SOMMAIRE (n’existe pas dans le carnet)
L’Oise,
bataille de Montdidier : mars 1918
Résumé de la bataille de Montdidier
A la poursuite des allemands. Reconquête des secteurs désertés par l’armée allemande. Août-oct. 1918
Les Vosges, puis l’Alsace, entrée en Allemagne, nov.-déc. 1918
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Je passe une bien mauvaise journée, pour des futilités de
rien. J’ai une discussion terrible avec mon épouse ce qui me surprit beaucoup.
La soirée se termina au cinéma.
Je passe ma journée à la maison à faire quelques petits
travaux.
Temps très froid.
Je fais quelques petites excursions à travers la ville et
j’en profite pour me faire photographier avec ma petite famille.
Journée très agréable.
Préparatifs de départ.
Je passe une très agréable journée avec ma famille. Je vais
dire au revoir aux amis et je me rends à la gare où je prends le train de 3 h.
Je quitte mon épouse et mon frère, très troublé, mais cache
l’impression que me produit cette nouvelle séparation.
Après plusieurs manœuvres, le train quitte la gare à 5 h
moins le quart. Les wagons ne sont pas chauffés et on a bien froid.
Arrivé à Lure,
je change de train où je suis obligé de
me tenir debout. C’est très pénible, les compartiments sont archi bondés.
Arrivé à Épinal,
je reste dans le train de ravitaillement qui n’est plus chauffé. Je passe une
nuit terrible tellement le froid est rigoureux.
Je suis obligé de danser dans le train pour me réchauffer
les pieds et je n’y arrive pas. Je constate dans une petite gare que le
baromètre indique 21 au-dessous de zéro.
Le train avance péniblement.
Nous marchons à environ
Enfin on arrive à Bussang
à 8 h du matin où je prends une auto découverte qui me conduit jusqu’à Urbès (Haut-Rhin).
De là, je fais le chemin à pied jusqu’à Kruth où je retrouve mes amis.
Je passe un agréable moment avec eux et l’après-midi, je
vais me coucher à 3 h car je suis très fatigué.
Je me lève le soir pour souper et je retourne au lit où j’y
reste jusqu’au lendemain.
Je me lève à 10 h.
Je vais avec mes amis prendre l’apéritif et je m’occupe de
mes distributions. Journée assez agréable mais j’ai le cafard.
Temps de dégel.
Nous pataugeons dans l’eau comme des canards. Journée
désagréable. Je vais l’après-midi ai théâtre des armées où je vois jouer une
jolie revue. Le soir, je vais me coucher tranquillement à 9 h où je suis tout
heureux de me voir si bien dans mon bon lit.
Rien de nouveau. Bussang.
Temps affreux.
Il est tombé dans la nuit plus de
Je me couche à 8 h et je lis mon journal au lit.
Grande surprise en me levant, plus de
Je m’ennuie beaucoup.
Temps assez beau.
Après-midi, j’engage un combat de boules de neige qui dura
plus de 3 heures.
Étant exténué de fatigue, je pars à ma popote pour me
reposer. Le soir, je reste avec les amis qui jouent aux cartes.
Temps désagréable.
Je m’occupe de mes distributions et je passe le reste du
temps avec mes amis à jouer aux cartes ou à écrire.
Préparatifs de départ. Je m’occupe du chargement des
voitures de vivres de réserve.
Temps assez beau.
Temps épouvantable.
Je reste toute la matinée à ma popote. Le vent est
tellement violent que le chemin de fer aérien ne marche pas ; ce qui rend
notre lieutenant d’une humeur massacrante.
Le soir, à 7 h, je monte au câble pour garder les
marchandises qui n’ont pu être expédiées.
J’y passe ma nuit en compagnie du personnel qui fête la
naissance d’un petit garçon du chauffeur.
C’est une vraie nouba.
Le vin chaud et les bouteilles de vin bouchées abondent, si
bien que vers 1 h du matin, tout le personnel du câble se trouve dans une
ivresse excessive.
Je quitte le câble le matin à 11 h, très fatigué.
J’arrive à ma popote pour me mettre à table où je dîne sans
goût.
Ensuite, je vais me coucher ; une heure après, on me
réveille pour me préparer mon service pour partir le lendemain.
Journée désagréable.
Je me lève à 7 h. je prépare mon baluchon que je remets aux
voitures.
Je dîne à 10 h et je me mets en tenue de départ.
Nous quittons Kruth
à 11 h du matin en passant par le col du Ventron, ascension assez pénible, où
la neige reste encore sur les accotements des routes.
Je fais le voyage à pied.
C’est très agréable.
Nous arrivons à Cornimont
à 6 h du soir où je fais les distributions à mon bataillon.
Mais le mauvais temps se met de la partie. Notre plus
grande difficulté est de trouver un local pour loger nos chevaux.
Finalement, nous installons une grande bâche dans la
gloriette du café de la gare où nos chevaux y passent la nuit. Les hommes
couchent dans leurs fourgons. Nous trouvons une popote chez des ouvriers où la
famille est de 7 personnes.
Nous y sommes très bien. Je loge également chez une
personne qui en a autant plus en construction.
Je passe une bonne nuit.
Cornimont.
Je m’occupe de trouver un parc et une écurie pour nos
chevaux. Mais toutes les difficultés se présentent. Nous occupons un local à
demi achevé.
Le nombre de troupes étant trop important, pas moyen d’obtenir
une écurie ni logement, ce qui oblige nos hommes à coucher dans leurs fourgons.
Journée assez agréable.
Je fais ma toilette et je m’occupe de préparer le
ravitaillement pour mon bataillon qui a quitté Cornimont pour aller à
Comme c’est dimanche, l’on voit beaucoup de monde se
promener. La population est d’environ 6.000 habitants.
Important pays usinier. La débauche prime beaucoup aussi,
nos Poilus s’en donnent à cœur joie. Je reviens de
Le soir, je me couche à 8 h1/2 car je suis très fatigué.
Je me lève à 7 h où je m’occupe de mes comptes et d’écrire
quelques lettres.
Le temps est maussade.
Je quitte Cornimont
à 11 h ½ pour aller à
Temps très beau.
Je passe d’agréables journées avec mes camarades à Cornimont.
Préparatifs de départ.
Journée agréable. Temps superbe.
Le soir, j’assiste à une séance de théâtre aux armées qui
était des mieux réussis.
Je vais me coucher à minuit.
Départ de Cornimont
à 8 h par un temps superbe. Nous
arrivons à Le Thillot à 10 h
où nous sommes très bien reçus.
Le ravitaillement venant de Cornimont arrive très tard, ce qui m’oblige à ravitailler
mon bataillon la nuit.
Je couche à l’Hôtel de
la gare où je suis très bien logé mais je regrette mon lit car je suis
bien fatigué en me levant.
Départ de Le
Thilliot (Vosges) à 7h45 par un froid très sec.
Nous passons par le Col des Croix.
Route du Ballon de Servance.
Notre voyage est très agréable.
Le temps était superbe. Nous faisons une pause au Col des
Croix où l’on jouit d’un superbe coup d’œil sur la vallée des Vosges.
Nous arrivons à Servance
où nous faisons notre cantonnement. Nous sommes assez bien.
Je m’occupe tranquillement de mon ravitaillement.
Le temps est superbe ce qui me rend très gai. Nous
préparons nos voitures pour partir le lendemain.
La soirée se passe très agréable à la popote.
Départ de Servance
à 5 h ½ du matin par un temps très froid mais très sec. Nous allons chercher
notre ravitaillement à Mélisey
où nous déjeunons au café de la gare.
De là, je me dirige sur Saint-Germain
où j’y ravitaille mon bataillon.
Après nos distributions, je me dirige à
Nuit froide.
Départ de
Nous passons par Lure
où nous faisons une pause d’une demi-heure.
Il fait un temps superbe.
Nous arrivons à Arpenans
à midi. Nous avons une popote. On est très bien. La patronne est très
gracieuse.
L’après-midi, je vais ravitailler mon bataillon à Rillevans, petite commune de 300
habitants. Je rentre le soir à ma popote où la gaieté règne.
Je n’ai pas de chambre pour coucher ce qui m’oblige à
coucher dans le foin où j’ai bien froid.
Toujours à Arpenans. Je vais le matin chercher mon
ravitaillement en gare de Villersexel […]
Manque 1 page
Je continue mon ravitaillement en
gare de Belfort. J’ai beaucoup
à faire, mes compagnies sont dispersées. Valdoie,
Offemont , Pérouse, Vitrigne et Chèvremont, ce qui m’occupe
jusqu’à 7 heures du soir.
Vers les huit heures, je me
décide d’aller coucher chez moi.
Lorsque vers deux heures du
matin, je suis brusquement réveillé par des coups de poing dans les volets.
C’est un de mes amis qui vient me prévenir que nous sommes alertés et que nous
partons dans la nuit.
Je m’habille en hâte et je me
dirige vers Chèvremont où je
suis très mal reçu par mon officier qui me menace de conseil de guerre,
Bref, les choses s’arrangent pour
le mieux après le chargement des voitures.
Nous quittons Chèvremont à 2 heures du matin
pour nous rendre à Montrevieux
où nous y retrouvons les amis du ravitaillement.
Nous déchargeons nos voitures et
nous allons en gare toucher pour quatre jours de vivres.
L’après-midi, je fais mes
distributions sur la place de la commune de Montreux,
château où mon bataillon, se trouve.
Le soir, nous faisons une petite
fête à notre popote pour nous remettre des émotions de la journée.
Il y a eu contrordre de départ.
Nous ravitaillons nos bataillons le matin et l’après-midi, nous nous préparons
à partir.
J’embarque le soir à huit heures.
A 8 heures, le départ de Montrevieux pour Belfort.
Notre train s’arrête à Valdoie. Les avions ennemis se
livrent au bombardement de Belfort.
Un avion survole notre train et y jette des bombes qui ne nous atteignent pas.
Nos mitrailleurs répondent par une grêle de balles, ce qui éloigne l’avion.
Mais nous remarquons que
plusieurs bombes ont produit leurs effets sur
Belfort, par deux
incendies qui se déclarent. Comme le train reste plusieurs heures en gare de Valdoie, je m’endors ce qui fait
que je n’ai pas remarqué notre passage à Belfort.
Je me réveille à 6 heures du
matin aux environs d’Epinal,nous
faisons un petit arrêt.De là, nous prenons la direction de Paris et passant par
Epernay où nous arrivons à 9 heures
du matin, à Châlons-sur-Marne
à midi, à 3 heures à Paris où
je constate les dégâts occasionnés par l’explosion de l’usine à munitions de La Courneuve.
A plus de quatre kilomètres de
l’explosion, on trouve des débris de toute nature. Toutes les maisons voisines
sont détruites. Nous sommes chaleureusement accueillis dans les gares où nous
passons.
Nous arrivons à Oise (Somme) à 1 heure du matin où nous débarquons.
Nous apprenons que l’ennemi n’est
pas loin de là.
Après notre débarquement, nous
nous dirigeons sur Cantigny.
Mais, sur tout notre parcours nous rencontrons des femmes, des enfants et
vieillards qui abandonnent leurs villages pour aller chercher refuge on ne sait
où.
Tout ce monde est d’une tristesse
profonde, aucune parole n’est adressée à la troupe. Pour mon compte, je suis
profondément attristé de voir tous ces pauvres gens traînant leurs bagages, ces
pauvres enfants exténués de fatigue ainsi que bien des vieilles personnes.
C’est un aspect lamentable qui me
crève le cœur.
Nous arrivons à Cantigny, pays à moitié évacué.
J’y trouve de l’artillerie anglaise qui bat en retraite.
Les hommes dorment sur leurs
pièces.
Ils sont exténués de fatigue.
Nous logeons dans une grande propriété appartenant au château du pays.
Je me couche deux heures sur la
paille car je suis très fatigué. L’après-midi, je vais ravitaillé mon bataillon
à Courtemanche , pays
complètement évacué qui se trouve à quatre kilomètres de Montdidier. J’apprends que l’ennemi est aux portes de Montdidier. Et mon bataillon se
porte en avant pour y livrer bataille.
Le bombardement a déjà mis le feu
à plusieurs grandes fermes. Ce qui donne l’aspect d’un village complètement en
feu.
Je quitte Courtemanche pour me
retrouver à Cantigny où j’apprends que Montdidier
est occupé par l’ennemi.
Une bataille assez sérieuse s’est
livrée dans le pays avec les troupes de mon régiment mais le nombre oblige les
nôtres à se replier.
Pendant ce temps notre cuisinier
nous avait fait cuire des poulets abandonnés par la population et nous dégustons
de bonnes bouteilles de vin vieux restées dans les caves.
Lorsque vers sept heures du soir,
nous recevons l’ordre de nous replier, que l’ennemi avançait, ceci me coupa
l’appétit.
Nous nous dirigeons à Sérévillers où nous restons deux
heures. J’en profite pour me coucher dans une cave.
Les civils nous voient arriver,
abandonnent leurs fermes en laissant presque tout leur bétail dans les écuries.
A 2 heures du matin, nous
repartons pour Le Mesnil Saint Firmin
où nous arrivons au petit jour.
Nous occupons Mesnil Saint Firmin jusqu’à 11
heures du matin. Comme je suis fatigué, je me couche dans de la pence d’avoine
où je dors comme un sourd.
Pendant ce temps, nos poilus
visitent les caves et les magasins et rapportent des quantités de bouteilles de
vin fin ainsi que des conserves prises dans les épiceries abandonnées.
Au moment de notre départ, la
plupart de nos hommes sont saouls.
Nous quittons à 11 heures du
matin pour nous diriger sur Breteuil où nous installons tous les convois de la
division dans les champs aux environs de Breteuil
. A notre passage dans Breteuil
, un marchand de vin nous fit charger la voiture de caisses de vin fin pour que l’ennemi n’en
profite pas, ce qui représente environ 300 bouteilles.
Aussi c’était la fête.
Pendant que des femmes et enfants
pleurant n’ayant rien à manger, les troupes faisaient la noce avec le butin
barboté dans les maisons.
Ce qui m’indique que la mentalité
de nos hommes est la même que celle des Boches.
A 2 heures de l’après-midi, je
retourne à Sérivillers où j’y
arrive la nuit. J’ai toutes les peines possibles pour trouver mes compagnies.
La pluie tombe à seau et il fait
noir nuit. On a du mal à se diriger sur les routes. Je retourne avec mon convoi
au parc de Breteuil où je me couche dans un fourgon.
Je suis transi de froid avec mes
vêtements mouillés mais la fatigue est grande et je m’endors tout de suite.
Nous transportons notre parc à Bacouel aux environs de Breteuil.
Nous y distribuons des vivres aux
unités qui n’avaient pas été servies après ce travail. Je constate le pillage
des maisons fait par les troupes qui occupaient le pays.
C’est navrant, tout est saccagé.
L’après-midi, je vais ravitailler
mon bataillon à Sérivillers.
De là, je me dirige sur Broyes où je sers les unités
isolées. Je reçois des ordres par mon adjudant d’aller à Grivesnes servir le
1er bataillon.
Je pars à 8 heures du soir en
passant par Plessier. Les
routes sont très mauvaises mais j’ai de bons chevaux, ce qui me permet
d’arriver.
Sur tout mon parcours je vois des
hommes en embuscade, plusieurs officiers me font observer que je suis imprudent
d’aller jusqu’à Grivesnes , l’ennemi étant aux abords du pays. Je suis
indécis mais je suis obligé de me conformer à l’ordre qui m’a été donné.
J’arrive à Plessier. Je ne remarque rien d’anormal.
Je continue ma route, lorsque
j’arrive à
Un officier d’artillerie s’arrête
en passant près de moi pour me demander qui j’étais et où j’allais.
Après ma réponse, il m’ordonne de
partir au plus vite, que les Boches étaient derrière nous. Je ne me suis pas
donné la peine de regarder ce qui se passait derrière moi.
J’ai fait courir les chevaux à
toute vitesse et je suis arrivé à Grivesnes
au moment où on barrait les
routes. J’ai dû mon salut à la présence de cet officier.
Dans Grivesnes , je vois tous les convois se dirigeant sur Ainval, mais à la sortie de Grivesnes nous restons plusieurs heures à attendre sur la route, l’artillerie
étant occupée à retirer des pièces de 270.
Nous arrivons à Ainval où nous restons jusqu’à
huit heures du matin. Nous recevons l’ordre de nous replier sur Sourdons où nous passons quelques
heures dans une riche ferme où il reste un très riche mobilier et une superbe
basse-cour.
Pendant ce temps les ordres nous
arrivent pour ravitailler le bataillon à Thory
où nous recevons une rafale d’obus, ce qui nous oblige à partir. Je me dirige
ensuite sur
Je passe par Sourdons, Esclainvillers, Quiry-le-Sec, Rouvray-les-Merles,
Tartigny, Bacouel et La Hérelle.
Sur tout mon parcours je
rencontre de l’artillerie et de l’infanterie qui viennent nous renforcer.
Je ravitaille mon Bat. à Plainville où j’assiste de loin
au bombardement de Montdidier.
Je vois également les mouvements de troupe dans la plaine.
Il y a également la plupart des
maisons en feu.
Je retourne le soir à
Je vais à Rouvray-les-Merles
où je retrouve mon bataillon qui vient au repos.
J’assiste aux conversations de
mes amis qui me font part des succès qu’ils ont obtenus sur les Boches. C’est
la joie parmi tous ces poilus.
Je retourne à
Nous nous installons à Esquennoy (Oise) où nous sommes
très bien. Le pays est assez conséquent et on nous fit bon accueil.
Décorations des poilus sur la
place d’Esquennoy. La cérémonie est imposante.
Une quinzaine d’hommes reçoivent
la médaille militaire et deux jeunes officiers reçoivent la légion d’honneur.
Chaque bataillon au feu et à
mesure de son arrivée a reçu une
destination différente et a été jeté dans la bataille à la rencontre de
l’offensive allemande.
1er Bataillon, envoyé
vers le Nord, s’est trouvé les jours suivants avec les troupes de la 12e
division.
2ème Bataillon s’est trouvé avec le 10e
groupe de chasseurs à pied de la 56e division.
3èm e Bataillon s’est trouvé seul
du 132 dans le secteur commandé par le Lt-Colonel avec des troupes d’autres
divisions.
Le 27 mars, chaque Bat. A résisté mais a dû
se replier dans la crainte d’être encerclé car les Boches avaient profité des
brèches dans notre ligne pour y pénétrer et menaçaient de nous tourner.
28 mars, résistance acharnée du 1er
Bat. sur son front
Le 2e Bat, reprend à
la baïonnette le village de Fontaine.
3e Bat. Enlève par une
belle manœuvre enveloppante le village de Mesnil et reprend
29 mars, 1er Bat. résiste
vers Coursoir au Nord-est de Gratibus avec la même
vigueur et repousse à la baïonnette des attaques boches.
2e Bat. s’organise et
résiste vers Fontaine.
3e Bat. est lançé à
l’attaque de la ligne boche depuis le moulin de Montdidier jusqu’à Le Monchel.
30 mars, 1er Bat. repousse
des attaques violentes et est relevé dans la nuit.
2e Bat. résiste à Fontaine
et le soir, est obligé de céder le village
3e Bat. résiste à Mesnil
contre la 10e Division
allemande entière qui s’épuise dans cette journée contre cette
résistance, et est obligée d’engager jusqu’à sa dernière unité et de faire une
concentration de feux d’artillerie sur Mesnil qui est incendiée
pour nous obliger à nous retirer.
31 mars. On s’organise sur ces
positions.
Dans la nuit du 31 au 1er
avril, le 2e et le 3e Bat.et l’Etat-Major sont
relevés.
(De notre
envoyé spécial accrédité auprès des armées françaises)
« Le Boche est arrêté »
a déclaré le général.
Pendant la bataille, nous
attendions, haletants, les nouvelles. Elles nous disaient comment les
Allemands, malgré les forces qu’ils jetaient incessamment, étaient contenus.
C’est maintenant que je dégage
toute l’importance des véritables victoires des 28, 29 et 30 mars, bouchant
d’abord le trou qui s’était creusé ayant Rollot pour centre, permettant
ensuite ce qu’on appelait devant nous un « rétablissement prodigieux sur
la barre fixe ». Et dans quelles conditions !
Contre une supériorité
numérique qui semblait alors écrasante avec des bataillons engagés au moment
même où ils débarquaient sous les balles ! Jamais on ne dira assez ce que
fut l’héroïsme des troupes du général Demesse chargé de ce rétablissement.
A Mesnil-Saint-Georges,
le 30, les Allemands attaquèrent à 4 reprises à 7h1/2 à 11h.1/2, à 17h. avec
l’une des meilleures de leurs divisions. Les forces françaises qui leur
tenaient tête ne dépassaient pas mille hommes !
Et elles tinrent leurs
positions et par les feux de flanquement de leurs sections de mitrailleuses,
elles causèrent aux Allemands de telles pertes que dans des compagnies, des
assaillants furent réduits à vingt hommes.
Les allemands mirent le feu
au village. Nos soldats se portèrent sur la crête et la gardèrent.
L’admiration et la
reconnaissance croîtront pour nos troupes quand on saura par le détail ce
qu’elles on fait pendant ces grandes journées.
Paul Ginisty
Nous restons à Esquennoy (Oise). J’en profite
pour visiter le camp d’aviation qui est immense.
Il ya des avions de tout calibre. J’en ai compté 7 qui
mesuraient jusqu’à
Nous quittons Esquennoy à midi pour nous
rendre à Saint-Just où nous devons embarquer. Nous arrivons à 3
heures, nous touchons les vivres de route et de débarquement pour quatre jours
que nous distribuons aux bataillons au fur et à mesure s de leurs arrivées.
Je passe toute ma nuit à surveiller nos marchandises sur le
quai.
Je suis bien fatigué.
Continuation des
distributions.
Temps superbe.
J’embarque avec mon
bataillon à 17 heures. J’installe des bottes de paille sous une voiture et je
fais tout le trajet le nez au grand air.
Je me réveille le matin à 6
heures aux environs de Paris où je profite d’une grande halte pour me
débarbouiller.
Je passe ma journée en
chemin de fer. Je voyage d’un wagon à l’autre pour visiter les cuisines
roulantes qui font à manger pendant la marche du train.
J’en profite pour admirer
les pays où nous passons. Je constate que sur tout le parcours un puissant
matériel de guerre appartenant aux Américains.
Nous arrivons à Joinville-le-Pont
à midi et demi où nous faisons une grande halte. Nous sommes la curiosité des
gens parce que nos wagons portent l’inscription « Relève de
Montdidier » car tout le monde savait que c’était la présence des troupes
françaises qui arrêta les vagues allemandes à Montdidier.
Nous arrivons à Toul
à 5 heures du soir où nous faisons une halte. Sur tout notre parcours, nous
trouvons des troupes se dirigeant sur
Nous arrivons sur Nancy
à 9 heures du soir où nous passons une demi-heure. Nous continuons notre route
jusqu’à Bayon où nous débarquons à minuit.
De là, nous nous dirigeons
sur Haussonville où nous y arrivons avec bien du mal tellement
les routes sont en mauvais état. Je me couche à trois heures du matin assez
fatigué.
Je m’occupe de notre parc
et je visite le pays qui, d’ailleurs, n’a rien de coquet.
Les gens sont très
sympathiques. La population est de 767 habitants.
A notre popote où il y
quatre charmantes demoiselles, nous y avons notre dortoir où tous les sous-off.
sont logés.
Nous restons à Haussonville où nous y passons de
bonnes journées.
Nous quittons Haussonville pour nous rendre à Deuxville, petit pays de 399
habitants. Nous sommes à
Nous employons notre
temps à nos distributions et à l’achat de fourrage et bois.
Nous quittons Deuxville
pour aller nous installer à l’écluse de Einville dans un bâtiment
vide où nous pouvons installer tout le train régimentaire.
C’est un ancien café qui
appartenait à un sujet allemand. J’ai une belle chambre à coucher et notre
installation générale est de ces mieux. Nous nous trouvons à
La débauche est grande par
la présence continuelle des troupes qui stationnent dans le pays.
Nous occupons l’écluse à Einville.
Notre régiment est en ligne
en face Serres, Vallet et Bauzemont.
Le secteur est assez
tranquille mais nos hommes sont souvent surpris par les gaz qui nous firent
beaucoup de mal, surtout les gaz ypérite. Notre ravitaillement se fait de jour,
en voiture et en bateau.
Secteur assez
agréable.
Je quitte l’écluse d’Einville
pour aller en permission.
Je prends le train à Raville
à
Je passe par Epinal et j’arrive à Belfort le 23 à 8 heures du matin où je
trouve mon épouse, toute surprise de mon arrivée.
Du 23 juin au 4
juillet :
Je passe une très agréable perme avec ma famille.
Fête nationale américaine.
Je visite Belfort qui est bien pavoisée de
drapeaux aux couleurs de toutes les nations alliées.
Le coup d’œil est admirable.
Beaucoup de monde profite
d’un temps superbe pour parcourir les avenues. Je me rends sur la place d’armes
pour écouter jouer la musique américaine, mais déception complète.
Il n’y a pas (de) musique.
Je rentre à la maison pour
souper et, de là, je me dirige à la gare avec ma petite famille que je quitte à
5 heures du soir pour prendre le train.
Séparation assez pénible
après quatre années de guerre. Je passe la nuit en chemin de fer.
J’arrive à Rainville
à 2 heures du matin où je couche dans des baraquements en attendant le train du
matin se dirigeant sur Lunéville.
Je prends le train du matin
qui arrive à Lunéville à 6h1/2 où je retrouve quelques amis. Nous
faisons quelques libations et je quitte Lunéville
à 10 heures pour me rendre à Deuxville qui se trouve à 5h où je
retrouve mes amis qui me font bon accueil.
Je m’occupe d’une chambre
pour coucher que je trouve de suite, où je suis très bien.
Nous restons à Deuxville
(Meurthe et Moselle)
Le pays n’a rien d’agréable,
mais nous y sommes très bien. Notre popote est de ces mieux et notre travail
consiste à aller chercher notre ravitaillement à Maixe le matin
et d’en faire la distribution.
L’après-midi, à Einville
où on a l’occasion de revoir beaucoup d’amis.
Nous quittons Deuxville
à 5 heures du soir pour nous rendre à Ludres.
Nous voyageons de nuit par
un temps superbe. Nous passons par Dombasle, pays minier très
important où on y fait des sels et soude.
De là, nous arrivons à Saint-Nicolas
du Port à 1h du matin, petite ville très propre où je remarque qu’il y
a une superbe cathédrale qui domine tous les environs.
Nous arrivons enfin à Ludres
à quatre heures du matin.
Le pays n’est pas joli,
beaucoup de bâtiments ont l’aspect d’anciens couvents ou école religieuse. Il
s’y trouve également un hospice de vieillards. La population est de 1.885
habitants.
Nous sommes assez mal logés
et la débauche est grande. Je vais chaque jour ravitailler mon bataillon à Houdemont
et Vandoeuvre qui se trouve à
Des hauteurs de Vandoeuvre,
on aperçoit le joli panorama de la ville de Nancy et le coup
d’œil est superbe. On aperçoit également Dombasle et Saint-Nicolas
du Port.
La vue s’étend à plus de
soixante kilomètres.
La région est très
industrielle. Il y a également les puits de minerais de fer des aciéries de
Pompey, qui occupe une bonne partie des populations.
Nous restons à Ludres
où, à temps perdu, je me livre à ma passion favorite (la pêche)
J’ai beaucoup de succès.
Les rivières n’ont pas trop souffert du passage des troupes.
Nous quittons Ludres à 5 heures du matin pour nous rendre
à Haussonville (Meurthe et Moselle)
Sur mon parcours, je sers
mon bataillon à Ferrières que je quitte à 13h ½ pour aller à Haussonville
où nous retrouvons à la même place que la première fois, et la même popote où
nous sommes très bien, mais le mauvais temps est de la partie.
Mauvais temps.
Nous faisons nos
préparatifs d’embarquement.
L’après-midi, je vais à la
musique pour me distraire.
Départ de Haussonville
(Meurthe et Moselle) à 7 heures du matin pour aller au quai d’embarquement de Einvaux
préparer les vivres pour distribuer au régiment au fur et à mesure de son
embarquement.
Temps superbe.
La gaieté règne dans tout
le régiment.
Je passe ma nuit sur le
quai à surveiller nos marchandises.
J’embarque à 11h30 après
avoir fait la distribution des vivres à mon bataillon.
Je passe par Toul
où nous nous arrêtons un instant, 15h30 -Neufchâteau, 17h – Boulogne
(Marne), 20h40.
Je ne m’occupe plus de
notre voyage. J’installe ma paille sur le wagon où je me trouve et je dors
comme un roi.
Je me réveille le matin à 7
heures sans savoir où je me trouve, lorsqu’à 9 heures ½, j’arrive en gare de Champigny
à Nogent les Preux 9h30 – Noisy-le-Sec, 10h – Gare
Saint-Denis, 11 h où nous nous arrêtons une demi-heure.
J’en profite pour faire ma
toilette. Sur tout le parcours, nous rencontrons des trains d’Américains qui nous
saluent par des cris baroques. Nous recevons d’eux des paquets de tabac et des
cigarettes.
On constate qu’ils sont
heureux de nous témoigner leur sympathie. Je constate aussi que les cultures
dans la banlieue parisienne sont abandonnées et admirables.
Plus loin, ce sont des
champs de blé à perte de vue.
Nous arrivons à Beauvais
à 15h35.
J’aperçois la superbe
cathédrale dont les vitraux principaux ont été enlevés pour éviter leur
destruction par les fréquents bombardements aériens auxquels la ville est soumise.
Enfin, nous arrivons à Crèvecoeur-le-Grand
à 18 heures où nous débarquons.
De là, nous nous dirigeons
sur Luchy (Oise) où nous installons notre parc Place de l’église.
Je loge dans les remises
qui avoisinent notre parc où je passe une bonne nuit.
Nous restons à Luchy
où je constate que la population du pays n’est pas sympathique à la troupe.
Le prix des consommations
est inabordable, on paie le vin rouge 2frs 40 et le blanc 2.70 et de bien mauvais
vin, aussi nous quittons le pays sans regret.
Départ de Lucy
pour aller à Bonneuil-les-Eaux, pays assez conséquent.
J’y passe quelques heures
en attendant des ardus ; je quitte ce pays à 14 heures pour aller
distribuer au régiment qui se trouve à Thory (Somme)
Je passe par Haillivillers,
Sur tout le parcours, ce
n’est que dévastation.
J’arrive à Thory à 18
heures où je trouve le régiment mais nous sommes obligés d’attendre qu’il soit
installé pour y faire nos distributions. Le pays est complètement détruit.
Ce pays me rappelle la
retraite anglaise où nous sommes arrivés devant Montdidier et où j’ai failli être fait prisonnier le 28 mars à Grivesnes en passant avec mon convoi
à
Je fais mes distributions à
proximité du cimetière où plusieurs batteries de 105 bombardent sans répit les
positions ennemies. C’est un vacarme assourdissant ; aussi je quitte Thory
à 23 heures sans regret car j’ai mal oreilles de cette canonnade.
J’arrive avec beaucoup de
difficultés à Bonneuil-les-Eaux à 6 heures du matin lorsque
j’apprends que le train régimentaire était parti à Esquennoy où
je les trouve à 8 heures.
J’en profite pour me
débarbouiller et aller me coucher car je suis bien fatigué.
Esquennoy
Après avoir fait quelques
heures de sommeil, je vais dîner.
Ensuite, je vais rendre
visite à mon ancienne propriétaire qui est toute heureuse de revoir le 132e
dans leurs régions.
A 13h, tous les trains
régimentaires quittent Esquennoy pour aller s’installer au Bois
Louvet.
Mais je continue ma route
pour aller à Thory distribuer à mon bataillon où j’arrive à 17h à
mon retour. Je retrouve sur mon chemin le ravitaillement en vin ce qui m’oblige
à retourner sur mes pas.
Mais le régiment ayant fait
mouvement, je me mets à sa recherche et je trouve mes cuisines à la côte 97 en
passant par Hangest-en-Santerre.
Je constate un départ de
matériel à la gare incendiée dans la nuit par les avions ennemis.
A proximité de cette gare,
il y a eu une bataille assez sérieuse. Les cadavres restés sur le carreau en
font foi.
A proximité des cuisines,
je remarque plusieurs pièces d’artillerie où les artilleurs sont tués à côté de
leurs pièces.
Plus loin, un important
magasin de vivres où on y trouve des farines en assez grande quantité, des
confitures, de
Je fais ma distribution de
vin.
Je déjeune à une compagnie
et je retourne retrouver mon TR que je retrouve à
Après avoir soupé, je vais
me coucher dans un abri boche pour être tranquille à cause des bombardements
fréquents des avions boches.
Je passe la journée à
e remarque que l’ennemi a
été obligé de partir en hâte par le matériel abandonné et les ravages causés
par le bombardement. Je retrouve quelques cadavres ennemis.
Le soir, nous sommes
violemment bombardés par des avions, mais nous n’avons aucune perte.
Je vais distribuer à Guerbigny
en passant par Cantoire, Pierrepaut, Boussicourt,
Saulchoy.
Je remarque sur mon parcours
un important matériel et munitions abandonnés par l’ennemi ; mais je
remarque aussi que les pays ont bien souffert du bombardement. La plupart des
maisons sont détruites principalement à Davenescourt et Guerbigny
où l’ennemi a mis le feu aux propriétés et aux maisons d’école.
Je retrouve mes cuisines
dans des carrières assez profondes ce qui nous protège un peu du bombardement.
Nous souffrons surtout de la poussière occasionnée par le passage des convois
d’automobiles qui sont fréquents.
Nous restons à
Nous quittons
Je compte environ 60 bombes
par nuit, ce qui nous empêche de dormir. Je continue chaque jour mes
distributions à Guerbigny où les convois sont bombardés à leur
passage.
Les saucisses boches sont
bien placées pour nous voir arriver.
J’ai eu la désagréable
surprise de voir un obus tomber à quatre mètres de mon fourgon. J’ai également
remarqué que les villages sont tous dépourvus de leurs chenaux et de tout ce
qui est zinguerie, sans doute que l’ennemi s’en sert pour la fabrication des
munitions.
Il y a également à Saulchoy
un joli cimetière allemand que j’estime à 700 morts.
Mais il est irréprochable
comme entretien et alignement.
Notre parc reste au bois
Lecomte et nos distributions se font toujours à Guerbigny.
Pendant cette période, nous avons beaucoup à souffrir de la chaleur.
Nous quittons le bois
Lecomte pour nous installer une nuit à l’Echelle Saint-Aurin,
notre régiment ayant eu un gros succès sur l’ennemi lui faisant 485
prisonniers, plusieurs canons et mitrailleuses.
En passant à Guerbigny,
nous avons plusieurs heures d’arrêt ; j’en profite pour aller visiter le
caveau d’un château que les boches ont souillé. J’y pénètre et je constate que
les cercueils ont été arrachés de leur case.
Ils ont éventré les
cercueils à coups de pioche et couper les zincs qui laissent apparaître les
corps d’un homme, une femme et un enfant. Ce cas se présente dans d’autres
cimetières.
Ils ont encore fait mieux,
ils ont déterré nos morts, se sont servis des tombes pour y mettre les leurs,
ont gratté les inscriptions de nos monuments et ont fait des inscriptions pour
leurs soldats en se servant de tous les monuments.
30 août :
Nous nous installons à Saint-Mard-les-Triot.
Notre pause est en plein
champ, à la vue des avions.
Ce pays était fortement
ouvragé des abris de mitrailleuses en béton armés de toute part, ce qui valut à
notre régiment quelques pertes assez sérieuses au moment de l’attaque qui,
d’ailleurs, ne réussit pas.
Voyant ces difficultés, le
général fit venir la grosse artillerie qui, en moins de deux heures, réduit
tous ces ouvrages en miettes. Il n’y a pas un mètre de terrain qui n’était pas
battu. J’ai constaté des trous qui avaient jusqu’à
Il y avait un superbe
château où l’ennemi avait d’importants ouvrages en béton, de tout cela, il ne
reste absolument rien.
S’il n’y avait pas ça et là
quelques coins de maisons couchées sur le sol, on ignorait totalement que
c’était un pays, tellement le bombardement fut terrible. La prise de cette
position valut à notre régiment la capture de plusieurs centaines de
prisonniers qui, eux, se trouvaient dans des abris très profonds, bien à
l’arrière de Saint-Mard-les-Triot.
Notre avance fut sérieuse.
Nous prîmes Royan et nos lignes furent portées bien en avant de Champien
où j’ai ravitaillé mon régiment le soir même.
Je visite les ouvrages
abandonnés par l’ennemi.
C’est vraiment effroyable
les ravages causés par notre artillerie. J’ai aussi trouvé une vingtaine
d’hommes de mon régiment tués dans les débuts de notre attaque sur Saint-Mard-les-Triot.
Ces cadavres exposés à une chaleur torride étaient dans un état de décomposition
repoussant.
J’ai eu la mission de les
enterrer, ce qui n’était pas très agréable.
J’ai été à Champien
en passant par Roye, pays très agréable très coquet en temps de
paix, mais qui, hélas, a bien souffert du bombardement. Il n’y a pas une seule
maison qui n’ait été touchée par les obus. Par contre, le centre de la ville
qui était le passage de tous les convois ennemis est littéralement haché.
C’est une désolation
profonde.
Sur la route de Champien,
sortie de Roye, les Boches ont laissé un important dépôt de
munitions.
J’ai visité le cimetière de
Champien où l’ennemi a enterré ses morts.
Ce cimetière a été fait par
eux. C’est une installation irréprochable. On y remarque un joli mur
d’entourage d’un mètre de haut, surmonté de colonnes espacées de
En face la porte d’entrée,
tout au fond, est élevé un joli monument à la mémoire de leurs morts. Dans ce
même cimetière, une vingtaine de soldats français sont enterrés où j’ai
constaté que le même soin avait été à nos tombes qu’aux leurs.
Je reste à Saint-Mard-les-Triot
où je m’occupe d’installations.
L’après-midi, je vais à Champien
où je distribue à mon régiment. Période de chaleur torride.
Je quitte Saint-Mard
avec tout notre ravitaillement pour aller nous installer à Carrépuis
où nous sommes violemment bombardés par les avions de nuit.
Je distribue à Libermont
où se trouvent les cuisines.
De tout côté, c’est un
abandon de munitions et de matériel par l’ennemi.
Je passe ma matinée à
visiter les ouvrages ennemis.
L’après-midi, je vais à Libermont.
Je constate dans ces
régions la destruction par l’ennemi de tous les arbres fruitiers en arrivant à
Carrépuis.
Je reçois l’ordre de partir
avec un jour de vivres à Moyencourt où nous sommes gênés en cours
de route par des trous très profonds faits au croisement des routes par des
mines que l’ennemi avait fait sauter pour arrêter et empêcher notre artillerie
de passer.
Je prends les chemins
détournés et j’arrive à Moyencourt à 22 heures où je me trouve
incommodé par les gaz qui m’ont bien fait mal aux yeux.
Je remarque que quatre
villages sont en feu dans la direction de Ham ce qui indique que
l’ennemi se prépare à abandonner ces régions. Le matin, en me promenant dans le
pays, je remarque à chaque puits des obus de 210 qui sont reliés avec un fil de
laiton à la manivelle du puits de façon qu’en voulant prendre de l’eau, l’obus
fasse exploser et détruire le puits ainsi que les hommes qui sont autour.
Egalement les abris
importants sont minés, ce qui valut la mort de bien des hommes.
L’après-midi, je vais faire
mes distributions à Villette où le régiment vient de s’arrêter.
A mon retour entre Solente
et …, je trouve la section plaine qui vient au devant de nous pour nous éviter
d’aller jusqu’à Carrépuis. On me remet une note m’enjoignant
d’aller avec cette section cantonner au Château de Robecourt où
j’arrive très tard.
Il fait une nuit noire qui
m’empêche de voir le château qui est entouré d’une petite forêt. J’installe mon
parc à la lisière du bois et je me couche sous nos voitures.
Nuit très froide.
Je me lève à 6 heures pour
voir où se trouve ce château que je trouve à
Je visite le château qui est
presque détruit par le bombardement et également par l’incendie mis par
l’ennemi.
Je constate que les caves
n’ont pas souffert. J’y remarque environ trois cents couchettes boches.
Egalement autour du
château, grand nombre de petites baraques qui indiquent qu’un bataillon logeait
dans cette propriété.
Toute cette région a été
violemment bombardée par notre artillerie. Le nombre considérable de trous
d’obus l’indique.
Je pars à 13 heures pour
aller distribuer à Villette lorsqu’à Esmery-Hallon,
un cavalier me fait savoir que le régiment venait de partir à l’arrière. A Breuil
et Languevoisin, je fais demi-tour. Je passe par Libermont.
Je me dirige sur Breuil
où je suis obligé d’attendre plusieurs heures après les cuisines du 2ème
bataillon.
Après distribution, je me
dirige sur Languevoisin où je distribue aux 1er et 3ème
Bat. Je me couche à 22 heures, bien fatigué.
Je visite le cimetière où
je retrouve les mêmes sauvageries qu’à Guerbigny : les caveaux
éventrés et les cercueils épars au milieu des caveaux.
Je quitte Languevoisin
à 10 heures pour aller au repos à Andéchy où il ne reste plus une
seule maison debout. La plupart des hommes couchent dans les caves et les
tranchées boches.
Matériel ainsi qu'un grand
nombre de munitions.
Le train en gare de Andéchy
est encore chargé de caisses de toute sorte et de plusieurs centaines de sacs
de légumes (pommes de terre principalement et carottes coupées en tranche très
fines et qui ont été séchées au four ces légumes servaient à la nourriture des
chevaux.
Départ de Andéchy
pour Arvillers où nous sommes très bien. Beaucoup de maisons
n'ont pas trop souffert du bombardement.
Le pays est très grand,
mais il n'y a aucun civil. Je couche dans une jolie cave faite en brique et qui
est bien aérée.
Ordre Général 6 12 85
Le Général Commandant
la 1ère Armée est heureux de transmettre aux troupes sous ses ordres
la lettre suivante qu'il vient de recevoir du Maréchal Sir Douglas Haig,
commandant en chef des troupes britanniques en France, au moment où la 1ère
Armée Française cesse d'être sous ses ordres :
Général Debessy
Commandant la 1ère Armée Française
Mon cher Général
La première
phase des opérations confiées à la 1ère Armée française et la 4ème
Armée britannique vient de se terminer avec succès. Amiens a été dégagé,
l'ennemi refoulé derrière le système avancé de défense de cette ville et la
principale voie ferrée sur Paris hors d'atteinte de l'ennemi.
Ces résultats
si heureux ont été obtenus en quelques jours. L'ennemi a subi des pertes
sévères en hommes et en matériel. Nous avons pris plus de 30.000 hommes et 600
canons.
Vous et
votre armée cessez aujourd'hui d'être sous mon commandement. Je tiens à vous
assurer, ainsi que toutes les Unités de votre valeureuse armée, du très réel
plaisir que j'ai eu à commander d'aussi belles troupes. J'apprécie hautement la
manière brillante dont officiers et soldats de la 1ère Armée française ont
accompli leurs missions.
Je me
réjouis spécialement de penser qu'une fois de plus, les Armées françaises et
britanniques ont marché côte à côte à
Je tiens
encore à vous féliciter personnellement ainsi que vos officiers et soldats de
la part très précieuse et importante prise par la 1ère Armée
française dans les opérations qui ont procuré ces magnifiques résultats. Je me
réjouis tout particulièrement de ce que grâce à l'habileté des chefs et au
courage de vos hommes, vos pertes aient été légéres.
Je vous
remercie cordialement des services éclatants rendus à
Je profite
de l'occasion pour vous adresser un télégramme de notre Premier Ministre dans
lequel, de la part du Ministre de
Très
sincèrement votre,
Signé:
H.Haig
Maréchal
Commandant en Chef
Les
Armées Britanniques en France
De Monsieur Lloyd Georges
au Maréchal Sir Douglas Haig
Le Ministre de
« L'empereur
Britannique vous adresse ses plus cordiaux remerciements ainsi qu à vos si
valeureuses troupes. »
Nous restons au repos à Arvillers
où nous sommes assez bien, mais nous sommes privés de la population civile.
Il y a de remarquable un
grand cimetière où plus de 500 boches reposent ainsi qu'une centaine de
Français.
C'est un ordre parfait.
Après avoir été visiter les
dépôts de munitions laissées par l'ennemi, je rentre au cantonnement lorsque
l'on nous apprend que nous devions nous tenir prêts à partir en alerte, ce qui
eu lieu. Nous quittons Arvillers à 1 heure ½ de l'après midi pour
aller cantonner à Roye où nous arrivons très tard dans la nuit.
J'ai été obligé de
m'occuper auprès de l'intendant d'avoir 600 rations de pain, ce qui m'occasionna
des fatigues.
Nous quittons Roye
à 8 heures du matin pour nous rendre à Flavy-le-Meldeux où nous
installons notre parc.
Petit pays assez endommagé
par le bombardement, aucun civil
Nous restons à Flavy-le-Meldeux
où il y a un camp d'aviation important et également un camp de
prisonniers de 400 hommes qui sont notre distraction pendant notre court séjour
dans ce pays.
Nous restons à Flavy-le-Meldeux
à 7 heures du matin en passage par Plessis-Patte d'Oie, Villeselve,
Grugny, Annois, Saint-Simon et Ollezy où je distribue au régt.
Notre parc est à Ollezy
où nous sommes très mal et où nous avons la visite des avions qui viennent nous
bombarder toutes les nuits, ce qui nous oblige à aller nous abriter dans des
tranchées voisines de notre cantonnement. (J'estime à une trentaine le nombre
d'avions de bombardement qui viennent chaque nuit)
Les dégâts et pertes en
hommes sont insignifiants.
En passant à Annois,
j'ai remarque à cette gare un important dépôt de munitions ainsi qu'un train
complet détruit par l'ennemi dans sa retraite précipitée. J'estime à près de
20.000 obus et des quantités d'autres munitions.
Nous restons à Ollezy et je continue de distribuer à Clastres. Mon régiment est devant Contescourt où l'ennemi résiste tout en préparant sa retraite. Nous apercevons les villages en feu, direction Ham
Nous quittons Ollezy
pour nous installer une nuit à Saint-Simon.
Je vais distribuer à
Je fais mon entrée dans
Saint-Quentin. J'aperçois la superbe cathédrale qui domine la ville. Elle est
complètement dépourvue de ses vitraux et ses sculptures ont beaucoup souffert.
Toutes ces usines sont
détruites, les rues sont dépavées et garnies de réseaux de fil de fer. Les
pavés servent à garnir l'intérieur des magasins d'une hauteur d'un mètre pour
former abri dans les caves qui sont étançonnées et qui servent de dortoirs aux
boches. L'aspect de St-Quentin n'est pas trop vilain, quoique
beaucoup de bâtiments aient bien souffert.
Mais ce qu'il y a de plus
triste, c'est qu'aucune usine n'est restée debout: ce qui n'a pas été détruit
par le bombardement a été incendié ou miné.
Je retourne à St-Simon
où j'arrive à 9 heures du soir.
Le retour s'effectue
difficilement vu l'encombrement des routes avec les autos et l'artillerie qui
avance.
Je quitte St-Simon
à 8h du matin pour aller à Grugies où nous installons notre parc.
Il ne reste pas une seule
maison debout, on se demande vraiment s'il y avait un pays. S'il n'y avait pas
par-ici, par-là des amoncellements de briques, on ne pourrait qu'il existait un
pays.
Sur tout notre parcours, je
constate la destruction des usines par mines ou incendies et tous les bâtiments
qui étaient encore en bon état ont été incendiés. L'ennemi bat en retraite
d'une façon rapide, ce qui m'oblige d'aller ravitailler mon régiment à Fontaine
Notre Dame.
J'ai toutes les peines du
monde pour retrouver les bataillons qui, au dernier moment, ont eu des ordres
contraires aux miens, ce qui m'oblige à parcourir toute la région de Fontaine
Notre Dame par une obscurité où on ne voyait pas devant soi à un mètre.
Après mille recherches, je
découvre le dernier bataillon et je rentre Grugies à trois heures
du matin. <Les routes étaient pour la plupart détruites au
carrefours<<Itinéraire Gauchy –
Même service.
Toujours grandes
difficultés de circulation, routes en assez mauvais état.
La nuit, sommes contrariés
par les avions.
Nous quittons Grugies
pour installer notre parc à la côte 91 ou plutôt au ravin entre Urvillers
et St Quentin. Je pars ravitailler au ravin de Marcy.
Itinéraire : Neuville
Saint-Amand, Ménil Saint-Laurent, Homblière,
Château de Marcy.
Secteur est violemment
bombardé par l'ennemi à cause des nombreuses batteries qui se trouvent dans ces
parages. Retour Homblières, Ménil Saint-Laurent, Itancourt
et côte 91 où nous sommes très mal faute d'eau et de pauvres abris.
Tous les soirs, nous avons
la visite des taubes.
Nous restons au ravin 91,
je continue à aller distribuer au ravin en face du château de Marcy
où, à plusieurs reprises je suis obligé de faire de grands détours pour éviter
d'être victime des bombardements fréquents que l'ennemi fait sur la route de Homblière.
Pendant la période du 15 au
26, notre régiment perdît plus de 40 chevaux et plusieurs hommes dans les
troupes en réserve.
Le régiment se trouve
devant Mont d'Origny, position très difficile à enlever à
l'ennemi à cause du canal de la rivière, des marais et la voie ferrée.
Nos pertes furent très
sérieuses surtout au 8ème tirailleur d'Algérie. L'ennemi répond très
énergiquement à nos tirs.
Par une nuit très claire,
l'ennemi fit un raid d'avions sur Homblière et sur St-Quentin
où ils nous firent subir des pertes assez sérieuses.
Deux bombes tombèrent à Homblière
sur des camions automobiles chargés de munitions et qui causèrent la mort de
plusieurs hommes et chevaux ainsi que la destruction de trois autos, également
un parc de génie fût complètement détruit.
Après une préparation
d'artillerie très sérieuse, notre division enlève Mont d'Origny.
La lutte fut très dure mais nos troupes obligèrent l'ennemi à battre en
retraite de
Ce fut un beau succès, vu
les difficultés du terrain.
Nous recevons l'ordre de
transporter notre parc à Regny, petit village aux environs de Mont
d'Origny.
En allant ravitailler en
ligne, je trouve beaucoup de cadavres de notre division qui ont été surpris par
des nids de mitrailleurs installés à travers champs pour protéger la retraite.
On remarque aussi que tous ces mitrailleurs avaient reçu des ordres sévères de
tenir coûte que coûte car tous sont tués dans leurs trous préparés avant
l'attaque. Le nombre de prisonniers est important mais très peu d'artillerie
reste entre nos mains.
J'ai aussi à faire des
éloges à notre génie pour la rapidité avec laquelle ils construisent des ponts
sur le canal de l'Oise à
Contrairement à ses
habitudes, l'ennemi à laissé les meubles dans Mont d'Origny.
Nos troupes sont devant Guise
où l'ennemi résiste avec acharnement.
Le 31 au matin, mon
régiment attaque devant Guise sans grosse préparation
d'artillerie pour ne pas détruire le pays.
Malheureusement, l'ennemi
avait installé des mitrailleuses dans les caves des premières maisons qui
occasionnèrent des pertes assez sérieuses à ce bataillon. En même temps,
l'ennemi déclenche un tir de barrage qui fit subir des pertes très sérieuses au
2ème Bat.
Dans la nuit, le régiment
est relevé par le 171ème.
C'est la joie complète car
tous les hommes ont idée que la guerre est finie pour eux.
Le régiment descend au
repos à Regny, pays abandonné par les civils
Départ de Regny
pour Itancourt, pays complètement détruit. Nous logeons dans les
caves et abris.
Temps de pluie.
Départ d'Itancourt
pour Montescourt en passant par Urvillers et Essigny-le-Grand.
Temps de pluie.
Départ de Montescourt
à 7h en passant par Jussy, Cugny, Villeselve,
Berlancourt et Flavy-le-Meldeux. (Distribution à
Plessis Patte d'Oie et Golancourt.)
Flavy-le-Meldeux n'a pas trop souffert. Il y a un camp de prisonniers
et, chose bizarre, ce sont ceux que mon régiment à pris à Saint-Mard, eux-mêmes
en ont fait la remarque en voyant le 132ème.
Nous quittons Flavy-le-Meldeux
pour aller cantonner à Carrépuis, pays complètement détruit.
Nous y sommes très mal,
surtout qu'il fait un temps épouvantable. Nous occupons des bâtiments où l'on
se trouve comme si l'on était dans la rue. (Itinéraire: Rouvrel, Fréniche, Libermont, Ercheux,
Champien, Carrépuis.)
Nous restons toute la journée à Carrépuis, temps
épouvantable.
Je pars le matin distribuer aux bataillons qui sont dans les
parages de Carrépuis.
L’après-midi, je pars à Roye préparer le ravitaillement pour
l’embarquement.
Arrivé à Roye,
j’apprends que notre train de ravitaillement a déraillé.
Les dégâts matériels sont importants,
mais ce qui est le plus pénible, c’est que 22 hommes ont trouvé la mort.
L’accident nous occasionne un travail fou.
Il nous faut avec nos
voitures toucher les vivres, vin et avoine à Chaulnes pour le 106e
et des petites fractions.
Je passe toute ma nuit à ce
travail et à distribuer à la Cie Hors Rang qui part à 1 heure du matin.
Je continue les distributions au fur et à
mesure de l’arrivée des bataillons et je m’embarque au dernier train de 16
heures qui part à 18 heures. Je me suis couché de suite car j’étais exténué de
fatigue.
Temps affreux.
Je passe ma journée complète en chemin de fer.
Nous arrivons à 10h30 à Nogent
sur Seine, à 13 heures à Troyes.
Il fait un temps sec et
froid, mais le soleil étant de la partie ce qui met la gaieté parmi tous. Sur
tout notre parcours, nous sommes salués par les populations et dans les gares,
nous sommes acclamés.
On sent que la guerre tire
à sa fin.
Nous arrivons dans les Vosges où nous débarquons à 10 heures à
Girancourt. Nous nous dirigeons dur Darneuille où
nous nous arrêtons quelques heures. Je vais distribuer à mes bataillons.
En cours de route, mon
adjudant vient me prévenir que nous irons rejoindre Ville-sur-Illon
où on nous fit un accueil des plus chaleureux.
Rarement ces régions
avaient eu des troupes, aussi c’était la fête.
On nous fit un dîner des
mieux servis.
Nous restons à table
jusqu’à 11 heures du soir en compagnie du fils de la maison qui était en
convalescence des suites d’une blessure grave. Ce qui nous surprit le plus,
c’est que partant, on nous apporta de l’eau de vie de prunes, ce qui ne nous
était pas arrivé depuis le début de la guerre.
Je me lève à 7 heures et m’occupe de mon travail lorsque vers
11 heures, on nous annonce que l’armistice était signé.
C’était une joie délirante
chez tous les Poilus ou se joignit la population du pays.
Les cloches se mirent à
sonner pendant que la musique du régiment parcourt le village en jouant
Derrière suivent les Poilus
bras-dessus, bras-dessous avec les filles et femmes du pays en chantant à
tue-tête.
La soirée se termine par
des soûlographies nombreuses. Des feux d’artifice sont faits avec les fusées de
tranchées qui nous restaient dans nos voitures.
Nous restons à Ville-sur-Illon où nous avons
passé d’agréables moments. Rarement nous avons été si bien reçus.
Nous quittons Ville-sur-Illon.
Au moment de notre départ,
un incendie se déclare dans une importante ferme dû à la négligence d’un Poilu
qui a laissé une bougie allumée dans un grenier à foin.
En moins de deux heures, le
bâtiment est complètement détruit, Toute la population prête son concours ainsi
que nos permissionnaires et les Russes qui se trouvent au village.
Je pars avec un fourgon qui
était resté en retard par l’incendie.
Je me dirige sur Dommivre-sur-Dursion
en passant par Bocquegny, Mazelay, Ancourt,
Thaon et Girmont.
A Thaon nous
faisons une grande halte où j’y trouve les voitures à viande ce qui nous permit
de faire cuire chez les habitants de bonnes cassolettes de mouton et de boire
quelques verres de bière chez la femme à barbe qui est la curiosité des
passants.
Je quitte Dommèvre-sur-Dursion à 6 heures pour
aller à Ménif-Rambervillers où nous logeons dans un moulin.
Journée pénible pour les
distributions.
Je quitte Ménif-Rambervillers à 8 heures du
matin.
Je suis désigné pour
conduire le détachement de permissionnaires à Baccarat.
Je vais dîner avec de mes
amis.
De là, je visite la
verrerie de Baccarat qui est une curiosité.
Toute la journée, il passe
des troupes se dirigeant vers l’Alsace.
A quatre heures, je prends
le train direction Lunéville.
J’arrive à Belfort
où je retrouve ma petite famille en bonne santé sauf une qui a un bras cassé.
Je passe ma permission très agréablement à Belfort. J’en profite pour aller rendre
visite à mon grand-père à Rougemont qui est très heureux de me
revoir.
Je quitte Belfort à
5 heures du soir pour me rendre à Epinal
et de là, à Nancy où on me fit retourner à Rambervillers
pour aller rejoindre notre centre de rassemblement qui se trouve à Baccarat.
De là, je me dirige sur Bertrichamps
où se trouve notre de centre de ralliement.
Je vais au bois et l’après-midi, je me dirige à Baccarat
où je visite la verrerie qui est qui est très intéressante à voir.
Population de 7 mille
habitants.
Pays qui a souffert au
début de la guerre.
Je reste à Bertrichamps où je passe mon temps à
aller au bois ou en promenade avec la Compagnie.
Entre-temps, je vais
visiter la papeterie de Lachapelle où on y fait du joli papier.
Entre-temps, je vais me
promener à Raon-l’Etape et
Il ya des usines de papier
et une fabrique de chaussons qui occupent deux mille ouvriers.
Entre parenthèse, c’est un
pays de débauche par excellence. La plupart des soldats de Bertrichamps
partent le soir après la soupe de 5 heures pour passer la nuit avec les femmes
de Raon.
Je reste le matin à Bertrichamps.
A midi, nous partons à 120
hommes pour Baccarat par une
pluie battante.
Nous embarquons dans trois
wagons, ce qui fait que nous sommes serrés comme des harengs. Notre voyage fut
assez pénible. Nous arrivons à Brumath
(basse Alsace), à 5 heures du matin. Nous attendons le jour pour nous rassembler.
De là, nous nous dirigeons
à Mommenheim où mes camarades
m’attendaient avec impatience pour qu’ils puissent aller en perme.
Je visite le pays où je constate que les habitants sont d’une
joie délirante d’avoir des troupes françaises. Ils ne savent pas quelle
politesse nous faire, la presque totalité des hommes couchant dans des lits.
Le soir, les Poilus passent
la veillée avec les civils où l’on chante jusqu’à des heures très tardives.
Pour mon compte, j’ai une
très jolie chambre et il ne se passe pas un soir que je ne sois obligé de
passer la veillée avec eux ou chez les voisins qui sont israélites et qui
causent couramment le français.
C’est pour un vrai secteur
de repos.
Je vais ravitailler dans les villages voisins où je trouve la
même admiration qu’à Mommenheim.
Nous recevons la visite d’une famille strasbourgeoise qui
viennent à une invitation faite par mes camarades lors de leur passage à Strasbourg.
Journée agréable passée en
leur compagnie.
Je m’occupe de mes distributions et, de temps à autre, je vais
à la pêche où je n’ai pas gros succès.
Temps détestable.
Je passe ma journée à Mommenheim
et le soir, je pars pour Strasbourg
rendre visite aux personnes venues le 15.
Je suis très bien reçu et
je passe une bonne soirée en leur compagnie.
Je suis guidé par Mr Burkhard et sa famille pour visiter tout
ce qu’il ya de remarquable à voir à Strasbourg.
Les bâtiments sont encore tous pavoisés et ce qui me surprit le plus, c’est que
la plupart des magasins ont déjà fait refaire les inscriptions en français.
Ce qui est aussi très
remarquable, c’est la joie qui se fit sur les visages des habitants de Strasbourg de revoir leur pays
français et d’avoir de quoi vivre.
Il y a la foule dans les
magasins pour acheter les cadeaux de Noël et les brasseries et restaurants
regorgent de monde.
Ce qui est surtout
admirable, c’est la cathédrale avec ses jolies sculptures et son superbe
cadrant. Je visite aussi le château de l’Empereur d’Allemagne où je constate
une sculpture lourde, comme d’ailleurs tous les édifices construits par eux.
A la Kaiser place, le
monument de Guillaume 1er a été renversé par les étudiants. Il ne
reste plus que le socle.
Place Kléber, il y a foule
pour admirer ce monument de nuit, encore plus illustre depuis la rentrée des
troupes dans Strasbourg.
Ce que je remarque surtout,
c’est la propreté des ces régions, je vais passer ma soirée dans une des plus grandes brasseries du pays.
La soirée se termine par un
bon souper et je couche chez Mr Burckhard à minuit, bien fatigué de mes
explorations.
Je quitte Strasbourg
à 6 heures ½ pour retourner à Mommenheim
où en arrivant, j’apprends que je dois de suite partir avec mon bataillon pour
aller au-delà du Rhin.
Surprise très désagréable
pour moi.
Nous nous préparions à
faire un bon réveillon.
J’apprends cela à ma
propriétaire, qui elle, plus que moi, se trouve bouleversée d’un départ si
brusque.
A 8 heures et demi, je pars
avec tout mon convoi et j’arrive à Suffenheim
à 3 heures.
Je loge mes voitures au
moulin et je m’occupe de me trouver une chambre où je tombe chez de bons vieux.
Je passe une agréable
soirée. On m’offrit cigares, eau de vie et fruits, et jusqu’à 11 heures ce
n’est qui rire avec les difficultés de se comprendre.
Je me lève à 6 heures et je déjeune avec mes logeurs où on me
fait tous les plaisirs possibles.
Avant de quitter, je reçois
encore un paquet de cigares et des poignées de main en veux-tu, en voilà!
De là, je vais trouver mon
lieutenant qui me charge de distribuer le ravitaillement à quatre cuisines qui
doivent rester à Suffenheim.
Après ce travail, je me
dirige sur la gare de ravitaillement de Hatteim
pour y toucher ma viande et, en même temps, pour me rendre compte de la façon
dont je serais ravitaillé.
A 11 heures ½ , je quitte Hottin pour Seltz où j’arrive à 2 heures.
Là, j’apprends que nous ne
pouvons pas nous rendre à Rastatt,
le pont de bateau ayant été détruit par les inondations, ce qui nous oblige à
passer notre réveillon de Noël à Seltz où, d’ailleurs, nous tombons
admirablement bien.
Nous sommes reçus on ne
peut pas mieux. Après avoir parqué mes voitures, je me dirige sur la popote où
nous sommes chez une des plus riches de la commune.
Tout le monde est occupé
aux préparatifs du réveillon.
Lorsque après une heure de
présence, on nous fit passer au salon où il y a un superbe arbre de Noël bien
garni. On nous offrit du Kirsch avec des friandises, pendant que les jeunes
filles de la maison jouaient du piano et chantaient des chants patriotiques.
Après avoir passé une heure
agréable au salon, nous nous mîmes à table où, malgré notre arrivée tardive, un
délicieux déjeuner nous attendait.
A 10 heures, je quitte pour
aller me coucher mais il m’en fut interdit. Les personnes chez qui j’avais ma
chambre m’ont invité à rester avec eux jusqu’à l’heure de la messe de minuit où
nous partîmes ensemble.
A notre retour, nous
restons encore un moment ensemble pour prendre le café et du gâteau et, enfin,
à deux heures, je vais me coucher bien fatigué.
Je me lève à 8 heures.
Je prépare mes affaires
pour quitter Seltz.
A 10 heures précises, nous
partons sur Beinheim où nous y
faisons une grande pause en attendant que l’on sache
si nous pouvons passer par le pont de chemin de fer.
Pendant ce temps, nous
consommons quelques bouteilles de bon vin, mais comme le temps est détestable,
les gens du pays nous font rentrer chez eux.
A midi nous partons et
j’arrive à midi quarante sur le pont du Rhin entre Beinheim et Witterdorf.
J’admire ce joli pont pour sa solidité, surmonté d’une formidable charpente en
fer.
Ce pont est disposé de telle
façon qu’on peut s’en servir pour y passer avec des voitures sans difficulté.
Les trains ne circulent
plus depuis l’armistice.
Du haut de ce pont, on
domine tous les pays environnants jusqu'à Rastatt.
Il mesure
Nous arrivons à Wintterdorf où nous sommes
l’objet de curiosités extraordinaires, car nous sommes les premiers Français
rentrant librement chez eux, aussi je remarque la tristesse se lisant sur le
visage des habitants. De Wintterdorf
à Rastatt, il y neuf
kilomètres que nous parcourons sous une chute de neige épouvantable.
Malgré cela, de toute part,
les gens courant sur les routes pour
bien se rendre compte de ce qui se passe. A Rastatt, la neige avait cessé de
tomber, ce qui permit aux habitants d’assister à notre entrée.
Beaucoup de gens se
demandent si c’est bien vrai que des Français se permettent de venir chez eux,
aussi les uns nous regardent d’un air de mépris, d’autres d’un air attristé.
Après les formalités
d’usage, nous nous sommes dirigés sur la caserne Léopold Flez qui est gardée
par une milice qui nous donne tous les renseignements
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