Mise à jour janvier 2014
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Avertissement : La diffusion de ce journal intime destiné, en cas de mort inopinée de son auteur, exclusivement à ses parents eût été inconvenante il y a quelque 50 ans.
Mais aujourd’hui que le rédacteur de ces lignes griffonnées sur le vif est décédé depuis plus d’un demi-siècle et qu’il est entré dans l’histoire avec un grand H, cette profanation de l’intimité d’un jeune homme à peine sorti de l’adolescence et précipité dans un conflit d’envergure mondiale d’une violence exceptionnelle pour ses malheureux acteurs ne peut être perçue par les lecteurs que comme une marque de respect et de profonde admiration de la part de son petit-fils. (Michel Tiberghien)
[le troisième carnet a été
perdu par son auteur pendant le conflit]
[Début du quatrième carnet]
Exercice dans la
cour.
Au soir, il y a concert par la musique.
Exercice. Le temps
est très mauvais.
Dimanche. Je vais à la messe de 11 heures.
L’après-midi, Maurice vient me voir. Je vais au concert.
Il y a une canonnade à Dixmude.
Nous nous préparons à partir le soir à 8 heures en tenue. Nous partons de piquet à la ferme Marie.
Nous sommes très fatigués.
Repos.
Au soir, nous allons travailler à la b… Il fait très sale à cause des pluies. Tout se passe bien.
Repos.
Au soir, même travail qu’hier. Un caporal du 1° Ligne se rend aux Allemands.
Repos.
Au soir, nous partons aux avant-postes.
À 2 heures, nous arrivons à A 15 qui est devenue une belle tranchée.
Le génie travaille en avant à des défenses.
Au matin, je vais à la tranchée de l’Yperlee avec l’Adjudant F… et ma section. Nous avons beaucoup d’ouvrage.
Après-midi, il y a une alerte au […] ligne. Les Boches attaquent.
Au soir, je retourne à A 15.
À 2 heures du matin, nous sommes relevés par le 2° peloton. Nous allons à B 18.
Les équipes de travailleurs ont beaucoup de difficultés. Au soir, nous remplissons 1.500 sacs.
Je suis au repos jusqu’à 8 heures. Puis, de quart et le travail commence. Je suis enguirlandé pour les travailleurs. Nous sommes très fatigués.
Le 2° Chasseurs vient nous relever vers 11 heures 30. Nous partons au Lion Belge.
Le sergent Neyers vient à la 2° section.
À 7 heures,
nous sommes dans les rangs. Nous partons pour Haringe.
(*)
Nous arrivons vers 11 heures.
Nous avons une sale grange. Nettoyage.
Au soir, je vais à Roesbrugge avec Léon et Maurice.
(*) : Roesbrugge-Haringe est actuellement une section de
la ville de Poperinge
Nettoyage du cantonnement.
À 1 heure, le peloton est de garde. Je suis exempté. Je vais travailler chez un horloger.
Au matin, inspection et théorie.
À 1 heure, je suis de garde à la ferme.
Ma garde continue.
L’après-midi, je vais travailler jusqu’au soir chez l’horloger qui est le sacristain de Merkem.
Exercice par peloton.
Après-midi, exercice avec les grenades.
Exercice du régiment avec des avions captifs et l’artillerie. Le but de l’exercice est d’assurer la liaison entre les différents commandements.
Ensuite, défilé à Krombeke pour le général qui est très content.
Aussi nous avons reçu service de dimanche lundi prochain.
Je vais à la messe de 11 heures à Roesbrugge. Ensuite, nous faisons la réunion des Mouscronnois.
Nous dînons à Haringe. Plus tard, nous allons voir la fête au 3° bataillon et nous allons souper à Roesbrugge.
Le soir, il y a cinéma.
Au matin, théorie.
L’après-midi, service de dimanche. Je vais travailler chez l’horloger.
Je suis de garde mais il y a un remplaçant.
Ma garde se passe bien.
Après-midi, je vais travailler.
Poste de
commandement dans une tranchée belge le long de l'Yser
Nous allons au bain à Roesbrugge. Ce n’est pas très pratique, le bain !
Arrivée d’un nouveau capitaine (Henri).
Après-midi, exercice de gymnastique.
Présentation de la compagnie au nouveau capitaine qui, d’après ce que l’on dit, est un homme de guerre.
Après-midi, il n’y a rien à faire à la compagnie.
Distribution d’effets. Je change de peloton. Je passe à la 4° section.
Au matin, j’ai communié à l’occasion de la fête de la Vierge. (*)
À 1 heure, je suis de garde à Roesbrugge avec le lieutenant Valcke. Service d’ordonnance.
(*) : Le 8
septembre se célèbre la Fête de la Nativité de la Vierge.
Je souhaite une bonne fête à mon cher père. Je formule pour lui des vœux de bonheur sur cette terre. Ma garde se passe bien.
À 1 heure, nous sommes relevés.
À 3 heures, il y a solde et l’on se prépare pour partir. Je dis au revoir à l’horloger qui a été très aimable avec moi.
Départ à 7 heures. La musique et le drapeau accompagnent le bataillon. Nous allons à Eikhoeck dans la même ferme que la dernière fois.
Après-midi, nous jouons à la balle.
Exercice de gymnastique.
Après-midi, le lieutenant Vanline fait une conférence sur la guerre au moyen de la carte. C’est très intéressant !
Ensuite je fais quelques parties de balle.
Inspection du Major qui félicite le lieutenant Valcke pour son peloton.
Après-midi, repos.
Au soir, nous allons travailler. Nous sommes conduits en auto. Nous creusons une tranchée pour un câble téléphonique. Nous rentrons à 1 heure.
Au matin, repos.
À 1 heure, je suis de garde au cantonnement.
Au soir, je vais souper à Krombeke avec J. Carette.
Ma garde continue.
Après-midi, je vais à Westvleteren. Je vais au mess des soldats qui est très bien.
Au matin, exercice.
Après-midi, repos. Je me prépare pour partir aux tranchées.
À 9 heures, départ. Nous allons en B 17 avancé. Je suis détaché avec six hommes au Boyau du Calligue.
Tout se passe très bien.
Au soir, nous allons en À 14. Je suis au poste d’écoute avec trois hommes. Nous avons des grenades et un poignard. Nous devons passer dans un petit trou dans le parapet et en-dessous de fils de fer.
Au jour, je rentre dans la tranchée. La journée se passe bien. Pauwels est tué à l’écluse. Meyers, Verdoologhe et Vandaele sont blessés.
Au soir, je retourne à mon poste. Il fait très noir. La 4° compagnie nous relève.
Nous allons au piquet près de la Ferme du Canada. (*)
(*) : Lieu-dit au nord d’Ypres.
La journée est calme.
Au soir, mon peloton va faire la corvée en B 16. En B 16 avancé, nous allons porter le ciment, des rails et du gravier pour construire un abri.
Tout se passe bien.
Nous sommes de piquet.
Au soir, nous allons au travail près d’A 12 élargi dans un boyau. Il pleut. Il fait très noir.
Ensuite nous retournons à Woesten en demi-repos.
Nettoyage du linge.
Au soir à 17 heures, je suis de garde à la maison communale.
Au matin, Joffre et le Roi passent. Ils vont au « Canada » pour faire une inspection.
Au soir, nous partons aux tranchées. Mon peloton est à C 6 et 7. J’apprends que Hocepied est blessé.
Rencontre entre le Maréchal Joffre et le
Roi Albert I°
La journée se passe bien.
Au soir, nous allons remplir 1.000 sacs en A 8 et ensuite nous transportons un abri en C 9.
Quelques obus sont tirés sur Boesinghe.
Au soir, même travail qu’hier. En rentrant du travail, je suis de quart.
La journée est
calme. J’apprends la mort de Cyrille Herman.
Au soir, même travail.
Bonne journée.
Au soir, même travail.
À 11 heures 30, nous sommes relevés. Nous partons pour le boyau des ponts pour aller cantonner à Eikhoek dans la même ferme que l’autre jour.
La cuisine n’arrive qu’à 5 heures.
À notre arrivée, nous n’avons ni café ni pain.
Nettoyage.
Distribution d’effets. Je reçois un pantalon.
Au soir, je vais à Westvleteren.
Au matin, visite générale chez le médecin puis solde.
Au soir, je suis de garde. Ma sentinelle se trouve sur le chemin de Poperinge.
Nous allons au bain à Elzentap.
L’après-midi, jeux.
Au soir, nous sortons avec quelques camarades. Nous allons au-dessus de la ferme de la 1/1. Nous nous amusons à chanter.
Inspection des effets et des armes par le lieutenant Valcke.
Après-midi à 7 heures, nous partons aux tranchées. Mon peloton est à l’écluse (A 11). Tout est bouleversé par les obus et les bombes. La nuit est bonne.
La journée est calme. Deb… reçoit une balle dans son casque.
Au soir, nous sommes relevés par le 1° peloton. Nous allons à B 16 et 17. Je suis de quart en arrivant.
À 8 heures du matin, un de nos avions
abat un captif boche.
Au soir à 5 heures, notre captif est abattu par un allemand. L’Adjudant Max de Bruxelles est descendu en
parachute. […] du soldat ayant pris feu, le malheureux s’est tué.
Le
Roi et le général sont arrivés sur les lieux.
Au soir, nous sommes relevés par la
4° Cie. Nous allons au piquet à Elverdinge (*)
dans une ferme (Ferme
du Nègre) (**) près de la ligne des F.
(*) : Elverdinge est aujourd’hui une section de la ville
d’Ypres.
(**) : Lieu-dit au nord d’Ypres.
Il
pleut toute la journée. Il y a solde.
Au soir, il n’y a pas de travail car
le temps est très mauvais.
La
journée est mauvaise.
À 5 heures, je pars avec le peloton à
Woesten pour la garde. Tout se passe bien.
À 6 heures, nous sommes relevés par le 2°
Chasseurs.
À 7 heures, nous partons au
rassemblement du bataillon. Les officiers se trompent de route. Nous partons à Roesbrugge.
Nous sommes logés dans les champs.
Au soir, je vais dire bonjour chez l’horloger.
Soldats belges en plein repas
Les hommes partent en congé. Nous nettoyons. Je vais travailler.
Nous ne faisons pas grand-chose.
Beaucoup d’hommes vont travailler aux champs. Dubuisson et Maton sont partis en congé.
De ce fait, je suis le seul gradé de ma section.
La culture de jardins potagers à Pervyse (août 1917)
Même exercice qu’hier. Je vais travailler dès que j’ai le temps.
Je vais à la messe de 11 heures à Roesbrugge avec les Mouscronnois.
Ensuite nous allons dîner à Haringe avec Vergote, Vanost, […], Demets, Delespaux, Vancraynest, Desmet, Proye ( ?).
Nous nous amusons toute la journée ensemble.
Au soir, nous soupons à Roesbrugge. Léon Nys devait venir.
Exercice de compagnie près de la zone anglaise.
Après-midi, je vais travailler.
Exercice de régiment. Le bataillon est en embuscade en « casquette ». Il faut défendre la tête de pont de Roesbrugge. Les trois autres bataillons attaquent.
Ensuite, défilé et retour au cantonnement.
Après-midi, repos.
Théorie et inspection (histoire de tenir les hommes !)
Exercice d’attaque : le 3° peloton contre le 2°. Théorie sur les gaz.
Rien à faire durant toute la journée.
Les hommes rentrent de congé avec un jour de retard.
J’ai un laissez-passer pour Proven. Je vais communier puis j’en profite pour aller travailler durant toute la journée.
Victor Demets dîne et soupe avec moi. Je reçois un billet pour ma peine.
Les gens sont très gentils avec moi.
Rassemblement à 7 heures. Nous partons au Lion Belge. (*)
À 11 heures, je vais à la messe. La marche est très dure.
Après-midi, inspection des armes et des cheveux.
Au soir, je vais avec Joseph chez le marbrier Van Duren pour saluer des camarades.
(*) : Lieu-dit
au nord d’Ypres.
Je suis de garde.
Au soir, je fais quelques parties de dames.
Durant la nuit, violent bombardement.
Inspection des armes.
Au soir, le lieutenant Valcke nous dit au revoir. Il part pour donner l’instruction aux rappelés.
Nous partons aux tranchées en B 18 nord.
L’Adjudant Deridder commande le peloton et le sergent Dejonghe vient au 2° peloton comme adjoint. Je suis de quart en arrivant.
Il pleut toute la nuit.
La matinée est calme.
L’après-midi, nous sommes bombardés. Pas de blessés.
Au soir, on part en A 16.
Il ne cesse pas de pleuvoir.
Il pleut toujours. Nous sommes trempés comme une soupe. Nous grelottons.
Au soir, nous sommes relevés à 9 heures 30. Nous arrivons en C 20 à 10 heures 15.
À 11 heures 30, nous partons travailler en A 16 afin de réparer les éboulements. Nous rentrons à C. à 7 heures du matin.
À 9 heures, je suis de quart jusqu’à midi. Le sergent Dubuisson part à Criel (*) pour l’instruction des mitrailleurs.
Au soir, nous partons travailler au boyau de la Bouche. Puis de la tranchée de l’Yperlee […], nous partons au piquet de la Belle Vue.
J’ai un abri assez confortable.
(*) :
Criel-sur-Mer est une commune française du département de Seine Maritime. Elle
fut un centre d’instruction belge durant la Première Guerre Mondiale.
Souvenir de la
section des mitrailleuses 3ème de ligne 4/3. Criel
30/04/16
Repos bien mérité.
Au soir, nous allons travailler au boyau de la bouche. Nous jetons des terres le long des claies.
Nous avons repos.
Après-midi, solde.
Au soir, nous allons travailler au boyau de la bouche entre B. et l’Yperlee.
Le caporal Matton reçoit une balle dans la cuisse. Je dois m’occuper de ses affaires. Au moment de partir, nous entendons les trompes et klaxons du côté anglais.
Nous mettons nos masques et nous donnons l’alerte pour les gaz. L’alerte se termine sans accident.
Je vais au poste de secours avec Vandenauthe.
Au soir, nous allons travailler à la tranchée de fermeture. Nous remplissons des sacs.
Puis nous revenons au piquet. Nous sommes relevés.
Nous partons au Lion Belge.
Nettoyage. Visite générale chez le médecin. Inspection des armes.
Théorie.
Après-midi, je vais avec Joseph Carette à Westvleteren pour porter quelques objets. Nous buvons une chope avec Léon Duthoit et Maurice Vandenbroucke.
Repos.
Au soir, nous partons aux tranchées. Nous allons à B 18 sud. La 3° section va en renfort en A 15. Il fait très mauvais.
Il pleut toute la journée.
Au soir, nous allons aux avant-postes en A 14. Il fait froid. Je suis debout jusqu’à 10 heures.
À 11 heures 30, les Boches lancent des bombes. Ils ont cinq lance-bombes en action. Nous nous plaçons du mieux que nous pouvons.
Au soir, nous sommes relevés par le 3° peloton. Ma section va en B 13, la 3° en C.
À 2 heures, je suis de quart jusqu’à 6 heures 30.
À 7 heures, nous partons en C.
À 9 heures, je vais au bureau pour obtenir mon congé.
À midi, je suis de quart jusqu’à 3 heures.
À 4 heures 30, nous allons travailler : 1.000 sacs à remplir en A 15.
Au soir, nous partons de piquet (Belle Vue).
Repos.
Au soir, nous allons remplir et vider 1.500 sacs en A 15.
Les hommes qui sont en congé passent la visite chez le médecin au poste de secours de ma compagnie.
Au soir, nous faisons des corvées : transport de gravier, de sable, de gabions (*), de sacs et de quelque chose de magnifique appelé « cage à poule ».
Ce sont des carcasses de 6 mètres de long sur 2 mètres de large et 2 mètres de haut. Il fallait transporter cela en B 17 et en A 16 par de mauvais boyaux. C’est scandaleux !
Il a fallu les démonter.
(*) : Le
gabion désigne une sorte de casier, le plus souvent fait de solides fils de fer
tressés et contenant des pierres.
Je souhaite une bonne fête de Toussaint à mes chers parents, à ma famille et à tous ceux qui me font du bien. Je pense également à tous ces braves soldats morts pour le pays et à ceux qui sont morts au pays à cause de l’invasion.
Je prie pour eux.
Au soir, il y a un violent bombardement. Nous sommes en alerte. Nous allons travailler en A.
Puis le 4° bataillon nous relève. Nous sommes à Westvleteren.
Il fait très sale dans la ferme où nous allons.
Je me prépare à partir en congé. J’ai beaucoup d’ouvrage pour me nettoyer.
Au soir, je vais chercher des marchandises au village.
À 4 heures, réveil. Les hommes qui partent en congé partent pour prendre le train à Waayenburg. Nous mettons nos vieilles bottines. Nous changeons de chaussures à la gare.
Nous arrivons à Calais à 12 heures. Il n’y a pas de bateau aujourd’hui. Je me promène avec David. Nous allons voir le port belge.
Nous voyons des Allemands travailler.
Au soir, nous allons coucher à l’hôtel de ville.
Au matin, nous allons déjeuner au mess militaire. Puis nous faisons une promenade.
À 3 heures, nous allons au bateau. Beaucoup d’hommes ne peuvent pas embarquer.
À 5 heures, nous quittons Calais. La mer est assez agitée. Il y a beaucoup de malades.
À 7 heures 30, nous arrivons à Folkestone. Nous avions tous un gilet de sauvetage.
À 8 heures 30, nous quittons la ville pour Londres où nous arrivons à 11 heures 30.
Ensuite je vais à Wandsworth. Je cherche la rue où habite mon cousin.
Enfin je la trouve ! Il est 12 heures 30. Tout le monde est couché.
Je suis reçu à bras ouverts comme un vrai fils de la maison !
Je vais à la messe avec Marie. Ensuite, je vais saluer les Little. Je reçois un imperméable. Cousin Oscar doit sortir.
Moi, je ne sors plus car le temps est très mauvais.
Nous parlons de choses et d’autres.
Je vais à Londres au General Building pour faire signer mon congé.
Après-midi, je vais voir Mme Steyaert avec cousin. Cette dame est très gentille.
Au soir, Fidèle vient chez cousin.
Au matin, je parle avec cousin et cousine.
Au soir vers 4 heures, je vais chez Little pour prendre le thé.
Ensuite, nous allons au théâtre à Balham (*) où Marie nous attend. Bien que je ne comprenne pas l’anglais (mais avec mes traducteurs, je comprends quand même le sens de la pièce), je m’amuse très bien.
En revenant, Mlle Muriel (**) me parle de la vie de l’hôpital.
(*) : Balham est un faubourg au sud-ouest de Londres.
(**) : Mlle
Muriel Little était la marraine de guerre anglaise de
Gustave Tiberghien.
Je vais dîner chez Steyaert où je suis très bien reçu.
Après-midi, je vais visiter l’usine Pelabon.
Ensuite je vais au cinéma avec le petit René. Plus tard je retourne souper. Nous parlons un peu de la guerre et de la vie dans les tranchées.
Monsieur est souffrant. Ce sont de très braves gens qui pensent aux soldats.
Raymond me conduit jusqu’au pont Richmond.
Chez cousin, nous discutons assez tard.
Je suis photographié par Raymond.
Vers 10 heures 30, nous allons à Londres.
Durant l’après-midi, nous allons avec Mlle Wildrette Little
au bureau de son père pour voir le cortège du Lord Maire. (*)
C’est très intéressant.
Au soir, Mme Steyaert accompagnée de ses fils vient souper chez cousin. Fidèle vient également.
Après le départ de Mme Steyaert qui m’avait apporté un petit paquet et une bonne paire de bottines, je vais faire mes bagages. Cousin et cousine me comblent de bonnes choses.
Ensuite je pars avec Fidèle pour loger chez lui car il habite plus près de la gare de Victoria. En quittant cousin et cousine, je suis assez triste car ce sont vraiment mes « parents de guerre ».
Je suis chez eux comme un fils. Aussi toute ma vie, je leur devrai beaucoup de reconnaissance pour tous les bienfaits qu’ils m’ont témoignés.
Il est plus de minuit lorsque nous arrivons dans l’appartement de Fidèle.
(*) : Chaque
année, le deuxième samedi de novembre, le lord maire de la City de Londres fait
son « show ».
Lord's Mayor Show 1916
À 4 heures 15, je me lève. Fidèle fait une bonne tasse et ensuite nous partons à la gare car le train est à 5 heures 15. Je quitte Fidèle.
Arrivé à Folkestone, je me promène sur la plage avec Raoul.
Au soir, nous allons manger au mess des soldats anglais. Puis j’écris quelques lettres.
Nous allons nous coucher au ring.
À 10 heures, nous embarquons.
La traversée est excellente. Nous arrivons à 1 heure à Calais.
À 4 heures 30, nous avons un train. Mais à cause d’un déraillement sur la ligne, nous sommes obligés de faire un détour. Et il est minuit lorsque nous arrivons à Waayenburg. Nous retournons au cantonnement sur la route de Proven.
Je suis très fatigué.
Je vais à la messe à la 1/1.
À 2 heures, il y a vaccination.
Au soir, je vais à Proven avec Léon Duthoit pour saluer chez Mr. Meeuws, Mlle Alice que j’ai connue chez Nuttin à Mouscron.
Je souffre de mon épaule et j’ai une forte fièvre. Je suis bien malade.
Au soir, Maurice vient me voir.
Je suis exempt de service car je suis encore un peu malade.
Au soir, je vais voir Léon et Maurice. Un de nos captifs est brûlé par un aviateur allemand. Les hommes descendent en parachute.
Fête du Roi.
On nous fait des discours patriotiques. Puis je vais avec Maurice à Roesbrugge pour assister au Te Deum. Mais nous arrivons trop tard. Nous allons dîner.
L’après-midi, nous allons chez le bourgmestre où les demoiselles connaissent Maurice. Nous parlons en buvant un verre de vin.
Puis nous allons à Haringe pour saluer l’horloger. Nous goûtons et nous revenons à Roesbrugge. Nous allons à « L’Aigle ».
Ensuite nous retournons à notre cantonnement.
La Ferme du Canada est en feu. Je suis de garde mais je me fais remplacer jusqu’au soir.
Je continue ma garde jusqu’à 1 heure. La compagnie fait un exercice d’attaque. C’est une vraie barbe !
Le capitaine fait faire du mannequin aux hommes.
Après-midi, je vais avec Joseph Carette saluer Léon et Maurice.
Nous faisons une fois encore le même exercice qu’hier.
Au soir, Léon et Maurice viennent me voir.
Au matin, nous nous préparons pour partir. Le temps est mauvais. Les hommes qui doivent remplacer la garde à Woesten partent à 1 heure. Je suis du nombre. Il ne cesse pas de pleuvoir.
Je loge avec quelques hommes du
1° ligne et avec Dubuisson dans
ma petite place. J’apprends qu’au 1° ligne (*), il y a des officiers qui sont dégradés parce que
certains de leurs hommes ont bavardé avec des Allemands.
(*) : 1e
régiment de ligne.
À 7 heures, nous relevons la garde du 1° Ligne.
Vers 10 heures, la compagnie arrive.
À 5 heures, la garde est relevée. J’ai eu un problème parce que la sentinelle n’a pas présenté l’arme au colonel du 1° Ligne.
Au soir, nous allons à la « Ville de Roubaix ».
Nous recevons des biscuits à la place du pain.
Après-midi vers 4 heures, nous partons aux tranchées. Le peloton va en B 13. Il y a trop peu d’abris. Nous sommes entassés à huit dans chaque abri.
On ne peut pas dormir.
La nuit s’est bien passée.
La journée est calme. Nous faisons du feu. Les hommes travaillent par équipes jour et nuit.
Biscuit et un quart de pain deux fois tous les trois jours.
Les hommes rouspètent. La journée est calme.
Au soir, nous partons en désordre pour le boyau rouge en C 8. Là aussi nous sommes entassés les uns sur les autres. Le capitaine a fait une distribution de punitions parce qu’il y avait des fusils à l’extérieur des abris.
Nous allons travailler en B 12.
Journée calme. Le service n’est pas trop rude.
Au soir, les hommes vont travailler en B 12. Je reste là pour assurer la garde.
Même journée qu’hier mais je ne parviens pas à fermer l’œil à cause d’une inflammation. J’ai le corps couvert de boutons.
Après-midi, nous allons travailler en B 12.
Strobbe trouve au moins 5 Frs en pièces de 2 centimes en vidant les sacs. L’adjudant circule sur le parapet alors qu’il y a des fusées. Les Boches nous voient sans doute car une mitrailleuse tire sur nous. Je ne comprends pas comment il n’y a aucun blessé.
Au retour dans les boyaux, nous rencontrons déjà la relève. Nous n’avons pas le temps de manger car il nous faut déjà partir. Nous marchons comme des voleurs jusqu’à Woesten.
Puis après une halte horaire, nous arrivons à Eikhoek où nous nous enfonçons jusqu’aux genoux pour atteindre la ferme où nous devons loger.
C’est scandaleux de pareil cantonnement !
Je vais à la visite pour mes démangeaisons. Je vais au bain sulfureux à Krombeke.
Au soir, je vais chez Angèle. Arrivée de Hooghe.
Je vais à la messe dans la ferme Peperstraeten.
Au soir, nous allons avec quelques amis chez les cousines des habitants de la ferme où le 2° peloton était logé à Krombeke. Nous chantons quelques morceaux.
Je vais à la visite. Je retourne au bain sulfureux.
Au soir, j’écris toute la soirée.
Au matin, inspection en tenue de mobilisation.
Après-midi à 2 heures 30, départ par bataillon. Ma compagnie va en A 11 et A 13. Puis une section va en B 17 avancé. Mon peloton va en B 17.
Nous arrivons à 7 heures 30 (5 heures le sac au dos !).
La nuit a été calme.
Au matin, nous allons par section travailler en B 17 avancé. Il y a du brouillard. La journée est calme.
Au soir, quelques bombes tombent en A 17 où vers 6 heures nous allons relever le 1° peloton.
La journée est calme. Il y a ici de magnifiques tranchées. De ce fait, tous les jours et sans arrêt, il y a des équipes de travailleurs.
Au soir, nous sommes relevés par le 1 / 4.
Nous allons à la ferme Roussel qui n’existe que de nom. Nous avons de mauvais abris et il fait très sale.
Vive Saint Eloi. C’est le cri au réveil.
À 6 heures 30, ma section va travailler en A 11 jusqu’à 9 heures. Puis la 3° section y va à son tour. Je vais à la visite.
Durant la nuit à 2 heures, violent bombardement sur le front anglais.
À 6 heures 30, nous allons au travail. L’Adjudant m’exempte. Il gèle. Je retourne à la visite.
À 2 heures, je pars à Woesten pour la garde de la maison communale.
Je ne suis pas allé à la messe car le service est très difficile. Nous avons beaucoup de difficultés pour faire respecter les consignes. J’arrête l’auto de Monsieur le Ministre Poullet (*) qui me présente son laissez-passer.
Au soir à 5 heures, je suis relevé de garde. Léon Nys est venu me saluer. Nous avons discuté de choses et d’autres.
(*) :
Prosper Antoine, vicomte Poullet
(1868 - 1937) était un homme politique belge appartenant à l'aile Démocrate
chrétienne du Parti catholique. Il entama sa carrière politique comme député en
1908. Il occupa les fonctions de Premier ministre de 1925 à 1926.
Nettoyage des cantonnements. Il y a inspection du colonel. Mais celui-ci ne vient pas.
Au soir, j’écris au corps de garde jusqu’à 11 heures. Arrivée du 1° sergent-major Marissens.
À 7 heures 30, je pars à Krombeke pour un bain sulfureux. J’y arrive à 10 heures. Il y a beaucoup de monde. Comme il s’agit du seul bain pour toute la division et que nous ne pouvons passer qu’à 4 hommes à la fois, je suis obligé d’attendre jusqu’à l’après-midi.
À 3 heures, j’ai terminé. Je retourne à Woesten où j’arrive bien fatigué à 5 heures 30. Je suis de garde pour parfaire l’affaire.
À 7 heures, je fais une patrouille.
Saint-Nicolas (*). Où est le bon temps de mon enfance ? Toute ma jeunesse me repasse dans la tête ! La garde se passe bien.
Au soir à 4 heures, la compagnie part aux tranchées. On vient relever notre garde à 8 heures.
Tout est calme.
(*) : Fête
des enfants en Belgique (l’équivalent du Père Noël en France)
À 2 heures, je suis de quart jusqu’à 6 heures. Nous avons des Anglais à côté de nous. Ils ont relevé les Français. Je parle avec eux du mieux que je peux.
À 2 heures de l’après-midi, je suis de quart jusqu’à 6 heures.
Tout est calme.
Même service de quart. Nous sommes trois gradés. Les autres vont au travail. Les Anglais qui sont nos voisins (il s’agit de Régiment de Cheshire) reviennent de la Somme. Ils nous racontent les combats.
Ils sont déjà allés à Loos (*) et à Messines. (**)
(*) :
Loos-en-Gohelle est une commune du département du Pas-de-Calais. Elle a subi de
violents combats pendant la première guerre mondiale. Elle a été détruite à
100%.
(**) :
Messines est une commune belge située dans la Province de Flandre Occidentale.
Même
service.
Au matin, il y a un petit
bombardement. Je fais tous les jours du thé.
Même
service.
Les
Anglais se plaignent de la guerre car la situation est très mauvaise. Les
Allemands occupent Bucarest. (*)
Lloyd
George (**) démissionne. Le ministre de la guerre russe en a fait de
même.
Pour
ma part, je vois les choses en noir. Je crois que tous les sacrifices que nous
avons faits et toutes les misères que nous avons endurées ne serviront à rien.
C’est
malheureux !
Pauvre
Belgique !
Quel
sort te réserve-t-on ?
Gardons
courage et espérons qu’un homme énergique et intelligent nous mènera à la
victoire !
Je
donne un pain à un Anglais. Les Britanniques se plaignent qu’ils ne reçoivent
pas assez de nourriture.
Au soir, les Ecossais relèvent les
Cheshire et nous nous sommes relevés par le 3 / IV. Nous allons à Eikhoek
dans la ferme où le 1° peloton se trouvait. Il y fait excessivement sale.
C'est
triste de constater qu’on n’a pas encore trouvé le moyen de faire des baraques
le long du gravier.
(*) : Le 6 décembre 1916, les Allemands s’emparent de
Bucarest qu’ils occuperont jusqu’en novembre 1918.
(**) : David Lloyd George (1863 - 1945), 1er comte Lloyd
George de Dwyfor, est un homme d'État britannique. Il fut le dernier Premier
ministre à appartenir au parti libéral. Selon les livres d’Histoire, le 6
décembre 1916, Lloyd George a quitté son poste de Ministre de la Guerre pour
devenir Premier Ministre d’un cabinet restreint de guerre.
Grand
nettoyage (bien que pour les effets il n’y ait plus grand-chose à
espérer !).
Je
reçois un colis de Mlle Perret,
de Mlle Little et d’une dame qui
m’envoie un passe-montagne.
L’aumônier
me donne, ainsi qu’à Senelle, un
bon pour nous rendre à Lourdes ainsi que 10 Frs. Mais nous ne pouvons pas
bénéficier du transport gratuit parce que nous sommes caporaux.
Il
faut dès lors attendre quelques jours pour être fixés là-dessus.
Je
vais au bain à Krombeke. Il fait très mauvais. Retour de Roppez, Hocepied et Grimonprez.
Nous
partons à Haringe où nous arrivons vers
11 heures.
Nous
sommes logés près de la route de Watou. (*)
J’arrange
un coin pour dormir à quatre : Senelle,
SeCember et Potteau. Il fait très froid dans cette
grange.
(*) : Watou est une section de la ville belge de Poperinge
située dans la province de Flandre-Occidentale.
Nous
allons au bain à Elsendamme (*).
Il
y a 3 heures de marche. Nous partons à 9
heures.
Et
il est 5 heures quand nous revenons.
Je vais souper avec Dupire à la
briqueterie.
(*) : Elsendamme est un village de Flandre Occidentale
près de Reninge.
Je
vais au bain sulfureux. Je vais beaucoup mieux. Je passe dans toutes les
compagnies du régiment pour inviter les amis pour dimanche. Je suis de garde au
cantonnement.
Il
y a exercice de bataillon mais j’en suis exempt car je suis de garde.
L’après-midi, je vais travailler.
Réunion
des amis de Mouscron. Nous allons à la messe à Roesbrugge. Puis nous
allons dîner à Haringe. Nous sommes 24. Léon Nys, Omer Goemaere
et Albert Pollet (*) sont arrivés au
dessert. J. Carette fait un
discours pour l’arrivée de Charles Hocepied
au front.
Au
nom des Mouscronnois, il félicite Léon Nys
pour le dévouement qu’il met au bien du journal. (**)
Léon
Nys répond.
Puis
nous allons tous ensemble à Roesbrugge où nous passons la soirée.
(*) : Albert Pollet,
né à Mouscron en 1891, sera ordonné prêtre à Tournai en 1920. Il meurt en 1980.
Pendant le conflit, il a été le fondateur et le premier rédacteur de L’Echo de
Mouscron.
(**) : L’Echo de Mouscron fait partie de l’abondante
presse de tranchée et est destiné aux Poilus mouscronnois.
Distribution
d’effets. Je reçois deux paires de bottines.
Après-midi, je vais travailler.
Petit
exercice.
Après-midi, je vais travailler. Je dîne
et je soupe chez l’horloger. Je suis à peu près comme chez moi.
Au matin, il y a nettoyage.
À 1 heure, il devait y avoir exercice.
Mais en raison du mauvais temps, celui-ci n’a pas lieu. Je vais travailler
toute la journée.
Il
y a nettoyage. Mais je vais travailler toute la journée.
On
forme le 6° Chasseurs avec le 3° et le 4° bataillons et une compagnie du 1°
Chasseurs. Les deux autres bataillons forment le 3° Chasseurs avec également
une compagnie du 1° Chasseurs.
Il
y a trois bataillons de trois compagnies dans chaque régiment. Hornaert et L. [..] Honeux, Crabbé major, Tassier
colonel au 6° Chasseurs.
Je
reçois un laissez-passer pour Proven. Je vais travailler.
Au soir, je comptais me rendre à Proven
avec Léon mais celui-ci ne vient pas me chercher.
Je
n’y vais pas.
Je
vais travailler toute la journée.
Au soir, le patron me donne 5 Frs et débouche
une bouteille de vin pour me remercier. J’ai vécu huit jours heureux. J’étais
là un peu en famille car nous sommes si délaissés qu’un peu d’affection nous
fait plaisir.
C’est
malheureux que deux misérables aient volé ces gens qui avaient confiance en
eux !
À 8 heures, nous partons au « Lion
Belge ».
Après-midi, je vais à Haringe
pour chercher un paquet que j’y avais laissé.
Je
vais en vélo.
Noël.
Je vais à la messe de minuit. Je communie.
Il
y a beaucoup de monde à la communion. Je me rappelle le bon temps d’autrefois.
Je souhaite une bonne fête à toute ma famille et mes bienfaiteurs.
Il
fait une véritable tempête.
Au soir, nous partons aux tranchées.
Je vais en A 15. Il y a un petit poste dont l’accès est très difficile.
Les
passerelles sont inondées et partent à la dérive.
Vers 1 heure, une patrouille allemande
vient sur notre parapet. Nous tirons.
Nous
entendons les Allemands siffler d’une rive à l’autre et s’appeler. Ensuite ils
nous crient : « Pas bon, les Belges ! ».
Ce
doit être de bonnes troupes qu’il y a devant nous car ils tirent bien et nous
ne parvenons pas à les faire taire. Je ne ferme pas l’œil pendant toute la
journée.
Au soir vers 7 heures, nous sommes
relevés par le 3° peloton. Nous allons en B 18. Le Major se trouve dans cette
tranchée.
Le
lieutenant Ruquoy est tué.
À 3 heures, je suis de quart jusqu’à 6 heures.
Puis
je le suis à nouveau de midi à 3 heures.
L’Adjudant
Deridder est le plus triste chef
de peloton que j’ai rencontré. Il ne sait pas organiser un service convenable.
Ce sont les caporaux qui ont toutes les peines. Aussi j’en ai assez du galon. J’ai envie de me faire
rétrograder. Voilà plus de deux ans que je suis caporal et je ne suis toujours
pas sergent.
Si
j’étais soldat, j’aurai déjà certainement eu un emploi.
Mais
je ne suis pas récompensé pour les services que j’ai déjà rendus.
Nous
sommes toujours en B 18.
Je
vais chez le médecin avec mon congé pour Lourdes. Le caporal Deroubaix a reçu une balle dans la
tête.
Au soir, nous retournons en A 15.
Vers 9 heures, il commence à pleuvoir. Il
fait très noir.
Il
ne cesse pas de pleuvoir durant toute la nuit. Pas plus qu’il n’y a deux jours
nous ne voyons notre chef de peloton. Il se tient dans son abri à la tranchée
de fermeture.
C’est
scandaleux !
Et
pendant ce temps, on continue à envoyer des hommes à ce petit poste au milieu
de l’eau ce qui n’est absolument pas nécessaire car de la tranchée on peut très
bien surveiller !
C’est
l’armée !
Durant
toute la journée, il pleut. C’est dur !
Est-ce
que ceux qui crient : « Jusqu’au bout ! » se doutent des
misères et des souffrances que le soldat endure ?
Courage !
Et espérons que nous aurons bientôt la victoire !
Au soir, nous sommes relevés par la
2° compagnie du 6° Chasseurs.
Le
temps est de plus en plus mauvais. Nous marchons très rapidement jusqu’à Woesten
où il y a rassemblement de la compagnie. Je suis à bout de forces et je suis
dès lors obligé de rester en arrière.
Je
veux rejoindre tout doucement le cantonnement de Westvleteren. Mais cela
m’est impossible tant je suis épuisé ! Et sur cette route d’Ypres,
seul, dans la nuit noire, je pense au bon temps d’autrefois. Je pense à ma mère
qui était aux petits soins pour moi.
Tout
ce temps passé défile dans ma tête. Et je pleure en pensant à toutes ces choses
lointaines.
Je
vais me coucher au Lion Belge dans les baraquements du 3 / 2.
Les lanciers quittent Loo et se dirigent vers Hoogstaede, après avoir été relevés par les guides. Octobre
1916
Au matin, je rejoins mon cantonnement.
Je me nettoie.
Le
cantonnement est très sale.
Au soir, je parle avec Joseph Carette et Senelle au mess de la troupe.
Au matin, il y a un commencement
d’incendie. Je vais à la messe de 7 heures.
Puis
j’écris quelques lettres. Le caporal Deroubaix
est mort. J’envoie 5 Frs à Henri Debosschère.
Après-midi, je vais à Krombeke
avec Senelle et Dejonghe.
Au soir, Dejonghe nous paye à souper.
Je
désire contacter le propriétaire
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