seize dans un petit grenier.

Nous sommes très bien installés.

 

(*) : Houthem est un village de Flandre occidentale qui fait actuellement partie de la ville de Furnes.

Mercredi 13 janvier

Nettoyage du cantonnement. Je vais au village pour chercher quelques marchandises.

Il pleut toute la journée.

Jeudi 14 janvier

Le 1° peloton doit recoudre ses effets et des boutons. Puis inspection des armes

 

Au soir, on boit quelques bouteilles offertes par B…

Quelques amis vont faire une tournée au gibier ( ?).

 

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Vendredi 15 janvier

Pour le 2° peloton, il y a démontage des armes et inspection.

 

L’après-midi, nous changeons de cantonnement. Nous partons à Leisele.

Notre cantonnement se trouve au moulin.

 

Au soir, on fait un tour au village.

Samedi 16 janvier

Au matin, je vais faire les courses à la place pour chercher des lampes à huile, etc… Je m’amuse un peu avec Grégoire. L’après-midi, solde. Au soir, il y a café chantant. Nous nous amusons assez bien.

Dimanche 17 janvier

Je vais en commission puis à la messe de 10 heures.

 

À 11 heures 30, appel. Le 3° peloton s’en va avec 4° bataillon.  Les quelques hommes de la 4° compagnie du 1° bataillon viennent avec nous.

 

Au soir, nous allons au village pour passer la soirée. J’apprends que le meunier chez qui nous logeons a été au collège avec les Deltour de Mouscron et que l’épouse du docteur de Leisele est la fille Peren, brasseur à Avelgem.

Le Commandant Schrevers s’en va au le 4° bataillon.

Lundi 18 janvier

Au matin, je vais à Houthem pour payer les logements des hommes partis hier et pour déposer la liste des hommes qui doivent passer au conseil de guerre.

Je reviens vers 2 heures. J’ai vu Victor Demets.

 

Au soir, nous allons au village mais le piano est interdit.

Mardi 19 janvier

Il y a nettoyage et inspection des effets.

Le lieutenant Berger s’en va en congé. Le lieutenant Valcke est commandant de compagnie. On égalise les pelotons car on reforme un troisième peloton.

Mercredi 20 janvier

Au matin, exercice.

Ensuite on distribue du vin, don des Anglais.

 

À 1 heure, je pars comme personnel d’installation avec Opsomer, Henno et Damien.

 

À Houthem, nous montons dans une auto car nous avions du retard et nous arrivons à Bray-Dunes. Là nous cherchons notre cantonnement.

Ensuite nous allons dormir chez Wanille-Brickaert.

Jeudi 21 janvier

À notre réveil, nous voyons une ferme qui brûle à cause de l’imprudence d’un artilleur. Dès que nous avons enfilé notre tenue, nous nous mettons à l’œuvre.

Nous avons pas mal de difficulté car la compagnie est logée dans une trentaine de maisons … chez Auguste Dervalle…. femme est seule car le mari est … depuis le 17 février 1914.

Le lieutenant Bourghie vient loger ici également. Aussi nous avons une petite pièce avec du feu à notre disposition.

Nous sommes très bien.

Vendredi 22 janvier

Nous nettoyons notre logis.

Puis je vais chez les lieutenants pour faire le croquis du cantonnement.

 

L’après-midi, repos.

 

Au soir, nous faisons un peu de friture. Je reçois 50 frs de Clovis D’Heedene. Il y a eu un combat aérien superbe.

Deux Boches sont abattus.

Samedi 23 janvier

Nous voyons un dirigeable français.

Au matin, exercice. Solde.

 

L’après-midi, nous sommes de garde sur la plage. Notre baraquement se trouve dans les dunes. Le 1° peloton détache trois petits postes.

Je reçois la lettre d’Oscar Mousset. (*)

 

(*) : Oscar Mousset également appelé le « cousin Oscar » n’est pas un cousin direct de Gustave Tiberghien. Il semble, d’après les archives familiales, qu’il s’agissait d’un parent de sa grand-mère paternelle.

Ceci explique qu’ils ne se connaissaient pas avant leur première rencontre à Londres le 4 juillet 1915.

Dimanche 24 janvier

La garde continue.

Nous sommes relevés à 3 heures. La patronne de notre cantonnement a fait du feu et préparé du café pour notre rentrée.

La soirée se passe agréablement.

Lundi 25 janvier

Au matin, exercice d’attaque dans les dunes.

 

L’après-midi, inspection des cartouches.

Ensuite, nous pouvons rester dans les logements.

 

Au soir, nous restons debout jusqu’à 1 heure avec les amis.

Mardi 26 janvier

À 8 heures, nous partons avec regret de Bray-Dunes pour La Panne. Nous longeons la côte. Nous sommes logés dans la Villa des Pierrots ( ?).

Je vais rendre visite à Clovis.

 

Au soir, je suis de garde pour les fourgons. Je donne des nouvelles de Mouscron à …

 

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Revue de l’armée balge sur la plage de La Panne

Mercredi 27 janvier

Ma garde continue.

Depuis hier, il y a un violent bombardement dans la direction de Nieuport.

 

L’après-midi, nous allons loger à la Villa des Enclos.

Il y a ici beaucoup de troupes.

Jeudi 28 janvier

Au matin, exercice sur la plage.

 

L’après-midi à 2 heures, nous sommes de garde. Le 1° peloton est au poste n° 1.

Nous sommes installés au jeu de tennis. Même service qu’à Bray-Dunes.

Beaucoup de bateaux croisent devant La Panne et le bombardement est violent.

Vendredi 29 janvier

Le service continue. Le temps est très mauvais.

J’apprends la mort de Mme FONDER et de Mme Verbruggen.

Samedi 30 janvier

Présentation du nouveau colonel Rademackers.

Inspection sur la plage.

 

L’après-midi, solde et distribution.

Dimanche 31 janvier

Inspection du général (il neige). Sur la plage, défilé.

 

L’après-midi, nous sommes de piquet. Nous ne pouvons pas sortir. Nous nous amusons dans les cantonnements. Inspection des cantonnements par le colonel.

 

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Février 1915

Lundi 1° février

Théorie dans les chambres.

L’après-midi, idem à cause du mauvais temps.

 

Au soir, comme d’habitude, je vais voir Clovis.

Mardi 2 février

Exercice.

 

L’après-midi, nous renouvelons la paille.

Puis, exercice.

Le Major Grade est mis à la disposition du général de Morenville.

Mercredi 3 février

Au matin, exercice près de l’église de La Panne.

 

L’après-midi, garde du cantonnement à l’école. Au soir, je dois aller éteindre les lumières avec une patrouille. Puis nous faisons bal dans l’école. J’ai rencontré Mr Moreels, principal.

Jeudi 4 février

La garde continue. Nous renouvelons la paille de la garde.

 

À 3 heures, nous sommes relevés.

Vendredi 5 février

Exercice. Rassemblement derrière l’église.

Puis, défilé pour le colonel sur la plage.

 

L’après-midi, théorie.

Samedi 6 février

Marche par la route de Furnes, Adinkerke et La Panne. Nous défilons pour le colonel.

 

L’après-midi, nous sommes de piquet. Nous recevons notre solde et il y a distributions de pantalons et d’effets.

Dimanche 7 février

À 10 heures 30, nous pouvons sortir pour aller à la messe. J’y vais donc chez les Pères Barnabites. Ensuite, nous faisons une partie de balle.

 

Au soir, nous faisons une petite sortie.

Lundi 8 février

Ecole de bataillon dans les dunes sous les ordres du Commandant Grablé qui fait fonction de Major.

 

L’après-midi, théorie.

 

Au soir, je vais me confesser.

Mardi 9 février

Avant le réveil, je vais à la messe et je communie.

Exercice dans les dunes. J’apprends la mort de Joseph D’Haene d’Avelgem par sa tante qui est à La Panne.

 

À 2 heures 30, nous sommes de garde au même emplacement que la dernière fois.

Mercredi 10 février

La garde continue.

 

À midi, l’aviateur Crombez vient atterrir sur la plage.

 

À 3 heures, nous sommes relevés de garde.

Jeudi 11 février

Exercice. Les sergents Candael et Balleul changent de compagnie. Distribution de tabac et de vêtements. Le lieutenant Valcke part en congé.

Visite de Gilbert Hocepied.

Vendredi 12 février

Je vais à Adinkerke avec des hommes de la compagnie qui doivent toucher de l’argent à la gare. Je vais saluer Mr. Dechièvre.

À Adinkerke, nous rencontrons la classe 14 pour le 3° Chasseurs.

 

L’après-midi, présentation des « bleus » aux anciens. Petit discours du Commandant de la compagnie. Nous sommes de piquet.

Samedi 13 février

Les 2°, 3° et 4° bataillons quittent La Panne pour Alveringem afin de remplacer la 6° division.

 

L’après-midi, les Grenadiers viennent à La Panne en repos. Je soupe avec Adrien Chombard.

Des Grenadiers du 3° et 4° B. n’ont pas de logement et de ce fait logent chez nous.

Dimanche 14 février

Je vais à la messe. Ensuite, nous formons les faisceaux devant le cantonnement.

Ensuite, nettoyage des chambres et solde.

 

À 1 heure, nous prenons le tram pour Alveringem. Nous passons par Furnes bombardé. Le 3° bataillon part aux tranchées.

 

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Lundi 15 février

Inspection des armes. La compagnie est logée dans trois cantonnements. Il fait très sale.

 

Au soir, je vais porter mon linge chez Lisa à Alveringem.

Mardi 16 février

Au matin, exercice.

 

L’après-midi, théorie. On dit qu’on peut envoyer des lettres directement chez soi. J’écris à l’abbé Scheperd.

 

Au soir, nous allons au village.

Mercredi 17 février

Mercredi des Cendres. « Souviens-toi que tu es poussière et que tu retourneras en poussière. » me fait méditer. Victor Demets est au même cantonnement que le mien.

 

L’après-midi, nous partons au cantonnement.

Alerte à Lampernisse.

Jeudi 18 février

Nous sommes logés dans une grande ferme.

 

Au matin, il y a exercice d’alerte.

 

L’après-midi, théorie.

Vendredi 19 février

Exercice.

Les hommes reçoivent une seconde paire de bottines. Nous sommes bien chargés. Les caporaux et les sergents reçoivent une pelle.

Samedi 20 février

Je vais à Alveringem avec des hommes qui doivent passer devant l’Auditeur militaire afin d’être déférés devant le conseil de guerre.

Le sergent Mestdagh part à Rouen pour passer l’examen de lieutenant.

 

Vers 4 heures, en tenue pour partir aux tranchées. Arrivée sans encombre.

Dimanche 21 février

Il fait très sale dans les tranchées et sur la route. Nous sommes assez nombreux. Les Allemands sont à quelque 100 mètres de nous en face du pont de Dixmude.

Nous faisons face au 2° Chasseurs. Ils parlent ensemble.

Lundi 22 février

Je suis de garde. Nous avons de bottes en caoutchouc.

 

La nuit, il y a alerte.

La situation est bonne.

Mardi 23 février

Tout va bien.

 

Vers 3 heures, nous entendons une musique allemande. Les Allemands semblent jouer une marche funèbre. Tout à coup, ils font un feu de salve : artillerie, mitrailleuse et fusil.

 

Au soir, nous sommes relevés par le 2° bataillon. Nous retournons à Alveringem. Nous sommes fatigués. Nous sommes dans les fermes au milieu des champs.

Mercredi 24 février

Nettoyage. Inspection des armes et repos. Une ferme brûle près de chez nous.

Jeudi 25 février

Exercice. Je fais office de chef de section. Puis, arrivée du sergent Deghels.

Nous devons aller chercher notre nourriture. Messe pour les morts de la 5° D.A.

Vendredi 26 février

Exercice comme d’habitude. Je parle avec un ancien gendarme retraité qui me m’entretient de Camille Stockman et avec Mme Crémer, retraitée, qui a habité à Mouscron (au billard) et qui est actuellement réfugiée ici.

Samedi 27 février

Distribution d’effets. Exercice comme d’habitude.

 

L’après-midi, bain pour les hommes.

Ensuite, nous partons dans une autre ferme.

Dimanche 28 février

Nous partons pour Lampernisse pour creuser des tranchées. En voulant tirer sur un avion allemand, les artilleurs envoient un obus qui éclate au-dessus de nous mais il ne fait pas de blessés.

 

Vers 7 heures, nous sommes de retour au cantonnement.

Mars 1915

Lundi 1° mars

Au matin, exercice.

 

Vers 2 heures, en tenue pour partir au cantonnement. Nous avons un nouveau Major. Nous allons à la même place que la dernière fois.

Grégoire, Cornu et Quertinmont sont téléphonistes.

Mardi 2 mars

Il y a ici énormément de souris et nous n’avons presque pas dormi durant la nuit précédente. Le 1° peloton est de piquet au chemin de fer de Caeskerke.

Nous travaillons durant la nuit.

Mercredi 3 mars

Défense absolue de se montrer car les Allemands nous verraient.

 

Au soir, nous sommes relevés par 1/3. Le bombardement est intense. C’est effrayant !

Les obus, les shrapnels et les fusées sont lancés sans arrêt d’un côté comme de l’autre. Nous arrivons tout de même sans encombre à Lampernisse.

Un Lignard me dit avoir vu des signaux dans l’église d’Oostkerke.

Jeudi 4 mars

Exercice et gymnastique. Puis, alerte.

Distribution de tabac. Départ pour les tranchées. Odilon Bouckaert vient à la rencontre de la compagnie. Une fusée tombe près de nous. Nous reprenons le même abri que la dernière fois.

Distribution de cigares de l’Yser.

Vendredi 5 mars

La nuit s’est bien passée et la journée également.

 

À 5 heures, je suis de garde. Hier, il y a des hommes du 3° B 1° Ch. Qui sont venus remplacer les recrues qui doivent passer la Revue du Roi.

 

Samedi vers 10 heures du soir (?), bombardement intense de la part des Belges.

Samedi 6 mars

La nuit a été bonne.

 

Vers 4 heures, bombardement. La journée se passe bien. Il faut se méfier quand même car les balles dum-dum sont tirées d’enfilade depuis Dixmude.

 

À 5 heures, relevé de garde.

 

À 9 heures 30, vive fusillade car la nuit étant très noire, des Allemands ont tenté de passer l’Yser sur un radeau et des patrouilles ennemies sont aperçues grâce à leurs propres fusées.

Tout redevient calme.

 

À minuit 30, je dois aller à Oostkerke pour chercher des vivres. Un espion a été vu dans le clocher : il émettait des signaux aux Allemands.

Mais l’oiseau a disparu. Il était en tenue d’artilleur.

Dimanche 7 mars

La journée se passe bien.

Durant la nuit, nous sommes relevés sans encombre. Nous arrivons à Alveringem au même cantonnement.

Lundi 8 mars

Nettoyage.

 

À deux heures, il y a service de dimanche. Nous apprenons que le Roi lors de la revue qu’il a faite a félicité le 1° bataillon pour Capelle-au-Bois et la 2° compagnie pour Esen.

Il nomme le 1° sergent Robijns, lieutenant.

Mardi 9 mars

Nous avons marché par Fortem, Loo, Pollinchove, Hoogstade et Alveringem. Les camions de la 6° D.A. vont relever la 4° D.A.

 

L’après-midi, repos. Nous arrêtons un espion à Alveringem.

Mercredi 10 mars

Au matin, on vient me dire que je suis de garde avec six hommes au fourgon du bataillon. Je vois passer les trams avec les Grenadiers et les Carabiniers.

Je rencontre plusieurs Mouscronnois et entre autres Deckuster.

 

À 5 heures, je suis relevé de garde.

Jeudi 11 mars

Marche par St-Riquiers puis sur la route de Hoogstade, Pollinckhove, Loo et Fortem.

 

Retour à 1 heure.

 

L’après-midi, repos.

Je reçois une lettre de la maison.

Vendredi 12 mars

Exercice dans la prairie. Nous faisons des tirailleurs au signal.

 

L’après-midi, inspection. J’ai quatre jours d’arrêt pour le service de chef de section.

 

Vers 23 heures, il y a alerte (exercice). Arrivée du sergent Renaud.

Samedi 13 mars

Au matin, exercice.

 

L’après-midi, nettoyage du cantonnement. Distribution de bottines et de cigarettes. Ensuite, en tenue pour le cantonnement.

Alerte.

Départ à 5 heures.

Dimanche 14 mars

Nous allons creuser des tranchées toute la journée au même emplacement que la dernière fois.

Lundi 15 mars

Au matin, exercice.

 

L’après-midi, distribution. Les 1° et 2° pelotons s’en vont à Caeskerke comme piquet. À midi, je suis allé chercher du charbon à Fortem. Les hommes du 3/2° rejoignent leur compagnie. Au soir à 8 heures 30, alerte.

Mardi 16 mars

Au matin, exercice. L’après-midi, théorie. Au soir, nous partons pour les tranchées. Nous y arrivons sans encombre. La 1ière Section est de garde jusqu’à minuit.

Mercredi 17 mars

À minuit, je suis de garde avec la 2ième section jusqu’à midi.

Rien d’anormal.

 

À midi, tirailleur (?) jusqu’à minuit.

 

À 9 heures, nous allons creuser des tranchées à l’arrière.

Nous avons beaucoup de peine à faire lever les hommes.

 

À deux heures, le lieutenant Borgies part en patrouille à la demande du général. Il est suivi par des Allemands. Mais tout se passe bien.

Jeudi 18 mars

Repos jusqu’à midi.

Puis garde jusqu’à minuit.

Vendredi 19 mars

Il neige. Nous devons travailler dans les tranchées jusqu’à midi.

Ensuite, nous sommes de repos jusqu’à la relève qui s’effectue bien.

Durant ces trois jours, nous avons eu un blessé.

En route, je discute avec un soldat du 1° Chasseurs qui va à La Panne. Il me parle de Marcel Vergrack (il est de Charleroi)

Samedi 20 mars

Nettoyage des effets et des armes. Inspection. Je reçois une lettre de Marcel Vergrack.

Puis, il y a solde.

Dimanche 21 mars

Au matin, inspection en tenue de mobilisation. Distribution de linge et de tabac.

 

L’après-midi, service de dimanche. Je vais voir Emile Mullier qui me donne des nouvelles de Mouscron et raconte son odyssée.

Puis je me rends à Alveringem où ont eu lieu au matin les funérailles du lieutenant colonel du 2ième Chasseurs à pied qui a reçu cinq balles à Dixmude.

Je rencontre Monsieur Cuvelier, instituteur à Avelgem.

Lundi 22 mars

Marche par la grand-route jusqu’aux environs de Furnes puis le long du canal de Pollinckhove pour revenir à Alveringem à 2 heures bien fatigués.

 

L’après-midi, service de propreté.

Mardi 23 mars

Exercice jusqu’à 11 heures 30. Visite du Major et du colonel.

 

Après-midi, théorie.

Mercredi 24 mars

L’école de bataillon au repos.

La musique joue quelques airs qui me rappellent Mouscron.

 

L’après-midi, bain pour la compagnie.

 

Au matin lors du déjeuner, nous avons eu du chocolat.

Mort du sergent Forest.

 

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Les douches

 

Jeudi 25 mars

Comme le temps est très mauvais, l’exercice est décommandé.

Il y a théorie l’après-midi. Nettoyage du cantonnement.

 

Au soir, nous partons pour Caeskerke afin de creuser des tranchées.

Nous y travaillons toute la nuit.

 

Au jour, nous revenons loger à Lampernisse au cantonnement.

Alerte pendant les travaux : envoi de quelques shrapnels.

Vendredi 26 mars

Nous arrivons à la ferme à 5 heures du matin. Nous sommes très fatigués.

Nous avons repos. Je vais à la visite médicale pour la gorge.

 

Au soir, nous devions retourner travailler mais c’est décommandé.

Samedi 27 mars

Au matin, exercice.

 

L’après-midi, battage des effets. Il y a des aéroplanes allemands qui survolent les lieux.

Dimanche 28 mars

Exercice.

Bombardement de Lampernisse par de gros obus allemands.

 

L’après-midi, solde. Elle est diminuée à cause du prix exorbitant des pommes de terre. Au lieu de recevoir 4 Frs 53, je touche 4 Frs 15.

Ensuite, en tenue nous partons aux tranchées.

Arrivée sans encombre.

Lundi 29 mars

Je suis de garde de minuit à midi.

Ensuite, repos.

 

À 8 heures, nous partons pour chercher des matériaux avec la section. Nous travaillons jusqu’à minuit.

Mardi 30 mars

À 6 heures, travail jusqu’à 11 heures 30.

 

À midi, garde jusqu’à minuit. Nous devons remplir des sacs et chercher les sacs de terre à la tranchée de l’Etai que nous avons creusée la dernière fois jusqu’au petit jour.

Mercredi 31 mars

Nous avons repos jusqu’à midi.

Ensuite, nous travaillons jusqu’à 5 heures afin d’arranger les créneaux, les abris et les parapets.

 

À 9 heures, nous sommes relevés. Toutes les maisons de Caeskerke sont fortifiées. Nous sommes très fatigués.

Nous retournons au même cantonnement à Alveringem.

Avril 1915

Jeudi 1° avril

Nettoyage.

À 2 heures 30, Botrel (*) vient chanter pour les soldats. Nous voyons Roland Garros abattre un Aviatik (**).

Lutte très émouvante.

 

Au soir, nous allons jusqu’au village.

 

(*) : Jean-Baptiste Botrel est auteur-compositeur-interprète français né le 14 septembre 1868 à Dinan, mort le 26 juillet 1925 à Pont-Aven en Bretagne où il est inhumé.

(**) : L’Aviatik est un avion militaire de la Première Guerre Mondiale de fabrication allemande.

Vendredi 2 avril

Au matin, exercice.

 

Après-midi, nous allons à Oostkerke pour travailler. Nous mettons une ferme en état de défense à droite du chemin de fer en allant vers Caeskerke.

Le temps est mauvais. Il pleut.

Nous revenons très fatigués. Nous devons aller en tenue de mobilisation.

Samedi 3 avril

Nous avons repos toute la journée.

 

Au soir, nous allons poursuivre le travail d’hier. Le temps est pire qu’hier. Nous revenons le jour suivant au petit jour encore plus fatigués qu’hier.

C’est vraiment de trop !

Dimanche 4 avril

Repos toute la journée.

 

Au soir, je vais me confesser. Il y a beaucoup d’hommes qui ne veulent plus aller travailler. Triste fête de Pâques !

Je souhaite de loin une bonne fête à ma famille.

Lundi 5 avril

Je me lève tôt pour aller à la messe et pour communier.

Ensuite, inspection en tenue de mobilisation. Distribution de savons, de cirage et de tabac. Discours du lieutenant Berger un peu moins violent que celui d’hier.

 

Au soir, le capitaine Smeyers revient au front accompagné de quelques soldats guéris.

Mardi 6 avril

Au matin, exercice.

 

Au soir, départ pour Caeskerke où nous sommes de piquet.

Le capitaine Smeyers nous fait un petit discours. Il regrette de ne pas pouvoir commander la compagnie. Nous lui faisons une ovation.

Nous partons à Caeskerke. Nous travaillons toute la nuit dans les tranchées de 2° ligne. Il pleut abondamment.

 

Vers 3 heures du matin, nous allons dans les abris le long du chemin de fer.

Mercredi 7 avril

Nous restons dans les abris toute la journée. Quelques obus éclatent près de nous.

 

Au soir, nous allons faire le même travail qu’hier. Nous quittons les lieux vers 3 heures du matin.

Jeudi 8 avril

Nous arrivons vers 5 heures du matin à Lampernisse au cantonnement.

Alerte.

Nous changeons de ferme.

 

Repos jusqu’à midi. Ensuite, nettoyage jusqu’au soir.

Notre logement est très froid.

Vendredi 9 avril

Au matin, exercice.

 

Après-midi, nettoyage et départ pour les tranchées. Nous arrivons sans encombre.

Samedi 10 avril

De garde de minuit jusqu’à midi.

Ensuite, travail jusqu’à minuit. Le lieutenant me fait une réprimande à cause des matériaux.

Dimanche 11 avril

Au matin, nous travaillons.

Les Allemands bombardent nos tranchées. Un obus de 10 tombe près d’un abri sans faire de dommage.

 

À midi, je suis de garde jusqu’à minuit.

Lundi 12 avril

Au matin, travail à peu près jusqu’au soir.

Ensuite, relève par le 2° bataillon. Le lieutenant Leduc me donne des nouvelles de Marcel Delespaux.

Nous revenons à Alveringem. Nous logeons dans la ferme où le lieutenant Berger loge également.

Mardi 13 avril

Nettoyage. Inspection.

Jeux toute la journée.

Mercredi 14 avril

Inspection en tenue de mobilisation.

 

L’après-midi, je suis de garde avec un sergent, un autre caporal et 14 hommes pour le fourgon du bataillon et les aéroplanes.

La 1/3 va travailler. 45 hommes manquent à l’appel.

Jeudi 15 avril

La garde continue.

Quelques patrouilles à faire pour les avions. La journée se passe bien.

 

Relève de garde à 5 heures.

 

À 6 heures, nous allons travailler au même emplacement que la dernière fois.

Vendredi 16 avril

Nous rentrons à 5 heures. Nous avons repos jusqu’à midi.

Ensuite, théorie et football, jeu de balle, etc… jusqu’au soir.

Je ne sors pas.

Samedi 17 avril

Inspection. Exercice. On prétend que nous irons travailler mais ce sont de faux bruits. Nous sommes tranquilles toute la journée.

Le canon tonne du côté d’Ypres.

Dimanche 18 avril

Inspection en tenue de mobilisation.

Distribution. Ensuite, nous pouvons aller à la messe où nous entendons un bon prédicateur.

 

Au soir, nous partons pour Lampernisse au cantonnement. Alerte.

Lundi 19 avril

Au matin, exercice.

 

Au soir, nous partons travailler dans les tranchées.

Mardi 20 avril

Au matin, nous sommes de piquet pour toute la journée.

 

Au soir, nous sommes relevés. Nous revenons à Lampernisse.

Mercredi 21 avril

Au matin, nettoyage et graissage des bottines.

Arrivée de Fourrier et de Louis Grymonprez.

 

Au soir, départ pour les tranchées.

Jeudi 22 avril

À minuit, de garde jusqu’à midi. Les tranchées sont bombardées.

Les soldats Franssens et Tilleul ainsi que le caporal clairon délégué au Major sont tués.

Le bombardement bat son plein du côté d’Ypres.

 

Au soir, nous allons chercher des matériaux.

Vendredi 23 avril

Nous sommes au repos jusqu’à midi. Ensuite, de garde jusqu’à minuit. Nous chantons toute l’après-midi. Les Allemands lancent des bombes près du 2° Chasseurs.

Nous sommes relevés de garde à minuit.

Il y a une attaque au pétrolifère.

Samedi 24 avril

Au matin, travail.

 

Après-midi, repos. Nous sommes bien bombardés.

 

Au soir, à la relève les troupes sont renforcées. Il y a un bataillon et demi dans les tranchées et deux compagnies en seconde ligne.

À peine sommes-nous relevés qu’il y a une violente attaque allemande au pont de Dixmude et au pétrolifère de Pervyse.

Il y a longtemps que nous n’avions entendu pareille fusillade, en retournant à Lampernisse car nous sommes logés où nous étions de piquet. Le lieutenant nous conduit avec lenteur sous le feu de l’artillerie.

C’est insensé car habituellement nous allons rapidement.

Il n’y a que le 1° peloton ; les deux autres ont été relevés après nous et ont de ce fait été dispersés par les shrapnels. Il n’y a pas eu de blessés chez nous.

Toutes les troupes d’Alveringem sont restées sur pied durant toute la nuit. L’attaque s’est poursuivie du côté d’Ypres. Cela chauffait !

Les Anglais ont dû reculer à cause des gaz asphyxiants. Cela ne va pas trop bien dans ce coin-là !

À Dixmude, les Allemands ont été repoussés.

Dimanche 25 avril

Repos. Nettoyage et distribution du linge.

 

Au soir, nous entendons une fusillade à Dixmude. Cela a duré toute la nuit.

Du côté d’Ypres, la canonnade n’a pas cessé durant toute la journée et toute la nuit.

J’ai vu un Florin, agriculteur à Tourcoing, artilleur au 155°. Ils ont tiré 100 obus depuis hier.

 

(*) : N’oublions pas que l’auteur est né dans le Nord (59) et a vécu toute son enfance à Roubaix ensuite à Tourcoing dans le quartier de la Marlière. Il n’est donc pas étonnant qu’il possède quelques connaissances sur l’armée française.

Lundi 26 avril

Les nouvelles d’Ypres sont meilleures.

À Dixmude, les attaques sont repoussées pour la seconde fois.

 

Au soir, il fait plus calme. Nous n’entendons que le canon mais faiblement du côté d’Ypres.

Mardi 27 avril

Inspection en tenue de mobilisation.

Nous recevons la visite de Monseigneur V…, auxiliaire du Cardinal Mercier. Il nous dit un petit mot et nous distribue des médailles. Les nouvelles sont bonnes.

 

Au soir, nous partons aux tranchées.

Nous sommes accueillis par une vive canonnade et fusillade. Les balles pleuvent autour de nous. Nous arrivons avec difficulté aux tranchées. Il y a six compagnies et deux en deuxième ligne. Le 1° peloton est de garde jusqu’à minuit.

Les Allemands font des simulacres d’attaque. On nous distribue des masques pour les gaz asphyxiants.

Mercredi 28 avril

Au matin, nous travaillons jusqu’à midi.

 

À 12 heures, repos jusqu’à minuit. Les Allemands bombardent Caeskerke et font des attaques.

Jeudi 29 avril

À minuit, de garde toute la nuit. C’est la même chose : attaques et bombardements.

 

À midi, le peloton travaille jusqu’à minuit.

Vendredi 30 avril

À minuit, repos jusqu’à midi.

Ensuite, de garde jusqu’à la relève de 3 heures.

J’apprends la mort de Maurice Demets.

Mai 1915

Samedi 1° mai

Mois de Marie. La relève s’effectue sans encombre. Nous allons à Alveringem.

 

À 6 heures, arrivée sur place, je dois aller à la colonne d’ambulance avec un homme qui a un […] . Ensuite, repos.

Dimanche 2 mai

Inspection des locaux. Nous changeons la paille. Nous allons à la messe.

Après-midi, nous jouons aux cartes jusqu’à 10 heures 30.

Deux hommes de la compagnie ont arrêté un homme considéré comme espion.                      

Lundi 3 mai

Inspection en tenue de mobilisation. Distribution de tabac, de cartouches et de vivres de réserve. Les hommes doivent porter chacun 90 cartouches aux tranchées.

La 2° section doit porter des vivres de réserve.

 

Nous partons pour les tranchées à 10 heures 30 pour arriver là-bas vers 1 heure sans encombre.

Mardi 4 mai

Nous sommes travailleurs jusqu’à midi.

Ensuite, repos jusqu’à minuit. La situation est bonne.

Mercredi 5 mai

À minuit, de garde jusqu’à midi.

 

Au soir, nous allons chercher des sacs de terre à Caeskerke. Arrivée de passerelles pour jeter sur l’Yser.

 

Après-midi, il y a un bombardement de Dixmude sans grand résultat.

Jeudi 6 mai

À minuit, repos jusqu’à midi.

Ensuite, de garde jusqu’à la relève qui s’effectue sans encombre.

 

Arrivée à Alveringem à 5 heures.

Vendredi 7 mai

Repos. Nettoyage.

Sortie. Les grosses pièces tirent.

Samedi 8 mai

Messe pour les délégués tués la dernière fois. Inspection. Distribution d’effets.

 

Après-midi, de garde à la police.

Dimanche 9 mai

À 5 heures, je vais à la messe et à la communion. Il y a beaucoup d’autos avec des officiers français.

 

Au soir, nous ne relevons pas (arrivée de A…). Nos sommes en faisceaux toute la nuit. Des attaques s’annoncent du côté de Pervyse et de Dixmude.

 

 

 

Zone de Texte: […] qu’il n’oublie jamais ses parents car la guerre peut d’un jour à l’autre les rendre malheureux. Qu’ils prient pour moi ! Qu’ils acceptent avec résignation leurs souffrances. Ils en seront récompensés plus tard. Qu’ils disent à Parrain et à Marraine que j’ai sans cesse pensé à eux. Je me recommande à leurs prières ainsi qu’à celle de ma famille.
Je prierai celui qui trouvera ce carnet de le faire parvenir à mes parents dont l’adresse est indiquée plus haut. Je l’assure qu’il fera une bonne action.
Gustave Tiberghien
Le 9 mai 1915
 

 

 

 

 

 

 

 

 

 


Lundi 10 mai

Au matin, repos. Les faisceaux restent formés.

 

Au soir, nous partons pour les tranchées de seconde ligne. On ne nous relève pas car il y a une attaque au pétrolifère. Plusieurs compagnies sont de l’autre côté de l’Yser.

Mardi 11 mai

Au matin, les troupes sont relevées. Nous avons fait 37 prisonniers allemands. Mon peloton devait par erreur traverser l’Yser.

Ensuite, l’ordre est décommandé. Nous nous reposons toute la journée.

 

Au soir, nous transportons des passerelles jusqu’à l’Yser. Les obus et les shrapnels pleuvent dru. Nous avons des dizaines de blessés. Nous devons faire le tour par le 2° Chasseurs. Les Allemands ont demandé un armistice pour enterrer leurs morts.

Il y a environ 400 Allemands et une cinquantaine de Belges qui ont été tués. 150 Belges sont blessés.

 

Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : H:\Photos 1° guerre mondiale\Les lieux\Dans les Flandres Front de l'Yser 03.jpg

 

Prisonniers allemands sous la garde de gendarmes belges

Mercredi 12 mai

Renier est tué dans son abri. Il pleut toute la journée.

 

Au soir, nous allons en première ligne. Nous sommes de garde aux passerelles.

Jeudi 13 mai

La garde continue. Les obus pleuvent.

 

Vers 10 heures, nous retournons en 2° ligne.

 

Au soir, nous passons l’Yser. Je suis au petit poste d’écoute avec Bouchez, Willard et Bruneau. La nuit est calme.

Vendredi 14 mai

Les 2° et 3° pelotons repassent l’Yser. Le 1° peloton reste sur sa position. Il pleut toute la journée. Nous sommes sales. Au soir, les 2° et 3° pelotons reviennent avec nous. Vers minuit, nous sommes relevés par le 2/1. La relève se fait sans encombre.

Samedi 15 mai

Au matin, arrivée au cantonnement. Repos puis nettoyage.

Dimanche 16 mai

Nettoyage des granges. Solde.

 

À 11 heures, messe.

Départ de Gérard et de 6 autres hommes aux mitrailleuses. Plusieurs soldats doivent passer devant le conseil de guerre pour avoir manqué aux tranchées.

Je vais avec Arthur pour voir le sergent Six.

Ensuite, promenade à Alveringem.

Lundi 17 mai

Inspection. Prise d’armes et prestation de serment pour les nouveaux officiers. Mestdagh et Victor Rommens sont décorés.

Il pleut.

 

Au soir, nous sortons avec les B.V.S.G.K. Aussi nous sommes un peu « partis ».

Mardi 18 mai

Inspection du campement. Distribution de tabac, de pipes, de confiture et de tampons.

 

Au soir, nous partons pour les tranchées. Nous passons l’Yser.

Tout se passe bien.

Mercredi 19 mai

Le 2° peloton reste sur place alors que les 1° et 3° reviennent derrière l’Yser. Il fait calme.

Je suis le chef de section car le sergent a été blessé la dernière fois. Nous assurons la garde.

 

Au soir, le 2° peloton revient également. Le bombardement est assez violent.

Jeudi 20 mai

De garde.

 

Au soir, nous repassons l’Yser. Je suis de patrouille. Cinq hommes de ma section sont blessés.

Vendredi 21 mai

Le 3° peloton reste sur place alors que nous revenons au même emplacement.

 

Au soir, le 3° peloton revient à son tour. La garde continue.

Samedi 22 mai

La garde continue. Le 3° peloton fait la corvée. Nous sommes relevés vers 11 heures.

Il pleut et il y a de l’orage.

Dimanche 23 mai

Par distraction, je suis séparé de la compagnie car je suis arrivé avant elle. Nous avons une heure d’exercices. Ensuite, repos. Je vais à la messe de 11 heures.

 

L’après-midi, solde.

Lundi 24 mai

Nous continuons le nettoyage.

Je reçois une carte d’un Monsieur Holvoet de Luingne.

 

L’après-midi, inspection par le Major. Discours de circonstances.

Ensuite, nous pouvons sortir.

Mardi 25 mai

Au matin, arrivée de volontaires.

 

L’après-midi, sports : lutte, course, etc…

Arrivée d’une cuisine roulante.

 

Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : E:\Photos 1° guerre mondiale\Le quotidien du soldat\Cuisine roulante belge.jpg

 

Cuisine roulante de l'armée belge

Mercredi 26 mai

Jeu de balle.

 

L’après-midi, distribution d’effet et de tabac.

 

Vers 7 heures 30, départ pour les tranchées. On craint une attaque allemande. Le 2° Chasseurs et le 1° de Ligne ont été consignés dans la journée.

Les Allemands ont fait une attaque à la tête de pont. Ils ont fait des prisonniers (une douzaine de Belges) et ils ont occupé une tranchée.

Les Belges ont subi des pertes assez importantes : parmi elles, le Commandant de 2/4, le lieutenant Henry blessé mortellement, le lieutenant Baisieux tué ainsi que deux Mouscronnois Vandewalle et Dujardin.

La relève s’effectue sans encombre. Je suis de garde en arrivant. Nous sommes à la droite.

Jeudi 27 mai

Relève de la garde à 3 heures du matin. Repos et travail.

Trois soldats sont nommés caporaux.

Vendredi 28 mai

À minuit, je suis de garde jusqu’à midi. Les Allemands bombardent continuellement la tête de pont. Le 4° bataillon a assez bien de blessés et de tués.

Nous bâtissons une cuisine dans les tranchées.

 

Je travaille jusqu’au soir.

Les portions de nourriture sont minimes.

Samedi 29 mai

Je continue de travailler à la cuisine. Je vais chercher du matériel à Caeskerke. J’apprends la mort du père de X…

Mon peloton est de garde de midi jusqu’à minuit. La compagnie remplit des sacs de terre pour la tête de pont. Elle va réparer les tranchées.

Le bombardement est toujours violent. C’est une véritable boucherie ! Il y a des cadavres décapités, certains ont leurs intestins qui sortent du corps !

On devrait transporter ces malheureux au plus vite !

Dimanche 30 mai

Je continue mon travail. Nous plaçons une pompe.

 

Au soir vers 11 hures 30, nous sommes relevés par le 3/2. Nous arrivons sans encombre.

Lundi 31 mai

Arrivée vers 4 heures du matin. Je dors en plein air car la grange est très sale.

 

Après-midi, solde.

Ensuite, je suis commande de garde à la police. La garde se passe bien à part un ivrogne qui provoque un peu de tapage.

 

 

Juin 1915

Mardi 1° juin

La garde continue normalement.

 

À 5 heures, la 4° compagne n’arrive pas.

 

À 5 heures 30, je suis enfin relevé. Je vais saluer Jules Demaire qui me donne des nouvelles de Mouscron et des Mouscronnois.

Mercredi 2 juin

Repos. Course et jeu de balle toute la journée.

Jeudi 3 juin

Distribution d’effets.

 

Après-midi, départ pour les tranchées. La relève se déroule assez bien.

De garde en arrivant, nous sommes à la tête de pont mais nous restons de ce côté-ci de l’Yser.

Vendredi 4 juin

La garde continue. Les obus pleuvent. Les tranchées sont bouleversées.

Nous travaillons de 5 heures du matin jusqu’à midi.

 

À midi, repos.

 

À 1 heure, reprise du travail parce que le colonel vient visiter les tranchées. Nous sommes très fatigués.

 

À 9 heures du soir, de garde.

Samedi 5 juin

La garde continue.

 

À 5 heures, reprise du travail. Nous avons beaucoup d’ouvrage.

 

À 1 heure, repos. Mais les obus tombent près de mon abri.

 

Au soir, je dois passer l’Yser avant la compagnie pour récupérer le matériel de la tête de pont. Nous relevons le 1/3.

Nous travaillons toute la nuit pour achever les tranchées et les parados. (*)

 

(*) : Terrassement protégeant les défenseurs d’une tranchée contre les coups de revers ou contre les éclats de projectile.

Dimanche 6 juin

Au matin, alors que nous voulions travailler, nous sommes bombardés. Nous restons donc dans le fond de la tranchée toute la journée.

 

Au soir, je vais au petit poste avec deux hommes. La nuit est assez calme sauf à la tête de pont nord où la fusillade est intense.

Lundi 7 juin

Au matin au petit jour, je reviens dans les tranchées. Comme le brouillard s’est levé, nous pouvons travailler un moment.

Ensuite, repos jusqu’au soir. Le colonel vient voir les tranchées.

 

Au soir, remise du matériel et puis relève. Je pars quelques minutes avant la compagnie pour porter des réparations à la gare de Caeskerke.

La relève s’effectue bien : pas de blessés dans la compagnie.

Mardi 8 juin

La route me semble interminable. Je suis épuisé.

Nous avons repos puis nettoyage.

Ensuite, je sors.

Mercredi 9 juin

Nous continuons le nettoyage. Nous allons au bain dans l’étang près de la ferme.

Jeudi 10 juin

Nous devions avoir l’inspection du colonel. Mais en raison du mauvais temps, c’est remis à demain.

Le lieutenant prononce un discours pour une quinzaine d’hommes qui ont manqué aux tranchées. Arrivée de volontaires.

Vendredi 11 juin

Au matin, les deux bataillons vont à la plaine. Le colonel vient nous voir et parle avec les soldats. Concert par la musique et puis défilé.

 

Au soir, départ pour les tranchées.

Je pars vers 3 heures pour faire le relevé du matériel. La compagnie est de piquet au chemin de fer. Je parle avec Victor Demets que je n’avais plus vu depuis un moment.

La compagnie arrive vers 11 heures.

Samedi 12 juin

Les pelotons travaillent. Je suis au magasin.

Je compte les cartouches, les vivres, etc… durant toute la journée.

Dimanche 13 juin

Je continue mon travail.

Alors que le colonel s’en allait à la tête de pont, il a reçu une balle en pleine tête.

L’aumônier du 1° bataillon, le vicaire de Kruishoutem, et un brancardier sont tués en voulant porter secours au colonel.

Lundi 14 juin

Je continue mon ouvrage.

Nous allons en repos. Les 2° et 3° B. sont partis.

 

Au soir, un sergent du 3° Ligne, un Roubaisien, vient pour récupérer le matériel. Puis la 1° du 1° du 3° Ligne arrive vers 11 heures.

La relève s’effectue bien.

Mardi 15 juin

Nous revenons des tranchées vers 4 heures 30.

 

À 8 heures, il y a l’enterrement de l’aumônier. Nous y allons.

Ensuite, en tenue pour partir au repos. Nous prenons le tram jusque La Panne.

Ensuite, en route le long de la mer jusqu’à Bray-Dunes.

Nous sommes logés dans une ferme.  

Mercredi 16 juin

Au matin, nous partons à l’enterrement du colonel à La Panne. Il fait très chaud. Nous sommes fatigués.

 

Au soir, je vois Léon Duthoit et le vétérinaire Barbry.

Jeudi 17 juin

Repos. Nous nettoyons.

 

Après-midi, bain. Je vois Herpoel et Mercier.

Vendredi 18 juin

Exercice. Inspection du Major.

Les nomitions arrivent : Verbist est nommé fourrier. (*)

 

(*) : Personne chargée de s’occuper des préparatifs tels que le logement et les vivres avant l’arrivée des soldats.

Samedi 19 juin

Exercice sur la plage. Le colonel vient nous voir ainsi que le Major.

 

L’après-midi, bain.

 

Au soir, de piquet.

Dimanche 20 juin

Je vais à la grand-messe dans la très belle église de Bray-Dunes. Je trouve très originaux les bonnets blancs des pêcheuses.

 

Après-midi, je vais faire une partie de whist avec Pierard, Willard et Fauvart.

 

Au soir, nous soupons.

Lundi 21 juin

Au matin, exercice sur la plage. Puis, il y a bain.

 

L’après-midi, repos. Les hommes punis font de l’exercice toute la journée.

Mardi 22 juin

Inspection du colonel. Défilé, etc…

 

Après-midi, service de dimanche. Nous sortons au village. Je vais dire bonjour aux personnes chez lesquelles j’ai logé la première fois.

Mercredi 23 juin

Au matin, exercice.

 

Après-midi, inspection du général. Défilé, etc… Le général fait un discours d’usage. Ensuite, retour au cantonnement.

Jeudi 24 juin

Au matin, exercice dans les dunes.

 

Après-midi, inspection des armes.

Vendredi 25 juin

À 9 heures, nous sommes de garde dans les dunes. Le poste n° 1 est de liaison avec le 4° de Ligne. Le lieutenant Driessens fait des compliments pour Monsieur B…. ( ?). Le jour, il y a une sentinelle double et une autre devant les armes.

Durant la nuit, il y a 6 sentinelles doubles en plus le long de la plage. Les consignes sont les mêmes qu’au dernier repos.

 

Durant la nuit, il fait un temps … ( ?) : il pleut à torrent. La mer est phosphorescente : c’est très curieux !

Samedi 26 juin

Relève de la garde à 9 heures du matin.

Nous devons rester dans la cour du cantonnement parce que l’artillerie s’installe au même endroit et de ce fait nous devrons changer de cantonnement.

Ensuite, arrive un contre-ordre : nous pouvons rentrer.

 

Puis à 4 heures, solde.

 

À 8 heures, nous allons au bain en tenue, avec les armes et en rangs. Finalement nous devons quand même changer de cantonnement. Nous restons dans la cour jusqu’à 10 heures.

Ensuite, nous partons cantonner dans les dunes dans des baraquements. C’est triste de constater des ordres et des contre-ordres pareils !

Dimanche 27 juin

Au matin, nous devons faire un trajet de 30 minutes pour aller au café.

 

Puis à 8 heures, encore une fois (le même trajet ?) pour recevoir la solde. Ensuite, je vais à la messe. Plus tard, nous ne pouvons pas quitter le cantonnement car nous devrions une fois encore changer vu nos protestations.

 

En effet, vers 4 heures 30, nous retournons à l’ancien cantonnement. Il faut alors aménager une grange dans laquelle nous passons à travers les poutres. Ainsi s’est passée notre journée de dimanche !

C’est malheureux ces va-et-vient inutiles !

Lundi 28 juin

Exercice sur la plage. Inspection du colonel.

Il félicite la compagnie pour ses armes et son travail.

 

Après-midi, je vais à La Panne avec Rousseau ( ?). J’y vois Omer Verheuls, Quévrin ( ?) en uniforme kaki car les 9° et 12° de ligne ont déjà le nouvel uniforme.

Je vois Delbar, sergent-major du 2° carabiniers qui est au repos ainsi qu’Amédée Dendievel, bombardé en […] du cercle.

Je reviens vers 8 heures.

J’apprends qu’un incident a eu lieu entre le colonel et un soldat (Walgraef).

Mardi 29 juin

Exercice de tirailleurs dans les dunes.

Ensuite, bain. Les hommes qui sont allés au bain, ont été piqués aux pieds. Cela dure durant toute la journée : cela les fait souffrir énormément. Le mal s’atténue dans la soirée.

Nous devions aller à La Panne mais en raison des piqûres le voyage est remis à demain.

Mercredi 30 juin

Anniversaire d’Henri. Je lui souhaite un bon anniversaire et toutes sortes de bonheur. J’espère surtout que la guerre ne le rende pas trop malheureux !

 

Au matin, exercices dans les dunes.

 

L’après-midi, nous allons à La Panne au service de désinfection. C’est très bien aménagé. Nous y recevons du linge.

Nous retournons à Bray-Dunes. Je rencontre Joseph Busschaert.

 

 

Juillet 1915

Jeudi 1° juillet

À 9 heures, je suis de garde au cantonnement. Consignes ordinaires.

La garde se trouve à 20 minutes des sentinelles.

Vendredi 2 juillet

Nous sommes relevés de garde à 9 heures. Retour au cantonnement.

 

Au matin, repos.

 

Après-midi, signalisation dans les dunes. Ensuite, bain.

Samedi 3 juillet

La compagnie est de piquet. Les gardes le long de la côte sont renforcées. Nous restons en tenue toute la journée.

 

Après-midi, nous allons au bain en tenue de mobilisation. En sortant du bain, je reçois mon congé pour Londres. Je suis heureux. Je remercie le lieutenant pour sa gentillesse.

Je pars le soir même à la gare. Malheureusement il n’y a plus de trains.

Nous partons sur la route de Dunkerque. Je monte dans un camion automobile qui me conduit jusqu’à Rosendaël avec quelques soldats du 7° de ligne. Je couche dans un magasin à fourrage.

Nous recevons de la bière.

Dimanche 4 juillet

Au matin, nous recevons un café gratuit. Nous sommes reconnaissants pour l’accueil reçu chez ces personnes.

Après avoir remercié une fois encore les gens qui nous ont hébergés, nous partons prendre le tram à Malo Terminus jusqu’aux portes de Dunkerque.

Ensuite, nous traversons la ville de Dunkerque. L’église principale est en partie détruite. Nous y prenons le train pour Calais.

 

Là je vais à la place belge et française afin de faire signer mon congé. Ensuite, je prends le bateau (Royal Mall). Je rencontre Velghe qui part voir sa sœur. La mer est très calme. Le paysage est très beau. Nous voyons le Cap Gris-Nez se dessiner devant nous.

Plus loin, il y a des torpilleurs, des cuirassés et des garde-côtes.

En arrivant devant les côtes anglaises, un dirigeable survole notre bateau. Nous débarquons à Folkestone.

J’envoie une dépêche. Nous recevons un petit gâteau et une tasse de thé offerts aux soldats par quelques Anglaises.

 

Ensuite, je prends le train pour Victoria Station. Je paie 7 frs 50 (prix réduit).

Une fois arrivé, je me renseigne pour la gare de Wandsworth Common. (*)

Je me rends à la place indiquée par le cousin mais je suppose qu’il n’a pas encore reçu ma dépêche. Je prends le train pour Wandsworth.

Là-bas je cherche tant bien que mal pour trouver la rue Trinity. Je m’en tire plutôt bien et j’arrive chez le cousin vers 10 heures 30.

 

J’y suis reçu à bras ouverts, si je peux dire. Je suis vraiment ému par cet accueil qui m’est fait surtout que nous ne nous connaissons que par la correspondance.

Je raconte un peu les nouvelles du front et nous allons nous coucher vers 1 heure 30.

 

(*) : Quartier du sud de Londres.

 

 

[fin du premier carnet]

 

Lundi 5 juillet

Je me repose de mon voyage.

Ensuite, je fais une petite promenade avec cousin et Marie.

 

Après-midi, je vais saluer Mr. Little. Plus tard, je vais me balader avec François (un soldat réformé). Puis nous revenons pour souper. Je me sens réellement chez moi tant l’accueil qui m’est fait ici est sincère.

Je suis vraiment heureux d’être venu rendre visite à mon cousin Mousset.

Mardi 6 juillet

Au matin, je pars avec cousin pour saluer Fidèle (*) qui est employé au Bureau des réformés à Fulburg Square.

Ensuite je vais à Tanner Street pour faire signer mon congé. Puis nous voyageons un peu dans Londres. Je vais voir Westminster, le Parlement.

Nous visitons la cathédrale St-Paul : c’est magnifique ! Nous sommes également allés au refuge belge où l’aumônier me donne un petit « dimanche ». (**)

Puis nous rentrons assez fatigués d’avoir autant circulé. Fidèle vient souper avec nous. Nous parlons un peu de la guerre et des amis.

Je fais la connaissance de Charles et on discute un peu des mœurs anglaises.

 

(*) : Fidèle Tiberghien (…) était le cousin germain de Gustave Tiberghien. Il a épousé pendant la guerre une citoyenne britannique O’Byrne.

(**) : Argent donné en fin de semaine pour les menus frais personnels.

Mercredi 7 juillet

Vers 11 heures, nous (le cousin, Marie et moi) partons visiter le musée d’histoire naturelle. C’est quelque chose de magnifique !

Nous voyons entre autres une riche collection d’oiseaux et de papillons. Le temps nous fait défaut pour pouvoir nous arrêter partout. Nous avons passé l’après-midi agréablement.

 

Au soir, le cousin doit sortir. La famille Little vient nous souhaiter la bonne soirée. Nous parlons beaucoup de la guerre.

Ils me font raconter un tas de choses auxquelles ils s’intéressent.

Jeudi 8 juillet

Au matin, nous partons voir le Musée Victoria et Albert.

Nous voyons là beaucoup d’objets d’art religieux et ancien. Nous restons en extase devant tant de chefs-d’œuvre exécutés avec un outillage primitif. Nous avons beaucoup admiré la Colonne Trajan (pas en plâtre !) et une belle collection d’éventails. Il y a là un gardien qui a été blessé à Ypres.

 

À Londres, on rencontre énormément de soldats et on fait beaucoup de réclame pour le recrutement. C’est à peu près comme les charlatans d’autrefois : un air de musique puis un discours.

Mr Little vient nous inviter pour faire une balade en auto pour demain.

 

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Exemple d'un bureau de recrutement anglais à Londres

Vendredi 9 juillet

Au matin vers 9 heures, nous partons en auto.

Nous allons voir l’exercice des soldats, le Palais royal et plusieurs beaux parcs. Ensuite nous nous dirigeons vers le nord de Londres. J’ai rencontré un fermier qui avait 18 parents à l’armée. Six ont été tués dont deux de ses fils.

Cela faisait de la peine de voir cet homme tant affligé. Nous revenons dans Londres à City Road pour que je puisse recevoir des effets. Il faut d’abord aller chercher un bon dans la Tanner Street. Nous passons par le quartier juif puis sur le magnifique pont de Londres.

En retournant, nous voyons un rassemblement extraordinaire pour écouter un discours de Lord Kitchener.

 

Nous allons ensuite prendre le thé chez les Little. Nous parlons de choses et d’autres. Nous nous photographons.

Puis au moment de nous en aller, on me fait cadeau de quelques paquets contenant des cigarettes, du piccalilli, du cacao, etc…

Ces gens sont d’une générosité vraiment touchante.

 

Au soir, Fidèle vient souper avec nous.

Samedi 10 juillet

Ma cousine me charge de victuailles et de bonne choses. Charles m’offre un paquet de cigarettes, un petit paquet de chocolat. Mme Swenne (?) me donne deux paquets de chocolat.

Enfin ils veulent me voir m’en aller les mains pleines !

 

Je prends le train à Wandsworth à 9 heures 30.

Je dis au revoir à ma cousine qui a été comme une mère pour moi durant ces sept jours. Ensuite, j’arrive à Victoria Station.

Là il me faut embarquer pour Folkestone. Je fais alors mes adieux à mon cousin et à Marie (je les remercie pour l’agréable séjour). C’est à peine si au moment du départ je pouvais prononcer une parole tant j’étais ému.

Enfin le train s’en va et j’ai les yeux humides. Mais cela passe quelques instants plus tard. Arrivé à Folkestone, je trouve immédiatement le bateau pour Calais.

La traversée est excellente.

 

À Calais, je fais viser mon congé.

Mais à ce moment, il n’y a plus de trains. Je trouve cependant une auto qui part pour Alveringem. Et c’est juché sur des boucliers que je rejoins ma compagnie qui est justement partie aux tranchées.

Je couche chez Emile.

Dimanche 11 juillet

Au matin, je vais communier.

Ensuite, je vais à Lampernisse pour chercher mon fusil et mon sac. Je pars aux tranchées. Ma compagnie occupe la tête de pont sud. J’ai beaucoup de travail à raconter mon voyage.

Nous sommes assez bien bombardés. Tous les jours, il y a un peloton de la 3° C. qui passe l’Yser.

 

À 6 heures du soir, je suis de garde jusqu’à minuit.

Lundi 12 juillet

Je suis au travail jusqu’à 6 heures du matin. Ensuite, repos jusqu’à midi.

 

Après je suis de garde jusqu’à 18 heures et finalement au travail jusqu’à minuit. Nous sommes assez bien bombardés. Van Huffel est tué. Grajops (?) est blessé.

Le premier est complètement déchiqueté.

Je dors dans l’abri des téléphonistes.

Mardi 13 juillet

À 6 heures, je suis de garde. Ensuite, au travail jusqu’à 18 heures.

Un obus tombe sur un abri où il y avait quatre hommes mais aucun d’eux n’est blessé.

 

Au soir vers 22 heures, nous sommes relevés. Nous avons de bons boyaux de communication. C’est beaucoup mieux qu’avant le repos.

Mercredi 14 juillet

Fête nationale française.

Nous rentrons des tranchées vers 4 heures. Le peloton est logé à l’estaminet de St-Riquiers. Nous avons repos jusqu’à midi.

Ensuite, nettoyage, solde et distribution d’effets.

Après cela, je fais une tasse de thé.

Jeudi 15 juillet

Saint Henri.

Je souhaite une bonne et heureuse fête à mon cher frère. Je lui souhaite de ne pas trop souffrir de l’invasion. Nous faisons un petit exercice.

 

Après-midi, inspection des armes.

 

Au soir, je vais faire une promenade à la route de Furnes.

Vendredi 16 juillet

Au matin, comme le temps est mauvais, nous restons au cantonnement.

 

Après-midi, inspection.

Samedi 17 juillet

Au matin, exercice. Nous avons deux nouveaux cuisiniers.

 

Au soir, le 1° bataillon part aux tranchées. Mais la 2° compagnie a 12 jours de repos.

 

Au soir, il fait un temps épouvantable. Il pleut, il vente. C’est triste pour la relève ! (solde)

Dimanche 18 juillet

Nous pouvons aller au village pour nous rendre à la messe.

 

À midi, nous devons cependant être rentrés au cantonnement. Je sors avec Charles Hocepied et Léon Duthoit. Nous parlons du bon temps passé.

J’envoie du tabac à mon cousin.

Lundi 19 juillet

Nous faisons une petite marche.

Puis l’après-midi, distribution d’effets.

 

Au soir, je vais faire un tour avec Léon et Vanouthe.

Mardi 20 juillet

Au matin, une petite marche.

 

Après-midi, inspection des armes.

 

Au soir, je vais faire une balade avec Léon et Charles. En évoquant le passé, nous revoyons Mouscron. Nous revenons par Oeren.

Mercredi 21 juillet

Fête nationale.

 

Au matin, il y a un office à 11 heures pour les soldats tombés au champ d’honneur. Ensuite, Te Deum.

 

Après-midi, nous partons cantonner à Fortem. Je suis de garde en arrivant.

Incident avec Quartier et le lieutenant.

Jeudi 22 juillet

La garde continue. Je parle avec la patronne de la ferme qui m’apprend qu’elle est la sœur de Coralie Gheldof. Elle est ici avec son frère et les deux fils d’Adolphe Warlop.

Je suis relevé de garde à 5 heures du soir.

Vendredi 23 juillet

Au matin, nous faisons une marche par Abele (*), Capelle, Oeren et la canal de Fortem.

Le temps est mauvais. Nous sommes harassés.

 

Après-midi, inspection des armes. Au soir, je fais quelques parties de whist.

 

(*) : Village de Flandre occidentale faisant partie aujourd’hui de la commune de Poperinge.

Samedi 24 juillet

Au matin, exercice.

Nous devons supporter la mauvaise humeur du lieutenant Bourgies. Il nous fait tourner comme des malheureux.

 

Après-midi, distribution d’effets. Je vais voir le … français : c’est beau ! Je vois Louis Dericke.

 

Au soir, séance acrobatique par Vlieghe, Everaert et Bourdaux.

Dimanche 25 juillet

Au matin, solde. Ensuite je vais à la messe à Alveringem.

 

Après-midi, inspection.

Plus tard, départ pour les tranchées. Nous arrivons vers 10 heures. Le 1ier peloton passe l’Yser. Il y a 5 petits postes de 6 hommes. Je suis au petit poste n° 2. Nous devons, en cas d’attaque, résister coûte que coûte.

En fait, nous devons nous sacrifier.

Lundi 26 juillet

La nuit se passe bien dans l’abri où je suis.

Là il y a du sang d’un homme qui s’est tué en manipulant une bombe.

La journée est assez calme jusqu’à 4 heures. Alors commence un violent bombardement.

 

Vers 9 heures, nous sommes relevés par le 3° peloton. Nous retournons en 1ière ligne.

 

À 10 heures, je suis de garde jusqu’à 2 heures.

Mardi 27 juillet

La nuit se passe bien. Il y a deux équipes de garde par peloton et deux équipes qui travaillent. Nous renforcons les parapets.

 

De 2 heures à 6 heures, repos. Ensuite, de garde durant quatre heures.

Et ce pendant les quatre jours.

Mercredi 28 juillet

Journée assez calme. Avec la lunette du poste d’observation de l’artillerie, je peux voir Dixmude et les tranchées allemandes. Nous voyons les petits postes allemands.

Ils ne sont pas loin de nous à notre droite. Nous lançons assez bien de bombes.

Jeudi 29 juillet

La journée est calme.

 

À 4 heures, violent bombardement.

 

Au soir, nous sommes relevés par le 3° bataillon. Sur les quatre jours, la compagnie a enregistré 5 blessés. En retournant à Caeskerke, je prends un fossé pour une route et me voilà dans l’eau jusqu’à la ceinture.

Tout trempé, je regagne le cantonnement.

Vendredi 30 juillet

Repos.

Nettoyage du cantonnement, des armes et des effets. La 2ième section est de jour.

Samedi 31 juillet

Nettoyage. Solde. Inspection des yeux par le médecin.

Août 1915

Dimanche 1° août

Inspection du corps et des pieds.

Je vais à la messe de 11 heures. Le Père Hennuys parle de l’union des armes et des Belges pour arriver à la victoire.

 

Après-midi, je vais me promener avec quelques camarades jusqu’à la route de Furnes.

Hier, Lizon est revenu de Londres.

Il m’a rapporté du gâteau, un billet de 20 Frs de la part du cousin Mousset. Si je retourne chez moi, je ne pourrai jamais être assez reconnaissant envers cette personne car tout ce qu’il peut faire pour me faire plaisir, il le fait et cela vraiment de bon cœur.

Et puis combien de lettres affectueuses et encourageantes ne m’a-t-il pas déjà envoyées !

Lundi 2 août

Au matin, inspection en tenue de mobilisation. Distribution d’effets, de linge et de tabac.

 

Au soir, nous partons pour les tranchées. Nous allons en 3° ligne. Il y a un bataillon en 1° ligne, une compagnie en 2° et une en 3°. Les deux autres compagnies du bataillon son à Fortem.

 

La nuit, nous allons travailler dans la ferme où nous nous trouvions durant la semaine de Pâques.

Mardi 3 août

La journée se passe à jouer aux cartes.

 

Au soir, nous allons travailler à la ferme franco-belge (la même que celle d’hier). Les 2° et 3° pelotons font les corvées.         

Mercredi 4 août

Même journée qu’hier.

 

Au soir, même travail.

Jeudi 5 août

La journée se passe bien.

 

Au soir, nous allons faire des tranchées derrière la 2ième ligne. Nous travaillons ferme.

Vendredi 6 août

Au matin, nous recevons quelques obus : les hommes se montrent trop.

 

Au soir, nous sommes relevés vers 21 heures 30. Nous partons de piquet à Lampernisse. L’artillerie de la 6° division vient relever celle de la 5°.

Samedi 7 août

La journée est consacrée au nettoyage.

 

Au soir, nous faisons quelques parties de balle. Je reçois une lettre de X…

Dimanche 8 août

Nous ne pouvons pas partir. Nous recevons la tenue kaki. Ensuite nous faisons des jeux.

Les Allemands abattent le coq de l’église de Lampernisse.

Lundi 9 août

Au matin, exercice. Le lieutenant photographie la compagnie. Arrivée d’un fourrier et de l’adjudant Brabants. Départ de Devolde (?).

 

Toute la nuit, nous avons entendu le canon du côté d’Ypres. Durant la journée, le canon tonne sans arrêt par ici. La pièce de 240 tire.

 

Au soir, nous partons pour Alveringem.

 

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Gustave Tiberghien se trouve en haut : le 15° à partir de la droite.

Mardi 10 août

Nettoyage du cantonnement. Inspection des bottines et des armes.

 

Au soir, je vais voir Henri De Bosschère qui est à la colonne de ravitaillement de la 6° division.

Mercredi 11 août

Au matin, promenade.

 

Après-midi, nettoyage.

 

Au soir, Henri vient me voir. Nous parlons de notre jeunesse.

Jeudi 12 août

Au matin, inspection de la tenue kakie par la Major.

 

Après-midi, cours de chant et récréation par les acrobates et Sécember.

Vendredi 13 août

Au matin, promenade et exercice de patrouille.

 

Après-midi, départ pour les tranchées (le boyau est plein d’eau et très glissant !). Comme il a plu, le chemin que nous prenons est très mauvais. Il fait très noir. Nous avons des difficultés pour marcher. (Au matin, j’ai communié à l’occasion de mon anniversaire). En arrivant aux tranchées, je suis de garde jusqu’à 2 heures du matin.

Samedi 14 août

La compagnie est à l’emplacement C. Le service est le même que d’habitude : 4 heures de garde et 4 heures de repos. Les Allemands lancent 247 obus en 45 minutes.

 

Au soir, vive fusillade. Les Allemands travaillent en face de nous de l’autre côté de l’Yser.

Dimanche 15 août

Fête de l’Assomption.

Je souhaite une bonne et heureuse fête à ma chère maman. (*)

Des tranchées, je lui envoie deux gros baisers. Je pense au passé :

il y a quatre ans, j’étais à Ypres

il y a trois ans, j’étais de garde au camp de Beverloo  (**)

il y a deux ans, j’étais à l’exposition de Gand

et il y a un an, j’étais sur la plaine d’Hoegaarden. (***)

Aujourd’hui, je suis à Dixmude.

 

Il y a de l’orage en Belgique. Le temps est très sombre et nous entendons les roulements du tonnerre du côté de Bruges et Gand.

Ici il y a quelques averses.

Des soldats belges parlent avec les Boches qui jettent des cigarettes, des briquets, etc…

« La guerre va encore durer longtemps », affirment-ils.

 

Au soir, fusillade intense. (J’ai attrapé un mauvais rhume !)

 

(*) : Le 15 août est la fête de Marie mais aussi, à cette époque, la Fête des Mères.

(***) : Pendant son service militaire effectué en partie à Beverloo (province du Limbourg)

(***) : Hoegaarden est une ville actuellement située dans le Brabant flamand.

Lundi 16 août

La journée se passe bien. Les travailleurs achèvent les parapets.

 

Au soir, la fusillade est plus vive que les autres jours.

Le caporal Decoene est blessé par un éclat d’obus.

Mardi 17 août

La journée se passe surtout à mettre les tranchées dans un grand état de propreté pour la remise aux grenadiers qui arriveront au soir afin de nous remplacer.

La relève s’effectue bien.

Le boyau est meilleur qu’à notre arrivée.

Mercredi 18 août

Nous arrivons à Alveringem à 2 heures 30 du matin.

Nous nous reposons un peu.

Ensuite, nettoyage. Henri Labis et Marcel De Bosschère viennent me saluer. Je suis heureux de les voir.

 

À 12 heures 30, départ. Nous partons à la route de Furnes pour prendre le tram. Mais arrivés là-bas, il nous faut aller le prendre à Fortem (organisation !).

Nous descendons à La Panne.

 

Là il y a la musique des 1° et 4° bataillons et les mitrailleurs. Nous rencontrons le Roi en chemin. Puis nous arrivons à la plage et de là nous nous rendons à Bray-Dunes. Je suis logé  dans une villa.

Bon accueil.

Je suis bien.

Jeudi 19 août

Au matin, je vais à la visite médicale pour les boutons que j’ai partout sur le corps. Je vais au bain sulfureux à Adinkerke.

 

Au soir, j’ai de la fièvre et je me sens assez bien malade.

Vendredi 20 août

Je vais à la visite. Je suis exempt de service.

La compagnie est de garde à la côte. Léon Nys vient me rendre visite. (*)

J’étais très content de le voir.

Ensuite, nous avons vu une dizaine d’amis et nous avons parlé de Mouscron.

 

(*) : Le docteur Léon Nys est né à Luingne en 1891. Pendant la guerre, il a été auxiliaire au service médical. Après le conflit, il terminera ses études de médecine à l’ULB et exercera sa profession de médecin à Kain où il mourra en 1965.

Samedi 21 août

Je retourne à la visite. Je vais beaucoup mieux. Cependant le docteur m’exempte encore.

J’écris à la maison et un peu partout.

 

Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : H:\Photos 1° guerre mondiale\Le quotidien du soldat\Courrier à la famille 03.jpg

 

Dimanche 22 août

Bruneau est malade. Il doit garder le lit. Je vais faire mon portrait avec des camarades.

 

L’après-midi, nous allons à Ghyvelde. (*)

Emile me rend mes 10 Frs.

 

(*) : Ghyvelde est une commune française dans le département du Nord.

Lundi 23 août

Exercice sur la plage. Escrime à la baïonnette.

Il y a conseil d’enquête pour les soldats qui ont parlé avec les Allemands.

Grégoire est nommé sergent. Bruneau est évacué.

Il y a une douzaine de navires en mer. Un navire allemand est coulé au large d’Ostende.

Mardi 24 août

Exercice sur la plage. Je vais au bain.

 

L’après-midi, je vais à La Panne avec le soldat qui doit passer au conseil de guerre. Je vois Henri Ghyselender ( ?) et un cousin de Joseph Carette.

Je reviens en train.

Mercredi 25 août

Nous faisons des exercices dans les dunes. Service de patrouille.

 

Après-midi, inspection des armes par l’armurier. Mon fusil doit être réparé.

Jeudi 26 août

Exercice sur la plage.

Nous devions aller travailler mais le travail est remis à la semaine prochaine.

 

Après-midi, nettoyage des environs du cantonnement.

Vendredi 27 août

Au matin, nous allons au bain à La Panne. Une petite scène comique se passe avec le c. c. Crabbé.

 

Après-midi, nettoyage du cantonnement. Visite de Bouchez.

Samedi 28 août

À 9 heures, nous sommes gardes-côte au poste n° 2. Je fais le service de nuit. Le temps est bon. La nuit est excellente.

Tout se passe bien.

Dimanche 29 août

Nous sommes relevés par le 2/2 à 9 heures. Je vais à la messe de 11 heures 30.

 

Après-midi, je sors avec Léon Cornu.

Lundi 30 août

Exercice sur la plage.

 

L’après-midi, inspection des effets.

Mardi 31 août

Inspection par le colonel.

 

Après-midi, service du dimanche.

Je vais à Adinkerke avec Emile Mullier pour chercher du tabac.

 

 

Septembre 1915

Mercredi 1° septembre

Exercice dans les dunes. Il y a une revue pour la cavalerie. C’est très beau ! Je reçois un paquet de Miss Little.

Le temps est très mauvais.

Il n’y a rien à faire dans l’après-midi.

Jeudi 2 septembre

Je suis de garde à la police. Tout se passe bien.

La nuit est très mauvaise.

Vendredi 3 septembre

Je suis relevé à 9 heures. Puis dépaquetage.

 

L’après-midi, sport.

Samedi 4 septembre

Exercice dans les dunes.

 

Après-midi, solde.

Dimanche 5 septembre

Je vais communier.

Puis vers 10 heures, je pars avec Henri Vanhouthe pour voir Clovis D’Heedene (?) à Uxem. (*)

Je suis très bien reçu. Nous passons agréablement le dimanche.

J’ai reçu 20 Frs de Clovis.

 

(*) : Uxem est une ville française située dans le département du Nord.

6 septembre

Exercice dans les dunes. Service de patrouille.

Je reçois une lettre de Céline Debaes. (*)

 

(*) : Mlle Céline Debaes (1879 – 1956) était la voisine de la famille Tiberghien (…)

7 septembre

Exercice sur la plage. Il y a énormément de navires en mer (70) dont un avec un captif.

On voit les départs et les arrivées des boulets. C’est un très beau spectacle !

8 septembre

Je vais à la visite pour une mauvaise dent qui me fait souffrir. Je vais à La Panne pour me la faire plomber.

Là on me la nettoie et on me la plombe.

9 septembre

Au matin, nous partons en train de Bray-Dunes pour aller creuser des tranchées près de Furnes (les 1° et 2° bataillons). La compagnie fait un point d’appui avec des tranchées en gazon.

 

Au soir, nous terminons vers 16 heures.

Nous rentrons vers 18 heures 30.

10 septembre

Même journée qu’hier. Je reçois des nouvelles de Marescaux.

Je parle avec Victor.

11 septembre

Même journée qu’hier. Je reçois une photographie des amis de Mouscron qui me fait grand plaisir. De mon côté, je ne les oublie pas non plus.

12 septembre

Dimanche.

Je vais à la messe.

Ensuite, je vais dîner avec Victor Demets chez Mr. Deckève, vicaire d’Adinkerke. Il nous reçoit très cordialement.

Je rencontre un ancien ami de collège, René Accarin, lieutenant vétérinaire au 2° Chasseurs à cheval. Je fais la connaissance de l’aumônier Brabants et de Mr. l’Inspecteur vétérinaire d’Ypres. Nous parlons de choses et d’autres.

13 septembre

Je retourne chez le dentiste à La Panne, le Docteur Planckaert. Je reviens par l’Hôpital de Cabour afin de voir le camarade Lécluse amputé de la jambe.

Cela me fait de la peine !

L’hôpital est très propre et très bien. J’ai vu là Mr. Dassonville de Warneton du 11° de Ligne, neveu du secrétaire communal de Luingne.

Il avait une blessure sérieuse à la cuisse. Mais il était presque remis. C’est triste de voir ainsi toute cette jeunesse, tous ces hommes autrefois pleins de force, aujourd’hui estropiés, l’un d’une jambe, l’autre d’un bras.

Ce sont des souffrances qui seront vengées un jour ou l’autre. Lorsqu’on a vu toutes ces misères, on a l’âme toute bouleversée.

 

Il y avait là-bas un Allemand blessé amputé d’une jambe et d’un bras. Bien qu’il s’agissait d’un ennemi, je n’ai pu faire autrement que de le plaindre, ce malheureux !

Lécluse partait le même jour à Rouen.

La compagnie va travailler.                     

14 septembre

Nous allons toujours travailler à Furnes. Je reçois des nouvelles de mon frère qui me font un énorme plaisir.

Jean Demarez vient passer la soirée.

15 septembre

Même journée qu’hier. Nous recevons une boîte de saumon au lieu de boulettes d’hachis.

16 septembre

Même journée qu’hier. Je fais une bague pour ma cousine Marie.

 

Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : H:\Photos 1° guerre mondiale\Les lieux\En Champagne fabrication des bagues.jpg

 

17 septembre

Travail.

 

Au soir en arrivant, nous sommes de garde à la côte au poste n° 2. Je fais le service de nuit. Des hydravions allemands jettent des bombes sur des navires.

18 septembre

Au matin, je quitte la garde pour aller à La Panne chez le dentiste. Je vais voir Léon Nys. Il y a beaucoup de navires en mer

 

Après-midi, solde.

Dimanche 19 septembre

Je vais à la grand-messe.

 

Après-midi, il y a une fête au profit de la Croix-Rouge. L’escadre bombarde la côte belge.

Lundi 20 septembre

Il y a dépaquetage sur la plage pour le Major. Je suis de garde à la pompe du cantonnement.

Mardi 21 septembre

Il y a exercice de bataillon. Ma garde continue.

 

À 9 heures, je suis relevé.

 

L’après-midi, lancement des grenades.

Mercredi 22 septembre

Exercice de progression et de patrouille dans les dunes.

 

Après-midi, distribution de pantalons de drap.

Jeudi 23 septembre

Exercice de grand-garde et théorie. C’est très intéressant !

 

Après-midi, nettoyage des effets.

Vendredi 24 septembre

Je retourne chez le dentiste à La Panne.

 

L’après-midi, il y a solde.

Il y a beaucoup de candidatures pour devenir sergent. J’en suis écarté. Pourquoi ? Je n’en sais rien. L’ancienneté peut-être… (sans commentaire !).

Je vais me confesser.

Samedi 25 septembre

Nous allons travailler à Furnes. Nous allons près de la grand-route d’Ypres.

Dimanche 26 septembre

Nous allons travailler au même emplacement.

Lundi 27 septembre

Même journée qu’hier.

Mardi 28 septembre

Même journée. J’apprends par Victor DEMETS qu’à la maison ma famille a reçu mon portrait.

Mercredi 29 septembre

Même journée. Je rencontre Henri Dumont.

Jeudi 30 septembre

Le temps est très mauvais. Il pleut toute la journée.

Nous allons quand même travailler.

 

 

Octobre 1915

Vendredi 1° octobre

Je suis de garde à la pompe du cantonnement. La compagnie va travailler.

Samedi 2 octobre

Je descends de garde à 9 heures.

 

L’après-midi, distribution d’effets et solde.

Je vais voir Charles Hocepied à la colonne d’ambulance. Je vais me confesser.

Dimanche 3 octobre

Je vais communier.

 

Après-midi, je sors avec Victor Demets. J’apprends l’évasion de Callens.

 

Au soir, le sergent Lecomte arrose ses galons.

Lundi 4 octobre

Inspection en tenue de mobilisation.

 

Après-midi, nettoyage du cantonnement.

 

À 7 heures, dans les rangs, nous partons avec regret de Bray-Dunes. Le 2° Bataillon  reste là alors que les 3° et 4° vont à Vinckem et Wulveringhem (*), le 1° à Leisele.

Je suis logé dans la ferme Vanouthe.

 

Il est minuit lorsque nous arrivons.

Je reçois un colis de France.

 

(*) : Wulveringem fait actuellement partie de la ville de Furnes.

Mardi 5 octobre

Nettoyage.

 

Après-midi, inspection des armes.

 

Au soir, sortie dans le village.

Mercredi 6 octobre

Au matin, promenade d’orientation du côté de Beveren. (*)

 

L’après-midi, inspection des verrous.

Concert par les guides.

 

(*) : Beveren est un village faisant actuellement partie de la ville d’Alveringem.

Jeudi 7 octobre

Au matin, service de grand-garde.

 

Après-midi, théorie aux cadres. Je rencontre Albert Mestdagh.

Vendredi 8 octobre

Au matin, exercice de marche avec l’aide de boussoles et de repères.

 

Après-midi, distribution de vestes de drap.

Concert par les guides.

Samedi 9 octobre

Au matin, escrime à la baïonnette.

Puis, gymnastique suédoise.

 

Après-midi, solde et distribution de matériel de campement.

Dimanche 10 octobre

Je vais à la messe de 11 heures.

Clovis D’Heedene vient me saluer. C’est un garçon très gentil ! Il ne me laisse manquer de rien. Aussi après la guerre, s’il a un jour besoin de moi, je lui rendrai service avec plaisir.

 

Je dîne (au bœuf). J’ai l’estomac quelque peu détraqué depuis quelques jours et je crois que c’est à cause de cette soupe grasse que l’on nous sert tous les jours.

Ce sont des parents de Gustave Gheldof qui habitent là.

Je suis de garde à la police à 1 heure.

Lundi 11 octobre

Je suis de garde jusqu’une heure. Je fais quelques parties de balle.

Puis je sors pour assister au concert.

Mardi 12 octobre

Je vais à la vivite. Je suis malade. Je souffre de l’estomac.

Je suis exempt de service.

Mercredi 13 octobre

Je suis toujours exempt de service. La compagnie va travailler près de Furnes.

Jeudi 14 octobre

Je suis encore exempt. La compagnie va travailler.

 

Après-midi, je sors un peu. Je me sens mieux.

Vendredi 15 octobre

Je vais travailler avec la compagnie. C’est assez loin.

Nous voyons arriver au front des crapouillots. (*)

 

(*) : Mortier des tranchées

Samedi 16 octobre

Le travail est suspendu car nous quittons Leisele lundi. Il y a inspection en tenue de mobilisation.

 

Au soir, je sors.

Dimanche 17 octobre

Je vais à la messe de 11 heures. La musique des Guides joue. Je vais dîner chez Knockaert.

Puis je passe l’après-midi et la soirée à faire des parties de dames et de trac.

Lundi 18 octobre

Au matin, nous faisons le nettoyage du cantonnement.

 

À 1 heure, nous prenons le tram pour Furnes.

Puis nous partons à pied jusque Wulpen (*) (plus précisément entre Wulpen et Booitshoeke). (**)

Nous sommes logés dans des baraquements. C’est un pays isolé.

La division remplace le […] 4° le régiment le 10° de Ligne.

 

(*) : Wulpen est un village faisant actuellement partie de la ville de Coxyde.

(**) : Booitshoeke est un village qui fait partie aujourd’hui de la ville de Furnes.

Mardi 19 octobre

Nous sommes au repos.

 

À 1 heure, je suis de garde au cantonnement. Nous ne pouvons pas faire d’exercice.

Je reçois des nouvelles d’Armand par Victor.

Mercredi 20 octobre

Ma garde continue.

 

À 4 heures 30, nous partons aux tranchées qui se trouvent à 1 heure 45 du cantonnement. La compagnie est de garde aux avant-postes.

Quinze homme et le lieutenant Bourgies sont dans une ferme à droite, le sergent Benaud et douze hommes à gauche et moi au centre. Les deux autres pelotons forment la grand-garde.

Tout est inondé. Nous passons sur des passerelles pour occuper les parties de terrains non-inondés.

 

Durant la nuit, c’est très pittoresque toute cette inondation !

 

Description : Description : Description : Description : Description : Description : Description : H:\Photos 1° guerre mondiale\Les lieux\Dans les Flandres 02.jpg

 

Jeudi 21 octobre

Au jour, je rentre à la grand-garde. Le secteur est calme mais malheureusement des officiers et beaucoup d’hommes voyagent souvent et trop inutilement. C’est le défaut du régiment.

Les Allemands, eux, ont bien soin de se cacher ; ainsi nos positions seront vite découvertes et ensuite bombardées.

 

Au soir, je reprends mon poste. Je suis relevé à 9 heures par les hommes de la 3° compagnie. Nous allons occuper les tranchées au chemin de fer.

Il y a là beaucoup de tranchées bétonnées. Je suis de garde toute la nuit.

Vendredi 22 octobre

Nous travaillons durant la journée.

Le petit poste où se trouvait le lieutenant Bourgies est bombardé. La ferme brûle. Les hommes battent en retraite au lieu de résister. C’est triste pour le 1/3 ! La grand-garde est bombardée et tout cela à cause du va-et-vient pendant la journée.

C’était couru d’avance !

 

Au soir, nous sommes relevés par le 1/3.

Nous rentrons sans encombre au cantonnement à 8 heures 30 ( ?).

Samedi 23 octobre

Je vais à la visite à cause de cette mauvaise dent qui me fait beaucoup souffrir. Je vais la faire arracher à Adinkerke.

C’est assez loin !

Dimanche 24 octobre

Repos.

 

Au soir, nous partons pour les tranchées. Nous restons dans les tranchées de 2° ligne près de la ferme maudite. Les tranchées sont remplies de rats et de souris.

Il faudrait pouvoir faire crever ces sales bêtes ou bien dans quelque temps nous ne pourrons plus y rester nous-mêmes.

Lundi 25 octobre

Le temps est épouvantable : il pleut, il vente toute la journée.

 

Au soir, nous partons aux avant-postes mais à la gauche du secteur. Je suis de corvée. Il faut aller chercher du matériel. Nous sommes loin en avant au milieu de l’inondation.

Mardi 26 octobre

Au matin, il y a encore un va-et-vient sans pareil. Aussi nous sommes bombardés tant que l’on veut

 

Au soir, nous sommes relevés par le 4/1. Il fait très mauvais. Il pleut. Le terrain est glissant.

On rentre sans encombre à 10 heures 30 au cantonnement.

Mercredi 27 octobre

Je souhaite une bonne fête à cette bonne-maman Antoinette.

Nous faisons le nettoyage. Dix hommes de la compagnie partent en congé.

Jeudi 28 octobre

Repos. Le temps est épouvantable ! Nous passons notre temps à fabriquer des bagues et à jouer quelques parties de cartes.

Vendredi 29 octobre

Les 1° et 2° pelotons vont au bain à La Panne. Nous prenons le train à Furnes. Nous faisons une petite promenade dans la ville.

Nous revenons vers 3 heures au cantonnement.

Samedi 30 octobre

Nettoyage du cantonnement. Je fais quelques parties de balle. Le canon tonne assez loin.

Dimanche 31 octobre

Je vais à la messe de 11 heures (messe avec musique).

 

Après-midi, il y a concert par quelques soldats (entre autres Carette) dans la grange de la ferme

 

Après le concert, je vais me confesser. Quelle impression étonnante vous éprouvez en voyant dans ce baraquement servant d’église tous ces soldats qui vont se confesser !

 

 

Novembre 1915

Lundi 1° novembre

Je souhaite une bonne fête à toute ma famille. Je vais communier à la messe de 7 heures. La journée est triste. Je reçois l’imperméable envoyé par cousin Mousset. Il me fait grand plaisir.

 

Après-midi, je vais chercher du pain au village de Wulpen car demain nous n’en recevrons pas.

Mardi 2 novembre

Fête des Morts. Il n’y a pas d’office mais je prie pour mes morts et surtout pour mes parents défunts.

Il pleut toujours. Je fabrique des bagues pour passer le temps.

Mercredi 3 novembre

Au matin, je suis de garde car j’ai remplacé un caporal la nuit du 31 au 1°.

 

L’après-midi, nous partons loger en demi-repos à l’école de Booitshoeke. La section est de jour. En arrivant, nous devons faire les corvées qui sont pénibles à cause des mauvais chemins qu’il y a dans ce coin.

Jeudi 4 novembre

Nettoyage du cantonnement.

Nous ne sommes pas loin de la 1° ligne. Nous faisons des travaux de propreté car les chemins sont devenus impraticables.

Vendredi 5 novembre

Au matin, nettoyage.

Les Allemands bombardent Furnes et Avekapelle. Belle chasse à l’aéroplane.

Nous faisons quelques parties de balle.

 

À 4 heures, départ pour les tranchées. De piquet près de la Ferme Maudite. Nous sommes tranquilles durant toute la nuit.

Samedi 6 novembre

À 7 heures du matin, deux pelotons vont travailler au chemin de fer.

Il y a du brouillard. Nous pouvons travailler tranquillement. Nous faisons des parapets et des traverses en sacs. Le génie construit des abris en béton.

 

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Dimanche 7 novembre

À 4 heures, nous partons faire le même travail qu’hier. Même temps.

 

À 15 heures, nous terminons.

 

À 18 heures, nous partons aux avant-postes. Le peloton est grand-garde. Je suis chef de poste des hommes.

Lundi 8 novembre

La journée se passe bien. Un aéroplane laisse tomber des bombes près de nos tranchées. Nous travaillons en plein jour.

 

Au soir, la 3° Cie / 1° B. nous relève. Nous retournons au chemin de fer où je suis de garde.

Mardi 9 novembre

Bonne journée. Nous travaillons toujours ferme. Il fait assez sale.

 

Au soir, la 1° Cie / 3° B. nous relève. La relève est assez mouvementée.

Les Allemands tirent beaucoup de shrapnels.

Il pleut et le commandant de la compagnie nous fait attendre sous la pluie.

Puis une voiture arrive derrière nous. Celle-ci possède une puissante lanterne électrique que les Allemands ont sans doute repérée car deux obus et des shrapnels éclatent près de la voiture qui nous croisait justement. Heureusement il n’y a pas de blessés ! Les hommes étaient prêts à malmener le conducteur imprudent.

Mais c’étaient le Major et le lieutenant Lesire qui revenaient des tranchées en voiture qui […] la route. C’est une grande imprudence de leur part !

Nous retournons loger à l’école.

Mercredi 10 novembre

Nettoyage du cantonnement, des armes et des effets qui sont archi-sales.

 

L’après-midi, je reçois un capuchon et un portefeuille. Quel cœur d’or que ce cousin Mousset ! Il y a solde et distribution de bottines. J’en reçois une paire.

 

Au soir, j’écris plusieurs lettres.

Jeudi 11 novembre

Repos. Nettoyage. Distribution de maillots de laine.

 

Vers 4 heures, nous partons loger dans une ferme près d’ici comme piquet.

 

Au soir, vers 8 heures, nous faisons des corvées. Le 1° peloton dans transporter 10.000 sacs au chemin de fer. Il fait un temps épouvantable. Les hommes sont trempés.

La corvée est finie à 1 heure.

Vendredi 12 novembre

Au matin, comme la section est de jour, on m’envoie chez le Major (Ferme maudite) avec un autre homme pour chercher des lanternes. C’était chez le chef de Corps que je devais aller… ordre, contrordre, désordre !

Quelle organisation ! On nous commande sans savoir.

J’ai fait quatre heures sous la pluie pour rien.

 

L’après-midi, on me nomme de garde au téléphone du poste de secours. Une fois encore, on ne peut m’indiquer où cela se trouve.

Je dois une nouvelle fois courir à gauche et à droite sous la pluie pour savoir où je dois me rendre.

 

Au soir, la section part en corvée mais comme je viens de rentrer je n’y vais pas.

Samedi 13 novembre

Au matin, repos.

 

Après-midi, nous partons aux tranchées d’avant-poste. Il s’agit de la tranchée Y.K. Je suis de garde. Il y a trois petits postes.

 

Durant la nuit, il faut travailler pour construire une digue.

Dimanche 14 novembre

La nuit est assez bonne. La journée est calme.

 

Au soir, nous allons au chemin de fer. Je suis au travail d’ 1 heure à 6 heures.

Lundi 15 novembre

La nuit est très noire. Il neige un peu. Ceci rend le travail très difficile. La journée est bonne. Je n’ai rien à faire.

 

Au soir, nous partons à l’école de Booitshoeke.

Mardi 16 novembre

Nettoyage des armes. Inspection.

Distribution de bottines. J’en reçois une paire. Ce sont de mauvaises bottines car elles prennent l’eau bien qu’elles soient neuves.

Mercredi 17 novembre

Au matin, nous continuons notre nettoyage.

 

L’après-midi, nous recevons des casques puis départ pour les tranchées (à rats et à souris) de la Ferme Maudite. La nuit, nous allons travailler aux tranchées J.K.

Jeudi 18 novembre 

Repos durant toute la journée.

 

Au soir, le 2° peloton va travailler aux avant-postes. Le 1° peloton reste au repos.

Vendredi 19 novembre

La 1° section va travailler au « chien marin ». La 3° section améliore les tranchées.

 

Au soir, nous partons aux avant-postes extrêmes. Je suis à la ferme de garde. Il y a trois sentinelles doubles et deux simples. Les passerelles sont inondées en certains endroits.

 

Durant la nuit, nous travaillons à un parapet.

 

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Samedi 20 novembre

La nuit est bonne.

Durant la journée, il n’y a qu’une sentinelle. Tous les hommes sont dans la cave de la ferme qui a encore été occupée par les Allemands.

 

Au soir, la 3 / 1 vient nous relever. Nous partons au chemin de fer où l’ami Louis Grimonprez de retour du dépôt nous attend.

Je reçois un petit paquet du cousin Mousset. Je suis de quart pour le travail.

Dimanche 21 novembre

Je n’ai rien à faire durant la journée car le travail s’effectue sous la direction des sergents.

 

Au soir, nous partons à l’école.

Lundi 22 novembre

Au matin, nettoyage, inspection et solde.

 

Après-midi, j’écris quelques lettres. Je reçois des nouvelles de M… qui me font grand plaisir.

Mardi 23 novembre

La section est de jour. Je vais chez le major pour chercher des casques.

 

L’après-midi, nous partons de piquet à la ferme.

 

Au soir, le 1° peloton fait les transports de sacs, de madriers, d’abris et de passerelles. Nous en avons jusqu’à 1 heure. Je dois rester après la corvée pour les reçus.

Mercredi 24 novembre ;

Repos pendant toute la journée.

 

Au soir, même corvée jusqu’à minuit.

Jeudi 25 novembre

Repos.

Au soir, nous partons aux avant-postes de la tranchée J.K. Même service que la dernière fois.

Vendredi 26 novembre

Durant toute la journée, nous travaillons. Il tombe des grêles. Le canon tonne à Nieuport.

 

Au soir, relève par le 2/1. Nous partons au chemin de fer.

 

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Samedi 27 novembre

De 7 heures à 8, je suis de quart.

Ensuite, je suis libre pendant la journée.

 

Au soir, nous sommes relevés assez tôt. Nous partons par Pervyse que j’ai traversé avec une certaine émotion pour Avekapelle où nous prenons le train pour Adinkerke.

Nous sommes logés sur la route de Houtem dans des baraquements.

Dimanche 28 novembre

À la compagnie, c’est à croire qu’ils le font exprès de nous empêcher d’assister à la messe dominicale car on nous commande inspection et puis solde. Des aéroplanes allemands jettent des bombes. L’une d’elles tombe près de notre cantonnement, une autre près de l’église brisant ainsi ses vitraux.

À la gare, deux chauffeurs sont tués ( ?). À La Panne, il y a assez bien de victimes.

 

L’après-midi, nous sommes libres. Un bataillon du 3° Zouaves (bis) vient remplacer les Fusiliers-Marins.

Lundi 29 novembre

La 2° compagnie fournit la garde. Nous avons inspection des armes.

Le temps est très mauvais.

 

Après-midi, nettoyage. Au soir, je sors avec quelques amis.

Mardi 30 novembre

Je reçois une lettre de S.M.X. (*) par l’entremise de l’Abbé Pennel. Ensuite, il y a distribution d’effets.

 

À 10 heures, nous partons au bain à La Panne.

Là je rencontre Léon Nys qui a été nommé S.S., Valère Degraeve et quelques autres Mouscronnois.

Le L.B. qui nous conduit est un peu échauffé. Il paie un verre à toute la compagnie.

Nous rentrons à Adinkerke vers 3 heures.

 

Au soir, sortie habituelle.

 

(*) : Sœur Marie-Xavier, était la marraine et la tante de Gustave Tiberghien.

 

 

[fin du deuxième carnet]

[le troisième carnet a été perdu par son auteur pendant le conflit]

 

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