Carnets de guerre de Gustave TIBERGHIEN

caporal au 3°régiment belge de Chasseurs à Pied.

Année 1916

 

Mise à jour janvier 2014

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       Avertissement : La diffusion de ce journal intime destiné, en cas de mort inopinée de son auteur, exclusivement à ses parents eût été inconvenante il y a quelque 50 ans.

Mais aujourd’hui que le rédacteur de ces lignes griffonnées sur le vif est décédé depuis plus d’un demi-siècle et qu’il est entré dans l’histoire avec un grand H, cette profanation de l’intimité d’un jeune homme à peine sorti de l’adolescence et précipité dans un conflit d’envergure mondiale d’une violence exceptionnelle pour ses malheureux acteurs ne peut être perçue par les lecteurs que comme une marque de respect et de profonde admiration de la part de son petit-fils. (Michel Tiberghien)

 

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Année 1916

 

                                            

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   [le troisième carnet a été perdu par son auteur pendant le conflit]

  [Début du quatrième carnet]

 

Dimanche 18 août

Exercice dans la cour.

 

Au soir, il y a concert par la musique.

Lundi 19 août

Exercice. Le temps est très mauvais.

Mardi 20 août

Dimanche. Je vais à la messe de 11 heures.

 

L’après-midi, Maurice vient me voir. Je vais au concert.

Il y a une canonnade à Dixmude.

Mercredi 21 août

Nous nous préparons à partir le soir à 8 heures en tenue. Nous partons de piquet à la ferme Marie.

Nous sommes très fatigués.

Jeudi 22 août

Repos.

 

Au soir, nous allons travailler à la b… Il fait très sale à cause des pluies. Tout se passe bien.

Vendredi 23 août

Repos.

Au soir, même travail qu’hier. Un caporal du 1° Ligne se rend aux Allemands.

Samedi 24 août

Repos.

Au soir, nous partons aux avant-postes.

Dimanche 25 août

À 2 heures, nous arrivons à A 15 qui est devenue une belle tranchée.

Le génie travaille en avant à des défenses.

 

Au matin, je vais à la tranchée de l’Yperlee avec l’Adjudant F… et ma section. Nous avons beaucoup d’ouvrage.

 

Après-midi, il y a une alerte au […] ligne. Les Boches attaquent.

 

Au soir, je retourne à A 15.

Lundi 26 août

À 2 heures du matin, nous sommes relevés par le 2° peloton. Nous allons à B 18.

Les équipes de travailleurs ont beaucoup de difficultés. Au soir, nous remplissons 1.500 sacs.

Mardi 27 août

Je suis au repos jusqu’à 8 heures. Puis, de quart et le travail commence. Je suis enguirlandé pour les travailleurs. Nous sommes très fatigués.

Le 2° Chasseurs vient nous relever vers 11 heures 30. Nous partons au Lion Belge.

Le sergent Neyers vient à la 2° section.

Mercredi 28 août

À 7 heures, nous sommes dans les rangs. Nous partons pour Haringe. (*)

Nous arrivons vers 11 heures.

Nous avons une sale grange. Nettoyage.

 

Au soir, je vais à Roesbrugge avec Léon et Maurice.

 

(*) : Roesbrugge-Haringe est actuellement une section de la ville de Poperinge

Jeudi 29 août

Nettoyage du cantonnement.

 

À 1 heure, le peloton est de garde. Je suis exempté. Je vais travailler chez un horloger.

Vendredi 30 août

Au matin, inspection et théorie.

 

À 1 heure, je suis de garde à la ferme.

Samedi 31 août

Ma garde continue.

 

L’après-midi, je vais travailler jusqu’au soir chez l’horloger qui est le sacristain de Merkem.

Vendredi 1° septembre

Exercice par peloton.

 

Après-midi, exercice avec les grenades.

Samedi 2 septembre

Exercice du régiment avec des avions captifs et l’artillerie. Le but de l’exercice est d’assurer la liaison entre les différents commandements.

Ensuite, défilé à Krombeke pour le général qui est très content.

Aussi nous avons reçu service de dimanche lundi prochain.

Dimanche 3 septembre

Je vais à la messe de 11 heures à Roesbrugge. Ensuite, nous faisons la réunion des Mouscronnois.

Nous dînons à Haringe. Plus tard, nous allons voir la fête au 3° bataillon et nous allons souper à Roesbrugge.

 

Le soir, il y a cinéma.

Lundi 4 septembre

Au matin, théorie.

 

L’après-midi, service de dimanche. Je vais travailler chez l’horloger.

Je suis de garde mais il y a un remplaçant.

Mardi 5 septembre

Ma garde se passe bien.

 

Après-midi, je vais travailler.

 

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Poste de commandement dans une tranchée belge le long de l'Yser

Mercredi 6 septembre

Nous allons au bain à Roesbrugge. Ce n’est pas très pratique, le bain !

Arrivée d’un nouveau capitaine (Henri).

 

Après-midi, exercice de gymnastique.

Jeudi 7 septembre

Présentation de la compagnie au nouveau capitaine qui, d’après ce que l’on dit, est un homme de guerre.

 

Après-midi, il n’y a rien à faire à la compagnie.

Vendredi 8 septembre

Distribution d’effets. Je change de peloton. Je passe à la 4° section.

 

Au matin, j’ai communié à l’occasion de la fête de la Vierge. (*)

 

À 1 heure, je suis de garde à Roesbrugge avec le lieutenant Valcke. Service d’ordonnance.

 

(*) : Le 8 septembre se célèbre la Fête de la Nativité de la Vierge.

Samedi 9 septembre

Je souhaite une bonne fête à mon cher père. Je formule pour lui des vœux de bonheur sur cette terre. Ma garde se passe bien.

 

À 1 heure, nous sommes relevés.

 

À 3 heures, il y a solde et l’on se prépare pour partir. Je dis au revoir à l’horloger qui a été très aimable avec moi.

Dimanche 10 septembre

Départ à 7 heures. La musique et le drapeau accompagnent le bataillon. Nous allons à Eikhoeck dans la même ferme que la dernière fois.

 

Après-midi, nous jouons à la balle.

Lundi 11 septembre

Exercice de gymnastique.

 

Après-midi, le lieutenant Vanline fait une conférence sur la guerre au moyen de la carte. C’est très intéressant !

Ensuite je fais quelques parties de balle.

Mardi 12 septembre

Inspection du Major qui félicite le lieutenant Valcke pour son peloton.

 

Après-midi, repos.

 

Au soir, nous allons travailler. Nous sommes conduits en auto. Nous creusons une tranchée pour un câble téléphonique. Nous rentrons à 1 heure.

Mercredi 13 septembre

Au matin, repos.

 

À 1 heure, je suis de garde au cantonnement.

 

Au soir, je vais souper à Krombeke avec J. Carette.

Jeudi 14 septembre

Ma garde continue.

 

Après-midi, je vais à Westvleteren. Je vais au mess des soldats qui est très bien.

Vendredi 15 septembre

Au matin, exercice.

 

Après-midi, repos. Je me prépare pour partir aux tranchées.

 

À 9 heures, départ. Nous allons en B 17 avancé. Je suis détaché avec six hommes au Boyau du Calligue.

Samedi 16 septembre

Tout se passe très bien.

 

Au soir, nous allons en À 14. Je suis au poste d’écoute avec trois hommes. Nous avons des grenades et un poignard. Nous devons passer dans un petit trou dans le parapet et en-dessous de fils de fer.

Dimanche 17 septembre

Au jour, je rentre dans la tranchée. La journée se passe bien. Pauwels est tué à l’écluse. Meyers, Verdoologhe et Vandaele sont blessés.

 

Au soir, je retourne à mon poste. Il fait très noir. La 4° compagnie nous relève.

Nous allons au piquet près de la Ferme du Canada. (*)

 

(*) : Lieu-dit au nord d’Ypres.

Lundi 18 septembre

La journée est calme.

 

Au soir, mon peloton va faire la corvée en B 16. En B 16 avancé, nous allons porter le ciment, des rails et du gravier pour construire un abri.

Tout se passe bien.

Mardi 19 septembre

Nous sommes de piquet.

Au soir, nous allons au travail près d’A 12 élargi dans un boyau. Il pleut. Il fait très noir.

Ensuite nous retournons à Woesten en demi-repos.

Mercredi 20 septembre

Nettoyage du linge.

Au soir à 17 heures, je suis de garde à la maison communale.

Jeudi 21 septembre

Au matin, Joffre et le Roi passent. Ils vont au « Canada » pour faire une inspection.

 

Au soir, nous partons aux tranchées. Mon peloton est à C 6 et 7. J’apprends que Hocepied est blessé.

 

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Rencontre entre le Maréchal Joffre et le Roi Albert I°

Vendredi 22 septembre

La journée se passe bien.

 

Au soir, nous allons remplir 1.000 sacs en A 8 et ensuite nous transportons un abri en C 9.

Samedi 23 septembre

Quelques obus sont tirés sur Boesinghe.

 

Au soir, même travail qu’hier. En rentrant du travail, je suis de quart.

Dimanche 24 septembre

La journée est calme. J’apprends la mort de Cyrille Herman.

 

Au soir, même travail.

Lundi 25 septembre

Bonne journée.

Au soir, même travail.

 

À 11 heures 30, nous sommes relevés. Nous partons pour le boyau des ponts pour aller cantonner à Eikhoek dans la même ferme que l’autre jour.

La cuisine n’arrive qu’à 5 heures.

À notre arrivée, nous n’avons ni café ni pain.

Mardi 26 septembre

Nettoyage. Distribution d’effets. Je reçois un pantalon.

 

Au soir, je vais à Westvleteren.

Mercredi 27 septembre

Au matin, visite générale chez le médecin puis solde.

 

Au soir, je suis de garde. Ma sentinelle se trouve sur le chemin de Poperinge.

Jeudi 28 septembre

Nous allons au bain à Elzentap.

 

L’après-midi, jeux.

 

Au soir, nous sortons avec quelques camarades. Nous allons au-dessus de la ferme de la 1/1. Nous nous amusons à chanter.

Vendredi 29 septembre

Inspection des effets et des armes par le lieutenant Valcke.

 

Après-midi à 7 heures, nous partons aux tranchées. Mon peloton est à l’écluse (A 11). Tout est bouleversé par les obus et les bombes. La nuit est bonne.

Samedi 30 septembre

La journée est calme. Deb… reçoit une balle dans son casque.

 

Au soir, nous sommes relevés par le 1° peloton. Nous allons à B 16 et 17. Je suis de quart en arrivant.

Dimanche 1° octobre

À 8 heures du matin, un de nos avions abat un captif boche.

 

Au soir à 5 heures, notre captif est abattu par un allemand. L’Adjudant Max de Bruxelles est descendu en parachute. […] du soldat ayant pris feu, le malheureux s’est tué.

Le Roi et le général sont arrivés sur les lieux.

 

Au soir, nous sommes relevés par la 4° Cie. Nous allons au piquet à Elverdinge (*) dans une ferme (Ferme du Nègre) (**) près de la ligne des F.

 

(*) : Elverdinge est aujourd’hui une section de la ville d’Ypres.

(**) : Lieu-dit au nord d’Ypres.

Lundi 2 octobre

Il pleut toute la journée. Il y a solde.

 

Au soir, il n’y a pas de travail car le temps est très mauvais.

Mardi 3 octobre

La journée est mauvaise.

 

À 5 heures, je pars avec le peloton à Woesten pour la garde. Tout se passe bien.

Mercredi 4 octobre

À 6 heures, nous sommes relevés par le 2° Chasseurs.

 

À 7 heures, nous partons au rassemblement du bataillon. Les officiers se trompent de route. Nous partons à Roesbrugge. Nous sommes logés dans les champs.

 

Au soir, je vais dire bonjour chez l’horloger.

 

Description : Description : Description : Description : Description : Description : H:\Photos 1° guerre mondiale\2070.jpg

Soldats belges en plein repas

Jeudi 5 octobre

Les hommes partent en congé. Nous nettoyons. Je vais travailler.

Vendredi 6 octobre

Nous ne faisons pas grand-chose.

Beaucoup d’hommes vont travailler aux champs. Dubuisson et Maton sont partis en congé.

De ce fait, je suis le seul gradé de ma section.

 

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La culture de jardins potagers à Pervyse (août 1917)

Samedi 7 octobre

Même exercice qu’hier. Je vais travailler dès que j’ai le temps.

Dimanche 8 octobre

Je vais à la messe de 11 heures à Roesbrugge avec les Mouscronnois.

Ensuite nous allons dîner à Haringe avec Vergote, Vanost, […], Demets, Delespaux, Vancraynest, Desmet, Proye ( ?).

Nous nous amusons toute la journée ensemble.

 

Au soir, nous soupons à Roesbrugge. Léon Nys devait venir.

Lundi 9 octobre

Exercice de compagnie près de la zone anglaise.

 

Après-midi, je vais travailler.

Mardi 10 octobre

Exercice de régiment. Le bataillon est en embuscade en « casquette ». Il faut défendre la tête de pont de Roesbrugge. Les trois autres bataillons attaquent.

Ensuite, défilé et retour au cantonnement.

 

Après-midi, repos.

Mercredi 11 octobre

Théorie et inspection (histoire de tenir les hommes !)

Jeudi 12 octobre

Exercice d’attaque : le 3° peloton contre le 2°. Théorie sur les gaz.

Vendredi 13 octobre

Rien à faire durant toute la journée.

Les hommes rentrent de congé avec un jour de retard.

Samedi 14 octobre

J’ai un laissez-passer pour Proven. Je vais communier puis j’en profite pour aller travailler durant toute la journée.

Victor Demets dîne et soupe avec moi. Je reçois un billet pour ma peine.

Les gens sont très gentils avec moi.

Dimanche 15 octobre

Rassemblement à 7 heures. Nous partons au Lion Belge. (*)

 

À 11 heures, je vais à la messe. La marche est très dure.

 

Après-midi, inspection des armes et des cheveux.

 

Au soir, je vais avec Joseph chez le marbrier Van Duren pour saluer des camarades.

 

(*) : Lieu-dit au nord d’Ypres.

Lundi 16 octobre

Je suis de garde.

 

Au soir, je fais quelques parties de dames.

Durant la nuit, violent bombardement.

Mardi 17 octobre

Inspection des armes.

 

Au soir, le lieutenant Valcke nous dit au revoir. Il part pour donner l’instruction aux rappelés.

Nous partons aux tranchées en B 18 nord.

L’Adjudant Deridder commande le peloton et le sergent Dejonghe vient au 2° peloton comme adjoint. Je suis de quart en arrivant.

Il pleut toute la nuit.

Mercredi 18 octobre

La matinée est calme.

 

L’après-midi, nous sommes bombardés. Pas de blessés.

 

Au soir, on part en A 16.

Il ne cesse pas de pleuvoir.

Jeudi 19 et Vendredi 20 octobre

Il pleut toujours. Nous sommes trempés comme une soupe. Nous grelottons.

 

Au soir, nous sommes relevés à 9 heures 30. Nous arrivons en C 20 à 10 heures 15.

 

À 11 heures 30, nous partons travailler en A 16 afin de réparer les éboulements. Nous rentrons à C. à 7 heures du matin.

 

À 9 heures, je suis de quart jusqu’à midi. Le sergent Dubuisson part à Criel (*) pour l’instruction des mitrailleurs.

 

Au soir, nous partons travailler au boyau de la Bouche. Puis de la tranchée de l’Yperlee […], nous partons au piquet de la Belle Vue.

J’ai un abri assez confortable.

 

(*) : Criel-sur-Mer est une commune française du département de Seine Maritime. Elle fut un centre d’instruction belge durant la Première Guerre Mondiale.

 

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Souvenir de la section des mitrailleuses 3ème de ligne 4/3. Criel 30/04/16

Samedi 21 octobre

Repos bien mérité.

 

Au soir, nous allons travailler au boyau de la bouche. Nous jetons des terres le long des claies.

Dimanche 22 octobre

Nous avons repos.

 

Après-midi, solde.

 

Au soir, nous allons travailler au boyau de la bouche entre B. et l’Yperlee.

Le caporal Matton reçoit une balle dans la cuisse. Je dois m’occuper de ses affaires. Au moment de partir, nous entendons les trompes et klaxons du côté anglais.

Nous mettons nos masques et nous donnons l’alerte pour les gaz. L’alerte se termine sans accident.

Lundi 23 octobre

Je vais au poste de secours avec Vandenauthe.

 

Au soir, nous allons travailler à la tranchée de fermeture. Nous remplissons des sacs.

Puis nous revenons au piquet. Nous sommes relevés.

Nous partons au Lion Belge.

Mardi 24 octobre

Nettoyage. Visite générale chez le médecin. Inspection des armes.

Mercredi 25 octobre

Théorie.

Après-midi, je vais avec Joseph Carette à Westvleteren pour porter quelques objets. Nous buvons une chope avec Léon Duthoit et Maurice Vandenbroucke.

Jeudi 26 octobre

Repos.

Au soir, nous partons aux tranchées. Nous allons à B 18 sud. La 3° section va en renfort en A 15. Il fait très mauvais.

Vendredi 27 et Samedi 28 octobre

Il pleut toute la journée.

Au soir, nous allons aux avant-postes en A 14. Il fait froid. Je suis debout jusqu’à 10 heures.

 

À 11 heures 30, les Boches lancent des bombes. Ils ont cinq lance-bombes en action. Nous nous plaçons du mieux que nous pouvons.

 

Au soir, nous sommes relevés par le 3° peloton. Ma section va en B 13, la 3° en C.

Dimanche 29 octobre

À 2 heures, je suis de quart jusqu’à 6 heures 30.

 

À 7 heures, nous partons en C.

 

À 9 heures, je vais au bureau pour obtenir mon congé.

 

À midi, je suis de quart jusqu’à 3 heures.

 

À 4 heures 30, nous allons travailler : 1.000 sacs à remplir en A 15.

 

Au soir, nous partons de piquet (Belle Vue).

Lundi 30 octobre

Repos.

Au soir, nous allons remplir et vider 1.500 sacs en A 15.

Mardi 31 octobre

Les hommes qui sont en congé passent la visite chez le médecin au poste de secours de ma compagnie.

 

Au soir, nous faisons des corvées : transport de gravier, de sable, de gabions (*), de sacs et de quelque chose de magnifique appelé « cage à poule ».

 

Ce sont des carcasses de 6 mètres de long sur 2 mètres de large et 2 mètres de haut. Il fallait transporter cela en B 17 et en A 16 par de mauvais boyaux. C’est scandaleux !

Il a fallu les démonter.

 

(*) : Le gabion désigne une sorte de casier, le plus souvent fait de solides fils de fer tressés et contenant des pierres.

Mercredi 1° novembre

Je souhaite une bonne fête de Toussaint à mes chers parents, à ma famille et à tous ceux qui me font du bien. Je pense également à tous ces braves soldats morts pour le pays et à ceux qui sont morts au pays à cause de l’invasion.

Je prie pour eux.

 

Au soir, il y a un violent bombardement. Nous sommes en alerte. Nous allons travailler en A.

Puis le 4° bataillon nous relève. Nous sommes à Westvleteren.

Il fait très sale dans la ferme où nous allons.

Jeudi 2 novembre

Je me prépare à partir en congé. J’ai beaucoup d’ouvrage pour me nettoyer.

 

Au soir, je vais chercher des marchandises au village.   

Vendredi 3 novembre

À 4 heures, réveil. Les hommes qui partent en congé partent pour prendre le train à Waayenburg. Nous mettons nos vieilles bottines. Nous changeons de chaussures à la gare.

Nous arrivons à Calais à 12 heures. Il n’y a pas de bateau aujourd’hui. Je me promène avec David. Nous allons voir le port belge.

Nous voyons des Allemands travailler.

 

Au soir, nous allons coucher à l’hôtel de ville.

Samedi 4 novembre

Au matin, nous allons déjeuner au mess militaire. Puis nous faisons une promenade.

 

À 3 heures, nous allons au bateau. Beaucoup d’hommes ne peuvent pas embarquer.

 

À 5 heures, nous quittons Calais. La mer est assez agitée. Il y a beaucoup de malades.

 

À 7 heures 30, nous arrivons à Folkestone. Nous avions tous un gilet de sauvetage.

 

À 8 heures 30, nous quittons la ville pour Londres où nous arrivons à 11 heures 30.

Ensuite je vais à Wandsworth. Je cherche la rue où habite mon cousin.

Enfin je la trouve ! Il est 12 heures 30. Tout le monde est couché.

Je suis reçu à bras ouverts comme un vrai fils de la maison !

Dimanche 5 novembre

Je vais à la messe avec Marie. Ensuite, je vais saluer les Little. Je reçois un imperméable. Cousin Oscar doit sortir.

Moi, je ne sors plus car le temps est très mauvais.

Nous parlons de choses et d’autres.

Lundi 6 novembre

Je vais à Londres au General Building pour faire signer mon congé.

 

Après-midi, je vais voir Mme Steyaert avec cousin. Cette dame est très gentille.

 

Au soir, Fidèle vient chez cousin.

Mardi 7 novembre

Au matin, je parle avec cousin et cousine.

 

Au soir vers 4 heures, je vais chez Little pour prendre le thé.

Ensuite, nous allons au théâtre à Balham (*) où Marie nous attend. Bien que je ne comprenne pas l’anglais (mais avec mes traducteurs, je comprends quand même le sens de la pièce), je m’amuse très bien.

En revenant, Mlle Muriel (**) me parle de la vie de l’hôpital.

 

(*) : Balham est un faubourg au sud-ouest de Londres.

(**) : Mlle Muriel Little était la marraine de guerre anglaise de Gustave Tiberghien.

 

Mercredi 8 novembre

Je vais dîner chez Steyaert où je suis très bien reçu.

 

Après-midi, je vais visiter l’usine Pelabon.

Ensuite je vais au cinéma avec le petit René. Plus tard je retourne souper. Nous parlons un peu de la guerre et de la vie dans les tranchées.

Monsieur est souffrant. Ce sont de très braves gens qui pensent aux soldats.

Raymond me conduit jusqu’au pont Richmond.

Chez cousin, nous discutons assez tard.             

Jeudi 9 novembre

Je suis photographié par Raymond.

 

Vers 10 heures 30, nous allons à Londres.

Durant l’après-midi, nous allons avec Mlle Wildrette Little au bureau de son père pour voir le cortège du Lord Maire. (*)

C’est très intéressant.

 

Au soir, Mme Steyaert accompagnée de ses fils vient souper chez cousin. Fidèle vient également.

Après le départ de Mme Steyaert qui m’avait apporté un petit paquet et une bonne paire de bottines, je vais faire mes bagages. Cousin et cousine me comblent de bonnes choses.

Ensuite je pars avec Fidèle pour loger chez lui car il habite plus près de la gare de Victoria. En quittant cousin et cousine, je suis assez triste car ce sont vraiment mes « parents de guerre ».

Je suis chez eux comme un fils. Aussi toute ma vie, je leur devrai beaucoup de reconnaissance pour tous les bienfaits qu’ils m’ont témoignés.

Il est plus de minuit lorsque nous arrivons dans l’appartement de Fidèle.

 

(*) : Chaque année, le deuxième samedi de novembre, le lord maire de la City de Londres fait son « show ».

 

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Lord's Mayor Show 1916

Vendredi 10 novembre

À 4 heures 15, je me lève. Fidèle fait une bonne tasse et ensuite nous partons à la gare car le train est à 5 heures 15. Je quitte Fidèle.

Arrivé à Folkestone, je me promène sur la plage avec Raoul.

 

Au soir, nous allons manger au mess des soldats anglais. Puis j’écris quelques lettres.

Nous allons nous coucher au ring.

Samedi 11 novembre

À 10 heures, nous embarquons.

La traversée est excellente. Nous arrivons à 1 heure à Calais.

 

À 4 heures 30, nous avons un train. Mais à cause d’un déraillement sur la ligne, nous sommes obligés de faire un détour. Et il est minuit lorsque nous arrivons à Waayenburg. Nous retournons au cantonnement sur la route de Proven.

Je suis très fatigué.

Dimanche 12 novembre

Je vais à la messe à la 1/1.

À 2 heures, il y a vaccination.

 

Au soir, je vais à Proven avec Léon Duthoit pour saluer chez Mr. Meeuws, Mlle Alice que j’ai connue chez Nuttin à Mouscron.

Lundi 13 novembre ;

Je souffre de mon épaule et j’ai une forte fièvre. Je suis bien malade.

 

Au soir, Maurice vient me voir.

Mardi 14 novembre

Je suis exempt de service car je suis encore un peu malade.

 

Au soir, je vais voir Léon et Maurice. Un de nos captifs est brûlé par un aviateur allemand. Les hommes descendent en parachute.

Mercredi 15 novembre

Fête du Roi.

On nous fait des discours patriotiques. Puis je vais avec Maurice à Roesbrugge pour assister au Te Deum. Mais nous arrivons trop tard. Nous allons dîner.

 

L’après-midi, nous allons chez le bourgmestre où les demoiselles connaissent Maurice. Nous parlons en buvant un verre de vin.

Puis nous allons à Haringe pour saluer l’horloger. Nous goûtons et nous revenons à Roesbrugge. Nous allons à « L’Aigle ».

Ensuite nous retournons à notre cantonnement.

La Ferme du Canada est en feu. Je suis de garde mais je me fais remplacer jusqu’au soir.

Jeudi 16 novembre

Je continue ma garde jusqu’à 1 heure. La compagnie fait un exercice d’attaque. C’est une vraie barbe !

Le capitaine fait faire du mannequin aux hommes.

 

Après-midi, je vais avec Joseph Carette saluer Léon et Maurice.

Vendredi 17 novembre

Nous faisons une fois encore le même exercice qu’hier.

 

Au soir, Léon et Maurice viennent me voir.

Samedi 18 novembre

Au matin, nous nous préparons pour partir. Le temps est mauvais. Les hommes qui doivent remplacer la garde à Woesten partent à 1 heure. Je suis du nombre. Il ne cesse pas de pleuvoir.

Je loge avec quelques hommes du 1° ligne et avec Dubuisson dans ma petite place. J’apprends qu’au 1° ligne (*), il y a des officiers qui sont dégradés parce que certains de leurs hommes ont bavardé avec des Allemands.

 

(*) : 1e régiment de ligne.

Dimanche 19 novembre

À 7 heures, nous relevons la garde du 1° Ligne.

 

Vers 10 heures, la compagnie arrive.

 

À 5 heures, la garde est relevée. J’ai eu un problème parce que la sentinelle n’a pas présenté l’arme au colonel du 1° Ligne.

 

Au soir, nous allons à la « Ville de Roubaix ».

Lundi 20 novembre

Nous recevons des biscuits à la place du pain.

 

Après-midi vers 4 heures, nous partons aux tranchées. Le peloton va en B 13. Il y a trop peu d’abris. Nous sommes entassés à huit dans chaque abri.

On ne peut pas dormir.

Mardi 21 novembre

La nuit s’est bien passée.

La journée est calme. Nous faisons du feu. Les hommes travaillent par équipes jour et nuit.

Mercredi 22 novembre

Biscuit et un quart de pain deux fois tous les trois jours.

Les hommes rouspètent. La journée est calme.

 

Au soir, nous partons en désordre pour le boyau rouge en C 8. Là aussi nous sommes entassés les uns sur les autres. Le capitaine a fait une distribution de punitions parce qu’il y avait des fusils à l’extérieur des abris.

Nous allons travailler en B 12.

Jeudi 23 novembre

Journée calme. Le service n’est pas trop rude.

 

Au soir, les hommes vont travailler en B 12. Je reste là pour assurer la garde.

Vendredi 24 novembre

Même journée qu’hier mais je ne parviens pas à fermer l’œil à cause d’une inflammation. J’ai le corps couvert de boutons.

 

Après-midi, nous allons travailler en B 12.

Strobbe trouve au moins 5 Frs en pièces de 2 centimes en vidant les sacs. L’adjudant circule sur le parapet alors qu’il y a des fusées. Les Boches nous voient sans doute car une mitrailleuse tire sur nous. Je ne comprends pas comment il n’y a aucun blessé.

Au retour dans les boyaux, nous rencontrons déjà la relève. Nous n’avons pas le temps de manger car il nous faut déjà partir. Nous marchons comme des voleurs jusqu’à Woesten.

Puis après une halte horaire, nous arrivons à Eikhoek où nous nous enfonçons jusqu’aux genoux pour atteindre la ferme où nous devons loger.

C’est scandaleux de pareil cantonnement !

Samedi 25 novembre

Je vais à la visite pour mes démangeaisons. Je vais au bain sulfureux à Krombeke.

 

Au soir, je vais chez Angèle. Arrivée de Hooghe.

Dimanche 26 novembre

Je vais à la messe dans la ferme Peperstraeten.

 

Au soir, nous allons avec quelques amis chez les cousines des habitants de la ferme où le 2° peloton était logé à Krombeke. Nous chantons quelques morceaux.

Lundi 27 novembre

Je vais à la visite. Je retourne au bain sulfureux.

 

Au soir, j’écris toute la soirée.

Mardi 28 novembre

Au matin, inspection en tenue de mobilisation.

 

Après-midi à 2 heures 30, départ par bataillon. Ma compagnie va en A 11 et A 13. Puis une section va en B 17 avancé. Mon peloton va en B 17.

Nous arrivons à 7 heures 30 (5 heures le sac au dos !).

Mercredi 29 novembre

La nuit a été calme.

Au matin, nous allons par section travailler en B 17 avancé. Il y a du brouillard. La journée est calme.

 

Au soir, quelques bombes tombent en A 17 où vers 6 heures nous allons relever le 1° peloton.

Jeudi 30 novembre

La journée est calme. Il y a ici de magnifiques tranchées. De ce fait, tous les jours et sans arrêt, il y a des équipes de travailleurs.

 

Au soir, nous sommes relevés par le 1 / 4.

Nous allons à la ferme Roussel qui n’existe que de nom. Nous avons de mauvais abris et il fait très sale.             

Vendredi 1° décembre

Vive Saint Eloi. C’est le cri au réveil.

À 6 heures 30, ma section va travailler en A 11 jusqu’à 9 heures. Puis la 3° section y va à son tour. Je vais à la visite.

 

Durant la nuit à 2 heures, violent bombardement sur le front anglais.

Samedi 2 décembre

À 6 heures 30, nous allons au travail. L’Adjudant m’exempte. Il gèle. Je retourne à la visite.

 

À 2 heures, je pars à Woesten pour la garde de la maison communale.

Dimanche 3 décembre

Je ne suis pas allé à la messe car le service est très difficile. Nous avons beaucoup de difficultés pour faire respecter les consignes. J’arrête l’auto de Monsieur le Ministre Poullet (*) qui me présente son laissez-passer.

 

Au soir à 5 heures, je suis relevé de garde. Léon Nys est venu me saluer. Nous avons discuté de choses et d’autres.

 

(*) : Prosper Antoine, vicomte Poullet (1868 - 1937) était un homme politique belge appartenant à l'aile Démocrate chrétienne du Parti catholique. Il entama sa carrière politique comme député en 1908. Il occupa les fonctions de Premier ministre de 1925 à 1926.

Lundi 4 décembre

Nettoyage des cantonnements. Il y a inspection du colonel. Mais celui-ci ne vient pas.

 

Au soir, j’écris au corps de garde jusqu’à 11 heures. Arrivée du 1° sergent-major Marissens.

Mardi 5 décembre

À 7 heures 30, je pars à Krombeke pour un bain sulfureux. J’y arrive à 10 heures. Il y a beaucoup de monde. Comme il s’agit du seul bain pour toute la division et que nous ne pouvons passer qu’à 4 hommes à la fois, je suis obligé d’attendre jusqu’à l’après-midi.

 

À 3 heures, j’ai terminé. Je retourne à Woesten où j’arrive bien fatigué à 5 heures 30. Je suis de garde pour parfaire l’affaire.

 

À 7 heures, je fais une patrouille.

Mercredi 6 décembre

Saint-Nicolas (*). Où est le bon temps de mon enfance ? Toute ma jeunesse me repasse dans la tête ! La garde se passe bien.

 

Au soir à 4 heures, la compagnie part aux tranchées. On vient relever notre garde à 8 heures.

Tout est calme.

 

(*) : Fête des enfants en Belgique (l’équivalent du Père Noël en France)

Jeudi 7 décembre

À 2 heures, je suis de quart jusqu’à 6 heures. Nous avons des Anglais à côté de nous. Ils ont relevé les Français. Je parle avec eux du mieux que je peux.

 

À 2 heures de l’après-midi, je suis de quart jusqu’à 6 heures.

Tout est calme.

 

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Vendredi 8 décembre

Même service de quart. Nous sommes trois gradés. Les autres vont au travail. Les Anglais qui sont nos voisins (il s’agit de Régiment de Cheshire) reviennent de la Somme. Ils nous racontent les combats.

Ils sont déjà allés à Loos (*) et à Messines. (**)

 

(*) : Loos-en-Gohelle est une commune du département du Pas-de-Calais. Elle a subi de violents combats pendant la première guerre mondiale. Elle a été détruite à 100%.

(**) : Messines est une commune belge située dans la Province de Flandre Occidentale.

 

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Samedi 9 décembre

Même service.

Au matin, il y a un petit bombardement. Je fais tous les jours du thé.

Dimanche 10 décembre

Même service.

Les Anglais se plaignent de la guerre car la situation est très mauvaise. Les Allemands occupent Bucarest. (*)

Lloyd George (**) démissionne. Le ministre de la guerre russe en a fait de même.

 

Pour ma part, je vois les choses en noir. Je crois que tous les sacrifices que nous avons faits et toutes les misères que nous avons endurées ne serviront à rien.

C’est malheureux !

Pauvre Belgique !

Quel sort te réserve-t-on ?

Gardons courage et espérons qu’un homme énergique et intelligent nous mènera à la victoire !

Je donne un pain à un Anglais. Les Britanniques se plaignent qu’ils ne reçoivent pas assez de nourriture.

 

Au soir, les Ecossais relèvent les Cheshire et nous nous sommes relevés par le 3 / IV. Nous allons à Eikhoek dans la ferme où le 1° peloton se trouvait. Il y fait excessivement sale.

C'est triste de constater qu’on n’a pas encore trouvé le moyen de faire des baraques le long du gravier.

 

(*) : Le 6 décembre 1916, les Allemands s’emparent de Bucarest qu’ils occuperont jusqu’en novembre 1918.

 

(**) : David Lloyd George (1863 - 1945), 1er comte Lloyd George de Dwyfor, est un homme d'État britannique. Il fut le dernier Premier ministre à appartenir au parti libéral. Selon les livres d’Histoire, le 6 décembre 1916, Lloyd George a quitté son poste de Ministre de la Guerre pour devenir Premier Ministre d’un cabinet restreint de guerre.

Lundi 11 décembre

Grand nettoyage (bien que pour les effets il n’y ait plus grand-chose à espérer !).

Je reçois un colis de Mlle Perret, de Mlle Little et d’une dame qui m’envoie un passe-montagne.

L’aumônier me donne, ainsi qu’à Senelle, un bon pour nous rendre à Lourdes ainsi que 10 Frs. Mais nous ne pouvons pas bénéficier du transport gratuit parce que nous sommes caporaux.

Il faut dès lors attendre quelques jours pour être fixés là-dessus.

Mardi 12 décembre

Je vais au bain à Krombeke. Il fait très mauvais. Retour de Roppez, Hocepied et Grimonprez.

Mercredi 13 décembre

Nous partons à Haringe où nous arrivons vers 11 heures.

Nous sommes logés près de la route de Watou. (*)

J’arrange un coin pour dormir à quatre : Senelle, SeCember et Potteau. Il fait très froid dans cette grange.

 

(*) : Watou est une section de la ville belge de Poperinge située dans la province de Flandre-Occidentale.

Jeudi 14 décembre

Nous allons au bain à Elsendamme (*).

Il y a 3 heures de marche. Nous partons à 9 heures.

 

Et il est 5 heures quand nous revenons. Je vais souper avec Dupire à la briqueterie.

 

(*) : Elsendamme est un village de Flandre Occidentale près de Reninge.

Vendredi 15 décembre

Je vais au bain sulfureux. Je vais beaucoup mieux. Je passe dans toutes les compagnies du régiment pour inviter les amis pour dimanche. Je suis de garde au cantonnement.

Samedi 16 décembre

Il y a exercice de bataillon mais j’en suis exempt car je suis de garde.

 

L’après-midi, je vais travailler.

Dimanche 17 décembre

Réunion des amis de Mouscron. Nous allons à la messe à Roesbrugge. Puis nous allons dîner à Haringe. Nous sommes 24. Léon Nys, Omer Goemaere et Albert Pollet (*)  sont arrivés au dessert. J. Carette fait un discours pour l’arrivée de Charles Hocepied au front.

Au nom des Mouscronnois, il félicite Léon Nys pour le dévouement qu’il met au bien du journal. (**)

Léon Nys répond.

Puis nous allons tous ensemble à Roesbrugge où nous passons la soirée.

 

(*) : Albert Pollet, né à Mouscron en 1891, sera ordonné prêtre à Tournai en 1920. Il meurt en 1980. Pendant le conflit, il a été le fondateur et le premier rédacteur de L’Echo de Mouscron.

(**) : L’Echo de Mouscron fait partie de l’abondante presse de tranchée et est destiné aux Poilus mouscronnois.

Lundi 18 décembre

Distribution d’effets. Je reçois deux paires de bottines.

 

Après-midi, je vais travailler.

Mardi 19 décembre

Petit exercice.

Après-midi, je vais travailler. Je dîne et je soupe chez l’horloger. Je suis à peu près comme chez moi.

Mercredi 20 décembre

Au matin, il y a nettoyage.

 

À 1 heure, il devait y avoir exercice. Mais en raison du mauvais temps, celui-ci n’a pas lieu. Je vais travailler toute la journée.

Jeudi 21 décembre

Il y a nettoyage. Mais je vais travailler toute la journée.

On forme le 6° Chasseurs avec le 3° et le 4° bataillons et une compagnie du 1° Chasseurs. Les deux autres bataillons forment le 3° Chasseurs avec également une compagnie du 1° Chasseurs.

Il y a trois bataillons de trois compagnies dans chaque régiment. Hornaert et L. [..] Honeux, Crabbé major, Tassier colonel au 6° Chasseurs.

Vendredi 22 décembre

Je reçois un laissez-passer pour Proven. Je vais travailler.

 

Au soir, je comptais me rendre à Proven avec Léon mais celui-ci ne vient pas me chercher.

Je n’y vais pas.

Samedi 23 décembre

Je vais travailler toute la journée.

Au soir, le patron me donne 5 Frs et débouche une bouteille de vin pour me remercier. J’ai vécu huit jours heureux. J’étais là un peu en famille car nous sommes si délaissés qu’un peu d’affection nous fait plaisir.

C’est malheureux que deux misérables aient volé ces gens qui avaient confiance en eux !

Dimanche 24 décembre

À 8 heures, nous partons au « Lion Belge ».

 

Après-midi, je vais à Haringe pour chercher un paquet que j’y avais laissé.

Je vais en vélo.

Lundi 25 décembre

Noël. Je vais à la messe de minuit. Je communie.

Il y a beaucoup de monde à la communion. Je me rappelle le bon temps d’autrefois. Je souhaite une bonne fête à toute ma famille et mes bienfaiteurs.

Il fait une véritable tempête.

 

Au soir, nous partons aux tranchées. Je vais en A 15. Il y a un petit poste dont l’accès est très difficile.

Les passerelles sont inondées et partent à la dérive.

 

Description : Description : Description : Description : Description : Description : H:\Photos 1° guerre mondiale\Les lieux\Ramscapelle tranchee sur pilotis.jpg

Mardi 26 décembre

Vers 1 heure, une patrouille allemande vient sur notre parapet. Nous tirons.

Nous entendons les Allemands siffler d’une rive à l’autre et s’appeler. Ensuite ils nous crient : « Pas bon, les Belges ! ».

Ce doit être de bonnes troupes qu’il y a devant nous car ils tirent bien et nous ne parvenons pas à les faire taire. Je ne ferme pas l’œil pendant toute la journée.

 

Au soir vers 7 heures, nous sommes relevés par le 3° peloton. Nous allons en B 18. Le Major se trouve dans cette tranchée.

Le lieutenant Ruquoy est tué.

Mercredi 27 décembre

À 3 heures, je suis de quart jusqu’à 6 heures.

Puis je le suis à nouveau de midi à 3 heures.

L’Adjudant Deridder est le plus triste chef de peloton que j’ai rencontré. Il ne sait pas organiser un service convenable. Ce sont les caporaux qui ont toutes les peines. Aussi j’en ai assez du galon. J’ai envie de me faire rétrograder. Voilà plus de deux ans que je suis caporal et je ne suis toujours pas sergent.

Si j’étais soldat, j’aurai déjà certainement eu un emploi.

Mais je ne suis pas récompensé pour les services que j’ai déjà rendus.

Jeudi 28 décembre

Nous sommes toujours en B 18.

Je vais chez le médecin avec mon congé pour Lourdes. Le caporal Deroubaix a reçu une balle dans la tête.

 

Au soir, nous retournons en A 15.

 

Vers 9 heures, il commence à pleuvoir. Il fait très noir.

Vendredi 29 décembre

Il ne cesse pas de pleuvoir durant toute la nuit. Pas plus qu’il n’y a deux jours nous ne voyons notre chef de peloton. Il se tient dans son abri à la tranchée de fermeture.

C’est scandaleux !

Et pendant ce temps, on continue à envoyer des hommes à ce petit poste au milieu de l’eau ce qui n’est absolument pas nécessaire car de la tranchée on peut très bien surveiller !

C’est l’armée !

 

Durant toute la journée, il pleut. C’est dur !

Est-ce que ceux qui crient : « Jusqu’au bout ! » se doutent des misères et des souffrances que le soldat endure ?

Courage ! Et espérons que nous aurons bientôt la victoire !

 

Au soir, nous sommes relevés par la 2° compagnie du 6° Chasseurs.

Le temps est de plus en plus mauvais. Nous marchons très rapidement jusqu’à Woesten où il y a rassemblement de la compagnie. Je suis à bout de forces et je suis dès lors obligé de rester en arrière.

Je veux rejoindre tout doucement le cantonnement de Westvleteren. Mais cela m’est impossible tant je suis épuisé ! Et sur cette route d’Ypres, seul, dans la nuit noire, je pense au bon temps d’autrefois. Je pense à ma mère qui était aux petits soins pour moi.

Tout ce temps passé défile dans ma tête. Et je pleure en pensant à toutes ces choses lointaines.

Je vais me coucher au Lion Belge dans les baraquements du 3 / 2.

 

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Les lanciers quittent Loo et se dirigent vers Hoogstaede, après avoir été relevés par les guides. Octobre 1916

Samedi 30 décembre

Au matin, je rejoins mon cantonnement. Je me nettoie.

Le cantonnement est très sale.

 

Au soir, je parle avec Joseph Carette et Senelle au mess de la troupe.

Dimanche 31 décembre

Au matin, il y a un commencement d’incendie. Je vais à la messe de 7 heures.

Puis j’écris quelques lettres. Le caporal Deroubaix est mort. J’envoie 5 Frs à Henri Debosschère.

 

Après-midi, je vais à Krombeke avec Senelle et Dejonghe.

 

Au soir, Dejonghe nous paye à souper.

 

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