Mise à jour janvier 2014
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Avertissement : La diffusion de ce journal intime destiné, en cas de mort inopinée de son auteur, exclusivement à ses parents eût été inconvenante il y a quelque 50 ans.
Mais aujourd’hui que le rédacteur de ces lignes griffonnées sur le vif est décédé depuis plus d’un demi-siècle et qu’il est entré dans l’histoire avec un grand H, cette profanation de l’intimité d’un jeune homme à peine sorti de l’adolescence et précipité dans un conflit d’envergure mondiale d’une violence exceptionnelle pour ses malheureux acteurs ne peut être perçue par les lecteurs que comme une marque de respect et de profonde admiration de la part de son petit-fils. (Michel Tiberghien)
G. Tiberghien en Allemagne après l'Armistice de 1918
Je présente mes bons souhaits à mes chers parents, à mon frère et à toute ma famille avec le ferme espoir que cette année sera celle du retour au foyer. Je fais ma tournée de facteur.
L’après-midi, mon bataillon part au piquet dans les baraquements de Lampernisse.
Au soir, je ne sors pas. Je suis seul avec toutes mes pensées et mon cœur s’en va à Mouscron près de ceux qui me sont chers.
Je fais mon service comme d’habitude. Je sers mon bataillon qui se trouve à Lampernisse. J’ai assez vite terminé.
Journée très ordinaire sauf qu’il fait très mauvais.
Au soir, je vais au cinéma.
Même journée qu’hier.
Au soir, je me lave comme il faut car, depuis quelques jours, j’ai des boutons sur tout le corps. Je me mets de la pommade sulfureuse et je soigne un peu mes engelures aux pieds. Celles-ci me font très mal.
Je reçois de bonnes nouvelles qui me font grand plaisir.
Toute la journée, je suis très heureux.
Je vais à la messe et je communie. Il y a tout un temps que je ne l’ai plus fait.
Au soir, DEMETS et le fourrier viennent me tenir compagnie.
Mon bataillon est au demi-repos au pont de Fortem. J’ai assez bien de travail avec la 1ière compagnie. Victor DEMETS vient se mettre au courant car il va remplacer le facteur du 2ième bataillon qui part en congé demain. Il loge avec moi au magasin de la 2ième Cie car j’ai dû quitter mon logement.
Je fais mon tour comme d’habitude. J’ai beaucoup d’occupations durant la soirée car il faut mettre au courant DEMETS.
Victor fait sa tournée seul. Mon bataillon part aux tranchées. On fait la relève en plein après-midi.
Il neige beaucoup.
J’ai beaucoup d’ouvrage aujourd’hui.
Au soir, j’écris.
Il dégèle. Il fait très sale.
Au soir, j’écris quelques lettres.
Je loge au magasin de la compagnie. Nous sommes à moitié bien installés mais c’est très encombré !
Je vais à la messe de bonne heure. Ensuite je fais ma tournée.
Mon bataillon sort des tranchées.
Au soir, je mets de l’ordre dans mes affaires.
Je suis bien chargé aujourd’hui. Aussi ma tournée dure un peu plus longtemps aujourd’hui.
Le bataillon est de piquet à Lampernisse. Les hommes ont eu beaucoup de difficultés dans les tranchées.
Coussement et Calonne ont été blessés.
Je fais ma tournée comme d’habitude. Le temps est toujours très mauvais.
Je travaille un peu aux montres. Je souffre assez bien depuis quelques jours à cause des petits boutons que j’ai sur le corps. Je me demande ce que c’est : s’agit-il de boutons galeux ou d’une inflammation ?
Qu’est-ce que la guerre nous apporte ?
Je fais ma tournée. Le bataillon vient au demi-repos.
J’ai 35 colis et des recommandés pour la 3° qui est restée huit jours dans les tranchées.
Journée ordinaire.
Au soir, je vais écrire à la salle de lecture et d’écriture au pont de Fortem.
Je vais à la messe. Ensuite je fais ma distribution.
Au soir, je vais discuter avec les copains. MICHIELS ne donne plus signe de vie.
Je fais ma distribution. Le bataillon part aux tranchées. Cela me fait quelque chose de voir partir les camarades sans moi !
Je crois que je ne serai jamais un bon embusqué.
Il neige.
Ma tournée est vite réalisée.
Je me lave comme il faut. Je fais un peu de lessive.
Même journée qu’hier.
Au soir, j’écris un peu.
Je fais ma tournée. Mon pied me fait terriblement souffrir et mes boutons m’ennuient beaucoup.
Ah ! Qu’est-ce qu’on n’attrape pas tout pendant la guerre ?
Il y a relève du bataillon qui s’effectue pendant la journée. Il est logé près d’Hoogstade dans des baraquements.
Victor est parti car Grosjean est rentré.
Je vais faire ma tournée dans les baraquements. Je loge toujours au magasin avec Wattecamps, Platteau et Sabbe.
Je n’ai pas l’occasion d’aller à la messe.
Quand ma tournée est terminée, je me lave et me mets de la pommade. J’arrange mon vélo.
On forme les D.I. Je dois changer de logement parce les magasins doivent déménager avec les compagnies.
Je vais loger à l’Etat-Major du bataillon. Je ne suis pas trop mal.
C’est assez loin pour me rendre au bureau. Je vais à la compagnie cycliste pour faire réparer mon vélo.
Ensuite je rentre.
Au soir, j’écris.
Je fais ma toilette au milieu des champs où il fait très froid mais il faut que je me soigne.
Cela va déjà beaucoup mieux.
Toilette
du Jass au front
Nous avons un nouveau colonel, le Major Gonze du 2° Chasseurs à pied.
Au soir, on fait une séance de chants.
Le colonel vient inspecter les cantonnements. Les Allemands font des raids sur Londres et Paris.
Le 6° Chasseurs est parti aux tranchées à cause de la nouvelle formation.
Au soir, j’écris.
Le numéro du régiment change : il est à présent le Z 89. C’est tout un travail pour les facteurs de vérifier les liasses.
Je fais une copie de lettre de Mlle Depagne pour mon fourrier.
Je fais ma tournée. Le général Gillain est dans les cantonnements. Le commandant CUVELIER est furieux parce que je ne l’ai pas desservi avant les hommes.
À quand la fin de toutes ces bêtises ?
Je fais ma tournée.
L’après-midi, je me rends au bureau de la division. J’apprends que MICHIELS est remplacé par un facteur des Guides.
M. Decabautte me félicite pour la façon dont j’ai accompli mon service de facteur. Il est très content de moi et dit qu’à l’occasion on pouvait toujours me prendre s’il manquait quelqu’un.
Après-midi, je vais réparer une montre au bureau postal de la division.
Le Major Gonze empêche les hommes et les officiers de s’en aller en congé pendant la période des tranchées. Cela a un bon côté et un mauvais.
Les hommes rouspètent.
Le 5° Chasseurs a eu beaucoup d’hommes hors combat à cause des gaz.
Le lieutenant Christophe, commandant de la compagnie, m’apprend que je suis proposé pour le grade de sergent. Il me montre la note me concernant. Celle-ci est très belle :
« Conduite au
feu : très bonne – conduite habituelle : très bonne – au front depuis
le début – a toujours très bien fait son devoir – très bon gradé qui a beaucoup
d’autorité sur ses hommes – ferait un excellent chef de section ».
Le bataillon part aux tranchées.
Je vais loger à la 4° Cie au Rabbelaere au milieu des champs. Il fait très sale pour y arriver.
G. Tiberghien (debout, le 2° à partir de
la dr.) au milieu d'autres facteurs (voir le cor
postal sur les képis)
Je fais ma tournée qui est vite accomplie.
L’après-midi, je vais loger chez une vieille femme au n° 603 de la route de Rabbelaere où la cuisine de Major se trouve.
J’ai des draps : chose incroyable au front ! Je suis très bien installé.
Le pneu de mon vélo est plat. Je suis obligé de faire la route à pied. Je boite comme un malheureux après ma tournée. Je répare ma bécane.
Je vois sur les ordres que le 13 je dois me présenter au bureau de colonel pour passer un examen de flamand pour ma nomination.
En route, je crève avec mon vélo. Je croyais pouvoir aller à la messe mais cet accident m’en empêche.
Après-midi, je le répare et puis je rentre.
Je regarde la montre de Vancraynest.
Mon pneu est une nouvelle fois plat. Quelle misère ces vélos par mauvais temps !
La cuisine du Major est partie.
Au soir, je suis seul. J’écris.
Rien de spécial aujourd’hui.
Au soir, je répare une montre. Retour du capitaine Gallez.
Il pleut toute la journée. Je fais rapidement ma tournée.
L’après-midi, je vais au bureau du colonel où le commandant Leurz fait passer l’examen de flamand aux candidats sergents. Il me demande de traduire les phrases suivantes :
« La troupe
rentre au cantonnement. Le capitaine fait quelques recommandations : il
dit que l’appel est à 8 heures 30,
qu’il faut éteindre les lanternes, qu’on peut allumer les bougies, qu’il ne
faut pas crier ni chanter. »
Phrases que je n’ai pas pu traduire.
Le commandant m’a dit que je ne connaissais pas suffisamment de flamand et qu’il faut en référer au colonel. Le plus fort dans l’affaire, c’est qu’il interroge les Flamands dans leur langue. J’aurais voulu voir certains candidats lire et écrire en français.
Et pas la moindre question d’ordre militaire !
Et
on ne tient pas compte de la manière de servir ! On peut être le plus
mauvais serviteur et être plus bête qu’un âne du moment qu’on est
Flamand !
Tout va bien : après la guerre, je saurai ce qu’il me restera à faire car je crois que la Belgique verra encore le sang couler dans ses rues à cause de la question linguistique. Et si les Wallons ne se réveillent pas, les Flamingants occuperont toutes les places dans l’administration !
J’avoue franchement que je suis blessé dans mon amour-propre car des plus jeunes que moi en grade et certains qui ne sont même pas capables de bien se conduire viendront me commander.
Aussi j’ai grande envie de demander à être replacé comme simple soldat et de changer de bataillon en attendant que je puisse changer de division.
Le temps est un peu plus clément.
Depuis vendredi, je loge toujours au n° 303 (*) chez Moeder (**) Eugénie qui est une bonne vieille. Je paie 0,75 centimes par jour et j’ai un lit.
Je prends l’imperméable et un peu de linge qu’elle m’a autorisé à emporter.
Au soir, j’arrange un peu mes comptes.
(*) : En
contradiction avec la note du 08/02/1918
(**) : En
néerlandais dans le texte (« Mère » en fr.)
Je reçois des nouvelle de la maison par Henri Debosschère qui revient d’avoir été voir sa sœur Martine rapatriée. Mes parents vont bien. J’en suis heureux.
Les nouvelles sont assez bonnes à l’heure actuelle.
Au soir, j’écris un peu.
Mon bataillon est sorti des tranchées. Le capitaine Gallez est contrarié parce que je n’ai pas réussi mon examen. Il m’invite à me représenter. Je félicite mon brave Joseph CARETTE qui est nommé adjudant.
Je reçois une veste, un pantalon, une paire de bottines et des chaussettes.
Je fais ma tournée. Je porte une paire de guêtres à Herberg (*) pour les faire arranger.
Au soir, j’écris un peu.
(*) :
Village près d’Alveringem sur la route de Furnes.
Je fais ma tournée habituelle.
Au soir, je vais au Salut et je communie. Puis je vais à Lusthof pour prendre un verre de bière avec Joseph CARETTE.
Mon ami Louis GRIMONPREZ part à la C.A. Il souffre de rhumatismes. Mon bataillon part aux tranchées.
La cuisine du Major vient à l’endroit où je loge.
Le facteur Vanmarcke m’apprend que je suis nommé sergent. Je ne le crois pas trop avant d’avoir vu les ordres. On me l’annonce à plusieurs reprises.
Enfin je peux constater que c’est vrai. J’en suis content. C’est un gage de bonne conduite et ma famille en sera heureuse. Et puis la solde est assez intéressante.
Je ne devais pas désespérer.
Je suis donc sous-off. J’ai cousu mes nouveaux galons.
Au soir, j’offre une bouteille de vin à « Moeder », Arthur et les cuisiniers du Major pour ma nomination.
Je vais voir mon brave Louis à la C.A. Il va mieux.
Wattecamps est blessé : il a reçu une balle dans le mollet.
Martine Debosschère m’écrit. Elle me dit qu’à la maison ils ne reçoivent jamais de mes nouvelles. Et cela attriste toute la famille.
Au soir, je lui réponds.
Je vais à la messe. Puis je fais ma tournée. Mon bataillon est au Rabbelaere. Je dessers également la 8° Cie. Je présente mes respects à mon capitaine et à mon Major.
L’après-midi, Odilon BOUCKAERT vient me chercher. Nous faisons une promenade.
Au soir, je vais au cinéma avec Joseph Vancraynest.
Je fais ma tournée comme d’habitude.
Les hommes partent en congé car ils ne peuvent plus y aller durant leur temps de tranchées et en plus, le colonel exige quatre mois complets (de service). Je suis d’accord de supprimer les congés pendant la période de tranchées mais au repos, il faudrait laisser partir les hommes car c’est leur seul plaisir !
Et c’est également le moyen de tenir un bon moral parmi la troupe que de lui accorder cette faveur !
Après mon travail, je vais voir Léon Duthoit sur la route d’Izenberge.
Puis je vais dans ma compagnie pour discuter avec les amis.
Je fais mon tour comme d’habitude.
L’aviateur Thierry (Thieffry (*) sans doute ?) a disparu.
Le bataillon va au demi-repos sur la route de Pollinkhove au camp de Linde.
(*) :
Aviateur belge considéré comme le premier grand as belge en 1917. Il fut abattu
en janvier 1918 au-dessus des lignes ennemies. Blessé, il fut capturé par les
Allemands et détenu en Allemagne.
Mon bataillon se trouve au camp de Linde sur la route de Pollinkhove. J’ai beaucoup de recommandés pour la 1° compagnie qui sort des tranchées.
Il n’y a rien de spécial. Journée calme.
Il fait très mauvais. Mon vélo est hors d’usage. Aussi je fais ma tournée à pied.
Le capitaine Gallez se marie à Wulveringem. Il reçoit un congé de 15 jours.
J’assiste à une messe basse. Puis je fais ma tournée.
À 12 heures 30, j’ai fini. Je rentre chez moi et j’écris un peu.
Mon bataillon se trouve au camp français sur la route d’Hoogstade.
Au soir, je fais un carnet de section et j’écris un peu.
Mon pied me fait souffrir. J’ai de la peine pour marcher.
Lorsque ma tournée est achevée, je me rends à la Sûreté militaire qui m’a fait appeler. Il s’agit d’une lettre que j’ai remise hier et que j’avais trouvée avant-hier dans une boîte aux lettres.
Elle était envoyée par un certain Vangaerde Z 205. Je ne sais ce dont il s’agit mais je devine qu’elle concerne une brochure flamingante.
Demain, je dois me rendre chez le Major avant ma distribution. Quel malheur que cette question flamande en ces temps d’épreuves ! Si on pouvait prendre les meneurs, on débarrasserait le pays en les mettant au poteau ! Au moment où l’on a besoin de toutes les bonnes volontés, ces agitateurs viennent semer la discorde !
Samedi dernier, il y a eu une manifestation à Alveringem. Beaucoup de ces tapageurs ne savent pas ce qu’ils veulent ! Quel avenir nous est-il réservé ?
Je vais chez le Major avant ma distribution. Il me parle de l’affaire d’hier. Je lui dis qu’à l’avenir je surveillerai la correspondance.
Vandenauthe s’en va à St-Lô. (*)
Boggaere de la 2° Cie est interrogé au sujet d’un tas de paperasses qui se trouvent en sa possession. On le soupçonne d’être mêlé aux affaires flamingantes.
(*) : Ville
française dans le département de la Manche. L’armée belge y avait un hôpital
militaire installé dans l’école libre. (voir :
http://www.1914-1918.be/histoire_hopitaux.php)
Je fais ma tournée habituelle.
Journée ordinaire.
Je fais un peu ma toilette car c’est dimanche. Mais je n’ai pas l’occasion d’aller à la messe à cause du changement d’heure. Je me suis levé une heure trop tard.
Pendant la nuit, il y a eu une alerte au gaz. Mes collègues qui ne me voyaient pas arriver croyaient que j’avais été pris par les gaz.
L’après-midi, je vais voir le match de football entre le 6° Chasseurs et le 12° de Ligne. Le 12° de Ligne l’emporte.
Beaucoup d’hommes sont arrivés en renfort. Il y a, entre autres, Henri Schamp qui est à la 2° et Coussement.
Au soir, je vais à la compagnie pour porter mes jambières à Denaer car il part en permission. J’assiste à une conférence sur Jérusalem avec projection lumineuse faite par l’aumônier.
Les hommes sont au travail. J’attends leur retour pour la distribution.
Au soir, j’écris un peu.
Il y a encore une fois une alerte au gaz durant la nuit. Et il y a une attaque à Stuyvekenskerke.
Les fusils mitrailleurs reviennent de La Panne. Joseph CARETTE me raconte qu’il a vu assez bien de prisonniers allemands à La Panne et que les grenadiers ont connu beaucoup de pertes en hommes à Nieuport.
Je fais ma distribution. Le bataillon part aux tranchées.
Au soir, je lis.
Distribution du courrier sur le Front de
l'Yser
Je dessers la 8° Cie. J’ai fini très tôt.
L’après-midi, je me lave comme il faut et fais un peu de lessive.
Lorsque ma tournée est finie, je vais à la messe de 11 heures.
Puis après le dîner, je vais avec Emens faire une promenade à Houtem, Hondschoote et Leisele où nous buvons quelques verres
Nous rentrons vers 8 heures.
Joseph CARETTE a fait un raid avec son peloton. Il n’a trouvé qu’un imperméable et un casque.
Cette nuit, les Allemands ont bombardé Fortem. Il y a eu alerte au gaz.
Vers 4 heures, il y a eu un terrible bombardement. J’apprends que les nôtres ont fait une patrouille. Ils étaient à peine de retour lorsque les Allemands ont lancé des gaz et ils ont provoqué un feu d’enfer.
Puis ils ont attaqué notre première ligne.
Au bataillon, nous avons Vandecasteele, Wittenove, Ingelbrecht, Cauberghe, Smitz, Marissens et Béguine qui ont été tués.
Nous avons aussi beaucoup de blessés comme le lieutenant Christophe, le sergent Peers, les adjudants Courtin, Petit et CARETTE. [nom effacé] s’est très bien conduit : il a abattu le commandant du détachement allemand et un soldat.
Ensuite, il a reçu un coup de fusil dans le bras gauche qui l’a fait tomber dans un trou d’obus.
Jamais le bataillon n’a tant souffert. Il y a beaucoup de prisonniers.
Le bataillon est relevé.
Toute la journée il y a alerte. Les Allemands continuent de bombarder Fortem. Cela chauffe aussi à Stuivekenskerke. Le front belge est très animé depuis quelque temps.
Mon bataillon est au Camp Mercier.
Au matin, je vais faire ma distribution. Tout le monde dort encore. Les hommes n’en peuvent plus. Il y a 105 manquants (les blessés et les tués sont compris).
L’après-midi, il pleut à torrents. Je vais à l’hôpital de Beveren pour saluer Joseph CARETTE. Il a un éclat de grenade dans le bras gauche.
Les adjudants Petit et Courtin sont également hospitalisés là. Les Caporaux Brys, Vandaele et […], soldats du bataillon, y sont aussi.
Je vais faire ma tournée. Les hommes sont partis à l’enterrement des sergents Béguine et Smitz de Mouscron, Caudeberghe et des soldats Wullaert, Dekeiser et Vandecasteele de Mouscron. J’apprends qu’Ingelbrecht de ma compagnie est également tué.
L’après-midi, je porte mes affaires au magasin car demain le bataillon part au repos.
Je quitte la vieille « Moeder » qui pleure en me regardant partir. C’est une brave femme !
Je prends ma correspondance à Alveringem et je pars à Warhem (*) où le bataillon arrive vers 2 heures.
Au soir, je cherche les logements pour les facteurs. Je loge pour deux jours avec les signaleurs à l’école sur la place. On bombarde avec les 305 près du village.
(*) :
Commune française du département du Nord.
Je vais chercher ma correspondance à Hondschoote.
À (9 heures), je fais le tour du bataillon qui est assez dispersé. La 4° Cie n’arrive que lundi.
Au soir, je loge au patronage sur la dune.
Je vais à Hondschoote aujourd’hui.
Ensuite, je fais ma tournée. Le 2ième bataillon et l’Etat-Major du régiment arrivent vers midi et demi.
Je vais loger chez Vandewaele à la brasserie St-Hubert. Je suis très bien et les gens sont fort gentils.
Victor loge chez les délégués de son bataillon en attendant que son logement se libère. On bombarde toujours près du village autour du cantonnement de la 1ière Cie.
Je vais à la messe de 7 heures 30.
L’auto vient ici. Nous faisons le tri au café « Les amis réunis ».
Il est 1 heure quand j’ai terminé. Ensuite je vais avec Louis GRIMONPREZ saluer Joseph CARETTE. Il fait très bon.
Au soir, je vais faire la causette avec la patronne.
Victor et Jules logent ensemble à La Belle-Vue.
Mme Vandewaele me donne une place pour faire notre tri. Le 3ième bataillon arrive.
Au soir, j’écris.
Les Allemands ont attaqué du côté d’Amiens. Ils avancent. On appelle les jeunes et les classes en sursis. Mais nous conservons bon espoir.
Je dois aussi desservir comme facteur le gîte d’étape et la gendarmerie belge de Warhem.
Lecture de la presse dans les tranchées
belges
Mon travail est
assez vite fait.
Aussi ma besogne à
peine terminée, j’arrange un peu mes affaires.
Au soir, comme tous les soirs, je vais faire un bout de causette avec les
personnes de la maison qui sont fort gentilles et aussi très catholiques.
Je dois faire ma tournée à pied car mon vélo est en mauvais état.
Au matin, j’ai fait mes Pâques et j’ai bien prié pour ma famille et mes bienfaiteurs.
Au soir, je croyais aller au Salut mais la réparation de mon vélo me prend tout mon temps.
Je fais ma tournée à pied car mon pneu est crevé. Je ne mange nulle part en route. Comme cela je ne dois pas refuser de la viande car aujourd’hui c’est Vendredi-Saint.
Bien que la viande soit autorisée ce jour-ci, j’aime mieux m’en priver.
Au soir, je vais au Chemin de Croix avec la dame, la petite fille et le petit garçon.
Ensuite nous parlons comme d’habitude.
J’ai fini vers 2 heures. Après le tri, je vais boire un verre avec deux autres facteurs.
Je leur avais promis de leur payer un verre à l’occasion de ma nomination comme sergent.
Au soir, j’ai un peu la tête échauffée. Aussi je me couche tôt.
Pâques. Je vais à la messe de 8 heures. Puis je fais mon ouvrage
L’après-midi, j’arrange un réveil et un parapluie pour la patronne.
Au soir, je règle mon compte car je pars demain matin.
Messe pour les soldats belges du Front
Je prends tout mon fourbi et je mets mon vélo sur l’auto postale jusqu’à Leisele. Là je trie mes lettres. Puis je vais à Gijverinkhove pour trouver un logement. J’y trouve quelque chose mais pas très convenable.
Je reviens à Leisele pour faire ma distribution. Ensuite je retourne à Gijverinkhove.
Nous faisons le tri dans une grange. Je pars ensuite faire ma tournée dans mon bataillon au camp de Dixmude.
Au soir, je vais voir Victor DEMETS et Marcel DELESPAUX.
Puis j’arrange un sac de paille car la nuit dernière j’ai dû dormir « à la dure ».
Je fais rapidement le tri et je pars en auto à Leisele.
L’après-midi, je vais chercher Marcel DELESPAUX et Ludovic DUPREZ pour aller à l’hôpital de Beveren afin de rendre visite à Joseph. Marcel vient d’être nommé sous-lieutenant.
Au matin, je fais la même chose qu’hier.
À l’endroit où nous travaillons logent les cyclistes de l’E.M. du régiment. Nous avons de temps en temps de l’amusement avec GRAVEZ. Je m’arrange avec le 6° P.M. pour ma nourriture.
Après mon travail, je vais voir CARETTE à Beveren.
Au soir, j’arrange le réveil des gens chez qui je loge.
Même travail. Au soir, je vais discuter avec Victor DEMETS.
Après mon travail, nous allons prendre un verre.
Au soir, des hommes de la 6° Cie se battent avec des hommes de la 1° D.A. Il y en a un qui blesse son camarade avec son révolver.
L’après-midi, je vois tout à coup MICHIELS sur la place. Je le reconnais à peine.
Il part à Krombeke.
Je vais avec MICHIELS pour faire ma tournée. Le Major l’autorise à disposer de mon aide pendant quelques jours. Il n’est pas complètement guéri et se plaint de la poitrine.
L’offensive allemande continue. Qu’adviendra-t-il ? Tout le monde conserve cependant bon espoir.
L’après-midi, je vais avec Victor, le facteur, au concert à l’hôpital de Beveren où l’on joue « Durand et Durand ».
La musique du 4ième Chasseurs à pied prête son concours. C’est très joli. Cela me rappelle un peu les concerts de Mouscron.
Joseph CARETTE est venu au 1ier acte. Ensuite il a dû s’en aller parce que son bras le faisait souffrir.
Journée ordinaire.
Le bataillon va voir le concert à Beveren.
Aujourd’hui, c’est mon dernier jour de service comme facteur. Je fais mes comptes avec MICHIELS et prépare mon fourbi pour rejoindre la compagnie. Les nouveaux officiers prêtent serment.
Je pars avec l’auto postale jusqu’à Leisele. La compagnie est à l’exercice.
On me fait passer au 1ier peloton de la 2ième section, mon ancienne section. Je suis sous les ordres de l’adjudant Bruyère.
Le bataillon va à la plaine de Gijverinkhove pour faire des vagues d’assaut.
Le capitaine me fait faire une reconnaissance. J’étais plus ou moins embarrassé car je n’ai plus fait de service depuis plus de quatre mois. Mais j’ai assez bien manœuvré malgré tout.
L’après-midi, il y a distribution d’effets et vérification du campement.
Je suis exempt de service pour mettre en ordre le cahier d’habillement. Ce travail me demande assez bien de temps car j’ai trois distributions à mettre à jour.
L’après-midi, on nous dit de préparer notre sac afin d’être prêts pour marcher en cas d’alerte. Je suis de jour depuis 1 heure 30.
La situation est plus critique.
Réveil à 4 heures 30. Visite à 6 heures.
À 6 heures 45, dans les rangs. Nous allons creuser des tranchées près de Roesbrugge sur les hauteurs le long de l’Yser. La canonnade est intense dans la direction d’Armentières.
Les hommes travaillent bien.
Même journée qu’hier. Nous travaillons ferme.
Bien que les choses doivent être rapidement réalisées, on nous fait faire des tranchées de luxe. Nous recevons de la soupe au travail.
Au soir, on termine à 3 heures 30 plutôt qu’à 4 heures car nous devons changer de cantonnement.
À 6 heures, réveil.
À 8 heures, dans les rangs avec le sac au dos. Nous partons loger à Stavele. La compagnie est installée dans deux fermes.
À l’emplacement indiqué pour le 1° peloton, il fait exécrable tant il y a de puces.
Nous partons dans l’autre ferme.
Réveil à 5 heures 30.
À 7 heures, dans les rangs. Nous partons travailler au même emplacement.
Nous rentrons vers 5 heures 30.
Joseph CARETTE a été évacué lundi sur Rouen.
Les trois compagnies changent d’emplacement. La 1° et la 4° étaient logées dans la ferme près du bain d’Elzendamme. Mais elles ont été assez bien bombardées.
Ma compagnie va travailler près de l’hôpital de Beveren pour renforcer les parapets des tranchées. Nous évacuons sur l’arrière. Nous apprenons que la 3° D.A. a fait 700 prisonniers à Merkem.
Il y a beaucoup de blessés allemands qui arrivent à l’hôpital de Beveren.
Au soir, je vais au Salut et je communie.
Il
y a 700 prisonniers, un canon, 42 mitrailleuses et deux minnewerfs. (*)
C’est
une belle page pour l’Histoire de l’armée belge !
Nous
allons travailler au même emplacement qu’hier.
À 11 heures 30, nous avons fini notre
besogne.
Il
neige.
(*) : Le minnewerf est une artillerie spécifiquement
destinée à atteindre, depuis une tranchée et par un tir courbe, l'intérieur
d'une autre tranchée, dont les parois verticales renforcées réduisent
l'efficacité des armes d'artilleries plus standards. Ce type d'artillerie
devient prépondérant au cours de la Première Guerre mondiale.
Hôpital militaire de Bereren
Il
pleut.
Malgré
le temps, nous allons tout de même au travail. Nous avons fini vers midi.
L’après-midi, il y a théorie pour le cadre
sur la nouvelle méthode d’offensive et de défense. Il y a solde. Delattre et Dumortier reviennent à la compagnie.
Je
vais à la messe de 11 heures. Le prêtre prêche en flamand sur les mariages et
les « marraines ».
À 12 heures 30, je prépare mon fourniment
car je suis de garde. Léon NYS vient me voir.
À 5 heures, je prends la garde. C’est ma
première garde comme sergent. Les sentinelles sont au pont derrière le bain d’Elzendamme
pour empêcher les militaires de passer sans laissez-passer. Je vais jusque là.
J’aurais
dû en arrêter au moins 400 qui n’étaient pas en ordre. Mais sur présentation de
leur carte d’identité, je les laisse rejoindre leurs cantonnements.
Mon
corps de garde est à la ferme près du bain.
Au soir, j’écris.
Ma
garde continue sans encombre.
L’après-midi, la 1° et la 4° Cie
reviennent occuper le logement.
La
première fournit la garde du pont.
Je
suis relevé à 20 heures 30.
Au
réveil, nous allons porter notre « vaderland » (*) et notre
paillasse à la Place de Stavele.
À 8 heures, dans les rangs. Nous
changeons de cantonnement. Nous partons pour le Lion Belge à Eikhoek.
Le
6° Chasseurs occupe désormais nos cantonnements.
Nous
revenons vers Westvleteren. Nous logeons au camp de Noyon entre les
village de Westvleteren et de Krombeke.
La
nuit, nous avons la visite des Gothas. (**)
(*) : « vaderland » : terme faisant partie de l’argot des
soldats belges de la première guerre mondiale. Il s’agissait d’un sac en toile
de jute qui contenait de la terre nationale (« vaderland » : la « patrie » en
flamand)
(**) : Les Gotha G étaient une famille de bombardiers
biplans allemands durant la Première Guerre mondiale.
À 8 heures 30, nous allons travailler pour
faire une cinquième ligne d’armée derrière Westvleteren.
Le
général Coppens vient voir les
travaux.
À midi, nous retournons au cantonnement
pour dîner.
L’après-midi, nous reprenons notre
travail.
Au soir, je vais à Krombeke.
Nous
allons travailler en tenue de mobilisation bien que nous soyons à deux pas du
cantonnement.
Nous
allons au travail dans la même tenue.
Au soir, nous préparons nos
vaderlands. Le 1° chef est évacué.
Le
bombardement est terrible.
À 4 heures, alerte.
Tout
de suite en tenue et les vaderlands au magasin et nous partons. En route, je vois
que la 3° D.A. n’est pas en alerte. Donc c’est encore une fois de la frime.
Nous
arrivons au-delà d’Oostvleteren. Là on nous arrête et nous devons
occuper des tranchées jusqu’à 9 heures.
Ensuite,
nous nettoyons et nous remettons en état les tranchées.
Nous
restons là toute la journée.
Le
soir à 9 heures, nous allons
cantonner dans une grande maison près de l’église.
À 6 heures 30, rassemblement. Nous allons
occuper les mêmes tranchées qu’hier. C’est le point d’appui d’Oostvleteren.
Le canon tonne sans arrêt du côté d’Ypres. Au soir à 6 heures, nous
allons cantonner dans un baraquement.
À 6 heures 30, nous partons encore
occuper les tranchées. Beaucoup d’artilleurs français passent. Nous nous
ennuyons ici à ne rien faire surtout que le temps est assez froid. À 6 heures, nous retournons au même
baraquement. Je revêts mes bons effets en prévision de tout événement. Le canon
n’arrête pas du côté du Mont Kemmel.
Même
journée qu’hier.
Le
front est un peu plus calme. Les civils doivent évacuer le village.
À 6 heures 30, occupation des tranchées.
Vers
2 heures, le 2° B. vient nous relever.
Nous partons cantonner au camp de Messines près de Stavele. Nous sommes
toujours sur le qui-vive.
À 7 heures 30, dans les rangs. Nous allons
travailler en tenue de mobilisation dans le bois entre Eikhoek et la
route de Krombeke à Poperinge. Nous relions par un boyau des
redans. Les hommes travaillent bien. La compagnie a fini très tôt.
Il
fait très chaud.
Même
journée qu’hier. Nous travaillons un peu plus près du couvent de St-Sixte. (*)
Au soir, je fais une partie de balle.
(*) : L'abbaye de Saint-Sixte est un monastère de moines
cisterciens-trappistes, fondé en 1831 à Westvleteren, en Flandre occidentale.
Encore
le même travail mais cette fois un peu plus près de Krombeke. Nous
revenons au moyen de la decauville (*) anglais où il y a quelques
jours deux wagons de munitions ont sauté.
Tous
les carreaux des maisons environnantes sont cassés et les pannes (**) sont
déplacées.
L’adjudant
Bruyère est nommé
lieutenant : il passe à la 1ière Cie et depuis hier c’est le
lieutenant Flamant qui commande
le peloton.
Le
lieutenant Jadoul venu de la 7ième
Cie commande le 3ième peloton.
(*) : Paul Decauville
(1846-1922), initialement fils de l'agriculteur Armand Decauville spécialisé dans la production de betteraves et la
distillerie, inventa un type de voie de chemin de fer de faible écartement (40
à 60 centimètres) qui prit le nom de « Decauville », en raison d'un stock de 9
000 tonnes de betteraves attendant dans des champs détrempés et d'accès très
difficile.
(**) : La panne est une pièce de charpente posée
horizontalement sur les fermes.
Déplacement des Tommies en Decauville
sur Front occidental
Repos. Je vais à la messe de 11 heures à Stavele.
À midi et demi, il y a appel. Nous ne pouvons pas sortir. Je joue au whist toute l’après-midi.
À 6 heures, il y a appel parce que des soldats ont été aperçus à Poperinge. Beaucoup manquent à l’appel.
À 8 heures, appel du soir. Les manquants sont presque tous rentrés.
À 2 heures du matin, contre-appel. Tout le monde est présent cette fois.
À 7 heures 30, nous partons travailler.
À 1 heure 30, nous rentrons. Nous partirons dans quelques jours pour occuper le secteur de Merkem.
Il fait un temps détestable. Il n’y a pas de travail. On fait la […]. Inspection avant de partir aux tranchées. L’après-midi, les officiers vont en reconnaissance. Au soir, je vais avec DEMETS à Krombeke chez son cousin. Il y a des nouvelles de Mouscron dans la « Nation belge ». (*)
(*) : Créé
au Havre à la fin de la Grande Guerre à l'initiative du journaliste belge
Fernand Neuray, ce journal jouit d'une audience
considérable auprès des patriotes. Interdit sous l'occupation nazie, il sera
repris par le groupe du journal La Meuse en 1955 pour disparaître
définitivement le 31 décembre 1956.
À 8 heures du matin, je pars avec des hommes qui vont apprendre le maniement de la « Maxim » légère (*) chez les 1° Chasseurs à pied à Oostvleteren.
L’après-midi, je m’en vais seul à Noordschote où le bataillon vient au piquet à 8 heures 30.
À Westvleteren, je vois un avion allemand abattu en flammes.
(*) : Type
de mitrailleuse
Au matin, je suis indisposé. Je vais trouver le porte-sac du docteur qui me donne quelque chose.
L’après-midi, avec le lieutenant, j’arrange l’occupation des avant-postes. On me désigne comme chef des mitrailleurs du 1° B. Le lieutenant qui n’a plus de sergent me demande de rester avec lui.
Aussi je pars avec ma section aux avant-postes.
J’arrive là vers 10 heures. Je suis à la ferme Bourgeois.
J’ai 2 F.M., 2 mitr., une équipe de V.B. et des grenadiers et des fusiliers. Le lieutenant se trouve à la ferme Adhémar, le capitaine au Baudet avec le 2° peloton et le 3° peloton à la tranchée des Isolés.
Nous arrivons à notre poste sans encombre. Nous traversons l’inondation et des champs. La 1ière Cie est à droite aux Aviateurs et la 3° devant le Lac de Blankaart qui se termine vers le poste de la 1° section.
Vers minuit, je rentre dans mon abri.
À 5 heures, je suis de quart. Le lieutenant se repose. J’examine un peu le terrain. J’ai devant moi les fermes de Russie, de l’Insecte, du Portugal, et à droite (celle du) Gyroscope, la tranchée du Petit-fils et celle du Grand-père d’où était partie l’attaque allemande du 18 avril.
La route d’Ypres à Dixmude est devant moi. Il y a ici des emplacements de batteries allemandes et nous occupons leurs abris.
Pendant la journée, je n’ai qu’une sentinelle.
À la tombée du jour, on replace les sentinelles en avant et tout le monde dans les tranchées. Ce sont ici tous des éléments de tranchées et non des tranchées continues.
Vers 11 heures, je me repose. La nuit dernière, les Allemands ont beaucoup bombardé.
Cette nuit aussi ils bombardent avec des obus à gaz.
À 5 heures, je suis de quart. La matinée est calme.
L’après-midi, je vais voir l’emplacement où nous devons nous rendre ce soir.
À 9 heures, le 2° peloton nous relève. Le peloton va à la tranchée des Isolés en 3° ligne. Nous avons de bons abris.
Nous sommes près de la route de Reninge à 100 mètres du carrefour de Luygem.
Cette nuit, on a bombardé le poste où se trouvait le capitaine.
À 4 heures, il y a alerte. Nous nous rendons près de l’abri du Major qui nous oblige à rester jusqu’à 6 heures à cause du brouillard.
À notre retour, je vais aussitôt visiter l’arrière du secteur c’est-à-dire les anciens avant-postes allemands. Il y a à droite et à gauche de magnifiques abris en béton, de vraies redoutes. (*)
Mais leur service d’avant-poste était beaucoup moins fort que le nôtre. Je dois admirer leur façon de faire leurs tranchées, les claies des parapets et également leur manière de camoufler. Tout était caché : les passerelles sont bordées de branches de chaque côté de même que leurs abris. Il n’est pas étonnant que nous ne voyions que très rarement les Allemands alors que chez nous c’est le règne de l’insouciance !
Nous y trouvons des masques abîmés par le bombardement.
Nous laissons la brèche ( ?) et puis il y a un tas de gens qui voyagent à travers les champs. C’est une véritable procession ce qui facilite le repérage de nos postes et de nos tranchées.
(*) : Une
redoute est un fort ou un système de fortification consistant généralement en
un emplacement fortifié défensif à l’extérieur d’un fort plus grand. Elle sert
à protéger les soldats hors de la ligne de défense principale et elle est
construite à la hâte.
La vie quotidienne dans une tranchée
allemande
Lundi 13 mai :
Le matin à 4 heures, alerte.
À 5 heures, nous rentrons. La journée est calme.
L’après-midi, arrivent des dizaines d’hommes en renfort pour la compagnie. Il pleut.
Le peloton va occuper la 1° section ( ?), le point d’appui la Lèvre, et la 2° le Baudet.
Durant la nuit, tout le monde est dehors. Le capitaine n’est pas trop tranquille car il fait un temps épouvantable. Il pleut sans arrêt et il fait très noir.
Durant la matinée, le temps s’améliore un peu.
À 5 heures 30, nous pouvons nous reposer. Les abris sont mauvais et rares.
L’après-midi, il fait un temps magnifique. Je vois un avion allemand qui tentait d’abattre un captif tombé par le tir de l’artillerie.
À 7 heures, nous prenons le service de nuit. La nuit est à peine tombée et c’est une véritable avalanche d’avions allemands qui nous survolent. Nous sommes abasourdis par le bruit des moteurs. Nos phares fonctionnent.
Ensuite ce sont les nôtres qui vont chez eux et spécialement dans la direction d’Ostende. La canonnade n’arrête pas au sud d’Ypres.
Dans la direction de Nieuport, la canonnade est aussi très vive.
Vers 3 heures, les Allemands bombardent l’arrière et les lance-bombes sont en action.
Serait-ce l’attaque ? Car on s’y attend !
Cela se calme vers 4 heures.
À 6 heures, nous nous reposons.
L’après-midi, je vais reconnaître le chemin du retour. La 7° Cie nous relève. Nous partons par la passerelle Albert.
En chemin, nous croisons la 6° Cie, ce qui est toute une affaire sur ces passerelles étroites au-dessus de l’inondation.
Nous arrivons à notre emplacement de piquet à 11 heures.
À 4 heures du matin, alerte. Nous nous mettons en tenue et nous restons hors des abris jusqu’à 6 heures. Nous nettoyons notre fourbi.
Nous n’avons rien à faire durant toute la journée.
À 4 heures, il y a toujours alerte. Nous allons près de l’église du village où nous nous trouvons (Noordschote) pour arranger la tranchée que nous devons occuper en cas d’attaque.
À 6 heures 30, nous rentrons. Il fait très chaud. Au soir, il y a solde.
Comme d’habitude, durant la nuit, les avions allemands viennent jeter des bombes.
À 4 heures, même programme qu’hier.
À 6 heures, nous rentrons. Le capitaine vient discuter avec nous des premiers temps de la guerre. Cette causerie dure quelques heures. Les hommes vont chercher des œufs de canne dans l’inondation. Ils en trouvent beaucoup. Aussi ils en profitent.
Je reçois un colis de Rougnac. Je fais une tasse de chocolat.
Il n’y a pas d’alerte aujourd’hui. Les Allemands n’attaquent peut-être pas le dimanche… Je vais à la messe de 10 heures au poste de secours qui se trouve sur la route de Lizerne.
Au matin, il y a deux captifs allemands qui brûlent.
L’après-midi, c’est le tour de deux des nôtres mais l’avion allemand est descendu en flammes par un des nôtres. J’assiste également à un beau combat au-dessus de mon abri entre deux avions. L’Allemand fuit mais il est abattu plus loin par un Anglais.
Ballon captif d'observation allemand
prêt pour le départ
À 3 heures 30, debout. Nous allons travailler en tenue de mobilisation à la quatrième ligne qui se trouve un peu en avant de la route Reninge – Zuidschote. Nous démolissons de très bonnes tranchées pour faire un nouveau revêtement en gazon, ce qui ne tiendra jamais (C’est le génie !).
À 10 heures 30, nous rentrons. Il fait toujours très chaud.
À 4 heures, debout. Nous allons travailler toujours à la même ligne mais aujourd’hui l’ouvrage est plus raisonnable.
L’après-midi, nous blindons un abri de munitions.
Au soir, à 8 heures 45, nous partons au repos entre Loo et Pollinkhove. Nous logeons dans des baraquements.
Repos.
À 10 heures 30, il y a inspection des portefeuilles car quelqu’un a volé un portefeuille contenant de l’argent appartenant à Stevens. La recherche ne donne aucun résultat mais j’ai ma petite idée à propos de l’identité du voleur.
Il fait tellement chaud que nous ne pouvons pas rester dans les logements.
Baraquements sur le Front de l'Yser
Repos. Vanhalle s’en va à Bayeux (*) et Huys part comme travailleur agricole.
De 3 à 5 heures, nous travaillons au blindage des abris.
Au soir, je vais à Pollinkhove. Je me confesse et je communie. Il y a un vent très froid.
(*) :
L’Armée belge y avait une caserne rue des Bouchers.
Il a plu toute la nuit et toute la matinée.
À 2 heures, il y a inspection par le chef de peloton.
Au soir, nous faisons la solde. Les hommes reçoivent une deuxième gourde.
Les congés sont à nouveau ouverts pour l’Angleterre. Aussi je m’empresse pour m’y inscrire. Je compte bien m’en aller le 1ier.
Je vais à la messe à Pollinkhove. J’achète du tabac et quelques menus objets pour partir en congé. Les congés pour la France sont ouverts mais ils sont très limités.
Au soir, je ne sors pas. Je suis un peu indisposé.
Nous recevons de nouveaux masques.
Il y a inspection du campement. Je vais au bureau pour la rédaction de mon congé. J’écris un peu partout pour annoncer la bonne nouvelle. Est-ce que je réussirai à m’en aller car on craint une offensive ?
Nos faisons nos préparatifs pour le départ.
À 7 heures 30, nous partons pour les tranchées par pelotons en passant par le Pont de Knokke (*) et les anciens postes aquatiques. Le peloton va en 3ième ligne au secteur centre.
(*) : Entre Loo et le lac de Blankaart existe
encore aujourd’hui le Knokke-Brug.
À 3 heures, il y a alerte.
À 4 heures 30, nous pouvons rentrer dans les abris.
Au soir, […] section va en corvée à Reninge. Ma section va travailler à renforcer les parapets en T 6.
La 1° section rentre à 4 heures du matin.
À 4 heures 30, sept hommes de la 2° section vont en corvée à Reninge car la 1° S. n’a pas fini le travail. Peelman s’en va en congé.
Au soir, nous partons aux avant-postes au même emplacement que la dernière fois.
Rien d’anormal. La journée est calme.
L’après-midi, les Allemands lancent des ballonnets avec des journaux dans lesquels il y a des caricatures concernant les bombardements d’Ostende et d’autres dessins que je n’ai pas vus.
Au soir, ma section va au Baudet.
La nuit passe assez vite.
La journée est magnifique.
L’offensive allemande marche bien. Ils avancent assez vite et cela devient inquiétant pour Paris.
On ferme les congés. Aussi je suis assez triste toute la journée car je devais partir demain.
Au soir, nous voyons des chapelets de fusées sur Bruges et Zeebrugge.
Même journée calme. Les nouvelles de l’offensive ne sont pas bonnes.
Au soir, nous partons aux avant-postes au même emplacement.
La nuit s’est bien passée. La journée est excellente. Je vois des Allemands circuler de l’autre côté du lac.
Il paraît qu’un homme de la 3ième Cie s’est rendu et au soir, la patrouille du bataillon perd un homme. On ne sait pas ce qu’il est devenu. Le mot d’ordre change et la relève est retardée.
Nous sommes bien bombardés.
Depoorter est légèrement blessé à la jambe.
Soldat belge blessé secouru dans la
tranchée
Vers 2 heures, la relève arrive. C’est Vanlierde de la 7ième Cie qui vient nous relever. Même scène que d’habitude. Dès que la section est relevée, je pars au piquet par le chemin Albert.
L’emplacement est changé. Nous ne sommes pas trop mal mais moins bien que la dernière fois.
Au soir, à 4 heures, nous travaillons à la réfection des tranchées.
Nous travaillons de 3 à 7 heures. Le lieutenant Flamand est malade.
J’ai reçu la quittance d’une somme de 25 Frs que j’ai envoyée au Crédit Anversois.
À 3 heures, travail. À 6 heures 30, je dois aller avec ma section occuper les tranchées du pont de Drie-Grachten.
Ensuite, je reviens. Je vois abattre deux captifs anglais.
À 3 heures, toujours le même travail. J’envoie 100 Frs à la maison par le Crédit Anversois. Les nouvelles de l’offensive ne sont pas bonnes.
Au soir, on communique qu’il n’y a pas de […] parce qu’il y a beaucoup de malades.
À 10 heures, il y a alerte. Les hommes peuvent rester dans les abris mais ils doivent être en tenue.
Je fais la solde.
Au soir, il y a à nouveau alerte. On ne sait vraiment pas pour quelle raison.
Temps magnifique. L’offensive vers l’Aisne ralentit.
Au soir, nous pensons être relevés vers 11 heures. La relève arrive.
Nous arrivons au même cantonnement que la dernière fois.
À 2 heures du matin, il y a une espèce d’attaque à Dixmude. Je ne vais pas à la messe car je suis très fatigué. La 1ière section fournit une garde au pont de Pollinkhove pour empêcher les hommes de se rendre au village.
Je ne sors pas.
Il y a exercice : nouvelle formation des vagues d’assaut du général Copiaens. Ensuite distribution d’effets. Je reçois une capote, une veste, un pantalon de drap, des souliers de repos, une tente et des bretelles.
Goemare est porté manquant.
Au soir, Joseph CARETTE qui vient de revenir au bataillon vient me saluer.
À 7 heures, nous partons au bain à Elsendamme.
À notre retour, il y a inspection et une demande d’effets. Les journaux annoncent que les Allemands ont déclenché une nouvelle offensive dimanche dernier mais ils n’ont pas eu beaucoup de succès.
Nous faisons la grasse matinée. La rumeur dit que le 6ième Chasseurs à pied a fait un raid très réussi. Ils ont fait 41 prisonniers dont un officier. Ils ont eu un tué.
Au soir, ma section est de garde. Je vais prendre un verre avec CARETTE et Emens.
Il y a inspection du campement.
Au soir, je vais au magasin du fourrier où l’on discute. Je passe l’appel. Je porte tout le monde présent. J’apprends ensuite que DeNaer et Vanacker sont ivres-morts sur la route.
La voiture va les chercher.
Je prends note des malades. Ensuite nous préparons notre fourbi pour partir aux tranchées.
Nous partons par le pont de Knokke. Nous prenons les sacs des F.M. en passant. La compagnie va aux Aviateurs. Le peloton va dans la ligne des T.
Il ne faut qu’un gradé de quart.
À 3 heures, alerte. Tout le monde […] était-elle dans la tranchée. La journée est calme.
Au soir, je vais au poste en A 23 avec un caporal, six hommes et un F.M. Le poste est assez dangereux. Aussi il s’agit d’ouvrir l’œil. Nous sommes en […] avec le 2ième Chasseurs.
Toute la nuit, j’ai de la visite.
Pendant le jour, j’ai une sentinelle simple.
Durant la matinée, le mot d’ordre change. Tout va bien.
Au soir, je suis relevé par le sergent Dubuisson. Je pars à la 3ième ligne dans la tranchée des « Isolés ».
À minuit, je dois travailler en T 2.
Je travaille en T 2 jusqu’à 3 heures. On m’a donné de l’ouvrage pour une journée. Je retourne en 3ième ligne jusqu’au soir.
Ensuite, nous (la section) allons relever la 1ière section en A.V. 5, tranchée de dédoublement.
Pendant la nuit, tout se passe bien et pendant la journée également.
Au soir, mon peloton va dans les A.V. 12 – 3 – 4 (avancés). Je peux me reposer durant la nuit. Un bombardement violent commence au Mont Kemmel et il se rapproche petit à petit de nous.
Le ciel est sillonné de fusées en tout genre : rouges, vertes, multicolores, etc… que les Allemands et les nôtres lancent. Nous nous demandons s’il ne s’agit pas du déclenchement de l’offensive
Au petit jour, le calme renaît. Pendant la nuit, des Boches ont été aperçus par nos sentinelles.
Il pleut toute la matinée et je suis de quart jusqu’à 10 heures.
À la relève par le 2ième peloton, nous allons en T. Il y a trois bons abris mais ce n’est pas pour les hommes qui descendent des avant-postes. Le premier est pour les signaleurs, le second pour les délégués et le troisième pour le sergent Coussement et son magasinier qui met ainsi huit hommes à la porte.
Nous logeons dans de véritables trous.
À 3 heures, je vais avec le lieutenant Flamant en reconnaissance dans le secteur centre de la D.I. Nous partons par les A.V., poste A 23, les K.I. pour arriver à Aschop ( ?) où nous devrons aller la prochaine fois.
La ligne est constituée d’îlots de résistance. C’est un secteur où il faut prendre beaucoup de précautions. Nous revenons par les passerelles en T.
Après l’alerte qui dure un peu plus longtemps à cause du brouillard, je suis de quart. À 3 heures de l’après-midi, je suis en personnel d’installation avec trois hommes à Noordschote. Je reprends les magasins. Il y en a huit.
La compagnie doit arriver vers 11 heures.
À 1 heure, j’attendais encore le lieutenant Jadoul.
À 8 heures 30, on vient me réveiller pour faire le croquis de l’emplacement de la compagnie. Ensuite, c’est pour autre chose.
L’après-midi, nous allons travailler au pont de Drie-Grachten pour construire une tranchée tête de pont.
Solde.
L’après-midi à 3 heures, même travail qu’hier au pont de Drie-Grachten.
Je vais à la messe de 10 heures au poste de secours.
À 11 heures, le lieutenant Flamant expose une théorie au peloton sur le secteur où nous allons aller.
Au soir, nous partons aux tranchées. Le peloton va aux avant-postes en Aschop 1 – 2 – 3 – 4. Il y a trois postes en avant. On y trouve trois hommes et un caporal.
La nuit est très belle. Tout se passe bien.
Au matin, il commence à pleuvoir. Je me sens un peu indisposé.
Au soir, le mal empire. J’ai la grippe espagnole. Je suis très abattu.
Le lieutenant me laisse dans mon abri.
Je n’en peux plus. J’ai énormément de fièvre.
Au petit jour, je pars en troisième ligne. L’infirmier prend ma température. J’ai 39°. Je me repose. Je ne mange pas.
Au soir, j’occupe un abri où mon peloton doit arriver. J’ai 39°9.
Je prends une purge. Je ne mange toujours pas durant toute la journée.
L’adjudant Paneels arrive au peloton.
Je vais un peu mieux.
Au soir, je pars en avant à la position de renfort où le peloton doit arriver. Je me repose toute la nuit.
Vers 5 heures, je reçois mon congé. Je prends le quart jusqu’à 11 heures.
Je vais chercher le ceinturon de Louis Maurice à Merkem. Je suis étonné de voir comment les Allemands avaient fortifié ce village.
Il y a de l’orage.
Et dès qu’il est terminé, je pars avec mon fourbi. Je peux à peine marcher car je suis très faible. Heureusement je rencontre un camion d’artillerie sur lequel je monte jusqu’à Reninge. Je vais au magasin où je prépare mon paquet.
Toute la nuit, je reste éveillé.
J’ai peur de m’endormir car je dois partir à 4 heures pour être à temps pour mon train à Waayenburg.
J’arrive à Calais vers midi et demi. J’essaie de partir le jour même mais ce n’est pas possible. Je vais dîner au Cercle des soldats. Ensuite je vais saluer Robert Gosset à la T.S.F. Il m’invite pour le souper.
Plus tard nous allons au cinéma et je vais coucher dans sa chambre.
Je déjeune avec les sous-off. de la T.S.F. Ensuite je vais à la messe à St-Pierre. Je reviens dîner au même endroit.
Plus tard, Robert me conduit jusqu’au port. Tous les colis sont inspectés. Tous les journaux sont ramassés.
À 4 heures, le bateau s’en va. La mer est très belle.
Nous arrivons vers 6 heures 30 à Folkestone.
À 8 heures 30, nous avons un train à la gare centrale qui fait la banlieue. Ensuite il y a un express. Nous arrivons à Londres vers 11 heures à King’s Cross Station. Nous sommes conduits par des gendarmes à Building où nous recevons nos cartes de sucre, de viande et de beurre.
Il est minuit lorsque nous avons terminé. Je n’ai plus de train pour Wandsworth.
Je loge à l’hôtel du soldat.
Navire qui assurait le transport de
militaires entre Folkestone et la France en 1918
Je me lève à 7 heures.
J’écris à Fidèle et à Mme Steyaert.
À 8 heures 30, je prends le train. J’arrive à Wandsworth chez Cousin. Nous parlons.
L’après-midi, nous allons nous balader dans le Common.
Au matin, je vais faire ma photographie.
Ensuite je vais saluer les Little qui sont très aimables.
Au soir, Fidèle vient me voir.
Au matin, nous faisons quelques courses.
L’après-midi, nous nous rendons à East Hill.
De là, je pars à Londres pour rencontrer Fidèle. Je vais acheter un porte-plume réservoir. Puis nous allons prendre quelques verres.
Plus tard, nous soupons dans un restaurant. Par après, nous allons voir jouer à la b[…].
L’après-midi, je vais à Londres avec Cousin pour voir si Raymond n’est pas de retour. C’est justement la journée américaine : il y a beaucoup de monde dans les rues.
Les permissionnaires belges arrivent mais Raymond n’est pas parmi eux.
Cousin en est très affecté.
Au matin, nous nous promenons un peu.
Vers 10 heures, je vais chez Little pour prendre le thé. Ensuite, j’accompagne Mlle Muriel au théâtre. En rentrant, je soupe chez les Little.
Cousin part très tôt dans le Lancashire pour assurer la gérance de deux fermes. Je pars à Twickenham pour dîner chez Steyaert.
Ensuite je me rends chez Dortu ( ?) où Fidèle vient me rejoindre. Je sors.
Nous allons dans plusieurs bars.
Vers 22 heures, nous allons chez Mr. Pamper ( ?) où nous jouons au rami. Je gagne une dizaine de francs.
Nous soupons là et vers 2 heures 30, je dors sur place chez Fidèle.
Je me réveille vers 9 heures.
Je retourne chez Cousin Mousset. Immédiatement après le dîner j’accompagne Marie qui va voir Lucie au pensionnat.
Celle-ci est malade et revient avec nous.
Je vais chercher mes photos. Je vais prendre congé des Little.
Au soir, Fidèle vient me saluer. Je sors une heure avec lui.
Nous soupons et nous discutons.
Au matin, je fais quelques courses.
L’après-midi, nous allons à Balham. Cousin m’offre une belle blague à tabac. Ensuite je prépare mon paquet.
Au soir, après le souper, je remercie Cousin et Cousine pour leur bon accueil.
Plus tard, je me rends à Londres. Mr. Emile, que je n’avais plus vu depuis plus d’un an, m’accompagne jusque chez Fidèle. Nous sortons tous les trois.
Vers 10 heures, je rentre à l’hôtel du soldat belge où je vais me coucher.
À 5 heures 30, je prends le train à Victoria Station assez triste de ce que j’ai vu ici.
En effet, beaucoup de jeunes Anglais sont, soi-disant, indispensables dans leur pays et puis d’autres travaillent à la confection des munitions.
Pour ces motifs, ils ne viennent pas au front et ils gagnent de gros salaires alors que nous autres malheureux nous subissons tous les dangers et risquons notre vie
Nous avons à peine assez d’argent pour subsister et lorsque la guerre sera terminée, nous aurons juste la somme suffisante pour nous acheter un costume et une paire de bottines.
Nous avons quelques heures d’attente à Folkestone. Nous prenons le bateau l’après-midi.
J’arrive à Calais vers 4 heures. Il pleut. Je retourne voir Robert. Je soupe chez lui et son sergent-major. Nous allons au cinéma.
Ensuite je m’en vais afin de loger dans un dortoir militaire à Saint-Pierre Halte.
L'endroit à Calais tel qu'il existe
encore de nos jours
À 4 heures 30, on nous réveille pour prendre le train qui doit arriver à 6 heures 30.
Mais à 10 heures, il n’est pas encore là.
Finalement il arrive. Je descends à Klein Leisele. Là je prends le tram jusqu’au Lion Belge.
Mon bataillon est logé à Eikhoek.
Anniversaire de la Bataille des Eperons d’or : on trouve des affiches flamingantes qui font honte à leurs auteurs.
J’apprends que le régiment a fait un raid.
Il y a repos toute la journée.
L’après-midi, la compagnie va au bain. Je vais à De Wulpen ( ?) pour saluer Raymond qui est aux pièces ( ?). Nous discutons de la relève.
À 4 heures 30, réveil.
Nous partons en decauville pour travailler entre Pijpegaele et Zuidschote.
Nous rentrons vers 1 heure.
C’est maintenant toutes des lignes de tranchées les unes derrière les autres.
Pendant la nuit, nous avons la visite des avions qui jettent des bombes dans nos environs et entre autres sur un dépôt de munitions et de fusées qui saute. Cela provoque une immense alerte : toutes ces fusées partent et les cartouches éclatent. Il y avait à proximité un dépôt d’obus à gaz.
Par chance celui-ci est resté intact ! Le Major ordonne d’arrêter le tir des mitrailleurs contre les avions. Pourquoi ?
Je vais à la messe de 10 heures au camp.
L’après-midi, il devait y avoir fête du bataillon. Mais le mauvais temps l’en empêche. Je vais avec CARETTE à Westvleteren pour visiter le cimetière.
Gustave Tiberghien (assis, le 2° à
partir de la g.) au milieu de ses frères d'armes.
Je souhaite une bonne fête à mon cher frère. Il fait très mauvais. Nous allons au travail. Demain nous partons.
À 7 heures, nous partons à Leisele. On trouve le moyen de nous faire faire le tour par le Lion Belge et Oostvleteren. C’est vrai qu’à l’armée le chemin le plus court entre deux points n’est jamais la ligne droite ! Nous arrivons vers 2 heures au camp de Bruxelles.
Nous sommes bien installés.
Aujourd’hui, il y a installation.
Les sous-officiers doivent aller en reconnaissance pour le cas d’alerte.
Au soir, je vais voir Charles Hocepied au B.R.I. ainsi que SENELLE.
Il y a exercice d’alerte pour les officiers. Pour nous, il y a exercice.
Il pleut. Nous rentrons immédiatement.
L’après-midi, je pars pour être de garde à la gare de Kruiske au dépôt de munitions avec deux caporaux et 27 hommes. Les consignes sont sévères. Il y a neuf sentinelles simples.
La garde se passe bien.
À 3 heures, je suis relevé par la 5ième Cie.
Au soir, je vais à Leisele avec Dasterbeeke ( ?).
Il devait y avoir prise d’armes mais il y a à nouveau exercice d’alerte pour les officiers.
Nous nous nettoyons.
L’après-midi, je vais à Hondschoote avec Octave Blancke, CARETTE, Hocepied et GRIMONPREZ.
Octave nous ramène avec une auto à Leisele.
Je vais à la messe de 10 heures à Leisele.
L’après-midi, je vais voir un match de football qui oppose la 2ième D.A. à des Anglais. Mais je dois m’en aller avant la fin de la partie car à 5 heures, je suis de patrouille.
Les Belges ont gagné le match et les courses pédestres
À 9 heures 30, ma patrouille est terminée.
Nous partons à 6 heures 30 en tram pour travailler derrière Abele H[…]. On nous fait faire un tour extraordinaire…
À 1 heure, on embarque pour le retour.
Même activité qu’hier. Il fait un temps épouvantable. On ne sait pas beaucoup travailler. Les Français refoulent les Allemands à Château-Thierry.
Même activité qu’hier. Même temps.
Distribution d’effets au retour.
Repos.
À 6 heures 30, travail. Départ au tram. Comme le temps est assez bon, nous avançons bien.
Même activité qu’hier.
Au soir, je vais au village.
Je vais à la messe militaire de 11 heures.
L’après-midi, je vais voir « Le Barbier de Séville » au théâtre de l’hôpital de l’Océan à Vinkem. Le spectacle est très bien interprété. On devait envoyer onze soldats par compagnie.
C’est tout au plus s’il y en a quatre pour le bataillon car il n’y a plus beaucoup d’hommes de l’infanterie capables de comprendre une pièce. Ils préfèrent s’abrutir à jouer aux cartes sur leurs lits de camp et tout cela parce que ceux qui seraient capables de penser ne sont pas dans les compagnies.
Ils ont tous eu un « tuyau » quelconque pour ne pas se faire tuer. Ce sont des malheureux qui marchent toujours, des gens incapables de réfléchir à ce qui est bien et ce qui est mal. Nous, les gradés, nous avons parfois bien des difficultés à cause de cet état de fait.
Cependant il nous faut davantage plaindre ces gens « infortunés » et le plus souvent nous devons réfléchir à leur place.
Au soir, je vais à Leisele avec tous les sous-off. de la compagnie.
Le personnel d’installation part à La Panne où nous allons pour relever la 6ième D.A.
L’après-midi, on charge les sacs à paille et les « vaderlands ».
À minuit, nous partons prendre le train à Izenberge. J’ai communié ce soir.
Nous descendons à Adinkerke et nous arrivons à La Panne à 2 heures 30. Nous sommes logés dans la rue en face de l’hôtel Continental près de la mer. Dès que les sacs de paille sont arrivés, nous nous couchons
L’après-midi, je vais prendre un bain.
Je souhaite une bonne fête à ma marraine. Nous sommes au repos.
L’après-midi, je vais au bain et au soir, je sors avec des amis.
Ici c’est très agréable. Il y a de nombreux cafés où il y a des orchestres symphoniques et puis on a un peu l’impression d’être en ville.
Au matin, il y a bain à la mer pour toute la compagnie. Nous nous promenons. C’est le repos complet.
La nuit, les avions viennent jeter des bombes
Soldats belges au repos à la Côte
Je suis désigné pour conduire le détachement qui doit rendre les honneurs aux funérailles de six soldats à Noordhoek où se trouve le nouveau cimetière.
À midi, je suis rentré. Il pleut toute l’après-midi.
À 5 heures, je vais au salut à la Chapelle des Oblats. Il y a réunion de la Ligue du Sacré-Cœur. Je communie comme beaucoup d’hommes de mon bataillon.
Pendant le salut, un aumônier fait un magnifique sermon : « Tu ne mangeras pas ton pain dans l’oisiveté ».
Je reviens avec SENELLE.
À 7 heures, nous partons en demi-repos au camp de Mitry.
Nous partons par la route de Furnes, Coxyde-Village, où je rencontre Omer Goemare, Oostduinkerke-Village. Le camp se trouve entre ce dernier et la mer au milieu des dunes.
C’est très sauvage et tout à fait en dehors du monde.
Je vais à la messe de 10 heures au camp de Bagdad.
Après-midi, je me promène un peu dans les dunes avec Emens, SENELLE et Vandenauthe. Nous parlons un peu de l’avenir ainsi que du mariage.
Vandenauthe a appris que sa fiancée était mariée en Belgique occupée. Il en est très affecté.
Au matin, le 1ier peloton va aux bains de mer à Coxyde.
Après le souper, je vais au salut au camp de Bagdad et je communie. Les Boches bombardent Oostduinkerke-Plage.
Nous nous préparons pour partir aux tranchées. Nous sommes de garde. Il n’y a qu’une Cie en avant au redan ainsi que deux pelotons du groupement léger. La 2ième Cie et la 1ière vont en arrière.
Nous partons à 9 heures. Nous sommes à la ferme du Moulin dans de bons abris. Il y a une sentinelle pour les gaz.
À 3 heures, alerte. Nous allons occuper les emplacements : la 1ière section dans le boyau de « l’espérance », une escouade à la tranchée du Goéland et une autre à la tranchée du Prepelle ( ?).
Au jour, nous rentrons. Il n’y a rien à faire comme travail.
À 3 heures, même activité qu’hier.
Au soir, nous allons travailler au redan.
En revenant du travail, je vais en reconnaissance à l’emplacement du piquet. Nous retournons à la ferme du Moulin.
Nous admirons deux avions anglais qui viennent tous les jours mitrailler les tranchées allemandes.
On fait la solde. Le capitaine expose une théorie aux officiers et aux sous-officiers sur l’emplacement où nous nous rendons.
Lorsque la relève arrive, nous partons au chemin de fer. Il y a beaucoup d’avions en route. De ce fait, nous voyons beaucoup de phares de chaque côté.
Nous occupons les tranchées d’alerte.
Je vais jusqu’à la presqu’île pour voir les positions. Le
secteur me semble très bizarre avec tous ces canaux et tous ces tirs de
flanquement. (*)
J’ai l’impression que les Allemands auraient beaucoup de difficultés s’ils voulaient passer.
(*) : Terme
militaire synonyme de « tir d’enfilade »
Je vais en reconnaissance avec le lieutenant au redan où nous devons aller la prochaine fois. Le peloton occupe la tranchée Dupuis et les postes sur la route de Lombarsijde.
Au soir, nous allons à la presqu’île pour relever le 3ième peloton. Comme la passerelle a été bombardée, nous devons faire un détour.
La nuit s’est bien passée.
Aujourd’hui, je pense beaucoup à ma famille… probablement parce que là-bas ils se disent que j’ai vingt-sept ans en ce jour. Ils doivent sans doute également se poser des questions sur mon sort.
Ah ! Si je pouvais les rassurer !
La journée est calme. Nous voyons très bien Ostende et pendant la nuit, je crois que nous pouvons même voir le phare de Flessingue qui tourne.
Les avions sont encore en route.
Au petit jour, les Allemands attaquent sans succès les postes de la route de Lombarsijde.
L’après-midi, je reçois quelques obus près de mon abri.
Puis durant la nuit, la relève arrive. Nous partons au cantonnement.
Nous sommes au camp de Mitry à la même place que la dernière fois.
À 7 heures, je me lève pour aller à la messe où je communie.
L’après-midi,
je fais un peu de crème au chocolat avec des amis. Joseph CARETTE vient me
féliciter car je suis
décoré de la croix de guerre pour « pour
le courage et le dévouement dont j’ai fait preuve pendant ma longue présence au
front ».
J’en suis heureux, surtout pour mes parents.
S’il devait m’arriver malheur, je sais que mon père serait fier de savoir que j’ai été nommé sergent et en plus décoré car personne plus que lui n’a une si haute conception du devoir !
Il y a bain. Nous allons pour cela à St-Idesbald.
À 21 heures 30, nous allons au travail près du carrefour de l’auto.
Je suis occupée toute la journée.
Au soir, je fais une partie de cartes. Il y a eu théorie par le Major.
Je vais à la messe de 10 heures.
Je discute avec Odilon BOUCKAERT. Nous nous préparons pour partir aux tranchées. Nous allons au sud du redan.
Le lieutenant Flamand va avec le 2ième peloton et l’adjudant Vandenberghe vient avec nous. En arrivant au redan, nous sommes bombardés…. mais sans accident pour nous.
J’installe le peloton.
Je prends le quart à 5 heures jusqu’à 11 heures.
La journée est calme.
Au soir, je vais en avant-poste (2). Tout est calme.
Il fait noir très longtemps.
Enfin le jour se lève ! Je reste avec trois hommes. Heureusement qu’il ne pleut pas ! Sans cela nous serions très mal arrangés car nous pouvons à peine remuer.
Au soir, le sergent Verstraeten vient me relever. Je me repose.
À 5 heures, je suis de quart jusqu’à 9 heures. Tout est très calme.
Au soir, je vais relever la poste 2. Le génie vient placer des fils de fer autour des postes. Il fait très clair.
Le colonel vient voir les postes.
Au matin, je suis relevé de mon poste par le caporal Depoorter. Les Allemands tirent quelques obus dans la direction des postes.
Au soir, la 10ième Cie vient nous relever. Nous allons à la tranchée de Nieuport qui se trouve le long du chenal. Il y a quatre postes pour le peloton.
À 5 heures 30, tout le monde peut rentrer. Il y a une sentinelle double.
Je suis installé avec ma section au poste de secours du Koloff ( ?). La journée est calme. Beaucoup d’hommes souffrent de coliques.
C’est également mon cas. Je suis exempt de garde pour la nuit.
Vers 2 heures 30, j’entends un violent bombardement. Je le lève et me mets en tenue.
Ce sont les Allemands qui font un raid sur les postes 6 et 7 du 5ième Chasseurs. Nos mitrailleurs tirent très bien mais notre artillerie laisse beaucoup à désirer. Aussi les hommes ne cachent pas leur colère contre nos artilleurs. Les Allemands lancent également des grenades à gaz.
Je reçois la quittance de la banque de Courtrai.
Durant toute la journée, l’artillerie allemande est très active.
Au soir, le 2ième peloton nous remplace de garde.
G. Tiberghien (au centre : le 5° à
partir de la dr.) durant la grande guerre
De 4 heures 30 à 5 heures 30, il y a alerte.
Avec ma section, j’occupe les passerelles sur le Koloff ( ?). Je suis de quart.
Les Allemands bombardent assez bien. Je vais à la messe au poste de secours. Le 1ier de Ligne vient en reconnaissance.
Nous devions être relevés ce soir mais en raison du raid allemand qui nous a fait des prisonniers, la relève est retardée d’un jour.
Heureusement car pendant la soirée toutes les routes sont bombardées !
Au matin, même activité qu’hier. Mon état de santé s’améliore. J’apprends la mort de Gervais Parmentier et de Polidor Vandervenethe.
Au soir, il pleut et il fait très noir.
Des gradés sont partis pour aller chercher la relève.
À 7 heures 30, la relève arrive
Nous partons aussitôt. Le lieutenant Flamant doit rester sur place jusqu’au matin. Il me charge de reconduire le peloton. Nous partons par la piste du 401° p ( ?), une piste en très mauvais état.
Nous arrivons au camp de Mitry vers 3 heures 30.
À 9 heures, nous partons au camp de Badur ( ?) où nous devons passer le repos.
Nous sommes bien logés.
Nous faisons l’installation et le nettoyage.
Le Major passe dans les baraquements. Il trouve qu’il fait sale. Pour le cas où le colonel trouverait quelque chose à redire, il dit à celui-ci qu’il en a fait la remarque au commandant de Cie (système du parapluie !).
Au soir, je vais au cinéma installé dans le camp.
Nous allons au test des masques. Il n’y a que ceux qui ont des doutes concernant leur masque qui passent et en reçoivent un autre.
L’après-midi, nous allons au bain à La Panne.
En rentrant, je vais au cinéma.
De 9 à 10 heures, exercice.
De 2 à 3 heures, gymnastique.
Au soir, j’écris et je lis.
Même service qu’hier. On fait la solde.
Je suis exempt de service à cause de coliques persistantes.
À 7 heures, je vais à St-Idesbald au bureau des facteurs pour remplacer MICHIELS qui part en congé pour deux jours. Je fais la tournée du bataillon.
L’après-midi, je vais à La Panne à l’hôtel de la Poste pour voir la représentation de la pièce « Le mariage de Mademoiselle Beulemans ».
Ce n’est pas très bien joué car tous les acteurs ne sont pas Bruxellois.
Ensuite je sors avec L.M. GRIMONPREZ et Octave Blancke.
Après le souper, je retourne au cantonnement.
Je suis encore facteur aujourd’hui. Je fais la tournée.
En revenant, j’arrange les comptes pour MICHIELS. Je remets ceux-ci à Grosjean.
Les communiqués sont magnifiques ! Nous nous berçons d’espoir de revoir bientôt nos parents.
À 6 heures, exercice d’alerte. Nous occupons les emplacements. Le colonel me fait une remontrance parce qu’il y a des hommes qui se montrent. Cependant si nous étions réellement au combat, comme il le prétend, le verrait-on parmi nous ?
J’en doute
À 10 heures 30, il y a un avion qui fait des signaux. Dans chaque section, on allume un feu de bengale pour lui indiquer notre emplacement.
À 11 heures 30, l’exercice est terminé.
L’après-midi, inspection des armes.
Nous faisons l’exercice par compagnie : déploiement « système Copiaens ». Nous changeons tellement souvent que les hommes et même les gradés ne s’y retrouvent plus !
L’après-midi, gymnastique.
À 4 heures 30, réveil.
Exercice de D.I. Nous allons près de La Panne où nous nous formons en colonnes pour progresser à un certain point. Nous arrêtons et le 2ième bataillon nous dépasse.
À 12 heures 30, nous terminons. Nous avons été bien arrosés.
Au soir, je vais communier.
Nous changeons de cantonnement. Nous allons au camp de Jeanniet ( ?) à ZeePanne.
Je dois aller à La Panne pour recevoir ma croix de guerre.
Je charge mon fourbi sur un camion. Léon Duthoit est également présent.
La cérémonie terminée, je vais dîner. Puis je retourne dans mon nouveau cantonnement qui a déjà été bien bombardé. Je travaille pour m’arranger une petite place convenable.
À 5 heures, nous devions être vaccinés.
Il y a contre-ordre.
Je vais à la visite pour me rendre ensuite chez le dentiste à La Panne où l’on m’arrache une dent.
En rentrant, je reçois une lettre d’Henri Baele (*) qui m’annonce que (son frère) Jules (**) a été tué le 19 juillet au Mont-de-Paris près de Soissons.
Au soir, nous faisons la causette au bureau : question […]. Il y a un violent orage.
(*) : Henri
est en réalité un cousin éloigné de Gustave. Cependant ils avaient maintenu des
liens familiaux.
(**) : Jules
Baele (né à Tourcoing en 1884 et
mort pour la France près de Soissons à la Montagne de Paris le
19/07/1918). Soldat au 365° régiment d’infanterie de l’armée française.
Je vais à la messe de 10 heures à l’église de Coxyde que je trouve jolie.
Mais malheureusement elle a été bombardée.
L’après-midi, il fait très mauvais.
J’écris durant tout l’après-midi.
Au soir, je fais une partie de whist.
Mes vœux de bonne fête s’adressent à mon cher papa. Je prie pour lui afin que Dieu le protège contre les cruautés de l’invasion.
Au soir, nous sommes vaccinés contre la fièvre typhoïde.
La nuit, je souffre assez bien.
Je vais à La Panne au théâtre de l’hôtel de l’Océan pour voir jouer une troupe française qui interprète « Mademoiselle Josette ma femme ». (*)
Nous restons à La Panne jusqu’à 7 heures 30.
(*) : Pièce
de Paul Gavault et Robert Charvay.
Il y a distribution d’effets. Je reçois un bonnet de police et une besace.
L’après-midi, il n’y a rien à faire.
Le lieutenant Flamant part en congé.
On remet les sacs individuels. Nous allons en reconnaissance à la côte où nous devons aller demain.
Au soir, nous devons aller relever le 2ième bataillon.
Ma compagnie se trouve entre Oostduinkerke et Coxyde.
La nuit, de 9 heures à minuit, je suis de 7° ronde avec deux hommes sur la plage.
Il y a solde.
L’après-midi, théorie par le capitaine sur les positions à tenir en cas d’alerte et sur la nouvelle méthode offensive.
À 6 heures, je suis de quart. Je vais à la messe de 8 heures où je communie.
Durant la journée, il n’y a pas grand-chose à faire.
De minuit à 2 heures 30, je suis de patrouille. Ensuite, repos et organisation du service.
Il y a beaucoup d’avions au-dessus de nos têtes.
Beaucoup de bruits circulent sur un probable départ de la D.I. pour Merkem où cela semble chauffer en ce moment.
Il y a théorie par la capitaine sur l’embarquement en cas d’alerte.
De 2 à 6 heures, je suis de ronde. Nous préparons notre départ.
Nous allons chercher ce qu’il faut au magasin pour être en tenue réglementaire.
À 6 heures, alerte. Tout le monde est en tenue. Des cavaliers viennent nous relever. Toute la Cie est rassemblée près de l’abri du capitaine.
Il y a inspection des sacs.
À 7 heures, nous pouvons regagner nos logements.
De 9 à 12 heures, je suis de ronde.
On ramasse le sale linge.
Il y a toute une histoire à cause de gourdes qui n’ont pas été rentrées.
Il y a solde. Nous sommes relevés le soir par la 1ière Cie. Nous voyons beaucoup de grosse artillerie qui part on ne sait où.
On parle beaucoup de notre prochain départ. Nous allons au camp de la Flotte.
Je vais à la messe et communie.
L’après-midi, je vais au cinéma du camp de Badur avec SENELLE et Denaer.
Il y a inspection de détails en vue de notre prochain départ.
Après-midi, nous faisons un exercice de déploiement.
Nous faisons une marche en tenue de mouvement.
Nous allons à Duinhoek entre La Panne et Adinkerke.
Là nous faisons un petit exercice. Tous les hommes de mon peloton sont au travail.
Nous rentrons vers 1 heure.
Au matin en raison de la pluie, il y a inspection par les chefs de peloton.
L’après-midi, je suis de garde avec 15 hommes au dépôt de munitions de Coxyde.
La garde se passe bien. Le personnel d’installation est parti.
L’après-midi, j’apprends qu’on ramasse les « vaderlands » et les sacs de paille. Nous partirons probablement ce soir.
À 8 heures, je suis relevé et à 9 heures, nous sommes embarqués à Coxyde pour une destination inconnue mais nous savons que nous partons pour le combat.
Nous avons deux rations de vivre de réserve et tout est prêt pour l’action.
Vers 3 heures du matin, nous débarquons à Eikhoek.
Nous avons des logements mais ils sont déjà occupés par les artilleurs. Nous dormons donc à l’extérieur. C’est la vraie guerre qui commence ! (sic)
On distribue du vin, de l’alcool et à 8 heures du soir, dans les rangs. Nous partons en réserve de la 8ième D.I. près des Anglais à St-Julien (Sint-Juliaan).
Il y a 25 km à parcourir à pied. Aussi nous sommes éreintés en arrivant à mi-chemin.
Il y a un trafic extraordinaire sur les routes. Nous sommes encore en chemin lorsque le tir de destruction commence.
À 2 heures, nous arrivons à destination. Nous sommes en pleine campagne au milieu des batteries. Les Allemands ripostent très peu.
À 5 heures 30, le (tir de) barrage commence. C’est effrayant et magnifique à la fois ! Mais il commence à pleuvoir. Quelques heures plus tard, les batteries avancent et les blessés et les prisonniers affluent.
À 11 heures, le bataillon avance. Nous faisons une halte pendant une heure aux premières lignes allemandes. Le calme renaît. Les batteries tirent beaucoup moins.
Il y a toujours beaucoup de circulation sur les routes. Nous continuons notre avance.
Nous bivouaquons à Frezenberg. Il fait très froid mais l’attaque progresse bien !
Au petit jour, on chauffe un peu de café.
Puis nous nous mettons en marche toujours en colonnes d’escouade. On manœuvre un peu partout. Le temps est assez bon. Des avions allemands nous mitraillent.
Plus tard, le bataillon doit aller prendre Waterdamhoek.
Mais le Major se trompe de route et il nous emmène dans la direction de Menin. Un peu après nous faisons demi-tour.
Alors que la nuit commence à tomber, nous retrouvons le bon chemin. Il pleut à torrent. Nous relevons le 17ième de Ligne sur la route Moorslede à Dadizele.
La nuit est calme.
Au matin, le 6ième Chasseurs nous relève et attaque. Nous retournons vers l’arrière. Une mitrailleuse nous tire dessus. Derrière moi, Deconinck est blessé.
Moi-même je reçois une balle dans le fourreau de ma baïonnette. Il pleut toujours.
Nous partons par Waterdamhoek et Moorslede. Nous prenons position de réserve du régiment derrière le château où le 3ième bataillon a connu beaucoup de pertes. Nous devons traverser un tir de barrage.
Liessens ( ?) est tué et Vankersbile ( ?) est blessé. Nous ne revoyons plus plusieurs des nôtres que certains affirment blessés. Ma section diminue.
Il pleut toute la journée et nous n’avons pas été ravitaillés hier. Le moral est en baisse.
Au soir, nous partons vers le moulin sur la route de Roulers. Nous plaçons des postes et nous dormons dans des baraquements.
Nous sommes exténués.
Vers 9 heures, nous devons aller de l’avant
à la gauche du château.
Au
lieu de nous défiler, nous marchons à travers les champs en colonnes d’escouade.
La mitrailleuse nous fauche des hommes. Peelman
est blessé.
En
arrivant derrière le 2ième bataillon, nous sommes bien bombardés.
Nous perdons encore des hommes.
Nous
creusons des trous pour passer la nuit.
Vers 4 heures, le 3ième
bataillon nous relève. Nous partons en réserve vers l’arrière dans un petit
bois
L’après-midi, on nous annonce que nous
avançons. Nous allons donc prendre position dans les champs où nous recevons un
tir d’artillerie « soigné ».
Mais
il y a très peu de blessés. Il n’empêche que j’ai récité mon « acte de
contrition ».
Ensuite
nous retournons dans le bois.
Avant
le jour, nous allons relever un autre bataillon en avant. Nous nous installons
dans un fossé le long d’une haie.
La
journée se passe bien.
Au soir, la 1ière Cie nous
relève et le peloton recule d’une cinquantaine de mètres.
Au matin, nous allons relever la 1ière
Cie près du château. La journée est calme.
Au soir, le caporal Depoorter est blessé.
Nous
sommes relevés pendant la nuit.
Nous
allons dans le bois. Un peu plus tard, nous partons derrière Moorslede
sur la route de Passendale. Nous sommes bombardés.
Un
obus tombe près de moi alors que je chauffais une boite de maconochie qui était
remplie de poudre.
Je
ne suis pas blessé.
(*) : boite de ration utilisée principalement dans l’armée
britannique.
Elle contenait des navets, carottes et des pommes de terre
baignant dans une soupe.
Nous
passons la nuit assez bien.
La
journée et la soirée sont calmes.
Au matin, nous allons relever le 3ième
bataillon près d’une ferme dans la direction de B[…].
La
journée et la nuit sont bonnes.
Au matin, ma section relève la 1ière
dans un abri de la ferme. Nous sommes tous serrés les uns contre les autres.
La
journée est calme.
Durant la nuit, nous allons relever la 1ière
Cie en avant. Joseph CARETTE a fait un prisonnier.
Nous
devons être relevés par le 6ième Chasseurs. Ils n’arrivent qu’au
petit jour. Nous pouvons quand même partir sans encombre.
Nous
allons dans un bois près de Moorslede.
Tout
va bien.
Je
vais en corvée chercher des fusils sur la route de Roulers.
L’après-midi, je vois un avion allemand
qui est abattu.
Les
Allemands emploient les gaz dans les environs.
Au matin, nous partons derrière Moorslede.
Tout va bien.
Au soir, nous sommes relevés par la 2ième
D.I. Nous partons à Zonnebeke où nous bivouaquons. Il pleut toute la
journée.
Nous sommes proches des Anglais.
Au matin, nous allumons des feux. Nous sommes gelés.
Au soir, j’arrange un trou pour passer la nuit.
Il pleut sans arrêt.
Vers 7 heures, nous partons prendre le train à Boesinge. On parle de plus en plus de paix. La chose est-elle vraie ? J’ai bon espoir que cela ne durera plus longtemps !
Nous débarquons à Elzentap
et nous allons cantonner à la route de Furnes.
Je vais à Wulveringem pour chercher la correspondance du bataillon.
Comme MICHIELS est malade, j’ai de l’ouvrage jusqu’à 8 heures du soir.
Il y a des recommandés qui datent de 18 jours.
Je fais encore le facteur. J’ai à peine le temps d’écrire une lettre. Je n’ai encore rien pu nettoyer.
L’offensive a repris et l’avance continue.
Même service. Je suis à jour avec le travail.
La nuit, la D.I. part pour une destination inconnue.
Je reste dans les baraquements.
Je vais chercher les lettres à Wulveringem et je pars les distribuer aux cuisines qui se trouvent près de Vladslo et qui continuent d’avancer. Les chemins sont très mauvais et encombrés.
Je retourne dormir au Rabbelaer
chez la veuve Desmet où je suis
très bien accueilli.
Je vais chercher mes affaires à Wulveringem.
Puis je vais chercher la correspondance au pont de Fortem. MICHIELS reprend son service. Je pars donc rejoindre mon régiment.
Mais les autos et les colonnes de la 6ième D.I. encombrent la route.
J’arrive le soir
près d’Esen où je loge dans un ancien
baraquement allemand.
Au matin, je me mets en marche. Je passe par Esen Vladslo, Bovekerke, Ichtegem, Koekelaere, Eernegem, Torhout où je trouve une charrette.
J’arrive vers 7 heures à Loppem exténué. Je loge chez un ouvrier du château qui appartient à un sénateur.
Là on m’offre à manger et un bon lit pour dormir.
Vers 8 heures, je me mets en route.
J’arrive à Steenbrugge.
Là je rencontre la colonne que je suis par Oudegem. Je cherche à rejoindre.
Je me perds et je pars sur Maldegem. Je suis obligé de revenir sur mes pas et je loge à la 1ière Cie du 6ième Chasseurs.
(*) : Village de Flandre orientale.
Je cherche mon régiment que finalement je retrouve à Steenbeck. Je suis très heureux de retrouver ma compagnie. Nous sommes prêts à marcher toute la journée.
Au soir, nous allons relever le 5ième Chasseurs au pont de Veldeken. Ma compagnie est de réserve. Elle se trouve toute rassemblée dans une grange.
Qu’arriverait-il si un obus tombait au milieu ?
Il pleut toute la journée.
À midi, tout le monde est en tenue. La 1ière Cie doit attaquer une villa dans laquelle les Allemands ont trouvé refuge de côté-ci du canal. (*)
L’attaque échoue faute d’artillerie suffisante.
Les Allemands ont déjà une tête de pont sur une distance de 5 km.
Durant la nuit, le 2ième Chasseurs nous relève. Nous partons loger à Oedelem. Je suis installé dans une laiterie près de la place.
(*) : Canal de Schipdonk
Beaucoup d’hommes s’en vont à Mouscron. J’ai envie de partir également. Le bruit circule qu’on accorde des permissions. Je cherche comme un fou toute la journée tant j’aspire d’aller saluer ma famille.
Au soir, je vais avec J. CARETTE dans une maison pour écouter un morceau de piano.
Raymond Mousset
nous accompagne.
Je reçois des nouvelles de papa et maman. Que devient mon frère ?
Je cherche un vélo pour m’en aller car je n’en ai pas. Je ne suis plus le même homme depuis que j’ai appris que ma famille est libérée.
Mais je n’ai toujours pas de permission et on parle même d’un nouveau départ…
Au soir,
Raymond vient me tenir compagnie.
On accorde des permissions de 48 heures. J’en demande une pour Tielt afin d’aller saluer mon père. Je me démène pour trouver un vélo.
Le docteur DUPREZ me prête le sien.
À 7 heures, je la tiens ma permission !
Et aussitôt, armé d’un poignard et muni d’une lampe électrique, me voilà parti par Oostkamp et la grand-route de Courtrai. Il pleut et il fait très noir. Mais je ne sens pas la pluie. Je roule toujours doucement à cause des nombreux trous et de l’obscurité. Je m’arrête à quelques kilomètres d’Ingelmunster pour manger une tartine. Je me remets très vite en route.
Je croise des tanks, des autos et de la grosse artillerie.
À Courtrai, je traverse la Lys sur une petite passerelle.
Plus je roule, moins je sens la fatigue.
Tank de l'armée française
Enfin Mouscron !
La route est vierge de ses arbres. Je suis tellement ému en arrivant qu’au bas de la rue de Courtrai je me mets à pleurer de joie. Je monte la côte comme jamais, je crois, je ne l’avais fait.
Enfin chez moi ! Papa et maman viennent m’ouvrir. Jamais je ne pourrai décrire cet instant : nous pleurons tous les trois ! Je crois que c’est un des plus beaux moments de ma vie que je n’oublierai jamais !
Malheureusement mon cher frère est parti à Bruxelles avec les Allemands. (*)
J’ai retrouvé mon papa très vieilli et maigri. Par contre, maman est toujours la même.
Je remercie Dieu de m’avoir accordé cette joie du retour à la maison.
Je suis arrivé à 1 heure.
À 3 heures, nous allons nous coucher.
À 7 heures 30, je suis debout. Mes oncles viennent me saluer. Je vais chez Parrain (**), chez Lehoucq, chez Duthoit.
L’après-midi, je me rends à Luingne et chez mes connaissances. C’est de la joie partout parce qu’on retrouve les siens.
Au soir, il est 11 heures quand nous allons nous coucher.
(*) : Le 30
septembre 1918, les Allemands craignant que les hommes restés en Belgique
occupée n'aillent grossir les rangs de l'armée belge, ordonnent, sous peine de
mort, que tous les Mouscronnois de 17 à 50 ans se rassemblent dans la rue des
Berceaux pour les entraîner avec eux dans leur retraite.
(**) : Gustave Tiberghien (1860-1929), oncle de l’auteur du journal.
Je vais à la messe de 7 heures 30.
Puis j’effectue de nouvelles visites à gauche et à droite. Marraine vient dîner à la maison.
L’après-midi, toute la famille vient prendre le café chez nous ainsi que M. et Mme Legrain.
Au soir, je vais souper avec papa chez Parrain.
Jamais je ne pourrai exprimer la joie que je ressens en revoyant ainsi tous les miens en bonne santé. Les prières que chacun a adressées à Dieu ont été exaucées.
Aussi je n’ai jamais manqué à mes devoirs de chrétien et je me promets bien d’y être encore plus fidèle à l’avenir.
Préparatifs du départ.
Je vais encore saluer certaines personnes notamment chez Vergrack qui sont arrivés d’Avelgem et chez Léon Vancoppenolle.
Ensuite je mange un morceau. Je dois ensuite quitter mes chers parents. J’ai le cœur qui fond soudain mais je m’efforce d’être vaillant et d’encourager mes parents à ne pas pleurer.
Mais c’est dur : je suis soldat et le devoir m’ordonne de m’en aller. Enfin je les console un peu et me revoilà en route.
J’arrive à Oedelem vers 5 heures.
Pendant tout le trajet, j’ai pensé à ma famille et je suis à présent certain qu’avec leurs bonnes prières je serai protégé.
Je remets un peu d’ordre dans ma section. Il y a théorie par le capitaine à propos de la prochaine marche en avant.
Ma compagnie est extrême pointe.
Au soir, je communie.
Nous nous attendons à partir d’une minute à l’autre.
Au soir, je vais voir Raymond et je retourne au Salut où je communie encore pour que Dieu protège ma famille, mon frère et nous accorde la joie de bientôt tous nous retrouver ensemble.
À 7 heures, en tenue. Nous allons à 10 km du village où nous bivouaquons jusqu’au soir. Comme l’attaque du pont a échoué, nous revenons loger dans le village d’Oedelem.
Jour de Toussaint.
Je souhaite une bonne fête à toute ma famille.
À 3 heures, dans les rangs.
Nous partons à Kruipuit (*) où l’on nous offre la soupe.
À 7 heures 30, nous prenons position.
Après un tir d’artillerie de 5 minutes, nous devons attaquer la tête de pont de Veldeken. Le tir d’artillerie est « triste ». Nous progressons mais nous sommes pris dans de violents tirs de mitrailleuses. C’est particulièrement le cas de ma section !
Le lieutenant Flamant reçoit une balle dans son revolver et sa tunique. Denaer et Luyckx sont blessés. Je reçois deux balles dans ma gamelle.
Dans ma section, à part deux hommes, tout le monde a été touché. En revenant sur nos pas, Roos, un brave petit gars de 18 ans, a été tué.
Durant la nuit, nous nous portons sur une position un peu à l’arrière.
(*) :
Village près d’Eeklo
Des patrouilles vont jusqu’au canal.
Les Allemands sont partis, dit-on. Nous progressons jusqu’à la digue.
Aussitôt nous voyons arriver des civils d’Eeklo qui nous acclament. Quelques patrouilles vont dans la ville. Nous partons par Waarschoot au canal.
Le génie construit des ponts.
Nous allons cantonner nous ne savons pas trop où. Le p […] est parti chez les Allemands … heureusement sans incident.
Nous revenons sur nos pas et nous logeons à Waarschoot.
À 7 heures, nous nous mettons en marche à Sleidinge. Nous recevons de la soupe.
Puis nous partons en avant. Les Allemands résistent sur un petit canal à Kluizen. Je vais en patrouille jusqu’à la route.
Mon peloton est réserve.
Nous progressons jusqu’à Evergem puis jusqu’au canal. Mon peloton est toujours de réserve. Je suis installé derrière deux usines qui se trouvent près du chemin de fer.
Nous y passons une nuit assez calme.
Au petit jour, il pleut toute la journée.
L’après-midi, je vais à l’usine Steyaert où ma section doit se rendre ce soir.
Ensuite, il y a contrordre. Je dois partir en personnel d’installation à Waarschoot.
Nous sommes logés chez Heye, fermier de la Place.
Aujourd’hui, on enterre huit soldats du régiment. Nous faisons grand nettoyage.
Au soir, j’écris quelques lettres.
Il y a inspection par le Major et ensuite nous n’avons plus rien à faire
[le carnet s’interrompt pendant près de deux semaines]
Je quitte mes parents vers 9 heures 30 avec Henri Selosse.
À Aalbeke, nous montons dans une grosse auto anglaise jusqu’à Courtrai.
Près d’Ingelmunster, une auto française nous prend jusqu’à Izegem. Nous traversons Roulers.
À Torhout, nous montons dans un train de marchandises jusqu’à Bruges. On nous dit que le B.R.I. est à Eeklo et qu’il y a un train pour y arriver.
Nous prenons ce train mais il s’arrête à Tronchiennes. Nous revenons à Bruges où nous logeons dans la gare.
Il y avait là beaucoup de prisonniers russes et anglais.
Au petit jour, nous nous mettons en route pour Eeklo.
Le B.R.I. est parti pour Saint-Amand (*), nous dit-on. Nous allons jusqu’à Waarschoot.
Là, nous logeons chez Heye.
Nous sommes très bien reçus.
(*) : Saint-Amand
est un gros bourg et commune au bord de l'Escaut, dans la région communément
appelée Klein-Brabant, dans la province d'Anvers. En français il est également
connu sous le nom de Saint-Amand-lez-Puers.
Après avoir déjeuné, nous nous mettons en route.
Nous allons jusqu’à Gand en auto.
À Mont-Saint-Amand, on nous dit que le B.R.I. est à Zele.
À notre arrivée en cet endroit, nous apprenons que le B.R.I. est à présent à Willebroeck.
Nous allons jusqu’à Saint-Gilles (*) près de Termonde chez Monsieur Castel qui, n’ayant pas de place pour nous loger, nous emmène chez le champêtre où nous sommes très bien.
(*) :
Sint-Gillis-bij-Dendermonde est une section de la
ville belge de Termonde dans le Denderstreek située
en Région flamande dans la province de Flandre-Orientale.
Après avoir déjeuné, nous partons pour Willebroeck.
En cours de route, nous sommes pris par une auto. À Willebroeck, on nous affirme que le B.R.I. est à présent à Malines. Nous trouvons une voiture pour cette destination où nous retrouvons enfin le B.R.I. dans l’ancien dépôt.
Mais toutes nos affaires ont été volées. Je n’ai plus rien : ni linge, ni rasoir, plus de papiers et de cartes, plus d’écharpe,… Enfin tout a été pris ! Pour quatre jours que le régiment est en marche, tout est perdu.
C’est honteux ces procédés !
Après avoir récupéré un équipement de fortune, nous allons à la gare où il y a un train pour Bruxelles. Je vais à Laeken chez Cousin PEtens ( ?) pensant y voir Henri car il est à ma recherche. Je loge là.
Vers 8 heures 30, nous partons.
Il y a des autos qui vont à Louvain. Mais elles nous baladent dans toute la ville et puis les chauffeurs nous disent qu’il n’y a plus de places pour nous. Selosse part en voiture.
Je vais chez Cousin Charles pour dîner et l’après-midi je prends le tram pour Diest où notre régiment doit être.
Arrivé là à 10 heures 30, je constate que mon régiment n’y est pas. Nous voulons revenir au tram à Louvain.
Là on nous dit que le régiment est à Tielt. (*)
Nous y arrivons vers minuit. Un fermier nous fait loger dans sa cuisine.
(*) : Tielt-Winge est une commune néerlandophone de Belgique située
dans la province du Brabant flamand.
Je trouve ma compagnie qui est sur le point de s’en
aller. J’apprends que mon frère est à ma recherche. Je le rencontre enfin. Il
fait la route avec moi jusqu’à Haelen. (*)
Nous passons la soirée avec les amis.
(*) : Halen,
également écrit Haelen, est une ville néerlandophone de Belgique située en
Région flamande dans la province de Limbourg.
Nous avons un jour de repos. Je remplace MICHIELS.
Après ma tournée, je vais dîner. Nous passons la journée ensemble.
Au soir, nous avons un lit pour dormir. Nous parlons beaucoup de Mouscron.
Je quitte Henri. Je suis très heureux de l’avoir revu. Il retourne à Bruxelles. Quant à nous, nous partons à Hasselt. J’y suis bien logé.
Le soir, je fais une promenade en ville.
Nous quittons Hasselt pour Waltwilder. (*) Je vais à Veldwezelt (**) pour chercher la correspondance. Mais rien n’est arrivé.
Au soir, je loge avec le L.M. du bataillon
(*) :
Village limbourgeois près de Bilzen.
(**) :
Village limbourgeois à la frontière hollandaise.
Au petit jour, je pars à Hasselt pour chercher des lettres pour l’officier payeur.
Je vais à Zichem pour réceptionner la correspondance. Les deux autres bataillons ne sont pas desservis. Mon bataillon est à Val-Meer. Je suis logé à l’arrêt du tram dans un estaminet. Je suis très bien installé.
On m’offre à souper et quelques bonnes gouttes.
Je déjeune avec une omelette au lard.
Puis je pars à la recherche de l’E.M. du régiment. En route, je rencontre l’auto postale. Je reçois ma correspondance. Les deux autres bataillons ne sont toujours pas desservis. Mon bataillon est à Fouron-le-Comte.
Les pays est assez bien accidenté. Il ressemble assez bien à la Charente. Je suis logé dans une ferme.
MICHIELS, qui est revenu hier, part en congé. Je suis encore facteur.
L’auto arrive très tard.
Au soir, je travaille un peu.
Le régiment se met en marche. Il va à Hombourg (*) où
j’attends le courrier. Mon bataillon est logé à Montzen. (**)
Le pays est très joli. Mais les routes sont très mauvaises.
(*) : Hombourg, commune belge jusqu'au 31 décembre 1976, englobée
depuis dans la commune de Plombières (Province de Liège)
(**) : Montzen est une section de la commune belge de Plombières.
Je pars avec le P.I. Le temps est magnifique tout comme le pays.
La D.I. défile à Aix-la-Chapelle. La ville est
très jolie. Je suis très bien logé à Würselen. (*)
On nous donne de la soupe et des pommes de terre.
La population est très calme même très « plate » (sic).
(*) :
Würselen est une ville d'Allemagne, située dans le district d'Aix-la-Chapelle
Dans la famille chez laquelle je loge, le fils était officier dans l’armée allemande.
Hier soir, nous avons un peu discuté.
Au matin, nous nous mettons en route. Je passe à Alsdorf et Linnich où j’attends la correspondance qui n’arrive pas.
Au soir, je vais dormir avec mon bataillon à Körrenzig dans une maison d’ouvriers.
Au matin, je vais à Linnich pour chercher le courrier. Je fais le tri dans un café.
Une chose me scandalise : c’est de voir que tous ces gens ici chantent et rient comme s’ils ne savaient pas qu’ils sont des vaincus.
Au matin, nous
nous mettons en route. Nous passons par Baal. Nous cantonnons à Erkelenz. (*)
Je loge avec Anatole chez deux vieux qui ont une frousse bleue de nous deux.
(*) : Erkelenz est une ville moyenne de l'arrondissement de Heinsberg dans le Land de Rhénanie-du-Nord-Westphalie.
Nous partons à Rheindahlen.
(*)
Nous cantonnons un peu avant d’arriver à Viersen. J’ai attendu la correspondance à Hardt. Je loge chez un ouvrier.
(*) : Ville
proche de Mönchengladbach
Je passe à Viersen. Nous logeons à présent à Vorst. Je suis installé chez un cordonnier.
Je donne mon linge à laver à la femme.
Nous avons repos aujourd’hui. Après avoir fait ma distribution, je rentre.
J’écris un peu pendant la soirée.
Nous passons par Kempen, Hüls et Tönisberg où nous cantonnons. Le courrier arrive tard.
Je loge chez un ancien soldat.
Je passe à Moers où la
division doit défiler. Nous allons cantonner à Rheinberg.
(*)
Je suis logé dans un hôtel. Nous avons un bon lit et une salle pour les sous-officiers.
(*) : Rheinberg est une ville allemande de l'arrondissement de
Wesel, en Rhénanie-du-Nord-Westphalie
Je vais à la messe.
Puis j’attends la correspondance jusqu’à 2 heures.
Vers 4 heures, j’ai fini ma tournée. Il y a concert sur la place.
J’ai attrapé un bon rhume de cerveau.
J’ai pas mal de fièvre. MICHIELS rentre de congé.
Je fais la tournée.
Au soir, j’écris un peu.
Cinq cents Français s’en vont.
Je remets les comptes à MICHIELS. Puis je fais la tournée avec lui.
Au soir, je suis très abattu par la fièvre.
Je vais à la visite chez le médecin. Je suis exempté de service. J’écris toute la journée. Les enfants de la maison où nous sommes installés sont partis par crainte de nous, nous dit la dame.
Comme la compagnie est de garde, il ne reste plus beaucoup d’hommes.
Il pleut.
Il y a inspection des armes. Le capitaine rentre de congé.
Au soir, nous chantons un peu.
Exercice. Nous allons à Ossenberg. Nous passons à l’usine Solvay.
Après-midi, nettoyage.
Ecole du soldat près de l’église.
Après-midi, la compagnie fournit la garde.
Je vais à la messe de 8 heures 30.
Dans les églises, tout le monde chante ce qui est très joli.
Après-midi, nous faisons un peu concert.
Nous allons en service de campagne à Wallach qui est un petit village sur le Rhin.
Après-midi, inspection des armes.
Nous changeons de cantonnement.
Nous allons à quelques centaines de mètres pour nous installer dans la Kaisersaal qui est une immense salle de fêtes. Nous logeons chez le patron de l’établissement.
Au soir, je vais me confesser.
Puis nous passons la soirée à chanter en attendant la messe de minuit à laquelle nous assistons. Je communie.
Après la messe, nous rentrons.
Je me lève vers 9 heures.
L’après-midi, je me promène un peu.
Au soir, nous allons chez Bienem où nous passons une soirée agréable.
Il gèle très fort.
La compagnie va au bain à l’usine Solvay. Il y a ensuite distribution d’effets.
L’après-midi, le colonel vient visiter le logement.
Nouvelle distribution d’effets.
À 1 heure, je suis de garde à la police. Tout se passe bien. Il s’est passé une farce avec Selosse : celui-ci s’est couché dans le lit du lieutenant de garde.
Il fait un temps détestable.
La garde continue sans incident.
À 1 heure, je suis relevé. Je vais au bureau et chez le capitaine pour mon congé.
Au soir, je prépare mon fourbi.
Je me lève à 5 heures.
Puis je pars au train de 6 heures 30. Je dois attendre jusqu’à 11 heures à Gladbach.
Ensuite je file sur Aix.
À 4 heures, j’ai le train des permissionnaires jusqu’à Malines. Et là j’ai immédiatement un train pour Bruxelles.
À 3 heures, j’ai un train pour Denderleeuw et de là je prends un train de marchandises jusqu’à Courtrai où j’arrive à 1 heure.
De là, je poursuis à pied jusqu’à Mouscron où j’arrive vers 3 heures de l’après-midi.
L’après-midi, je vais faire une promenade et je vais au ravitaillement.
Au soir, je vais chez Armand Vermotte. Je rentre assez tard.
Je souhaite une bonne et heureuse année à mes chers parents et frère. Puis nous allons étrenner dans la famille.
Au soir, Flore (*) et Marguerite (*) viennent à la maison.
(*) :
Cousines germaines de Gustave Tiberghien et sœur de Gustave et Fidèle (présents
plus haut dans ce journal)
Je vais étrenner chez des amis.
L’auteur de ce journal marque une pause durant près de trois semaines
À 5 heures, je me lève et après avoir embrassé papa et maman, je pars prendre le train de 6 heures 10.
À 11 heures 30, j’arrive à Bruxelles.
À 2 heures, je prends le tram à la place Dailly. Je parle avec un ami de M. Humblet.
À Ans, je prends le tram pour Liège où je soupe.
À 11 heures,
il y a un train jusqu’à la frontière que je franchis à pied pour reprendre le
train à Herbesthal. (*)
(*) : Herbesthal est aujourd’hui un village de la commune de Lontzen dans la province de Liège. Comme on le lit dans ce journal,
le village appartenait encore à l’époque à l’Empire allemand. Le Traité de
Versailles (1919) rattachera Herbesthal et toute une
série de communes voisines à la Belgique (ce qui s’appelait jusqu’en 1970 « les
cantons rédimés »).
Nous arrivons à Aix vers 7 heures.
À 9 heures 30, nous avons un train. Nous changeons à Gladbach et à Tr[…].
J’arrive à Alpen vers 2 heures 30. Je suis installé au Cercle catholique. Nous sommes très bien.
Au matin, nous faisons une marche jusqu’à Borth. Nous rentrons vers 11 heures.
L’après-midi, j’écris un peu.
Nous avons un mess pour les sous-officiers.
Nous allons en marche dans la forêt à proximité. Celle-ci est une propriété du Kaiser.
Le lieutenant Derasse qui est revenu à la compagnie conduit celle-ci. C’est le lieutenant Jadoul qui commande à présent la compagnie car le capitaine Gallez est au B.R.I.
L’après-midi, il y a une enquête à propos d’un vol d’armes qui a eu lieu à la garde de police. On a retrouvé des sabres dans notre logement. On me place en garde à 1 heure au lieu d’à 5 heures.
Le major vient au corps de garde. Il cherche à punir. Le corps de garde est propre. Il me fait faire l’appel de mes hommes. Il me dit qu’il manque un bouton.
Heureusement ce n’était pas vrai. Il me donne cependant six jours parce que le corps de garde n’était pas propre car il y avait un dessin à la craie sur la porte.
La guerre est finie et les froussards deviennent francs (sic). Il punit également le 1ier chef et Denaer. Ainsi le colonel verra qu’il a remué !
Armée quand nous lâcheras-tu ?...
La garde continue. Le colonel vient et vérifie le dépôt d’armes.
À 5 heures, je suis relevé.
Au soir, je me couche très tôt car je suis un peu enrhumé.
Nous allons faire une promenade en guise de marche jusqu’à Issum.
L’après-midi, je rédige le cahier d’habillement du peloton.
Je vais à la messe de 9 heures.
L’après-midi, j’écris quelques lettres.
Au soir, nous sortons un peu dans le village. Je comprends ce qui s’est passé en Belgique durant l’occupation : les soldats belges cherchent des femmes et s’amusent….
Nous allons en marche dans la forêt. Il a assez bien neigé.
Tout est blanc et l’effet est magnifique.
Au soir, nous allons avec le fourrier et le lieutenant Derasse faire une partie de billard.
Marche dans le bois.
L’après-midi, nous sommes toujours occupés avec ces listes d’habillement.
Au soir, j’écris.
Gustave Tiberghien (debout à gauche) au
travail avec d'autres sous-officiers, dont le soldat R. ROSEAU assis à
droite : l’auteur en parle lorsqu’il est blessé le 30 novembre 1917
Ecole du soldat et de peloton.
Au soir, nous allons faire une partie de ballon et puis au bureau nous jouons aux cartes assez tard.
Nous allons en marche jusqu’à Menzelen.
L’après-midi, je joue un peu du piano.
Je vais à Rheinberg pour acheter un peu de fournitures pour l’ornementation du local.
Il y a distribution d’effets.
Soldats appartenant au même régiment de G. Tiberghien à Alpen (Allemagne)
Assis au centre : Edmond Denaer de Resseghem
en Flandre Orientale, mort en 1944 pendant la seconde guerre mondiale au camp
de concentration de Sandbostel ; l'auteur des carnets
parle plusieurs fois de ce compagnon d'armes dans ses carnets.
Je suis exempté de service pour m’occuper de l’aménagement du local.
Un menuisier vient faire des cassettes. Je fabrique de petits drapeaux.
À quoi faut-il s’amuser !
Je vais à la messe de 11 heures. Il y a très peu de monde.
Au soir, je vais faire une partie de billard.
Je travaille à la fabrication de guirlandes.
Au soir, je fais une partie de billard.
Je suis toujours occupé. Dubuisson rentre de congé.
Même besogne qu’hier. Je dois surveiller le menuisier qui fait des cassettes dans la salle.
La salle est nettoyée et blanchie. Je commence à l’orner.
Le colonel vient au cantonnement.
Je continue l’ornementation. Le lieutenant Jadoul est satisfait.
Le lieutenant Deprez revient à la compagnie.
Je suis de garde à la police.
Au soir, je vais me confesser. Je surprends un Allemand sans passeport.
Je communie.
Je devais être adjoint au facteur. Mais le lieutenant refuse de me laisser partir.
Il y a marche par Ossenberg et Menzelen avec le lieutenant Deprez. Nous parlons d’Amand.
Après-midi, football.
Exercice à la
plaine avec sport.
Après-midi, football.
Nous faisons une
promenade dans le bois.
Exercice à la
plaine.
Au soir, je suis de garde.
Les recrues
arrivent. Parmi elles, il y a deux Mouscronnois : Duquesne et Leglay.
La garde continue.
Le colonel vient pour les recrues. Elles doivent venir habiter près de la
compagnie.
Le colonel vient
au corps de garde.
Exercice à la plaine avec l’adjudant Verstraeten. Nous avons assez bien de plaisir car il explique un tas de nouveaux armements et il n’y a pas moyen de comprendre ses explications.
Je vais à la messe. Le Curé ne prêche que durant 40 minutes….
C’est très agréable surtout lorsqu’on ne comprend pas un mot !
Après-midi, je vais faire une promenade avec Dubuisson dans le bois.
Gustave Tiberghien (debout, le 2° à g.)
avec ses compagnons dont le soldat R. Roseau
debout à droite.
Même répétition que samedi.
Après-midi, on me dit que je dois aller remplacer le facteur qui part en congé.
Je vais à Rheinberg. MICHIELS m’explique un peu le service et me montre mon logement qui est très bien.
Je viens définitivement à Rheinberg.
Le bureau de la poste est chez Bienem et je loge chez Sattler (imprimerie). Il y a un caporal qui dessert la 1ière et la 25ième Cie. Je fais la 3ième et la 4ième Cie, la musique, le P.E. cantines.
Je suis très bien dans mon nouveau logis. J’ai une chambre où je peux travailler à mon aise.
Au soir, le jeune homme vient faire une heure de conversation.
À 9 heures, je vais au bureau.
Après que l’auto est venue, je vais dîner. Ensuite je fais ma tournée.
Vers 3 heures, j’ai terminé. J’ai assez bien d’ouvrage avec les recrues qui sont arrivées car je ne connais pas encore leurs noms.
Les journées se passent de la même manière.
C’est assez monotone !
Je vais à la messe.
Après-midi, je vais à Alpen avec l’auto des vivres afin d’aller saluer les camarades.
Je rentre vers 7 heures.
Même journée qu’habituellement.
Au soir comme tous les soirs, le jeune homme vient me parler.
J’ai payé 95 Frs que je devais à Clovis D’Heedene.
Je vais à Alpen avec l’auto des vivres.
Journée habituelle.
Journée habituelle.
Après-midi, je vais au concert pour voir jouer « Zonneslag et Cie » par la troupe Liehau ( ?). C’est très joli !
L’après-midi, il y a encore concert. C’est plutôt du music hall. C’est très gentil !
Je vais à la boucherie pour acheter ma viande.
Puis je fais ma besogne.
Après-midi, je vais à Alpen. Il y a justement une enquête sur le lieutenant Jadoul. Je suis appelé comme témoin.
Journée habituelle.
Journée habituelle.
Journée habituelle.
Fin du sixième carnet
Notons cependant qu'en mai 1919, Gustave Tiberghien était encore sous les drapeaux puisqu'il existe encore à ce jour un courrier datant du 29 mai de cette année qui lui était adressé à la caserne de Tournai (Belgique)
Certificat de décès de Jules Baele :
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