Mise à jour janvier 2014
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Avertissement : La diffusion de ce journal intime destiné, en cas de mort inopinée de son auteur, exclusivement à ses parents eût été inconvenante il y a quelque 50 ans.
Mais aujourd’hui que le rédacteur de ces lignes griffonnées sur le vif est décédé depuis plus d’un demi-siècle et qu’il est entré dans l’histoire avec un grand H, cette profanation de l’intimité d’un jeune homme à peine sorti de l’adolescence et précipité dans un conflit d’envergure mondiale d’une violence exceptionnelle pour ses malheureux acteurs ne peut être perçue par les lecteurs que comme une marque de respect et de profonde admiration de la part de son petit-fils. (Michel Tiberghien)
Mes vœux de bonne année vont à mes chers parents, à mon frère et à toute la famille. Je leur souhaite toute sorte de bonheurs et désire surtout qu’ils ne souffrent pas trop de l’invasion.
Je vais à Alveringem durant la matinée.
À midi, nous recevons une bouteille de vin et quelques vêtements chauds car le temps est très mauvais.
Au soir, je ne sors pas.
On fait l’inspection des armes.
Puis l’après-midi, exercice d’alerte.
Au soir, je vais au village.
Au matin, je vais à la messe de 10 heures 30.
Ensuite, appel. Il y a alerte.
L’après-midi, on nous offre des pipes et des cigarettes.
La soirée se passe dans la grange.
Nous nous préparons pour partir aux tranchées. On nous donne des vivres de réserve. Le temps est très mauvais.
Le 1° peloton est de garde en avant des tranchées. Je me trouve dans la tranchée avec le lieutenant BourgY (?). À peine arrivés, nous sommes accueillis par des shrapnels qui éclatent autour de nous.
La nuit est assez bonne. Nous sommes au même emplacement que la dernière fois.
Je souffre un peu du pied à cause de l’état de ma chaussure.
La journée est assez chaude : obus et balles presque toute la journée.
Au soir, nous allons dans les tranchées en arrière. Le second peloton nous remplace.
Au matin, nous nous retirons derrière l’Yser et il n’y a que le peloton de garde qui reste sur place. Je suis dans une maison avec les […] et les officiers. Le […] Rambourse commande notre compagnie. Les officiers Valcke et Berger sont malades.
Les Allemands bombardent avec des 15 les ponts construits par le Génie. On dénombre quatre hommes tués et dix blessés à la 4° compagnie.
Au soir, nous repassons l’Yser. Le 3° peloton est de garde.
Le temps est pluvieux. Nos abris sont mouillés.
Au matin, nous revenons derrière l’Yser. Je vais dans la même maison qu’hier.
Journée identique.
Au soir, nous sommes relevés par le 1° de Ligne. Il fait très noir et il y a un temps déplorable. J’ai pu continuer la marche sans attendre les rassemblements car je suis blessé au talon.
Nous sommes trempés jusqu’aux os.
Ma compagnie loge à Loo dans une grange. Nous sommes fatigués. J’ai les pieds mouillés car je possède de très mauvaises bottines.
Repos.
Il y a beaucoup d’hommes qui ont manqué aux tranchées. Trente-trois doivent passer au conseil de guerre comme déserteurs.
Le commandant leur fait un sermon peu ordinaire. Nous recevons un nouveau commandant (Steven) et … Kitelaere revient du dépôt avec un certain nombre d’hommes.
Au soir, nous faisons café-concert chez le charcutier.
Repos.
Nettoyage des effets et des armes. Distribution de tabac allongé ( ?). Présentation du Commandant.
Hier, les Allemands ont bombardé Westvleteren vers 10 heures du soir. Il y a une personne qui est blessée. Même soirée qu’hier : café-concert.
Je vais à la messe à Pollinckhove où il y a des Français qui cantonnent.
Appel à 11 heures 30. L’après-midi, il y a inspection des armes. Le 3° bataillon est parti pour aller creuser des tranchées le long de l’Yser.
Quelques instants après le déjeuner, nous trouvons un soldat du 1° de ligne pendu dans une remise à côté de notre grange. C’est le fils du directeur de la maison Van Gent ( ?), professeur de mathématiques à Hasselt. Je dois aller avertir le Commandant de la ligne.
Le malheureux revenait des tranchées.
Au soir, le 5° de Ligne arrive aux tranchées pour remplacer le 2° Chasseurs car la 5° division s’en va au repos. Toute la nuit, c’est un défilé de troupes et d’artillerie.
À 7 heures, dans les rangs. On nous donne du chocolat.
Puis on part par Leisele pour Houthem. La compagnie est logée dans une grange au Lan…. Nous sommes seize dans un petit grenier.
Nous sommes très bien installés.
(*) : Houthem est un village de Flandre occidentale qui fait
actuellement partie de la ville de Furnes.
Nettoyage du cantonnement. Je vais au village pour chercher quelques marchandises.
Il pleut toute la journée.
Le 1° peloton doit recoudre ses effets et des boutons. Puis inspection des armes
Au soir, on boit quelques bouteilles offertes par B…
Quelques amis vont faire une tournée au gibier ( ?).
Pour le 2° peloton, il y a démontage des armes et inspection.
L’après-midi, nous changeons de cantonnement. Nous partons à Leisele.
Notre cantonnement se trouve au moulin.
Au soir, on fait un tour au village.
Au matin, je vais faire les courses à la place pour chercher des lampes à huile, etc… Je m’amuse un peu avec Grégoire. L’après-midi, solde. Au soir, il y a café chantant. Nous nous amusons assez bien.
Je vais en commission puis à la messe de 10 heures.
À 11 heures 30, appel. Le 3° peloton s’en va avec 4° bataillon. Les quelques hommes de la 4° compagnie du 1° bataillon viennent avec nous.
Au soir, nous allons au village pour passer la soirée. J’apprends que le meunier chez qui nous logeons a été au collège avec les Deltour de Mouscron et que l’épouse du docteur de Leisele est la fille Peren, brasseur à Avelgem.
Le Commandant Schrevers s’en va au le 4° bataillon.
Au matin, je vais à Houthem pour payer les logements des hommes partis hier et pour déposer la liste des hommes qui doivent passer au conseil de guerre.
Je reviens vers 2 heures. J’ai vu Victor Demets.
Au soir, nous allons au village mais le piano est interdit.
Il y a nettoyage et inspection des effets.
Le lieutenant Berger s’en va en congé. Le lieutenant Valcke est commandant de compagnie. On égalise les pelotons car on reforme un troisième peloton.
Au matin, exercice.
Ensuite on distribue du vin, don des Anglais.
À 1 heure, je pars comme personnel d’installation avec Opsomer, Henno et Damien.
À Houthem, nous montons dans une auto car nous avions du retard et nous arrivons à Bray-Dunes. Là nous cherchons notre cantonnement.
Ensuite nous allons dormir chez Wanille-Brickaert.
À notre réveil, nous voyons une ferme qui brûle à cause de l’imprudence d’un artilleur. Dès que nous avons enfilé notre tenue, nous nous mettons à l’œuvre.
Nous avons pas mal de difficulté car la compagnie est logée dans une trentaine de maisons … chez Auguste Dervalle…. femme est seule car le mari est … depuis le 17 février 1914.
Le lieutenant Bourghie vient loger ici également. Aussi nous avons une petite pièce avec du feu à notre disposition.
Nous sommes très bien.
Nous nettoyons notre logis.
Puis je vais chez les lieutenants pour faire le croquis du cantonnement.
L’après-midi, repos.
Au soir, nous faisons un peu de friture. Je reçois 50 frs de Clovis D’Heedene. Il y a eu un combat aérien superbe.
Deux Boches sont abattus.
Nous voyons un dirigeable français.
Au matin, exercice. Solde.
L’après-midi, nous sommes de garde sur la plage. Notre baraquement se trouve dans les dunes. Le 1° peloton détache trois petits postes.
Je reçois la lettre d’Oscar Mousset. (*)
(*) : Oscar Mousset également appelé le
« cousin Oscar » n’est pas un cousin direct de Gustave Tiberghien. Il semble, d’après les
archives familiales, qu’il s’agissait d’un parent de sa grand-mère paternelle.
Ceci
explique qu’ils ne se connaissaient pas avant leur première rencontre à Londres
le 4 juillet 1915.
La garde continue.
Nous sommes relevés à 3 heures. La patronne de notre cantonnement a fait du feu et préparé du café pour notre rentrée.
La soirée se passe agréablement.
Au matin, exercice d’attaque dans les dunes.
L’après-midi, inspection des cartouches.
Ensuite, nous pouvons rester dans les logements.
Au soir, nous restons debout jusqu’à 1 heure avec les amis.
À 8 heures, nous partons avec regret de Bray-Dunes pour La Panne. Nous longeons la côte. Nous sommes logés dans la Villa des Pierrots ( ?).
Je vais rendre visite à Clovis.
Au soir, je suis de garde pour les fourgons. Je donne des nouvelles de Mouscron à …
Revue de
l’armée balge sur la plage de La Panne
Ma garde continue.
Depuis hier, il y a un violent bombardement dans la direction de Nieuport.
L’après-midi, nous allons loger à la Villa des Enclos.
Il y a ici beaucoup de troupes.
Au matin, exercice sur la plage.
L’après-midi à 2 heures, nous sommes de garde. Le 1° peloton est au poste n° 1.
Nous sommes installés au jeu de tennis. Même service qu’à Bray-Dunes.
Beaucoup de bateaux croisent devant La Panne et le bombardement est violent.
Le service continue. Le temps est très mauvais.
J’apprends la mort de Mme FONDER et de Mme Verbruggen.
Présentation du nouveau colonel Rademackers.
Inspection sur la plage.
L’après-midi, solde et distribution.
Inspection du général (il neige). Sur la plage, défilé.
L’après-midi, nous sommes de piquet. Nous ne pouvons pas sortir. Nous nous amusons dans les cantonnements. Inspection des cantonnements par le colonel.
Théorie dans les chambres.
L’après-midi, idem à cause du mauvais temps.
Au soir, comme d’habitude, je vais voir Clovis.
Exercice.
L’après-midi, nous renouvelons la paille.
Puis, exercice.
Le Major Grade est mis à la disposition du
général de Morenville.
Au matin, exercice près de l’église de La Panne.
L’après-midi, garde du cantonnement à l’école. Au soir, je dois aller éteindre les lumières avec une patrouille. Puis nous faisons bal dans l’école. J’ai rencontré Mr Moreels, principal.
La garde continue. Nous renouvelons la paille de la garde.
À 3 heures, nous sommes relevés.
Exercice. Rassemblement derrière l’église.
Puis, défilé pour le colonel sur la plage.
L’après-midi, théorie.
Marche par la route de Furnes, Adinkerke et La Panne. Nous défilons pour le colonel.
L’après-midi, nous sommes de piquet. Nous recevons notre solde et il y a distributions de pantalons et d’effets.
À 10 heures 30, nous pouvons sortir pour aller à la messe. J’y vais donc chez les Pères Barnabites. Ensuite, nous faisons une partie de balle.
Au soir, nous faisons une petite sortie.
Ecole de bataillon dans les dunes sous les ordres du Commandant Grablé qui fait fonction de Major.
L’après-midi, théorie.
Au soir, je vais me confesser.
Avant le réveil, je vais à la messe et je communie.
Exercice dans les dunes. J’apprends la mort de Joseph D’Haene d’Avelgem par sa tante qui est à La Panne.
À 2 heures 30, nous sommes de garde au même emplacement que la dernière fois.
La garde continue.
À midi, l’aviateur Crombez vient atterrir sur la plage.
À 3 heures, nous sommes relevés de garde.
Exercice. Les sergents Candael et Balleul changent de compagnie. Distribution de tabac et de vêtements. Le lieutenant Valcke part en congé.
Visite de Gilbert Hocepied.
Je vais à Adinkerke avec des hommes de la compagnie qui doivent toucher de l’argent à la gare. Je vais saluer Mr. Dechièvre.
À Adinkerke, nous rencontrons la classe 14 pour le 3° Chasseurs.
L’après-midi, présentation des « bleus » aux anciens. Petit discours du Commandant de la compagnie. Nous sommes de piquet.
Les 2°, 3° et 4° bataillons quittent La Panne pour Alveringem afin de remplacer la 6° division.
L’après-midi, les Grenadiers viennent à La Panne en repos. Je soupe avec Adrien Chombard.
Des Grenadiers du 3° et 4° B. n’ont pas de logement et de ce fait logent chez nous.
Je vais à la messe. Ensuite, nous formons les faisceaux devant le cantonnement.
Ensuite, nettoyage des chambres et solde.
À 1 heure, nous prenons le tram pour Alveringem. Nous passons par Furnes bombardé. Le 3° bataillon part aux tranchées.
Inspection des armes. La compagnie est logée dans trois cantonnements. Il fait très sale.
Au soir, je vais porter mon linge chez Lisa à Alveringem.
Au matin, exercice.
L’après-midi, théorie. On dit qu’on peut envoyer des lettres directement chez soi. J’écris à l’abbé Scheperd.
Au soir, nous allons au village.
Mercredi des Cendres. « Souviens-toi que tu es poussière et que tu retourneras en poussière. » me fait méditer. Victor Demets est au même cantonnement que le mien.
L’après-midi, nous partons au cantonnement.
Alerte à Lampernisse.
Nous sommes logés dans une grande ferme.
Au matin, il y a exercice d’alerte.
L’après-midi, théorie.
Exercice.
Les hommes reçoivent une seconde paire de bottines. Nous sommes bien chargés. Les caporaux et les sergents reçoivent une pelle.
Je vais à Alveringem avec des hommes qui doivent passer devant l’Auditeur militaire afin d’être déférés devant le conseil de guerre.
Le sergent Mestdagh part à Rouen pour passer l’examen de lieutenant.
Vers 4 heures, en tenue pour partir aux tranchées. Arrivée sans encombre.
Il fait très sale dans les tranchées et sur la route. Nous sommes assez nombreux. Les Allemands sont à quelque 100 mètres de nous en face du pont de Dixmude.
Nous faisons face au 2° Chasseurs. Ils parlent ensemble.
Je suis de garde. Nous avons de bottes en caoutchouc.
La nuit, il y a alerte.
La situation est bonne.
Tout va bien.
Vers 3 heures, nous entendons une musique allemande. Les Allemands semblent jouer une marche funèbre. Tout à coup, ils font un feu de salve : artillerie, mitrailleuse et fusil.
Au soir, nous sommes relevés par le 2° bataillon. Nous retournons à Alveringem. Nous sommes fatigués. Nous sommes dans les fermes au milieu des champs.
Nettoyage. Inspection des armes et repos. Une ferme brûle près de chez nous.
Exercice. Je fais office de chef de section. Puis, arrivée du sergent Deghels.
Nous devons aller chercher notre nourriture. Messe pour les morts de la 5° D.A.
Exercice comme d’habitude. Je parle avec un ancien gendarme retraité qui me m’entretient de Camille Stockman et avec Mme Crémer, retraitée, qui a habité à Mouscron (au billard) et qui est actuellement réfugiée ici.
Distribution d’effets. Exercice comme d’habitude.
L’après-midi, bain pour les hommes.
Ensuite, nous partons dans une autre ferme.
Nous partons pour Lampernisse pour creuser des tranchées. En voulant tirer sur un avion allemand, les artilleurs envoient un obus qui éclate au-dessus de nous mais il ne fait pas de blessés.
Vers 7 heures, nous sommes de retour au cantonnement.
Au matin, exercice.
Vers 2 heures, en tenue pour partir au cantonnement. Nous avons un nouveau Major. Nous allons à la même place que la dernière fois.
Grégoire, Cornu et Quertinmont sont téléphonistes.
Il y a ici énormément de souris et nous n’avons presque pas dormi durant la nuit précédente. Le 1° peloton est de piquet au chemin de fer de Caeskerke.
Nous travaillons durant la nuit.
Défense absolue de se montrer car les Allemands nous verraient.
Au soir, nous sommes relevés par 1/3. Le bombardement est intense. C’est effrayant !
Les obus, les shrapnels et les fusées sont lancés sans arrêt d’un côté comme de l’autre. Nous arrivons tout de même sans encombre à Lampernisse.
Un Lignard me dit avoir vu des signaux dans l’église d’Oostkerke.
Exercice et gymnastique. Puis, alerte.
Distribution de tabac. Départ pour les tranchées. Odilon Bouckaert vient à la rencontre de la compagnie. Une fusée tombe près de nous. Nous reprenons le même abri que la dernière fois.
Distribution de cigares de l’Yser.
La nuit s’est bien passée et la journée également.
À 5 heures, je suis de garde. Hier, il y a des hommes du 3° B 1° Ch. Qui sont venus remplacer les recrues qui doivent passer la Revue du Roi.
Samedi vers 10 heures du soir (?), bombardement intense de la part des Belges.
La nuit a été bonne.
Vers 4 heures, bombardement. La journée se passe bien. Il faut se méfier quand même car les balles dum-dum sont tirées d’enfilade depuis Dixmude.
À 5 heures, relevé de garde.
À 9 heures 30, vive fusillade car la nuit étant très noire, des Allemands ont tenté de passer l’Yser sur un radeau et des patrouilles ennemies sont aperçues grâce à leurs propres fusées.
Tout redevient calme.
À minuit 30, je dois aller à Oostkerke pour chercher des vivres. Un espion a été vu dans le clocher : il émettait des signaux aux Allemands.
Mais l’oiseau a disparu. Il était en tenue d’artilleur.
La journée se passe bien.
Durant la nuit, nous sommes relevés sans encombre. Nous arrivons à Alveringem au même cantonnement.
Nettoyage.
À deux heures, il y a service de dimanche. Nous apprenons que le Roi lors de la revue qu’il a faite a félicité le 1° bataillon pour Capelle-au-Bois et la 2° compagnie pour Esen.
Il nomme le 1° sergent Robijns, lieutenant.
Nous avons marché par Fortem, Loo, Pollinchove, Hoogstade et Alveringem. Les camions de la 6° D.A. vont relever la 4° D.A.
L’après-midi, repos. Nous arrêtons un espion à Alveringem.
Au matin, on vient me dire que je suis de garde avec six hommes au fourgon du bataillon. Je vois passer les trams avec les Grenadiers et les Carabiniers.
Je rencontre plusieurs Mouscronnois et entre autres Deckuster.
À 5 heures, je suis relevé de garde.
Marche par St-Riquiers puis sur la route de Hoogstade, Pollinckhove, Loo et Fortem.
Retour à 1 heure.
L’après-midi, repos.
Je reçois une lettre de la maison.
Exercice dans la prairie. Nous faisons des tirailleurs au signal.
L’après-midi, inspection. J’ai quatre jours d’arrêt pour le service de chef de section.
Vers 23 heures, il y a alerte (exercice). Arrivée du sergent Renaud.
Au matin, exercice.
L’après-midi, nettoyage du cantonnement. Distribution de bottines et de cigarettes. Ensuite, en tenue pour le cantonnement.
Alerte.
Départ à 5 heures.
Nous allons creuser des tranchées toute la journée au même emplacement que la dernière fois.
Au matin, exercice.
L’après-midi, distribution. Les 1° et 2° pelotons s’en vont à Caeskerke comme piquet. À midi, je suis allé chercher du charbon à Fortem. Les hommes du 3/2° rejoignent leur compagnie. Au soir à 8 heures 30, alerte.
Au matin, exercice. L’après-midi, théorie. Au soir, nous partons pour les tranchées. Nous y arrivons sans encombre. La 1ière Section est de garde jusqu’à minuit.
À minuit, je suis de garde avec la 2ième section jusqu’à midi.
Rien d’anormal.
À midi, tirailleur (?) jusqu’à minuit.
À 9 heures, nous allons creuser des tranchées à l’arrière.
Nous avons beaucoup de peine à faire lever les hommes.
À deux heures, le lieutenant Borgies part en patrouille à la demande du général. Il est suivi par des Allemands. Mais tout se passe bien.
Repos jusqu’à midi.
Puis garde jusqu’à minuit.
Il neige. Nous devons travailler dans les tranchées jusqu’à midi.
Ensuite, nous sommes de repos jusqu’à la relève qui s’effectue bien.
Durant ces trois jours, nous avons eu un blessé.
En route, je discute avec un soldat du 1° Chasseurs qui va à La Panne. Il me parle de Marcel Vergrack (il est de Charleroi)
Nettoyage des effets et des armes. Inspection. Je reçois une lettre de Marcel Vergrack.
Puis, il y a solde.
Au matin, inspection en tenue de mobilisation. Distribution de linge et de tabac.
L’après-midi, service de dimanche. Je vais voir Emile Mullier qui me donne des nouvelles de Mouscron et raconte son odyssée.
Puis je me rends à Alveringem où ont eu lieu au matin les funérailles du lieutenant colonel du 2ième Chasseurs à pied qui a reçu cinq balles à Dixmude.
Je rencontre Monsieur Cuvelier, instituteur à Avelgem.
Marche par la grand-route jusqu’aux environs de Furnes puis le long du canal de Pollinckhove pour revenir à Alveringem à 2 heures bien fatigués.
L’après-midi, service de propreté.
Exercice jusqu’à 11 heures 30. Visite du Major et du colonel.
Après-midi, théorie.
L’école de bataillon au repos.
La musique joue quelques airs qui me rappellent Mouscron.
L’après-midi, bain pour la compagnie.
Au matin lors du déjeuner, nous avons eu du chocolat.
Mort du sergent Forest.
Les douches
Comme le temps est très mauvais, l’exercice est décommandé.
Il y a théorie l’après-midi. Nettoyage du cantonnement.
Au soir, nous partons pour Caeskerke afin de creuser des tranchées.
Nous y travaillons toute la nuit.
Au jour, nous revenons loger à Lampernisse au cantonnement.
Alerte pendant les travaux : envoi de quelques shrapnels.
Nous arrivons à la ferme à 5 heures du matin. Nous sommes très fatigués.
Nous avons repos. Je vais à la visite médicale pour la gorge.
Au soir, nous devions retourner travailler mais c’est décommandé.
Au matin, exercice.
L’après-midi, battage des effets. Il y a des aéroplanes allemands qui survolent les lieux.
Exercice.
Bombardement de Lampernisse par de gros obus allemands.
L’après-midi, solde. Elle est diminuée à cause du prix exorbitant des pommes de terre. Au lieu de recevoir 4 Frs 53, je touche 4 Frs 15.
Ensuite, en tenue nous partons aux tranchées.
Arrivée sans encombre.
Je suis de garde de minuit à midi.
Ensuite, repos.
À 8 heures, nous partons pour chercher des matériaux avec la section. Nous travaillons jusqu’à minuit.
À 6 heures, travail jusqu’à 11 heures 30.
À midi, garde jusqu’à minuit. Nous devons remplir des sacs et chercher les sacs de terre à la tranchée de l’Etai que nous avons creusée la dernière fois jusqu’au petit jour.
Nous avons repos jusqu’à midi.
Ensuite, nous travaillons jusqu’à 5 heures afin d’arranger les créneaux, les abris et les parapets.
À 9 heures, nous sommes relevés. Toutes les maisons de Caeskerke sont fortifiées. Nous sommes très fatigués.
Nous retournons au même cantonnement à Alveringem.
Nettoyage.
À 2 heures 30, Botrel (*) vient chanter pour les soldats. Nous voyons Roland Garros abattre un Aviatik (**).
Lutte très émouvante.
Au soir, nous allons jusqu’au village.
(*) : Jean-Baptiste Botrel est auteur-compositeur-interprète français né le 14
septembre 1868 à Dinan, mort le 26 juillet 1925 à Pont-Aven en Bretagne où il
est inhumé.
(**) : L’Aviatik est un avion militaire
de la Première Guerre Mondiale de fabrication allemande.
Au matin, exercice.
Après-midi, nous allons à Oostkerke pour travailler. Nous mettons une ferme en état de défense à droite du chemin de fer en allant vers Caeskerke.
Le temps est mauvais. Il pleut.
Nous revenons très fatigués. Nous devons aller en tenue de mobilisation.
Nous avons repos toute la journée.
Au soir, nous allons poursuivre le travail d’hier. Le temps est pire qu’hier. Nous revenons le jour suivant au petit jour encore plus fatigués qu’hier.
C’est vraiment de trop !
Repos toute la journée.
Au soir, je vais me confesser. Il y a beaucoup d’hommes qui ne veulent plus aller travailler. Triste fête de Pâques !
Je souhaite de loin une bonne fête à ma famille.
Je me lève tôt pour aller à la messe et pour communier.
Ensuite, inspection en tenue de mobilisation. Distribution de savons, de cirage et de tabac. Discours du lieutenant Berger un peu moins violent que celui d’hier.
Au soir, le capitaine Smeyers revient au front accompagné de quelques soldats guéris.
Au matin, exercice.
Au soir, départ pour Caeskerke où nous sommes de piquet.
Le capitaine Smeyers nous fait un petit discours. Il regrette de ne pas pouvoir commander la compagnie. Nous lui faisons une ovation.
Nous partons à Caeskerke. Nous travaillons toute la nuit dans les tranchées de 2° ligne. Il pleut abondamment.
Vers 3 heures du matin, nous allons dans les abris le long du chemin de fer.
Nous restons dans les abris toute la journée. Quelques obus éclatent près de nous.
Au soir, nous allons faire le même travail qu’hier. Nous quittons les lieux vers 3 heures du matin.
Nous arrivons vers 5 heures du matin à Lampernisse au cantonnement.
Alerte.
Nous changeons de ferme.
Repos jusqu’à midi. Ensuite, nettoyage jusqu’au soir.
Notre logement est très froid.
Au matin, exercice.
Après-midi, nettoyage et départ pour les tranchées. Nous arrivons sans encombre.
De garde de minuit jusqu’à midi.
Ensuite, travail jusqu’à minuit. Le lieutenant me fait une réprimande à cause des matériaux.
Au matin, nous travaillons.
Les Allemands bombardent nos tranchées. Un obus de 10 tombe près d’un abri sans faire de dommage.
À midi, je suis de garde jusqu’à minuit.
Au matin, travail à peu près jusqu’au soir.
Ensuite, relève par le 2° bataillon. Le lieutenant Leduc me donne des nouvelles de Marcel Delespaux.
Nous revenons à Alveringem. Nous logeons dans la ferme où le lieutenant Berger loge également.
Nettoyage. Inspection.
Jeux toute la journée.
Inspection en tenue de mobilisation.
L’après-midi, je suis de garde avec un sergent, un autre caporal et 14 hommes pour le fourgon du bataillon et les aéroplanes.
La 1/3 va travailler. 45 hommes manquent à l’appel.
La garde continue.
Quelques patrouilles à faire pour les avions. La journée se passe bien.
Relève de garde à 5 heures.
À 6 heures, nous allons travailler au même emplacement que la dernière fois.
Nous rentrons à 5 heures. Nous avons repos jusqu’à midi.
Ensuite, théorie et football, jeu de balle, etc… jusqu’au soir.
Je ne sors pas.
Inspection. Exercice. On prétend que nous irons travailler mais ce sont de faux bruits. Nous sommes tranquilles toute la journée.
Le canon tonne du côté d’Ypres.
Inspection en tenue de mobilisation.
Distribution. Ensuite, nous pouvons aller à la messe où nous entendons un bon prédicateur.
Au soir, nous partons pour Lampernisse au cantonnement. Alerte.
Au matin, exercice.
Au soir, nous partons travailler dans les tranchées.
Au matin, nous sommes de piquet pour toute la journée.
Au soir, nous sommes relevés. Nous revenons à Lampernisse.
Au matin, nettoyage et graissage des bottines.
Arrivée de Fourrier et de Louis Grymonprez.
Au soir, départ pour les tranchées.
À minuit, de garde jusqu’à midi. Les tranchées sont bombardées.
Les soldats Franssens et Tilleul ainsi que le caporal clairon délégué au Major sont tués.
Le bombardement bat son plein du côté d’Ypres.
Au soir, nous allons chercher des matériaux.
Nous sommes au repos jusqu’à midi. Ensuite, de garde jusqu’à minuit. Nous chantons toute l’après-midi. Les Allemands lancent des bombes près du 2° Chasseurs.
Nous sommes relevés de garde à minuit.
Il y a une attaque au pétrolifère.
Au matin, travail.
Après-midi, repos. Nous sommes bien bombardés.
Au soir, à la relève les troupes sont renforcées. Il y a un bataillon et demi dans les tranchées et deux compagnies en seconde ligne.
À peine sommes-nous relevés qu’il y a une violente attaque allemande au pont de Dixmude et au pétrolifère de Pervyse.
Il y a longtemps que nous n’avions entendu pareille fusillade, en retournant à Lampernisse car nous sommes logés où nous étions de piquet. Le lieutenant nous conduit avec lenteur sous le feu de l’artillerie.
C’est insensé car habituellement nous allons rapidement.
Il n’y a que le 1° peloton ; les deux autres ont été relevés après nous et ont de ce fait été dispersés par les shrapnels. Il n’y a pas eu de blessés chez nous.
Toutes les troupes d’Alveringem sont restées sur pied durant toute la nuit. L’attaque s’est poursuivie du côté d’Ypres. Cela chauffait !
Les Anglais ont dû reculer à cause des gaz asphyxiants. Cela ne va pas trop bien dans ce coin-là !
À Dixmude, les Allemands ont été repoussés.
Repos. Nettoyage et distribution du linge.
Au soir, nous entendons une fusillade à Dixmude. Cela a duré toute la nuit.
Du côté d’Ypres, la canonnade n’a pas cessé durant toute la journée et toute la nuit.
J’ai vu un Florin, agriculteur à Tourcoing, artilleur au 155°. Ils ont tiré 100 obus depuis hier.
(*) :
N’oublions pas que l’auteur est né dans le Nord (59) et a vécu toute son
enfance à Roubaix ensuite à Tourcoing dans le quartier de la Marlière. Il n’est
donc pas étonnant qu’il possède quelques connaissances sur l’armée française.
Les nouvelles d’Ypres sont meilleures.
À Dixmude, les attaques sont repoussées pour la seconde fois.
Au soir, il fait plus calme. Nous n’entendons que le canon mais faiblement du côté d’Ypres.
Inspection en tenue de mobilisation.
Nous recevons la visite de Monseigneur V…, auxiliaire du Cardinal Mercier. Il nous dit un petit mot et nous distribue des médailles. Les nouvelles sont bonnes.
Au soir, nous partons aux tranchées.
Nous sommes accueillis par une vive canonnade et fusillade. Les balles pleuvent autour de nous. Nous arrivons avec difficulté aux tranchées. Il y a six compagnies et deux en deuxième ligne. Le 1° peloton est de garde jusqu’à minuit.
Les Allemands font des simulacres d’attaque. On nous distribue des masques pour les gaz asphyxiants.
Au matin, nous travaillons jusqu’à midi.
À 12 heures, repos jusqu’à minuit. Les Allemands bombardent Caeskerke et font des attaques.
À minuit, de garde toute la nuit. C’est la même chose : attaques et bombardements.
À midi, le peloton travaille jusqu’à minuit.
À minuit, repos jusqu’à midi.
Ensuite, de garde jusqu’à la relève de 3 heures.
J’apprends la mort de Maurice Demets.
Mois de Marie. La relève s’effectue sans encombre. Nous allons à Alveringem.
À 6 heures, arrivée sur place, je dois aller à la colonne d’ambulance avec un homme qui a un […] . Ensuite, repos.
Inspection des locaux. Nous changeons la paille. Nous allons à la messe.
Après-midi, nous jouons aux cartes jusqu’à 10 heures 30.
Deux hommes de la compagnie ont arrêté un homme considéré comme espion.
Inspection en tenue de mobilisation. Distribution de tabac, de cartouches et de vivres de réserve. Les hommes doivent porter chacun 90 cartouches aux tranchées.
La 2° section doit porter des vivres de réserve.
Nous partons pour les tranchées à 10 heures 30 pour arriver là-bas vers 1 heure sans encombre.
Nous sommes travailleurs jusqu’à midi.
Ensuite, repos jusqu’à minuit. La situation est bonne.
À minuit, de garde jusqu’à midi.
Au soir, nous allons chercher des sacs de terre à Caeskerke. Arrivée de passerelles pour jeter sur l’Yser.
Après-midi, il y a un bombardement de Dixmude sans grand résultat.
À minuit, repos jusqu’à midi.
Ensuite, de garde jusqu’à la relève qui s’effectue sans encombre.
Arrivée à Alveringem à 5 heures.
Repos. Nettoyage.
Sortie. Les grosses pièces tirent.
Messe pour les délégués tués la dernière fois. Inspection. Distribution d’effets.
Après-midi, de garde à la police.
À 5 heures, je vais à la messe et à la communion. Il y a beaucoup d’autos avec des officiers français.
Au soir, nous ne relevons pas (arrivée de A…). Nos sommes en faisceaux toute la nuit. Des attaques s’annoncent du côté de Pervyse et de Dixmude.
Au matin, repos. Les faisceaux restent formés.
Au soir, nous partons pour les tranchées de seconde ligne. On ne nous relève pas car il y a une attaque au pétrolifère. Plusieurs compagnies sont de l’autre côté de l’Yser.
Au matin, les troupes sont relevées. Nous avons fait 37 prisonniers allemands. Mon peloton devait par erreur traverser l’Yser.
Ensuite, l’ordre est décommandé. Nous nous reposons toute la journée.
Au soir, nous transportons des passerelles jusqu’à l’Yser. Les obus et les shrapnels pleuvent dru. Nous avons des dizaines de blessés. Nous devons faire le tour par le 2° Chasseurs. Les Allemands ont demandé un armistice pour enterrer leurs morts.
Il y a environ 400 Allemands et une cinquantaine de Belges qui ont été tués. 150 Belges sont blessés.
Prisonniers
allemands sous la garde de gendarmes belges
Renier est tué dans son abri. Il pleut toute la journée.
Au soir, nous allons en première ligne. Nous sommes de garde aux passerelles.
La garde continue. Les obus pleuvent.
Vers 10 heures, nous retournons en 2° ligne.
Au soir, nous passons l’Yser. Je suis au petit poste d’écoute avec Bouchez, Willard et Bruneau. La nuit est calme.
Les 2° et 3° pelotons repassent l’Yser. Le 1° peloton reste sur sa position. Il pleut toute la journée. Nous sommes sales. Au soir, les 2° et 3° pelotons reviennent avec nous. Vers minuit, nous sommes relevés par le 2/1. La relève se fait sans encombre.
Au matin, arrivée au cantonnement. Repos puis nettoyage.
Nettoyage des granges. Solde.
À 11 heures, messe.
Départ de Gérard et de 6 autres hommes aux mitrailleuses. Plusieurs soldats doivent passer devant le conseil de guerre pour avoir manqué aux tranchées.
Je vais avec Arthur pour voir le sergent Six.
Ensuite, promenade à Alveringem.
Inspection. Prise d’armes et prestation de serment pour les nouveaux officiers. Mestdagh et Victor Rommens sont décorés.
Il pleut.
Au soir, nous sortons avec les B.V.S.G.K. Aussi nous sommes un peu « partis ».
Inspection du campement. Distribution de tabac, de pipes, de confiture et de tampons.
Au soir, nous partons pour les tranchées. Nous passons l’Yser.
Tout se passe bien.
Le 2° peloton reste sur place alors que les 1° et 3° reviennent derrière l’Yser. Il fait calme.
Je suis le chef de section car le sergent a été blessé la dernière fois. Nous assurons la garde.
Au soir, le 2° peloton revient également. Le bombardement est assez violent.
De garde.
Au soir, nous repassons l’Yser. Je suis de patrouille. Cinq hommes de ma section sont blessés.
Le 3° peloton reste sur place alors que nous revenons au même emplacement.
Au soir, le 3° peloton revient à son tour. La garde continue.
La garde continue. Le 3° peloton fait la corvée. Nous sommes relevés vers 11 heures.
Il pleut et il y a de l’orage.
Par distraction, je suis séparé de la compagnie car je suis arrivé avant elle. Nous avons une heure d’exercices. Ensuite, repos. Je vais à la messe de 11 heures.
L’après-midi, solde.
Nous continuons le nettoyage.
Je reçois une carte d’un Monsieur Holvoet de Luingne.
L’après-midi, inspection par le Major. Discours de circonstances.
Ensuite, nous pouvons sortir.
Au matin, arrivée de volontaires.
L’après-midi, sports : lutte, course, etc…
Arrivée d’une cuisine roulante.
Cuisine
roulante de l'armée belge
Jeu
de balle.
L’après-midi, distribution d’effet et de
tabac.
Vers 7 heures 30, départ pour les tranchées.
On craint une attaque allemande. Le 2° Chasseurs et le 1° de Ligne ont été
consignés dans la journée.
Les
Allemands ont fait une attaque à la tête de pont. Ils ont fait des prisonniers
(une douzaine de Belges) et ils ont occupé une tranchée.
Les
Belges ont subi des pertes assez importantes : parmi elles, le Commandant
de 2/4, le lieutenant Henry
blessé mortellement, le lieutenant Baisieux
tué ainsi que deux Mouscronnois Vandewalle
et Dujardin.
La
relève s’effectue sans encombre. Je suis de garde en arrivant. Nous sommes à la
droite.
Relève
de la garde à 3 heures du matin.
Repos et travail.
Trois
soldats sont nommés caporaux.
À minuit, je suis de garde jusqu’à
midi. Les Allemands bombardent continuellement la tête de pont. Le 4° bataillon
a assez bien de blessés et de tués.
Nous
bâtissons une cuisine dans les tranchées.
Je
travaille jusqu’au soir.
Les
portions de nourriture sont minimes.
Je
continue de travailler à la cuisine. Je vais chercher du matériel à Caeskerke.
J’apprends la mort du père de X…
Mon
peloton est de garde de midi jusqu’à minuit. La compagnie remplit des sacs de
terre pour la tête de pont. Elle va réparer les tranchées.
Le
bombardement est toujours violent. C’est une véritable boucherie ! Il y a
des cadavres décapités, certains ont leurs intestins qui sortent du
corps !
On
devrait transporter ces malheureux au plus vite !
Je
continue mon travail. Nous plaçons une pompe.
Au soir vers 11 hures 30, nous sommes
relevés par le 3/2. Nous arrivons sans encombre.
Arrivée
vers 4 heures du matin. Je dors en
plein air car la grange est très sale.
Après-midi, solde.
Ensuite,
je suis commande de garde à la police. La garde se passe bien à part un ivrogne
qui provoque un peu de tapage.
La
garde continue normalement.
À 5 heures, la 4° compagne n’arrive pas.
À 5 heures 30, je suis enfin relevé. Je
vais saluer Jules Demaire qui me
donne des nouvelles de Mouscron et des Mouscronnois.
Repos.
Course et jeu de balle toute la journée.
Distribution
d’effets.
Après-midi, départ pour les tranchées.
La relève se déroule assez bien.
De
garde en arrivant, nous sommes à la tête de pont mais nous restons de ce
côté-ci de l’Yser.
La
garde continue. Les obus pleuvent. Les tranchées sont bouleversées.
Nous
travaillons de 5 heures du matin
jusqu’à midi.
À midi, repos.
À 1 heure, reprise du travail parce que
le colonel vient visiter les tranchées. Nous sommes très fatigués.
À 9 heures du soir, de garde.
La
garde continue.
À 5 heures, reprise du travail. Nous
avons beaucoup d’ouvrage.
À 1 heure, repos. Mais les obus tombent
près de mon abri.
Au soir, je dois passer l’Yser avant
la compagnie pour récupérer le matériel de la tête de pont. Nous relevons le
1/3.
Nous
travaillons toute la nuit pour achever les tranchées et les parados.
(*)
(*) : Terrassement protégeant les défenseurs d’une
tranchée contre les coups de revers ou contre les éclats de projectile.
Au matin, alors que nous voulions
travailler, nous sommes bombardés. Nous restons donc dans le fond de la
tranchée toute la journée.
Au soir, je vais au petit poste avec
deux hommes. La nuit est assez calme sauf à la tête de pont nord où la
fusillade est intense.
Au matin au petit jour, je reviens
dans les tranchées. Comme le brouillard s’est levé, nous pouvons travailler un
moment.
Ensuite,
repos jusqu’au soir. Le colonel vient voir les tranchées.
Au soir, remise du matériel et puis
relève. Je pars quelques minutes avant la compagnie pour porter des réparations
à la gare de Caeskerke.
La
relève s’effectue bien : pas de blessés dans la compagnie.
La
route me semble interminable. Je suis épuisé.
Nous
avons repos puis nettoyage.
Ensuite,
je sors.
Nous
continuons le nettoyage. Nous allons au bain dans l’étang près de la ferme.
Nous
devions avoir l’inspection du colonel. Mais en raison du mauvais temps, c’est
remis à demain.
Le
lieutenant prononce un discours pour une quinzaine d’hommes qui ont manqué aux
tranchées. Arrivée de volontaires.
Au matin, les deux bataillons vont à
la plaine. Le colonel vient nous voir et parle avec les soldats. Concert par la
musique et puis défilé.
Au soir, départ pour les tranchées.
Je
pars vers 3 heures pour faire le
relevé du matériel. La compagnie est de piquet au chemin de fer. Je parle avec
Victor Demets que je n’avais plus
vu depuis un moment.
La
compagnie arrive vers 11 heures.
Les
pelotons travaillent. Je suis au magasin.
Je
compte les cartouches, les vivres, etc… durant toute la journée.
Je
continue mon travail.
Alors
que le colonel s’en allait à la tête de pont, il a reçu une balle en pleine
tête.
L’aumônier
du 1° bataillon, le vicaire de Kruishoutem, et un brancardier sont tués
en voulant porter secours au colonel.
Je
continue mon ouvrage.
Nous
allons en repos. Les 2° et 3° B. sont partis.
Au soir, un sergent du 3° Ligne, un
Roubaisien, vient pour récupérer le matériel. Puis la 1° du 1° du 3° Ligne
arrive vers 11 heures.
La
relève s’effectue bien.
Nous
revenons des tranchées vers 4 heures 30.
À 8 heures, il y a l’enterrement de
l’aumônier. Nous y allons.
Ensuite,
en tenue pour partir au repos. Nous prenons le tram jusque La Panne.
Ensuite,
en route le long de la mer jusqu’à Bray-Dunes.
Nous
sommes logés dans une ferme.
Au matin, nous partons à l’enterrement
du colonel à La Panne. Il fait très chaud. Nous sommes fatigués.
Au soir, je vois Léon Duthoit et le vétérinaire Barbry.
Repos.
Nous nettoyons.
Après-midi, bain. Je vois Herpoel et Mercier.
Exercice.
Inspection du Major.
Les
nomitions arrivent : Verbist
est nommé fourrier. (*)
(*) : Personne chargée de s’occuper des préparatifs tels
que le logement et les vivres avant l’arrivée des soldats.
Exercice
sur la plage. Le colonel vient nous voir ainsi que le Major.
L’après-midi, bain.
Au soir, de piquet.
Je
vais à la grand-messe dans la très belle église de Bray-Dunes. Je trouve
très originaux les bonnets blancs des pêcheuses.
Après-midi, je vais faire une partie de
whist avec Pierard, Willard et Fauvart.
Au soir, nous soupons.
Au matin, exercice sur la plage. Puis,
il y a bain.
L’après-midi, repos. Les hommes punis font
de l’exercice toute la journée.
Inspection
du colonel. Défilé, etc…
Après-midi, service de dimanche. Nous
sortons au village. Je vais dire bonjour aux personnes chez lesquelles j’ai
logé la première fois.
Au matin, exercice.
Après-midi, inspection du général.
Défilé, etc… Le général fait un discours d’usage. Ensuite, retour au
cantonnement.
Au matin, exercice dans les dunes.
Après-midi, inspection des armes.
À 9 heures, nous sommes de garde dans
les dunes. Le poste n° 1 est de liaison avec le 4° de Ligne. Le lieutenant Driessens fait des compliments pour
Monsieur B…. ( ?). Le jour, il y a une sentinelle double et une autre
devant les armes.
Durant
la nuit, il y a 6 sentinelles doubles en plus le long de la plage. Les
consignes sont les mêmes qu’au dernier repos.
Durant
la nuit, il fait un temps … ( ?) : il pleut à torrent. La mer
est phosphorescente : c’est très curieux !
Relève
de la garde à 9 heures du matin.
Nous
devons rester dans la cour du cantonnement parce que l’artillerie s’installe au
même endroit et de ce fait nous devrons changer de cantonnement.
Ensuite,
arrive un contre-ordre : nous pouvons rentrer.
Puis
à 4 heures, solde.
À 8 heures, nous allons au bain en
tenue, avec les armes et en rangs. Finalement nous devons quand même changer de
cantonnement. Nous restons dans la cour jusqu’à 10 heures.
Ensuite,
nous partons cantonner dans les dunes dans des baraquements. C’est triste de
constater des ordres et des contre-ordres pareils !
Au matin, nous devons faire un trajet
de 30 minutes pour aller au café.
Puis
à 8 heures, encore une fois (le même
trajet ?) pour recevoir la solde. Ensuite, je vais à la messe. Plus tard,
nous ne pouvons pas quitter le cantonnement car nous devrions une fois encore
changer vu nos protestations.
En
effet, vers 4 heures 30, nous
retournons à l’ancien cantonnement. Il faut alors aménager une grange dans
laquelle nous passons à travers les poutres. Ainsi s’est passée notre journée
de dimanche !
C’est
malheureux ces va-et-vient inutiles !
Exercice
sur la plage. Inspection du colonel.
Il
félicite la compagnie pour ses armes et son travail.
Après-midi, je vais à La Panne
avec Rousseau ( ?). J’y vois
Omer Verheuls, Quévrin
( ?) en uniforme kaki car les 9° et 12° de ligne ont déjà le nouvel
uniforme.
Je
vois Delbar, sergent-major du 2°
carabiniers qui est au repos ainsi qu’Amédée Dendievel,
bombardé en […] du cercle.
Je
reviens vers 8 heures.
J’apprends
qu’un incident a eu lieu entre le colonel et un soldat (Walgraef).
Exercice
de tirailleurs dans les dunes.
Ensuite,
bain. Les hommes qui sont allés au bain, ont été piqués aux pieds. Cela dure
durant toute la journée : cela les fait souffrir énormément. Le mal
s’atténue dans la soirée.
Nous
devions aller à La Panne mais en raison des piqûres le voyage est remis
à demain.
Anniversaire
d’Henri. Je lui souhaite un bon anniversaire et toutes sortes de bonheur.
J’espère surtout que la guerre ne le rende pas trop malheureux !
Au matin, exercices dans les dunes.
L’après-midi, nous allons à La Panne
au service de désinfection. C’est très bien aménagé. Nous y recevons du linge.
Nous
retournons à Bray-Dunes. Je rencontre Joseph Busschaert.
À 9 heures, je suis de garde au
cantonnement. Consignes ordinaires.
La
garde se trouve à 20 minutes des sentinelles.
Nous
sommes relevés de garde à 9 heures.
Retour au cantonnement.
Au matin, repos.
Après-midi, signalisation dans les
dunes. Ensuite, bain.
La
compagnie est de piquet. Les gardes le long de la côte sont renforcées. Nous
restons en tenue toute la journée.
Après-midi, nous allons au bain en tenue
de mobilisation. En sortant du bain, je reçois mon congé pour Londres. Je suis
heureux. Je remercie le lieutenant pour sa gentillesse.
Je
pars le soir même à la gare. Malheureusement il n’y a plus de trains.
Nous
partons sur la route de Dunkerque. Je monte dans un camion automobile
qui me conduit jusqu’à Rosendaël avec quelques soldats du 7° de ligne.
Je couche dans un magasin à fourrage.
Nous
recevons de la bière.
Au matin, nous recevons un café
gratuit. Nous sommes reconnaissants pour l’accueil reçu chez ces personnes.
Après
avoir remercié une fois encore les gens qui nous ont hébergés, nous partons
prendre le tram à Malo Terminus jusqu’aux portes de Dunkerque.
Ensuite,
nous traversons la ville de Dunkerque. L’église principale est en partie
détruite. Nous y prenons le train pour Calais.
Là
je vais à la place belge et française afin de faire signer mon congé. Ensuite,
je prends le bateau (Royal Mall). Je rencontre Velghe qui part voir sa sœur. La mer est très calme. Le
paysage est très beau. Nous voyons le Cap Gris-Nez se dessiner devant nous.
Plus
loin, il y a des torpilleurs, des cuirassés et des garde-côtes.
En
arrivant devant les côtes anglaises, un dirigeable survole notre bateau. Nous
débarquons à Folkestone.
J’envoie
une dépêche. Nous recevons un petit gâteau et une tasse de thé offerts aux
soldats par quelques Anglaises.
Ensuite,
je prends le train pour Victoria Station. Je paie 7 frs 50 (prix
réduit).
Une
fois arrivé, je me renseigne pour la gare de Wandsworth Common.
(*)
Je
me rends à la place indiquée par le cousin mais je suppose qu’il n’a pas encore
reçu ma dépêche. Je prends le train pour Wandsworth.
Là-bas
je cherche tant bien que mal pour trouver la rue Trinity. Je m’en tire plutôt
bien et j’arrive chez le cousin vers 10
heures 30.
J’y
suis reçu à bras ouverts, si je peux dire. Je suis vraiment ému par cet accueil
qui m’est fait surtout que nous ne nous connaissons que par la correspondance.
Je
raconte un peu les nouvelles du front et nous allons nous coucher vers 1 heure 30.
(*) : Quartier du sud de Londres.
[fin du premier carnet]
Je
me repose de mon voyage.
Ensuite,
je fais une petite promenade avec cousin et Marie.
Après-midi, je vais saluer Mr. Little. Plus tard, je vais me balader
avec François (un soldat réformé). Puis nous revenons pour souper. Je me sens
réellement chez moi tant l’accueil qui m’est fait ici est sincère.
Je
suis vraiment heureux d’être venu rendre visite à mon cousin Mousset.
Au matin, je pars avec cousin pour
saluer Fidèle (*) qui est employé au Bureau des réformés à Fulburg Square.
Ensuite
je vais à Tanner Street pour faire signer mon congé. Puis nous voyageons
un peu dans Londres. Je vais voir Westminster, le Parlement.
Nous
visitons la cathédrale St-Paul : c’est magnifique ! Nous sommes
également allés au refuge belge où l’aumônier me donne un petit
« dimanche ». (**)
Puis
nous rentrons assez fatigués d’avoir autant circulé. Fidèle vient souper avec
nous. Nous parlons un peu de la guerre et des amis.
Je
fais la connaissance de Charles et on discute un peu des mœurs anglaises.
(*) : Fidèle Tiberghien
(…) était le cousin germain de Gustave Tiberghien.
Il a épousé pendant la guerre une citoyenne britannique O’Byrne.
(**) : Argent donné en fin de semaine pour les menus frais
personnels.
Vers 11 heures, nous (le cousin, Marie et
moi) partons visiter le musée d’histoire naturelle. C’est quelque chose de
magnifique !
Nous
voyons entre autres une riche collection d’oiseaux et de papillons. Le temps
nous fait défaut pour pouvoir nous arrêter partout. Nous avons passé
l’après-midi agréablement.
Au soir, le cousin doit sortir. La
famille Little vient nous
souhaiter la bonne soirée. Nous parlons beaucoup de la guerre.
Ils
me font raconter un tas de choses auxquelles ils s’intéressent.
Au matin, nous partons voir le Musée
Victoria et Albert.
Nous
voyons là beaucoup d’objets d’art religieux et ancien. Nous restons en extase
devant tant de chefs-d’œuvre exécutés avec un outillage primitif. Nous avons
beaucoup admiré la Colonne Trajan (pas en plâtre !) et une belle
collection d’éventails. Il y a là un gardien qui a été blessé à Ypres.
À Londres,
on rencontre énormément de soldats et on fait beaucoup de réclame pour le
recrutement. C’est à peu près comme les charlatans d’autrefois : un air de
musique puis un discours.
Mr
Little vient nous inviter pour
faire une balade en auto pour demain.
Exemple d'un bureau de recrutement anglais à Londres
Au matin vers 9 heures, nous partons en auto.
Nous
allons voir l’exercice des soldats, le Palais royal et plusieurs beaux parcs.
Ensuite nous nous dirigeons vers le nord de Londres. J’ai rencontré un fermier
qui avait 18 parents à l’armée. Six ont été tués dont deux de ses fils.
Cela
faisait de la peine de voir cet homme tant affligé. Nous revenons dans Londres
à City Road pour que je puisse recevoir des effets. Il faut d’abord aller
chercher un bon dans la Tanner Street. Nous passons par le quartier juif
puis sur le magnifique pont de Londres.
En
retournant, nous voyons un rassemblement extraordinaire pour écouter un
discours de Lord Kitchener.
Nous
allons ensuite prendre le thé chez les Little.
Nous parlons de choses et d’autres. Nous nous photographons.
Puis
au moment de nous en aller, on me fait cadeau de quelques paquets contenant des
cigarettes, du piccalilli, du cacao, etc…
Ces
gens sont d’une générosité vraiment touchante.
Au soir, Fidèle vient souper avec
nous.
Ma
cousine me charge de victuailles et de bonne choses. Charles m’offre un paquet
de cigarettes, un petit paquet de chocolat. Mme Swenne (?) me donne deux paquets de chocolat.
Enfin
ils veulent me voir m’en aller les mains pleines !
Je
prends le train à Wandsworth à 9
heures 30.
Je
dis au revoir à ma cousine qui a été comme une mère pour moi durant ces sept
jours. Ensuite, j’arrive à Victoria Station.
Là
il me faut embarquer pour Folkestone. Je fais alors mes adieux à mon
cousin et à Marie (je les remercie pour l’agréable séjour). C’est à peine si au
moment du départ je pouvais prononcer une parole tant j’étais ému.
Enfin
le train s’en va et j’ai les yeux humides. Mais cela passe quelques instants
plus tard. Arrivé à Folkestone, je trouve immédiatement le bateau pour Calais.
La
traversée est excellente.
À
Calais, je fais viser mon congé.
Mais
à ce moment, il n’y a plus de trains. Je trouve cependant une auto qui part
pour Alveringem. Et c’est juché sur des boucliers que je rejoins ma
compagnie qui est justement partie aux tranchées.
Je
couche chez Emile.
Au matin, je vais communier.
Ensuite,
je vais à Lampernisse pour chercher mon fusil et mon sac. Je pars aux
tranchées. Ma compagnie occupe la tête de pont sud. J’ai beaucoup de travail à
raconter mon voyage.
Nous
sommes assez bien bombardés. Tous les jours, il y a un peloton de la 3° C. qui
passe l’Yser.
À 6 heures du soir, je suis de garde
jusqu’à minuit.
Je
suis au travail jusqu’à 6 heures du
matin. Ensuite, repos jusqu’à midi.
Après
je suis de garde jusqu’à 18 heures
et finalement au travail jusqu’à minuit. Nous sommes assez bien bombardés. Van Huffel est tué. Grajops (?) est blessé.
Le
premier est complètement déchiqueté.
Je
dors dans l’abri des téléphonistes.
À 6 heures, je suis de garde. Ensuite, au
travail jusqu’à 18 heures.
Un
obus tombe sur un abri où il y avait quatre hommes mais aucun d’eux n’est
blessé.
Au soir vers 22 heures, nous sommes
relevés. Nous avons de bons boyaux de communication. C’est beaucoup mieux
qu’avant le repos.
Fête
nationale française.
Nous
rentrons des tranchées vers 4 heures.
Le peloton est logé à l’estaminet de St-Riquiers. Nous avons repos
jusqu’à midi.
Ensuite,
nettoyage, solde et distribution d’effets.
Après
cela, je fais une tasse de thé.
Saint
Henri.
Je
souhaite une bonne et heureuse fête à mon cher frère. Je lui souhaite de ne pas
trop souffrir de l’invasion. Nous faisons un petit exercice.
Après-midi, inspection des armes.
Au soir, je vais faire une promenade
à la route de Furnes.
Au matin, comme le temps est mauvais,
nous restons au cantonnement.
Après-midi, inspection.
Au matin, exercice. Nous avons deux
nouveaux cuisiniers.
Au soir, le 1° bataillon part aux
tranchées. Mais la 2° compagnie a 12 jours de repos.
Au soir, il fait un temps
épouvantable. Il pleut, il vente. C’est triste pour la relève ! (solde)
Nous
pouvons aller au village pour nous rendre à la messe.
À midi, nous devons cependant être
rentrés au cantonnement. Je sors avec Charles Hocepied
et Léon Duthoit. Nous parlons du
bon temps passé.
J’envoie
du tabac à mon cousin.
Nous
faisons une petite marche.
Puis
l’après-midi, distribution d’effets.
Au soir, je vais faire un tour avec
Léon et Vanouthe.
Au matin, une petite marche.
Après-midi, inspection des armes.
Au soir, je vais faire une balade
avec Léon et Charles. En évoquant le passé, nous revoyons Mouscron. Nous
revenons par Oeren.
Fête
nationale.
Au matin, il y a un office à 11 heures pour les soldats tombés au
champ d’honneur. Ensuite, Te Deum.
Après-midi, nous partons cantonner à Fortem.
Je suis de garde en arrivant.
Incident
avec Quartier et le lieutenant.
La
garde continue. Je parle avec la patronne de la ferme qui m’apprend qu’elle est
la sœur de Coralie Gheldof. Elle
est ici avec son frère et les deux fils d’Adolphe Warlop.
Je
suis relevé de garde à 5 heures du
soir.
Au matin, nous faisons une marche par Abele
(*), Capelle, Oeren et la canal de Fortem.
Le
temps est mauvais. Nous sommes harassés.
Après-midi, inspection des armes. Au soir, je fais quelques parties de
whist.
(*) : Village de Flandre occidentale faisant partie
aujourd’hui de la commune de Poperinge.
Au matin, exercice.
Nous
devons supporter la mauvaise humeur du lieutenant Bourgies. Il nous fait tourner comme des malheureux.
Après-midi, distribution d’effets. Je
vais voir le … français : c’est beau ! Je vois Louis Dericke.
Au soir, séance acrobatique par Vlieghe, Everaert et Bourdaux.
Au matin, solde. Ensuite je vais à la
messe à Alveringem.
Après-midi, inspection.
Plus
tard, départ pour les tranchées. Nous arrivons vers 10 heures. Le 1ier peloton passe l’Yser. Il y a 5 petits
postes de 6 hommes. Je suis au petit poste n° 2. Nous devons, en cas d’attaque,
résister coûte que coûte.
En fait, nous devons nous sacrifier.
La
nuit se passe bien dans l’abri où je suis.
Là
il y a du sang d’un homme qui s’est tué en manipulant une bombe.
La
journée est assez calme jusqu’à 4 heures.
Alors commence un violent bombardement.
Vers 9 heures, nous sommes relevés par le
3° peloton. Nous retournons en 1ière ligne.
À 10 heures, je suis de garde jusqu’à 2
heures.
La
nuit se passe bien. Il y a deux équipes de garde par peloton et deux équipes
qui travaillent. Nous renforcons les parapets.
De 2 heures à 6 heures, repos. Ensuite, de garde
durant quatre heures.
Et
ce pendant les quatre jours.
Journée
assez calme. Avec la lunette du poste d’observation de l’artillerie, je peux
voir Dixmude et les tranchées allemandes. Nous voyons les petits postes
allemands.
Ils
ne sont pas loin de nous à notre droite. Nous lançons assez bien de bombes.
La
journée est calme.
À 4 heures, violent bombardement.
Au soir, nous sommes relevés par le
3° bataillon. Sur les quatre jours, la compagnie a enregistré 5 blessés. En
retournant à Caeskerke, je prends un fossé pour une route et me voilà
dans l’eau jusqu’à la ceinture.
Tout
trempé, je regagne le cantonnement.
Repos.
Nettoyage
du cantonnement, des armes et des effets. La 2ième section est de
jour.
Nettoyage.
Solde. Inspection des yeux par le médecin.
Inspection
du corps et des pieds.
Je
vais à la messe de 11 heures. Le Père Hennuys
parle de l’union des armes et des Belges pour arriver à la victoire.
Après-midi, je vais me promener avec
quelques camarades jusqu’à la route de Furnes.
Hier,
Lizon est revenu de Londres.
Il
m’a rapporté du gâteau, un billet de 20 Frs de la part du cousin Mousset. Si je retourne chez moi, je ne
pourrai jamais être assez reconnaissant envers cette personne car tout ce qu’il
peut faire pour me faire plaisir, il le fait et cela vraiment de bon cœur.
Et
puis combien de lettres affectueuses et encourageantes ne m’a-t-il pas déjà
envoyées !
Au matin, inspection en tenue de
mobilisation. Distribution d’effets, de linge et de tabac.
Au soir, nous partons pour les
tranchées. Nous allons en 3° ligne. Il y a un bataillon en 1° ligne, une
compagnie en 2° et une en 3°. Les deux autres compagnies du bataillon son à Fortem.
La nuit, nous allons travailler dans
la ferme où nous nous trouvions durant la semaine de Pâques.
La
journée se passe à jouer aux cartes.
Au soir, nous allons travailler à la
ferme franco-belge (la même que celle d’hier). Les 2° et 3° pelotons font les
corvées.
Même
journée qu’hier.
Au soir, même travail.
La
journée se passe bien.
Au soir, nous allons faire des
tranchées derrière la 2ième ligne. Nous travaillons ferme.
Au matin, nous recevons quelques
obus : les hommes se montrent trop.
Au soir, nous sommes relevés vers 21 heures 30. Nous partons de piquet à Lampernisse.
L’artillerie de la 6° division vient relever celle de la 5°.
La
journée est consacrée au nettoyage.
Au soir, nous faisons quelques
parties de balle. Je reçois une lettre de X…
Nous
ne pouvons pas partir. Nous recevons la tenue kaki. Ensuite nous faisons des
jeux.
Les
Allemands abattent le coq de l’église de Lampernisse.
Au matin, exercice. Le lieutenant
photographie la compagnie. Arrivée d’un fourrier et de l’adjudant Brabants.
Départ de Devolde (?).
Toute
la nuit, nous avons entendu le canon du côté d’Ypres. Durant la journée,
le canon tonne sans arrêt par ici. La pièce de 240 tire.
Au soir, nous partons pour Alveringem.
Gustave Tiberghien se trouve en haut : le
15° à partir de la droite.
Nettoyage
du cantonnement. Inspection des bottines et des armes.
Au soir, je vais voir Henri De Bosschère qui est à la colonne de
ravitaillement de la 6° division.
Au matin, promenade.
Après-midi, nettoyage.
Au soir, Henri vient me voir. Nous parlons
de notre jeunesse.
Au matin, inspection de la tenue kakie
par la Major.
Après-midi, cours de chant et récréation
par les acrobates et Sécember.
Au matin, promenade et exercice de
patrouille.
Après-midi, départ pour les tranchées
(le boyau est plein d’eau et très glissant !). Comme il a plu, le chemin
que nous prenons est très mauvais. Il fait très noir. Nous avons des
difficultés pour marcher. (Au matin, j’ai communié à l’occasion de mon
anniversaire). En arrivant aux tranchées, je suis de garde jusqu’à 2 heures du
matin.
La
compagnie est à l’emplacement C. Le service est le même que d’habitude : 4
heures de garde et 4 heures de repos. Les Allemands lancent 247 obus en 45
minutes.
Au soir, vive fusillade. Les
Allemands travaillent en face de nous de l’autre côté de l’Yser.
Fête
de l’Assomption.
Je
souhaite une bonne et heureuse fête à ma chère maman. (*)
Des
tranchées, je lui envoie deux gros baisers. Je pense au passé :
il
y a quatre ans, j’étais à Ypres
il
y a trois ans, j’étais de garde au camp de Beverloo (**)
il
y a deux ans, j’étais à l’exposition de Gand
et
il y a un an, j’étais sur la plaine d’Hoegaarden.
(***)
Aujourd’hui,
je suis à Dixmude.
Il
y a de l’orage en Belgique. Le temps est très sombre et nous entendons les
roulements du tonnerre du côté de Bruges et Gand.
Ici
il y a quelques averses.
Des soldats belges parlent avec les
Boches qui jettent des cigarettes, des briquets, etc…
« La guerre va encore durer longtemps »,
affirment-ils.
Au soir, fusillade intense. (J’ai
attrapé un mauvais rhume !)
(*) : Le 15 août est la fête de Marie mais aussi, à cette
époque, la Fête des Mères.
(***) : Pendant son service militaire effectué en
partie à Beverloo (province du Limbourg)
(***) : Hoegaarden est une ville actuellement
située dans le Brabant flamand.
La
journée se passe bien. Les travailleurs achèvent les parapets.
Au soir, la fusillade est plus vive
que les autres jours.
Le
caporal Decoene est blessé par un
éclat d’obus.
La
journée se passe surtout à mettre les tranchées dans un grand état de propreté
pour la remise aux grenadiers qui arriveront au soir afin de nous remplacer.
La
relève s’effectue bien.
Le
boyau est meilleur qu’à notre arrivée.
Nous
arrivons à Alveringem à 2 heures 30 du matin.
Nous
nous reposons un peu.
Ensuite,
nettoyage. Henri Labis et Marcel De Bosschère viennent me saluer. Je
suis heureux de les voir.
À 12 heures 30, départ. Nous partons à la
route de Furnes pour prendre le tram. Mais arrivés là-bas, il nous faut
aller le prendre à Fortem (organisation !).
Nous
descendons à La Panne.
Là
il y a la musique des 1° et 4° bataillons et les mitrailleurs. Nous rencontrons
le Roi en chemin. Puis nous arrivons à la plage et de là nous nous rendons à Bray-Dunes.
Je suis logé dans une villa.
Bon
accueil.
Je
suis bien.
Au matin, je vais à la visite médicale
pour les boutons que j’ai partout sur le corps. Je vais au bain sulfureux à
Adinkerke.
Au soir, j’ai de la fièvre et je me
sens assez bien malade.
Je
vais à la visite. Je suis exempt de service.
La
compagnie est de garde à la côte. Léon Nys
vient me rendre visite. (*)
J’étais
très content de le voir.
Ensuite,
nous avons vu une dizaine d’amis et nous avons parlé de Mouscron.
(*) : Le docteur Léon Nys est né à Luingne en 1891.
Pendant la guerre, il a été auxiliaire au service médical. Après le conflit, il
terminera ses études de médecine à l’ULB et exercera sa profession de médecin à
Kain où il mourra en 1965.
Je
retourne à la visite. Je vais beaucoup mieux. Cependant le docteur m’exempte
encore.
J’écris
à la maison et un peu partout.
Bruneau est malade. Il doit garder le lit. Je vais faire mon
portrait avec des camarades.
L’après-midi, nous allons à Ghyvelde.
(*)
Emile
me rend mes 10 Frs.
(*) : Ghyvelde est une commune française dans le
département du Nord.
Exercice
sur la plage. Escrime à la baïonnette.
Il y a conseil d’enquête pour les
soldats qui ont parlé avec les Allemands.
Grégoire est nommé sergent. Bruneau
est évacué.
Il
y a une douzaine de navires en mer. Un navire allemand est coulé au large d’Ostende.
Exercice
sur la plage. Je vais au bain.
L’après-midi, je vais à La Panne
avec le soldat qui doit passer au conseil de guerre. Je vois Henri Ghyselender ( ?) et un cousin de
Joseph Carette.
Je
reviens en train.
Nous
faisons des exercices dans les dunes. Service de patrouille.
Après-midi, inspection des armes par
l’armurier. Mon fusil doit être réparé.
Exercice
sur la plage.
Nous
devions aller travailler mais le travail est remis à la semaine prochaine.
Après-midi, nettoyage des environs du
cantonnement.
Au matin, nous allons au bain à La
Panne. Une petite scène comique se passe avec le c. c. Crabbé.
Après-midi, nettoyage du cantonnement.
Visite de Bouchez.
À 9 heures, nous sommes gardes-côte au
poste n° 2. Je fais le service de nuit. Le temps est bon. La nuit est
excellente.
Tout
se passe bien.
Nous
sommes relevés par le 2/2 à 9 heures.
Je vais à la messe de 11 heures 30.
Après-midi, je sors avec Léon Cornu.
Exercice
sur la plage.
L’après-midi, inspection des effets.
Inspection
par le colonel.
Après-midi, service du dimanche.
Je
vais à Adinkerke avec Emile Mullier
pour chercher du tabac.
Exercice
dans les dunes. Il y a une revue pour la cavalerie. C’est très beau ! Je
reçois un paquet de Miss Little.
Le
temps est très mauvais.
Il
n’y a rien à faire dans l’après-midi.
Je
suis de garde à la police. Tout se passe bien.
La
nuit est très mauvaise.
Je
suis relevé à 9 heures. Puis
dépaquetage.
L’après-midi, sport.
Exercice
dans les dunes.
Après-midi, solde.
Je
vais communier.
Puis
vers 10 heures, je pars avec Henri Vanhouthe pour voir Clovis D’Heedene (?) à Uxem. (*)
Je
suis très bien reçu. Nous passons agréablement le dimanche.
J’ai
reçu 20 Frs de Clovis.
(*) : Uxem est une ville française située dans le
département du Nord.
Exercice
dans les dunes. Service de patrouille.
Je
reçois une lettre de Céline Debaes.
(*)
(*) : Mlle Céline Debaes (1879 – 1956) était la voisine de
la famille Tiberghien (…)
Exercice
sur la plage. Il y a énormément de navires en mer (70) dont un avec un captif.
On
voit les départs et les arrivées des boulets. C’est un très beau
spectacle !
Je
vais à la visite pour une mauvaise dent qui me fait souffrir. Je vais à La
Panne pour me la faire plomber.
Là
on me la nettoie et on me la plombe.
Au matin, nous partons en train de Bray-Dunes
pour aller creuser des tranchées près de Furnes (les 1° et 2°
bataillons). La compagnie fait un point d’appui avec des tranchées en gazon.
Au soir, nous terminons vers 16 heures.
Nous
rentrons vers 18 heures 30.
Même
journée qu’hier. Je reçois des nouvelles de Marescaux.
Je
parle avec Victor.
Même
journée qu’hier. Je reçois une photographie des amis de Mouscron qui me fait
grand plaisir. De mon côté, je ne les oublie pas non plus.
Dimanche.
Je
vais à la messe.
Ensuite,
je vais dîner avec Victor Demets
chez Mr. Deckève, vicaire d’Adinkerke.
Il nous reçoit très cordialement.
Je
rencontre un ancien ami de collège, René Accarin,
lieutenant vétérinaire au 2° Chasseurs à cheval. Je fais la connaissance de
l’aumônier Brabants et de Mr.
l’Inspecteur vétérinaire d’Ypres. Nous parlons de choses et d’autres.
Je retourne chez le dentiste à La Panne, le Docteur
Planckaert. Je reviens par
l’Hôpital de Cabour afin de voir le camarade Lécluse
amputé de la jambe.
Cela me fait de la peine !
L’hôpital est très propre et très bien. J’ai vu là Mr. Dassonville de Warneton du 11°
de Ligne, neveu du secrétaire communal de Luingne.
Il avait une blessure sérieuse à la cuisse. Mais il était
presque remis. C’est triste de voir ainsi toute cette jeunesse, tous ces hommes
autrefois pleins de force, aujourd’hui estropiés, l’un d’une jambe, l’autre
d’un bras.
Ce sont des souffrances qui seront vengées un jour ou
l’autre. Lorsqu’on a vu toutes ces misères, on a l’âme toute bouleversée.
Il y avait là-bas un Allemand blessé amputé d’une jambe et
d’un bras. Bien qu’il s’agissait d’un ennemi, je n’ai pu faire autrement que de
le plaindre, ce malheureux !
Lécluse
partait le même jour à Rouen.
La compagnie va travailler.
Nous
allons toujours travailler à Furnes. Je reçois des nouvelles de mon
frère qui me font un énorme plaisir.
Jean
Demarez vient passer la soirée.
Même
journée qu’hier. Nous recevons une boîte de saumon au lieu de boulettes
d’hachis.
Même
journée qu’hier. Je fais une bague pour ma cousine Marie.
Travail.
Au soir en arrivant, nous sommes de
garde à la côte au poste n° 2. Je fais le service de nuit. Des hydravions
allemands jettent des bombes sur des navires.
Au matin, je quitte la garde pour
aller à La Panne chez le dentiste. Je vais voir Léon Nys. Il y a
beaucoup de navires en mer
Après-midi, solde.
Je
vais à la grand-messe.
Après-midi, il y a une fête au profit de
la Croix-Rouge. L’escadre bombarde la côte belge.
Il
y a dépaquetage sur la plage pour le Major. Je suis de garde à la pompe du
cantonnement.
Il
y a exercice de bataillon. Ma garde continue.
À 9 heures, je suis relevé.
L’après-midi, lancement des grenades.
Exercice
de progression et de patrouille dans les dunes.
Après-midi, distribution de pantalons de
drap.
Exercice
de grand-garde et théorie. C’est très intéressant !
Après-midi, nettoyage des effets.
Je
retourne chez le dentiste à La Panne.
L’après-midi, il y a solde.
Il
y a beaucoup de candidatures pour devenir sergent. J’en suis écarté.
Pourquoi ? Je n’en sais rien. L’ancienneté peut-être… (sans
commentaire !).
Je
vais me confesser.
Nous
allons travailler à Furnes. Nous allons près de la grand-route d’Ypres.
Nous
allons travailler au même emplacement.
Même
journée qu’hier.
Même
journée. J’apprends par Victor DEMETS qu’à la maison ma famille a reçu mon
portrait.
Même
journée. Je rencontre Henri Dumont.
Le
temps est très mauvais. Il pleut toute la journée.
Nous
allons quand même travailler.
Je
suis de garde à la pompe du cantonnement. La compagnie va travailler.
Je
descends de garde à 9 heures.
L’après-midi, distribution d’effets et
solde.
Je
vais voir Charles Hocepied à la
colonne d’ambulance. Je vais me confesser.
Je
vais communier.
Après-midi, je sors avec Victor Demets. J’apprends l’évasion de Callens.
Au soir, le sergent Lecomte arrose ses galons.
Inspection
en tenue de mobilisation.
Après-midi, nettoyage du cantonnement.
À 7 heures, dans les rangs, nous partons
avec regret de Bray-Dunes. Le 2° Bataillon reste là alors que les 3° et 4° vont à Vinckem
et Wulveringhem (*), le 1° à Leisele.
Je
suis logé dans la ferme Vanouthe.
Il est minuit lorsque nous arrivons.
Je
reçois un colis de France.
(*) : Wulveringem fait actuellement partie de la ville de
Furnes.
Nettoyage.
Après-midi, inspection des armes.
Au soir, sortie dans le village.
Au matin, promenade d’orientation du
côté de Beveren. (*)
L’après-midi, inspection des verrous.
Concert
par les guides.
(*) : Beveren est un village faisant actuellement partie
de la ville d’Alveringem.
Au matin, service de grand-garde.
Après-midi, théorie aux cadres. Je
rencontre Albert Mestdagh.
Au matin, exercice de marche avec
l’aide de boussoles et de repères.
Après-midi, distribution de vestes de
drap.
Concert
par les guides.
Au matin, escrime à la baïonnette.
Puis,
gymnastique suédoise.
Après-midi, solde et distribution de
matériel de campement.
Je
vais à la messe de 11 heures.
Clovis
D’Heedene vient me saluer. C’est
un garçon très gentil ! Il ne me laisse manquer de rien. Aussi après la
guerre, s’il a un jour besoin de moi, je lui rendrai service avec plaisir.
Je
dîne (au bœuf). J’ai l’estomac quelque peu détraqué depuis quelques jours et je
crois que c’est à cause de cette soupe grasse que l’on nous sert tous les
jours.
Ce
sont des parents de Gustave Gheldof
qui habitent là.
Je
suis de garde à la police à 1 heure.
Je
suis de garde jusqu’une heure. Je fais quelques parties de balle.
Puis
je sors pour assister au concert.
Je
vais à la vivite. Je suis malade. Je souffre de l’estomac.
Je
suis exempt de service.
Je
suis toujours exempt de service. La compagnie va travailler près de Furnes.
Je
suis encore exempt. La compagnie va travailler.
Après-midi, je sors un peu. Je me sens mieux.
Je
vais travailler avec la compagnie. C’est assez loin.
Nous
voyons arriver au front des crapouillots. (*)
(*) : Mortier des tranchées
Le
travail est suspendu car nous quittons Leisele lundi. Il y a inspection en
tenue de mobilisation.
Au soir, je sors.
Je
vais à la messe de 11 heures. La
musique des Guides joue. Je vais dîner chez Knockaert.
Puis
je passe l’après-midi et la soirée à faire des parties de dames et de trac.
Au matin, nous faisons le nettoyage du
cantonnement.
À 1 heure, nous prenons le tram pour Furnes.
Puis
nous partons à pied jusque Wulpen (*) (plus précisément entre Wulpen
et Booitshoeke). (**)
Nous
sommes logés dans des baraquements. C’est un pays isolé.
La
division remplace le […] 4° le régiment le 10° de Ligne.
(*) : Wulpen est un village faisant actuellement partie de
la ville de Coxyde.
(**) : Booitshoeke est un village qui fait partie
aujourd’hui de la ville de Furnes.
Nous
sommes au repos.
À 1 heure, je suis de garde au
cantonnement. Nous ne pouvons pas faire d’exercice.
Je
reçois des nouvelles d’Armand par Victor.
Ma
garde continue.
À 4 heures 30, nous partons aux tranchées
qui se trouvent à 1 heure 45 du cantonnement. La compagnie est de garde aux
avant-postes.
Quinze
homme et le lieutenant Bourgies
sont dans une ferme à droite, le sergent Benaud
et douze hommes à gauche et moi au centre. Les deux autres pelotons forment la
grand-garde.
Tout
est inondé. Nous passons sur des passerelles pour occuper les parties de
terrains non-inondés.
Durant
la nuit, c’est très pittoresque toute cette inondation !
Au jour, je rentre à la grand-garde.
Le secteur est calme mais malheureusement des officiers et beaucoup d’hommes
voyagent souvent et trop inutilement. C’est le défaut du régiment.
Les
Allemands, eux, ont bien soin de se cacher ; ainsi nos positions seront
vite découvertes et ensuite bombardées.
Au soir, je reprends mon poste. Je
suis relevé à 9 heures par les
hommes de la 3° compagnie. Nous allons occuper les tranchées au chemin de fer.
Il
y a là beaucoup de tranchées bétonnées. Je suis de garde toute la nuit.
Nous
travaillons durant la journée.
Le
petit poste où se trouvait le lieutenant Bourgies
est bombardé. La ferme brûle. Les hommes battent en retraite au lieu de
résister. C’est triste pour le 1/3 ! La grand-garde est bombardée et tout
cela à cause du va-et-vient pendant la journée.
C’était
couru d’avance !
Au soir, nous sommes relevés par le
1/3.
Nous
rentrons sans encombre au cantonnement à
8 heures 30 ( ?).
Je
vais à la visite à cause de cette mauvaise dent qui me fait beaucoup souffrir.
Je vais la faire arracher à Adinkerke.
C’est
assez loin !
Repos.
Au soir, nous partons pour les
tranchées. Nous restons dans les tranchées de 2° ligne près de la ferme maudite.
Les tranchées sont remplies de rats et de souris.
Il faudrait pouvoir faire crever ces sales bêtes ou bien
dans quelque temps nous ne pourrons plus y rester nous-mêmes.
Le temps est épouvantable : il pleut, il vente toute
la journée.
Au
soir, nous partons aux avant-postes mais à la gauche du
secteur. Je suis de corvée. Il faut aller chercher du matériel. Nous sommes
loin en avant au milieu de l’inondation.
Au
matin, il y a encore un va-et-vient sans pareil. Aussi nous sommes bombardés
tant que l’on veut
Au soir, nous sommes relevés par le
4/1. Il fait très mauvais. Il pleut. Le terrain est glissant.
On
rentre sans encombre à 10 heures 30
au cantonnement.
Je
souhaite une bonne fête à cette bonne-maman Antoinette.
Nous
faisons le nettoyage. Dix hommes de la compagnie partent en congé.
Repos.
Le temps est épouvantable ! Nous passons notre temps à fabriquer des
bagues et à jouer quelques parties de cartes.
Les
1° et 2° pelotons vont au bain à La Panne. Nous prenons le train à Furnes.
Nous faisons une petite promenade dans la ville.
Nous
revenons vers 3 heures au
cantonnement.
Nettoyage
du cantonnement. Je fais quelques parties de balle. Le canon tonne assez loin.
Je
vais à la messe de 11 heures (messe avec musique).
Après-midi, il y a concert par quelques
soldats (entre autres Carette)
dans la grange de la ferme
Après le concert, je vais me confesser. Quelle
impression étonnante vous éprouvez en voyant dans ce baraquement servant
d’église tous ces soldats qui vont se confesser !
Je
souhaite une bonne fête à toute ma famille. Je vais communier à la messe de 7 heures. La journée est triste. Je
reçois l’imperméable envoyé par cousin Mousset.
Il me fait grand plaisir.
Après-midi, je vais chercher du pain au
village de Wulpen car demain nous n’en recevrons pas.
Fête
des Morts. Il n’y a pas d’office mais je prie pour mes morts et surtout pour
mes parents défunts.
Il
pleut toujours. Je fabrique des bagues pour passer le temps.
Au matin, je suis de garde car j’ai
remplacé un caporal la nuit du 31 au 1°.
L’après-midi, nous partons loger en
demi-repos à l’école de Booitshoeke. La section est de jour. En
arrivant, nous devons faire les corvées qui sont pénibles à cause des mauvais
chemins qu’il y a dans ce coin.
Nettoyage
du cantonnement.
Nous
ne sommes pas loin de la 1° ligne. Nous faisons des travaux de propreté car les
chemins sont devenus impraticables.
Au matin, nettoyage.
Les
Allemands bombardent Furnes et Avekapelle. Belle chasse à
l’aéroplane.
Nous
faisons quelques parties de balle.
À 4 heures, départ pour les tranchées.
De piquet près de la Ferme Maudite. Nous sommes tranquilles durant toute
la nuit.
À 7 heures du matin, deux pelotons vont
travailler au chemin de fer.
Il
y a du brouillard. Nous pouvons travailler tranquillement. Nous faisons des
parapets et des traverses en sacs. Le génie construit des abris en béton.
À
4 heures, nous partons faire le même travail qu’hier. Même temps.
À 15 heures, nous terminons.
À 18 heures, nous partons aux
avant-postes. Le peloton est grand-garde. Je suis chef de poste des hommes.
La
journée se passe bien. Un aéroplane laisse tomber des bombes près de nos
tranchées. Nous travaillons en plein jour.
Au soir, la 3° Cie / 1° B. nous
relève. Nous retournons au chemin de fer où je suis de garde.
Bonne
journée. Nous travaillons toujours ferme. Il fait assez sale.
Au soir, la 1° Cie / 3° B. nous
relève. La relève est assez mouvementée.
Les
Allemands tirent beaucoup de shrapnels.
Il
pleut et le commandant de la compagnie nous fait attendre sous la pluie.
Puis
une voiture arrive derrière nous. Celle-ci possède une puissante lanterne
électrique que les Allemands ont sans doute repérée car deux obus et des
shrapnels éclatent près de la voiture qui nous croisait justement. Heureusement
il n’y a pas de blessés ! Les hommes étaient prêts à malmener le
conducteur imprudent.
Mais
c’étaient le Major et le lieutenant Lesire
qui revenaient des tranchées en voiture qui […] la route. C’est une grande
imprudence de leur part !
Nous
retournons loger à l’école.
Nettoyage
du cantonnement, des armes et des effets qui sont archi-sales.
L’après-midi, je reçois un capuchon et un
portefeuille. Quel cœur d’or que ce cousin Mousset !
Il y a solde et distribution de bottines. J’en reçois une paire.
Au soir, j’écris plusieurs lettres.
Repos.
Nettoyage. Distribution de maillots de laine.
Vers 4 heures, nous partons loger dans une
ferme près d’ici comme piquet.
Au soir, vers 8 heures, nous faisons
des corvées. Le 1° peloton dans transporter 10.000 sacs au chemin de fer. Il
fait un temps épouvantable. Les hommes sont trempés.
La
corvée est finie à 1 heure.
Au matin, comme la section est de
jour, on m’envoie chez le Major (Ferme maudite) avec un autre homme pour
chercher des lanternes. C’était chez le chef de Corps que je devais aller…
ordre, contrordre, désordre !
Quelle
organisation ! On nous commande sans savoir.
J’ai
fait quatre heures sous la pluie pour rien.
L’après-midi, on me nomme de garde au
téléphone du poste de secours. Une fois encore, on ne peut m’indiquer où cela
se trouve.
Je
dois une nouvelle fois courir à gauche et à droite sous la pluie pour savoir où
je dois me rendre.
Au soir, la section part en corvée
mais comme je viens de rentrer je n’y vais pas.
Au matin, repos.
Après-midi, nous partons aux tranchées
d’avant-poste. Il s’agit de la tranchée Y.K. Je suis de garde. Il y a trois
petits postes.
Durant la nuit, il faut travailler pour
construire une digue.
La
nuit est assez bonne. La journée est calme.
Au soir, nous allons au chemin de
fer. Je suis au travail d’ 1 heure à 6
heures.
La
nuit est très noire. Il neige un peu. Ceci rend le travail très difficile. La
journée est bonne. Je n’ai rien à faire.
Au soir, nous partons à l’école de Booitshoeke.
Nettoyage
des armes. Inspection.
Distribution
de bottines. J’en reçois une paire. Ce sont de mauvaises bottines car elles
prennent l’eau bien qu’elles soient neuves.
Au matin, nous continuons notre
nettoyage.
L’après-midi, nous recevons des casques
puis départ pour les tranchées (à rats et à souris) de la Ferme Maudite.
La nuit, nous allons travailler aux tranchées J.K.
Repos
durant toute la journée.
Au soir, le 2° peloton va travailler
aux avant-postes. Le 1° peloton reste au repos.
La
1° section va travailler au « chien marin ». La 3° section
améliore les tranchées.
Au soir, nous partons aux avant-postes
extrêmes. Je suis à la ferme de garde. Il y a trois sentinelles doubles et deux
simples. Les passerelles sont inondées en certains endroits.
Durant la nuit, nous travaillons à un
parapet.
La
nuit est bonne.
Durant
la journée, il n’y a qu’une sentinelle. Tous les hommes sont dans la cave de la
ferme qui a encore été occupée par les Allemands.
Au soir, la 3 / 1 vient nous relever.
Nous partons au chemin de fer où l’ami Louis Grimonprez
de retour du dépôt nous attend.
Je
reçois un petit paquet du cousin Mousset.
Je suis de quart pour le travail.
Je
n’ai rien à faire durant la journée car le travail s’effectue sous la direction
des sergents.
Au soir, nous partons à l’école.
Au matin, nettoyage, inspection et
solde.
Après-midi, j’écris quelques lettres. Je
reçois des nouvelles de M… qui me font grand plaisir.
La
section est de jour. Je vais chez le major pour chercher des casques.
L’après-midi, nous partons de piquet à la
ferme.
Au soir, le 1° peloton fait les
transports de sacs, de madriers, d’abris et de passerelles. Nous en avons
jusqu’à 1 heure. Je dois rester après la corvée pour les reçus.
Repos
pendant toute la journée.
Au soir, même corvée jusqu’à minuit.
Repos.
Au soir, nous partons aux
avant-postes de la tranchée J.K. Même service que la dernière fois.
Durant
toute la journée, nous travaillons. Il tombe des grêles. Le canon tonne à Nieuport.
Au soir, relève par le 2/1. Nous
partons au chemin de fer.
De 7 heures à 8, je suis de quart.
Ensuite,
je suis libre pendant la journée.
Au soir, nous sommes relevés assez
tôt. Nous partons par Pervyse que j’ai traversé avec une certaine
émotion pour Avekapelle où nous
prenons le train pour Adinkerke.
Nous
sommes logés sur la route de Houtem dans des baraquements.
À
la compagnie, c’est à croire qu’ils le font exprès de nous empêcher d’assister
à la messe dominicale car on nous commande inspection et puis solde. Des
aéroplanes allemands jettent des bombes. L’une d’elles tombe près de notre
cantonnement, une autre près de l’église brisant ainsi ses vitraux.
À
la gare, deux chauffeurs sont tués ( ?). À La Panne, il y a assez
bien de victimes.
L’après-midi, nous sommes libres. Un
bataillon du 3° Zouaves (bis) vient remplacer les Fusiliers-Marins.
La
2° compagnie fournit la garde. Nous avons inspection des armes.
Le
temps est très mauvais.
Après-midi, nettoyage. Au soir, je sors avec quelques amis.
Je
reçois une lettre de S.M.X. (*) par l’entremise de l’Abbé Pennel. Ensuite, il y a distribution d’effets.
À 10 heures, nous partons au bain à La
Panne.
Là
je rencontre Léon Nys qui a été
nommé S.S., Valère Degraeve et
quelques autres Mouscronnois.
Le
L.B. qui nous conduit est un peu échauffé. Il paie un verre à toute la
compagnie.
Nous
rentrons à Adinkerke vers 3
heures.
Au soir, sortie habituelle.
(*) : Sœur Marie-Xavier, était la marraine et la tante de
Gustave Tiberghien.
[fin du deuxième carnet]
[le troisième carnet a été perdu par son auteur pendant le
conflit]
Je
désire contacter le propriétaire
Vers
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